Vœux de l'Union Locale des syndicats CGT Marseille Centre-Ville Camarades, Comme il est de coutume chaque année l'Union locale CGT tient à apporter ses vœux de santé, de bonheur, de paix et de fraternité. Avant de commencer par évoquer nos aspirations, nos attentes et la manière dont nous allons aborder cette année, il nous faut avant tout faire le bilan de l'année qui vient de s'écouler, tant sur les enjeux internationaux que sur l'état de notre organisation et de nos luttes. Car ce n'est que sur une analyse lucide et juste que nous serons en mesure de développer et de généraliser nos modes d'actions qui sont efficaces et de remettre en question ceux qui ne le sont pas ou plus. Nous avons vu cette année encore que la classe capitaliste internationale, celles des patrons, des monopoles et de la finance, n'est jamais rassasiée de ses profits et que pour maintenir leurs taux le plus haut possible ils sont prêts à tout. Que pour intensifier l'exploitation et pour tirer du gaz, du pétrole, des ressources et des denrées de toutes sortes, les états impérialistes de toute la planète sont prêts à la guerre. C'est pourquoi nous devons dire que nous ne sommes pas dupe sur l'intention de l’État Français lorsqu'il intervient dans tel ou tel pays au nom de la liberté et des droits de l'homme, car nous savons qu'en Libye, l’État n'intervenait que pour les intérêts du groupe Total, qu'au Mali l'état n'intervenait que pour l'Uranium, et qu'en Syrie dans la partie désormais libérée des terroristes par les Kurdes, il se trouve des sites de production qui appartiennent aux groupes français Carrefour et Orange. L'Expansion, magazine qui appartient au groupe L'Express, journal de droite à destination des boursicoteurs et bourgeois divers ; L'Expansion titrait il y a quelques mois : « La France, une économie de guerre ». Les journalistes annonçaient alors fièrement que sur la vente de matériel militaire, le chiffre d'affaire à l’exportation de la France était passée de 6,9 milliards d'euros en 2009 à 15 milliard en 2015 et dépasse les 20 milliards en 2016. Soit à titre de comparaison l'équivalent du soit disant trou de la sécurité sociale. Comment ne pas s'étonner une fois encore, chers camarades, qu'entre les mains des terroristes que la France prétend combattre on retrouve parfois le FAMAS, une arme célèbre dans le monde entier, et qui est surtout connue de nous car elle est produite par une entreprise française 100% publique (Nexter). Que dire du business de Rafale et de tous ces marchands de la mort, de Dassault jusqu'à ceux qui nous gouvernent. Camarade, le capitalisme c'est la guerre et il ne tient qu'à nous, travailleurs, d'imposer la paix.

A l'échelle européenne, l'heure est à l’austérité. L'Union Européenne des patrons et de la finance impose à tous les états de réduire les salaires et les dépenses publiques, quand ceux-ci servent aux travailleurs. Et dans le même temps elle concentre ses moyens sur les grandes entreprises et protège les banques de toute velléité de contester la dette. Les travailleurs espagnols, portugais, italiens, belges, et grecs sont les premiers à subir ces destructions en série de leur droits et conquis sociaux. Mais dans nombre de ces pays, des centres de résistance sont organisés ; comme en Grèce avec le syndicat PAME, en Belgique avec le FGTB, en Italie avec l'USB et tant d'autres bastions encore. Ces bastions camarades, servent de fer de lance à l'unité et à l'organisation des travailleurs au delà des frontières dans un mouvement qui devra prendre une ampleur chaque jour plus vaste. Nous l'avons vu pendant la mobilisation contre la loi El Khomri où des camarades ont occupé des gares et se sont rassemblés devant les ambassades françaises pour nous soutenir, en Grèce, en Italie, en Belgique, en Espagne, au brésil, en Turquie... Et nous avons pu assister à un début de cette convergence internationale enfin retrouvée avec la venue en manifestation sur le Vieux-Port de George Mavrikos en personne, secrétaire général de la FSM, Fédération Syndicale Mondiale, une organisation qui regroupe plus de 100 millions de syndicalistes issus des syndicats de plus de 94 pays