Arboriculture
La thérapie par les plantes : Essai pucerons verts sur pommier Par Sophie-Joy ONDET - Arbo Bio Info septembre 2006
La phytothérapie appliquée aux arbres fruitiers, reste un domaine sur lequel vous êtes nombreux à vouloir en savoir davantage. Limiter les attaques de ravageurs en pulvérisant des préparations « maison », c'estàdire réalisées chez soi, quel bel objectif ; une bouillie à base de plantes qui ne coûte que quelques plantes sèches, de l’eau chaude et un peu d’huile de coude ! Il est bien difficile de connaître les pourcentages d’efficacité de ces tisanes (infusions, décoctions ou macéra tions) pour pouvoir se lancer avec confiance dans ce type de traitements. Préparation de l’infusion Mettre 100 g de plante sèche dans 5 litres d’eau bouillante (ici eau de forage de pH 7.1). Laisser refroidir dans le récipient avec son couvercle (remuer peu pour limiter les évaporations). Filtrer la préparation. Les tisanes sont utilisées dans les jours qui suivent leur préparation (maximum 2 jours)
les plantes testées : l’armoise (Artemesia vulgaris), la saponaire (Saponaria officinalis), la menthe poi‐ vrée (Mentha piperata) et la tanaisie (Tanacaetum annuum). Le mode de préparation s’est progressivement orienté d’après les résultats, vers les infusions.
Cultures
Nous restons dans une démarche de recherche de plantes efficaces pour limiter le développement du puceron vert du pommier : notre modèle (puceron non enrouleur et non mi‐ grant, facilitant ainsi les comptages). Nous recherchons la ou les plantes intéressantes pour limiter le déve‐ loppement de ce puceron ainsi que le mode de préparation de la tisane : une décoction, infu‐ sion ou macération ? Nous ne sommes donc pas dans l’opti‐ que de recherche du ou des principes actifs contenus dans les plantes. Nous par‐ tons en effet sur le principe que la plante représente un pool de molécules en syner‐ gie, dont l’ensemble peut avoir une efficacité pour limiter les dégâts du rava‐ geur ciblé. Les trois premières années d’expérimentation nous ont permis de sélectionner parmi
Tech Innov
Ces cinq plantes, préparées en infu‐ sion la veille du traitement et diluées (concentration à 10%), sont compa‐ rées en 2006 à un témoin eau et un témoin non traité (dit témoin sec). Le pH de ces préparations est ramené après dilution à 6 (y compris le té‐ moin eau). Les traitements sont réalisés le matin sur la base de 1000l/ha, tous les 7 jours, dès l’arrivée des premières fondatrices. Le cycle du puceron vert étant assez court sur pommier, seuls quatre traitements ont été effectués (pulvérisateur à dos).
Résultats de 2006 Chaque comptage est réalisé 7 jours après pulvérisation des tisanes. Les résultats donnés en tableau 1, repré‐ sentent la somme des pucerons sur les 21 rameaux sélectionnés par modali‐ té. Nous pouvons constater cette an‐ née encore que les traitements à base d’eau à pH 6 (témoin eau) favorisent le développement de ce puceron vert. La menthe poivrée et la tanaisie per‐ mettent de limiter le développement de ce puceron dès le premier traite‐
Tableau n°Tableau 1 : Com par ais on des diff ér entes infus ions 1 nombre des pucerons verts
L’année dernière (ABI n° 105, juin 2006), nous vous avons présenté une synthèse des résultats obtenus en phytothérapie : essais réalisés en 2003, 2004 et 2005. Cela correspon‐ dait à nos tous premiers résultats. Aujourd’hui en regardant de plus près ceux obtenus en 2006 et 2007, nous allons pouvoir commencer à affiner ces informatio ns «p hyto théra‐ peutiques ».
D’après la bibiographie et les savoir faire des praticiens, nous avons ajou‐ té à ce panel de plantes, la sauge (Salvia officinalis).
500 Ar 400
Me
300
Sap Sau
200
T Ta
100
Te 0 1 04/04/06
2 11/04/06
3 18/04/06
Légende : Ar : armoise, Me : menthe poivrée, Sap : Saponaire, Sau : Sauge, Ta : Tanaisie, T : témoin sec, Te : témoin eau
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d’essais notamment en laboratoire et par auxiliaire.
