Déception à Varsovie ! Le nucléaire au Viet Nam face au changement climatique 1- Quoi de nouveau à la conférence Climat de Varsovie qui vient de s'achever ? La 1ère Conference of Parties (COP 1) des Nations unies pour le changement climatique a eu lieu à Berlin en 1995. Elle a lieu tous les ans. Le célèbre protocole de Kyoto (COP 3) date de 1997. Il était l'unique instrument contraignant qui engage les pays industrialisés à réduire leurs émissions. La Russie, le Canada et le Japon en sont sortis. Les Etats-Unis et la Chine ne l'ont pas ratifié. L'Australie et l'Europe ( 15% des émissions mondiales) ont été seules pour faire face au réchauffement climatique! La 19e Conférence (COP 19) a réuni à Varsovie du 11 au 22 novembre environ 9000 délégués en provenance de 195 pays. On peut dire que c'est une foire plutôt qu'une conférence! Beaucoup de congressistes ont critiqué le choix de Varsovie comme lieu de cette conférence. En effet, la Pologne ne fait pas honneur à l'Europe sur le plan de la protection du climat. Elle annonce la priorité au gaz de schiste en pleine conférence et organise parallèlement un sommet sur le charbon propre! C'est comme si l'on invitait les gens à une réception mondaine de l'industrie du tabac à côté d'un congrès international sur le cancer ! Une vraie provocation ! Le pays hôte a même limogé son ministre de l'environnement Marcin Korolec qui présidait la conférence. Du jamais vu! Une autre remarque à signaler : le désastre causé aux Philippines par le typhon Haiyan a produit une onde de choc qui a secoué l'ensemble des congressistes. Suivant l'exemple du chef de la délégation philippine, M. Naderev Sano, plusieurs écologistes présents ont aussi entamé un jeûne en solidarité avec les Philippines. L'occasion était trop belle pour les pays du Sud de rappeler aux pays du Nord leur responsabilité historique dans le réchauffement climatique. Ces derniers ne veulent pas payer des réparations ou etre impliqués dans des procès juridiques. La coalition des BASIC ( Brésil, Afrique du Sud, Inde , Chine) a déclaré qu'elle refuse un accord au rabais. L'égoisme des uns, l'intransigeance des autres n'ont pas permis d'avancer. Le temps de négociation n'est pas en phase avec l'urgence climatique. L'alerte donnée périodiquement par le GIEC (le 5e rapport vient de sortir) a peu de prise sur les dirigeants politiques qui ont d'autres priorités. La capitale polonaise n'est pas un lieu de négociations mais d'affrontements nationaux et économiques. Le Japon et l'Australie qui ont annoncé leur décision d'assouplir leur objectif 2020 en matière d'émissions de CO2 constituent un recul ahurissant ! De toute façon, Varsovie n'est qu'un tremplin pour la Conférence de Paris de 2015 ( COP 21 ). On a pu sauver la face en accouchant d'une feuille de route. Les pays ont 2 ans pour écrire un scénario et construire un cadre répondant à l'ampleur des problèmes. Depuis l'échec de la Conférence de Copenhague en 2009 (COP 15), les émissions de gaz à effet de serre continuent à augmenter pour atteindre actuellement le seuil de 400 ppm (parties par millions). Le chiffre mondial est de 34, 5 milliards de tonnes de C02 en 2012. Une étude récente de la PBL Netherlands Environmental Assessment Agency signale que les émissions cumulées des pays en développement depuis la révolution industrielle (1850) sont en train de rattrapper et bientôt dépasser celles des pays industrialisés. Il y a 3 ans, les pays riches étaient