L’Oberland Bernois, ski-alpinisme, SUISSE Oberland, la traversée des Géants Ski en Oberland - SUISSE - 6 jours/5 nuits (5 jours de ski alpinisme) Cinq jours de «ski prestige», tout simplement, au cœur de l'Oberland bernois. Photos : Bruno Buchet et Jacky Hameau Reportage : Jacky Hameau - Mai 2009

Ni Chamonix, ni Zermatt n’égalent en majesté et en originalité de plan l’Oberland bernois. Rien de ce que j’ai vu n’approche de la splendeur de ces gigantesques murs de montagnes, dont les créneaux surplombent du milieu du ciel les villages de Lauterbrunnen et de Grindelwald […] ; dans toutes les Alpes, il n’y a pas un seul glacier qu’on puisse comparer à celui d’Aletsch, qui s’étend en une seule courbe majestueuse depuis l’arête de la chaîne jusqu’aux forêts de la vallée du Rhône ; aucune montagne, pas même les Aiguilles du Mont-Blanc ou le Cervin, ne peut montrer un contour aussi gracieux que l’Eiger , ce monstre qui semble prêt à s’arracher d’un bond à la terre". L’Oberland bernois est séparé des Alpes valaisannes par la vallée du Rhône. Entièrement situé en Suisse (dans l’espace assez restreint compris entre l’Aar, au nord et le Rhône, au sud), ce massif d’une très grande ampleur compte neuf sommets de plus de 4000 mètres. On y trouve également le plus long glacier des Alpes, le glacier d’Aletsch et la plus difficile paroi de la chaîne alpine, l’Eigerwand ou face nord de l’Eiger. Ce sommet, qui porte bien son nom, est donc devenu la fierté des habitants de Grindelwald et de tout le massif. Aucune vallée ne pénètre réellement à l’intérieur du massif. Au nord, dans le canton de Berne, la ville d’Interlaken séparant les lacs de Brienz et de Thoune, est un des lieux les plus visités de la Suisse. Au pied du massif, dans un cadre somptueux et dans la vallée des deux Lütschines, Mürren, Wengen et Grindelwald ont atteint la notoriété mondiale. En effet, de Grindelwald, " le village des glaciers ", une voie ferrée à crémaillère mène rapidement à la Kleine Scheidegg (d’où la vue sur le triptyque Jungfrau, Mönch, Eiger est merveilleuse) puis au Jungfraujoch, à 3400 mètres d’altitude, ce qui attire chaque année un très grand nombre de touristes. Dans la partie occidentale du massif, la Lötschental, vallée de Kippel, donne l’accès à quelques sommets de l’Oberland comme le Bietschhorn, par exemple. Au sud, dans la vallée du Rhône et en amont de Brigue (canton du Valais), la vallée de Conches débouche sur le glacier d’Aletsch, le plus long des Alpes. Au nord de la vallée de Conches, Gletsch s’est installé tout près de la source du Rhône, non loin du glacier du même nom et du col de Grimsel. Il ne faut pas confondre l’Oberland bernois avec les Alpes bernoises, préalpes situées à proximité du massif, dans le canton de Berne. Celles-ci, d’une altitude relativement modeste, sont d’ailleurs bien distinctes de l’Oberland. le massif des Alpes Bernoises est une terre de dépaysement, la langue déjà, un bon vieux suisse allemand difficile à comprendre, les installations liées au ski si différentes de nos stations usines et enfin la culture populaire si proche des montagnes.

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ITINÉRAIRE J1 : Belalp => Oberaletschhütte J2 : Tentative repoussée de l’Aletschorn depuis la cabane d'Oberaletsch. J3 : Oberaletschhütte =>bivouac de Mittelaletchsch en passant par l'ascension de l'Aletschhorn J4 : bivouac de Mittelaletcsck en passant par le Dreieckhorn puis refuge de Finsteraarhorn J5 : refuge de Finsteraarhorn en passant par le Fiescherhorn(épaule), refuge du Monch J6 : retour en vallée: ma belle galère ! Belalp.

