Centre Dumitru Staniloae. Yvan Koenig - Cours de patristique 2013-2014 : saint Athanase d’Alexandrie. Cours du jeudi 9 janvier 2014.

Choix de textes de saint Athanase d’Alexandrie : T1 :« Car s’il est vrai que, la croix une fois dressée, toute idolâtrie a été jetée à bas, que par ce signe toutes les aspirations des démons sont mises en fuite, et le Christ seul adoré, et qu’il nous fait connaître le Père, et qu’il nous fait connaître le Père, s’il est vrai que ses contradicteurs sont couvert de confusion et que lui, chaque jour, convertit invisiblement les âmes de ses contradicteurs, comment encore imaginer qu’il y a là chose humaine, et ne pas plutôt confesser que celui qui est monté sur la croix est le Verbe de Dieu et le Sauveur du monde ? » ( CG § 1, p. 49). De plus l’homme a été créé à l’image du Verbe : T2 : « Car le Dieu créateur et roi souverain de l’univers, qui subsiste au-delà de toute essence et de toute pensée humaine, a dans sa bonté et sa beauté infinies créé le genre humain selon sa propre image par son propre Verbe, notre Sauveur Jésus-Christ. Par sa ressemblance avec lui, il l’a rendu capable de contempler et de connaître les êtres, il lui a donné l’idée et la connaissance de sa propre éternité, afin que conservant son identité, l’homme ne s’écarte jamais de la pensée de Dieu et ne s’éloigne pas de la communauté des saints, mais que, conservant la grâce qu’il avait reçue de Dieu, conservant aussi la puissance (dynamis) propre qui lui vient du Verbe du Père, il vive dans la joie et qu’il dialogue avec Dieu, menant une vie sans inquiétude et vraiment bienheureuse, une vie immortelle. Car n’ayant rien qui l’empêche de connaître la divinité, sa pureté pui permet de contempler sans cesse l’image du Père, le Verbe de Dieu, à l’image duquel il a été fait ; et il est rempli d’admiration en considérant da providence à l’égard de l’univers. Il s’élève au-dessus des choses sensibles et de toute représentation corporelle, et s’unit, par la puissance de son esprit (noûs), aux réalités divines et intelligibles qui sont aux cieux. Quand donc l’esprit humain n’a pas commerce avec les corps, et qu’il ne reçoit du dehors aucun mélange des passions corporelles, mais qu’il est tout entier en haut, vivant avec lui-même, tel qu’il a été fait au commencement, alors il dépasse les choses sensibles et toutes les réalités humaines pour vivre en haut dans les cieux, et voyant le Verbe, il voit aussi le Père du Verbe ; cette contemplation le réjouit et le renouvelle dans le désir qui le porte vers lui. Ainsi le premier homme qui a été appelé en hébreu Adam, gardait au commencement d’après les Saintes Écritures, son esprit tourné vers Dieu dans sa familiarité avec Dieu (parrhésia), et vivait avec les saints dans la contemplation des intelligibles, dont il jouissait dans le lieu que le saint Moïse a appelé figurativement Paradis. Car la pureté de l’âme la rend capable de 1

Centre Dumitru Staniloae. Yvan Koenig - Cours de patristique 2013-2014 : saint Athanase d’Alexandrie. Cours du jeudi 9 janvier 2014. contempler Dieu en elle-même comme dans un miroir, selon la parole du Seigneur : « Bienheureux les cœurs purs, car ils verront Dieu. » (CG I, 2 : SC 18, p. 112-113).

T3 : « Les hommes, négligeant les réalités supérieures et lents à les saisir, cherchent plutôt celles qui étaient plus proches d’eux. Or ce qui est le plus proche, c’est le corps et les sens : aussi ils détournèrent leur esprit des intelligibles, s’attachant aux choses sensibles, et se trompant pour ainsi dire dans leur propre cause, ils en vinrent à se désirer eux-mêmes préférant leur bien propre à la contemplation des réalités divines. Ils s’y attardèrent, et refusant de s’éloigner des jouissances immédiates, ils emprisonnèrent leur âme dans les voluptés corporelles qui la laissèrent troublée et souillée par toutes sortes de désirs ; car ils avaient complétement oublié les pouvoir qu’ils avaient reçu au commencement de Dieu. On peut voir que tout cela est vrai d’après ce que les Saintes Écritures nous disent du premier homme. Aussi longtemps, en effet, qu’il garda l’esprit attaché à Dieu et à la contemplation de Dieu, il se détournait de la contemplation du corps ; mais quand sur la conseil du serpent, il s’écarta de la pensée de Dieu et se mit à se considérer lui-même ; alors ils furent pris par les désirs du corps, et ils connurent qu’ils étaient nus (Gén. 3, 7) et cette connaissance les remplit de honte…Ensuite, comme il arrive d’ordinaire, pris par ces désirs singuliers et multiples, ils commencèrent à se tenir habituellement tournés vers eux, au point de craindre de les perdre… » (CG I, 3 : SC 18, p. 113-114). « obscurcissement du nous » et divinisation des passions humaines.

T 4. : « Il prit en pitié le genre humain et le voyant incapable, selon la loi de sa propre origine, de se maintenir toujours, il lui fit une largesse encore plus grande ; il ne créa pas simplement les hommes, comme tous les vivants sans raison qui sont sur terre ; mais selon son Image il les fit, leur donnant part à la puissance de son propre Verbe ; ( μεταδὸυς αὐτοῖς καὶ τῆς τοῦ ἰδίου Λόγου δυάμεως, ἵνα ὣσπερ σκιάς τινας ἕχοντες τοῦ Λόγου καὶ γενόμενοι λογικοὶ διαμένειν ἐν μακαριότητι δυνηθῶσι, ζῶντες τὸν ἐληθινὸν καὶ ὄντως τῶν ἁγιῶν ἐν παραδείσῳ ϐίον ) possédant comme des ombres du Logos et devenus “logiques”, ils pourraient demeurer dans la béatitude, en vivant dans le paradis la vraie vie, celle même des saints (les anges)”. (DI., 3.3; SC 199, p. 271-273). T5. : 17.1 « En effet, il n’était pas enfermé dans le corps ; il n’était pas dans le corps sans être ailleurs. Il ne donnait pas le mouvement à celui-là, pendant que l’univers aurait été privé de 2

Centre Dumitru Staniloae. Yvan Koenig - Cours de patristique 2013-2014 : saint Athanase d’Alexandrie. Cours du jeudi 9 janvier 2014. son énergie (energeia) et de sa providence (pronoia). Mais, suprême merveille, étant le Verbe, il n’était pas contenu par aucun être en particulier, mais plutôt lui-même les contenait tous. Ainsi présent dans toute la création, il reste extérieur à tout par son essence , mais il est en tout par ses puissances (dynamis), ordonnant toutes choses et développant partout vers toutes choses sa providence, vivifiant un chacun et tous les êtres à la fois, contenant l’univers sans être contenu par lui, mais demeurant en son seul Père tout entier et à tous égards. 2. De même, étant dans le corps humain et mui donnant la vie, il donnait également la vie à tous les êtres, il était en tous et en dehors de tous ; se faisant connaître à partir du corps grâce à ses œuvres, il ne se rendait pas moins visible par son énergie dans l’univers (οὐκ ἀφανὴς ἧν καὶ ἀπὸ τῆς τῶν ὅλων ἐνεργείας).” DI, 17, 1-3, SC 199, p. 325-27. T 6.: 54. 1 “ Celui qui souhaite voir Dieu, qui est par nature invisible et ne peut absolument pas être vu, le connaît et le saisit par ses œuvres ; de même celui dont l’esprit ne voit pas le Christ, qu’il cherche à le connaître par les œuvres de son corps, et qu’il vérifie si elles sont d’un homme ou de Dieu. 2. Si elles sont d’un homme, qu’il s’en moque ; mais s’il reconnaît qu’elles ne sont pas d’un homme, mais bien de Dieu, qu’il ne rie plus de ce dont on ne se moque pas; qu’il admire plutôt que les réalités divines nous soient apparues grâce à un procédé aussi simple, que par la mort l’immortalité se soit étendue à tous et que l’incarnation du Verbe nous ait fait connaître la providence universelle, et le Verbe même de Dieu qui en est le chorêge et le démiurge.3. Car il s’est lui-même fait homme, pour que nous soyons faits Dieu ; et lui-même s’est rendu visible par son corps, pour que nous ayons une idée du Père invisible ; et il a supporté lui-même les outrages des hommes, pour que nous ayons part à l’incorruptibilité. Certes, il n’en subissait aucun dommage, étant impassible et incorruptible, étant le Verbe même de Dieu ; mais dans sa propre impassibilité il conservait et tirait hors de danger les hommes souffrants, pour lesquels il endurait tout cela.” DI, 54, 1-3 (SC 199, p. 457-459).

T7. : II Contre les Ariens 69-70 ; (PG 26, 293-296), traduction du P. Placide : “Si le Fils était une créature, l’homme serait encore aussi mortel qu’auparavant, car il n’aurait pas été uni à Dieu. Une créature, en effet, ne peut pas unir à Dieu les autres créatures : elle a besoin elle-même de quelqu’un qui l’unisse. Une partie de la création ne peut donner à la création le salut, puisqu’elle en a besoin. Aussi Dieu a-t-il envoyé son propre Fils. Celui-ci ayant pris une chair créée, est devenu fils de l’homme. Or tous les hommes étaient condamnés 3

