SEANCE 6 – DETECTER LES PHENOMENES SECTAIRES OU LA PRATIQUE BENEFIQUE DU DOUTE En quoi la pratique méthodique du doute en anthropologie permet-elle de révéler les mouvances sectaires ? Projection du sketch des Inconnus https://www.youtube.com/watch?v=k_3hIoUGbls Quelle est la définition d’une secte selon ce sketch des Inconnus ? Guru est un terme sanskrit qui signifie « précepteur », « guide spirituel », « maître ». Il désigne, en Inde, un enseignant reconnu de la religion, de la spiritualité, de la danse, de la musique ou de tout autre domaine de connaissance. Les rapports entre le guru et le disciple sont ceux qui existent entre un patriarche et un jeune enfant, ce dernier devant libérer son maître des tâches du quotidien (lessive, cuisine, ménage) en échange de l'enseignement qu'il reçoit, ce contrat étant considéré, en Inde, comme faisant partie de l'apprentissage. Le terme est également à l'origine du mot gourou, utilisé depuis le milieu du XX° siècle d'une façon plus ironique ou péjorative pour désigner un maître à penser, un expert, un manipulateur, ou plus généralement une personne qui réunit des adeptes. Le gourou tente parfois d’exercer un contrôle total sur un groupe d’individus auxquels il n’est plus permis de douter. Les moyens mis en œuvre pour contrôler les adeptes ne sont pas sans rappeler les procédés des régimes totalitaires : propagande, embrigadement et intimidation. Projection d’un spot de prévention pour enfants http://education.francetv.fr/parents/prevention/video/c-est-quoi-une-secte-professeurgamberge Quels sont les éléments qui viennent valider et/ou compléter la réflexion précédente ? Projection d’une interview de Dounia Bouzar, anthropologue du Centre de Prévention des Dérives Sectaires liées à l’Islam (CPDSI) http://www.dailymotion.com/video/x262ilb_dounia-bouzar-on-dit-aux-jeunes-djihadistes-quils-sont-les-sauveurs-de-l-humanite_news Mme Bouzar renonce à sa mission sur la déradicalisation pour protester contre la déchéance Le Centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l’islam met fin au contrat qui le lie au gouvernement en raison du projet de loi sur la déchéance de la nationalité. La mission de Dounia Bouzar sur la déradicalisation va prendre fin. Le Centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l’islam (CPDSI), dirigé par la très médiatique chercheuse, a annoncé, jeudi 11 février, son intention de renoncer au contrat qui le lie avec le gouvernement. « Le CPDSI a décidé de refuser son renouvellement tacite de mandat » qui arrive à son terme au mois d’avril 2016, écrit l’association dans un communiqué, justifiant sa décision par son opposition à la proposition de loi sur la déchéance de nationalité, qui, explique-t-elle, « crée un contexte politique défavorable à l’entreprise pédagogique et scientifique pour prévenir la radicalisation ». Idéologie et calculs politiques

Le CPDSI déplore qu’avec cette proposition d’inscrire la déchéance de nationalité dans la Constitution, votée mercredi soir par l’Assemblée nationale, le ministère de l’intérieur ne construise plus sa politique sur des « réalités de terrain » mais « sur de l’idéologie ou des calculs politiques électoralistes ». Le CPDSI est subventionné par l’Etat depuis le mois de mars 2014 afin de participer à l’analyse du phénomène de radicalisation chez des jeunes, sous la houlette du préfet Pierre N’Gahane, secrétaire général du Comité interministériel pour la prévention de la délinquance. En avril 2015, l’association avait été missionnée par le ministère de l’intérieur, à la suite d’un appel d’offres, en tant qu’équipe mobile d’intervention auprès de familles ayant appelé le numéro vert de l’Unité de coordination de la lutte antiterroriste. Sa mission s’achève en avril 2016. Théorie de l’emprise sectaire Dounia Bouzar, habituée des plateaux de télévision, défend la thèse selon laquelle les jeunes gens qui se radicalisent ne sont pas exclusivement issus de l’immigration ou « sans espoir social ». « C’est un mensonge ou une grande incompétence que de faire croire aux Français qu’il ne s’agit que d’un problème d’immigration ou de musulmans », affirmait Dounia Bouzar dans une tribune au Monde à la fin de 2015. Elle y fustigeait déjà la proposition du gouvernement sur la déchéance de nationalité. La chercheuse estime plutôt que les « recruteurs » usent, sur le Net, de « techniques des dérives sectaires » : isolement puis rupture avec les proches ; dépersonnalisation ; théories du complot. Cette approche est critiquée. La théorie de l’emprise sectaire « est un refus de comprendre, selon Olivier Roy, professeur à l’Institut universitaire européen de Florence. C’est nier à quelqu’un la raison de son action. Ces jeunes sont volontaires. Ce sont eux qui vont chercher sur des sites ». Construire une école de déradicalisation Sur son site, le CPDSI écrit que sur 711 jeunes en cours de suivi en 2015, 30 % sont en cours de désembrigadement. Un bilan que certains aimeraient plus transparent. La sénatrice centriste Nathalie Goulet, présidente de la commission d’enquête sur les réseaux djihadistes, a demandé au ministère de l’intérieur, en décembre 2015, de lui fournir un bilan circonstancié des résultats du CPDSI. « Cette structure n’a pas de bureau et un très faible effectif, je souhaite juste comprendre comment on déradicalise dans de telles conditions », avait expliqué Mme Goulet au Journal du dimanche. Le communiqué du CPDSI ajoute que Dounia Bouzar poursuivra son travail sur le sujet, commencé avant d’avoir été mandatée par l’Etat : « Elle va reprendre ses recherches avec les familles au sein des réalités de terrain et construire une école de déradicalisation, afin que le plus de citoyens possible puissent se former et se perfectionner sur le sujet ». Le Monde.fr, 11/02/2016 Quoi qu’il en soit, donner une définition ferme et définitive de ce que serait une secte relève de la même volonté totalitaire d’évacuer le doute. On imagine aisément l’usage que pourrait faire un régime autoritaire de cette définition ; il lui suffirait d’y faire « entrer » tous les mouvements pressentis comme une opposition potentielle. Cependant, tous les mouvements identifiés comme potentiellement sectaires partagent au moins un point commun, celui de la mono-appartenance : appartenir à une secte, c’est progressivement quitter l’ensemble des sphères sociales que nous fréquentions, pour n’appartenir sincèrement et exclusivement qu’à une seule.

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