REPÉRAGES LIMINAIRES

L'ONTOLOGIE QUANTIQUE FONDAMENTALE CULTURE DU XXIème SIÈCLE

Sommaire 1 – Le fil de soie 2 – Les chemins du devenir. Chorégraphies. 3 – Les invariants ontologiques structurels 4 – Le naturalisme quantique, culture de la civilisation du XXI ème siècle

1 LE FIL DE SOIE

Nous avons essayé de comprendre. Nous avons tiré un fil de soie, nous en avons testé la résistance, évalué la consistance, sa logique interne, sa cohérence. Ce fil nous a conduit à en découvrir un autre, puis un troisième. Cette découverte nous a enthousiasmé. Et nous avons utilisé ces trois fils de soie pour dessiner un tapis mural qui ne cesse de nous étonner par la diversité fascinante qu'il révèle selon l'éclairage auquel on l'expose. Quelle est la « partition fondamentale »1 de l'Univers ? Le champ de la pensée nous permet-il de découvrir les rouages essentiels de la Nature ? Notre prétention à vouloir identifier l'organisation du réel nous a conduit à dégager une logique et une cohérence inattendues dont nous ne mesurons pas tout-à-fait les multiples implications. Notre concept premier est devenu un modèle structurel que nous croyons invariant. Sous le

1 Albert Einstein.

© Claude Khal – Repérages liminaires – Le Cantique des Quanta - I

nouvel éclairage conceptuel d'intégralité, notre conviction, un peu trop timide parfois devant la complexité de la tâche, nous a inspiré une intégrale pragmatique et fascinante. Sa cohérence a, nous semble-t-il, une validité universelle. Il reste à définir quel degré de généralité peut avoir une telle représentation ontologique qui pourrait, si les nouvelles explorations scientifiques le confirmaient, devenir canonique. Car elle ouvre de nouveaux chemins et, pourquoi pas, un âge d'or qui verrait « l'alliance »2 de la science et de la métaphysique dans une culture du XXIème siècle que nous appelons de nos vœux. Nous avons voulu nous dégager des carcans imposés et penser autrement 3, en dehors des clous. A quel titre ? Notre démarche d'interrogation du monde sans présupposés dogmatiques est légitimée par une ouverture et une indépendance d'esprit qui nous ont permis de mieux comprendre la structure incomparable de la réalité. Nous nous sommes risqués - et nous mesurons les risques d'une telle démarche - à rechercher « une formule de l'Univers »4. Non pas « cachée depuis la fondation du monde »5, mais là, présente sous nos yeux. Encore fallait-il avoir, pour la déchiffrer, juste une grille de lecture. Quelle ne fut pas notre surprise et notre enchantement lorsque nous avons eu un début de réponse. Sa modélisation qui, pensons-nous, pourrait canaliser un nouveau naturalisme, nous est apparue comme une épure, une clef universelle. Le déchiffrage des genèses logiques fondamentales et de ses mécanismes matriciels déterminants fut décisif, comme les épisodes successifs d'un feuilleton. Ce que nous appelons la réalistique et son formalisme articule des approches et des ouvertures fascinantes que nous allons nous efforcer de détailler tout le long de nos communications, à lire tel un roman, comme Descartes le voulait pour ses Principes. Il s'agit bien d'une logique, non close sur elle-même, mais ouverte à d'autres déchiffrages, aussi légitimes que le nôtre. Il y aura, certes, des ruptures nécessaires et inévitables. L'enjeu est important qui justifie nos choix. Notre clef de l'intelligible est dynamique, avant de devenir un étalon conceptuel ou encore une loi canonique – que seul l'avenir pourra imposer ou rejeter, voire faire imploser. Nous sommes mus par la conviction que notre thèse centrale, dans sa cohérence et à partir d'interrogations pertinentes et de réflexions sur les interactions fécondes entre les sciences et les cultures, s'inscrit comme méthode d'analyse axiale dans l'espace sacré du sens. Evitons toute confusion ou ambiguïté, voire même toute timidité . Nous avons été fascinés par la logique claire du modèle théorique que nous avons eu le bonheur de saisir et qui a fondé notre axiomatique. A-t-il pour autant la validité universelle que suppose sa cohérence fondamentale ? Son dévoilement nous met sur la voie d'une alliance possible entre la Science et la Théologie, la Physique notamment quantique et 2 Ilya Prigogine et Isabelle Stengers. 3 Steve Jobs : « Think different. » 4 Alexander Friedmann. 5 René Girard. © Claude Khal – Repérages liminaires – Le Cantique des Quanta - II

la Métaphysique. Le discernement exploratoire nous a réservé d'heureuses surprises dans de multiples domaines. Nous avons redéfini – héroïquement ? - de nouvelles implications. Tel est le mouvement de l'intelligence. Interroger continuellement la Nature, déchiffrer ses mécanismes intimes, les relations établies entre tous ses éléments et matériaux de structure, les résonances qualitatives et quantitatives qui en résultent, établir, enfin, un fil conducteur pour saisir la logique interne de l'intelligence des choses. Ce qui aboutit à la conception d'une charpente d'invariants pour expliquer la multiple vérité dynamique du monde. La vérité est complexe, la multiplicité hétérogène. Quel est le liant qui les réunit ? Comment tout s'ordonne et à quelle armature ? Dans notre idéal d'homme de l'être, notre démarche de recherche et de construction d'un modèle universel est celle de l'artisan rigoureux, minutieux, exigent sur la qualité du résultat à attendre. Cette voie a permis l'émergence du Cantique des Quanta avec entêtement et quelque impudence au regard de l'ambition du projet. Sans vulgarisation – d'autres le feront mieux que nous. Après une longue période de clôture 6 consacrée à réfléchir, à identifier les fonctions, à construire une logique, à ciseler le sens du détail, à actualiser les références, voici venu le temps de l'ouverture et de la mise au monde pour tenter d' « informer » notre temps. Pour le simple plaisir de partager les résultats d'une recherche avec tous ceux qui sont animés par une quête de sens identique et qui pourront confirmer, nuancer, faire prospérer les éléments du modèle que nous décrivons. La gestation fut longue, certes, mais obstinée, malgré les déceptions et les ruses de l'actualité et des circonstances. Le mûrissement affuté nous a évité toute imprudence hâtive. Transcrire une approche péremptoire de la réalité sans babéliser sur les tréteaux, est une gageure. Nous avons surtout voulu éviter la séduction des frivolités, des mirages indécis des analyses mal étayées et les déguisements divers des approximations racoleuses, les clivages polémiques de la pensée-minute, les querelles toujours amputées d'analyses de fond. Les thèmes messianiques à l'eau bénite n'ont, pour nous, aucune crédibilité. L'ouvrage du temps nous a permis de nous garder de la confusion généralisée, des théologies obscurément traduites, de leurs raccommodages, des mythologies quotidiennes liées au court-terme des illusions renouvelées de l'actualité. La clarté du discours devait être à la hauteur de l'enjeu. Ne jamais escamoter l'essentiel quel que soit l'air du temps. Nous croyions connaître la Nature, l'espace, le temps, la thermodynamique des flux d'énergies, les forces gravitationnelles, quelques quanta, l'ordre des stabilités apparentes et le chaos des bouleversements qui libèrent l'aléatoire. Mais quel est donc le mystère au cœur des lois de la nature qui œuvre au déploiement de possibles inattendus ? Retour au Sommaire

