Bilan catastrophique dans l’éducation

ECHOS DU NORD Hebdomadaire Gabonais d’informations paraissant le Lundi. 10e année

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“Change. Believe” Barack Obama

N°307 du Lundi 19 Octobre 2015. Prix : 600 FCFA

Un avenir judiciaire

Me Relongoué

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LETTRE AU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE Monsieur le Président, Je vous écris de nouveau parce que vous persistez à dénier la souffrance de votre peuple et à vous vautrer dans un vague masochisme, qui s’exprime à travers vos agissements quotidiens. Tant que vous vous comporterez en dirigeant aboulique, vos concitoyens ne vous feront pas de cadeau. «On ne vend pas des bijoux en or à celui qui a les oreilles coupées», disait mon grand-père. Le week-end écoulé, vous avez célébré, à grands coups de cymbale, le sixième anniversaire de votre accession, par la force, à la magistrature suprême. Fidèle à vos habitudes de blanc-bec, vous avez encore mobilisé du monde venu de tous les coins du pays pour fêter votre magistère, qui n'est en réalité qu'une descente aux enfers pour le peuple gabonais. Les observateurs avertis ne s'attendaient qu'à une telle aberration. Mon aïeul me faisait remarquer que «le chien ne change pas sa manière de s'asseoir». Vous auriez pu nous faire l'économie de cette fête, votre mandat à la tête du Gabon n'étant qu'un flop. Depuis que vous êtes président de la République, par défaut, le pays va de Charybde en Scylla. Vos concitoyens vivent de plus en plus dans la précarité. Tout ce que vous faites n'est pas de nature à améliorer leur quotidien. Les grands chantiers que vous avez annoncés à grand renfort de publicité demeurent un véritable serpent de mer. Dans un tel dédale d'échecs, vous auriez pu vous limiter à une sorte de brainstorming. «On ne marche pas en regardant les étoiles lorsqu'on à un caillou dans sa chaussure», observait mon papy. Dans votre volonté de reprendre la main, vous êtes allé à l'université Omar Bongo. Mais vous y avez été conspué par les étudiants, tel un pestiféré. Cette dégaine doit vous amener à réfléchir à une porte de sortie honorable. (suite en page 2)

Dans ce numéro

Duquel de ces actes de naissance parle Me Relongoue?

- La

dernière fiesta avant le naufrage

P.4

- Poste SA : le communiqué du gouvernement déroute les épargnants P.7

L

L'Union nationale se déploie sur le terrain

e week-end prochain sera particulièrement chargé pour l'Union nationale (UN), qui a décidé d'investir les communes de Libreville et d'Owendo les 23 et 24 octobre. Au total, neuf équipes sillonneront les quartiers, non seulement pour installer des cellules, mais surtout pour rencontrer les Gabonais et échanger avec eux. Une opération de communication inédite, à en croire François Ondo Edou, le porte-parole du parti: « Désormais il n'y aura plus un seul pas sans l'UN. Nous serons partout, nous occuperons tous les espaces, car c'est l'une des dernières recommandations du secrétaire exécutif André Mba Obame

quelques jours avant son décès. La machine est lancée et rien ne pourra plus l'arrêter. » Pour le vendredi 23 octobre 2015, quatre équipes seront sur le terrain à la même heure, c'est-à-dire à partir de 15 heures : Akémindjogoni dans le 4e arrondissement, Sotega École dans le 2e, Fin-Goudron à Nzeng-Ayong dans le 6e arrondissement et à Venez-Voir dans le 3e. Le lendemain, c'est-à-dire le 24 octobre, les équipes reprendront leurs activités politiques à 15 heures au Carrefour Kante, à PlaineOrety, au Carrefour SNI d'Owendo et à Milong-Si dans le 6e arrondissement de Libreville.

ACTUALITéS

LETTRE AU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE (suite de la page 1) Vous prétendez être au service de la jeunesse. Maintenant que celle-ci vous a désavoué, il faut que vous partiez pour bien rester. Ne forcez pas les choses. Tout ce que vous entreprenez se solde par un échec. La réaction des étudiants vendredi est le signe patent de votre rejet par la jeunesse gabonaise. Mon grand-père disait : « Si tu vois un cheval avec son mors coupé, c'est qu'il a fait tomber un chef.» Un grand homme doit savoir décrypter les signaux de la nature et prendre les dispositions qui s'imposent. Or, vous préférez vous arc-bouter sur une popularité en constante déplétion. De fait, tout va mal autour de vous. Vos piliers politiques vous tournent le dos chaque jour sans que cela ne suscite en vous une véritable introspection. Comme si cela ne suffisait pas, vous êtes allé vous pavaner à l'université. Où est la bibliothèque que les étudiants vous avaient demandée ? Le mérite de cette visite est de vous avoir permis de mesurer votre côte d'impopularité. Votre agitation donne du grain à moudre à vos adversaires et amuse ces derniers. « Qui nage à contre-courant fait rire les caïmans », m'expliquait mon aïeul, grand maître-nageur de son époque. C'est curieux que vous ne puissiez pas vous amender après toutes les vérités qui vous sont dites par la presse, les opposants et les activistes. Quel cœur avez-vous ? Sur quelle planète vivez-vous pour ne pas entendre les jérémiades de vos compatriotes en détresse ? Finalement, vous avez pris le pouvoir par la force rien que pour réaliser vos rêves d'enfant gâté. Vous n'êtes porteur d'aucune ambition. En pleine crise économique, tout ce que vous trouvez à faire c'est organiser des fêtes dispendieuses. Même si vous minimisez les dépenses liées à tous ces événements, la population, elle, les trouve faramineuses. Mon papy disait : « Pour la fourmi, la rosée est une inondation.» Sentant l'étau se resserrer autour de vous, vous êtes allé hier dans la province du Haut-Ogooué dont sont originaires vos parents adoptifs. C'était pour tenter de vous réconcilier avec les populations et les cadres du terroir que vous méprisez depuis votre accession à la tête de l’État. Je crains qu'il soit déjà trop tard pour vous. Car les positions se sont radicalisées. La population aspire au changement. Il vous est donc difficile d’amener les gens à rallier votre cause à la dernière minute. C'est depuis plusieurs années que vous auriez compris que ces gens sont utiles. « C'est l'arbuste que tu négliges qui te servira de corde», m'avertissait mon grand-père. Par delà la fronde qui règne dans toutes les provinces du pays, vous devez comprendre que la position adoptée par vos compatriotes est un désaveu. Vous avez trop accumulé des fautes politiques aujourd’hui à l’origine de votre auto-flagellation. Les Gabonais n'ont aucune animosité à votre égard. Ils vous acculent seulement dans les cordes. Vous auriez pu profiter des récriminations qui fusaient de partout pour vous améliorer. Malheureusement, tel n'a pas été le cas. Vous vous êtes vautré dans une arrogance démesurée et inexplicable. Or, comme disait mon aïeul, «au sourd, les yeux servent d'oreilles ». Monsieur le Président, retenez que les Gabonais ne veulent plus vous avoir comme dirigeant. Votre bilan à la tête du pays est nul et ils vous le disent chaque jour par le biais de différents canaux de communication. Si le plus important pour vous est d'être appelé « Monsieur le Président », alors devenez président de votre famille. Si vous cherchez des piliers, confiez cette mission au cénacle que vous engraissez avec l’argent du contribuable. Ne demandez pas à d’autres personnes de vous défendre. «Lorsque les chiens s’accouplent, ce n’est pas aux chacals de trépigner», disait mon papy. Jonas MOULENDA

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«J’exhorte, à l’orée 2016 les Gabonais à se repentir et à se pardonner mutuellement» Gabonaises, Gabonais, compatriotes chers excellences mesdames et messieurs, Au moment où je célèbre mes trois ans de libération, après une incarcération qui aura duré trois ans et dont les motifs étaient, comme vous le savez, « une tentative d’atteinte à la sureté de l’Etat », j’ai une pensée pieuse pour les illustres personnalités que notre pays a perdues pendant l’année 2015. Je pense particulièrement à : - Madame ROSE F R A N C I N E ROGOMBE, - Monsieur ANDRE MBA OBAME, - Monsieur MBOULOU BEKA. Je voudrais en ce moment solennel implorer la grâce de Dieu pour leurs familles respectives. Que la terre leur soit légère. Je profite également de cette occasion pour vous rassurer de ce que votre humble serviteur se porte bien, malgré le fait que ma situation n’a pas changé depuis 2009 .l’Eternel me garde. Vous n’avez donc pas d’inquiétude à vous faire à ce niveau. Je ne peux à cet instant précis oublier mes amis qui sont restés à la prison centrale de Libreville. Bon nombre d’entre eux à l’exemple de mon ami et frère Oscar MOULOMBA MEKALO attendent désespérément depuis plusieurs années que leurs jugements soient prononcés , quand bien même ils ne se souviennent pas d’avoir commis un quelconque délit. La célébration de ce troisième anniversaire sera faite sur le triptyque symbolique qu’est «

