Le calvaire des militaires gabonais à Bangui

ECHOS DU NORD

Les nouvelles révélations de Pierre Péan Système Bongo

Hebdomadaire Gabonais d’informations paraissant le Lundi. 9e année N° 257 du Lundi 27 Octobre 2014. Prix : 600 FCFA

Lire en page 4

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- Le FMI brouille la propagande émergente P7

- Ali Bongo Ondimba 47 et non 5 ans P5

Condoléances

Ayant appris avec consternation le décès de notre confrère, Imam Placide Moulakou, Directeur de publication de l’Hebdomaire “Le Scribouillard”, La direction générale de “Nord Edition, La Rédaction d’Echos du Nord et celle de Faits Divers presentent à la famille du disparu ainsi qu’à toute la corporation, leurs sincères condoléances. La disparition de Imam Placide Moulakou constitue à n’en point douter une perte pour la presse gabonaise.

“Change. Believe” Barack Obama

LETTRE AU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE

Monsieur le Président, Ce serait un crime moral pour moi en tant que combattant des libertés de rester muet face à cette souffrance que traversent de nombreuses familles gabonaises. Je me trouve donc dans l’obligation morale de vous interpeller et vous rappeler vos obligations. «La plante du pied et le petit caillou ne se manquent pas », disait mon grand-père. Depuis quelques années, notre pays assiste à la recrudescence du phénomène abominable des crimes rituels. Monsieur le Président, je voudrais que vous vous mettiez, pour un instant de raison, à la place de ces familles qui perdent leurs membres. Il va de soi que vous comprendriez leur douleur. « Si tu penses que le pain ne sent pas la chaleur dans le four, prends sa place », disait mon grand-père. Dans l’organisation de nos pouvoirs publics, s’agissant de la Justice, vous êtes maître des poursuites, en matière pénale. Il vous est, en effet, reconnu la compétence exclusive de mettre en mouvement l’action publique et, à ce titre, le discernement dans l’action doit à tout instant rester votre guide. Mettez donc la main à la pâte puisque les magistrats ont montré leurs limites. Mon aïeul disait : « Le tendon est bon, mais il ne peut pas attacher un tambour. » Il n’est pas bon que vous restiez sans engager une action plus résolue contre cette pratique abominable aux contours brumeux. Cela fait plusieurs décennies que des familles en pâtissent. Il vous est reproché de rester motus et bouche cousue devant ce phénomène qui devrait ébranler votre conscience. D’aucuns se demandent même quel genre de cœur vous avez pour rester si indifférent. Je donne finalement raison à mon grand-père, qui disait : « Si ton voisin souffre du point de côté, sa douleur ne t’empêche pas de trouver le sommeil. » Si réellement vous voulez combattre les crimes rituels, mettez toutes les forces en branle. Si vous continuez à rester silencieux, si vous ne prenez pas position contre ce phénomène inhumain, le citoyen lambda continuera de tenir votre pouvoir pour responsable de ces abominations qui ternissent l'image de notre pays. Si vous n'y mettez pas un terme, la situation deviendra si infernale que le Gabon sera une destination infréquentable, pour aussi bien les touristes que les investisseurs. « Le rat ne va pas jouer au salon du chat», m'expliquait mon aïeul. Monsieur le Président, la paix est l’ensemble des valeurs, des attitudes et des comportements qui traduisent le respect de la vie, de la personne humaine et de sa dignité, de tous les droits de l’homme. C’est le rejet de la violence sous toutes ses formes et l’attachement aux principes de liberté, de justice, de tolérance. Or, des citoyens sont continuellement dépecés, tels des gibiers à travers le pays. Où est la paix dans tout ça ? Ce n'est qu'une vue de l'esprit ! (suite en page 2)

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Dans ce numéro - Front social : les travailleurs dans la rue ce matin ?