6 Dans le sens de « clôture » intérieure positive. © Claude Khal – Repérages liminaires – Le Cantique des Quanta - III

2 LES CHEMINS DU DEVENIR

Qu'avons-nous découvert de si important ? L'exploration de nouvelles voies et de leurs ramifications dans l'approche des lois fondamentales de l'univers nous a permis d'établir quelques thèses centrales qui fondent notre axiomatique et dont voici un aperçu à partir de la métaphore d'une dynamique chorégraphique. Chorégraphies Aux XVIIIème et XIXème siècles, l'horloge définissait un monde automate aux mécanismes élaborés, créés par un horloger 7, grand architecte et ingénieur précis et rigoureux. Ce grand artisan, designer et ordonnateur ingénieux8, a conçu d'abord la finalité de l'horloge (donner l'heure avec rigueur et précision) puis il a entrepris de l'inventer, c'est-à-dire de la construire pièce après pièce en organisant la coopération ordonnée, rationnelle, de ses rouages. Le déséquilibre dynamique et constant, l'instabilité continue du système règle le balancier qui donne l'heure en faisant tourner les aiguilles. La machinerie de cette complexité structurée est cachée. Seules les aiguilles se montrent dans leur rotation infinie. Le paradoxe c'est que cette invention survit à son concepteur... L'horloge était une métaphore de l'ordre du monde, de cette machinerie universelle qui évolue comme un automate à la complexité irréductible. Dieu horloger, grand architecte souverain, inventeur, ordonnateur, législateur, a imposé et la finalité de l'horloge-monde et son organisation interne. Je préfère, quant à moi, la métaphore du ballet, d'un spectacle chorégraphique, d'un concert symphonique, d'une chorale, d'un opéra, d'une comédie musicale, d'un film cinématographique qui passe de l'écrit à l'écran, voire de toute entreprise humaine créative. Non que la différence avec l'horloge soit irréductible mais la nouvelle métaphore ontologique est bien plus précise, tout en étant plus actuelle. Car elle inclut, dans le jeu des possibles9, les notions dynamiques de liberté fondatrice de projets et de mutations historiques qui caractérisent des ensembles groupés déterminés. Tout chorégraphe le sait, un ballet est dynamique. Il repose sur une histoire à 7 D'Aristote à Cicéron au Ier siècle avant notre ère, de Thomas d'Aquin à Voltaire, et jusqu'à nos jours, la question de l'horloge et de l'Horloger n'a cessé de se poser et de susciter des interrogations. 8 Paley, dans sa Théologie naturelle, a été le premier inspirateur de Darwin, lors de ses études de théologie à l'Université de Cambridge, bien avant qu'il n'élabore sa propre théorie de l'évolution des espèces. 9 François Jacob. © Claude Khal – Repérages liminaires – Le Cantique des Quanta - IV

raconter, une finalité déterminée, des émotions à exprimer dans un lieu donné, le temps d'un spectacle. Lorsque le maître de ballet ou le metteur en scène constitue ou génère son groupe, il obéit aux nécessités de son inspiration, de son imagination, de ses choix. Il a l'intelligence de sa finalité, sans suivre les préférences intimes de ceux qu'il a réunis. Il engage ceux qui sont capables d'exprimer le mieux sa propre finalité et de former un ensemble cohérent, producteur de sens. Il catalyse les énergies qui, autrement, seraient restées dispersées. Il en potentialise le dynamisme polyvalent puis l'actualise dans une chorégraphie homogène. L'auto-structuration du groupe est intentionnelle et minutieusement élaborée. C'est une science exacte. Les artistes sont perfectionnistes. Un ballet est une suite ininterrompue d'instants où rien n'est isolé, de fluctuations maîtrisées où tout se transforme sans cesse dans une science des mouvements anticipés et des trajectoires maîtrisées. Toutes les figures de style sont notées, leur fluidité domptée, leur subtilité apprivoisée. Les danseurs élastiques forment entre eux des interactions singulières, électives, sélectives, en déséquilibre constant, dans le cadre précis d'une synergie imposée par la finalité désirée par le chorégraphe catalyseur d'énergies. Un ballet ne peut fonctionner qu'avec ses satellites immédiats ou éloignés comme les musiciens, ingénieurs du son, électriciens et éclairagistes, décorateurs et régisseurs, costumiers et maquilleurs, les producteurs et leurs ressources financières, l'attaché de presse, l'équipe de communicants, qui, tous, se sont engagés et qui participent à la même aventure. Leurs noms et leurs fonctions sont inscrits au générique. Le public qui assiste aux représentations gravite lui aussi, mais à un autre titre, autour de l'entreprise chorégraphique, en assure le succès ou bien l'échec. L'irréversibilité du ballet déroule une trajectoire historique unique, malgré sa fragilité, le temps d'une représentation. Tout mouvement des danseurs est concerté, en résonance intime avec la trame de l'histoire contée, déroulée dans un processus articulé, ordonné, de relations en perpétuel devenir. Tout comportement est finalisé dans un espace-temps défini. Le ballet est un système hautement organisé. Le déterminisme dynamique porté par le projet chorégraphique se déroule conformément aux exigences du scénario établi mais reste néanmoins ouvert à des possibles imprévus. A tout moment, chaque danseur, chaque musicien, garde cependant son identité et son autonomie entière. Chacun est une entité différenciée, douée d'un talent singulier, de la conscience de ses objectifs et de l'intelligence de sa technique. Mais dans le cadre unique d'un spectacle ou d'un concert, chacun joue la partition imposée par le livret et qu'il s'impose de suivre par adhésion volontaire, en fonction de ses capacités. Des incidents imprévus, un instant d'inattention, une chute ou une crampe lors d'un grand jeté, d'un entrechat ou d'une pirouette fouettée, peuvent certes survenir, malgré les automatismes acquis et les échauffements préalables, sans évoquer d'autres incidents indépendants comme une coupure de courant ou un panneau de décor qui s'effondre... Mais, le temps du spectacle, cet aléatoire reste très marginal. Par ailleurs, pour le spectateur inattentif, d'infimes erreurs de mouvement ou d'interprétation de la part d'un danseur passent inaperçues, notamment au moment de certaines prouesses chorégraphiques, à l'instant furtif d'une transition ou lorsque sont © Claude Khal – Repérages liminaires – Le Cantique des Quanta - V