encore responsables de 52% des émissions totales de gaz à effet de serre : Etats -Unis (18,6%), Union européenne ( 17,1%), Russie ( 7,2%) contre 48% pour les pays du Sud : Chine ( 11,6%), Indonésie (4,8%), Inde (4,1%), Brésil ( 3,9%). On peut dire que désormais le Nord et le Sud partage pratiquement une responsabilité équivalente. Avec 29% des émissions mondiales de CO2, la Chine est devenue le 1er pollueur de la planète, suivie de près par les Etats -Unis (16%) et l'Europe (11%). Le poids des Etats-Unis a dimunié, en partie grâce au remplacement du charbon par le gaz de schiste. L'accord de Paris qui comportera nécessairement plusieurs horizons temporels jusqu'en 2050, dépend des engagements financiers contraignants, des stratégies de développement des différents pays, des bonnes volontés des pays industrialisés. Selon Climate Action Tracker, si aucun progrès n'est fait, la Terre va tout droit vers une hausse de température de 3,7° en 2100. Au sein du Groupe G77, les pays en développement et la Chine ont vigoureusement dénoncé la lenteur des progrès des pays industralisés en matière de lutte contre le réchauffement climatique. Ils réclament plus de visibilité sur la mobilisation des 100 milliards de dollars par an à partir de 2020 que les pays riches ont promis à Copenhague pour les aider à faire face au changement climatique. Seulement 30 milliards de dollars ont été débloqués entre 2010 et 2012 et depuis plus rien. Aucun nouvel engagement chiffré à Varsovie. Le point positif à signaler concerne le programme Redd+ ( Réduire les émissions de CO2 provenant de la Déforestation et de la Dégradation des forêts). Les Etats-Unis, la Grande Bretagne , la Norvège et l'Allemagne ont annoncé qu'ils verseraient 280 millions de dollars à Bio Carbon, pour lancer ce programme. L'ONG Friends of the Earth International déplore cependant l'absence de feuille de route pour le financement! Il n'y a que des sommes anciennes dans un nouvel emballage ou de l'argent réorienté en provenance d'autres budgets. Selon l'AIE ( Agence Internationale de l'Energie), pour le seul secteur énergétique, il faudrait des investissements supplémentaires de 1000 milliards de dollars par an à l'horizon 2020 pour une réorientation vers des sources d'énergie plus propres. Les lobbies du nucléaire , des énergies fossiles et du gaz de schiste font pression pour défendre leurs intérêts. Les discussions se bloquent souvent car les pays riches ne veulent pas indemniser les pays du Sud pour les pertes subies du fait du changement climatique. Comme à Doha (COP 18) , le scénario catastrophe est connu d'avance. Dénonçant la lenteur du processus et les résultats décevants, les grandes ONG environnementales ( Greenpeace, Oxfam, WWF .. ) ont claqué la porte et ont quitté Varsovie à la veille de la clôture de la conférence. Après une prolongation de plus de 24 heures et de négociations non stop, un compromis de dernière minute a été adopté. Le texte de Varsovie invite tous les pays à remettre leurs contributions avant la Conférence de Paris et d'ici au premier trimestre 2015 pour les pays qui le peuvent. Les pays en développement ont refusé le mot engagement, jugé trop contraignant. Ils ont obtenu non pas la création d'un nouvel organe mais d'un mécanisme portant sur les pertes et dommages subis en raison des événements climatiques extrêmes. C'est l'un des sujets les plus épineux car les pays riches n'acceptent pas la logique de réparation.