Rancune ou Repentance et Pardon ». En effet, au Gabon, pour plusieurs raisons, il y a maintenant beaucoup de gens frustrés qui vivent avec la rancune et la colère. Des gens hostiles qui cherchent à trouver un moyen pour décharger leurs colères. Or, la rancune et la colère couteront absolument chers à notre pays en voie de développement. Nous devons savoir qu’à part blesser et détruire autrui, la colère tue aussi la personne colérique à petit feu puisque sa santé et sa paix intérieure se retrouvent affectées. C’est une évidence qu’une colère ou une rancune non traitées peuvent produire plusieurs sortes de problèmes dans notre pays en construction. C’est pourquoi à la suite du docteur Léon Saul grand psychiatre de notre temps je voudrais dire « Que la rancune de l’homme pour l’homme

est une grande pandémie que les hautes autorités de la république doivent prévenir et guérir tout comme la pauvreté, le Sida, le cancer etc… » Pour ma part, je pense que le remède qu’on doit administrer pour éviter les inconvénients de la colère et de la rancune dans notre pays est la repentance et le pardon. En effet, la repentance et le pardon conduiront nécessairement à la réconciliation. C’est cette expérience de réconciliation que nous retrouvons dans le livre de genèse 45. J’exhorte, à l’orée 2016 les gabonais à se repentir et à se pardonner mutuellement comme l’ont fait les frères du petit JOSEPH (Youssouf pour les musulmans). Je formule le vœu que chaque Gabonais puisse mettre en application cette recommandation que l’on retrouve dans Ephésien 4v31 à 32 « Que toute amertume, et

tout courroux, et toute colère, et toute crierie, et toute injure, soient hottés du milieu de vous, de même que toute malice ; mais soyez bon les uns envers les autres, compatissants, vous pardonnant les uns aux autres comme Dieu aussi en Christ vous a pardonné. » Sur un tout autre plan, et pour éradiquer toute sorte de violence, la misère et les grandes pandémies qui frappent notre population, il est plus que nécessaire aujourd’hui que « le petit peuple de Dieu » qui habite la Nation Gabonaise prenne conscience et décrète comme dans Joël 2v 15 à 17 un temps de prière véritable : « Sonnez de la trompette en Sion, sanctifiez un jeune, convoquez une assemblée solennelle ; assemblez le peuple, sanctifiez la congrégation, réunissez les anciens, assemblez les enfants et ceux qui tètent les mamelles ; que l’époux sorte de sa chambre, et l’épouse de sa chambre nuptiale ; que les sacrificateurs, les serviteurs de l’Eternel, pleurent entre le portique et l’autel, et qu’ils disent: Epargne ton peuple, o Eternel, et ne livre pas ton héritage à l’opprobre, en sorte qu’ils soient le proverbe des nations. Pourquoi diraiton parmi les peuples : où est leur Dieu ? » Que Dieu le père des Nations bénisse notre Gabon pour qu’ensemble nous puissions continuer à chanter notre Hymne National en toute fraternité et à l’unissons. Général Jean Philipe Ntumpa Lébani

Communiqué des populations de Konoville les deux Eglises 20 décembre 2014, 20 octobre 2015, il y a exactement dix mois que notre vaillant frère et fils a été brutalement arraché à notre affection par les forces de sécurité et de défense. Son corps se trouve toujours à la Gabosep à Libreville. Ekoko’o YaNgonden attire l’attention de l’opinion nationale et internationale ainsi que le très zélé gouverneur de la province du WoleuNtem, qu’il se réserve le droit de manifester en

tout lieu et en tout temps, pour la libération de ce dernier après la reconnaissance du pouvoir de ce lâche assassinat perpétré par ses aveugles défenseures et protecteurs. Par ailleurs, si par leur habitude un dispositif militaire est déployé pour la circonstance, le mouvement reste prêt à la résistance. Car comme le dit notre slogan : «Quand l’injustice devient une loi, la résistance devient un devoir.»

PoLITIQUE

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Me Relongoué

Un avenir judiciaire Ramses Frank

«C

ontrairement à ce qui a été dit ou laissé dire, dans quelques journaux nationaux et internationaux, Ali Bongo Ondimba n’a pas renoncé à sa part d’héritage dans la succession de feu le président Omar Bongo Ondimba.» Tout comme ce dernier, selon Maître Relongoué, a produit à temps «son acte de naissance établissant son lien de filiation légitime avec feu le président Omar Bongo Ondimba» et que «les procédés qui consistent à vouloir utiliser les documents rédigés dans (son) étude dans le cadre de la succession de feu le président Omar Bongo Ondimba, à d’autres fins que celles pour lesquelles ils ont été établis». Etonnant ! Que la notaire se rassure, parce qu’« Echos du Nord » saura préserver les sources judiciaires très proches du dossier qui se sont livrées à lui «off the record». Cette attitude devrait l’obliger à faire montre de peu ou pas du tout de zèle. «Je n’ai jamais adressé cette lettre à ce dernier, pour ceci qu’il ne faisait pas partie des héritiers retardataires, objets de ma relance.» Certes. Même si le doute est permis. Mais Onaïda qui a reçu cette lettre ne faisait pas partie de ces retardataires. Cependant, elle a bien reçu cette lettre. Puisque sa mère, Chantal Myboto, contactée, affirme avoir remis les éléments à la notaire dès l’ouverture de cette succession. De quoi parle donc cette dernière ? Lydie Relongoué use d’affirmations troublantes qui sont en contradiction avec la réalité. Car, le 25 juin 2010, lorsque la notaire établit l’acte de notoriété, la majorité des héritiers avaient produit leurs actes de naissance. La preuve est la date à laquelle elle annexe les actes reçus à l’acte de notoriété qu’elle rédige ce jour-là. Seul un héritier n’avait rien produit : Ali Bongo Ondimba. La mention sur l’acte de notoriété en fait foi. Elle dit ce qu’il suit : « Monsieur Ali Bongo Ondimba Administrateur civil en chef, demeurant à Libreville B.P.546, né à Brazzaville (Congo) le neuf février mil neuf cent cinquante neuf (…) Son fils légitime ainsi que le certifie le registre de naissance n°97 du dix février mil neuf cent cinquante neuf, délivré par le centre d’Etat civil de Brazzaville (Congo) » Jusque-là, on croirait que le concerné avait déjà produit l’acte de naissance issu de ce registre n°97. Juste en dessous, la notaire, Mme Relongoué, ajoutera : « Il est ici précisé que Monsieur Ali Bongo Ondimba et Monsieur Alain Bernard Bongo ne sont qu’une seule et même personne et qu’aux termes d’un décret et d’un jugement qui seront ulté-

rieurement présentés au Notaire soussigné, Monsieur Alain Bernard Bongo a été autorisé à changer de prénom et d’adjoindre à son nom, le patronyme Ondimba.» Le vide artistique. Aucune mention de décret des différents changements de nom, bien qu’il semble que celui-ci apparaîtrait dans l’acte de naissance de 2009, que Lydie Relongoué lui aurait déconseillé de présenter vu qu’il posait problème. Il aurait au moins présenté le décret et le jugement de changement de nom lorsqu’il passe d’Alain Bernard Bongo à Ali Ben Bongo dans les années 70. Albertine Bongo avait changé de nom pour adjoindre le patronyme Amissa en 1984, suivant un décret N°001725/PR/MJ du vingttrois novembre mil neuf cent quatre-vingt-quatre. C’est clair. Pascaline Bongo en fera autant. Le décret N°001509/PR/MJ du vingt et un octobre mil neuf cent quatre-vingt-sept, elle est autorisée à changer de nom et d’adjoindre « Mferri ». Puis par jugement N°393/2003-2004 du trente et un mars deux mille quatre, il lui est autorisé l’adjonction du patronyme « Ondimba ». Avec Pascaline, on remonte même plus loin car elle est reconnue le 7/09/1968 au terme d’un jugement de reconnaissance rendu par le « Tribunal de Premier Degré de la commune de Libreville ». L’acte de notoriété précise que c’était à la requête du de cujus. La retranscription de cette reconnaissance figure sur les registres d’état civil de Franceville « ainsi que le certifie la déclaration de naissance n°32 du 14/05/1955 délivrée par le centre d’Etat civil de Franceville ». Empêtrée dans ses contradictions Pour revenir aux déclara-

tions de Me Lydie Relongoué, à savoir qu’Ali Bongo Ondimba avait produit son acte de naissance à temps relève de l’incohérence. A la date du 25 juin 2010, date d’établissement de l’acte de notoriété, son dossier était vide. Puisqu’elle-même déclare que ce dernier a été « autorisé à présenter » le décret d’adjonction et le jugement « ultérieurement ». Elle ne peut donc pas affirmer qu’Ali Bongo Ondimba était à jour. Par conséquent, il tombe sous le coup de l’article 713 qu’elle évoquait dans sa lettre circulaire à tous les successibles datant du 26 mars 2010 où elle dit : « Le successible qui n’a pas pris parti dans un délai de douze mois après l’ouverture de la succession, est réputé avoir renoncé à la succession.» Lorsqu’elle mentionne dans l’acte de notoriété qu’Ali Bongo Ondimba « a été autorisé à présenter ultérieurement » la documentation afférente à son état civil et aux décrets successifs de changement de nom, elle viole délibérément les dispositions de l’article 713 du Code civil gabonais. Ça c’est du « Relongoué ». Question simple : si Ali Bongo Ondimba avait remis son acte de naissance à temps, pourquoi la notaire ne le présente-t-elle pas ? Or, l’on sait que la raison pour laquelle Onaïda Maïsha Bongo Ondimba a eu recours aux tribunaux provient du fait que Me Lydie Relongoué a clôturé la succession, sans jamais communiquer à aucun héritier l’information de la fourniture de la pièce manquante. Il en sera de même pour sa remplaçante, Me Brahim. Car, si dans un premier temps la pièce manquante avait été fournie, comme elle le soutient, à l’ouverture de la succession et non pas ultérieurement, et que l’information avait été effective sur cette pièce manquante, elle ne

serait jamais allée devant les tribunaux. Or, elle ne demande que cette pièce manquante censée se trouver chez la notaire. Faut-il espérer que Me Brahim, qui la détiendrait, vu que Me Relongoué a été dessaisie du dossier, la fournira avant le 22 octobre. Dès lors, on peut se poser une question utile : auquel des deux actes de naissance connus à ce jour correspondra-t-elle ? Bien entendu, Me Relongoué pourra toujours se réfugier derrière la réserve et la confidentialité. Oui, cela marche pour la presse et le grand public. Mais dans le cadre de la succession, la clause de confidentialité et de réserve ne saurait être invoquée. C’est là le fondement de la plainte d’Onaïda. Empêtrée dans ses contradictions, l’on apprend par la suite que le document rédigé à titre de relance des retarda-

taires ne concernait pas Ali Bongo Ondimba, qui portera plainte contre la notaire pour « avoir manqué à ses obligations relatives au devoir de conseil, de diligence et d’information ». N’est-ce pas plutôt, parce que ce dernier n’avait pas été informé par la notaire des délais de dépôt de dossier et sans parler d’autres informations ? L’avenir de Relongoué est judiciaire Dans le cadre de la succession ou dans d’autres affaires, Me Lydie Relongoué aura du mal à échapper à une sanction sévère de la justice. Pourquoi Ali Bongo Ondimba a-t-il porté plainte ? N’est-ce pas pour le lui rappeler ? Car, sortir à travers un communiqué pour briser le droit de réserve suite à de petits arrange-