atteints des seuils d'instabilité fugace. Ce sont ces « variables indépendantes cachées »10, non observables, mais néanmoins liées, le temps d'une trajectoire dans les régions d'instabilité, qui font tout le charme d'un spectacle vivant. Mais ce hasard, accidentel ou solitaire, quel que soit l'enchaînement des causes, comme toutes les collisions discrètes qui peuvent advenir, n'empêchent pas la nécessité organique du projet chorégraphique de se déployer entièrement dans une collusion solidaire de tous les instants jusqu'à la fin de chaque représentation. Les repères textuels, musicaux ou gestuels restent invariants durant tout le spectacle. Une chorégraphie, durant le déploiement de ses enchaînements anticipés, a-t-elle une influence sur le spectateur voire sur la culture d'une société ? Rien n'est sans conséquence. Mise à part l'admiration vouée aux danseurs, l'énergie déployée, l'expression formelle et symbolique de la chorégraphie et de la musique qui la souligne ou l'entraîne, provoquent, chez le spectateur dans l'expectative, des sensations certes prévisibles et une excitation que ne saurait susciter une horloge. On ne peut passer des heures à contempler les mécanismes d'une montre, quels que soient sa beauté, son élégance ou le prestige de la griffe de son concepteur, ou à admirer une herbe qui pousse... Le public, dont le chorégraphe a sollicité l'attention, est séduit, il perçoit son intention, l'ampleur de la performance et la profondeur du sens exprimé. Et c'est le succès, aussitôt relayé par les médias. Sinon, c'est le « bide », le rêve qui fait naufrage parce que le projet n'a ni séduit ni convaincu. A défaut de sacre, l'indifférence, pire que l'hostilité, rejette l'œuvre dans les oubliettes de l'actualité. Le verdict, cependant, n'est pas sans appel. Le « Sacre du Printemps » de Stravinsky a été sifflé et moqué avant de finir par trouver son public et une reconnaissance unanime. Chaque représentation – qui est unique – agit comme un catalyseur, un attracteur, ouvrant un espace infini à de nouveaux sens et à de nouvelles émotions. Elle intensifie notre présence au monde et lui donne un relief inattendu. Déchiffrer un univers à chaque fois inédit nous plonge dans le ravissement et l'enchantement d'un spectacle vivant. De plus, les technologies modernes nous permettent aujourd'hui de le revisiter indéfiniment s'il a été enregistré sur un support numérique et d'en revivre les instants magiques. Les effets de la nouveauté d'une expression entraînent le public vers de nouveaux horizons culturels immédiatement partagés. Une révolution chorégraphique, comme celle qu'a initiée Martha Graham pour la danse contemporaine, continue à porter ses fruits longtemps après qu'elle ait eu lieu, influençant Alwin Nicolaïs, Merce Cunningham, Maurice Béjart, Roland Petit, Alvin Ailey, Carolyn Carlson, Pina Bausch ou Akram Khan et Jiri Kilian... Sommes-nous, pour autant, autorisés à parler d'entropie 11 lorsque le cycle des représentations prévu est accompli, après qu'elles eussent recueilli les applaudissements mérités et lorsque tous les acteurs finissent par se séparer, leur énergie épuisée par leur performance ? Le projet a été actualisé sur scène de manière irréversible jusqu'à son terme ultime. 10 W. Heisenberg. 11 S. Carnot et R. Clausius. © Claude Khal – Repérages liminaires – Le Cantique des Quanta - VI

Son équilibre temporel s'est développé de phase en phase, d'état en état, jusqu'à son dénouement final. Les comportements anticipés, longtemps envisagés et régulièrement ajustés, ont été respectés, tout comme la régularité de leur fréquence ordonnée. Au moment de leur séparation définitive, au terme du cycle de représentation, les acteurs brisent leur union sacrée et se séparent pour recomposer, ailleurs, d'autres spectacles, jouer d'autres rôles, porter d'autres projets, vivre de nouvelles situations singulières et de nouvelles aventures créatrices de beauté et d'enchantement. Que représente la scène où évoluent les danseurs ? L'histoire raconte toujours les fluctuations aventureuses de destins en déséquilibres dynamiques constants, brisant des équilibres apparents ou fragiles. Le statique, d'intensité nulle, ennuie. Les comportements réguliers sont trop prévisibles. Au contraire, dès qu'apparaît un comportement turbulent, chaotique ou contradictoire, l'intérêt renaît. Il donne naissance et sens à des cycles dynamiques d'oppositions dans des espaces d'affrontements toujours à explorer. La fièvre monte. Les crises, aux points cruciaux de friction, provoquent cette instabilité critique, ce « suspense » fiévreux qui nous tient en haleine. Les conséquences des affrontements et de la compétition entre les attracteurs dynamiques se répercutent sur toutes les parties concernées. Tout s'articule autour des relations conflictuelles, au cœur du drame. Les rapports de force dans leurs phases en déséquilibre constant, révèlent le heurt décisif de volontés contraires ou de désirs extrêmes. La tension est soutenue et devient paroxystique. Les déterminismes réactifs des rôles déclinent les épisodes de situations irréversibles, jusqu'au dénouement final. A la fin du drame où nous a entraîné la spirale infernale des antagonismes, se dissipent les énergies déployées par la tempête et se cristallise un nouvel équilibre. Les chorégraphes Angelin Preljocaj, dans Siddharta par exemple, ou Mauro Bigonzetti dans Caravaggio, maîtrisent parfaitement l'articulation de ces flux d'énergies qui déclinent un sens, construisent une cohérence, racontent une histoire et en métamorphosent les perspectives. Dans le domaine musical, Daniel Barenboim crée le West-Eastern Divan Orchestra12 qui regroupe des instrumentistes venus de tous les pays pourtant antagonistes du Proche-Orient pour jouer ensemble, entre autres, l'ouverture de La Force du Destin de Giuseppe Verdi. Jordi Savall et Montserrat Figueras, dans une autre veine vocale historique, fondent le groupe Hespèrion XXI et réunissent des traditions Séfarades, Arméniennes et musulmanes qui dialoguent, par leurs chants, autour de la Méditerranée,13 « Mare Nostrum ». Résumons-nous. La finalité chorégraphique est préalable. Chacun en conviendra. Elle est conçue par un chorégraphe et exprimée par une trame précisée dans un livret. Le chorégraphe-démiurge, à l'identité affirmée et reconnue, reste maître du ballet. Il choisit en toute liberté ses danseurs et les engage en fonction de ce qu'il attend d'eux. Il crée un groupe restreint dans lequel chaque danseur conserve sa relative autonomie, le 12 Nommé ainsi d'après une œuvre de Goethe. 13 « Mare Nostrum ». Alia Vox Editeur. © Claude Khal – Repérages liminaires – Le Cantique des Quanta - VII

temps des représentations prévues. Le chorégraphe, face aux inévitables fluctuations circonstancielles, conserve sa liberté de décision. Ces fluctuations, qu'elles soient acceptées ou contrariées, ouvrent un champ inédit à son imagination. Il explore de nouvelles voies d'expression, saisit toutes les opportunités et déploie tous les possibles promis dans son projet. Chaque danseur adopte, en toute conscience et en pleine intelligence, des comportements spécifiques, ajustés à la mesure de son talent et de ses capacités, dictés par le chorégraphe. La troupe ajuste et généralise les transformations voulues. La chorégraphie est faite des relations établies entre instantanés dynamiques. Elle est ouverte à tous les possibles tant que le phrasé d'une aventure singulière ne referme pas le sens déployé par le point final. Les degrés de liberté – l'aléatoire – ne s'inscrivent que pour mieux exprimer un projet attractif, clairement défini et identifié, dans un espace de phases déterminé par l'enjeu. Lorsque le groupe se défait, lorsque le rideau final tombe, d'autres configurations quantitatives et qualitatives s'organisent, sans que ces transformations soient strictement déterminées. Les voies diverses que prennent ces nouvelles configurations ne révèlent finalement que la continuité d'un système cyclique. A chaque nouvelle structure assemblée, s'amorcent de nouvelles conditions « initiales » pour de nouveaux épisodes. Et s'initialise un nouveau rapport de forces pour un nouvel échange d'énergies dans une chaîne d'union ravivée. Retour au Sommaire

3 LES INVARIANTS ONTOLOGIQUES STRUCTURELS

L'exploration de la dynamique chorégraphique nous conduit à faire émerger les lois fondamentales applicables à toute structure, à toute échelle, de l'univers aux formes les plus élémentaires de l'énergie ou du vivant, des invariants à valeur constante qui soulignent les conditions initiales de l'émergence de toute structure formelle. Les lois qui leur sont subordonnées y trouvent leur sève et leur cohérence. A partir de la sève de l'arbre, se développe le tronc, les branches, les rameaux, les feuilles, et leurs fruits... Pour la commodité et la clarté de l'exposé, le texte sera souvent émaillé d'exemples et de métaphores choisis dans les domaines vivants de l'Histoire, de la Sociologie et des évènements du monde contemporain.

