Le clap de fin pour Ali Bongo Ondimba

ECHOS DU NORD Hebdomadaire Gabonais d’informations paraissant le Lundi. 10e année

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“Change. Believe” Barack Obama

N°308 du Lundi 26 Octobre 2015. Prix : 600 FCFA

Nantes

Ali Bongo appelle la France au secours

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LETTRE A MONSIEUR LEON-PAUL NGOULAKIA Cher Monsieur, La semaine dernière, vous avez démissionné du Parti démocratique gabonais (PDG), au pouvoir, dont votre cadet Ali Bongo Ondimba est président. Un tel acte de bravoure, qui fait désormais de vous un héros cornélien, ne peut qu’être salué par le journal républicain qu’est «Echos du Nord». « La meilleure preuve d’amour qu’on puisse apporter à une girafe est de lui tricoter un foulard », disait mon grand-père. Vous avez ipso facto choisi la patrie et non vos intérêts personnels. Il faut savoir prendre des décisions qui font l’heur du plus grand nombre et le malheur d’un groupuscule mû par un nombrilisme démesuré. On ne doit pas rester dans un parti politique qui précipite le pays dans l’abîme. Ceux qui s’y accrochent à cause de leurs intérêts égoïstes se fourvoient. Mon grand-père disait : « Si tu aimes trop la bonne chair, un jour tu mangeras les os du cadavre de ta mère. » Vous êtes appelé au secours de votre nation, prise en otage par un groupe de profito-situationnistes. Il vous faudra donc aller jusqu’au bout de votre logique. D’autres patriotes attendent de vous que vous leviez enfin les ambiguïtés de votre famille au pouvoir depuis cinq décennies déjà. Vous êtes la personne la mieux indiquée pour lever le voile sur la filiation d’Ali Bongo Ondimba. « C’est celui qui s’était assis près du feu qui avait écouté le bouillonnement de la marmite », m’expliquait mon papy. (Suite en page 2)

Dans ce numéro - Héritage et Modernité rend le

groupe de Berre responsable du fractionnement du PDG P.2 Un plan a été ourdi, qui consisterait à aller attaquer les familles Myboto dans leur résidence de La Sablière. Un remake de l’épisode qui a déjà eu lieu ailleurs. Pour ce faire, des voyous des quartiers Akébé ont été mis à contribution pour cette sale besogne. Le but de cette manoeuvre est de dissuader Onaïda de poursuivre sa procédure à Nantes. Nous y reviendrons.

La lettre de René Ndemezo’o

Nous avons tout entendu et avons simplement retenu une agitation forte d’une proie prise dans un filet. Nous voulons rassurer nos lecteurs qu’avant publication de ce document (en page 8, dans notre livraison du 19 octobre 2015), nous nous sommes assuré de tous les balisages. C’est la raison pour laquelle nous trouvons vain de nous engager dans quelque polémique que ce soit. Nous avons appris, via une réaction – du nègre de service ou du concerné –balancée sur les réseaux sociaux tard dans la soirée du 20 octobre dernier, puis retirée une heure plus tard, et que l’on a retrouvée dans certaines presses locales, qu’une action en justice est envisagée sur cette affaire. Nous disons chiche ! A titre de rappel, dans sa pratique administrative, nombreux sont les collaborateurs, proches conseillers et autres, à qui Omar Bongo Ondimba conseillait de signer à l’encre bleue, pour authentifier leurs correspondances. Sur ce, les initiés des arcanes comprendront. Seulement, quand on a pratiqué la chose publique à un niveau très élevé, côtoyant les hommes de pouvoir, et en étant soi-même l’un d’entre eux, on en déduit qu’on connaît les usages. Et lorsqu’on connaît les usages, on se tait. Désiré Ename Directeur de la Publication

Interview de Michel Mpega à lire dans notre prochaine édition

ACTUALITéS

LETTRE A MONSIEUR LEON-PAUL NGOULAKIA (Suite de la page 1) Notre pays a trop souffert des ambigüités de votre famille, la famille régnante. Il est vraiment grand temps qu’on y mette le holà. Nous n’allons pas sacrifier l’avenir de tout un pays sur l’autel des appétits politiques boulimiques d’un seul homme qui, à travers la magistrature suprême, veut réaliser tous ses rêves d’enfant gâté. Non ! La patrie passe avant tout. Ni Dieu, ni nos ancêtres ne nous pardonneront cette passivité. Ditesnous la vérité, même si vous êtes de cette famille régnante. Mon grand-père disait : « Même la poule noire pond des œufs blancs. » Vous devez donc capitaliser votre démission du PDG. Aujourd’hui, plus que par le passé, vous avez un devoir de dédouanement moral. Rendez féconde la paix que votre famille a entre ses mains. L’acte que vous avez posé vous met en rupture de ban avec une bonne partie de votre fratrie, mais ne reculez pas pour autant. Foncez ! Si vous vous rétractez, vous êtes un homme mort, parce qu’Ali Bongo Ondimba ne vous fera pas de cadeau. « Qui tue un lion, en mange. Qui le blesse est mangé », disait mon aïeul, grand chasseur de son époque. Vous avez longtemps géré le service des renseignements. Vous connaissez donc la vérité sur la filiation de votre cadet, devenu par défaut président de la République. Le peuple gabonais attend de vous cette vérité qui libérera définitivement notre pays. Rassemblez votre courage et brisez les chaînes de la peur. La nation vous en sera reconnaissante. Démolissez ce château de mensonge bâti depuis cinq décennies déjà. Vous en êtes capable. Mon papy disait : « Le petit taureau qui décime le troupeau de vaches naît dans ce troupeau. » Ce que vous direz sera crédible aux yeux de l’opinion nationale et internationale, du reste prise à témoin par votre oncle après votre démission. Votre famille tremble. Elle sait que vous contribuerez à faire bouger les lignes. Qui d’autre est mieux placé que vous pour nous dire la vérité sur Ali Bongo Ondimba ? Même si ce dernier ne laisse pas apparaître des signes de panique, il ne dort plus du sommeil du juste puisque vous connaissez ses secrets. « Deux tortues savent où se mordre », me faisait remarquer mon grandpère. Cher Monsieur, vous serez calomnié, mais ne considérez pas les attaques et les coups bas de vos détracteurs comme des blessures à soigner. Il faut réagir par la manifestation de la vérité. Ralliez la cause grandissante des patriotes avides du changement dans notre pays. Engagez-vous aux côtés de ceux qui veulent, contre vents et marées, construire un Gabon nouveau. C’est une noble cause. Intégrez la synergie des patriotes. Ne restez pas seul pour ne pas être vulnérable. « La panthère ne dévore pas les serpents en groupe », me rappelait mon aïeul. Jonas MOULENDA

Communiqué Les familles Eyaga Ango, Zomo Ango, Angwe Ndazogo, Essouma Emeghe et Obame Minko ont la profonde douleur d’annoncer aux parents, amis et connaissances de Libreville et Minvoul, le décès de leur mère, grand mère, arrière grand mère, Mengue M’Ango Hélène (EFOU), survenu à Mbounaneville par Minvoul, le 21 octobre 2015, à l’âge de 115 ans des suites d’une maladie. Le programme des obsèques sera communiqué ultérieurement.

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Héritage et Modernité rend le groupe de Berre responsable du fractionnement du PDG

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a démocratie est un régime adossé à la liberté d’expression et le débat d’idées, même au sein d’un parti. C’est pour cette raison que le courant d’Héritage et Modernité (H&M) s’insurge contre les propos d’un groupe d’élus qui tentent de faire croire que le distingué camarade n’est plus soutenu par les députés PDG. Ces élus, emmenés par André Dieudonné Berre, ont cru bon faire une déclaration dite de loyauté dans un hôtel de la place. H&M fait observer que cette sortie, « voulue par les hiérarques à l’ambiguïté connue de tous, est, sur la forme, sujette à caution ». En outre, il estime que seul le président du groupe parlementaire ou le secrétaire général du parti peuvent convoquer les députés. Ce qui n’a été le cas. De même, H&M déplore l’ostracisme dont ses membres font l’objet. Ce qui tendrait à laisser penser que ceux-ci seraient à l’origine du complot contre le chef de l’Etat. Il constate que leurs collègues ont pris la responsabilité de fractionner le parti. Ils devront donc en assumer les conséquences. Sur le fond, H&M, accusé de « mauvaise foi » et de développer « une analyse tronquée », estime que la déclaration des élus peut être perçue par le peuple gabonais comme un déni des réalités. Plusieurs questions s’imposent néanmoins après la sortie de « loyalistes ». D’abord, se demande H&M, pourquoi deux

grands dignitaires ont-ils démissionné du parti si le climat politique était si bon ? Ensuite, qu’est-ce qui expliquent les grèves à répétition dans l’administration, notamment dans les hôpitaux et les écoles ? Et ces PME confrontées à de graves difficultés de trésore-

rie et obligées de licencier massivement quand elles ne mettent pas la clé sous paillasson ? Et ces chantiers visibles dans notre environnement immédiat arrêtés pour faute de financement ? Et les insuffisances du système judiciaire mis en lumière par l’affaire Serge

Maurice Mabiala ? Pour H&M, la loyauté et la fidélité au président de la République revient d’abord à dénoncer les insuffisances et les abus. Il conclu que cette déclaration est un leurre, qui participe de la politique spectacle contre laquelle H&M s’insurge.

Vie des entreprises

Les agents d’Airtel Gabon en colère Sophie Beuve Mery

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u 15 au 31 0ctobre, Airtel Gabon suscite des départs volontaires. « Que ceux qui ne veulent plus travailler dans la boîte demandent à partir, ils bénéficieront de vingt deux mois de salaires et de toutes les mesures d’accompagnements ». C’est l'information que le Directeur général, Heiko Schlittke, a donnée à ses collaborateurs, le 15 octobre dernier. En effet, depuis la baisse des recettes dans cette maison de téléphonie mobile, les dirigeants ont décidé de réduire les effectifs. Mais les conditions de départs volontaires ne respectent pas les normes. Car il n’existe aucune convention collective (CC) dans le secteur de téléphonie mobile. Une CC est un texte définissant chacun des statuts des employés d'une branche professionnelle, après une négociation passée

entre les organisations représentant les employeurs et celles représentant les salariés (syndicats). Elle permet, pour les travailleurs, d'avoir un cadre pour le contrat de travail, qui permet de garantir des conditions de travail et de revenu à minima. Pour les employeurs, la CC permet de garantir une paix sociale, en désamorçant les conflits globaux par la négociation. Malheureusement, en ce qui concerne le Groupe Airtel Gabon, il n’y a point

de CC et les agents sont à la merci de l’employeur. Cette situation de départs volontaires s’est passée au RDC et au Congo-Brazzaville, mais les travailleurs s’en sont sortis avec 36 et 40 mois de salaire, car ils étaient protégés par la CC. Au Gabon, le vide juridique a conduit l’employeur à n’en faire qu’à sa tête. Ainsi, nombreux sont ceux qui, après plusieurs années d’exercices, doivent partir avec seulement vingt deux

mois de salaire et ne pourront même pas atteindre 20 millions de francs cfa. Une situation que les employés déplorent. « Nous voulons bien partir, car nous sommes fatigués de travailler dans le stress et l’angoisse. Mais ce que l’on nous propose ne nous satisfait pas ». Un avis partagé par plusieurs employés, qui accusent l’employeur de s’être installé au Gabon sans la CC. En réalité, ces départs volontaires proposés ne sont qu’un camouflage, car un délégué du personnel, exaspéré par cette injustice a clairement déclaré à l’endroit de ses collègues qu’une liste de personnes à licencier était déjà établie et que le Groupe Airtel n’attend que la fin des départs volontaires pour commencer à licencier. À cause d’un vide juridique, plusieurs personnes vont bientôt se retrouver au chômage et rechercher un nouvel emploi.