ments pour sauver Ali Bongo Ondimba, jette le doute sur la manière dont cette succession a été gérée. Car, tout se joue depuis le procès de Me Relongoué, le 30 septembre dernier, à huis clos dans le bureau du président du tribunal, sur l’acte de naissance d’une part, et d’autre part sur cet acte de renonciation brandi par la mère d’Onaïda. Et c’est sur ces deux documents que portait notre question dans notre édition du 5 octobre dernier : «Et si Me Relongoué parlait ?» Or, elle a choisi de parler pour sauver sa tête et celle d’ABO, quitte à bafouer le droit. L’acte de notoriété est truffé d’énormités qu’un juriste sérieux ne pouvait laisser passer. Ne fut-ce qu’en s’attardant sur les mariages successifs d’Ali Bongo où la même femme a été épousée à Paris et à la mairie de Libreville. Voire que Sylvia qui apparaît en seconde noce alors que c’est en fait en troisième, car Inge Collins, actuellement en instance de divorce depuis le 16 septembre dernier, et épousée à l’ambassade du Gabon à Madrid, mariage officié par Marius Ogouébandja, convolait avec ABO en seconde noce. Toute chose qui confère une fausse note à cet acte de notoriété. Et elle n’en est pas à son premier fait (Cf. boîte ci-dessous). Avec certitude, Lydie Relongoué a procédé au partage avant le partage. Car l’on apprend de sources judiciaires que pas moins de 20 milliards de F CFA ont été distribués à différents héritiers. Reste à savoir si tous les 53 ont effectivement bénéficié de cette manne. Comment croire à la crédibilité de cette dernière aujourd’hui ? Nous y reviendrons.

Une habituée du faux ? RF

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ydie Relongoué n’est pas à son premier fait. Il y a quelque temps, nous recevions une affaire concernant ex-madame Mebiame. L’affaire concernait le partage de la communauté Mebiame. Suite à cette affaire, la justice avait pondu une note circulaire qui stipulait qu’aucun notaire ne devait procéder à aucune vente dans le cadre de cette succession sans que soit associée la signature des deux ex-conjoints. Le notaire désigné par la justice pour suivre cette communauté était Me Chico. Puis ce dernier vendit son étude à Me Alfred Bongo Ondimba. Devenant de fait le notaire commis à la poursuite du partage de la communauté Mebiame. Mais à ce qu’il semble, les ventes continuaient dans certains cabinets de la place. Et à chacune des ventes, c’est la signature de

Me Relongoué qu’on retrouvait sur les actes. De 1993 à 2015, des biens de cette communauté ont ainsi été expédiés sans tenir compte de la circulaire du tribunal. En lieu et place du cabinet Alfred Bongo Ondimnba. Or, Omar Bongo Ondimba lui-même, intéressé par un des biens de la communauté en question, avait arbitré une scène des plus cocasses à l’étude de Me Chico. Etaient présents : Alice Mebiame, Léon Mebiame, Me Chico et le sémillant Claude Sezalory, actuel maire d’Akanda, alors agent immobilier gérant des biens d’OBO et famille, et porteur de la mallette d’argent pour l’achat dudit bien. Tous les acteurs précités, en dehors d’OBO, sont tous vivants. Pendant deux heures d’horloge, alors que Léon Mebiame faisait des siennes en refusant la signature d’Alice, OBO n’autorisera ni

Sezalory à payer, ni Me Chico à finaliser l’acte de vente tant que les deux signatures n’étaient pas apposées sur l’acte en question. C’est dire que même OBO s’était plié à cette note circulaire émanant d’une décision de justice. Au bout de trois heures de discussions pendant lesquelles il tente de convaincre son ami Léon, rien ne se fera. Ce n’est que le lendemain qu’Alice et Léon se retrouveront au cabinet de Me Chico pour la signature. Cela se fera selon les strictes recommandations d’OBO, de respecter cette note circulaire et donc de respecter la loi. Loi sur laquelle la signature «Relongoué» a marché allègrement. OBO est resté légaliste, mais sa succession a été traitée par son notaire dans l’illégalité. A se demander si Relongoué n’est pas habituée à ce type de dérapage en marge de la légalité.

PoLITIQUE

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Ali Bongo Ondimba an VI

Un anniversaire célébré sous un déluge de récriminations pédégistes Le 17 octobre 2015 à Libreville, le Parti démocratique gabonais a saisi cette occasion pour administrer une leçon de vie à celui qui fait encore office de distingué camarade. Va-t-il se saisir de cette occasion pour reprendre la main ?

«C

SYA

e fut sa fête. Au sens propre comme au sens figuré », dixit un militant de la première heure du PDG. L’homme avait fait le déplacement du Jardin botanique de Libreville, le 17 octobre, pour assister à la célébration du 6e anniversaire de la prise de pouvoir par effraction d’Ali Bongo Ondimba. Ce qui devait être une occasion de grandes réjouissances s’est transformée, côté ambiance, à un enterrement de première classe. Tant les propos des principaux intervenants, François Owono Nguema, Eric Dodo Bouguendza et Faustin Boukoubi, indiquaient très clairement au distingué camarade qu’il s’engage sur une fausse piste. Surtout que dans le même temps, Vivien Amos Péa Makaga est resté sur sa ligne de dénigrement des élus du PDG. Ce qui a fait dire à un ministre présent dans les coulisses qu’il venait de prendre part pour la première fois de sa vie « à un anniversaire surréaliste ». La première intervention de poids fut celle de François Owono Nguema, au nom du comité des sages. Cet honneur était dévolu à Jean-François Ntoutoume Emane avant sa démission fracassante du PDG. Le professeur Owono Nguema, s’inspirant de la sagesse traditionnelle béninoise, va prendre à rebrousse-poil la théorie d’Ali Akbar Onanga y’Obegue qui voudrait « qu’on ne fasse pas du neuf avec du vieux ». La référence au Bénin dans la bouche du fin lettré n’est pas fortuite. Une manière de rappeler au distingué camarade que

dans le pays d’origine de son nkani (chef) Accrombessi, les jeunes ne jettent pas les vieux. Au contraire, ils s’en inspirent. François Owono Nguema poursuivra sa charge en demandant au distingué camarade quand est-ce qu’il comptait rendre public le résultat des travaux de la fameuse commission technique qui avaient été confiés aux « sages » du PDG. Surtout ce qu’il comptait faire de l’ensemble des idées compilées par le duo Michel Essongue et Paul Biyoghe Mba. Car, rappellera-t-il, « un président de la République ne peut pas prendre des décisions non suivies d’effets ». Le franc-parler de François Owono Nguema n’a pas été du goût des jeunes désœuvrés recrutés à Libreville pour venir faire le nombre au Jardin botanique. Malgré la présence de celui qui est supposé être leur distingué camarade, ils n’hésiteront pas à interrompre le discours du sage. François Owono Nguema a dû, plus

d’une fois, leur demander de souffrir un moment de l’entendre. La seconde intervention d’importance fut celle d’Eric Dodo Bounguendza, le directeur du centre des études politiques du PDG. Ce professeur de linguistique s’est employé à dispenser un cours d’histoire sur le PDG à Ali Bongo Ondimba. Il voulait par là, luimontrer que, tout ce qui arrive au PDG actuellement n’est que répétition de l’histoire. La seule raison qui a fait que cet attelage tienne jusqu’à maintenant étant imputable aux hommes et femmes qui ont dirigé cet appareil aux côtés d’Omar Bongo Ondimba. Car ce dernier, a, à chaque fois, su lire les signes du temps pour prendre la décision qui a sauvé le PDG de l’implosion. Eric Dodo Bounguendza va illustrer son propos par deux exemples : la tenue de la conférence nationale en 1990 et l’apparition des courants –

Rénovateurs, Appelistes et Caciques – au sein du PDG peu avant 1990. Après avoir déclaré en 1989 à Bitam « qu’il y aurait jamais de multipartisme de son vivant au Gabon », Omar Bongo Ondimba a finalement plié une année plus tard, face aux tensions sociales et politiques de toutes sortes. Sans pour cela y laisser son âme. En prenant cet exemple, l’intervenant suggère au chef de l’Etat, qui vit exactement le même climat que celui qui avait prévalu en 1989, de ne pas rester fermé et rigide. De se raviser, comme son père en son temps. Car le discours tenu par ses principaux collaborateurs, repris avec l’arrogance qui le caractérise par Alain Claude Bilié by Nzé, lors du récent Forum citoyen de « Libération » à Libreville, se résume à dire « qu’il y a pas de crise au Gabon », pour justifier la non convocation d’un dialogue national inclusif. Cette posture est suicidaire. L’universitaire Dodo

Bounguendza va également évoquer la question des courants. Pour rappeler d’abord au chef de l’Etat qu’il est le moins bien placé pour décréter « la fin des courants ». Après avoir été l’un des initiateurs d’un tel mouvement au sein du PDG. Le courant des Rénovateurs c’est lui, en compagnie d’André Mba Obame, de François Engongah Owono et bien d’autres. Ce mouvement, a indiqué l’orateur, était né des antagonismes qui existaient au sein du PDG. C’est exactement ce même climat qui est à l’origine de la naissance des courants Héritage et Modernité (H&M) et Mogabo. Il a invité, là aussi, le chef de l’Etat à s’inspirer de la sagesse de son père, qui n’a suspendu ni dissous aucun courant. Mais en a plutôt fait un élément de redynamisation du PDG. A lui donc de tirer le meilleur de H&M et du Mogabo pour en faire une vraie valeur ajoutée au PDG. Pas vraiment le schéma vers lequel s’oriente actuelle-

ment le distingué camarade. Enfin Faustin Boukoubi, pour clore la série d’interventions. Le député de Pana n’a pas pris beaucoup de temps. Il a introduit son propos de manière énigmatique. « J’imagine que vous mangiez chaque jour avec votre père, vous étiez le viceprésident du PDG, vous aviez une charge ministérielle importante. Pourtant les Gabonais ne vous voyaient pas. » Pour inviter Ali Bongo Ondimba de conseiller à son entourage actuel d’adopter le même comportement. Ali Bongo Ondimba, qui ne devait pas prendre la parole, a été prié par Faustin Boukoubi de venir dire un mot au regard des questions posées. L’homme s’est lancé dans un charabia sans aucun rapport avec les interrogations soulevées. Avant d’aller s’engouffrer dans un avion qui l’a conduit à Franceville. Pour faire face à d’autres récriminations.