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Une architecture gigogne 1 – La Supersymétrie de la distribution des énergies (extrême lumière14 des Très Hautes Fréquences, et extrême matière des Basses Fréquences) qui fondent le Plenum énergétique de l'univers, en articule les différentes valeurs combinatoires au sein d'une architecture gigogne, et se révèle à nous dans un ordonnancement logique invariant. L'une définit un champ énergétique omniprésent, l'autre un champ circonstancié, limité dans un espace-temps défini. L'architecture de cette « supersymétrie » est en réalité un continuum asymétrique. Le déroulement de la gestuelle des acteurs se noue à la trame de l'histoire racontée. L'intention de l'auteur et son imagination, invisibles sans pour autant être immatériels, se manifestent par l'accomplissement concret d'une configuration singulière, à un moment donné de l'Histoire, dans un espace délimité. La réunion des deux énergies – (extrême lumière/extrême matière), crée les identités individuelles aux fréquences particulières en nombre infini, qui portent, chacune, un projet. Toute association nodulaire, quelle qu'elle soit, possède les caractéristiques universelles qui déterminent un nœud : à savoir principalement une composition fréquentielle particulière et sa résultante, une magnétosphère d'influence et une énergie cinétique liées à ses pulsations dynamiques. 15 La logique interne de chaque être et ses relations génériques issues de séries causales déterminées déroulent sa force d'attraction et sa capacité d'innovation. L'être s'appuie alors sur les contreforts environnementaux du moment pour assurer son avènement et sa prééminence. Les ruptures dans l'ordonnancement du monde ne sont que tonales. Un projet 2 – Parmi les invariants les plus décisifs, s'exprime l'élan d'un dessein, d'un projet prédéterminé. L'intention est première. L'arbre n'est-il pas tout entier dans la graine qui va germer ? Son avenir, tout comme son passé, déterminent son présent. La finalité est matricielle. Elle porte le projet individuel qui organise les termes de l'évolution continue de chaque élément – sa destinée. La finalité est organisatrice d'une trajectoire de vie. Et sa croissance est irréversible. Après avoir trouvé sa personnalité, chaque personnage de l'Histoire a assumé son rêve. Citons les plus marquants. Khéops organise l'Egypte antique et construit sa pyramide. L'épopée de Gilgamesh, si celui-ci fut effectivement roi de la cité antique sumérienne Uruk avant de devenir un personnage héroïque, influence toutes les 14 Les Très Hautes Fréquences, sur lesquels les récentes découvertes du CERN sur les énergies supraluminiques (expérience OPERA en 2011 au cours des collisions sub-atomiques dans le « Large Hadron Collider » - LHC) apportent un nouvel éclairage. Après Léon Brillouin et Arnold Sommerfeld, le directeur de l'Observatoire de Paris Pierre Binetruy et le physicien chinois Guang-Jiong Ni pensent que nous sommes très probablement à « l'aube d'une nouvelle Physique ». Guido Tonelli, porte-parole du CERN, déclare que « cela pourrait être le premier jalon d'une chaîne de découvertes. » Par ailleurs, il est important de préciser ici que le Boson de Peter Higgs n'est pas la « particule de Dieu », comme certains ont pu hâtivement l'imaginer. Nous en ferons l'analyse dans une communication ultérieure, et nous reprendrons la définition précise de ce que les physiciens appellent la Supersymétrie. 15 Cf Communication III du Cantique des Quanta : Le Biocosme universel et les matériaux de structures. La première symétrie. La loi Delta.

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mythologies babyloniennes et mésopotamiennes. Sumériens et Akkadiens fondent les premières cités-Etats, l'écriture cunéiforme, la numération et l'astronomie, l'architecture monumentale, l'administration d'un Etat monarchique et sacerdotal, ainsi qu'une religion qui a influencé les onze premiers chapitres de la Bible 16, etc. Hammurabi rédige son Code juridique, fonde les lois et les principes du droit pénal et réglemente les professions et les activités économiques en Mésopotamie. Assurbanipal (Sardanapale) étend la renommée assyrienne, son art, sa culture et ses sciences englobant tout le Proche et Moyen Orient. En Egypte, Akhénaton impose le dieu unique Aton dont il se considère comme le prophète et l'incarnation. Moïse, d'après la tradition, fonde le judaïsme. Alexandre le Grand déploie l'empire de la pensée et de l'art grecs, de l'Egypte jusqu'aux rives de l'Indus. Shĭ Huángdì unifie la Chine. Auguste instaure l'âge d'or culturel et architectural romain et pacifie les peuples, de la Gaule jusqu'en Syrie. C'est la Pax Romana. Paul de Tarse, d'une dissidence juive, d'une secte essénienne et d'un platonisme tardif, fonde le christianisme universel et éteint le mythe solaire de Mithra. Constantin christianise l'Empire romain, transforme Byzance en Constantinople et impose sa conception d'un monothéisme théocratique universel. Muhammad, issu d'une petite tribu en Arabie, fonde l'Islam qui finira par imposer la Pax Arabica en réunissant les peuples, de l'Arabie jusqu'en Espagne à l'Ouest et de l'Inde à l'Est jusqu'au cœur de l'Europe, y apportant la culture grecque et l'architecture byzantine. La Pax Britannica, avec Elizabeth 1er, étend l'Empire colonial britannique de l'Amérique du Nord jusqu'aux Indes, la Nouvelle Zélande et l'Australie, du Cap africain jusqu'à l'Egypte et y impose son puritanisme. Napoléon fait face aux coalitions monarchiques, exporte les idées de la Révolution française dans toute l'Europe qu'il unifie, rédige le Code civil, et fonde l'égyptologie. Abraham Lincoln abolit l'esclavage et unifie les Etats américains. Depuis, la Pax Americana étend son hégémonie en dominant économiquement, technologiquement et culturellement le monde... Les effets d'allégeance, de vassalité, de confiance ou bien de défiance, d'insoumission, de rébellion, s'organisent aussitôt et improvisent des réactions aussi bien symboliques que factuelles. Un devenir 3 – Toute configuration spatio-temporelle, tout objet, notamment organique, inscrit son identité et son rôle dans un devenir singulier d'abord, puis en un devenir partagé, de plus en plus complexe dans la symphonie-monde. L'imagination du vivant explore sans cesse de nouvelles voies d'expression. Un spectacle chorégraphique, par exemple, forme un ensemble associatif entier, un groupe fini unique 17 mais non isolé qui joue sa propre partition. Par sa volonté de conquête d'un public, il se noue à la société qui en conditionne l'émergence et qu'il influence, inspire et renouvelle. Ses variations contrastées créent des mouvances fertiles inédites, souvent hors de la docilité aux orthodoxies courantes. 16 D'après Samuel Noah Kramer. L'Histoire commence à Sumer. 1956. 17 Se référer à l'automorphisme des groupes dans les théories mathématiques. © Claude Khal – Repérages liminaires – Le Cantique des Quanta - X