dans le monde . Les logiques qui nous touchent ne sont pas locales, car ceux qui nous exploitent n'ont pas de frontière, elles sont biens entendu internationales. C'est pourquoi notre action doit l'être aussi en faisant converger nos luttes respectives partout à travers la planète. Puisque nous parlons de la Loi El Khomri, camarades permettez-moi de revenir quelques peu sur ce mouvement que nous avons impulsé et pour lequel nous avons tant œuvré. Sur le plan revendicatif nous n'avons pas été satisfait loin s'en faut. Coupés dans notre dynamique, il est vrai par les vacances, épuisés par la répression et le pourrissement organisé par le gouvernement du Parti Socialiste, la mobilisation semble passer dans une phase plus latente où chacun d'entre nous, dans sa boite, lutte contre l'application et les conséquences de cette loi qui favorise les licenciements, détruit le code du travail et favorise la répression des chômeurs. Camarades, nous sommes dans une période difficile pour toutes les organisations progressistes car elles sont toutes en difficulté pour parvenir à remobiliser massivement mais aussi parce que les différentes élections empêchent le développement habituel de nos luttes. Mais c'est justement dans cette période où nous devons reprendre en main l'organisation et consolider les acquis de la lutte. Premièrement, et en essayant de faire bref, le mouvement a vu plus de jour de grève que pendant le mouvement contre le CPE ou même contre les retraites. Nous avons vu des camarades CGT se mettre en grève dans des toutes petites entreprises et faire front contre leur patron dans un climat difficile. Nous avons vu des petits syndicats qui ont participé au blocage économique sous les huées et la diffamation des syndicats réformistes et vendus. La CGT a été au combat comme elle ne l'avait plus été depuis longtemps et pour la première fois depuis de nombreuses années nous ne nous sommes pas laissés tirer par le bas par la CFDT. Nous avons travaillé, les Unions Locales, l'union départementale, les syndicats à faire converger et à coordonner des actions de grande ampleur. Ces expériences ne sont pas vaines car non seulement la CGT est vu comme la seule force de résistance mobilisatrice à l'heure actuelle mais aussi parce que nous sommes déjà prêt à affronter les régressions sociales que nous concoctent les partis politiques les plus médiatisés et les plus financés par le patronat. C'est pourquoi nous devons renforcer la structuration de nos syndicats en les impliquant le plus possible dans le combat interprofessionnel afin de faire des démonstrations de victoires locales, ce qui est la meilleure méthode pour se renforcer. Nous avons besoin de nous mettre en groupe non pas pour compenser nos faiblesses dans les entreprises contrairement à ce dont on nous accuse mais parce que cela est une nécessité, pour un petit syndicat, comme pour un grand.

Le combat n'est pas terminé car nous avons réussi à convaincre sur les méfaits de cette loi, mais la mobilisation est à reconstruire à partir des revendications propres à chacun de nos champs professionnels. La loi el Khomri n'est pas le seul cheval de bataille de la CGT. Que l'on soit travailleur du public ou du privé, en emploi ou privé d'emploi, en formation, à la retraite, déclaré ou pas, avec ou sans papier, quel que soit l'entreprise, nos revendications portent systématiquement sur les thèmes du salaire, de l'emploi, des conditions de travail, des droits syndicaux et des services publics. Nos revendications convergent d'elles-mêmes mais pour que les travailleurs convergent il faut pouvoir s'en donner les moyens en y consacrant du temps et de l’énergie, et cela personne ne le fera à notre place. Cette convergence nous en ferons la démonstration encore une fois ce mercredi 1er février à 11h30 en soutenant les camarades de McDonald en grève pour les revendications déjà évoquées. Aussi, la campagne impulsée confédéralement pour les 32h doit être débattue et appropriée par les camarades à la base, car il est évident pour l'humanité que la réduction du temps de travail est un progrès auxquels seuls les patrons s'opposent. Cependant gardons