Jade Sénévals :

Cher Voltaire Le foyer de la Comédie Française est vide, ses attraits de miroirs et de dorures étrangement silencieux. Audrey, seule, s’est assise en tailleur sur le sol glacé pour réfléchir. La statue de Voltaire, assis sur son joli fauteuil sculpté, enroulé dans sa toge à la romaine la regardait dans un sourire doux et serein. La première fois qu’elle était entrée, elle était restée là, interdite face à cet homme. Elle avait été comme happée par ce regard plein de vivacité et de tendre sagesse. Le vieillard semblait vouloir se lever, s’approcher et venir nous chuchoter à l’oreille de l’écouter nous apprendre quelques secrets. Maintenant qu’elle venait souvent, elle ne le regardait presque plus. Il n’était plus qu’un élément du décor, comme si son esprit y était devenu insensible. Elle n’était plus émerveillée par le talent du sculpteur Houdon, l’homme était redevenu de marbre. Elle ne contemplait plus les yeux si vivants de Voltaire, elle n’avait plus l’impression qu’il allait se lever vers elle. Elle ne le regardait plus. Il lui semblait être devenue une statue elle aussi, une image de son propre siècle : une fille blonde, aux cheveux entremêlés autour d’un crayon, un jean bleu, un pull beige, une veste

noire cintrée qu’elle adorait, un sac en bandoulière bourré de tas d’objets inutiles : chewing-gum, mouchoirs, stylos, agenda, bouts de papier, quelques aspirines au cas-où… Elle avait toujours peur de manquer de quelque chose, alors elle partait chargée comme un âne. Alex se moquait d’elle à cause de ça. Généralement, elle se mettait en colère à chaque fois. Il avait raison, soit, mais il faisait exprès de la taquiner. Quand elle s'emportait, il éclatait de rire et finissait par la prendre dans ses bras en lui disant qu’il adorait la voir se mettre en colère. Elle se demandait ce qu’elle faisait avec lui : elle, la comédienne, sortie du conservatoire, pétrie de rôles classiques, sortait avec un étudiant en droit, un futur avocat. Pourtant, Alex la faisait craquer. Elle se sentait submergée, sur la corde raide, à chaque fois qu’il était près d’elle. Tout ce en quoi elle croyait, tout ce qu’elle avait acquis n’avait plus cours. Il avait tout chamboulé. Contrairement à ses parents, il avait encouragé sa passion et il l’écoutait avec ferveur parler d’un monde qui lui était inconnu et qu’il trouvait souvent insensé. Assaillie par ses propres doutes sur l’instabilité de sa situation, sur les problèmes financiers qu’elle ne manquerait pas de rencontrer, sur son talent ; Alex lui avait dit qu’elle s’en sortirait toujours, qu’elle était faite pour ça, qu’elle devait se battre. Tous les doutes balayés d’un revers de main. Comment faisait-il ça : lui donner envie de vivre, de rire et d’être heureuse ? Elle qui puisait son âme dramatique dans la mélancolie et la nostalgie dont elle se sentait pétrie depuis l’enfance. Elle qui était si cérébrale, si pleine d’angoisses et de questions sur la vie, semblait redevenir une

adolescente de quinze ans, amoureuse et insouciante. Pourtant, il y a dix ans de cela, Audrey était tout sauf heureuse de vivre. Son adolescence avait été fade, terne et solitaire. Le théâtre, seul, lui avait permis d’entrevoir une lueur d’espoir sur le tableau incertain de son futur. Elle était devenue celle qu’elle se sentait être depuis toujours. Elle avait trouvé une raison, un pouvoir en elle, un besoin vide et immaculé rempli tout entier par son désir de scène. Elle s’était alors jurée d’être libre, de pouvoir toujours faire tout ce qu'elle voudrait. Mais elle doutait. Depuis qu’Alex lui avait proposé de quitter sa colocation en périphérie pour vivre ensemble, elle se sentait plongé dans une incertitude et une peur irraisonnée. Elle avait peur de perdre son indépendance. Évidemment, elle avait envie de vivre avec lui. Elle s'imaginait le plaisir que ce serait de partager le quotidien avec lui et de faire des projets à deux ; mais serait-il assez fort pour supporter ses crises d’angoisses, la face cachée d’Audrey, l’actrice sans les projecteurs ? Elle avait déjà quitté ses parents pour les mêmes raisons : pouvoir être libre de ses choix, de sa vie, de son temps. Elle s’était toujours sentie à l’étroit en vivant avec eux. Il ne comprenait pas son envie d’être actrice et il lui avait fallu de longues batailles pour gagner sa liberté. Ils l’aimaient, la soutenaient dans un certain sens, mais elle sentait bien qu’ils auraient préféré une autre vie pour leur fille unique. Elle avait obtenu sa place au conservatoire de guerre lasse. Après, ils avaient accepté. Elle était comédienne, mais il leur avait fallu du temps pour embrasser cette vérité. Un temps qui l’avait faite souffrir.