Une identité fondatrice 4 – Toute configuration est un système ingénieux fermé et ouvert. Fermé sur luimême par une frontière modélisée qui l'ouvre aux échanges simultanés avec les flux d'informations qui l'atteignent et les énergies transformatrices qui participent à son fonctionnement. Toute configuration se différencie par sa conscience de groupe. Tout système se nourrit de lui-même et de son environnement en complète coordination et optimisation combinatoire. Il rejette ce qui pour lui est inutilisable mais qui, par ailleurs, profite à son environnement. La vitesse des échanges qualitativement différents et leur localisation créent une dynamique d'échanges réciproques, momentanés, aléatoires, ou bien continus et équilibrés, avec leurs satellites immédiats ou éloignés, selon les données du moment, les conditions optimales fixées par le milieu, comme la température ou les fluctuations évènementielles. Tout corps de ballet, Royal Ballet, Bolchoï, Staatsballett de Berlin ou le Ballet de l'Opéra de Paris, par exemple, est un système d'organisation clos, à l'identité affirmée, aux méthodes éprouvées, certes, mais qui reste ouvert aux projets inventifs les plus divers, inspirés par des chorégraphes de caractère, dans le cadre des sociétés qui les accueillent et qui les financent. Le déploiement des échanges 5 – Toute trajectoire de vie exprime une aventure singulière, une croissance ordonnée optimisée par son code source, vouée à l'expression entière de ses possibilités et de son intelligence. Ces possibles sont néanmoins fixés par les conditions limites imposées par le milieu. Le projet individuel consiste à déployer tout son potentiel à travers des trajectoires et des phases articulées. Rien ne vit en solitaire mais toujours en relation d'échanges, nourritiels ou conflictuels, avec son environnement immédiat ou lointain. Les acteurs, porteurs des déterminations qui les engagent, orientent spontanément leur comportement et leur organisation en fonction de ces aléas, en préservant leurs acquis, en exerçant leur imagination et en adaptant l'habilité de leurs réponses. La conquête des cœurs, d'un public, d'un marché ou de territoires procède du même principe. Bi-polarité et contraintes du milieu 6 - Tout n'est donc pas pour autant possible. L'objectif est la réussite du projet imaginé, du programme qu'on s'est fixé. Tout comportement poursuit d'abord la dynamique d'exécution de son projet avant de se retrouver confronté, limité ou contraint, par les fluctuations extérieures. Les contraintes du milieu, les circonstances provoquées par des trajectoires contraires ou affinitaires, les collisions ou les collusions entre forces diverses, brident ou enrichissent les lignes de vie, détruisent ou épanouissent les finalités individuelles. La jonction des volontés ne se détermine qu'au moment de leur rencontre dans un projet commun. En revanche, le heurt des volontés ne s'exprime que si les antagonismes sont virulents et que les projets sont contradictoires. Ces fluctuations évènementielles, fonction des circonstances, petites ou grandes, continuelles ou sporadiques, sont évitables ou inévitables. Les boucles de rétroaction (feedback) positive ou négative, sont en continuelle évolution. L'accélération des chemins réactionnels et des interactions couplées dépend des projets portés, de leur © Claude Khal – Repérages liminaires – Le Cantique des Quanta - XI

importance qualitative, de la concentration des réactifs en présence et de leur nature, comme de la pression exercée par les catalyseurs eux-mêmes. Une double polarité est à l'œuvre dans chaque système et dans chaque échange. Toutes les relations complémentaires établies se fondent sur cette bi-polarité. Imagination organisatrice et adaptation historique 7 – Toute organisation systémique est donc adaptative. Son homogénéité spatiotemporelle est active. Elle est caractérisée par un projet, un rythme et une histoire : •

Un projet spécifique fondateur qui implique une conscience de soi, une intelligence de ses ressources et une volonté imaginative. Il détermine la répartition de ses composants et leur différenciation fonctionnelle. La précision du déterminisme engage, à chaque niveau, une totalité organisée et un comportement d'ensemble défini, jamais désordonné (sauf à la marge). Il intègre comme ensemble fini des frontières naturelles de communication telles que la peau ou les ouvertures consacrées aux échanges avec l'environnement. 18



Un rythme interne – son horloge biologique – qui détermine ses cycles d'action et de réaction, inclut ses phases d'évolution, en accord avec son milieu, et assure sa préservation et sa pérennité.



Une histoire, c'est-à-dire une trajectoire continue irréversible et une position dans un champ précis dans lequel s'inscrivent : - la nécessité nutritionnelle approvisionnée aux ressources disponibles, dans les contextes contraints du climat, de la géographie ou des aléas historiques ; - les comportements individuels différenciés portés par des projets spécifiques et des degrés de liberté divers ; - et des interactions en réponse aux fluctuations des évènements locaux ou globaux, causés par des opérateurs et des attracteurs extérieurs, occasionnels (comme les tempêtes ou les révolutions) ou réguliers (comme le retour des saisons ou les aléas climatiques). Les catalyseurs

8 – Toute singularité procède d'une identité fondatrice. Tout élément a la capacité de devenir un opérateur et un opérateur peut devenir un attracteur qualitativement différencié. Les opérateurs-catalyseurs ont une influence décisive, comme les organismes humanitaires (la Croix-Rouge ou Médecins du Monde), les mouvements d'opinion (partis politiques), les alliances écologiques (Greenpeace), tout comme, dans le domaine des innovations technologiques, celles qui ont été portées de nos jours par Apple (ordinateurs personnels, iPhone et autres tablettes), par Microsoft, par l'encyclopédie multilingue Wikipedia ou par Google (moteur de recherche, visionneuses, messagerie, maps et cartographie numérique, etc.) Chaque innovation

18 Régis Debray en a parfaitement analysé la réalité dans son « Eloge des frontières », Gallimard, 2010. © Claude Khal – Repérages liminaires – Le Cantique des Quanta - XII