POLITIQUE

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Nantes

Les avocats d’Ali Bongo Ondimba demandent à la France de rendre le jugement Ramses Frank, à Nantes

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près plusieurs la renvois, plainte d’Onaïda Maisha Bongo Ondimba Ali Bongo contre Ondimba a finalement prospéré. L’audience a eu lieu au tribunal de première instance de Nantes, jeudi 22 octobre dernier, à 14 heures. Dans la pièce, étaient présents, outre le juge de séance, l’avocat d’Onaida, Eric Moutet, l’avocat de la défense, Me Dumont Benghi, mais aussi Me Relongoué, flanquée de son avocat, Me Patrice Moundoubou, avocat au barreau. La vindicative et suffisante Dumont-Benghi contestera sa présence dans la salle (voir boîte), tout comme elle s’organisera pour exclure du jeu l’avocat gabonais Me Gisèle Eyue, qui avait fait le déplacement de Nantes et que l’égo surdimensionné de Dumont-Benghi empêchera de se présenter à ce procès. L’on apprendra, par la suite, que cette dernière s’est déconstituée via une lettre adressée à son client dès ce jeudi-là. Tout cela a annoncé une ambiance exceptionnelle. Et ça n’a pas loupé. Dumont-Benghi dévie l’axe du droit La ligne de défense de l’avocat d’ABO a consisté à rendre le parquet de Nantes incompétent. Dans un premier temps, Me Dumont Benghi a cherché à dévier l’axe de cette affaire, en voulant amener le tribunal à opérer un choix distinct entre le litige successoral et la « spécificité » de la juridiction. Une ligne habile qui laissait déjà entrevoir le point de chute de cet avocat. A savoir démontrer l’incompétence de la juridiction, qui ne saurait juger ni la succession ni la filiation ; voulant ainsi s’écarter de l’objet de la plainte d’Onaida, qui se limite à l’accès à l’acte de naissance. Car pour elle, au regard de la loi, Onaida n’est pas fondée à demander au juge de l’état civil l’acte de naissance de son client. Sauf que Me Dumont Benghi quittera les sentiers du droit pour porter le débat sur le champ politique. Pour elle, Onaïda « est instrumentalisée par sa mère ». Qu’elle s’est fiée à des « torchons gabonais », au « torchon de Péan » et à des « torchons sur internet » pour asseoir sa plainte. Pour elle, Onaïda « faisant feu de tout bois, n’avait aucun intérêt légitime à

demander l’acte de naissance avec filiation de son client ». Par ailleurs, « les actes de notoriété ne pouvant être établis qu’après la production de toutes les pièces», elle a déclaré avoir cet acte de naissance et qu’il se trouve avec le notaire Me Brahim qu’elle « a fait désigner ». Ce qu’elle a réitéré sur Radio France International samedi dernier. Pourquoi, pourquoi et pourquoi ? La déclaration de Me Dumont-Benghi suscite de fait une interrogation : en faisant désigner Me Brahim, l’a-t-elle fait avec le consentement de tous les héritiers ? Tout comme elle soulève d’autres questions de fond, au regard des démarches entreprises par Me Eric Moutet. Démarches antérieures qui ont conduit à cette audience de référé. Si Me Dumont-Benghi confirme que l’acte de naissance est entre les mains du notaire, pourquoi cette dernière ne l’a pas produit quand Me Moutet l’a saisi ? Pourquoi à toutes les demandes adressées, dont la plus récente, le 8 octobre dernier, aucune n’a eu de suite ? Et pourquoi, à cette audience, après cette déclaration, Me Dumont Benghi n’a pas simplement sorti cet acte de naissance, pour convaincre le parquet qu’Onaida était effectivement « victime de son environnement », le présenter à son avocat, quitte à rechigner à ne pas lui donner physiquement le document. Et cela à l’appréciation du juge de l’état civil qui, lui, devra rendre son jugement en se fondant sur la plainte ? Car ce qu’Onaïda veut, c’est cet acte et sortir sereinement de l’indivision de la succession d’OBO. Plus cocasse sera l’intervention de l’avocat de Relongoué, Me Patrice Moundoubou. Rappelons que Me Relongoué, notaire

de la succession déchue, a été appelé à comparaître par Me Eric Moutet, vu ses affirmations dans l’acte de notoriété, à savoir que le légataire universel Ali Bongo Ondimba pouvait présenter ses documents ultérieurement. Et en définitive par la réplique de Me Moundoubou à Dumont Benghi qui contestait la présence de sa clientedans le box des témoins, lui disant que « Maitre Brahim (qu’elle a fait désigner sans le consentement de tous les héritiers NDLR) n’a pas dressé d’acte de notoriété mais Maitre Relongoué. Elle sait qui a fait quoi et qui a présenté quoi». Alors que dans la salle on s’attend à ce qu’enfin éclate la vérité, Me Moundoubou botte en touche et rejoint Me Dumont Benghi, d’abord, pour attaquer la légitimité d’Onaida à demander l’accès à cette pièce d’état civil ; ensuite, pour rappeler au président de séance que « nous sommes devant les tribunaux contre un président de la République». Il demandera sa disculpation. Non sans rappeler que le même président de la République est devant les tribunaux gabonais contre sa cliente et lui réclame 10 millions d’euros. Mais que leur attitude ne consiste qu’à « apporter leur part de vérité ». Que savait Relongoué ? Dans la poursuite de son témoignage, qui se muera en plaidoirie, l’avocat de Relongoué va alors étonner l’assistance : « Nous sommes venus sans l’acte de naissance. » Puis patatras ! Le procès va prendre une tournure politique. Me Dumont Benghi aura préalablement donné le ton, en disant en substance qu’Onaida, « instrumentalisée » par un environnement qui a d’autres desseins, est en train de troubler la quiétude du chef de

l’Etat gabonais. Me Moundoubou renchérira, et ira plus loin. Evoquant, pêle-mêle, le cas ivoirien, le cas de Koffi Yamegnane au Togo, ajoutant même le massacre rwandais, comme s’il avait été causé par le fait d’un acte de naissance. Pour dire ensuite que, s’agissant de tous ces cas, l’opinion «a accusé la France. On veut que vous siffliez le début du match». Entendez, que la France siffle le début des massacres au Gabon. Qui d’Onaida ou de la défense ferait-il feu de tout bois, comme l’a si bien avancé Me DumontBenghi ? Par la suite, Me Moundoubou reviendra sur la légitimité de la plaignante à formuler sa demande. La liant sans cesse au fait politique. Reconnaissant de fait la légitimité d’Ali Bongo Ondimba sur le patrimoine et que ce qui lui revient c’est « d’assurer les frais des droits réservataires ».

Puis, il demandera au président de séance « d’empêcher d’ouvrir la boîte de Nantes ». L’on a tout compris. Mais on le cernera encore mieux lorsque le procureur de la République viendra dire que « la demande est juridiquement recevable, mais qu’elle est mal fondée »,et que, ce faisant, la bonne juridiction est le Gabon. Car, dira-t-il, « le parquet de Nantes n’est pas le juge de la filiation, mais le juge de l’état civil ». Il poussera plus loin en parlant « d’éléments de contexte » liés au développement de Me Patrice Moundoubou, et qui montrerait « l’Etat d’esprit d’Onaïda ». « Faux », dira Me Moutet, «nous ne demandons pas de trancher sur la filiation, mais sur l’accès à l’acte de naissance ». Et c’est à ce niveau que tout devient intéressant. Le secret du Prince Car, au mois de février, le procureur, qui ne se déclare pas incompétent, demande à la plaignante de se référer au notaire, seul habilité à obtenir l’acte de naissance complet. Le procureur reconnaîtra que « la demande est juridiquement recevable » et qu’en mars il s’était « opposé » parce qu’« il ne voyait pas l’intérêt légitime de cette demande ». Or, il se trouve que c’est ce même procureur qui ouvrira à Onaida le chemin de Nantes. C’est pour cette raison que son argument de la plainte « mal fondée » participe d’un autre « élément de

contexte » qui est la personnalité qui fait l’objet de la plainte. Aussi, Me Eric Moutet, avocat d’Onaïda, s’est-il demandé « en quoi le décret 02/62 autorise-til une exclusivité » ? L’article 9 du décret n°02/1962 prévoit que les héritiers peuvent solliciter un acte complet. Et sur cette base, à juste titre, il posera une autre question de taille : « Comment le tribunal de Libreville peutil prendre une décision qui s’impose au chef d’état civil de Nantes ? » Là est toute la question. A l’audience, DumontBenghi et son soutien de circonstance, Me Patrice Moundoubou, avocat de Relongoué, resteront curieusement bouche cousue lorsque Me Eric Moutet souligne « l’impossibilité physiologique absolue» d’Omar Bongo et Joséphine Kama de donner naissance à deux enfants en l’espace de quatre mois et quatre jours. Sur l'incohérence des dates de naissance d’Annick Ngozi Okwonko (4/06/59) et Ali Bongo Ondimba (9/02/59), qu’il souligne avec insistance, aucun des adversaires n'a osé répliquer, ni même le procureur. D’où la conclusion de Me Eric Moutet, avocat d’Onaïda :« Si on nous alignait autant d'efforts et d'avocats pour nous refuser l'accès à un simple acte d'état civil, c'est bien qu'il y a derrière tout cela un important secret, le secret du Prince... »

« Que fait Maître Relongoué ici ? »

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a question à l’audience n’émanait ni de l’avocat d’Onaïda, Me Eric Moutet, ni du président de séance, encore moins du procureur de la République. Elle a été posée par l’inénarrable Me Dumont-Benghi, une femme d’un certain âge qui peine à dissimuler les shoots au botox. Elle ne s’arrêtera pas à poser cette question. Elle va enchaîner : « Mon client est en action en taxation d’honoraires contre elle. Elle n’a pas sa place ici. » En effet, Me Relongoué a empoché 264 millions de F CFA au titre d’honoraires, dans le cadre de l’avancement de son dossier. Il semble tout de même que la pratique ne soit entachée d’aucune irrégularité. Dumont-