Face aux Etats-Unis et à l'Union européenne, l'Inde et la Chine ont adopté une position intransigeante. Ils veulent être considérés comme pays en développement pour ne pas avoir des mêmes responsabilités que les pays industrialisés. Le niveau de précision de la feuille de route vers Paris laisse à désirer. L'enjeu de Varsovie, après 2 semaines surréalistes, était d'éviter un nouveau fiasco comme à Copenhague ! La question est de savoir maintenant si le texte de Varsovie, grâce à de futures négociations, permettra d'aboutir à un accord à Paris en 2015, engageant pour la première fois tous les pays du monde. Cet accord de Paris sur les réductions de gaz à affet de serre qui permettraient de limiter le réchauffement du globe à 2°C par rapport à l'ère préindustrielle, entrera en vigueur en 2020. ( L'objectif 2°C est la limite au delà de laquelle, la machine climatique mondiale risque de s'emballer). D'ici 2015, plusieurs réunions ont été programmées, dont le sommet des chefs d'état à New York et la Conférence de Pérou ( COP 20) en 2014

2- Quelques conclusions du 5e rapport du GIEC : Selon le climatologue Jean Jouzel, Vice-président du GIEC (Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat) .l'hypothèse du rôle du CO2 dans l'effet de serre a été formulé par des calculs théoriques dès 1824 par Jean-Baptiste-Fourier, un mathématicien français. La température moyenne de la planète est corrélée avec le taux de gaz carbonique présent dans l'atmosphère à travers les âges. Sur le demi siècle écoulé, Jean Jouzel a pu vérifier que la concentration réelle, mesurée dans l'atmosphère, coïncide avec celle emprisonnée dans les bulles des carottes de glace pour les mêmes années. L'activité humaine a déjà relâché l'équivalent de 531 milliards de tonnes de carbone dans l'atmosphère. Jean Jouzel pense qu'il ne subsiste aucune possibilité que le réchauffement constaté soit la conséquence d'un phénomène naturel, excluant l'activité humaine, compte tenu de la masse écrasante des données recueillies. Comme la température a augmenté rapidement de 1970 à 2000 mais elle s'est tassée depuis et a même baissé au cours de ces dernières quinze années, les climatosceptiques continuent à mettre en doute les conclusions du GIEC. Jean Jouzel, reconnaît que cette corrélation n'est pas linéaire et que le réchauffement ne se mesure pas seulement avec la température. Il recommande d'instaurer d'urgence une économie très sobre en carbone, c'est à dire en énergies fossiles, si nous voulons limiter les dégâts avec une hausse moyenne de +2°C en 2100. Donner un vrai prix au carbone s'avère donc nécessaire. Beaucoup de pays se sont engagés à dimunier d'un facteur 4 les émissions de C02 d'ici 2050. Techniquement c'est possible. La séquestration du CO2 au sortir des centrales thermiques est prometteuse. Moyennant un surcoût énergétique de 25% on peut retenir à la source, au sortir de la cheminée, toute la pollution carbonée. Dans son ouvrage The Climate Casino, l'économiste William Nordhaus, a proposé de créer rapidement une taxe carbone qui doit augmenter continuellement jusqu'à doubler son prix. D'après la Revue Science du 8 mars 2013, les températures terrestres actuelles sont plus chaudes que celles enregistrées durant la plus grande partie des onze derniers millénaires. Ce qu'il faut savoir, c'est que le rythme du réchauffement actuel est inédit par sa rapidité. Durant ce dernier siècle, le climat est sorti complètement de la gamme de variabilité de la période interglaciaire. Selon AL Gore, co-lauréat du prix Nobel de la paix avec le GIEC en 2007, l'atmosphère est un égoût à ciel ouvert puisqu'il reçoit chaque jour 90 millions de tonnes d'émissions polluantes. Les catastrophes provoquées par les événements météorologiques extrêmes sont devenues plus redoutables et fréquentes: ouragan Sandy du 25 au 30 octobre 2012 des Caraïbes au Canada en passant par New York, typhon Bopha du 5 décembre 2012 aux Philippines, tornade du 20 mai 2013 sur Oklahoma, inondations en mai juin 2013 en Allemagne, Hongrie, Autriche, Slovaquie et tout récemment super typhon Haiyan aux Philippines, inondations exceptionnelles au Centre Viet Nam. Durant ces 30 dernières années, les catastrophes naturelles ont causé la mort de 2,5 millions de personnes, dont les trois quarts, lors d'événements extrêmes. Les dommages représentent pour cette période 4000 milliards de dollars. Le Président du GIEC, Dr Rajendra Pachauri, a présenté le 27 septembre à Stockholm le 5e Rapport d’évaluation du GIEC qui a été approuvé par les délégations membres. Environ 2500 experts scientifiques se sont penchés sur 9200 études qui s'appuient sur la télédétection via satellites ou d'autres outils et aussi sur des mesures directes. Des changements climatiques importants se sont produits depuis les années 1950 : les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté, les océans et l'atmosphère se sont réchauffés, le niveau des mers s'est élevé, les volumes des neiges et glaces ont baissé. Depuis 1880 , la terre a connu un réchauffement d'environ 0,85°C. Le niveau moyen des mers s'est élevé de 19 cm entre 1901 et 2010. D'ici 2050, il devrait augmenter de 17cm à 38 cm et de 26 cm à environ 1 m d'ici 2100 sous l'effet de la fonte des glaciers et de la dilatation thermique de l'eau. La température moyenne à la surface du globe devrait augmenter de 0,3 à 4,8° d'ici 2100 C'est l'inertie du système qui pose problème, car la plupart des caractéristiques du changement climatique persisteront pendant des siècles même si les émissions de CO2 étaient stoppées !