entraîne l'imagination des hommes à inventer sans cesse de nouvelles applications dans les domaines les plus divers, de la mode aux styles musicaux, du ludique au plus utile qui devient, aussitôt adopté, indispensable. Le mimétisme, notamment par la voie médiatique, en généralise l'influence. Les filiations culturelles et scientifiques procèdent de la même manière. Une personnalité remarquable incarne le rêve qu'elle porte et finit par le réaliser. Elle trouve des réponses à ses questionnements philosophiques, religieux, socio-économiques ou scientifiques et ouvre aussitôt la voie à la constitution d'une école de pensée ou à un changement d'époque... « I have a dream... » déclare Martin Luther King. Theodor Herzl également avait un rêve qui s'est réalisé par la renaissance d'Israël. Gandhi libère l'Inde, comme Hô Chi Minh le Vietnam. Dans l'antiquité, Zoroastre et Mithra en Perse, Moïse au ProcheOrient, personnages réels ou légendaires, fondent des religions. Le bouddhisme en Inde naît de l'éveil de Siddhārta Gautama. Confucius établit les principes philosophiques qui ont gouverné la Chine durant des siècles. Christophe Colomb découvre l'Amérique. Louis Pasteur inaugure un procédé de conservation des aliments et ouvre la voie aux vaccinations. Et, dans un domaine plus prosaïque, l'émir de Dubaï fait aujourd'hui de son minuscule Etat un spectaculaire et audacieux paradis architectural. La taille du catalyseur importe peu en définitive. Son importance n'est liée qu'à son impact à un moment donné lors de circonstances particulières. Un opérateur de grande taille (comme un météorite qui heurte la Terre) ou d'une taille infinitésimale (comme une idée nouvelle ou une découverte scientifique, un scrupule qui arrête une action malveillante, ou plus prosaïquement un minuscule programme viral) peut avoir un pouvoir sans commune mesure avec sa taille. Lors des collisions ou des infiltrations, un catalyseur obtient des résultats immédiats considérables avec un effet déstabilisant majeur, sans évoquer les désastres silencieux collatéraux à plus ou moins long terme qui surviennent lorsque le nouveau remplace l'ancien, donnant le signal à un changement radical d'époque. Après les rêves réalisés, citons quelques exemples qui ont conduit à des catastrophes. Une étincelle déclenche un incendie, un microbe décime un troupeau, un virus informatique furtif exploite les failles de sécurité logicielle et bloque un réseau d'ordinateurs, une erreur d'appréciation de capitaines inconséquents provoque le naufrage de paquebots gigantesques tels que le Titanic et le Costa Concordia, un assassinat déclenche une grande guerre, un simple vote établit une dictature génocidaire... Une dynamique qualitative et ses variations 9 – Lorsqu'un opérateur différencié, mû par la nécessité ou le hasard des réactions en chaîne, devient un attracteur, il délie toute stabilité structurée et régulière, en perturbe le comportement jusqu'à provoquer un saut qualitatif dynamique inscrit dans les possibles de la cible. Un tel passage à la limite produit d'abord des variations erratiques et des turbulences. Puis les rapports de force et les nouveaux échanges d'énergies finissent par provoquer une organisation autrement structurée. Nous nous sommes très rapidement habitués, après la révolution de Gutenberg, à l'imprimerie et à la © Claude Khal – Repérages liminaires – Le Cantique des Quanta - XIII

diffusion des livres, puis à la vitesse des déplacements et des communications, au www du web, aux énergies renouvelables, à la photographie et au cinéma numériques, aux satellites artificiels et à l'exploration sous-marine, au Walkman multimédia et au code barre, aux vaccins et au laser, à la chirurgie plastique et aux greffes, à la télévision et à la WI-FI, aux iMac, iPad, iPhone, iBooks, et aux écrans tactiles, et nous les avons parfaitement intégrés dans notre mode de vie, de pensée et d'action, car nous avons le sens de l'innovation et le culte du talent, de l'intelligence et de la créativité. D'autres inventions, comme les nanotechnologies, nous attendent. Allons-nous les accepter ou bien les rejeter ? Les seuils critiques 10 – Les situations de rupture sont autant de seuils critiques de transition, sélectifs dans leurs comportements et leurs modes de fonctionnement. Les éléments en présence réagissent selon les circonstances fluctuantes du moment, les contraintes du milieu et de l'intensité d'exposition aux flux dynamiques portés par les différents opérateurs en présence, ainsi que par leurs propres structures défensives. Après le franchissement des transitions, tout finit par se stabiliser en échanges comptables fonctionnels, quantitatifs et qualitatifs, formant ainsi un nouvel ensemble aux interactions continues. Une fois les transformations tolérées ou acceptées, s'amorce une réorganisation aux bénéfices mutuels, assurant une relative stabilité aux nouveaux échanges. Si les transformations altérant les échanges sont rejetées, la réorganisation se fait au détriment de ce qui l'a suscité ou inspiré. L'optimisation combinatoire 11 – Par ailleurs, les opérateurs peuvent s'associer. Leurs commutateurs spécifiques organisent leur complémentarité fonctionnelle. Leur architecture se fonde sur l'optimisation combinatoire de leurs capacités. Leurs conditions d'existence, si elles ne sont pas insignifiantes ou indifférentes, exercent des effets définis, orientés et prévisibles, d'une part, ou bien, d'autre part, tout-à-fait aléatoires et incontrôlables dans leur résultat (comme les perturbations dues aux aléas climatiques, aux mutations technologiques, aux innovations logicielles ou aux bouleversements socio-politiques et économiques). La Grande Messe, chorégraphie de Uwe Sholz, démontre une optimisation combinatoire réussie. Sur une musique (la Messe en ut mineur, inachevée) de Mozart, et partiellement, de Thomas Jahn, de György Kurtág et d'Arvo Pärt, sont réunis le corps du Ballet de Leipzig, l'orchestre, le choeur de l'Opéra de Leipzig et la voix si pure de la soliste Eunyee You. Ils forment un ensemble minutieusement, parfaitement synchronisé, pour exprimer tour à tour l'élan de la grâce infinie et les tourments des solitudes agitées. L'aventure innovante 12 – Chaque système, soumis aux divers aléas, cherche à amortir leurs fluctuations afin de conserver son identité19, ou bien, forcé par la nécessité d'assurer une réponse 19 Se référer à la métaphore de l'Espérance mathématique E(X), établie par Claude Khal dans l'ouvrage qui porte le même titre-signe aux éditions Terra-Nova. 1988. Paris. « X » protège son identité par des boucliers-parenthèses du trident des agressions circonstancielles qui le menacent. © Claude Khal – Repérages liminaires – Le Cantique des Quanta -

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satisfaisante (non-létale) à un problème majeur, recherche ou découvre des stratégies, des chemins imprévus et aventureux, généralement innovants. Sans évoquer la mobilité ou le nomadisme à la recherche des ressources vitales différentes lorsque s'épuisent les ressources initiales habituelles du milieu, comme de nos jours, au Sahel, l'art de combiner l'organisation opérationnelle nécessaire à sa survie en fonction des contingences, des conjonctures et des situations, pour en tirer le meilleur parti, s'exprime également au niveau des politiques de développement, des stratégies technologiques ou d'investissement des entreprises, des partenariats diversifiés, des symbioses, pour ne citer des aventures innovantes que dans des contextes économiques. Les liens complémentaires 13 – Dans un cadre d'évolution conjointe ou parallèle, se propage dès lors la nécessité de créer des niches assurant une communication rapide, sûre, établissant des liens complémentaires quasi-organiques (le prédateur et sa proie, le producteur de biens et le consommateur), chaque protagoniste se réglant sur l'autre (évitant ainsi par exemple les problèmes liés à l'obsolescence d'un produit, à la surproduction concurrentielle, à la surpopulation et à la pénurie de logements, etc.) Les relais médiatiques en accentuent la diffusion et les répercussions. Les affinités 14 – Toute configuration a des affinité avec d'autres configurations. Leurs préférences attractives établissent des relations électives. Les couplages orientent une catalyse mutuelle à travers des boucles réactionnelles, à travers des sites définis. Les constituants d'une cellule sont en interactivité incessante et hautement ordonnée. Si les éléments mis en présence sont discordants, l'affinité est nulle et les affrontements ne tardent pas à se manifester. Dans la High-Tech, par exemple, les passerelles s'établissent aujourd'hui de plus en plus facilement. Ce qui n'était pas le cas il y a quelques années, chaque opérateur monopolisant l'exploitation de son propre système à l'architecture fermée. Les innovations 15 – Toute innovation (un nouveau lien, un chemin découvert, un produit innovant, une technique inattendue...) a plusieurs conséquences : - Elle trouble les circuits traditionnels, économiques, culturels et sociaux, rompant des équilibres momentanés ; - elle crée d'autres voies, d'autres chemins de croissance, améliorant les échanges stabilisés et modifiant le milieu comme l'ont fait la découverte de l'électricité ou de l'informatique, l'invention de la radio et de la télévision, du téléphone et du portable, les transports ferroviaires, l'automobile et les autoroutes, les bateaux à moteur, les transatlantiques et les submersibles, les avions, les drones et les navettes spatiales, la programmation fine, l'intelligence artificielle et la robotique, la fécondation in vitro, les centrales solaires, les livres numériques et les logiciels de communication avec leurs réseaux extraordinairement ramifiés, etc.