Alex aurait-il besoin également de temps pour la comprendre et l’accepter? Allait-elle s’enfermer à nouveau dans la prison de l’amour, elle-même cette fois-ci ? Elle se sentait affreusement coupable, attachée aux chaines irrépressibles de ses sentiments. Elle avait envie de fuir, d’être complètement libre, de ne plus répondre aux attentes de ceux qu’elle aimait. Mais elle ne voulait pas leur faire du mal, elle ne voulait pas les décevoir. Elle se demandait comment concilier les deux. Pour elle, la liberté ressemblait aux tableaux des Impressionnistes, où le vent semble souffler si fort qu’il emmène l’âme voyager avec lui. Elle s’en voulait de vouloir suivre ce vent et quitter les siens. Alex ou ses parents, elle ressentait le même désespoir : l’amour était sa prison. —Je proteste ! Voltaire s’était mis à parler, frappant le bras droit de son fauteuil. Il avait tourné la tête et la regardait avec un sourire malicieux. —Je reste assis, vous permettez, demanda-t-il en s’installant plus confortablement. Audrey secoua la tête, éberluée. La statue lui parlait. —Comment, ma chère, pouvez-vous croire que l’amour nous emprisonne ? Voltaire, enfoncé dans son fauteuil, scrutait de ses pupilles l’accoutrement de la jeune fille. —Comment cette pensée a-t-elle pu effleurer votre jeune âme ? Voltaire lui parlait et, curieusement, elle trouvait que le fait de discuter avec lui était tout à fait naturel, banal. Il attendait une

réponse et il lui fallut une bonne minute pour formuler une pensée cohérente. —Je trouve que l’amour et la liberté, enfin l’indépendance, ne font pas bon ménage. Elle essayait d’être claire, de ne pas bafouiller, comme le lui avait répété son professeur de diction à longueur de temps. —Ah ? Il semblait l’encourageait à parler, à dire ce qu’elle pensait. Elle changea alors de position, croisant les jambes dans l’autre sens, s’installant plus confortablement dans la discussion, faisant face au vieil homme, mort depuis plus de deux siècles. —L’amour et la liberté demandent tous les deux de s’impliquer totalement et –elle tentait de décrire ce qu’elle ressentait- je ne me sens pas complètement libre à cause de ceux que j’aime. En même temps, je me sens coupable de ne pas leur consacrer assez de temps, de ne pas répondre à leurs attentes. Les yeux de Voltaire restèrent pensifs, les plongeant un instant dans un silence noyé des tintements de la réflexion. —Pourriez-vous vivre sans eux ? —Probablement pas. —Mais la liberté serait vôtre, car personne ne pourrait vous dire quoi faire ? Elle acquiesça, honteuse que l’homme en face d’elle ait pu débusquer une telle pensée. —En êtes-vous certaine ?