La dernière fiesta avant le naufrage Mihindou Bissielou

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e chef de l’exécutif a raison d’ignorer les critiques des observateurs qui lui ont reproché, l’année dernière, d’être allé célébrer le cinquième anniversaire de son mandat entre quatre murs avec ses camarades du PDG au Jardin botanique. Ali Bongo sait en son for intérieur que les Gabonais ne l’avaient pas élu en 2009, qu’il est là, grâce à un coup d’Etat électoral validé par la toujours bienveillante Cour constitutionnelle, non sans l’appui d’une certaine communauté internationale et de lobbies mafieux. Qu’à cela ne tienne, la virée de samedi, sous la tente, au même endroit, apparaît comme la dernière, tant le sursaut patriotique fait tâche d’huile au sein du parti au pouvoir. Les analystes ont l’œil rivé sur l’Assemblée nationale, où les membres du courant Héritage et Modernité (H&M), conformément à l’agenda décliné lors de leur première sortie, le 27 juin, entendent jouer pleinement

leur rôle de parlementaires, pour empêcher le Gabon de sombrer dans l’abîme où veulent le précipiter les émergents. Si le chef de l’exécutif tient au respect de la Constitution dont il devrait être le garant (le défi lui est d’ailleurs lancé), il doit envoyer son Premier ministre faire sa déclaration de politique générale au plus tard quarantecinq jours après sa nomination intervenue le tristement célèbre 11 septembre 2015. Ce devrait être au courant de la semaine prochaine. Mais qu’est-ce que l’incompétent Daniel Ona Ondo, qualifié de « perle rare » en janvier 2014 à sa première nomination, aujourd’hui transformé en valet des associations soutenant l’action du président de la République, ira raconter aux députés qui puisse lui valoir leur vote de confiance ? Lors de son dernier passage à l’Assemblée nationale, le chef du gouvernement avait vu toutes ses prévisions démontrées méthodiquement par Alexandre Barro Chambrier (ABC), professeur agrégé d’économie comme lui. Actuellement, ABC, plus que

jamais indomptable, est le porte-parole de H&M. Sur un plan purement politique, ce courant a l’occasion de prendre sa revanche sur un gouvernement dans lequel il n’est pas représenté, mais où ses rivaux du Mogabo (Mouvement gabonais pour Ali Bongo Ondimba) et alliés trustent les premières places. C’est aussi cette gestion clanique, empreinte de népotisme et d’amateurisme, que H&M reproche au chef de l’exécutif, entouré d’un groupuscule de « profito-situationnistes à la compétence toujours attendue ». Ancien président du conseil des sages du PDG, Jean-François Ntoutoume Emane a formulé le même reproche, le 2 octobre, au moment de claquer la porte du parti. En recevant les membres de H&M le 14 août, Ali Bongo avait pourtant promis de rectifier le tir. La peur d’essuyer une motion de censure de plus en plus probable a poussé, selon nos sources, le Premier ministre à supplier Michel Menga d’attendrir ses collègues. Le député de Cocobeach (Estuaire) est consi-

déré comme l’idéologue de H&M. Il ne cesse de mettre en garde les imprudents émergents contre une radicalisation de son écurie, si les manœuvres de défi continuent. L’arrestation le 17 septembre de Serge Maurice Mabiala en est une. L’ancien ministre de la Fonction publique est une figure de proue du redoutable courant. Un mois plus tard, le procureur de la nouvelle juridiction (sans existence légale) chargée de réprimer la délinquance économique et financière peine à constituer le dossier. Serge Maurice Mabiala est accusé de détournements de deniers publics, du temps où il était haut fonctionnaire à la direction générale des impôts, avant 2009. Une motion de censure infligée à Ona Ondo ouvrira incontestablement une crise inédite au sein du pouvoir. Ce sera un désaveu tangible du chef de l’exécutif, dont on sait qu’il a perdu le soutien de la majorité des hiérarques du parti, à cause de sa gouvernance approximative. Ali Bongo est obligé de s’appuyer sur des associations à l’audience confidentielle. En

politique, une telle démarche équivaut à un véritable aveu d’échec. Si les députés consentent à ménager l’exécutif à l’issue de la déclaration de politique générale du Premier ministre, H&M pourrait en profiter pour exiger de nouveau un « congrès extraordinaire de clarification ». Le distingué camarade le lui a pourtant promis au cours de la rencontre du 14 août. Mais selon le président d’honneur du Mogabo, le 1er vice-Premier ministre Paul Biyoghe Mba, Ali Bongo n’accédera pas à cette requête susceptible de permettre au courant H&M de s’emparer des leviers du pouvoir. Le chef du parti craint de ne pas être investi à la présidentielle si Michel Menga, ABC et les autres, accusés d’avoir un agenda caché, prenaient les commandes du PDG. Les membres de H&M ont reçu le soutien du secrétaire général du PDG lors de son allocution à l’occasion du sixième anniversaire du mandat d’Ali Bongo. Faustin Boukoubi a rappelé au distingué camarade que, au cours de l’unique réu-

nion du conseil national, tenue début 2014, il avait lui-même prôné davantage de débat dans le parti. Il serait alors contradictoire que H&M n’obtienne pas son congrès de clarification, censé ramener la sérénité dans la maison. Passé l’étape de la déclaration de politique générale, le groupe de Michel Menga et ABC peut encore coincer l’exécutif au moment du vote de la loi de finances, dont on sait, par expérience, qu’elle sera encore bâtie sur des hypothèses erronées. Le refus de voter un budget qui n’est pas sincère est synonyme de motion de censure, donc une crise inédite au sein du pouvoir. Voilà qui devrait amener Ali Bongo à composer avec les membres de H&M, qui, eux, n’ont plus rien à craindre, après avoir fait sauter le verrou qui les empêchait de se présenter en indépendants à n’importe quelle élection. Y compris la prochaine présidentielle. « Pourvu que le Gabon gagne », selon le mot d’Alexandre Barro Chambrier.

ANALYSE

L’EDIToRIAL

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Conakry sa douleur, sa colère ! La Nation avant le parti L N de Désiré ENAME

ous avons été inspirés par deux personnes cette semaine. Un jeune Gabonais résidant en France, X.N.S., et un internaute dont le nom ou le pseudo est Sergy Moure. Le premier, attirant en même temps notre attention sur la déclaration de politique générale du Premier ministre reconduit à la tête du gouvernement, a posé la question pertinente ci-après : « Quel sera le sens du vote de H&M, la confiance ou la défiance ? » Le jeune homme a motivé sa question par l’intervention musclée d’une de ces figures de proue à l’Assemblée nationale, dans laquelle il démontrait techniquement les ratés des six années du plan économique en vogue. Dès lors, il estime que Héritage et Modernité va jouer sa crédibilité selon le sens de son vote. L’autre, Sergy Moure, dit ce qu’il suit dans un post sur Facebook : « Une bonne fois pour toute qu'ils (les députés) sachent où s'arrêtent les pouvoirs d'un parti et où prennent effet ceux de la nation. Un individu est le représentant d'un parti jusqu'au moment de l'élection. A partir de l'instant où les résultats sont connus et validés, il se met entièrement au service exclusif du peuple qui l'a élu et n'en réfère qu'à lui. » Il ajoute : «… Respectons le vote des citoyens sinon écrivons clairement dans nos textes que l'élection d'un élu du peuple se fait exclusivement sur présentation de la carte d'adhésion d'un parti et non de pièces nationales d'identité. » Il est clair qu’il est fait appel ici aux députés qui doivent intégrer qu’il y a une ligne de démarcation entre le parti et la nation dont l’identifiant est le peuple qu’ils représentent. C’est en cela que les députés regroupés au sein de H&M, qui ont décidé de jouer la partition nationaliste, ont fort à faire dans quelques jours. Au-delà de leurs discours, des constats graves ont été faits et portés à leur connaissance. Il en est ainsi de la déclaration du premier questeur de l’Assemblée nationale, qui a dit ne pas avoir vu un seul budget depuis 2013. A côté de cela, les mêmes constats effarants ont été relevés sur les agences qui continuent d’avoir pignon sur rue et d’agir en doublon du gouvernement. Tout dernièrement, lors de sa sortie, Jean François Ntoutoume Emane a dénoncé la cacophonie ambiante où les règles de la finance publique sont mises en pièces au profit de bricolages financiers. Il mettait en exergue le cas du directeur général du Budget qui est à la fois ordonnateur des crédits et son propre contrôleur. Où a-t-on vu ça ? A ce jour, aucun député n’a mis le doigt sur ces dysfonctionnements, comme d’autres par le passé. C’est dans cet hémicycle que Magloire Ngambia, alors ministre des Infrastructures, avait déclaré que plus de 150 milliards de FCFA avaient été gaspillés dans des études fictives. Ce ne sont là que des cas, peut-être pas isolés, mais qui se fondent dans une multitude d’autres que les parlementaires ont clairement identifiés. Et ont en leur possession. A la pratique, la forme même du nouveau gouvernement ne répond pas à une volonté de reconnaître l’évidence de la période économique cruciale dans laquelle se trouve le Gabon. Ali Bongo Ondimba et son Premier ministre ont répondu aux besoins de leur enracinement politique et non pas au besoin d’assainissement économique qu’impose la conjoncture morose actuelle. Encore moins, à celui de réduire la fracture sociale. La nécessité a été de mettre en place un dispositif pour les élections de 2016. Et non de se demander comment, après 55 ans d’indépendance, il n’a pas été possible de donner une solution définitive aux besoins primaires des Gabonais : le travail, les voies de communication, le logement, l’alimentation, la santé et l’éducation. A partir de là, on ne sait pas quelle innovation et quelle dynamique pourra impulser le Premier ministre. Tout au plus, il lira un discours creux, pompeux et vaseux. Il est donc clair que, d’ores et déjà, on ne peut pas s’attendre à ce qu’il développe « une stratégie de croissance et un nouveau modèle social destiné à réduire notablement les inégalités par la lutte contre le chômage de masse, la pauvreté et l’exclusion dans lesquelles notre pays est encalminé». C’est ce que déclarait Alexandre Barro Chambrier de H&M. Au-delà de ces points, il y a des aspects politiques fondamentaux où la liberté d’expression est sévèrement punie par l’usage du fouet judiciaire. Le cas Serge Maurice Mabiala de H&M est là pour le montrer. La justice est, pour le pouvoir en place, un instrument de règlement de comptes. Quant aux forces de sécurité, elles sont entraînées pour réprimer les citoyens alors que, parallèlement, l’insécurité est galopante. Tout dernièrement, une gamine a été dépecée en plein jour dans une maison à Nkembo. Une jeune femme a été décapitée à la cité Pompidou. Sa tête a été retrouvée à la décharge publique de Mindoube. Un citoyen peut ainsi traverser la ville avec dans un sachet la tête d’un autre être humain et passer allègrement des contrôles policiers, pourtant multiples et intempestifs. Sur un tout autre volet, la reprise des cours ne se fait pas toujours sereinement au point que le président de la République et son épouse sont en train d’encourager, au vu et au su de tous, un système éducatif inégalitaire. Au lycée Ruban Vert, on accorde une exonération d’impôts du fait du coût de l’investissement, soit 21 milliards de FCFA. Quant à d’autres établissements, toutes formes de pression fiscale sont exercées. Eu égard à ce tableau, comment les députés, élus du peuple, vont-ils accorder leur confiance à un gouvernement pléthorique, voué d’avance à faire du surplace ? C’est à ce niveau que va se jouer la crédibilité de H&M. Sur ce, il appartient aussi à chaque député de comprendre qu’il n’a pas d’autre choix que de s’embarquer avec H&M. C’est soit s’arrimer à l’élan patriotique, soit mourir. Il n’y a pas d’autre choix. C’est la Nation qui vous portera et non plus le parti.