3- Quels sont les principaux risques pour la France ? Depuis 2011, la France a un plan national d'adaptation au changement climatique pour faire face aux diverses menaces : canicules , pluies torentielles, inondations urbaines, crues, sécheresse, feux de forêts, baisse des débits l'été, avalanches, glissements de terrain, érosion, submersion , salinisation, nouvelles maladies... Selon Serge Planton de Météo France et contributeur au GIEC, des canicules comme celles de 2003 ( 15.000 victimes ) pourraient se renouveler en France 4 à 5 fois entre 2020 et 2050. Elles présentent un risque de mortalité accru chez les personnes agées. La hausse de température de l'eau pose des problèmes de refroidissement pour les réacteurs nucléaires d'EDF et l'industrie.

Les ressources en eaux souterraines baisseront de 30% environ vers 2070, selon Nadia Amraoui, hydrologue du BRGM ( Bureau de Recherches Géologiques et Minières). Le niveau des côtes françaises est monté de 10 à 20 cm en moyenne au 20e siècle. Des scénarios pessimistes de hausse du niveau de la mer de 50 cm à 1m ont été étudiés pour évaluer les risques de submersion ou d'intrusion saline. Au niveau sanitaire, 50% des français souffriront d'allergies d'ici 2050 en raison de l'augmentation de la pollution atmosphérique et de l'allongement de la période des pollens. 4 - Quels sont les pays les plus vulnérables au changement climatique : Selon Maplecroft, un cabinet d'analyse des risques britannique, 67 pays totalisant une production de 44.000 milliards de dollars seront soumis aux conséquences catastrophiques de phénomènes climatiques extrêmes ( canicules, sécheresses, inondations, tempêtes, hausse du niveau de la mer...) de plus en plus fréquents. Ce sont les 10 pays les plus pauvres qui sont les plus exposés: Bangladesh, Guinée-Bissau,, Sierra Leone, Soudan, Nigéra, Haiti, Cambodge, République démocratique du Congo, Philippines, Ethiopie. Les pays à risque extrême sont: Inde (20e), Pakistan (24e), Viet Nam ( 26e). Dans la catégorie des pays à haut risque, on trouve: Indonésie (38e), Thailande (45e), Chine (61e). C'est en Europe du Nord que se trouvent les pays les moins à risque: Islande, Norvège, Irlande, Finlande, Luxembourg, Danemark. Malgré des régions côtières exposées à l'élévation du niveau de la mer et aux tempêtes, les Etats-Unis sont classés à faible risque (158e). Comme capitales à faible risque on trouve Paris ( France 164e) et Londres ( Royaume-Uni 173e). A l'inverse, les 5 villes les plus menacées sont: Dacca, Bombay, Manille, Calcutta, Bangkok. (selon la Banque mondiale, en cas d'élévation du niveau de la mer de 15 cm et des précipitations extrêmes, et à défaut de politique d'adaptation, la superficie inondable de Bangkok serait de 40% en 2030) Si les gouvernements tardent à réagir, ils assisteront impuissants au déplacemant des centaines de millions de réfugiés climatiques. 5 – Les centrales nucléaires au Viet Nam face au changement climatique : Je voudrais tout d'abord vous recommander le remarquable ouvrage du Dr Nguyễn Thọ Nhân intitulé : Biến đổi khí hậu và Năng lượng ( Changement climatique et l'Energie ) paru en 2009 chez Nhà Xuất Bản Trí Thức Hànội. Le Professeur Phạm Duy Hiển, a tenu à rendre un vibrant hommage à l'auteur dans la préface en présentant le sujet avec éclat. Comme mentionné ci-dessus, le Viet Nam classé (26e) est dans le groupe des pays à risque extrême. Les risques principaux pour notre pays comme pour les pays asiatiques sont : tempêtes plus violentes et plus