QU’EST QUE C’EST QUE LE SKI-ALPINISME? Le ski-alpinisme est une discipline complexe dans laquelle on rencontre toutes les difficultés de l'alpinisme et celles du ski de randonnée amplifiées du fait du matériel important nécessaire à l'alternance des techniques de progression. Une des difficultés du ski-alpinisme: le ski sur glacier, souvent crevassé! Pour le skieur de montagne, la présence d'un glacier crevassé pose un problème : celui de l'évaluation du danger dues aux crevasses. L'enneigement, important à la période du ski de montagne, n'est en effet nullement une garantie de sécurité, notamment en début de saison où la neige n'est pas encore transformée, et en fin de saison où l'épaisseur du manteau neigeux diminue. Par ailleurs, les skis ont certes une portée plus grande qu'une chaussure mais n'empêcheront pas la chute à travers un pont de neige de grande taille ; les virages et à fortiori les chutes augmentent le choc sur la neige. Le risque est évidemment variable d'un glacier à l'autre, mais sur un glacier dangereux l'éventualité d'un encordement devra être envisagée, même si skier encordé n'est pas spécialement amusant, ni aisé. Sans en venir à cette extrémité, le ski sur glacier impose quelques précautions: Suivre le meilleur itinéraire en évitant au maximum les crevasses et les ponts de neige; Skier un par un, notamment dans les passages suspects ; Skier "léger", sans virages sautés et naturellement sans chutes. L'échelle des difficultés en ski alpinisme est particulièrement difficile à établir, étant donné la complexité de l'activité et ses nombreux paramètres. Ceci explique que plusieurs systèmes soient, à l'heure actuelle, en concurrence. Cependant, comme pour l'alpinisme, on distingue une cotation de l'ensemble de l'itinéraire et une autre décrivant la difficulté du passage le plus dur. La cotation la plus utilisée reprend l'échelle littérale (de F à ED) de la cotation alpine pour la cotation d'ensemble, et une échelle numérique (de S 1 à S 7) pour la difficulté technique des passages. Qu'est-ce que le ski de randonnée? C'est glisser sur la neige, et aller là où les yeux ont vu... C'est revenir la tête emplie d'images et d'histoires, et les raconter ensuite à ses amis autour d'un bon feu de bois! C'est une aventure avec d'autres, avec soi. Le skieur de rando a sous ses pieds une paire de skis équipés de fixations articulées, et de peaux de phoque que l'on colle sous les skis et qui permettent d'accrocher sur la neige. Une fois au sommet, il n'y a plus qu'à retirer les peaux et à plonger dans la pente remplie de "peuf"... Huuum! tout un programme !

Accès au premier refuge, echelles et vires exposés

SAMEDI 16 MAI 2009 Trajet sans encombre. Départ de 7H45 de Laval, nous sommes arrivés à Brigg (suisse) vers 18h30. Le trajet est de 88O kms. Nous avons pris l'autoroute de bout en bout. J'ai pris mon véhicule. Nous avons dîné en ville et nous avons bivouaqué à Blatten.

refuge d'Oberletschhutte

DIMANCHE 17 MAI 2009 Montée au refuge d'Oberletschhutte J1 : Nous sommes partis vers 9h30 en essayant d'obtenir en vain des informations météorologiques, en vain. Après une descente difficile d'accès, un rien casse gueule et skis sur le sac pendant 4 heures avec notre lourd fardeau , nous prenons pied sur le glacier. En effet, après la station , il a fallu désescalader quelques pentes boueuses. A bon port vers 18h30 au refuge d' Oberalestch (non gardée), nous prenons possession de notre nouvelle demeure, bien sympathique par ailleurs. Auparavant il a fallu gravir 150 mètres d'échelles. Nous sommes seul au monde.

LUNDI 18 MAI Alestchhorn, tentative repoussée J2 : Réveil vers 4 heures du matin, nous partons vers 5 heures à la conquête de ce fameux sommet. L'Alestchhorn est l'un beau sommet des alpes, notamment bernoises. A 9h30, vers 3200 mètres d'altitude, le temps est bouché sur les sommets. Nous décidons de rentrer à notre chère petite cabane. Il est impossible de tenter la traversée de cette montagne dans de telles conditions. L'arête est longue, 500 mètres de montée et la descente est très hasardeuse sans visibilité. La voix de la sagesse nous intime de renoncer pour cette fois.