Lire en page 2

i, à en croire « Ezoombolo » (15/10/14), la balade de sa petite majesté Ali Bongo Ondimba a coûté 10 milliards de F CFA au contribuable gabonais, on l’aurait admis s’il s’agissait d’une visite d’Etat. A ce qu’il semble, sa petite majesté se serait rendu à Udaipur dans l’Etat du Rajahsthan, dans le nord-est de l’Inde. L’Etat est réputé pour ses palaces historiques et ses temples, dont le City Palace ou le Jagdish Temple. La délégation composée de 12 proches et de nombreuses autres personnes, dont des membres de la sécurité présidentielle, s’est également rendue dans l’Etat de l’Uttar Pradesh, où se trouve le Taj Mahal. Des indiscrétions glanées çà et là, une fastueuse cérémonie aurait eu lieu, qui ressemblerait à des noces (?) avec exhibition d’objets précieux privés de la collection de sa petite majesté (montres, bijoux de tout genre taillés ou sertis de pierres précieuses, etc.). La visite du Taj Mahal, quant à elle, aurait plutôt revêtu un caractère «sacré». Le Taj Mahal reste tout de même un lieu symbolique et mystique où certains espèrent ramener des bienfaits et un renouveau spirituel. Selon des indiscrétions, tout ceci n’aurait pas connu le même aboutissement sans l’implication du patron d’Olam, Gagan Gupta. Il reste à vérifier comment celle-ci s’est matérialisée. Par sa présence ou bien par des apports en nature ?

ACTUALITéS

LETTRE AU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE

(suite de la page 1) Ces atrocités ont des conséquences psychologiques graves. Mon papy disait : « Ce qui va casser le pied le fera boiter.» La paix trompeuse nuit plus que la guerre. Le pays que vous dirigez détient le record des crimes rituels. Les Gabonais sont exaspérés par ce phénomène observé tous les jours. Ils en ont marre des caprices des hommes politiques qui le dirigent tout en leur faisant subir les souffrances les plus atroces. Beaucoup de vos collaborateurs sont aujourd'hui repoussés à cause de leur appétence des sacrifices humains. C'est une méfiance justifiée. « L'oiseau qui mange les petits des autres ne fait pas son nid à côté d'eux», m'expliquait mon grand-père, grand ornithologue de son époque. Les Gabonais doivent vivre sans la peur au ventre. Il est de votre devoir d’œuvrer pour le retour de cette paix sociale. Pour cela, il faut y mettre toute votre énergie. Il vous est reproché de rester coi et impavide devant ce phénomène qui choque toute conscience humaine. Pour la majorité des Gabonais, votre pouvoir est le principal instigateur des crimes rituels tant décriés. Il faut que vous vous tourniez vers le soleil. Pour couper court à cette supputation, livrez à la justice tous vos collaborateurs trempés dans ces abominations. Commencez par les virer des postes qu'ils occupent parce qu'ils salissent l'image de votre régime. Vous ne pourrez pas redorer votre blason avec des individus peu fréquentables. « On ne fait pas des ablutions avec de l'eau sale », aimait à dire mon aïeul. Monsieur le Président, faites tourner la page des crimes rituels dans notre pays. Réconciliez-vous avec vous-même puis avec le peuple. Tournez-vous vers le soleil afin que votre ombre soit derrière vous car vous aussi, vous avez, de par votre mutisme, une part de responsabilité dans ce phénomène odieux. Si vous continuez à jouer à la carpe, votre image sera davantage écornée. « Le mortier qui accepte et reçoit tous les coups finit par se trouer », aimait à dire mon papy. Jonas MOULENDA

Elections sénatoriales/ Mandji

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ES militants du Parti démocratique gabonais (PDG) du département de Ndolou (Mandji) sont opposés à la candidature de René Morvan aux prochaines élections sénatoriales. Nombreux sont ceux qui souhaitent que l’ancien directeur général d’Air Gabon prenne désormais sa retraite politique, après ce qu’ils qualifient de passage à vide dans l’arène locale. Lors des élections primaires, certains membres du conseil national n’ont pas caché leur ras-le-bol. René Morvan n’a d'ailleurs pris le dessus sur son challenger, Jean-Pierre Balilou (Bab), qu’avec un écart d’un seul point. Toute chose qui prouve que l’apparatchik ne pèse plus lourd sur l'échiquier politique local. Sénateur sortant et ancien maire de Mandji, il aurait pu l’emporter par un score à la soviétique, estiment certains militants. Devant cette situation, la hiérarchie du parti a soumis le cas Morvan à l’appréciation du président du parti, Ali Bongo Ondimba, pour arbitrage. Pour d’aucuns, il est hors de question de laisser l’ancien pilote faire du poste de sénateur de Ndolou un titre foncier. « Il est temps de passer le flambeau à la jeunesse », a estimé un

membre du conseil national. Les Manois reprochent à René Morvan de se tenir trop éloigné de leurs préoccupations et une certaine arrogance. Il est présenté comme un homme peu sociable. Des griefs qui auraient été formulés depuis qu’il était maire de Mandji. « Il ne s’est pas amendé. On ne peut pas reconduire un homme qui ne veut pas changer malgré les observations », a renchéri un autre militant, avançant que l'ap-

Une délégation de ce parti dissous par le gouvernement vient de séjourner dans le chef-lieu du département du Haut-Como. Conduite par Jean Christophe Owono Nguema, nouvellement promu commissaire aux relations extérieures, qu’accompagnait Jean-Christian Nzoghe, un cadre de ce parti, la délégation avait pour mission de désigner les responsables des structures de base et de désigner leur candidat au scrutin de décembre prochain.

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SYA Envoyé spécial

l a fallu 8 heures de débat à la délégation conduite par JeanChristophe Owono Nguema, le commissaire aux relations extérieures de l’UN, et JeanChristian Nzoghe, pour vider un ordre du jour qui ne comportait pourtant que quatre points : La réorganisation de ce parti de l’opposition, la mise en place des structures de base, la désignation de leur candidat à la prochaine élection locale et les divers. Malgré l’absence de blocages, hors mis l’épisode de la désignation du candidat à l’élection sénatoriale, les Medounois avaient visiblement envie de parler pour exorciser leur peur. Ils avaient envie de se rassurer auprès de ces deux émissaires, que « leur parti » va définitivement sortir d’un certain attentisme, pour réoccuper le terrain. Avec méthode, JeanChristophe Owono Nguema s’est attelé à les rassurer.

paratchik n'est pas un atout pour la campagne de l'élection présidentielle à venir. René Morvan est soutenu par l’actuel président du Conseil national de la communication, Jean-François Ndongou. Mais sa candidature ne semble pas rencontrer l’assentiment du membre du bureau politique, Jean-Koumbi Guiyédi, qui, lui, prône la rupture et le rajeunissement de la classe politique dans Ndolou.

Après avoir tracé l’histoire de l’UN depuis sa dissolution en 2011, l’ancien député de la commune d’Oyem a présenté la nouvelle stratégie à l’assistance, très nombreuse, qui avait pris d’assaut la résidence privée d’Amo, et les a

conviés à s’inscrire dans la nouvelle logique qui tourne « autour de l’occupation du terrain ». Pas un pouce du territoire du Haut-Como dira-t-il, ne doit demeurer sans l’action des militants et sympathisant Un. Il leur a présenté la nou-

velle organisation du parti dans la province. Au sommet se trouve la coordination provinciale. Celle-ci va animer plusieurs démembrements que sont les coordinations : départementale, communale, cantonale, de quartier, de village et des cellules de base. C’est donc pour mettre en place toutes ses structures que la mission conduite par l’ancien député d’Oyem a été commise à Medouneu. L’assistance n’a pas manqué de manifester ses inquiétudes quant à l’état actuel de santé d’André Mba Obame, l’organisation de l’élection présidentielle et la terreur dans laquelle vivent les populations de cette localité depuis la sortie d’André Mba Obame du PDG. (suite en page 7)

CNSS : qu’est devenu le rapport du cabinet Deloitte ?

Commis par le palais de la présidence, le cabinet Deloitte a procédé à un travail de vérification au cas par cas dont les conclusions tardent à être rendues publiques. Pour des raisons obscures. Toute situation qui amplifie l’ire des exagents de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). Lesquels, licenciés depuis le 20 septembre 2013, attendent jusque-là, le paiement intégral de leurs droits. Que sont donc devenues les conclusions du rapport du cabinet Deloitte ?

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Markky Edzang Zuè

’arrêté 0066 pris par l’Etat exige à la CNSS de régler toutes les situations administratives c’està-dire les rappels avant que l’Etat ne paye les droits légaux ; que sont: le congé sur la durée du préavis, le 13è mois sur la durée préavis, l’ancienneté sur la durée du préavis et l’arrêt des comptes au 30 septembre 2013. Toute chose que n’a jamais voulu appliquer le directeur général de la CNSS, Désiré

Le calvaire des militaires gabonais à Bangui

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L’Union nationale se redéploie et désigne son candidat

Elections sénatoriales/Medouneu

La candidature de René Morvan contestée par la base du PDG PV

ECHOS DU NORD N° 256 du Lundi 27 Octobre 2014

’est le 13 mars 2014 que des militaires gabonais à Bangui avaient été mobilisés pour le compte de la Mission internationale pour la sécurisation de la Centrafrique (Misca) sous l’égide de l’Union africaine. Ladite mission durait six mois jusqu’à la mi-septembre. Dans le ce cadre, il leur avait été fixé un salaire de 534 000 F CFA par mois. A cause des fluctuations du dollar, ce montant tombera à 450 000 F CFA. Puis, à la fin de la mission, au mois de septembre dernier, ils seront à nouveau mobilisés dans le cadre de la Mission internationale des Nations unies pour la sécurisation de la Centrafrique (Minusca). En plus d’un fonds pour les frais de communication d’un montant de 18 000 F CFA par personne, leurs salaires demeuraient intacts. Alors que tous les militaires des autres pays africains en mission reçoivent leurs salaires convenablement et chaque mois, parce que ceux-ci sont reversés directement dans leurs comptes, ce qui par ailleurs avait été dit aux militaires gabonais par les membres de l’Union africaine en charge de la mission, ainsi que ceux de l’Onu, les soldats gabonais ne comprennent pas pourquoi leurs salaires ne leur ont pas été versés à ce jour. Aux dernières nouvelles, on leur apprend que c’est via le secrétariat général du ministère de la Défense que ceux-ci transiteraient. Cette décision aurait été prise par le gouvernement gabonais. Toutefois, lorsque ces derniers évoquent la situation, ils subissent menaces et intimidations de la part de la hiérarchie. Or, le travail qu’ils effectuent en Centrafrique est loin d’être une balade de plaisance. Pour faits, deux d’entre eux, à ce que l’on sait, y ont déjà perdu la vie. A savoir un major nommé Nziengui, originaire de Tchibanga, et Moubélé Moubélé, un jeune qui commençait ses classes, tombé en mars dernier. Au-delà de cela, sans argent, les militaires sont contraints de s’approvisionner en eau dans des puits, n’ayant plus les moyens de se procurer de l’eau minérale. Pourtant, ils demandent juste que leurs salaires des huit derniers mois soient payés et virés dans leurs comptes respectifs.

Lasségué. La situation de conflit ouvert qui a découlé de cet entêtement de Désiré Lasségué, a fait que le gouvernement s’est lui-même saisi du dossier. De fait, des semaines durant, les déflatés CNSS ont travaillé avec le ministre de tutelle de l’époque, Luc Oyoubi. Puis avec son successeur Mme Anguilet Mba et son collègue ministre du travail Ntoutoume Emane. Le premier blocage interviendra d’abord à la phase de paiement des rappels ; puis à l’étape de la correction des soldes de tout compte de chaque agent déflaté. Intervenant à son tour dans ce dossier, le médiateur de la république procèdera à son tour au même travail de recalcul des droits avec les ex-agents. Et de nouveau, blocage à la phase de paiement. Excédés par ce jeu de cachecache et d’entourloupes, les déflatés montent alors au créneau le 11 août 2014, en tenant point de presse pour interpeller sa petite majesté. Comme le signe de la réponse favorable d’Ali Bongo, le secrétaire général de la présidence, Etienne Massard , commet le cabinet Deloitte pour vérification à nouveau au cas par cas de la situation exacte des 916 agents licenciés dans le cadre d’une commission tripartite : CNSS, syndicats et cabinet Deloitte, du 09 au 18 septembre 2014. Le même travail de vérification a donc été fait une troisième fois consécutive. Et depuis, plus rien. Nul ne sait ce qu’est devenu ce travail. C’est silence radio. Du coup, fusent les questions : pourquoi

les conclusions tardent-elles ? Le cabinet Deloitte a-t-il seulement rendu son rapport ? Ou estce que le cabinet Deloitte cherche-t-il plutôt à gonfler sa facture ? Est-ce un problème de trésorerie ? Il faut noter que la patronne du cabinet Deloitte est Mme Berre, également présidente du patronat (CPG) dont fait partie la CNSS. Il se soupçonne donc qu’à ce titre, elle puisse volontairement faire retarder les choses ou carrément procéder à des magouilles au bénéfice de la Désiré Lasségué, l’actuel directeur général de la CNSS. A moins que le blocus n’émane directement du sommet de l’Etat ; ce qui reviendrait à dire que sa petite majesté protège lui-même Désiré Lasségué en lui donnant toute la latitude et la force d’agir ? Autant de questions qui taraudent les ex-agents CNSS qui ont du mal à scolariser leurs enfants en cette nouvelle année scolaire. D’aucuns sont, du reste, expulsés de leurs maisons faute de paiement de loyer. Tandis que d’autres ne parviennent plus à se soigner. Des décès ont même déjà été enregistrés. C’est dire dans à quel degré de précarité vit la plupart des déflatés CNSS. Entre temps, l’Etat vient de lancer un avis de recrutement de personnels de santé pour pallier au déficit de main d’œuvre médicale qualifiée. Au Centre hospitalier universitaire d’Owendo, pour ne prendre que cet exemple, ils sont seulement quatre agents de santé en exercice.

POLITIQUE

ECHOS DU NORD N° 256 du Lundi 27 Octobre 2014

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Ali Bongo solde ses comptes dans le Woleu-Ntem

PDG/Election sénatoriale

Le Parti démocratique gabonais (PDG) a organisé des élections primaires pour ses candidats aux élections sénatoriales du 13 décembre 2014. Plusieurs barons y ont laissé des plumes. Une épuration orchestrée depuis le sommet.

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Jean Michel Sylvain

harles Mba Ekome et Emmanuel Ondo Methogo sont sans doute les premières « victimes » de l’épurement au PDG entrepris par le pouvoir dans le Woleu-Ntem, avec comme porte-flingue les WoleuNtemois eux-mêmes. Les « exhiérarques », car il faut désormais parler d’eux au passé au sein de cet appareil politique, ont officiellement été soit battus lors de le l’élection primaire organisée ce week-end à Oyem, soit disqualifiés sur tapis vert, au motif que la candidature ne cadre pas avec « la note d’orientation ». Emmanuel Ondo Methogo a retrouvé sur sa route sa « propre créature » Lambert Edou. Il y a

encore un an, « Methode » pensait pouvoir compter sur ce « fidèle » au point de jeter son dévolu sur lui en faisant de lui

son candidat à la présidence du conseil départemental du Ntem (Bitam), jusqu’à parvenir à le faire élire. Avant que Faustin

Les raisons d’une cabale

Majorité pour l’émergence/Paul Mba Abessole

Le président du Rassemblement pour le Gabon (RPG) est victime depuis quelque temps d’une violente campagne de presse orchestrée par le palais. En voici quelques raisons.

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JMS

aul Mba Abessole est sans doute à la limite de la rupture avec ses alliés de la Majorité républicaine pour l’émergence. Le dernier acte de défiance des hommes d’Ali Bongo Ondimba aura été de mettre Mba Abessole au courant de la fastueuseorganisation du 5ème anniversaire de la prise de pouvoir d’Ali Bongo Ondimba seulement la veille de l’évènement. De surcroit, la mission a été confiée à un obscur sous-fifre, Christian Mavioga, quoique estampillé du titre ronflant de porte-parole de la majorité. Naturellement, comme au Parti démocratique gabonais (PDG) rien ne passe sans savonner d’avance la planche du camarade ou de l’allié, les hommes d’Ali Bongo Ondimba avaient pris soin de « convaincre » au préalable certains cadres du RPG d’y assister, et en bonne place, au cas où Paul Mba Abessole déclinerait l’offre. Ce qui aurait renforcé l’image d’un parti où les lieutenants ne suivent plus leur chef. Paul Mba Abessole va contourner l’obstacle grâce à la fidélité de son secrétaire exécutif. Ce dernier, informé du traitement qui a été infligé à son chef, a tout de suite compris que « le patron » ne voulait pas se rendre à cette manifestation dans ces conditions. Il a pris sur lui la décision de refroidir les ardeurs des cadres approchés par le PDG pour représenter le RPG à cette cérémonie, en leur annonçant laconiquement que « le parti n’irait pas faute de moyens ». Cet épisode n’est qu’une escarmouche de plus venant du PDG, dans sa volonté de réduire à néant le RPG. Cela pour deux raisons. D’abord, le président de la République n’a pas du tout apprécié les propos de Paul Mba Abessole dénonçant « le blocage du pays ». Or, ce constat avait été partagé par trois personnalités : Guy Nzouba Ndama, Paul Mba Abessole et un conseiller influent d’Ali Bongo. La décision avait été prise par le trio de le dire publi-

quement afin d’amener Ali Bongo Ondimba à la raison. Sauf que qu’après avoir tiré le premier, Paul Mba Abessole fera l’amère découverte de ce que signifie la sincérité en politique. Ses compères ne viendront à sa rescousseà aucun moment. Mieux, ils vont se murer dans un silence incompréhensible, laissant Mba Abessole seul face aux émergents. L’affaire deviendra plus inextricablepour l’intéressé car,confiera-t-il à un proche,« … ce sont ces deux-là qui sont venus me trouver pour me proposer l’idée d’exprimer publiquement notre inquiétude. Je m’étonne qu’ils n’aient pas tenu leurs engagements… ».On n’appelle pas ce conseiller « Platini », l’As du drible en football pour rien. A moins que cette attitude traduise une autre réalité, « ces gens » étaient en mission pour mieux l’éloigner du chef de leur majorité. Autre élément qui a suscité l’ire des émergents, c’est une histoire de lettre adressée au président de la Guinée Equatoriale Téodoro Obiang Nguema Mbazogo, et dont on attribue la paternité à Paul Mba Abessole. Sans jamais en montrer la substance ou la rendre publique dans leurs multiples organes d’information. Les émergents assurent pourtant que le Père Paul Mba Abessoleaurait demandé au président équato-guinéen 4 milliards de FCFA pour « l’aider à faire le tour du Gabon ». Il y aurait, en outre, exprimé toute son admiration pour l’œuvre visible que ce chef d’Etat a réalisé dans son pays, en 20 ans d’exploration pétrolière. Paul Mba Abessole« aurait dit au président équato-guinéen, sa disponibilité à mener des projets communs avec lui au Gabon », selon les émergents. C’est la raison pour laquelle des titres du type : « Pour qui roule Mba Abessole ? », ont fait la une de plusieurs parutions du Cocom. . S’ensuivra une médiatisation excessive du moindre départ des rangs du RPG, même les plus insignifiants. Paul Mba Abessole est donc avisé. Ali Bongo Ondimba, le rancunier, et son entourage ne lui

feront plus de cadeaux. Nul doute qu’en homme politique avisé, il saura adapter son comportement vis-à-vis d’eux.

Boukoubi et le PDG qui, eux, avaient un autre candidat, n’annulent ce scrutin et décident de reprendre les opérations avec à la clé le succès retentissant de l’opposition dans ce département. Visiblement, Ali Bongo Ondimba n’a pas digéré cet « échec ». Incapable de le signifier en face à Ondo Methogo ou de le virer du PDG pour « indiscipline », il a préféré user de manœuvres d’appareil en retournant les hommes de confiance d’Ondo Methogo contre lui. Sauf qu’à ce jeu-là, les indépendants du département de Ntem peuvent envisager l’avenir avec sérénité. A moins que le parti au pouvoir n’utilise encore sa manœuvre grossière consistant à priver plusieurs de ses conseillers de leurs droits de vote, par l’établissement de procurations aux « conseillers peu sûrs », alors que les intéressés ne sont ni malades ni absents. Charles Mba Ekome, lui, n’a pas eu la chance d’aller au vote. Son élan a été stoppé net par Daniel Ona Ondo qui, sur la base de la « note d’orientation », jugera sa candidature irrecevable. Car, arguera-t-il, « c’est le principe de la rotation du mandat entre les cantons de ce département qui a été retenu…

». Sous-entendu, aucun canton ne pourra garder ce mandat deux fois successivement. L’ancien sénateur du Woleu a dû avoir le souffle coupé car cette leçon lui est administrée par quelqu’un qui est élu sans discontinuer depuis bientôt 20 ans dans un canton pourtant divisé en Nord et Sud. Sans que Faustin Boukoubi ou Guy Nzouba Ndama ne songent à appliquer ce principe de rotation entre les fils du nord et ceux du sud du canton Nye. Dans un tel contexte, François Engongha Owono, alias « les germes de la défaite du PDG à Oyem », apparaît comme un miraculé. L’homme qui a défié ouvertement Daniel Ona Ondo lors de la réunion préparatoire de ce conclave d’Oyem, au siège du PDG à Louis, est parvenu à se faire désigner candidat du PDG au 1er arrondissement d’Oyem. Pourtant, une autre disposition « de la note d’orientation », aux dires des pédégistes, dit que tout conseiller qui aura été battu dans son bureau de vote ne peut postuler à la candidature au siège de sénateur. Eboué aurait dû être disqualifié. Ce dernier avait mordu la poussière dans son propre bureau de vote de Nfoul, au 1er arrondissement

d’Oyem. Peut-être que le pouvoir préfère ne plus affronter Eboué de face, surtout que le secrétariat provincial du PDG pour le Woleu-Ntem, qui vient d’être débarqué, a annoncé la couleur en qualifiant, lors de son discours d’adieu, son successeur et en même temps son ancien prédécesseur à ce poste de « traitre » pour son soutien à André Mba Obame en 2009 contre Ali Bongo Ondimba. Ali Bongo Ondmba va sans aucun doute laisser « aux conseillers de base » la mission de liquider Eboué. Car on ne voit pas par quel miracle Eboué, qui ne peut compter que sur 9 conseillers sur 21 dans cet arrondissement, pourra retourner le vote des conseillers indépendants en sa faveur et se faire élire. Surtout que ces derniers ont pour tête de file Jean-Christophe Owono Nguema et comme gardien de la conscience et de la probité morale Vincent Essono Mengue, le maire d’Oyem. « Les germes de la défaite du PDG à Oyem » aurait tort de se réjouir de ce qui apparaîtra très vite pour lui comme une victoire à la Pyrrhus car son « ami » Ali Bongo Ondimba lui a préparé une véritable humiliation qui risque de sonner le glas de sa retraite politique.

Bitam depuis 1996. D’autant que, après 18 ans de députation, Ali Bongo est plus que conscient que faire de Ndemezo’o un sénateur revient à jeter Bitam en pâture dans une partielle électorale où seul un homme rompu à l’agitation et à la propagande politiques, maîtrisant la machine du parti, expert dans le détail des opérations de la machine électorale, peut relever le défi de tenir tête à l’opposition qui a le vent en poupe dans le département du Ntem. Cet homme a un nom : RNO. Son retrait du siège de député ne laisse présager rien de bon pour le PDG. Et il est plus qu’évident que pour le rem-

placer, il n’y aurait que le ministre Pastor Ngoua Nneme (PNN), qui doit affirmer sa légitimité. Et il ne fait l’ombre d’aucun doute que (PNN), qui est Essangui, n’aura pas voix au chapitre chez les Essandone, à Bitam. En outre, taxé d’être l’homme d’Ona Ondo, le tout nouveau ministre de l’Economie numérique et de la Poste n’est pas au top de sa popularité dans cette ville qualifiée par ses habitants, dans un esprit de concurrence avec Oyem, de « Bitam comme à Paris ». Mais, surtout, la dégradation de ses relations avec RNO permet de douter de l’implication de ce dernier pour le soutenir

plus qu’il n’en faut. Pour mémoire, Lambert Edou, le champion des primaires, n’est autre que le chef de la mutinerie politique qui a entraîné la débâcle du PDG lors de l’élection du bureau de l’Assemblée départementale du Ntem. Que fera « le distingué camarade » ? Ne pas confirmer Lambert Edou reviendrait à un scénario catastrophe pour le PDG. Faire le lit des indépendants dirigés par Memine me Zuè et appuyés par les mutins dirigés par Lambert Edou et Ondo Methogo. Le confirmer revient au même. A Bitam, on appelle cela « edun nka’a » (traduction : un dilemme).

Des primaires déprimantes pour le PDG à Bitam

Elections sénatoriales

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Stephan-Jean Landry

e week-end, les primaires PDG à Bitam pour les sénatoriales sont venues confirmer ce que beaucoup supputaient. Notamment que le parti d’Omar Bongo ne se porte pas bien. Il est vrai que les primaires, à la manière d’une psychanalyse, sont, au sein d’un parti, un libérateur d’ambitions bridées et un révélateur des rivalités et contradictions entre militants. A Bitam centre, René Ndemezo’Obiang (RNO) arrive en tête, suivi de Janvier Eke’e. Le représentant de la communauté haoussa, Oumarou Baba Toukour, n’obtient que la quatrième place. Au département, Lambert Edou, 11 voix, le sénateur sortant, Oyono, 10 voix et en troisième position seulement, tenez-vous bien, Emmanuel Ondo Methogo, avec 7 voix. Résultats généraux des courses : l’absence de consensus tant en ville qu’au département amènera « le distingué camarade » à devoir choisir entre les deux premiers de chacun des scrutins. Ndemezo’o ou Eke’e pour Bitam et Edou ou Oyono pour le département. Le discours du député de Bitam, le 24 août 2012, à Bifolosi, résonne encore si fort dans les murs de la présidence de la République qu’il semble douteux que sa petite majesté jette son dévolu sur RNO, député de

LU POUR VOUS

ECHOS DU NORD N° 256 du Lundi 27 Octobre 2014

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L’hebdomadaire français « Marianne », dans sa livraison du 24 au 30 octobre 2014, annonce à la une la parution du nouveau livre du journaliste et auteur Pierre Péan intitulé « Nouvelles Affaires africaines». Une information que, du reste, les réseaux sociaux ont rapidement récupérée. Selon « Marianne », Pierre Péan jette un pont entre la fin de sa première livraison au début des années 80, « Affaires Africaines », et des pans des années Bongo, avec un éclairage sur la Françafrique jusqu’à la mort d’Omar Bongo et la succession qui s’ensuivit. A lire « Marianne », il pénètre la gouvernance de sa petite majesté Ali Bongo Ondimba, puis soulève la polémique sur ses « origines » et son cursus scolaire. Comme l’hebdo le dit, le sujet est tout sauf tabou dans la rue au Gabon. Il appartient à sa petite majesté de rétablir la véracité des faits, dans la mesure où ces questions, par le biais de cet ouvrage, quittent le cadre du débat gabono-gabonais pour l’international. Nous avons lu pour vous des extraits de l’article de « Marianne ».

... