La participation politique des femmes est un vaste chantier au Burkina Faso. L’accession aux instances de décision des femmes relève encore de l’utopie. Les femmes représentent moins de 4% des députés de l’Assemblée nationale burkinabé. Les femmes travaillent deux fois plus pour légitimer leur position. Depuis plus de quinze ans, une militante des droits de la femme lutte pour la promotion et le renforcement des capacités de celles-ci. Son nom : Saran Sere/Sereme. Elle a financé la construction d’une école de formation pour les filles dans sa région du Sourou.
Cette femme a réalisé deux exploits : le premier est d’être présente au parlement depuis plus de 7 ans. Le deuxième, c’est qu’elle est la plus jeune député élue à son élection. Saran est une femme d’affaires avisées. Elle a pu infiltrer le monde très fermé du bâtiment au Burkina Faso. Elle est Directrice Générale de Société de Bâtiment Frs. Matériels et Travaux Publics (SBFMT). L’année 1968 est marquée par une série de révoltes principalement étudiantes un peu partout sur la planète. C’est aussi pendant cette année que vient au monde Saran Sere/Sereme dans la région du Sourou, considérée comme le « grenier » du Burkina Faso. La jeune Saran est très intelligente, elle connait un parcours scolaire sans faille et obtient son diplôme de gestionnaires d’entreprise en 1993.
Pendant ses études, elle s’intéresse à la politique et intègre les mouvements scolaires et estudiantins dès 1983 au Burkina et au Mali. Elle participa à la révolution parce que les idées étaient fortes, la vision était de donner un nouveau visage à l’Afrique. Après avoir pris ses distances avec la politique en 1993, Saran revient dans l’arène politique en 1996 où elle intègre le Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP) et devient rapidement membre du bureau politique. Saran Sere/Sereme est élue député à l’Assemblée nationale du Burkina Faso en 2002. Elle est membre de la commission des Affaires Etrangères et de la Défense (CAED) et présidente du caucus genre. Sur le plan régional elle assure la fonction de présidente de la commission Agriculture-Environnement-Ressources en Eau et Développement Rural du Parlement de la CEDEAO.
Saran Sere / Sereme Burkina Faso
Fervente croyante, mère de quatre enfants dont deux adoptés et chef d’entreprise dans le domaine du génie civil, sa priorité au quotidien est de travailler, d’œuvrer, de redonner à la femme son rôle dans la société et ce dans tous les domaines. Malgré sa grande discrétion elle a fait beaucoup parler d’elle, ayant largement démontré son leadership dans le domaine de l’entreprenariat féminin. En plus d’être une chef d’entreprise reconnue par ses pairs, elle a créé un centre de formation dans la province du Sourou qui enseigne des matières telles que l’agriculture, l’économie familiale, la couture et l’artisanat. L’objectif est de faire du Sourou un centre régional. Un projet d’agrandissement du centre va dans ce sens. Pour elle, le renforcement des capacités des femmes est primordial pour l’épanouissement de celles-ci et le développement du pays. Saran Sere/Sereme est aussi l’initiatrice du festival annuel de lutte. Grace au combat qu’elle mène pour la cause et la promotion de la femme dans sa province et au niveau national, celles-ci ont plus d’ouverture, de possibilités pour s’exprimer, et la compétence prime. Elle a initié plusieurs projets sur les plans sanitaire et éducatif. Il faut souligner la création des Coordinations de Sécurité et de Protection de la Santé (CSPS) dans les zones les plus enclavées du pays.
L’essor économique de sa province est ralenti par l’insuffisance des infrastructures (route, stockage des récoltes, usines de transformation) et les problèmes liés à l’enclavement, mais le désenclavement de cette province est déjà programmé dans le cadre du « Millennium Challenge Account » (MCA). A la fin de son mandat au service du Sourou, Saran aimerait laisser une province riche alliant développement économique et culturel.
Point de vue Saran Sere/Sereme a participé à la révolution parce que les idées étaient fortes, la vision était de donner un nouveau visage à l’Afrique. La période de la révolution était un idéal mais aujourd’hui on doit se battre pour y accéder. Elle avait décidé de s’éloigner de la politique quelques années après la mort de Thomas Sankara mais elle a compris qu’on ne peut qu’influencer la politique de l’intérieur. C’est ainsi qu’elle revient dans l’arène politique en 2002.
Sa position de parlementaire lui a permis de militer pour l’adoption de la loi sur les quotas. Cette loi permet aux femmes de pouvoir être présentes au niveau des instances de décision et d’influencer les décisions politiques. En amont, elle tient à préciser que le renforcement des capacités des femmes et leur scolarisation massive doivent être favorisés.
Au niveau du parlement de la CEDEAO, elle travaille pour une harmonisation des politiques communes. La question brulante des Accords de Partenariats Economiques (APE) fait toujours débat au sein du parlement. Après quelques modifications, ils ont été signés par les différents gouvernements. Elle pense aussi que les pouvoirs du parlement de la CEDEAO doivent être renforcés afin qu’il puisse enfin légiférer. Saran milite pour des APE adaptés à notre contexte, porteurs d’emplois et de développement pour l’Afrique.
En tant que cadette des femmes députés de l’Assemblée nationale burkinabé, Saran Sere/Sereme conseille à la jeune génération d’être courageuse, tenace, d’oser, d’avoir une réelle volonté. Car en plus des difficultés de la vie professionnelle, la femme doit veiller au bien être de son foyer et à l’éducation de ses enfants. Aujourd’hui elle est la plus jeune député femme de son pays. « L’idéal n’existe pas mais il faut y aspirer » : ces propos pour justifier son retour à la politique et rappeler que le combat est permanent pour la femme, la chef d’entreprise et la politicienne qu’elle est aujourd’hui. Tous les coups sont permis dans la vie politique surtout quand on est une femme. On subit plusieurs attaques ou discriminations mais il faut savoir rester « zen », garder ses objectifs en tête et avancer. « Il n’y a pas de poste de responsabilité où les femmes ne sont pas exposées ». Produit par - Niyel www.niyel.net