ECHOS DU NORD ECHOS Du Nord Une publication de la SARL Nord Edition Capital: 5.000.000 FCFA RCCM 2010B10189 N° Statistique 072771Y Siège Sotega - Libreville - Gabon B.P. 23 535 [email protected]

Lu pour vous par Stephen Jean Landry a victoire annoncée d’Alpha score affiché avant l’ouverture du Oui, Alpha Condé est un enfant gâté ! Condé, si elle a, apparem- stade et le nom du vainqueur connu Il est convaincu, le bougre, qu’il peut ment, recueilli l’assentiment avec ou sans bulletin de vote ? Non, il tout se permettre puisqu’il a l’armée de la communauté internationale, au n’y a eu ni problèmes techniques ni avec lui, la Ceni et la Cour Suprême moins celle des Etats-Unis, ne manque irrégularités dans cette élection. Tout sous ses ordres, et cette funeste compas d’être dénoncée, et de la manière a été programmé dans le moindre munauté internationale à ses petits la plus vigoureuse, déjà par l’opposi- détail et avec un cynisme à faire fris- soins. Il peut brûler le pays, falsifier la tion guinéenne, notamment l’Union sonner la dépouille de Machiavel. Dès mémoire, démanteler les ethnies et des Forces Démocratiques de Guinée, 2014, les ministres, les préfets, les même brûler le pays. Il sait qu’il a de l’Opposant Cellou Dalein Diallo sous-préfets ont reçu l’ordre de faire plein de chefs d’Etat véreux, de diploqui, au nombre « de graves irrégulari- passer Alpha Condé coûte que coûte et mates galeux et de journalistes tés » relevait déjà, la semaine dernière dès le premier tour. Ils savaient, les lèchent-culs pour le couvrir et chan‘’(…) une mascarade électorale en pauvres que leur carrière dépendrait ger ses plus belles conneries en miracours et une impréparation manifeste non pas de leur compétence mais du cles de Lourdes. de la CENI à organiser une élection zèle qu’ils mettraient à s’y exécuter. Cette imposture électorale ne libre et transparente sur toute l’étendue Monsieur Alpha Condé était « si sûr découragera personne, elle ne remetdu territoire national ». « Ce simulacre de sa victoire » qu’en violation de la tra pas en cause notre unité nationale d’élection, poursuivait-il, donne lieu à loi, il a catégoriquement refusé que les multiséculaire et notre sens renommé de graves irrégularités et à des élections municipales se passent avant de l’histoire. Alpha Condé et sa mafia fraudes massives constatées sur le ter- les présidentielles. Normal, des délé- internationale n’aiment ni les rain ». « Il y a une technique, ajoute gués désignés par le pourvoir sont Malinkés ni les Peuls, ni les Soussous, Nadia Nahman, son porte-parole, bien plus accommodants que des éner- ni les Guerzés, ni les Tomas ni les développée par les administrateurs gumènes bénéficiant de la légitimité Kissis, etc. C’est notre bauxite qu’ils locaux aux mains du RPG (parti au des urnes ! Il était « si sûr de sa vic- convoitent. C’est notre mort collective pouvoir) qui consiste à chasser les toire », ce chouchou de la qui les intéresse. délégués chargés de la surveillance Françafrique, qu’il s’est opposé à Non, mes chers compatriotes, ce électorale issus de l’Opposition et de l’assainissement de la liste électorale jour n’est pas un jour de deuil. C’est le les remplacer unilatéralement par des pourtant manifestement truffée d’er- matin d’un soleil nouveau où individus qui signeront au nom de reurs et de malversations. Il a fait dis- conscients du terrible danger qui nous l’opposition ». tribuer les cartes du même nom en guette, et des monumentales erreurs Des propos qui ne surprennent pas fonction des bureaux de vote. Le taux du passés, tous les Guinéens sont les Gabonais qui, depuis 1990, en ont de participation le prouve : plus de déterminés à changer leur sort dans eu l’expérience depuis les législatives 90% dans les fiefs qui lui sont favora- l’unité et dans la paix autant que cette de 90 jusqu’à la présidentielle de 2009 bles, parfois moins de 40% ailleurs. noble idée animera le camp adverse. en passant par celle de 1993 au cours Dans certains cas, à peine dix élecBeaucoup d’entre nous aurons malde laquelle Mba Abessole avait quali- teurs pouvaient effectivement voter. heureusement tendance à mettre cette fié de « véritable foutoir » le niveau Mais tout cela ne pouvait suffire simili-défaite sur le dos de l’opposid’organisation électorale de l’adminis- tant la tâche s’avérait ardue au vu du tion. Ces serait commettre une grave tration Bongo. Les Gabonais savent, bilan morose de son quinquennat. erreur. Partout où nos opposants se quant au fond, près de 15 élections Pour que le tour fût joué, il fallait sont déplacés pour faire campagne, il organisées par l’Etat-Bongo que ce aussi distribuer des pots de vin, bour- n y a eu ni guerre ethnique ni chien dernier ne s’est pas érigé grâce à des rer les urnes et surtout virer les petits écrasé. Au contraire à Nzérékoré élections démocratiques. Il ne tombera curieux de l’opposition des bureaux de donc pas après une élection. Le Front vote les plus sensibles. Bref, rien de comme à Conakry, c’est Alpha Condé de l’Opposition pour l’Alternance en nouveau dans le paysage politique soutenu par la mafia internationale est intimement convaincu qui, lors de africain malgré le discours de La qui a orchestré les violences. Par sa déclaration du 19 juillet 2014 à Baule et les conférences nationales, chance, l’histoire, aujourd’hui est filLibreville, parlant des prochaines élec- malgré les nombreux martyrs de mée et tôt ou tard, tout cela sera enretions au Gabon, soulignait que « le Conakry, de Ouagadougou et d’ail- gistré dans la mémoire de nos descenrisque est grand que l’organisation de leurs ! Les élections d’aujourd’hui ont dants. Je dois le reconnaître, notre opposicelles-ci, comme les précédentes, pré- la même couleur et la même odeur tion n’est pas idéale. Elle a un défaut, sente de grands dangers pour la stabi- qu’au temps de Mobutu, de Sékou et un gros défaut : elle est trop légaliste, lité du Gabon, si rien n’est fait pour d’Eyadema. Les mêmes méthodes : leur donner un caractère démocra- l’ethno-stratégie et la fraude ! Le trop démocrate dans un pays où ces tique.» ou, encore, « nous avons tout même discours : les fausses promesses notions passent pour des billevesées lieu de croire que le pouvoir mettra et la calomnie ! Le même stupéfiant dans le camp présidentiel. Oh, j’allais oublier, elle a un défaut tout en œuvre pour frauder lors de la résultat : des scores à la soviétique. prochaine élection présidentielle ». Et, A l’heure où nous écrivons ces encore plus grave à mon goût : elle la communauté internationale, la Voix lignes, les médias prévoient déjà un croit trop en la communauté internade l’Amérique, sait montrer de quoi triomphe avoisinant les 60%. Ce qui tionale, cette mafia sicilienne qui aide elle a été capable au Burundi, serait tout simplement ridicule si l’on Alpha Condé à affûter le couteau aujourd’hui en Guinée Conakry, et n’était en Afrique où justement le ridi- acheté pour lui couper la gorge. La Guinée est une République libre certainement demain au Gabon. cule -dans les allées du pouvoir tout Cellou Dalein Diallo n’est pas le seul à au moins- est si naturel qu’il tue dix et indépendante. Elle ne sera jamais la salle de bain ni des puissances considérer que ce qui vient de se pas- fois plus que les épidémies. ser dans son pays n’est qu’une « masTout le monde (que l’on soit citoyen nucléaires ni des douteuses officines carade électorale ». Nous avons lu ou diplomate, journaliste ou polito- de New-York, de Harlem ou d’Addispour vous la réaction de Thierno logue) sait que la configuration Abeba. » Chers frères opposants, fermez la Monenembo, l'écrivain guinéen. Il met actuelle de l’électorat guinéen ne perau jour « les dessous de la victoire met à personne (fût-il Alpha Condé ou porte à cette saloperie d’internatiod’Alpha Condé et les erreurs com- Cellou Dalein Diallo !) de l’emporter nale bureaucratique, tournez-vous mises, selon lui, par l’opposition ». régulièrement au premier tour. Nous vers votre peuple. Il n’existe pas d’au« En Afrique, les comédies électo- sommes en 2015 ! Pinochet est mort ! tre solution quand on se trouve en face rales sont encore plus cocasses que Le mur de Belin est tombé ! Pol-Pot de gens sans vergogne, qui ne respecles pitreries de Bokassa et d’Amin n’est plus ! Les systèmes politiques du tent rien : ni la loi ni la vie humaine, Dadda. On y meurt de rire au sens lit- monde entier convergent vers la démo- rien que leurs sordides intérêts. C’est ce qu’a fait De Gaulle devant téral du terme puisque hélas, les cratie, c’est-à-dire vers la relativité du larmes de sang y submergent au moin- pouvoir ! Aujourd’hui, une élection au les nazis. C’est ce qu’a fait l’Algérie dre mouvement de foule celles, de joie. premier tour est forcément suspecte et devant le colonisateur français. C’est ce qu’a fait la Tunisie devant Ben- Ali. Les dernières présidentielles gui- celle à 60%, simplement abjecte ! néennes en sont un exemple édifiant Il faut être vraiment cinglé pour C’est ce qu’a fait le Burkina devant en dépit du parti-pris de ceux-ci et de imaginer le contraire ! Je ne sais pas Compaoré. » la fabulation de ceux-là. si Alpha Condé est cinglé mais il est Tierno Monénembo, publié hier, le Mais peut-on parler de mascarade manifeste que comme tous les enfants quand le match est truqué d’avance, le gâtés, il n’a aucun sens des réalités. 18 octobre 2015.