nous de répandre de fausses solutions, car si les 32h peuvent contraindre éventuellement les entreprises implantées sur le long terme à embaucher, cette revendication n'est en aucun cas une solution pour les entreprises comme les Moulins Maurel, Total la Mède, Retravailler, Buffalo Grill et de tant d'autres outils productifs que le capital veut détruire ou délocaliser. Pour cela il nous faut des revendications qui portent sur la propriété des entreprises comme à Fralib ou et leur projet de SCOP ou au travers de plans de nationalisations et de développement des services publics. Cette question de l'emploi doit aussi bien entendu prendre à bras le corps la question des emplois précaires, CDD, Cae-CUI, contrats civiques, interim qui servent à désarmer les travailleurs, à les empêcher de s'organiser sous peine de licenciement sans frais. Pour revenir un peu sur les diverses élections passées et à venir ; il nous semble important de rappeler qu'en 1936 le Front Populaire a pu imposer l'une des plus grandes vagues d'acquis de l'histoire de France non pas parce qu'ils étaient gentils mais parce que la classe ouvrière organisée par la CGT était massivement en grève et qu'elle ne cessa le combat qu'après avoir obtenu des revendications qui allait au delà du programme de l'alliance de gauche qui avait été élu. Il est important de souligner que la CGT qui avait été divisée en 2 pendant plus de 10 ans venait de se réunifier sur des bases de luttes de classe. L'unité des travailleurs voilà la tache à laquelle nous devons nous atteler en priorité, en consolidant nos bases, en développant les secteurs ou nous sommes faibles, en rassemblant sur des valeurs de luttes et de refus de la compromission, et bien entendu en ne perdant jamais de vue notre combat pour l'abolition de l'exploitation, pour la justice, pour la paix, pour la liberté... en somme pour la fin du capitalisme. Nous n'avons pas peur des Trump, des Poutine, des Lepen car un capitalisme qui pourrit ne laisse que deux chemins possibles : celui de la régression, de la guerre et du fascisme et celui de la paix, du progrès social et de l'émancipation des travailleurs. Comment alors chers camarades ne pas terminer sans faire référence aux 100 ans de la révolution russe. Car en dépit des critiques que nous avons coutume d'entendre au quotidien, on ne peut oublier l'impact de cette révolution sur le mouvement ouvrier, qui fut le coup le plus fort porté au cœur du capitalisme mondial. Il y a 100 ans tandis que les impérialistes, la France, l’Allemagne, les Etats-Unis l’Angleterre, etc, s'étripaient dans la première grande boucherie mondiale créée par le capitalisme, la révolution russe sortait la Russie de la guerre, un an avant tout le monde. Il y a 100 ans un pays tout entier commençait à fonder une société sans patrons. Il créait aussi de ce fait un point d'appui international pour les travailleurs, leurs syndicats et leurs organisations politiques. Il est important de rappeler cela car même si nous ne devons pas nous laisser aveugler par le passé nous ne devons pas laisser les capitalistes et les médias réécrire l'histoire à leur convenance.

Voilà camarades, sur ce, au nom de l'Union locale des syndicats CGT Marseille-Centre je vous souhaite une année de santé, de bonheur, de fraternité et d'espoir. Une année qui sera sans aucun doute une année de réorganisation, où nous nous préparons déjà aux combats à venir. Pour notre Union Locale, qui vient de voir le départ de son emblématique secrétaire général, le challenge est grand, mais nous demeurons confiant en l'avenir avec l'arrivée d'une jeune relève formée au terrain, prête à la lutte, et déterminée à ne s’arrêter devant aucun obstacle. Étant un peu teigneux, je terminerais donc : par cette phrase de Bertlot Brecht : « Nos défaites d'aujourd'hui ne prouvent rien si ce n'est que nous sommes trop peu dans la lutte contre l'infamie. Et de tout ceux qui nous regardent en spectateur nous attendons au moins qu'ils aient honte. » Nous avons néanmoins la certitude qu'ils nous rejoindront quand même. Fraternellement, Emmanuel ROUX Secrétaire Général De l'Union locale CGT Marseille Centre-Ville