MARDI 19 MAI Aletschhorn 4193m J3 : Réveil à 3 heures nous partons vers 4 heures du matin. Nous allons affronter l'Aletschhorn, ce sommet mythique des alpinistes, surtout pas ce sens . Vers 3650 mètres d'altitude, skis sur le sac, nous devons gravir un couloir de 50 degrés d'environ 150 mètres. Arrivés à l'épaule de cette montagne, il reste plus de 450 mètres de dénivellés à parcourir. C'est dur, très dur. C'est éprouvant physiquement et aussi mentalement. Très belle arête d'ascension. Il y a des longueurs de cordes à tirer. Arrivés au sommet la partie est loin d'être terminée. La traversée descendante est belle et longue. C'est une belle arête effilée. Bruno et moi savons que le moindre faux pas est interdit. Ce fut nerveusement et physiquement une épreuve éprouvante. Arrivés sur le glacier, nous sommes pris par le brouillard. La visibilité est fort réduite. Petit moment d'inquiétude, nous ne voyons pas de traces distinctes de descentes, il faut rejoindre une autre arête afin de joindre un col. Le merveilleux sang froid de Bruno, nous indique d'attendre que la visibilité réapparaisse. Un court laps de temps d'éclaircie permet de rejoindre l'autre arête à parcourir. Ouf! Vers 18 heures, nous rejoignons le bivouac de Mittelaletchsch qui se trouve à 3013mètres d'altitude. Là, il y a trois alpinistes suisses très sympathiques.

MERCREDI 20 MAI Dreieckhorn J4 : Nous partons vers 6 heures de notre dernier pied à terre. Le réveil est difficile pour moi. Je suis à la traine. Bruno à plus de deux cent mètres d’avance sur moi et se demande si je peux arriver à terme de cette étape. Au fil du temps cela va mieux, et j'arrive à suivre Bruno qui il est vrai à réduit l'allure. Vers 3700 mètres d'altitude, nous arrimons nos skis sur le sac, car il y a un couloir de 150 mètres à franchir. L'inclinaison est de 50 degrés environ. Le haut de celui-ci est délicat à franchir. Bravo Bruno pour son sang froid, parti encore devant le cœur vaillant afin de pouvoir m'assurer le cas échéant. Sur l'arête effilée nous passons sans encombre particulière. Ensuite nous prenons pied sur le glacier d' Aletschgletscher. Sur celui ci nous remontons sur le refuge de Finsteraarhorn. Devant un passage de refuge je fais une tentative pour appeler Marianne. Cela fonctionne. Il est 14 heures. Depuis samedi soir et le début de notre périple, nous n'avons pas pu téléphoner à nos compagnes, il y pas ou très peu de couverture de réseau sur ce massif. Un peu inquiétant. Nous arrivons au refuge de Finsteraarhorn vers 18 heures en passant par un col de 3200 mètres d'altitude . J'ai la frite. C'est maintenant Bruno qui est derrière. C'est notre premier refuge gardée depuis le début de notre périple. Cela va faire du bien de se mettre les pieds sous la table. Nous sommes assoiffés. La bouteille d'eau est facturée 16 francs suisse. Les Helvètes ont décidément le sens des affaires.

Refuge de Finsteraarhorn

il faisait particulièrement froid au sommet du Fiescherhorn (épaule)