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Les régulations 16 – Les besoins nutritionnels préexistent mais leur forme et leur expression suit l'évolution des ressources, du climat, des techniques. Toute innovation, après une plus ou moins longue période de probation, les satisfait, voire les amplifie. Elle s'impose, multiplie ses effets et entraîne la création d'autres innovations dans son sillage. A chacune des étapes, s'activent des mécanismes de régulation afin de dépasser les points de rupture et afin d'organiser de nouvelles structures ordonnées plus stables, présentant des avantages fonctionnels certains. Cette auto-organisation définit un système hautement ordonné, (comme l'administration des Etats modernes.) L'organisation fonctionnelle 17 – La compétition pour l'accès aux ressources vitales dans le monde organique (animal) est gagnée lorsque la suprématie est assurée par l'organisation de structures fonctionnelles spécialisées. Il peut s'agir par exemple du développement de techniques d'assimilation, de capacités offensives et défensives, qui expriment une mentalité essentiellement agressive, voire belliqueuse, au niveau stratégique et tactique. L'onjectif consiste à se donner les moyens nécessaires pour conquérir et maintenir l'accès aux ressources et privilégier des échanges indispensables à la sauvegarde et à la survie du projet du groupe et de sa vitalité, même si c'est au détriment d'autres groupes et d'autres projets. Effets et déclenchement du mimétisme 18 – Tout effet est soit létal soit vital. Vital, il amplifie les réponses coordonnées par un effet de mimétisme comportemental boule de neige, au développement exponentiel (telle une épidémie virale que déclenche un virus pour sa survie et l'extension de son territoire) jusqu'au moment où une fonction contraire plus radicale en arrête l'expansion (prenons comme exemple les contre-offensives déclenchées pour contrecarrer une invasion militaire...) Le succès d'une entreprise chorégraphique, d'une mode, d'un style ou d'un produit innovant, se mesure à l'aune des imitations qu'ils engendrent et de leur diffusion, notamment aujourd'hui à travers les réseaux sociaux de l'internet. Un cycle culturel naît, se développe puis finit par être remplacé par un autre, plus dynamique ou plus pertinent. Les modèles ont à notre époque une vie très courte. Les engouements sont passagers, même si le mimétisme semble généralisé. La fin programmée ou accidentelle 19 – Lorsqu'un système atteint les limites potentielles fixées par son programmeprojet, telle que sa taille critique ou sa durée de vie, s'amorce un changement de phase. L'ensemble groupal se disperse en ses constituants, destinée accomplie, ne trouvant plus en lui-même ni en dehors de lui-même l'énergie nécessaire à sa survie en tant qu'entité au devenir singulier. L'auto-catalyse programmée devient insuffisamment nourrie, tout comme les cross-catalyses (boucles croisées réactionnelles) provoquées par son milieu et les circonstances imposées par son environnement. S'amorce alors une série de blocages et d'inhibitions et se rétrécit le champ des possibles. Les chemins interdits se multiplient. Les relations réciproques s'estompent et se dissolvent. L'entropie

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(d'autres diront inflation) qui en résulte disperse alors, au moment fatidique, les composants désormais d éliés et désolidarisés, les faisant évoluer chacun vers d'autres contextes, vers d'autres destins. La vie, un état de déséquilibre permanent 20 – Il en découle que ce qui se transforme prime le statique. Car tout est articulé dans la diversité des interactions liant causalités, déterminismes et effets. L'être n'est pas statique mais dynamique, en perpétuel devenir. L'instabilité dynamique et la stabilité ordonnée et relativement statique s'engendrent mutuellement, tant elles sont imbriquées. Les situations d'équilibre, les états stationnaires et réguliers dans leurs cycles respectifs ne sont stables qu'en apparence. La stabilité n'est qu'un instantané en devenir. Les situations de non-équilibre sont en effet la règle. Toute configuration, pour survivre, s'affirme par contraste et se différencie en s'opposant à ce qui en a conditionné l'émergence. Les scissions au sein d'un groupe sont naturelles. Les désaccords les favorisent. Les personnalités les plus charismatiques se démarquent. Elles organisent les projets qu'elles portent, rassemblent les ressources de leur pérennité, mettent en œuvre tout ce qui peut favoriser leur actualisation. Jusqu'au moment où d'autres projets s'opposent aux précédents. La constitution des groupes est cycliques. L'irréversibilité historique 21 – Toute trajectoire cinétique des flux historiques entre fini et infinité des possibles est irréversible. Elle est en corrélation avec les structures spatio-temporelles qui lui sont contemporaines, c'est-à-dire dépendante de ses coordonnées d'existence et du moment où elle exerce sa vitalité, là où se conjuguent le prévisible et l'imprévisible, les variations à plusieurs inconnues qui trouvent, durant un instant, leur cohérence. Le devenir singulier de chaque élément exerce qualitativement et quantitativement ses effets quantiques, cinétiques, thermodynamiques et gravitationnels et s'inscrit dans le devenir partagé de l'être. Les dynamiques du devenir 22 – La perspective vitaliste porte un déterminisme causal. Chaque instant d'un parcours de vie est mémoire du passé qui l'a fondé et ouverture vers un avenir où un large éventail de possibles reste toujours à exprimer. Ce finalisme fondateur intègre toutes les dynamiques du devenir. Retour au Sommaire

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XVII

4 LE NATURALISME QUANTIQUE CULTURE DE LA CIVILISATION DU XXIème SIÈCLE

Sommes-nous aux abords de l'âge de la lumière ? Notre nouveau naturalisme vitaliste va-t-il réussir à décrire la réalité de l'être ? La description de la réalité physique est loin d'être complète. Les différentes approches ontologiques et phénoménologiques n'ont pas épuisé la compréhension des lois qui régissent l'univers. Nous ne connaissons pas toutes les règles du jeu et bien des cartes restent à distribuer. Evitons, néanmoins, l'éparpillement en querelles de mots et les spéculations illimitées sur le sens du vent. Le déterminisme causal mérite d'être approfondi, ses variations d'état, tout comme les phénomènes de seuil, à l'orée des mutations. La dynamique quantique apporte une réponse innovante intégrée dans une cohérence conceptuelle et un formalisme nouveau. Elle canaliserait l'exercice d'une pensée ouverte sur un « système du monde »20 mieux compris, sans pour autant fétichiser ni des auteurs mythiques ni leurs théories. Il s'agit, en effet, de ne pas s'interdire d'aller plus loin et vers d'autres voies, à travers, par exemple, des ateliers de recherche, des écoles polytechniques et des universités ouvertes. Nous en formulerons le projet par ailleurs. Cette démarche de culture pense chaque entité existante ou « étant »21 comme un processus de relations en devenir constant, renouvelées dans leur permanence solidaire, ou bien innovantes et aventureuses. L'armature quantique élémentaire ouvre un champ sémantique substantiel souvent inédit. L'ingénierie de l'être s'ordonne à des logiques d'inclusion opératoires que découvrent sans cesse les scientifiques et qu'intègrent les philosophes, tels que Stéphane Lupasco ou Edgar Morin, pour étayer et développer l'entrelacs de leurs théories. Des perspectives radicales se dégagent. La ligne d'horizon s'éloigne en même temps que se déplace le point de fuite. Dans nos règles de méthode, aborder l'analyse d'un dessein propre à chaque entité et l'investir dans un dessein partagé plus général nous semble incontournable. Le projet de tout sujet, avons-nous dit à propos de la métaphore chorégraphique, annonce les liens organiques de complémentarité et de réciprocité à nouer pour organiser un devenir singulier. Celui-ci n'est pas cloisonné. Il s'exprime dans le cadre du devenir d'autres projets, qu'ils soient coordonnés ou antagonistes. Cet ensemble de projets s'intègre dans un devenir plus global – dont le sens, du reste, nous échappe.