Centre Dumitru Staniloae. Yvan Koenig - Cours de patristique 2013-2014 : saint Athanase d’Alexandrie. Cours du jeudi 9 janvier 2014. à la mort. Mais lui qui est innocent, a offert pour tous son corps à la mort, de sorte que tous sont morts par lui, tous sont même morts en lui, et la sentence qui nous condamnait est accomplie. En plus, par lui nous sommes délivrés du péché et de la malédiction, nous sommes ressuscités des morts et, revêtus d’immortalité et d’incorruptibilité, nous demeurons pour l’éternité. Comme il a souvent été expliqué, dès que le Verbe a revêtu la chair, tout le venin du serpent a été éteint en elle : tous les mouvements mauvais ont été extirpés, et en même temps la mort, suite du péché, a été supprimée, comme lui-même le dit : “Le prince de ce monde vient, mais il ne trouve rien en moi” (Jn. 14, 30). Et encore comme écrit saint Jean : “Le Christ s’est manifesté, pour détruire les œuvres du démon” (1 Jn. 3, 8). La chair ayant été ainsi délivrée de ses misères, tous, à cause de notre parenté selon la chair, nous avons été délivrés et nous avons été unis au Verbe. Aussi, unis que nous sommes à Dieu, ne sommes-nous pas destinés à demeurer sur la terre, mais selon sa parole (Jn. 14, 3), où il est nous serons…Cela ne se serait pas réalisé si le Verbe n’eût été qu’une créature. À une créature, en effet, le démon qui est aussi une créature, aurait pu résister sans fin… Par là, la vérité montre que le Verbe n’est pas une des créatures ; mais qu’il est bien plutôt le Créateur. Il a en effet pris un corps créé et mortel ; comme Créateur, il l’a renouvelé, il l’a divinisé en lui, pour nous mener tous dans le royaume des cieux, à sa ressemblance. L’union à une simple créature n’aurait pas divinisé l’homme. Il fallait donc, conclut-il, que le Fils fût vraiment Dieu. Jamais l’homme n’aurait pu se présenter au Père, si celui qui a revêtu un corps n’avait été le Verbe de Dieu, véritable et naturel. De même que nous n’aurions pas été délivrés du péché et de la malédiction, si ce n’eut été une chair humaine que le Verbe avait prise – car qu’aurions-nous eu de commun avec une chair étrangère ? – de même, l’homme n’aurait pas été divinisé, si ce n’eût été le Verbe naturel, propre et véritable du Père, qui fût devenu chair. C’est pourquoi l’union s’est faite entre la véritable nature de la divinité et la véritable nature de l’humanité, de façon que le salut et la divinisation soient assurés.” (II Contre les Ariens, 69-70 : PG 26, 293-296) Importance de la “chair du Verbe”, qui a été “verbifiée”, divinisée. Elle n’est pas seulement inséparable de la nature humaine du Christ, mais aussi de toute l’humanité. T8. : La preuve de la divinité de l’Esprit découle du fait qu’il n’y a qu’une seule énergie de la Sainte Trinité, argument qui sera souvent repris par les Pères :

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Centre Dumitru Staniloae. Yvan Koenig - Cours de patristique 2013-2014 : saint Athanase d’Alexandrie. Cours du jeudi 9 janvier 2014. “ C’est cela encore que Paul enseignait lorsqu’il écrivait encore aux Corinthiens, disant dans sa seconde lettre : “Que la grâce de Notre Seigneur Jésus-Christ, et la charité de Dieu et la communion du Saint Esprit soient avec vous” (2 Cor. 13, 13). Car la grâce et le don accordés dans la Trinité sont donnés de la part du Père par le Fils dans l’Esprit-Saint. En effet, de même que accordée vient du Père par le Fils, ainsi il ne peut y avoir de communion du don en nous si ce n’est dans l’Esprit Saint. En effet, de même que la grâce accordée vient du Père par le Fils, ainsi il ne peut y avoir communion du don en nous si ce n’est dans l’Esprit Saint ; car c’est en participant à lui que nous avons la charité (agapé) du Père et la grâce (charis) du Fils et la communion de l’Esprit lui-même. 31. Il ressort de ces considérations qu’unique est l’énergie de la Trinité (31. Μιά ἄρα καὶ ἐκ τούτων ἡ τῆς Τριάδος ἐνέργεια δείκνυται). En effet, l’Apôtre ne marque pas comme différents les dons accordés par chaque personne de la Trinité, mais il indique que les dons sont accordés dans la Trinité et qu’ils proviennent tous d’un seul Dieu. Celui donc qui n’est pas une créature, mais est uni au Fils comme le Fils l’est au Père ; celui qui est glorifié avec le Père et le Fils et traité comme Dieu par le Verbe ; celui qui opère (ἐνεργοῦν) ce que le Père opère par le Fils ; comment celui qui l’appelle une créature n’agit-il pas aussitôt en impie contre le Fils ? ». (À Sérapion, I, 30-31). Le Saint Esprit accomplit des œuvres divines, en particulier notre divinisation, il n’y a qu’une seule énergie divine qui exprime l’opération de l’unique essence divine, le Saint-Esprit est donc Dieu.

Cours du jeudi 9 janvier 2014.

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