fréquentes, augmentation d'inondations marines et fluviales et d'éboulements rocheux dus à la fonte des glaciers de l'Himalaya, érosion, glissement des terrains, dimunition des ressources en eau, des réserves d'eau douce, élévation du niveau de la mer, submersion, salinité, baisse du rendement des cultures, famine, augmentation de la mortalité en raison des maladies diarrhéiques, propagation du choléra par l'élévation de température... La capacité d'adaptation du Viet Nam est faible, faute de volonté politique et de financement. Des travaux pharaoniques doivent être lancés sans tarder : plans d'urbanisme et de prévention à revoir, routes ponts et maisons à reconstruire, installations à protéger, cours d'eau à nettoyer, protection des digues et barrages, déplacement des populations...N'oublions pas que l'agriculture est source de production abondante de méthane ( 40 fois plus nocif que le CO2). Les animaux d'élevage qui broutent l'herbe, les rizières, le fumier, les fermentations naturelles de résidus végétaux produisent aussi du méthane. Il faut instaurer d'urgence une économie très sobre en carbone. Plus nous différons la réponse globale, plus il sera difficile de faire face aux menaces et plus les dégâts seront coûteux et difficiles à gérer. Combien faudra-t-il encore de catastrophes climatiques pour que les gouvernements donnent la priorité à la lutte contre le réchauffement ? Certes, il s'agit d'un défi à long terme. Mais compte tenu du rythme d'accroissement des émissions des gaz à effet de serre dans l'atmosphère, nous devons agir aujoud'hui et maintenant. Le développement durable exige des changements comportementaux. Les ingénieurs et scientifiques ont tout intérêt à travailler en étroite coopération avec les spécialistes en sciences sociales s'ils veulent réussir leur difficile mission. Les 6 et 7 novembre dernier, les Philippines ont subi Haiyan, le typhon le plus meurtrier depuis un demi siècle : rafales de vent de 315 km/h à 379 km/h, pression en son centre de 870 hPa, houle cyclonique de 10 m. Classé au niveau 5, le plus élevé sur l'échelle de Saffir-Simpson, ce monstre ravage tout sur son passage d'est en ouest sur une longueur de 600 km, comme s'il s'agit d'un tsunami. Haiyan pulvérise le seuil de 252 km/h du niveau 5. Beaucoup de météorologues tropicaux proposent de créer un niveau 6, car l'échelle de Saffir-Simpson devient obsolète ! Dans le passé, 3 violents typhons : Ida (1958), Nancy (1961), Violet (1961) avec des vents de 320 à 350 km/h ont été enregistrés, mais leur puissance a dimunié à l'approche des côtes.

Losque les cyclones se forment, ils puisent la plus grande partie de leur énergie des eaux de surface qui deviennent de plus en plus chaudes ( 26° ), observe Will Steffen, climatologue à l’Université nationale australienne. Une onde de tempête ou marée de tempête accompagne toujours un cyclone sur les côtes. La mer s'élève à cause des basses pressions régnant au cœur du système cyclonique. La puissance de Haiyan, supérieure à celle de l'ouragan Katrina d'août 2005 qui dévastait le Mississipi aux Etats -Unis est telle que la mer a submergé sur plusieurs kilomètres à l'intérieur des terres. On peut calculer l'énergie du vent qui est l'énergie cinétique de l'air E= ½ mV2 ( E en joules, m masse d'air en kg, V en m/s ). Dès le lendemain de cette catastrophe qui a fait au moins 7500 victimes et dísparus, le gouvernement philippin a immédiatement donné l'ordre de planter des arbres pour restaurer les forêts. C'est un exemple de sagesse.