Benghi poursuivra et lui rappellera qu’elle n’avait pas qualité à intervenir, car elle avait été destituée et remplacée par un autre notaire, Me Brahim, seule reconnue aujourd’hui par la succession et choisie par elle. Dumont-Benghi ne s’arrêtera pas en si bon chemin. Elle ajoutera qu’en plus de l’action en taxation, il ya aussi des actions en responsabilité. Car c’est à cause d’elle que le dossier, qui était censé être tenu au secret, s’est retrouvé dans « tout type de torchon ». Et que cette situation a impacté la crédibilité du chef de l’Etat. C’est à mots à peine voilés qu’elle a presque signifié à Me Relongoué de ramasser ses clics et ses clacs et de prendre la porte. Toute cela se passe devant une audience médusée. Dumont-Benghi ajoutera

en substance qu’elle avait honte au regard des montants que Me Relongoué réclame, et que c’est par décence qu’elle ne communiquera pas ce montant au cours de cette audience. Puis elle lui demandera de « se faire respecter ». Malgré toute cette humiliation, devant des journalistes, Me Relongoué, qui n’interviendra que via son avocat, s’engagera dans la ligne de défense pour dénoncer la démarche d’Onaïda et prétendre avoir établi l’acte de notoriété sur la base d’un acte qui lui a été présenté suivant le registre n°97 du fichier d’état civil de Brazzaville. Sauf que, dira son avocat, «nous sommes venus sans l’acte de naissance ». Y a l’acte ou y a pas l’acte ? Réponse le 12 novembre prochain.

POLITIQUE

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Présentation du programme de politique générale

Le Premier ministre doit se pointer devant les députés d’entrants dans l’actuel gouvernement et la configuration de l’équipe, il ne saurait être question d’une « simple modification». Dix-huit personnes ont fait leur entrée, le nombre de membres a augmenté, sans oublier la création des postes de vice-Premier ministre et de ministre d’Etat et le recrutement d’un opposant (fût-il quantité négligeable). Autant dire un aggiornamento. Rien à voir avec le remplacement de ministres. Les Gabonais méritent d’être gouvernés autrement. D’où le président de la République tient-il le droit de se comporter avec une désinvolture qui consacre l’instabi-

Mihindou Bissielou

E

n attendant que les constitutionnalistes, qui n’ont pas toujours été unanimes, ici ou ailleurs, sur l’interprétation de certaines dispositions de la Loi fondamentale, fassent leur lecture de l’article 28a de la Constitution de la République gabonaise (relatif à la présentation du programme de politique générale), nous persistons à affirmer que le Premier ministre, nommé le 11 septembre 2015, doit passer, cette semaine, devant l’Assemblée nationale. Alors que l’effervescence de plusieurs députés PDG (les législateurs qui votent la Constitution), obligés de clamer leur soutien à l’exécutif, le 21 octobre, dans un hôtel (une démarche contraire au principe constitutionnel de la séparation des pouvoirs), montre que Daniel Ona Ondo est attendu dans cette chambre du Parlement, le quotidien gouvernemental «L’Union», dans son édition du week-end, a opportunément tenté d’aller à la rescousse d’un chef du gouvernement assommé par la peur de ne pas obtenir la confiance des députés, donc de tomber. Tant le Premier ministre, nommé pour la première fois en janvier 2014, n’a cessé d’essuyer les critiques des parlementaires, pour insuffisance de résultats due en grande partie à une incompétence notoire. Pourquoi Daniel Ona Ondo doit-il se pointer devant les députés ? L’article 15 de la Constitution dispose que « sur proposition du Premier ministre, il (le président de la

République) nomme les autres membres du gouvernement ». Si le Premier ministre a proposé celui du 11 septembre, cela signifie que l’équipe nommée le 3 octobre 2014 n’existait plus. Mais pourquoi n’existait-elle plus ? En l’occurrence, il y a deux cas pour qu’un gouvernement cesse d’exister : soit le Premier ministre a démissionné et tout le gouvernement est tombé, soit le président de la République a démis toute l’équipe. Ici, la deuxième hypothèse est plausible parce que le fait est courant. En janvier 2014, pour nommer Daniel Ona Ondo, le chef de l’exécutif avait révoqué l’équipe Raymond Ndong Sima, dont il n’était pas satisfait. A plusieurs reprises, il l’avait exprimé par le canal de son porte-parole. Evidemment, pour un fonctionnement régulier de l’Etat,

après avoir démis un gouvernement, le président de la République doit nommer un nouveau Premier ministre, qui doit former un gouvernement. L’heureux élu peut être le sortant. Donc, la reconduction de Daniel Ona Ondo est une nouvelle nomination. Qui dit nouvelle nomination dit présentation du programme de politique générale au bout de quarante-cinq jours, conformément à l’article 28a de la Constitution. C’est ce à quoi nos législateurs s’attendent cette semaine, même si leur futur interlocuteur, redoutant l’exercice, parce qu’il n’a rien de nouveau à proposer, ne s’y est pas vraiment préparé. Les habitudes acquises dans la gouvernance approximative qui caractérise le régime presque cinquantenaire au Gabon poussent les tenants du pouvoir à jouer avec le mot « remaniement ». Vu le nombre

Assemblée nationale

Julien Nkoghe Bekale rabroué par les siens

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a scène s’est déroulée en début de semaine dernière à l’Assemblée nationale, lors du vote définitif en commission de la suppression de la disposition qui obligeait toute personne, démissionnaire de son parti, d’attendre un délai de quatre mois avant de prétendre reprendre une activité politique. Julien Nkoghe Bekale, qui était absent lors de l’examen des nouvelles dispositions, a pris la parole pour stopper l’initiative. Sans doute auréolé de son nouveau titre de porte-parole en second – André Dieudonné Berre étant le premier – du courant Permanence Politique Paul Biyoghe Mba (PPPBM). Au nom de son chef, Paul Biyoghe Mba, qui ne veut à aucun prix qu’on touche à cette disposition, le député du KomoMondah a indiqué à ses collègues du PDG qu’ils « ne pouvaient pas voter une telle disposition ». La raison étant que ce verrou « avait été mis en place pour protéger le distingué camarade président (…) ». Cette révélation est restée en travers de la gorge du député de Bitam, car la loi, par définition,

« est une règle juridique suprême, générale et impersonnelle ». Patrick Eyogho Edzang s’est levé pour le faire remarquer au magistrat Julien Nkoghe Bekale. Alexandre Barro Chambrier et Michel Menga ont saisi cette occasion, pour signifier à leur camarade Julien Nkoghe Bekale qu’il était impossible de faire marche arrière. « Il fallait être là au début du processus »,

indiqueront-ils à l’intéressé. La disposition fut votée. Elle n’attend plus qu’un vote en séance plénière pour être définitivement adoptée par l’Assemblée nationale. Le porte-parole en second du groupuscule PPPBM n’a pas digéré l’échec. Tous les noms d’oiseaux ont fusé entre les députés des deux courants. Certains ont presque failli en venir aux mains.

lité ? Au motif qu’il s’agit de « remaniement », il peut se permettre de changer de gouvernement en fonction de ses humeurs, des comptes qu’il veut régler à un ministre jugé peu docile ou de ses petits calculs politiciens. Le président de la République s’autorise à nommer un nouveau Premier ministre sans prendre le décret de révocation du précédent ou sans que ce dernier ait présenté sa démission. Ce fut le cas en janvier 2014 avec la nomination de Daniel Ona Ondo. Maintenant, le chef de l’exécutif, abonné à la violation de la Constitution dont il devrait pourtant être le garant

(article 8), peut toujours refuser de sommer son Premier ministre d’aller à l’Assemblée nationale. Ali Bongo a, par exemple, condamné l’actuelle Commission sur la biométrie à l’illégalité permanente. Contrairement à la loi qui dispose qu’il doit d’abord nommer le président de cette instance dans un décret et tout le bureau dans un autre, il avait nommé, en novembre 2012, tout le monde en bloc. De plus, «le souverain» avait attendu plus d’un an pour appliquer cette loi votée en septembre 2011. Digne d’une république bananière qui trouve encore, curieusement, des défenseurs.

Réunions des groupes parlementaires PDG

Le parti veut reprendre la main

Les députés et sénateurs du Parti démocratique gabonais (PDG) sont convoqués aujourd’hui par leurs présidents de groupes respectifs. Objectif : tenter une reprise en main des élus assortie d’une volonté d’empêcher par tous les moyens le vote définitif des dispositions applicables en cas de démission d’un parti politique abrogées par la Commission des lois de l’Assemblée nationale.

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JMS

e secrétaire général du PDG et le président du groupe parlementaire PDG à l’Assemblée nationale, respectivement Faustin Boukoubi et Luc Marat Abyla, vont reprendre du service durant la journée. L’un va s’adresser aux députés PDG. L’autre va faire le même exercice en direction des sénateurs du même parti. La mission sera la même. Remettre de l’ordre dans les rangs après les tentatives de passage en force du groupuscule Permanence politique Paul Biyoghe Mba (PPPBM) pour montrer à Ali Bongo Ondimba que le 1er vice-Premier ministre contrôle les parlementaires PDG. Il s’agira pour les deux hommes de réaffirmer leur autorité sur les groupes et sans doute d’inviter les élus à ne plus prendre part aux nombreuses distractions à venir que ne manquera pas de leur soumettre PPPBM. Ce point aura sans doute assez facilement l’assentiment des députés. Car plusieurs d’entre eux, en dehors des protégés du président de l’Assemblée nationale, Guy Nzouba Ndama, ne savaient plus quel comportement adopter. La communication du président du groupe parlementaire PDG à l’Assemblée nationale et du secrétaire général contribuera à clore le débat de leadership que les porte-parole de PPPBM, André Dieudonné Berre et Julien Nkoghe Bekale, voulaient engager. Le second point à évoquer par Faustin Boukoubi et Luc Marat Abyla est plus délicat. Il s’agit ni plus ni moins que de demander aux élus du PDG de ne pas voter en séance plénière la modification de la loi électorale. Notamment la disposition qui empêche toute personne démissionnaire d’un parti politique de reprendre, avant un délai de quatre mois, toute activité politique. Ali Bongo Ondimba et ses ouailles ne veulent pas en entendre parler.

Julien Nkoghe Bekale a tenté de stopper le processus à l’Assemblée nationale, mardi dernier. Sans succès. Ses propos, peu courtois, parlant de trahison en direction de ses collègues, ont fait en sorte que Michel Menga, un membre du courant Héritage et Modernité (H&M), et Jules Marius Ogouébandja, un activiste du PPPBM, en soient presque venus aux mains. Suite à l’échec de Julien Nkoghe Bekale, le cabinet du chef de l’Etat a donc sorti l’artillerie lourde pour corrompre les élus aux fins de les ramener à la raison. Un député frondeur est formel. « Il y a, depuis quelques, jours beaucoup d’argent en circulation. J’ai personnellement été contacté pour avoir ma part en échange d’un vote contre la nouvelle disposition. Mais j’ai refusé l’offre. Les autres en feront-ils autant ? Je ne puis vous répondre avec certitude. » Du côté des proches des membres de H&M, c’est le même son de cloche. Ce groupe reconnaît être allé très loin pour se contenter de l’habituel « mangement » que le pouvoir distribue aux élus à chaque fois qu’il se sent en danger, sans véritablement régler les ques-

tions de fond. Ils sont déterminés à refuser une telle offre. Les plus farouches défenseurs de leurs idées sont mêmes prêts à aller au crash lors de cette journée. « S’il le faut. » La rencontre des parlementaires PDG sera déterminante pour l’avenir de leur parti. Tout comme elle permettra à l’opinion de jauger la détermination des membres de H&M à aller au bout de leur logique. Une acceptation de leur part de l’argent de la corruption que vont leur proposer dans la journée Faustin Boukoubi et Luc Marat Abyla signifierait qu’ils ont renoncé à leur combat. Sans avoir la garantie qu’Ali Bongo Ondimba et ses maîtres à penser du Mogabo leur réserveront une quelconque place au soleil. Au contraire, la haine viscérale qu’ils leur vouent les prédestine à la potence. Repentance ou pas. Comme ce que subit actuellement Serge Maurice Mabiala. Si, au contraire, les membres de H&M décident de rester aux côtés du peuple, en exigeant la démocratisation du PDG, ils n’auront pas d’autre choix que de refuser l’argent sale pour mieux se préparer, en vue d’initier des actions qui vont libérer le PDG du joug de la famille Bongo.

Référendum au Congo Brazza

de Désiré ENAME

Hollande, Sassouffit comme ça !

Rompre avec l’Etat OBO N

ous assistons, depuis 2009, à des démissions en série d’anciens barons du systèmeBongo. Cette tendance s’est amplifiée en 2014, avec la sortie de Jean Ping, au début du mois de février. A enchaîné Jacques Adiahénot, le 6 mars, appelant à la formation d’un front de l’opposition. D’autres, qui avaient tissé une alliance circonstancielle avec ce système, comme Pierre Amoughe Mba, en mai, et Didjob Divungi Di Ndinge, en décembre, suivront. Certains autres, dans le silence des initiés, s’en sont démarqués. Puis en 2015, la sortie retentissante de René Ndemezo’o Obiang et la toute récente et certainement la plus emblématique, celle de Jean François Ntoutoume Emane, homme de conviction. A « Echos du Nord », nous n’avons jamais eu de cesse de souligner que chacune de ces sorties était une réponse aux aspirations du peuple gabonais, avide de changement et non pas de recomposition ou de restauration. Mais surtout avide de rompre avec le système-Bongo. La volonté des Gabonais, c’est cette rupture avec les symboles de ce système que sont l’argent ; la manipulation des consciences ; la malveillance ; le panurgisme ; l’infantilisation; la corruption ; le chantage, etc. Que chacun d’entre nous ferme les yeux et cherche dans le tréfonds de sa mémoire à revisiter le jeu du marionnettiste Omar Bongo Ondimba. Actionnant à sa guise ministres et autres collaborateurs. Ceux dont il apprenait quelque bouderie ou sur qui se tissait un dossier de détournements des deniers de l’Etat affectés, par exemple, à la construction d’un hôpital dans leur province, ce n’est pas la justice qui l’attendait. Mais la possibilité d’en commettre plus. Pas étonnant que les tiroirs de la Commission contre l’enrichissement illicite explosent de dossiers. Ce système assis sur l’impunité doit finir. L’argent a été le dénominateur essentiel de ce système, non pas pour servir le développement, mais pour perpétuer l’Etat-malveillant. La méfiance était développée entre différents collaborateurs, pendant qu’OBO se satisfaisait de petites intrigues qui les dressaient les uns contre les autres. Hissant au sommet tel roitelet dans sa province, rabaissant tel autre et attisant la jalousie d’un autre. Ou encore, alignant des promesses de postes à venir. Nous ne nous attarderons pas sur le mode de production de cet Etat, essentiellement axé sur la cueillette et la redistribution de quelques prébendes entre quelques affidés. C’est ce mode de gestion des hommes où la valeur est reconnue au plus médisant qui impose la rupture. « Echos du Nord » dénonce les travers de ce système. L’argent avec son corollaire d’achat des consciences ne peut plus être un facteur central dans le jeu politique. La valeur cardinale est l’homme, maître de ses choix et de son destin. C’est son épanouissement qui est à rechercher et à promouvoir à travers l’éducation et la formation de l’esprit principalement. Mais le débat est faussé lorsqu’on pense le manipuler et l’orienter parce que certains veulent asseoir l’ordre qui leur convient et certainement faire oublier ce qui a été arraché aux Gabonais et qui, légitimement, devait leur revenir : les immenses richesses de ce pays, devant permettre d’asseoir des performances et l’équité. Afin d’aboutir à une société plus juste et dans laquelle le respect mutuel est la norme. Ce n’est pas une simple utopie, c’est ce modèle de société qu’ont bâti les pères fondateurs de la République gabonaise. La rupture avec le système-Bongo, dans ce qu’il a de plus mesquin, impose le retour aux valeurs essentielles qui consolident la marche des hommes qui, à leur tour, définissent des objectifs communs et un destin commun. Elle impose de renouer avec ces valeurs que sont la vérité, la sincérité, la loyauté, et la confiance. Là-dessus, nous n’aurons de cesse de louer la bravoure de jeunes étudiants gabonais qui sont restés fidèles à la vérité de leur combat depuis 2012. Ces jeunes, Nicolas, Blancpain, Ballack, Firmin et leurs amis, offrent aux Gabonais et notamment à nos hommes politiques une leçon : à savoir que dans nos batailles l’éthique est possible. Et que la vérité, la sincérité, la loyauté, et la confiance doivent en être au fondement. Ils sont restés constants et unis dans leur revendication soutenus par ces valeurs. Ce sont ces valeurs pour lesquelles on se battra toujours à « Echos du Nord ». Nous vous le prouvons depuis dix ans à travers une ligne éditoriale constante. Nous n’empêcherons pas des contradicteurs d’en dire autrement, à condition qu’ils nous fassent la démonstration sur des sujets sensibles qu’on aurait esquivés ou mis sous l’éteignoir. Nous parlons des valeurs. Pour citer un modèle : André Mba Obame. Pour dire que c’est pour la sincérité de son acte de contrition devant le peuple gabonais que nous l’avons soutenu. Et c’est parce qu’il a prouvé à tous qu’il renouait, à travers cet acte de contrition, avec ces valeurs que jusqu’à la dernière goutte de son encre, « Echos du Nord » solidifiera sa mémoire et la rendra toujours vive. N’en déplaise aux pourfendeurs, sur qui nous pouvons avoir tant à écrire. AMO a eu de gros moyens pour asseoir sa politique, mais on ne lui connaît pas d’anecdote dans l’opposition où il a mis en avant ses moyens pour exiger la première place. Sa capacité à convaincre de sa vision était l’unique moyen par lequel il rassemblait et ratissait large. Et c’est parce qu’il avait une vision pour ce pays qu’il a été porté par tous. Le peuple n’est pas dupe. L’argent n’était pas en jeu. Qu’importent les insultes que nous avons essuyées toute la semaine dernière. Parfois débordant le cadre objectif et la mesure que tout être sensé doit avoir en s’adressant à l’autre. A cela, nous répondons que notre engagement à « Echos du Nord » est une quête permanente d’une liberté d’expression totale. Nous y avons consacré nos vies. Parfois au point de les mettre en péril. C’est donc pour cette liberté de ton, même si elle est injurieuse, que nous nous battons. Insultez, insultez, et insultez encore ! Là n’est pas notre problème. Bien au contraire, nous nous réjouissons de voir fleurir tant de liberté d’expression, tant sur les réseaux sociaux que dans les chaumières. Que même si des confrères entrent tête baissée dans cette foire, nous garderons toujours cette ligne traditionnelle des défenseurs des libertés, et notamment de la liberté d’expression. C’est notre devoir et c’est notre engagement pour le Gabon. Mais ce sur quoi nous ne transigerons pas, c’est la conviction qu’ont certains qu’ils peuvent redéployer le jeu des intrigues, la malveillance, les coups bas, la médisance, en somme l’EtatOBO et son système, dans l’opposition. Ceux-là seront traités avec la même énergie que l’on déploiera contre ceux qui veulent mettre la liberté des Gabonais en cage. Là-dessus, ils pourront compter sur notre capacité de nuisance. Nelson Mandela disait : « Tout ce qui se fait pour nous, sans nous, est fait contre nous. » La route est longue. Très longue. C’est à bon entendeur!

ECHOS DU NORD ECHOS Du Nord Une publication de la SARL Nord Edition Capital: 5.000.000 F CFA RCCM 2010B10189 N° Statistique 072771Y Siège Sotega - Libreville - Gabon B.P. 23 535 [email protected]

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ANALYSE

L’EDITORIAL

Directeur de la Publication Directeur de la Rédaction Désiré ENAME Tel: 05.02.50.73 Directeur de la rédaction délégué MIHINDOU BISSIELOU Rédacteur en Chef éditorial Jean Michel Sylvain: Mail, ansy1114@ gmail.com

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ès le 27 septembre dernier, le Front pour l’ordre constitutionnel et l’alternance démocratique (FROCAD) et l’Union pour la démocratie congolaise (UDC) se sont opposés au référendum qui peut permettre à Denis Sassou Nguesso, à plus 70 ans, de briguer un nouveau mandat, après 30 ans de pouvoir, deux coups d’Etats, et une guerre civile à son passif. À 71 ans, Denis Sassou Nguesso, qui, depuis 1979, est resté au pouvoir, à l'exception de cinq années, ne peut, en vertu de la Constitution, briguer un nouveau mandat. Mais le référendum de dimanche portant sur des amendements constitutionnels est de nature à englober un relèvement de l'âge maximum des candidats à la présidentielle et la suppression de la limitation à deux mandats. Vindicatif, à la veille de la tenue de ce scrutin référendaire, Guy Romain Kinfoussia, porte-parole du FROCAD, appelle au boycott : « Pour qu’une élection se réalise, il faut des urnes, des bulletins, des bureaux de vote, mais aussi des électeurs. Or, nos électeurs n’iront pas voter ». Il y a maintenant 6 ans, au micro de Marc Perelman de France 24, Sassou Nguesso, à la question de savoir s’il comptait rempiler en 2016, répondit ceci : « (…) on devrait laisser les peuples se prononcer, choisir s’ils doivent garder un président, le faire partir ou en prendre un autre ». En déclenchant le débat sur la modification de la Constitution, en vue notamment de faire sauter le verrou de l’âge, 70 ans étant l’âge limite pour prétendre briguer un mandat présidentiel, ainsi que la limitation des mandats, tout le monde saisit bien que les mots de Sassou sur France 24 prédisaient donc sa volonté de se maintenir à la tête du pays. Et, avec des accents de légitimation, François Hollande, sans tourner sa langue, s’est risqué à un soutien public : "Le président Sassou peut consulter son peuple, ça fait partie de son droit et le peuple doit répondre. Une fois que le peuple a été consulté - et cela vaut pour tous les chefs d’État de la planète - il faut veiller à rassembler, à respecter, et à apaiser", un discours aux antipodes de celui, qu’il

Stephen Jean Landry avait tenu à Dakar, en novembre 2014, où étaient à l’honneur les «belles démonstrations» et «belles illustrations» - les expressions sont de F. Hollandedes transitions burkinabé et tunisienne, alors en cours. Pour Elizabeth Pineau de Reuters France, ces cas, notamment le Burkina-Faso, étaient destinés à "(…) faire réfléchir, dixit François Hollande, ceux qui voudraient se maintenir à la tête de leur pays, en violant l'ordre constitutionnel, car ce sont les peuples qui décident (...) qui est légitime et qui ne l'est pas ». Un message compris par la journaliste de Reuters « comme un avertissement à plusieurs dirigeants assis devant lui dans le Centre de conférence Abdou Diouf de Dakar, tels le Congolais Denis Sassou N'Guesso ou le président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila, soupçonnés de vouloir changer la loi fondamentale dans leurs pays respectifs. » Hollande, qui aurait finalement gagné à demeurer en mode no comment sur la question du référendum de dimanche au Congo Brazzaville, s’est vu, la semaine dernière, contredit par des manifestations sanglantes qui ont retenti comme une condamnation populaire de la position française et une méfiance toujours plus accrue des Congolais face à cette consultation qui, pour eux, n’est qu’une voie légale, qui n’est qu’un "coup d'État constitutionnel" pour l’opposition, visant à retoucher la Loi fondamentale, afin de maintenir le septuagénaire Sassou au pouvoir qu’il exerce, avec sa famille, depuis 30 ans. Raison d’une colère qui peut expliquer que le Président français ait été contraint d’appeler les autorités congolaises à l’apaisement. Mieux, qu’il ait même opéré un retournement. Aujourd’hui, comme pour reprendre ses distances avec Sassou Nguesso, le chef de l’Etat français, dans un communiqué de la Présidence, « condamne toute violence, soutient la liberté d’expression et rappelle qu’il a souhaité, lors de son discours prononcé à Dakar le 29 novembre 2014, que les Constitutions soient respectées ». Ces nuances d’importance

Rédacteur en chef adjoint Raissa Oyasseko Tel: 05.54.40.46 Grand Reporter Jonas MOULENDA Grand Reporter 2 Prince Villa Coordinateur Pierre Durand Secrétaire de rédaction Harrys KOMBILA

qui précisent la position de la France, donnent à rappeler qu’en juillet dernier, François Hollande avait reçu à l’Elysée le même Denis Sassou-N’guesso, à la demande de ce dernier. Et à cette occasion, il s’était dit, par communiqué, attaché au fait que les référendums constitutionnels soient fondés sur « un consensus ». L’ébullition brazzavilloise démontre le contraire. Et tout le monde sait bien qu’aucun consensus ne peut se faire autour des deux verrous que Sassou Nguesso souhaite voir sauter : l’âge et le nombre de mandats. En outre, il est plus qu’évident que ce que F. Hollande a su dégager comme directions démocratiques à Dakar, en novembre 2014, lui a permis de mesurer, avant le déclenchement du scrutin, qu’au Congo Brazza, Denis Sassou Nguesso n’en prenait pas le chemin. Ce qui, pour Antoine Glaser, spécialiste de l’Afrique, sur le plateau de France 24, ne change rien au fait qu’en tant que : "(…) ancienne puissance coloniale, vous êtes toujours dans l’ambigüité (...) La France, poursuit-il, a évidemment des intérêts stratégiques et économiques en Afrique. Entre les discours sur la démocratie et les principes, et de l’autre côté la real-politique, elle a du mal à se défaire de ces ambivalences". Golfe de Guinée, quand tu nous tiens ! Et il se dessine, pour de nombreux observateurs, que la voie pacifique de l’alternance au Congo Brazza ne dépendra que d’une seule chose : que les deux verrous de l’âge et du nombre de mandats ne sautent pas. Dans le cas contraire, le pays, conduit sur les rives de la désobéissance civile, comme y a déjà fait appel l’opposition congolaise, pourrait replonger dans une guerre civile. Autrement dit, sur un terrain bien connu de Sassou Nguesso. Guerre civile et intérêts stratégiques et économiques dans le Golfe de Guinée ne riment pas. La solution consiste peut-être à se mettre à l’écoute de tous les peuples et de les accompagner. Et, rêvons un peu, aller jusqu’à dire avec le peuple congolais : SASSOUFFIT COMME ÇA !

Analystes: Ramses Frank / SYA/Arthur Page / Zang Memine Journalistes : Paul Davy / Fam Kesley / Henri Gauthier / Sophie Beuve Mery / Ledivin / Stephen Jean Landry / KTD Contribution spéciale : Pierre Durand / PLO / Gill Lawson Service Marketing: 05-54-40-40 / Maquette : EDN Impression : MULTIPRESS Distribution : SOGAPRESS Tirage : 20.000 ex. D.L.B.N N°2359/10/2015

POLITIQUE

ECHOS DU NORD N°308 du Lundi 26 Octobre 2015

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PDG/Démission de Léon Paul Ngoulakia

Le clap de fin pour Ali Bongo Ondimba

Le départ du « grand frère » du président de la République du Parti démocratique gabonais (PDG), mercredi dernier, est sans doute celui qui fera le plus de dégâts. Il signifie la fin de l’omerta dans la famille.

L

Arthur Page

éon Paul Ngoulakia serait rentré en fin de semaine dernière à Libreville. L’homme était à Pérouse, en Italie, où il a signé un partenariat industriel important, au nom des Caisses de stabilisation et de péréquation (Caistab), qu’il dirige, avec la société italienne Eurochocolate. Accord devant aboutir à la fabrication du chocolat au Gabon. Ce que l’on retiendra sans aucun doute de ce voyage, ne sera pas ce succès économique pour le Gabon. Mais plutôt l’annonce fracassante de son départ du PDG. Car les quelques lignes manuscrites qu’il a adressées à Faustin Boukoubi, pour annoncer son départ du navire, ont eu l’effet d’une bombe. Surtout à Franceville. D’autant qu’à ce moment précis, Ali Bongo Ondimba, qui venait d’essuyer l’échec du Jardin botanique de Libreville, lors de la célébration du 6e anniversaire de son règne, se trouvait dans le Haut-Ogooué, en famille, pour essayer de colmater les brèches. L’étendue des dégâts n’a pas tardé à être constatée. Sans doute sonné par le choc, Jean Boniface Assélé « Ontintin », l’oncle du partant, a cru devoir monter le premier au créneau, alors qu’il n’appartient nullement au PDG. Avec les mots

qui sont les siens et sans la moindre retenue, « Tonton Associé » a qualifié l’acte de son neveu de « suicidaire » pour avoir osé franchir le Rubicon. Les observateurs qui ont constaté, avec une certaine hilarité, que le président du Cercle des libéraux réformateurs (CLR) commentait avec une telle gravité ce que le PDG a l’habitude de qualifier d’« épiphénomène», à chaque démission d’un de ses cadres, doivent désormais comprendre une chose : la panique qui s’est emparée de Jean Boniface Assélé avait pour origine l’omerta familiale sur la filiation réelle d’Ali Bongo Ondimba.

Léon Paul Ngoulakia est sans doute l’une des rares personnes au Gabon capable de rétablir toute la vérité sur la filiation d’Ali Bongo Ondimba avec sa famille. En parlant de comportement «suicidaire », Jean Boniface Assélé voulait, sans doute, évoquer « le suicide » de plusieurs membres de la famille, qui avaient nié l’évidence, que le positionnement actuel de Léon Paul Ngoulakia, en homme libre, peut ébranler. Car s’il décide de parler aux Gabonais, comme le murmurent déjà ses soutiens, la vérité officielle sur Ali Bongo Ondimba, qui parle d’une naissance par césa-

Meeting du 5e arrondissement

Des signes d’agacement des cadres de l’Estuaire déjà perceptibles

L

SYA

’autopromotion de Paul Biyoghe Mba auprès de ses frères de l’Estuaire commence sérieusement à agacer bon nombre d’entre eux. A ce rythme, l’homme qui s’est autoproclamé « 1ere personnalité politique de l’Estuaire » risque d’exploser en plein vol, avant d’atteindre l’objectif de 2016. Le meeting qu’il a animé au nom de la Majorité républicaine pour l’émergence, samedi dernier, au 5earrondissement de Libreville, n’a pas échappé à cette règle. Il a tout fait pour « écraser » de possibles concurrents au sein du PDG. Tout comme il a soigneusement évité d’associer les cadres du PDG qui, jusqu’à présent, ne veulent pas reconnaître le statut usurpé de première personnalité politique de la province. Léandre Zué n’était pas de la fête. L’actuel secrétaire général adjoint du PDG s’occupait au centre-ville de Libreville, à bord d’un Hummer de couleur bleue. Alexandre Barro Chambrier, qui est son alter ego en qualité de membre du comité permanent du PDG pour l’Estuaire, était également absent. Tout comme Michel Menga. Même Adrien Nkoghe Essingone, pourtant bien présent, a failli ne pas pouvoir s’exprimer. Pourtant, il reste, après la démission fracassante de Jean-François Ntoutoume Emane, l’un des

notables du parti au pouvoir dans cet arrondissement. Pour y avoir milité toute sa vie, avant qu’une récente division administrative ne crée le département du Komo-Océan. Il a fallu l’intervention de certains militants du PDG du 5e arrondissement, selon nos sources, pour imposer à Paul Biyoghe Mba de bien vouloir partager la scène avec Adrien Nkoghe Essingone. Lors de son intervention, ce dernier a volontairement circoncis l’essentiel de son propos autour du thème de l’union. Par des exemples, il a démontré à Paul Biyoghe Mba que si le PDG avait perdu l’élection locale en 1996 dans cet arrondissement, c’est parce qu’ils s’étaient présentés désunis. En 2002, le tir avait été rectifié et le PDG remporta la victoire. Une manière indirecte de signifier au chef du groupuscule ‘’Permanence politique Paul Biyoghe Mba’’ (PPPBM), qu’en clivant le PDG comme il est en train de le faire, il ne prépare rien d’autre que l’échec à l’élection de 2016. Un cadre du 5e arrondissement à qui la parole a été donnée ne s’est pas privé de dire tout haut tout le mal qu’il pense du système. Il a demandé à Biyoghe Mba comment il comptait faire, sans poste, pour aller à la bataille de 2016 ? Jean Boniface Assélé viendra enfoncer le clou. Le président du Centre des libéraux réformateurs (CLR) fera une entrée en chanson en langue

téké. Il expliquera, sous le contrôle de Patience Dabany, que les paroles scandées signifiaient que « ce ne sont pas les amis qui mangent avec toi qui sont tes vrais amis. Mais plutôt ceux qui se battent avec toi ». Une manière là aussi, d’expliquer au leader du groupuscule PPPBM, nouvellement invité à festoyer avec Ali Bongo Ondimba, qu’il n’est pas son véritable ami. D’ailleurs, Assélé a demandé à Paul Biyoghe Mba de ne pas insulter ceux qui partent du PDG. S’ils partent, c’est tout simplement parce qu’ils sont mécontents. Sans doute parce que le distingué camarade n’a plus suffisamment de discernement pour déceler « les véritables amis qui se battent avec lui ». Paul Biyoghe est venu conclure, en demandant aux militants du PDG de pratiquer l’addition et la multiplication. Tout en jetant à la poubelle la division et la soustraction. Ce langage n’a pas plu à un participant qui n’a pas manqué de rappeler au leader du PPPBM qu’il n’a pas hésité, lui, à pratiquer la division et la soustraction lorsqu’il avait été évincé du gouvernement. Car il s’était reclus chez lui et avait boycotté jusqu’aux séances de l’Assemblée nationale, dont il était pourtant membre. Assurément, Paul Biyoghe Mba divise plus qu’il ne rassemble l’Estuaire.

rienne à Brazzaville en 1959, alors que la technique n’était pas encore découverte, de surcroît quatre mois avant la naissance de sa petite sœur Annick Okwonko Ngozi à la maternité de Franceville, va voler en éclats. Beaucoup de défenseurs de cette thèse, dont fait partie Jean Boniface Assélé, ne survivraient effectivement pas à la bourrasque. Ils auraient le choix entre l’exil et la prison pour complicité de parjure, de faux et usage de faux. Car Léon Paul Ngoulakia a montré par le passé qu’il savait tenir tête à son petit frère et à toute la famille. L’homme n’a pas hésité à prendre un gourdin pour fracasser la Porsche Cayenne de Maixent Accrombessi dans l’enceinte du complexe Michèle Marine, à Libreville. L’ire de l’ancien cadre du PDG était liée au fait qu’il tient le directeur de cabinet du président de la République pour responsable de plusieurs manquements dans la gouvernance de son cadet Ali Bongo. Les éléments affectés à la

sécurité d’Accrombessi sont restés stoïques pendant que Ngoulakia s’acharnait sur le bien de leur patron. Informé de l’incident, Ali Bongo Ondimba a demandé la plus grande discrétion sur cette affaire. Il n’a pas osé envoyer Sidonie Flore Ouwé sur les traces de Léon Paul Ngoulakia. Une source sûre affirme que Léon Paul Ngoulakia a maintenu intacte cette contestation de l’hégémonie d’Accrombessi. C’est ainsi qu’il a refusé d’entériner les nominations décidées en Conseil des ministres sur la Caistab. Une réunion de famille a eu lieu suite à cela, assure une source. A cette occasion, Léon Paul Ngoulakia a tempêté puis s’est cassé. Tout en défiant Ali Bongo Ondimba de le démettre «s'il a des couilles». Un directeur général qui aurait exprimé une telle défiance aurait été éconduit de suite. Ali Bongo Ondimba, sans doute par crainte des conséquences, n’a pas bougé. Plus récemment, « (…) à la réunion préparatoire à la

conférence de presse pour contester le livre de Pierre Péan organisée par Assélé, il est arrivé avec Christian et il a dit à toute l'assemblée que lui, Léon Paul, ne participera pas à cette mascarade », a renchéri la source. Pour essayer de minimiser le phénomène, ce qui reste encore de soutien à Ali Bongo Ondimba tente de distiller dans l’opinion l’idée que cette démission serait motivée par l’arrêt de la subvention des produits pétroliers décidé par le gouvernement cette année. La Caistab recevait aux titres de la péréquation 10 milliards de francs CFA. C’est un raccourci qui ne prend pas, car Léon Paul Ngoulakia a brassé pendant de longues années des milliards à la tête de la Direction nationale des assurances. Il est sans doute à l’abri du besoin, comme l’immense majorité des membres de la famille Bongo. Sa démission dans le contexte actuel a assurément un sens plus profond.

Une démission due à l’inefficacité du distingué camarade Sambatiste Okavango

A

près le départ du directeur de campagne du Parti démocratique gabonais (PDG) lors des dernières locales à Ndjolé et la défection de Jean-François Ntoutoume Emane, nous nous demandions si, en perspective, le parti au pouvoir ne connaîtrait pas d’autres démissions en cascade, au regard de ce que ses jours à venir ne s’annoncent pas sous d’heureux auspices. Léon Paul Ngoulakia, en rendant son tablier, vient de donner une réponse on ne peut plus claire. Il faut dire que la démission du cousin germain d’Ali Bongo du PDG est le résultat de divers facteurs, parmi lesquels l’inefficacité du distingué camarade à la tête du pays. Depuis son refus de se plier au décret n°0375/PR/S2 portant nominations au sein de la direction générale des Caisses de stabilisation et de péréquation (Caistab), Léon Paul Ngoulakia passait pour une sorte de «rebelle» auprès d’une partie de l’opinion, qui lui reprochait notamment une supposée condescendance. Léon Paul Ngoulakia qui, dès la publication officielle dudit décret, le 18 septembre 2013, avait dit ne vouloir recevoir de leçon de personne, s’était alors mis à dos nombre de militants qui avaient aussitôt crié à la désobéissance et demandé sa démission. Ainsi que l’a souhaité Maixent Accrombessi. Sans que son cousin de président n’intervienne en sa faveur. Dans un contexte d’une crise économique en grande partie provoquée par la baisse du prix du baril du pétrole, le chef de l’Etat a dirigé le Gabon avec une panoplie d’Agences et le Mouvement gabonais pour Ali Bongo Ondimba (Mogabo) qui, face à ces réalités, n’ont pas protégé les couches les plus populaires, ni fait le lien avec les

préoccupations de la classe moyenne. En revanche, ils ont fait pression pour que la légion étrangère tutoie la dignité d’un pays bâti sur la base d’un melting pot et qu’elle s’installe confortablement dans les crimes contre l’humanité (les crimes de sang à but fétichiste). Sans doute, le retrait de Léon Paul Ngoulakia du PDG couronne rétrospectivement son courage et sa ténacité aux Caisses de stabilisation amputées de la péréquation, par la seule volonté de Maixent Accrombessi. La démission de Ngoulakia est ainsi le symptôme d’une demande : mettre les politiques sociales au cœur de la gestion du pays. Mais cette défection est aussi l’expression de la crise généralisée de la représentation causée par l’immobilisme du parti et son inadéquation au nouvel environnement économique, ainsi qu’un cri de colère contre les cas de corruption qui se multiplient. C’est un appel à régénérer la politique, à remettre en avant le bien commun. Le Gabon doit se réinventer et repenser son modèle économique, dans un contexte post industriel et de crise financière globale. Pour l’instant, le Gabon a décidé de concentrer son développement sur les services, notamment le tourisme, conséquence la plus durable (?) de l’ouverture au monde, entraînée par les jeux (Can 2012 et l’hypothétique Can 2017). Egalement sur l’agriculture qui a du mal à produire des fruits et sur l’industrie qui se cherche encore et toujours. Le problème réside dans le décalage entre ce modèle et les besoins réels de la population. Une jeunesse diplômée voit son avenir et ses perspectives brisés par le précariat, le chômage et les difficultés d’accès au logement. Cette démission dévoile au grand jour l’état désastreux dans lequel se trouve le PDG, six ans après la brutale prise de pouvoir d’Ali Bongo.

On peut se demander comment le distingué camarade peut espérer, s’il est candidat, gagner le scrutin présidentiel et celui législatif (la victoire au premier n’entraînant pas, aussi mécaniquement qu’on le pense, la victoire au second, compte tenu des progrès de l’implantation territoriale du Front et du rejet d’Ali Bongo par la majorité des Gabonais) avec un corps militant, un réseau d’élus et une organisation aussi atrophiée et avec un parti aussi déboussolé idéologiquement et structurellement. Avec ces grosses lézardes dans la maison PDG, la situation est loin d’être analogue à celle de 2009, où le jumeau d’Annick Okonkwo Ngozi avait contourné le parti avec l’aide des ténors qui, aujourd’hui, lui tournent le dos, mais où il avait bénéficié de deux ans d’état de grâce, pour incarner la nouvelle République où règnerait la démocratie sociale. A l’inverse, le PDG pourra-t-il survivre à six ans d’une présidence Ali Bongo qui, quelles que soient les éventuelles inflexions qui pourraient intervenir, aura remis en question le référentiel démocratique, réduit à néant la fonction présidentielle et ruiné les espoirs du peuple gabonais ? La question peut sembler incongrue. Fondé le 12 mars 1968, à Koula-Moutou, dans l’OgoouéLolo, le PDG a surmonté des épreuves autrement plus difficiles au cours de son histoire et s’est toujours caractérisé par une très forte résilience. Pourquoi la démission de Léon Paul Ngoulakia pourrait sonner le glas de ce parti ? Sans doute parce que, comme beaucoup d’autres anciens dirigeants de cette formation politique, au pouvoir depuis quarante-sept ans sans discontinuer, cet homme a conscience que sa génération joue sa survie politique et que, plus rien ne sera désormais comme avant…

ECONOMIE

ECHOS DU NORD N°308 du Lundi 26 Octobre 2015

7

Poste Bank

Une erreur de stratégie plombe l’opération de sauvetage Le gouvernement a décidé de la réouverture, jeudi dernier, des guichets de la Poste Bank, après une fermeture de quelques jours sans explication. Cette opération de sauvetage expresse montre que le pouvoir a volontairement organisé l’assèchement de la trésorerie de la Poste Bank durant plusieurs semaines. Une stratégie suicidaire à long terme pour cette banque. Jean Michel Sylvain

C

’est avec une dextérité que personne ne lui reconnaissait en matière de règlement des dossiers économiques, que le gouvernement vient de boucler, en quelques heures, la crise de trésorerie que vient de traverser la Poste Bank. Nos sources sont formelles. Aussitôt Alfred Mabicka-Mouyama viré, l’Etat s’est empressé d’injecter 22 milliards de francs CFA dans le réseau. Les explications du directeur de la Poste Bank tentant de lier la fermeture des guichets de Libreville à la nécessité de disposer de temps pour rapatrier « les excédents de trésorerie de l’intérieur du pays vers Libreville », ne sont que des « éléments de langage » que l’on a demandé à ce fidèle du PDG sortant, de débiter pour tenter de couvrir la gravité de l’opération de manipulation de l’opinion à laquelle le pouvoir s’est livré. Sans doute au nom de la guerre de positionnement interne que se font les émergents – Alfred Mabicka revendique son appartenance, à ce cercle–, dans la perspective incertaine de l’après 2016. La Poste Bank et ses nombreux clients risquent malheureusement de payer au plus fort et pour longtemps cette guerre d’égos.

L’Etat aurait ainsi volontairement organisé la crise de trésorerie, dans le seul but d’évincer à bon compte Alfred MabickaMouyama. A croire que cet homme devait détenir certains «secrets », au point que l’exécutif a cru devoir d’abord « instrumentaliser l’opinion » pour dégommer « mwane muyisi » (l’enfant de la sirène). Alors même qu’il lui suffisait de prendre un autre décret dans les mêmes formes que celui qui a nommé l’intéressé au poste de PDG de la Poste S.A en 2007. Nul besoin de recourir à cette mise en scène grotesque qui a semé la panique chez les épargnants. Effritant sensiblement la confiance de ces derniers en l’institution bancaire. Trois raisons au moins, montrent que l’opération du gouvernement était cousue de fil blanc. D’abord, l’extrême rapidité avec laquelle l’Etat a trouvé, hors budget, 22 milliards de francs CFA pour venir au secours de l’établissement. Une telle enveloppe n’étant inscrite nulle part dans la loi de finances de l’année en cours au profit de la Poste S.A. Cette mise à disposition expresse d’argent frais suppose tout simplement que le pouvoir gardait « sous le coude » cette somme, dans la perspective du départ d’Alfred Mabicka-Mouyama. Tout en regardant avec cynisme

laisser volontairement l’opinion dans le doute. Cette gestion va malheureusement faire très mal à la Poste Bank, sur le moyen et le long terme. Plusieurs clients rencontrés ont confirmé vouloir profi-

Programme Graine

Un forum d’échanges annoncé pour début novembre

les épargnants de la poste Bank s’arracher les cheveux pour avoir accès à leurs dépôts. Beaucoup ne pouvaient ni se soigner, ni scolariser leurs enfants en cette période de rentrée scolaire. Ils ont été punis pendant de longues semaines, alors que l’Etat détenait la solution. Juste au nom d’une guéguerre entre émergents pour avoir le contrôle de cette banque. Ensuite, aux dires de nombreux clients de la Poste Bank, de curieux SMS leur sont parvenus, les invitant à aller au guichet retirer leurs avoirs. Il n’y a que des personnes qui peuvent avoir accès au fichier des clients de Poste Bank qui peuvent monter une telle opération. Un tel afflux de demandes, dans un temps très court, constitue le

cauchemar de tous les banquiers. Certains gros clients – des grosses enseignes commerciales du Gabon – se sont engouffrés dans la brèche pour exiger la totalité de leurs avoirs en dépôt. Quand d’autres, notamment des administrations parapubliques, évitaient soigneusement d’apporter le moindre dépôt durant cette période, contrairement à leurs habitudes. Enfin, l’Etat a fait fuiter auprès de plusieurs personnes qu’un audit des comptes de la Poste S.A aurait révélé un trou de 33 milliards de francs CFA. Sans indiquer s’il s’agissait d’un détournement de fonds ou d’un déficit du compte d’exploitation. Dans le premier cas, il s’agit d’une faute pénale. Dans le second cas non. L’objectif était, sans doute, de

Cessation d’activité de BR Sarl

Le silence complice du ministre de l’Economie SYA

C

e qui vient de se produire dans le monde de la microfinance au Gabon, dans l’indifférence des autorités compétentes, notamment le ministère de l’Economie, a de quoi laisser l’opinion dubitative. Tout se passe comme si ces véritables escroqueries étaient montées avec la complicité des autorités. La dernière en date, après l’affaire des « El hadj » de plusieurs marchés de Libreville, est la fermeture de l’entreprise « Bâtisseur de Richesses Sarl ». Elle est devenue pour ses nombreux clients « Bâtisseur de Ruines SARL ». Son directeur général, Yves David de Saint-Fidèle Mapakou, a totalement disparu. Certains le signalent dans un pays européen. D’autres salariés de l’entreprise restés au Gabon « vivent sous la protection des services de sécurité de la République », disent les mêmes sources, sans toutefois préciser lesquelles. Pendant ce temps, de nombreux épargnants qui ont cru à cette loterie à la « Ponzi » - à savoir que « les derniers déposants rémunèrent les intérêts des premiers » -, sont abandonnés à eux-mêmes. Victimes d’avoir fait confiance à une entreprise qui avait pignon sur rue. Car BR SARL n’était pas dans

l’informel. Son numéro au registre de commerce de Libreville est RCCM: 2013B14243. Son identifiant statistique est 030079, et son identifiant fiscal est 30079Y. Cette société avait un compte dans les livres d’Ecobank. Le numéro dudit compte est N°: 0220316700156 ECOBANK Gabon. Cela veut dire que les autorités avaient donné leur accord, pour que BR SARL exerce l’activité de microfinance en territoire gabonais. L’entreprise ne s’est d’ailleurs pas cachée. Sur son site internet, elle dévoile le caractère mafieux de son activité, sans que le ministre de l’Economie ne la rappelle à l’ordre.

ter de cette réouverture pour vider leurs comptes et les clôturer à jamais. « L’argent n’aime pas le bruit », ne dit-on pas, pour paraphraser Léon Mebiame-me-Mba ? (Affaire à suivre).

« BR SARL, N°1 au GABON du Trading Forex, met à votre disposition des possibilités d'investissements produisant jusqu'à 20% d'intérêt. A partir de 50.000 F CFA, Mr x qui investit à la BR SARL via Forex Trading, gagnera 10.000 francs CFA de bénéfice par mois, durant un contrat de trois mois (3) mois renouvelable. C'està-dire Mr x aurait gagné, par son investissement, 30.000 F CFA de bénéfice plus ses 50.000 F CFA de capital. Vous pouvez investir le montant que vous voulez et gagner des intérêts chaque fin du mois. A la fin de chaque investissement, plus les 20% engagés.

BR SARL, c'est aussi une centrale d'achat où vous pouvez tout acheter dans le monde, à partir de nos services (Import-Export, Matériaux de construction, Matériel Informatique, Fourniture de Bureau, Jouets, Papeterie, Quincaillerie, Forex-Trading et Divers) ». En laissant cette entreprise prospérer sur la base d’une telle activité, les autorités de contrôle ont failli à leurs missions. Le ministre de l’Economie doit le reconnaître et prendre des mesures pour rembourser en urgence les honnêtes citoyens qui ont eu le seul tort de faire confiance à leurs autorités gouvernementales. Ne rien entreprendre, reviendrait à reconnaître que Yves David de Saint-Fidèle Mapakou était en parfaite complicité avec les autorités, au moment de mettre en place son arnaque. Quant aux victimes, ils gagneraient, dès à présent, à engager des poursuites judiciaires contre l’Etat d’abord. C’est lui qui a, en connaissance de cause, donné toutes les autorisations d’exercer à BR SARL, bien que cette entreprise ait expressément fait connaître son modèle économique sur internet. Ensuite, poursuivre Yves David Mapakou, le saint fidèle pasteur violeur et voleur. Même en fuite, il peut être rattrapé par la justice.

Les animateurs du programme agricole Graine vont organiser un forum du 5 au 7 novembre 2015, au stade d’Angondjé, à Akanda. Les organisateurs indiquent, dans un communiqué, qu’il s’agira de présenter le programme et d’ajuster sa mise en œuvre. Peutêtre une prise de conscience pour plus de réalisme et de pragmatisme ! JMS

T

el qu’il a été présenté, samedi dernier, lors d’un point de presse animé par Théophile Ogandaga, son coordinateur général, au siège d’Olam Gabon SA à Libreville, en termes d’objectifs à atteindre, « Le forum d’échanges » sur le programme Graine est, sans aucun doute, le seul moyen de sauver cette opération qui glisse dangereusement, dans l’opinion, du monde économique au monde folklorique et politique. A condition, toutefois, que la recherche des objectifs techniques, économiques et sociaux annoncés, ne servent pas de paravent à une opération de promotion politique de plus à la gloire d’Ali Bongo Ondimba. Comme ce fut le cas lors du « Forum citoyen » organisé par le journal Libération. Car la seule annonce de ce « forum d’échanges » est avant tout une réponse technique face à ce qui apparaissait pour plusieurs spécialistes comme une hérésie. A savoir l’absence « d’une étude de faisabilité technico-économique », avant le lancement de cette opération. Cela laissait supposer que les projets qui commençaient à être mis en œuvre, au moins en termes d’aménagement de terrains, n’étaient nullement en adéquation avec le souhait des populations cibles. Faute d’études préalables. Autant dire que face aux innombrables autres défis qui vont se présenter à ce programme dans le temps, ce « péché » originel suffisait à convaincre plusieurs personnes que l’on était exclusivement en face d’une opération politique. Visiblement, le coordonnateur général du programme veut tordre le cou à cette image, en précisant dans la foulée que ce « forum d’échanges sera érigé en un évènement annuel », au fil du développement de sa mise en œuvre. Car « Graine », pour réussir doit relever d’énormes défis. Surtout que l’option choisie - qui exige que l’opérateur technique, la Société gabonaise de transformation agricole (Sotrader), fournisse l’ensemble des inputs, aménage le terrain, assure la commercialisation en bout de chaîne de la production -, a déjà été expérimentée au Gabon, sans atteindre les objectifs visés. Les plantations villageoises de la société de développement de l’hévéaculture au Gabon (Hévegab) ont été réalisées sur ce modèle. Aujourd’hui, aucun planteur villageois ne rembourse à l’Etat les sommes mobilisées pour réaliser cet investissement, ainsi que cela avait pourtant été prévu dans le contrat de départ. Faut-il rappeler que 1,5 million de francs cfa étaient nécessaire pour réaliser un hectare d’hévéa ? L’Etat avançait cette somme et le planteur s’engageait à la rembourser avec les recettes issues de sa production. Le même phénomène s’est produit lors du développement d’un volet villageois par la Société gabonaise de développement de l’élevage au Gabon (Sogadel). Ses mêmes effets pervers ont été enregistrés, pour des raisons diverses, dans le programme de l’Institut gabonais d’appui au développement (Igad). Les investissements réalisés à crédit dans le cadre de son programme vivriers dans la zone de l’Estuaire n’ont jamais été remboursés comme prévus par les paysans. Devant un tel vécu, le programme « Graine » doit sortir des sentiers battus, pour mettre en œuvre des mécanismes innovants, afin de faire face à l’enjeu du remboursement des investissements. Il en est de même de l’autre volet, la commercialisation. La Sotrader ambitionne de racheter toute la production pour la revendre, après transformation, aux clients. L’enjeu est de taille. Car cette entreprise devra faire face aux importations, surtout celles en provenance du Cameroun. Le différentiel des coûts de production entre le Gabon et le Cameroun, selon plusieurs analystes, est de 20% au détriment du Gabon. La Sotrader aura, au-delà de cette réalité, des coûts d’approche élevés pour acheminer sa production des diverses plantations jusqu’à Libreville et Port-Gentil, les principaux marchés du pays. Pas si sûr qu’avec un tel handicap, un prix suffisamment rémunérateur puisse être accordé facilement aux producteurs. Ce sont autant de préoccupations qui devront trouver des solutions pratiques et pragmatiques à l’occasion de ce forum. Sans quoi, ce programme risque de rejoindre, lui aussi, le terrain où s’étendent à perte de vue les projets inachevés au Gabon. « Nous avons pris des dispositions pour qu’il n’en soit pas ainsi », a conclu, confiant, Théophile Ogandaga. Espérons, pour l’économie du Gabon qui importe pour 350 milliards de francs CFA par an de produits alimentaires, que son vœu sera exaucé.

POLITIQUE

ECHOS DU NORD N°308 du Lundi 26 Octobre 2015

8

Union nationale, c'est parti !

Les membres du comité directeur de l'UN Gil Lawson

Q

uand on leur faisait le reproche de se calfeutrer dans les bureaux de leur siège à l'ancien Sobraga, l'assurance qu'affichaient les responsables de ce parti de l'opposition étonnait. La réponse était même empreinte d'ironie: "c'est dans les

bureaux que l'on s'adonne à la réflexion. C'est dans un tel cadre que l'on conçoit des choses sérieuses" affirmait, sourire en coin, Paul Marie Gondjout, l'un des secrétaires exécutifs adjoints. Cette fois, ça y est ! L'Union nationale est passée à la vitesse supérieure et a décidé de déployer sa feuille de route. Premier élément,

L'installation d'un responsable il y a ce slogan mobilisateur qui servira, sans doute, de trame à toutes les actions à mener : "pas un pas sans l'Union nationale" qui rappelle celui de Bata, le magasin qui commerçait les belles chaussures à Libreville. C'est, dit-on, la toute dernière consigne du Secrétaire Exécutif, André Mba Obame, quelques jours seulement avant son

Les femmes « commandos » de France confirment leur engagement

L

RF

e Mouvement des femmes gabonaises en France, appelé «Femmes Commandos » a donné une conférence atelier, samedi 24 octobre dernier, au foyer protestant, près de la place Saint Jacques, à Paris. Une manifestation qui a vu la participation de nombreuses femmes des différents mouvements des Gabonais de France, appuyée par la représentante d’une coalition d’association de la République démocratique du Congo, et par des consœurs du Cameroun et de la GuinéeEquatoriale. Parmi les associations présentes figuraient, REAGIR GABON représenté par Patricia Moundanga, vice-présidente ; FREE GABON, conduit par Murielle Nyalendo, son secrétaire général ; la représentante du BDP MODWAM, Félicité Vincent, et Françoise Traverso de l’Association internationale des droits de l’homme. Madame Kessany représentant OGARSEA. Un invité spécial qui devait

jouer un rôle prépondérant dans la conduite de ce séminaire, Paulette Missambo, n’a pas pu boucler ses formalités administratives. Mais a envoyé un message vidéo qui a été très applaudi par l’assistance. Un invité de marque, Casimir Oye Mba, accompagné de son épouse. Dans un contexte africain très critique, les femmes ont appelé à la mobilisation et à l’engagement. S’engager davantage dans les grands défis qui se profilent sur le continent africain. D’où le thème de cette initiative : « Démocratie et Bonne gouvernance en Afrique

». Thème dont l’explication a été favorisée par un expert dans les questions de gouvernance, en l’occurrence Casimir Oye Mba, ancien Premier ministre et ancien Gouverneur de la Banque des Etat de l’Afrique Centrale (BEAC). Il n’a pas manqué de préciser le rôle de la femme dans la participation de la construction du Gabon depuis les années 60. La cérémonie s’est poursuivie par deux ateliers pour nourrir la réflexion et mettre le cap sur les batailles de sensibilisation à venir. Nous y reviendrons.

décès. Après le lancement officiel de ses activités sur l'ensemble du territoire national par le Président Zacharie Myboto, le 17 octobre 2015 au quartier Cocotiers, l’UN peut donc déployer ses troupes. Le week-end dernier, était particulièrement chargé pour les responsables de l'Union nationale. Tout a commencé vendredi. C'est sous la responsabilité de la vice présidente, Estelle Ondo que s'est déroulée la cérémonie d'installation des coordinations des quartiers Ondogo, Montalier, La Mairie et Milong Si. Occasion pour le Secrétaire exécutif adjoint, François Ondo Edou d'appeler les nouveaux responsables à se mettre résolument au travail. "Notre objectif, a-t-il dit, c'est l'alternance, et là dessus, il n'y pas d'équivoque, Ali Bongo doit partir avec le clan PDG-Bongo. Qu'il pleuve, vente ou qu'il neige, ce n'est plus qu'une question de temps. Son sort est scellé, il nous faut simplement concevoir une organisation rationnelle et efficiente qui tienne compte des aléas du passé. La longue expérience de l'opposition que nous avons et qui fait la différence, commande que nous réfléchissions, que nous planifions nos actions de terrain, que nous affinions nos stratégies, en nous appuyant sur un parti politique fort et crédible. Cette réflexion se fait au sein de notre parti, dans des bureaux, au cours des forums, au travers d'échanges multiformes. Ces réflexions ont un prolongement sur le terrain, c'est ce que nous faisons aujourd'hui. Naturellement, quand on n'a aucun parti, aucune expérience de gestion d'un parti politique, on peut s'en offusquer. L'Union nationale qui a retrouvé sa capacité juridique après quatre

Présentation du nouveau bureau

Les militants au cours de la rencontre longues années d'une dissolution inique et anticonstitutionnelle, sait combien il est important d'avoir un parti fort et structuré. Il s'agit, dans la phase actuelle du combat, d'étendre nos tentacules, afin qu'il n'y ait plus un seul pas sans l'Union nationale. Nous le faisons au rythme que la feuille de route nous impose, en évitant de confondre vitesse et précipitation. " A l'observation, on peut noter un autre élément de cette feuille de route, à savoir la forte implication des cadres de l’UN. On a pu constater que les vice présidents présents à Libreville sont étroitement associés à l'action du parti, ce qui apporte un démenti cinglant à ceux qui font un procès en sorcellerie et qui disent que l'Union nationale ne s'appuie que sur le président et ses proches collaborateurs. Sur le terrain des équipes placées sous la supervision des vice présidents se sont déployées le même jour et à la

même heure, la technique de l'étouffement, dit on à l'Union nationale. Paulette Missambo à Plein Niger où elle a installé des coordinations de quartiers, avant de donner le coup d'envoi d'une opération porte à porte qui s'étendra jusqu'aux futures élections; Raphaël Bandega Lendoye à Sotega pour une rencontre citoyenne qui a connu un grand succès; Jean Pierre Rougou à Venez-voir pour une réunion qui a pris des allures d'un meeting et Estelle Ondo dans le 6e arrondissement de Libreville. Elle n'aura d'ailleurs aucun répit puisqu'elle s'envole le 27 octobre prochain pour Oyem où sont prévues des rencontres citoyennes. Le programme prévoit aussi un grand meeting à Oyem samedi prochain, avec la participation des plus hauts responsables du parti. Un rendez vous à ne pas manquer. Ce déploiement est plus que bénéfique pour toute l’opposition.

TALOCHE

D

onc, toi Jean Boniface Assélé Otintet, tu n’as pas encore compris que le Gabon est en train de changer ? Tu continues à penser qu’il s’agit du titre foncier de ta famille. Quelque chose ne tourne-t-il pas très rond dans ta tête ? Après la démission du PDG de ton neveu, Léon-Paul Ngoulakia, tu es passé sur Gabon Télévision nationale pour « condamner avec la dernière énergie » son acte et prendre l’opinion nationale et internationale à témoin. Ça ne va pas dans ton ciboulot ? Qu’est-ce que la communauté internationale a à foutre de vos gueuseries ? Mais tu es ridicule ! Tu es vraiment un lâche qui fait pitié. Au lieu de régler vos problèmes de famille en lambeaux dans un cadre privé, tu as osé passer montrer ta bouille sur une chaîne de télévision nationale qui est sur satellite. N’as-tu pas honte ? Finalement, les cheveux blancs que tu as sur ta cabosse ne symbolisent pas la sagesse. Un grand qui se respecte n’agit pas à la légère comme tu l’as fait. Vois-tu, tu as eu tort d’abandonner ton village pour venir t’établir à Libreville. Si tu étais resté à Kabaga, les vieux du village qui sont dépositaires de la sagesse atavique t’y auraient encadré. Mais tu as préféré faire l’esbroufe à Libreville avec pour

seul diplôme ‘’beau-frère du président de la République.’’ Mais ce temps est révolu ! Il faut que tu fasses les mises à jour de ton vieux logiciel mental. La politique n’est pas une affaire de famille. C’est plutôt une question de conviction. Il faut donc cesser tes entrechats digne d’un vieux bouc courtisan une femelle. Ton neveu est libre de quitter le PDG et de s’engager ailleurs. Pourquoi lui en fais-tu le reproche alors que tu avais fait de même pour créer ta propre formation politique ? Si les gens quittent le PDG, c’est parce que quelque chose n’y tourne pas très rond. Que fais-tu pour abréger la souffrance du peuple gabonais ? Pendant tes mouvements pendulaires à Libreville, n’entends-tu pas des citoyens s’exprimer par borborygmes ? Ne vois-tu pas que des Gabonais qui vivotent? Comme ton âme est corrodée par ton mercantilisme rampant, tu préfères que ton neveu adoptif continue à rester à la tête du pays, alors qu’il n’y fout rien. Continue tes rodomontades et tes caracoles de fier-à-bras. Tu apprendras que le buisson dans lequel tu cherches du bois de chauffage ne manque pas d’épines. Jonas MOULENDA

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feu qui avait écouté le bouillonnement de la mar- mite », m'expliquait mon papy. (Suite en page 2). LETTRE A MONSIEUR. LEON-PAUL NGOULAKIA. Nantes.

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