20 Laplace. 21 M. Heidegger et E. Lévinas

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Allons-nous, par exemple, à partir de la noosphère22, vers un point Oméga tel que défini par Teilhard de Chardin ? Quelle est la part de hasard dans la poursuite de finalités souvent divergentes ? D'Héraclite à Platon, d'Augustin d'Hippone à Spinoza, Leibniz et Søren Kierkegaard, d'Edmund Husserl à Whitehead et Heidegger, les questions trouvent des réponses qui posent d'autres questions... Nous n'échapperons pas à cette règle. Dans nos prolégomènes, comme dans nos communications diverses, nous n'hésitons pas à provoquer des questions aussi bien d'ordre philosophique que scientifique et à convoquer des réponses qui nous semblent pertinentes. En décloisonnant autant que possible les sujets de recherche les plus vastes, nous avons essayé de former un socle commun de connaissances basé sur une approche naturaliste pluri-disciplinaire. Nous nous sommes impliqués dans ce que nous appelons de tous nos vœux une culture générale partagée qui sera celle du XXI ème siècle. Une culture novalienne ouverte à la recherche exploratoire de nouvelles voies portant une exigence de cohérences nouvelles. Une culture qui procède du lien nouveau liant les connaissances entre elles dans le projet de tenter de les renouveler et d'en étendre l'acquisition en formant à d'autres disciplines des scientifiques confirmés dans leur expérience propre aussi bien que des autodidactes 23 mus par l'amour du vrai, la curiosité et la passion de la recherche portés par la volonté de comprendre le monde, au-delà des relations traditionnelles d'autorité, des querelles et des rivalités intellectuelles concurrentes, sinon contradictoires24. D'autant plus que sont immenses les possibilités offertes aujourd'hui par l'internet à rechercher les informations les plus pointues, à tenter de les valider, puis à les synthétiser, et à faire ainsi émerger un nouvel esprit scientifique, une nouvelle culture... Les fonctions de vérité telles que les considérait Bertrand Russel dans leur logique simple, malgré leur complexité, doivent guider les intelligences à surmonter leurs querelles notamment religieuses et à rechercher les fondamentaux au-delà de tous les clivages. Sans pour autant sacrifier à une synthèse descriptive qui serait notoirement insuffisante ou en esquiver les difficultés de sa formulation. Le rasoir d'Ockham, illustré par la théière de Russel, postule la simplicité dans la modélisation de la réalité, sous réserve que l'illustration qui en est faite soit suffisamment éclairée. Le lac des signes25 entrelace découvertes décisives et changements d'époque... Science et philosophie ne font qu'un en réalité. Science et philosophie dans le sens le plus général des deux termes. La synonymie en a été traditionnellement exprimée

22 Vernadsky. Son modèle évoque la lithosphère ; la biosphère; l'atmosphère; la technosphère et la noosphère, sphère de la pensée. 23 Rappelons que Rousseau fut maître de musique et Spinoza, un artisan polisseur de lunettes, avant d'être reconnu comme « Prince des philosophes ». Léonard de Vinci avait une curiosité infinie et une force d'invention incomparable, comme Stanley Kubrick et Steven Spielberg, autant d'autodidactes célèbres qui ont eu des parcours d'apprentissage et d'autoformation non conventionnels. 24 A travers l'Université Populaire qu'il a créé à Caen, Michel Onfray cherche à apprendre à ses étudiants à philosopher plutôt que de se consacrer exclusivement à l'étude de l'histoire officielle de la philosophie idéaliste. 25 Nom d'un blog du Monde Diplomatique.

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depuis les présocratiques et les pythagoriciens, les savants arabes et andalous, jusqu'à nous en passant par Descartes, Galilée, Newton et Leibniz. Même si les deux démarches aujourd'hui semblent irréductibles et diverger quant à leurs méthodes, notamment techniciennes, expérimentales et statistiques. Elles sont distinctes, en effet, mais non séparées. La science interroge et analyse le détail et la philosophie construit des synthèses, toutes deux liées par la recherche continue des fondamentaux. Le savoir ne peut pas s'atomiser en spécialités qui resteraient autonomes et rivales, alors que la compréhension du monde moderne implique nécessairement des passerelles entre les différentes branches de la connaissance. Les connexions, les recoupements, les échanges réciproques26 et les influences sont riches d'enseignements théoriques et conceptuels. Le laboratoire du futur devra en tenir compte sans ambiguïté. Nos communications, par conséquent, prennent des formes différentes d'expression selon les différentes disciplines existant dans le monde du savoir. Un modèle quantique unique, une axiomatique homogène, une descriptive naturaliste fondamentale transdisciplinaire, telle que l'architecture chorégraphique que nous avons pris pour modèle, vont nous guider afin de mieux comprendre – c'est la joie de penser – aussi bien les sciences de la nature comme l'astronomie et la cosmologie, la physique, la chimie ou la biologie que les sciences de l'homme. Le langage de notre temps est, sans conteste, celui de la science. Son émergence, à partir de démonstrations convaincantes, a abouti à la constitution d'un corps de connaissances de plus en plus fondés sur un discours logicien et des modélisations de plus en plus précises. Notre modèle théorique va tenter, à son tour, de catalyser les recherches dans les disciplines les plus diverses. Son socle encyclopédique, par ses restructurations thématiques, et sans jamais prétendre être élitiste, inspirera, nous en sommes persuadés, la pensée de l'avenir. Aux chercheurs, quel que soit leur domaine de prédilection, de valider notre modèle par les résultats de leurs recherches ou d'en invalider la totalité ou certains aspects. Notre hypothèse est un fil conducteur qui pourrait orienter les recherches dont les conclusions pourraient être conformes au modèle que nous avons décrit, ou bien différentes. Se poserait alors la question de la reformulation et de l'évolution du modèle d'origine. Dans les communications qui suivent, se dessineront, espérons-le, les bases de ce que sera une culture générale du XXIème siècle. Ses conséquences ? Un homme augmenté de l'intelligence de l'être, de l'intelligence d'être. Claude Khal Mars 2012 Retour au Sommaire 26 Cf les Groupware et plateformes interactives de communautés scientifiques impliquées dans la recherche collaborative et participative : en astronomie (getmapper.com ; planethunters.org ; galaxyzoo.org;), en biologie (fold.it ; eterna.cmu.edu;), en archéologie (projet National Geographic ; projet Egypte gréco-romaine), en sismologie (stanford.edu ; emsc-csem.org), en sciences de la cognition (faites-la-science.risc.cnrs.fr), en climatologie (obs-saisons.fr ; eyeonearth.org)...

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