Avec le recul du temps et compte tenu de la fréquence des phénomènes naturels ( tempêtes, séismes, inondations, éruption volcanique) qui s'abattent sur les Philippines, la population de ce pays doit être soulagée de l'abandon en 1986 de la centrale nucléaire de Bataan ( 620 MW ). Son gouvernement de l'époque a pris une très sage décision de sacrifier son 1er réacteur de puissance, en raison de la proximité d'une faille géologique et d'un volcan actif. Cette centrale qui n'a jamais démarré a coûté 2,3 milliards de dollars aux contribuables. Le typhon Haiyan, en déviant brusquement sa trajectoire, arrive au Viet Nam avec une vitesse réduite 120-130 km/h. La grande catastrophe a épargné de justesse ce pays. Cette chance ne se répétera pas systématiquement. Comment notre pays peut-il affronter un tel monstre? Les autorités ont fait déplacer, par mesure de sécurité, plus de 600.000 personnes. Mais une évacuation plus massive encore n'est pas à écarter dès la prochaine alerte Les violentes inondations de novembre 2013 qui viennent de ravager la région du Centre Viet Nam pourront aussi se renouveler et mettre en danger la population. Ici la déforestation aggrave la situation. . Début décembre de cette même année, les rues de certains quartiers de Ho Chi Minh Ville, submergées, en raison d'une rupture de digue de protection, se sont transformées en cours d'eau. Du jamais vu depuis 60 ans ! Comme à Hanoi et d'autres cités, ce spectacle démoralisant est fréquent dès qu'il pleut fort. Quelle stratégie possible pour affronter ce fléau annuel et minimiser les conséquences désastreuses ? Les autorités craignent aussi pour la sécurité des 1200 lacs et barrages parmi les 6.800 existants. Chaque année plus d'une dizaine de typhons ou inondations s'acharnent sur cette région du Centre. Leur fréquence d'apparition et leur puissance qui continuent à augmenter deviennent de plus en plus traumatisantes pour une population économiquement plus faible que celle du Nord ou du Sud. Les habitants redoutent et critiquent avec raison les lâchures d'eau simultanées des dizaines de lacs de barrages en amont qui augmentent dangereusement les débits des cours d'eau en aval provoquant de nombreuses victimes et détruisant récoltes et des milliers de maisons. On peut calculer rapidement ces débits suivant la formule Q = VS ( Q en m3/s, V en m/s et S en m2 ) Pourquoi construire ces barrages avec un rythme si rapide ? On peut se demander si la planification des ouvrages hydroélectriques dans le système électrique du pays a été menée avec méthode et rigueur ? Le gouvernement vient de refuser l'autorisation de mise en chantier de 424 projets. Il est grand temps de mettre de l'ordre dans ce secteur. Concernant le nucléaire, j'espère que le gouvernement, profitant de ces catastrophes naturelles en série, ait la sagesse d'abandonner immédiatement, avant qu'il ne soit trop tard, son ambitieux et coûteux programme. Celui-ci prévoit l'installation de 2014 à 2030 de 14 réacteurs ( 1000 à 1500 MW ) dans 5 provinces du Centre Viet Nam, région à très haut risque et à superficie réduite. Les experts qui ont proposé ces sites n'ont probablement pas tenu compte des vents de tempêtes pouvant atteindre 350 km/h ? Si l'on veut provoquer la nature en construisant ces centrales, le gouvernement devra prévoir un plan d'évacuation des millions d'habitants de la région du Centre Viet Nam ( en particulier des provinces de Ninh Thuan, Quang Ngai, Binh Dinh, Phu Yen et Ha Tinh) qui vivront dans l'angoisse d'une triple menace permanente : tempêtes, inondations, irradiations ! Le réchauffement climatique pose des problèmes de sécurité redoutables, tant pendant la durée de construction ( 5 à 7 ans ) que durant la période d'exploitation ( 40 à 50 ans ). Les dizaines et plus tard centaines de milliards de dollars, investis dans ce programme nucléaire trouveront mieux leur utilité sociale dans le plan d'adaptation au changement climatique du pays ! Le Viet Nam doit compter d'abord sur ses propres moyens, car la contribution de l'ONU sera très faible, compte tenu du nombre de pays intéressés. Lors des inondations du 29 décembre 1999, la France a failli