Directeur de la Publication Directeur de la Rédaction Désiré ENAME Tel: 05.02.50.73 Directeur de la rédaction délégué MIHINDOU BISSIELOU Rédacteur en Chef éditorial Jean Michel Sylvain: Mail, ansy1114@ gmail.com

Rédacteur en chef adjoint Raissa Oyasseko Tel: 05.54.40.46 Grand Reporter Jonas MOULENDA Grand Reporter 2 Prince Villa Coordinateur Pierre Durand Secrétaire de rédaction Harrys KOMBILA

Analystes: Ramses Frank / SYA/Arthur Page / Zang Memine Journalistes : Paul Davy / Fam Kesley / Henri Gauthier / Sophie Beuve Mery / Ledivin / Stephen Jean Landry / KTD Contribution spéciale : Pierre Durand / PLO / Gill Lawson Service Marketing: 05-54-40-40 / Maquette : EDN Impression : MULTIPRESS Distribution : SOGAPRESS Tirage : 20.000 ex. D.L.B.N N°2359/10/2015

REPoRTAGE

ECHOS DU NORD N°307 du Lundi 19 Octobre 2015

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Etats des lieux de l’éducation

Le bilan catastrophique d’Ali Bongo ondimba

L’intérieur d’une salle de classe de l’école publique de Mebang

L

Prince Villa

a rentrée scolaire 2015-2016 est effective depuis le 5 octobre dernier. Une reprise des activités pédagogiques dans les établissements des premier et second degrés qui coïncide avec le sixième anniversaire de l’arrivée d’Ali Bongo Ondimba à la tête du Gabon. Le bilan dans le secteur éducatif est catastrophique. Toutes les promesses annoncées pour le réhabiliter sont restées au stade des simples intentions. Les recommandations des états généraux de l’éducation, de la recherche et de l’adéquation formationemploi, organisés les 17 et 18 mai 2010 à Libreville moisissent dans les tiroirs. En six ans de règne sans partage, Ali Bongo Ondimba a été incapable d’ériger un seul établissement scolaire, tant dans le pré-primaire que dans le primaire et le secondaire. Pourtant, les participants à ces assises avaient esquissé les pistes pour un renouveau du système éducatif. Mais, c’était sans compter avec les émergents pour qui l’éducation n’est pas une priorité. GREVES A REPETITION. Au Gabon, les années scolaires se suivent et se ressemblent, avec des grèves à répétition chez les enseignants, qui ne demandent que l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail et les élèves, qui réclament de meilleures conditions d’apprentissage. L’année scolaire ne dure plus neuf mois. Les années sont sauvées in extremis. Le «Pacte décennal 20102020 » passé entre le monde éducatif et les politiques, au terme des états généraux de l’éducation, est toujours attendu au niveau de chaque ordre d’enseignement. Pour le pré-primaire et le primaire, par exemple, les participants aux états généraux avaient recommandé, entre autres, la généralisation d’un pré-primaire de qualité sur l’ensemble du territoire, le

ratio de trente cinq élèves par classe, la création d’établissements spécialisés pour favoriser la scolarisation des élèves présentant un handicap. Sans omettre la construction de 1 326 salles de classe, le recrutement d’une moyenne de 500 enseignants par an dans le pré-primaire. Pour le primaire, le pouvoir s’était engagé en faveur d’une scolarisation de référence. Pour y parvenir, les assises de Libreville avaient recommandé le recrutement d’une maind’œuvre suffisante en qualité et en quantité, la formation de formateurs, le renforcement des capacités en infrastructures et en équipements. Depuis là, aucun nouvel établissement n’est sorti de terre. INQUIETUDE. Au niveau du secondaire, technique et professionnel, il était question de la construction de 30 collèges d’enseignement secondaire (CES) et de lycées équipés d’aires de jeux, de laboratoires, de salles polyvalentes et de logements d’astreinte. A cela s’ajoute la promesse de construction de 15 lycées techniques de haut niveau ayant un effectif total de 1 000 élèves chacun. « Cinq ans après la tenue des états généraux, nous pensons qu’avant de prendre certaines décisions, comme la suppression des exclusions, la suppression du concours d’entrée en 6e, le gouvernement aurait dû commencer par la construction des établissements proposés par les états généraux », a fait remarquer un membre de la Convention nationale des syndicats du secteur éducation (Conasysed). « Nous nous inquiétons sur le nonrespect des engagements pris par le pouvoir pour offrir à la jeunesse gabonaise un système éducatif performant », a-t-il ajouté. Avec un taux de scolarisation estimé à plus de 96%, le Gabon, un petit émirat aux richesses inestimables, peine à se doter d’un système éducatif de qualité. Dans un

récent rapport statistique remis aux nouveaux responsables de l’Education nationale, de l’Enseignement technique et professionnel, il ressort que le pays a un déficit de 910 salles de classe dans le primaire et de 1 799 dans le secondaire. De nombreux établissements, construits dans les années 70, sont largement en fin de vie. A l’instar de l’école publique rurale de Mebang, dans le département du Woleu (province du Woleu-Ntem). Ledit rapport fait également état d’un besoin de 1 910 enseignants dans le secondaire, dont 302 enseignants de mathématiques, 166 de sciences physiques, 130 de sciences de la vie et de la terre (SVT), 132 de français, 176 d’anglais. Avec 53 établissements secondaires sur les 157 à travers tout le pays, la province de l’Estuaire présente un déficit total de 1 042 enseignants, toutes matières confondues. Pour colmater les brèches, le rapport suggère le recrutement de 115 enseignants volontaires, le recrutement de 230 enseignants étrangers à travers un appel d’offre international, le maintien en activité de tous les enseignants admis à faire valoir leurs droits à la retraite ou encore le redéploiement de 51 enseignants en inactivité recensés en février 2015. ULTIMATUM. La Conasysed a donné un ultimatum au gouvernement, le 5 octobre, à la faveur d’une assemblée générale à Libreville. Les enseignants ont menacé de suspendre les cours si l’Etat ne trouvait pas des solutions, d’ici au 25 octobre courant, à leurs revendications restées en suspens l’année dernière. Celles-ci tournent autour du remboursement des différentiels des salaires arbitrairement ponctionnés aux mois de juin et juillet 2015, aux leaders syndicaux et aux autres enseignants, la restitution des bons de caisses « séquestrés » des mois de mars, avril, mai, juin et juillet 2015 à tous les ensei-

Cette salle de classe n’est pas prête à recevoir des élèves gnants arbitrairement privés de leurs droits fondamentaux, le paiement des vacations des examens de 2015, le paiement de la Prime d’incitation à la performance (PIP) du deuxième trimestre. Sans omettre le traitement définitif du dossier du préprimaire afin que les ensei-

gnants puissent entrer en possession de leur premier salaire au plus tard le 25 décembre 2015, le paiement des rappels dus aux enseignants. « Sans la réalisation de tous ces points, au plus tard le 25 décembre 2015, il n’y aura pas de deuxième trimes-

tre. Et, si les trois premiers points ne trouvent aucune satisfaction durant les jours suivant la rentrée des classes, la Conasysed se réserve le droit de revoir sa position dès le 25 octobre 2015 », a menacé le délégué général de la Conasysed, Simon Ndong Edzo.

Front social

Les syndicats demandent la réorganisation du ministère du Commerce

B

PV

aptême du feu pour Madeleine Berre, ancienne présidente de la Confédération patronale gabonaise. La nouvelle ministre du Commerce affronte la grogne des syndicats, qui réclament l’application du nouveau décret n°0258/PR/MCPMEADS, du 28 avril 2015, portant réorganisation de la direction générale du commerce. Il y a également la situation de la carte de commerce et de la déclaration d’importation des produits, la suspension des opérations de surveillance des marchés et des textes de la régie. Ces points ont été longuement débattus, le 16 octobre dernier, au cours d’une assemblée générale extraordinaire des membres du Syndicat national des agents du ministère de Commerce (Syna-MC) et ceux du Congrès syndical du ministère de l’Industrie et du Commerce 1 et 2 (Cosmic 1&2), regroupés au sein d’une coalition. Les syndicats ont invité à la table de négociation leur nouveau ministre. Les points cités plus haut pourraient engendrer des tensions au sein du ministère si rien n’est fait. Les syndicats auraient eu vent que leur tutelle voudrait confier la gestion de la carte de commerce aux responsables de l’Agence nationale de la promotion et des investissements (ANPI). Selon le président de Cosmic 1, Roland Mba, « il n’est pas question que nos produits soient gérés par des personnes étrangères à notre

Les agents du ministère pendant l’AG ministère. La carte de commerçant doit être géré par les seuls agents du ministère du Commerce ». Les syndicats ont menacé de déposer un préavis de grève, dans les tout prochains jours, si leur invitation à la table de négociation tombe dans les oreilles de sourd. A en croire les partenaires sociaux, la carte de commerce a été suspendue, en 2005, à la demande du ministre de l’Economie de l’époque, à cause du flou entretenu par certains responsables sur sa gestion. Les retombées ont souvent pris des destinations inconnues. D’où la montée au créneau des syndicats vendredi, pour dire halte à la gestion scabreuse de la carte de commerce. Alors qu’elle avait disparu de la circulation, cette carte a été réhabilitée en 2014 par l’ex-ministre du Commerce, Gabriel Tchango. Pour Emmanuel Nze Kwendi, président du SynaMC, la carte de commerce permet d’identifier l’opéra-

teur économique qui est en règle dans tous les espaces commerciaux du pays. Tout prétendant à cette pièce s’acquittait d’une somme allant de 30 000 à 800 000 francs CFA, en fonction de sa catégorie. Une véritable mine d’or pour les patrons des ministères de l’Economie et du Commerce. Pour sa gestion, les syndicats souhaitent la création d’une commission composée de représentants de la tutelle et de partenaires sociaux, pouvant réfléchir aux données et aux nouvelles orientations. «Nous attendons que le ministre de l’Economie interpelle notre nouveau ministre de Commerce, pour discuter de cette carte, qui plus est que nécessaire pour notre secteur d’activité», a poursuivi le président du Syna-MC. Quant au décret du 28 avril 2015, il devrait inaugurer une ère nouvelle dans tous les services et toutes les directions du ministère du Commerce.

ECoNoMIE

ECHOS DU NORD N°307 du Lundi 19 Octobre 2015

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La Poste S.A.

Le communiqué du gouvernement déroute les épargnants Le président de la République a nommé Michel Adandé le 16 octobre 2015 à la direction générale de La Poste S.A, en lieu et place d’Alfred Mabicka Mouyama. Ce changement suffira-t-il pour rétablir la confiance des épargnants ? Jean Michel Sylvain

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xit Alfred M a b i c k a Mouyama ! Bienvenue à Michel Adandé. Ce jeu de chaises musicales, auquel s’est livré Ali Bongo Ondimba en pleines festivités surréalistes de son 6e anniversaire de prise de pouvoir par effraction, va-t-il pouvoir ramener la confiance et sauver cette entité qui aurait dû être au cœur du développement économique et social du Gabon ? Surtout que le communiqué du ministre du Développement dura-

ble, de l’Economie, de la Promotion des investissements et de la Prospective, paru dans le quotidien gou-

vernemental « L’Union », le samedi 17 octobre 2015, évoquant la situation à la Poste Bank, la principale

filiale de La Poste S.A. version Alfred Mabicka Mouyama, est très loin de rassurer. Il déroute totale-

Le très controversé Michel Adandé prend les commandes JMS

M

ichel Adandé vient d’être nommé à la direction générale de la Poste S.A. L’homme sort de longs mois d’hibernation après son éjection, le 6 mai 2015, de la présidence de la Banque de développement des Etats de l’Afrique centrale (BDEAC), par la conférence des chefs d’Etat de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac). Cette autre « perle rare » dénichée par Ali Bongo Ondimba pour relever le défi de la Poste S.A. est à l’image de son prédécesseur, un personnage tout aussi mégalomaniaque. Les déboires qu’il a connus au sein de la BDEAC, bien qu’il s’en soit défendu dans les colonnes de Gabonreview, le 25 juin 2015, sont liés à ce trait de caractère, assurent ses très nombreux détracteurs. Ce n’est sans doute pas le profil le mieux indiqué pour remettre sur les rails une maison qui a érigé le culte de la personnalité, les intrigues de couloirs et l’esprit des clans en mode de gouvernance. Sans oublier qu’il s’agit de la Poste. Un métier très technique, qui ne réussit qu’aux véritables « postiers de formation ». Michel Adandé est banquier. Il faut dès lors craindre que le métier qui doit faire la prospérité de cette entité, d’abord et avant tout la Poste, ne soit relégué une fois de plus au second plan. Michel Adandé, s’il veut réussir, doit changer radicalement de style. A la BDEAC, l’homme avait la réputation de n’en faire qu’à sa tête, sans tenir compte des avis des directions techniques. Ce qui lui a valu le refus catégorique opposé par les autorités de la Cemac de procéder à une très

coûteuse rénovation du siège social à Brazzaville, pour un montant de 10 milliards de FCFA. Alors que, lui, l’avait souhaité sitôt arrivé aux commandes de la banque sousrégionale. L’homme a également vu la Commission de surveillance des marchés financiers de l’Afrique centrale (Cosumaf) annuler au dernier moment l’emprunt obligataire de 35 milliards de FCFA que la BDEAC voulait émettre, sous la présidence Adandé. La Cosumaf lui avait recommandé de rectifier le tir de son opération en tenant compte de l’avis émis par la direction financière de la BDEAC. L’homme n’a pas voulu s’y résoudre, préférant compter sur ses appuis politiques. Malheureusement, cela n’a pas marché, et l’opération a capoté. Malgré ce premier fiasco, Michel Adandé va vouloir lancer sur le marché une autre émission d’obligation de 75 milliards de FCFA, au début de l’année 2015. Naturellement, cela lui a été refusé parce qu’il n’avait pas intégré dans sa démarche les recommandations de sa direction financière. En outre, en

fin de mandat, il ne pouvait pas engager l’établissement pour un tel montant. L’homme a mal encaissé ce désaveu et pris la décision de « sanctionner » en interne tous ceux qui ne l’avaient pas suivi dans cette opération. « Ceux qui connaissent comment fonctionne la BDEAC le comprendront aisément à la lecture de la décision n°167/P/15 portant affectations et mutations au sein de la banque du 4 mai 2015 », assure le blog brazzaplus, très au fait de l’actualité économique du Congo. Heureusement pour la banque, la décapitation de la direction financière ne va point prospérer. Deux jours plus tard, la conférence des chefs d’Etat de la Cemac relevait Michel Adandé de ses fonctions. Le nouvel homme fort de La Poste S.A. a également une autre grosse lacune qui s’est dévoilée à Brazzaville : il adore ne s’entourer que « des siens ». Une stratégie appliquée aussi tout au long de son règne par Alfred Mabicka Mouyama, le sortant. Cette attitude a été à l’origine de fortes tensions

entre Michel Adandé et son vice-président à la BDEAC, le centrafricain André Nzapayéké, sur fond d’accusation mutuelle de mauvaise gestion. Une situation qui a mis à rude épreuve le personnel de cette banque. Au point qu’il a adressé, le 7 juin 2013, au comité d’audit de la banque, une lettre « … signée du nom de Thierry Mangout, un pseudonyme collectif, des cadres de la banque », reprise par le site internet jeuneafrique.com, le 5 juillet 2013. Dans ce brûlot, les cadres de la BDEAC déplorent « le climat délétère fait d’intrigues et de coups tordus qui, selon eux, y règne. Autres reproches fréquemment entendus dans les couloirs de la banque : les trop nombreuses missions de Michaël Adandé, qui passerait rarement plus de dix jours d’affilée à Brazzaville ; la confortable prime de bilan 2012 (quatre mois de salaire, soit environ 40 millions de F CFA ; 61 000 euros) que le conseil d’administration, dont il est le président, lui a attribuée – ce qui constitue un fait sans précédent dans l’histoire de la banque – ; et, surtout, la « gabonisation » excessive des postes à responsabilités. Huit divisions sur douze, plus les présidences de l’assemblée générale des actionnaires et du comité d’audit sont détenues par le Gabon ». C’est donc un caractère fort, affublé d’une proximité jamais démentie avec le régent du Gabon, Maixent Accrombessi, qui arrive à la tête de la Poste S.A. Avec un tel pedigree, pas sûr que La Poste S.A., qui ne représente somme toute qu’ « un lot de consolation » pour celui qui voulait rempiler cinq années supplémentaires à la tête de la BDEAC, y trouve son compte.

ment plusieurs analystes à qui ce texte a été soumis, tant il est truffé de contrevérités et de contre-sens. Le seul élément positif à en tirer est que Régis Immongault confirme malheureusement les informations que « certains médias » ont relayées, et qu’il a lui-même qualifiées d’alarmistes. En indiquant clairement qu’ « après avoir identifié les causes des dysfonctionnements à l’origine des tensions de trésorerie récurrentes à Poste Bank, des mesures visant à restaurer les ratios prudentiels requis et à garantir la disponibilité immédiate de la trésorerie sont en train d’être prises par le gouvernement », le ministre confirme par là que la Poste Bank, depuis longtemps, s’était écartée des règles édictées par la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac). Cela signifie, en d’autres termes, qu’elle filait tout droit vers une faillite certaine. N’ayant plus les moyens de jouer dans la cour des banquiers. C’est exactement ce qu’une « certaine presse » n’a fait que dire. Les contradictions du ministre sont par contre très flagrantes. Le ministre avance, au détour d’une même phrase, des paroles que tout responsable sérieux, de surcroît de son rang, se garderait de tenir aux usagers et opérateurs économiques. Car invoquer « (…) l’impossibilité de la banqueroute de la Poste-Bank(…) », tout en limitant la raison de cette « impossibilité » à la seule « garantie illimitée de l’Etat sur les dépôts et avoirs des épargnants(…) » est totalement absurde. En fait, il n’y a pas de rapport direct entre les deux notions. Les dépôts et avoirs sur les clients de la Poste Bank, garantis de manière illimitée par l’Etat, sont très distincts du chiffre d’affaires généré par cette banque, qui garantit la viabilité de l’établissement dans la durée. Il est tiré principalement des intérêts sur les crédits accordés par la

banque à ses clients. C’est ce chiffre d’affaires qui permet de couvrir les charges de la banque. Il ne bénéficie pas de la garantie illimitée de l’Etat gabonais. Lorsqu’il n’est plus suffisant pour couvrir les charges de la Poste Bank, le système libéral dans lequel évoluent les affaires au Gabon impose à l’Etat de ne rien faire pour sauver une telle entreprise. La meilleure preuve est que plusieurs banques publiques ont bien fait faillite, malgré « la garantie illimitée de leurs Etats respectifs ». L’environnement dans lequel évolue cette banque ne peut pas se conformer à cette théorie d’impossibilité de banqueroute émise par le ministre de l’Economie. Car il est doublement normé par les dispositions relatives à l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (Ohada) et le cadre très restrictif édité par la Cobac à l’endroit des banques évoluant dans l’espace de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac). Faire croire qu’une banque peut s’affranchir des diktats de ces deux organismes comme veut l’indiquer le communiqué du ministre, c’est au minimum considérer « les usagers de la Poste Bank » comme de parfaits incultes. A moins que le mensonge qui colle aux basques des émergents leur enlève tout sens de la réalité et de la mesure. Car « le monde bancaire imaginaire sans banqueroute » de Régis Immongault, dans lequel voguerait la Poste Bank, signifierait l’introduction délibérée d’une distorsion inacceptable de la concurrence entre la Poste Bank, qui « peut faire n’importe quoi » au nom de l’impossibilité de tomber en faillite, et les autres établissements bancaires qui, chaque jour, surveillent leurs ratios prudentiels pour ne pas faire banqueroute. Le ministre de l’Economie a eu le courage de reconnaître la gravité de la situation. Tout en indiquant que les mesures « sont en train d’être prises » pour restaurer les ratios prudentiels et la trésorerie de la Poste Bank. Il aurait dû s’en tenir à ça. Au lieu de servir en sus cette fable sur l’impossibilité de la banqueroute de la Poste Bank, alors qu’il sait très bien qu’elle se meut dans le même environnement que de toutes les autres entreprises évoluant dans le cadre de l’Ohada.

PoLITIQUE

ECHOS DU NORD N°307 du Lundi 19 Octobre 2015

8

La lettre de Ndemezo’o révèle les dessous de la non candidature fang Les lieutenants de la « firme » tentent de manipuler le chef de l’Etat équato-guinéen à travers un gros mensonge. D.Z. Memine

I

l fallait se douter qu’il y avait du gros, bien huilé, derrière la sortie d’Essone Mengue à Bitam en août dernier. «On ne nous aime pas. » « Moi non plus. » « On» mis pour «la communauté fang» du Gabon. Une sortie qui puait l’entourloupe à mille lieues. C’est alors que, de fil en aiguille, des voix se lâchent. Et des enveloppes s’ouvrent. En réalité, l’affaire remonte à près de trois ans. Préparée dans le secret des alcôves. Un clan se regroupe avec comme chef de fil adjoint René Ndemezo’o Obiang. Tous sont d’accord que l’heure a sonné. L’heure de concrétiser le plan plus que quarantenaire concocté dans le saint des saints de l’Ageg (Association générale des étudiants gabonais) : l’entrisme et la prise du pouvoir. Les limiers de ce projet et associés se retrouvent dans la liste annexée à cette lettre par ordre d’importance. Certains noms ont été ajoutés sans consultation aucune. Premier acte de ce plan machiavélique, liquider AMO vivant, avec l’aide des siens : Jean Eyeghe Ndong et certains souverainistes, dont un proche beau-frère. Dans la missive au président de la Guinée Equatoriale, les signataires déclarent « de manière pratiquement unanime, la plupart des leaders consultés sont d’accord qu’en l’absence, pour des raisons de santé d’André Mba Obame, il serait judicieux de soutenir un candidat non fang en la personne de Jean Ping (…)». Des leaders de la communauté fang ? Lesquels ? Quand ont-ils eu cette réunion ? Où ? Quel procès-verbal l’a-t-elle sanctionnée ? Rappelons qu’au moment de la rédaction de ce courrier, André Mba Obame se trouve en Tunisie pour sa rééducation. Il venait à peine de quitter le Gabon pour ce pays hôte, le 5 octobre 2013. Lors des campagnes pour les élections locales de 2013, il se montre sur les affiches de campagne des candidats de l’Union nationale, alors dissoute, en guise de soutien à ses frères d’arme. Loyal, il ne lâche personne. Un autre fait est qu’à ce moment-là, Jean Ping n’éveille nullement les soupçons d’aucun Gabonais sur sa défection prochaine du Parti démocratique gabonais (PDG) pour rejoindre l’opposition. Comme un ensemble bien réglé, sa sortie a eu lieu 10 jours après la rédaction de cette lettre. Il fallait convaincre par des termes formulés. Et est-ce un hasard si la sortie de Jean Ping, le 6 février 2014, s’est

produite au cours d’une réunion des « Souverainistes » à majorité fang, issus de l’Union nationale, parti doté d’une base fang très forte. A chacun d’en tirer ses conclusions. Notons aussi que le principal signataire de cette lettre, René Ndemezo’o Obiang, s’il montre une petite agitation au sein de son parti politique, le PDG, est encore député de la commune de Bitam. Le deuxième acte va consister à vendre un mensonge en béton : la mise à l’écart volontaire de la communauté fang aux prochaines élections. Et pour l’étayer, une liste y est annexée, dans laquelle on ne retrouve évidemment pas la réalité des notables de cette communauté. Il n’y a ni Jean Marc Eko’o Ngyem ; ni Casimir Oye Mba ; ni Bonjean François Ondo ; ni Jean François Ntoutoume Emane de l’Estuaire. Puisqu’on parle dans la lettre de la communauté fang du Gabon ; ni Antoine Abiage Angoué ; aucun des notables connus dans le Moyen-Ogooué comme Victor Afene ou de l’Ogooué-Ivindo comme l’ex-gouverneur Nze Thomas Debouillon, etc. Il n’y a ni un Pierre Claver Mvele Ndango, notable fang Essilane, branche Yeffah de l’Ogooué-Maritime. Des personnalités de ladite communauté ou leurs milieux, approchés sur la question, ont nié les faits et certains d’entre eux cités, comme le Pr Albert Ondo Ossa, n’en savaient strictement rien et n’ont collaboré à rien du tout. Pourquoi ce mensonge ? La «firme», radicale au changement et décidée de restaurer le système OBO, avec OBO en moins, est à la manœuvre. Elle a choisi non pas son porte-étendard, mais son faire-valoir, en l’occurrence Jean Ping. Ainsi, personne ne rendra des comptes sur cinquante ans de gabegie et de pillage perpétrés par l’un des plus gros sicaires des finances de l’Etat : Pascaline Mferri Bongo Ondimba. Mais mieux. Le «faire-valoir» Ping a des difficultés énormes à Malabo. Pour les apaiser, il faut utiliser une sorte de cheval de Troie : la communauté fang. En plus, un candidat fang ne permettra pas le report des voix escomptées vers le candidat de la «firme». Les plans de la «firme» ne doivent en rien être dérangés. Voilà pourquoi Dieudonné Minlama, natif de Bitam, qui nourrit des ambitions et les annonce, va être chaudement combattu par les limiers de l’ex-député de Bitam. Et d’autres anciens de l’Ageg. Que Raymond

Ndong Sima a des «pingouins» à ses trousses dans la ville d’Oyem. Que ceux-ci alignent des thèses fumeuses dans certains organes de presse, prétendant que c’est le fait fang qui a prévalu au vol de la victoire d’AMO à la dernière élection présiden-

tielle de 2009 ; voire à celle de Mba Abessole en 1993. Quid du cas Mamboundou en 2005 ? Punu de Ndendé ? Parler de tactique n’est encore qu’affabulation. Sur ce volet, on aurait à redire. La « firme » que sert René Ndemezo’o Obiang et ses

affidés ne reculera devant rien pour pousser leur homme. Quitte à tenter de manipuler un chef d’Etat de la sous-région. Manque de pot, le projet des comploteurs de la « firme » ne prospérera pas. Le courrier est intercepté sur les bords du

Ntem et n’atteindra pas son destinataire. Un autre notable «fang», de surcroît de Bitam, a eu la main trop rapide. Comme quoi, la Copa, «la mort ne vient jamais de loin», dit l’adage. L’affaire a une suite palpitante.

(...)

TALoCHE

V

ous, les faux opposants, je vous mets en garde contre votre roublardise. Avec vos appétits pécuniaires boulimiques et votre égoïsme rampant, vous passez le plus clair de votre temps à communiquer au régime les stratégies de vrais lutteurs. Vous êtes de pauvres types ! En tout cas, je suis en train de vous recenser, vous qui faites le double-jeu parce que vous avez des atomes crochus avec le pouvoir. Comme vous ne voulez pas cesser vos imbécillités, je vous citerai nommément la prochaine fois. Vous passez votre temps à jouer le rôle de lèche-cul auprès des gouvernants. N'avez-vous pas honte de ne récolter que des pets ? Le pays va très mal. Ce que vous trouvez de mieux à faire c'est de poser des crocs-en-jambe à ceux qui veulent libérer le Gabon de la dictature émergente d'Ali Bongo Ondimba. Mais vous êtes des psychopathes ! Arrêtez ça ! Personne ne vous a invités dans les rangs de l'opposition. Si vous n'étiez pas sûrs de mener le combat avec sincérité, il fallait rester où vous étiez. L'opposition n'est pas un lieu de tourisme politique. C'est plutôt la citadelle des valeurs démocratiques. Dans votre errance politique, vous avez ouvert la mauvaise porte. Ressortez en rebattant la porte sans trop faire du bruit. Les Gabonais n'ont plus besoin de caméléons. Vous devez choisir votre camp. Soit vous êtes du pouvoir, soit vous êtes de

l’opposition. Avez-vous vu une annonce dans un journal faisant état d'un recrutement de cadres et militants au sein des partis politiques de l'opposition ? Pourquoi avez-vous déménagé avec armes et bagages si vous n'étiez pas sûrs de couper le cordon ombilical avec le régime qui vous nourrissait à son biberon ? C'est à cause de votre versatilité que le peuple vous méprise. Cessez donc vos comportements ébouriffants. A cause de votre nombrilisme, vous êtes infichus de comprendre que les enjeux politiques du moment vous obligent à regarder dans une même direction. Pourquoi agissez-vous de la sorte ? Parce que le régime en place vous nourrit à la cuiller sans pour autant que vous soyez rassasiés ? Mais vous êtes ridicules et pitoyables ! En tout cas, vous ne disposez plus de beaucoup de jours pour choisir définitivement votre camp. Vous ne pouvez pas continuer à nager à contre-courant. Le temps du papillonnage politique est révolu. N'oubliez pas que les choix les plus importants doivent se faire avant le temps où l'expérience éclaire le jugement. On ne peut plus continuez comme ça ! Bientôt, vous allez récolter ce que vous semez. Vous apprendrez à vos dépens que la pipe qui consume le tabac se laisse aussi consumer par le tabac. Jonas MOULENDA

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présents : Alice Mebiame,. Léon Mebiame, Me Chico et. le sémillant Claude Sezalory,. actuel maire d'Akanda, alors. agent immobilier gérant des. biens d'OBO ...

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