0.20 0.18 0.16 0.14 0.12 0.10 0.08 0.06 0.04 0.02 0.00
2007 : jeu de dilution
Les analyses de variance réalisées à partir de chaque tisane comparée au témoin sec (T), révèlent des différen‐ ces statistiques pour la menthe poi‐ vrée et pour l’armoise. Ces deux infusions à 10 % ont donc permis de limiter de façon satisfai‐ sante le nombre de pucerons verts sur les pommiers :
a
La menthe poivrée : 75 % d’effi‐ cacité par rapport au témoin T, au bout de 4 traitements (observation du 18/04/06)
a
L’armoise : 77 % d’efficacité par rapport au témoin T, au bout de 4 traitements (observation du 18/04/06).
Impact des infusions sur les auxillaires des pucerons Ce verger en 2006 est marqué notam‐
Te
Ta
oi n m
ment par une forte présence d’auxi‐ liaires de pucerons. Si certaines infu‐ sions de plantes peuvent limiter le développement du puceron vert, sont‐ elles également gênantes pour ses auxiliaires ? Le tableau 2 nous donne les nombres moyens d’auxiliaires tous confondus par rosette observée (21 rosettes sé‐ lectionnées par modalité) le 18/04/06. On constate que les infusions de men‐ the poivrée, d’armoise et de tanaisie limitent pour 50 % et plus la présence des auxiliaires. Mais ce résultat n’est‐il pas simplement dû au fait que les pu‐ cerons sont également moins nom‐ breux sur ces rameaux traités à la menthe, l’armoise ou la tanaisie ? Lorsque l’on compare les résultats obtenus avec les infusions de sauge et de saponaire, si la corrélation entre le nombre de pucerons et le nombre d’auxiliaires était si simple, on aurait dû observer davantage d’auxiliaires sur les rameaux traités à la saponaire que sur ceux traités à la sauge ; ce qui n’est pas le cas. Ces impacts d’infusions de plantes sur les auxiliaires nécessitent davantage
Tableau 3 : Com par ais on des inf us ions en fonction de l' évolut ion du nom br e m oyen de pucer ons ver ts (bas e 100) 140
Nb moyen
120 100 02/04/2007
80
12/04/2007 60
23/04/2007
40 20 0 Ar 10
Ar 5
Me 10
Me 5
T
Te
Les conditions climatiques printanières humides et fraîches de cette année, ont eu pour impact un développement du puceron vert un peu moins impor‐ tant que l’an passé et des auxiliaires arrivant plus tardivement dans le ver‐ ger. Comme en 2006, dès les toutes pre‐ mières fondatrices de puceron vert arrivant sur les pommiers, les traite‐ ments sont déclenchés avec une fré‐ quence de 7 jours. Bien que la présence des pucerons verts ait été plus courte que l’an der‐ nier, quatre traitements ont également dû être réalisés (car renouvelés quel‐ quefois après des pluies lessivantes). Le 02/04/07, le nombre moyen de pu‐ cerons verts étant différent entre les modalités, malgré les précautions pri‐ ses lors de la mise en place de l’essai, les données sont ramenés à 100 au 02/04, pour plus de lisibilité. Au 23/04/07, la majorité des pucerons sont ailés et ont quitté les pommiers. L’analyse des résultats ne peut donc se faire qu’à la date du 12/07/07. On constate que le traitement à base de menthe à 10 % (Me10), donne les meilleurs résultats, suivi de Me5 et Ar10 (tableau 3). Les analyses statisti‐ ques permettent de valider effective‐ ment une différence entre le Témoin sec (T) et Me10. Les autres modalités comparées au témoin sec ne sont pas statistiquement différentes. Il sera intéressant de tester ces infusions de menthe poivrée sur d’autres ravageurs en arbori‐ culture, petits fruits et maraî‐ chage. Les combinaisons de menthe poivrée et d’armoise par exemple, sont encore des pistes à creuser. Ces premiers résultats sont encourageants et donnent la preuve que les tisanes de plantes et la phytothérapie, ont un rôle à jouer en agri‐ culture.
Légende : Ar 10 : armoise 10 %, , Ar 5 : Armoise 5 %, Me 10 ! Menthe poivrée 10 %, Me 5 : menthe poivrée 5 %, T : témoin sec, Te : témoin eau
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ment. L’armoise a une action limi‐ tante plus lente et progressive au fur et à mesure des traitements. La sauge et la saponaire ne donnent pas de ré‐ sultats satisfaisants.
Té
Sa ug e
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Sa po na
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oi se
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Les infusions à 10 % de menthe poivrée et d’armoise, qui ont donné de bons résultats en 2006, sont comparées cette année à des infusions à 5 % de ces mêmes plantes (5 % de tisane mère et 95 % d’eau).
Ar m
nb m oyen d'auxiliaires par roset te
Tableau 2 : com par ais on du nom br e m oyen d'auxiliair es