—L'amour demande un engagement. Si on veut être honnête avec nos sentiments, nous devrions faire tous ce qu’il est possible pour rendre les gens qu’on aime heureux. Pour ne pas blesser les gens que j'aime, je finis toujours par accepter de suivre leurs conseils, même si ça ne me convient pas. Je pense qu'il vaut mieux que je m'éloigne d'eux, pour pouvoir prendre mes propres décisions, plutôt qu'on soit tous malheureux. Je leur en voudrais de m'attacher à leurs idées et ils finiront par m'en vouloir pour ça. Alex m'encourage, c'est vrai, mais je ne suis pas sûre d'être assez raisonnable pour vivre avec quelqu'un. —Que diable faites-vous de la fantaisie ? Etre amoureux et être sérieux ? Voilà pourquoi. Vous voyez cela comme si vous deveniez soudain une marionnette, hypnotisée et soumise. Pensez-vous qu’ils ont tant de pouvoir qu’ils peuvent vous rendre idiote ? Ne pouvezvous admettre qu’ils vous veuillent heureuse et libre tout autant, que c’est ainsi que vous pourriez les rendre heureux ? Et que faites-vous de la passion, d'un monde crée dans deux esprits, de deux vérités qui s'affrontent, qui luttent dans leur désir de connaitre, d'absorber l'autre pour se trouver soi-même, du jeu autour duquel tourne la vie sans fronde et sans armes autres que la voix et les gestes ? Pourquoi voudriez-vous, ma chère, rendre la vie terne et morne là où elle peutêtre enchanteresse, vivante, changeante, enivrante ? Que d'ennui sans cette lutte acharnée pour se conquérir, pour s'entretenir et se désarmer ! Allons allons, mon petit, il ne faut pas se résoudre à vivre enfermée sans barreaux, confondant les libérateurs avec les geôliers. Il faut prendre des risques et recommencer lorsqu'on a échoué!

Certains vous diront que c'est bien courageux de faire des guerres, d'assassiner et d'assommer les bas peuples, de défendre des idées déformées et vulgaires ; alors qu'on pourrait vivre en paix, nous tous, en livrant des batailles sans morts, pas dénué de violences c'est certain, car l'amour en a sa part, mais vivre doit rester une aventure où l'on doit s'étonner, se déraisonner des règles autres que les droits inaliénables de l'Homme au respect et vous devez, comme nous tous, avoir le courage de prendre l'amour qui vous revient et revendiquer votre liberté aux barricades des endormis et des pressés ! Ne soyez pas vieille avant d'y être ! De la volonté et du courage ! L'emportement, empreint de douceur, avait laissé sa place au silence. —On est plus sérieux quand on vieillit ? —Bien sûr que non, voyons, il faut rester fantasque et continuer la discussion -et espérer convaincre l'autre-, mais peut-être aspire-t-on plus aisément à une certaine sérénité... Je ne suis pas certain que ce soit l'âge néanmoins, les expériences peut-être. Enfin, il faut rester curieux et ne pas avoir peur. Oui, c'est là, quand on est plus âgé moins de décisions nous font peur, nous pouvons en appréhender les conséquences plus aisément, c'est là d'où vient le calme habile dont on se pare aux derniers jours. Ah, quelle pensée merveilleuse! On apprend, toute sa vie durant, à relativiser ce que nous ne pouvions comprendre plus tôt, quelle ironie ! Il se tourna vers elle en souriant. —Ah ma chère, j'en ai connu des actrices ! —Beaucoup de…passions ?

—C’est certain… —Et ça c'est bien passé pour vous ? Vous avez été heureux ? —Quelle idée bien surprenante ! Et bien mon cœur a aimé, gouté, vaincu, perdu parfois. Que pourrais-je demander de plus ? J'ai vécu. Il y eu de tout en assez bonnes quantités, aux qualités variables, mais non dénué d'intérêt pour le philosophe que je fus. Je me considère satisfait. —Vous n'avez aucuns regrets ? —Que pourrais-je bien regretter : avoir épargné à mon père un fils malheureux et trop ordonné, il en avait déjà un. Aux femmes qui ont partagé mes jours, que pourrais-je dire ? Que j'aurais pu plus, peutêtre voulu moins, que cela leur ferait-il à présent ? Je les ai aimées. Chaque moment avait sa propre vie, chaque amour sa propre constitution démocratique, j'ai voté avec grand plaisir. —La république c'était après vous, remarqua-t-elle. Il sourit. —Il y a bien des manières d'honorer la démocratie ! Il faut être tolérant et regarder les autres Hommes de notre Terre avec les yeux d'un ami, d'un frère. Non pas que tous le mérite, non, mais il faut leur accorder cette chance, à chacun en tant qu'individu. Je n'aimais pas mon frère, c'était un esprit étriqué et vindicatif, mais je le connaissais et il avait eu sa chance. À présent, peut-être allez-vous me dire, si j'ai vaincu votre esprit trop raisonnable ? Vous ai-je donné d’assez bonnes raisons d'oublier parfois de vous poser trop de questions ?