Retour dans la vallée Refuge de MÖNCHJOCH : 3600 mètres à la voiture J6 : Je me réveille à 5 heures. Le refuge est anormalement éteint, il n'y a pas l'effervescence habituelle du petit matin. Bruno vient de bavarder avec le gardien du lieu. Le vent violent est toujours là. il faut attendre que celui-ci se calme pour sortir. En effet à haute altitude, la brise est transformée .en tempête. On se recouche. On se lève à 6h45 et déjeunons. On trainasse. Finalement, nous partirons du refuge à 9h30 après avoir été véritablement chassée par la tenancière. Son discours chaleureux de la veille a bien changé. Descendu de quelques centaines de mètres, il n'y a presque plus de vent. Quelle poisse! On souhaitait gravir le Mönch et la Jungfrau. Impossible dans ces conditions. Qu'a cela ne tienne, on en profite pour prendre des clichés du Sphinx, l'une des fierté de nos amis Helvètes. Ce site d'observation culmine à 3573 mètres d'altitude. Pour y parvenir un tunnel a été creusé dans la montagne. Ce site est donc accessible en train. Quelle architecture! La première partie de la descente se passe sans problème. On expérimente le pousse-pousse. Trop cool. Mais cela ne va pas durer. Il faut traverser le glacier. celui-ci est le plus long d'Europe, il mesure 15 k ms.A la fin de celui-ci, nous comptons retrouver un GR pour rejoindre une station désertée et retraversée la vallée via un barrage. Dur dur le GR, a partiellement disparu. Sur plus de 500 mètres, les mélèzes sont à terre. il faut escalader, se hisser, ramper, ces arbres. La galère intégrale. il ne faut pas oublier que nous avons notre sac à dos qui pèse plus de 15 kgs avec les skis sur les épaules. Au bout de 1h10 d'effort pour franchir lesmèlèzes à terre , nous n'avons parcouru que 20 ' de parcours. Arrivé à la station vers 20 heures, après un rapide coup de fil à Marianne, il faut retrouver le GR de descente vers le barrage. Celui-ci à disparu sous la neige. Nous avons un moment d'inquiétude. Ouf, Bruno retrouve par déduction le chemin de descente à Blatten vers 22 heures, il ne reste qu'à retrouver la voiture qui est située à quelque de 5 à 6 kms. Je vais aller la chercher à la frontale. Je rejoins Bruno vers 23h30 pour préparer notre bivouac bien mérité.

SAMEDI 23 MAI : Lever 6 heures, rapide toilette, retour Laval vers 17heures. environ 900 Kms.

CONCLUSION

Les conditions ont été changeantes, avec une première période de temps incertaine. Un retour à la première cabane, ces conditions défavorables nous ont quand même permis de nous offrir des beaux sommets notamment l'Aletschorn. En point fort,il y a une fréquentation faible du secteur, malgré des refuges splendides, les courses et les sommets sont gratifiants. Nous avons trouvé une ambiance unique dans les Alpes, due aux dimensions quasi-himalayennes du lieu. Les sommets, et en particulier l 'Aletschorn, grâce à un enneigement encore abondant, nous ont offert des ascensions sans présence de glace, et avec de belles et esthétiques arêtes. Les ascensions plus aisées de la Jungfrau (la Vierge), du Mönch (le Moine) et du Finsteraarhorn révèlent ce massif inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. Nous n'avons pas pu gravir ces sommets, mais ce n'est que partie remise. La beauté des hautes cimes helvétiques et des plus grands glaciers alpins est à la portée des montagnards aguerris au cramponnages et aux longues étapes ! Pour l'avenir, l’accès par le mythique train à crémaillère du Jungfraujoch devrait nous permettre d'accéder sans peine à 3 573 mètres. La descente sur la Konkordiaplatz nous a permis de découvrir un incroyable plateau. Celui-ci réunit plusieurs langues glaciaires en un vaste glacier. Après avoir traversé le glacier d'Aletsch, le long très long glacier et rejoint le refuge de FINSTERAARHORN : il ne restait plus que deux jours sur ce magnifique lieu. La dernière descente fût longue trop longue. Le dernier jour ne fût qu'une interminable descente parsemées d'embuches, au sens propre et figuré et jusqu'à Blatten . Bilan très encourageant pour ce premier raid en Oberland. De la belle montagne, peu fréquenté, de l'espace et une nature sauvage, des sommets parfois assez techniques et aériens.... Les sommets de plus de 4 000 mètres au cœur de ce gigantesque massif, dans une ambiance très “Haute Montagne” C'était super !

J'AI AIMÉ L'ambiance Haute montagne. les arêtes aériennes. La beauté des paysages. le dépaysement et le retour aux sources. L'éthique.

J'AI MOINS AIMÉ L'attitude des tenanciers des refuges. (le rapport à l'argent est omniprésent dans ce pays)

Remerciements : Je tiens à remercier ma compagne Marianne qui sans son soutien affectif, je ne pourrai accéder a ces terrains de jeux aussi semplides. Toute ma gratitude va également et surtout à mon ami Bruno Buchet qui a bien voulu m’initier, une fois de plus, à la haute altitude avec qui j’ai passé des moments intenses, parfois difficiles et parfois cocasses. Merci Bruno. Jacky