connaître une catastrophe majeure avec la centrale du Blayais d'EDF ( 4 réacteurs de 900 MW) se trouvant sur la rive droite de l'estuaire de la Gironde, à 60 km de Bordeaux. Les pompes et circuits de sécurité ont été submergés par la montée brutale des eaux. C'est faux de dire que le nucléaire peut sauver la planète du réchauffement climatique. En effet, le nucléaire, en déclin bien avant la catastrophe de Fukushima, ne représente en 2011, plus que 11, 7% du bilan électrique mondial ( 67,9% charbon, pétrole, gaz - 16,3% hydraulique - 4,1% solaire, éolienne, biomasse) . Par rapport à l'énergie primaire mondiale, il représente moins de 6% dont un tiers seulement est transformé en électricité nucléaire. Les deux tiers restant produite par les réacteurs est perdue en chaleur, ce qui cause des dégâts à l'environnement. L'électricité nucléaire n'est pas une énergie primaire. C'est un abus de language, car c'est une énergie secondaire provenant de la transformation comme l'électricité provenant du pétrole, du gaz ou du charbon. Il faut faire la différence entre énergies finales, primaires, secondaires, utiles et savoir utiliser le bon coefficient de conversion. Sinon dans la comptablilité énergétique d'un bilan national, on risque de fausser les calculs avec des statistiques erronnées. Contrairement à la propagande mensongère, les rejets de CO2 de l'ensemble des maillons de la filière nucléaire sont importants. De l'amont vers l'aval : extraction dans les mines, transport de l'uranium de l'étranger jusqu'aux usines de transformation, fabrication des matériaux des diverses composantes, chantier de construction de la centrale ( ciment, acier), cycle du combustible, exploitation , démantèlement, retraitement, gestion des déchets... le bilan carbone est loin d'être négligeable ! Le nucléaire est trop dangereux et anti économique. Compte tenu des investissements nécessaires au renforcement continu de la sûreté, des coûts exorbitants pour le démantèlement des centrales, la gestion à long teme des déchets radioactifs et des catastrophes, le kWh nucléaire est en réalité moins compétitif que les énergies classiques et renouvelables. Pour des raisons technologiques, économiques et de délai de fabrication, on ne peut pas doubler le nombre de réacteurs du monde (440 environ actuellement ) d'ici 2030. Même avec un doublement, la contribution de l'électricité nucléaire dans le bilan énergétique mondial restera toujours négligeable. En conclusion, pour faire face à la menace climatique, le Viet Nam, comme tous les pays du monde, n'a pas d'autres choix stratégiques que d'exploiter massivement dès maintenant les énergies renouvelables, encourager l'efficacité énergétique et les économies d'énergie (on dit aussi sobriété énergétique). N'oublions pas trop vite une très importante conclusion des Nations Unies : début mai 2011, les 120 experts du GIEC ont déclaré que si tous les pays ont la même volonté d'aboutir, en 2050, les énergies renouvelables pourront représenter pas loin de 80% de l'approvísonnement énergétique mondial. Les investissements dans ce secteur ont atteint plus de 250 milliards de dollars en 2012.

Le Viet Nam ne doit pas rater le train de la révolution énergétique qui est déjà sur les rails. Exploiter les énergies renouvelables, réduire le CO2, pour protéger l'environnement en faveur des futures générations de nos enfants, c'est s'orienter progressivement vers une économie positive ( Jacques Attali, Groupe de réflexion sur l'économie positive). Evitons de courrir aveuglément après le PIB. Nous devons prendre en compte aussi la qualité de vie et attacher plus d'importance au développement durable au lieu de nous laisser imposer par la dictature du court terme ! Face à la menace climatique, c'est aujourd'hui qu'il faut agir, demain sera trop tard ! Nguyen Khac Nhan Ancien Directeur de l'Ecole Supéreure d'Electricité et du Centre National Technique de Phu Tho Ancien Chargé de mission à la Direction Générale d'EDF de Paris Ancien Professeur à l'Institut National Polytechnique et de l'Institut d'Economie et Politique de l'Energie de Grenoble

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