—Je crois. Il se mit à rire à gorge déployé, les yeux fermés, savourant sa victoire. —Ah, exhala-t-il en reposant ses mains sur le fauteuil exactement comme elles étaient de pierres. Voilà une belle journée qui s'achève, si bien remplie...Savez-vous que certain m'ont écrit de véritables odes, des chansons de gestes antiques, tel un Apollon à la lyre ? Pour certains d'entre eux, de mon vivant, j'étais la fange, l'ennemi catalyseur de toutes leurs colères, le digne représentant de tout ce qu'ils abhorraient. Je n'avais alors pas grande opinion d'eux, je n'ai plus aucun respect. S'ils avaient gardé leur verve et leur souci méprisant de ma personne, j'aurai dit : voilà des hommes de convictions, idiots mais respectables. J'avais bien raison de les mépriser, ils en valaient la peine. Ah, ma chère, quelle genre de pièces jouez-vous ? —Je ne suis pas sûre que vous connaissiez les auteurs contemporains que je joue en ce moment, mais j’ai joué beaucoup de classiques avant. —J’écoute ce qui se passe ici, mais on ne joue plus guère mes pièces, cela me désole. On les a jouées pendant deux siècles, mais aujourd'hui c'est terminé. —Si ça peut vous faire plaisir, on vous étudie à l'école. —Et qu'en disent-ils vos professeurs ? —Que vous étiez un grand philosophe, un humaniste, que vous avez semé le terreau de la révolution et de la république. Il se mit à sourire, comme s'il écoutait une mélodie silencieuse, ses

doigts battant une mesure imaginaire. —Ça ne vous fait pas plaisir ? —Je savoure, ma chère, mais je proteste ardemment pour mes pièces. Elle ne put s’empêcher de sourire. —Je vous promets de les lire. —Oui, faites donc. —Et puis, elles reviendront peut-être à la mode! Il écarquilla de grands yeux et se remit à rire. —Ah ! Qui sait de quoi l’avenir est fait ? Il croisa son regard. —Peut-être qu'une jeune comédienne serait une parfaite ambassadrice ? Elle le regarda, raidit par une responsabilité venant d'échoir sur ses épaules. —Allons, allons, pas de sérieux entre nous. Mon enfant, cette conversation fût charmante, mais je crains que vous ne deviez prendre congé de moi et me laisser retourner à la pierre d'où je viens. Je serais heureux que vous fassiez de votre vie ce que vous en voulez et que rien ne vous empêche des hasards et des folies douces et imprévues qui vous porteront, j'en suis sûr, à penser que la vie vaut bien quelques risques, quelque échardes et de bonnes compagnies. Vous avez-des amis ? Soignez-les. Vos amants ? Comblez-les. Vos parents ? Soyez heureuse, ils sont censés l'être pour vous. S'ils ne le sont pas, ils ne vous méritent pas. Les autres, aucun intérêt, laissez-les où ils sont, mais soutenez le pauvre et défendez l'opprimé. Et par pitié,

élevez votre esprit contre l'injustice, c'est là que se trouve la liberté à laquelle vous aspirez tant ! Elle acquiesça, et l’espace d’un battement de cil, le philosophe s’était retrouvé de marbre. Elle rassembla ses affaires et se leva pour lui faire face, ébahie, et le souffle court. —On va fermer, mademoiselle, fit une voix enjouée derrière elle. —Ah, oui. C'était le gardien. Il contemplait lui aussi la sculpture. —Même après des années ici, je la trouve toujours aussi belle. Quel talent de rendre une statue si vivante ! Ce Houdon, c’était quelqu’un… —Voltaire aussi. —Bien sûr, il suffit de le regarder pour avoir envie de discuter avec lui. Il a l’air si drôle et vivant. —Et vous parlez souvent avec lui, demanda-t-elle, fébrile. —Oui, et il est de bon conseil généralement, lui répondit l’homme pensif. Audrey lui sourit et le salua en partant. Le jour s’éternisait sur le miroir au-dessus de lui et le gardien regarda la statue immobile : —À demain, mon cher ami. Voltaire ne lui répondit pas et il quitta la pièce, enfermant le vieux philosophe dans le silence de pensées et de conversations tues depuis longtemps, mais dont les chuchotements, parfois, effleuraient l’âme des vivants.

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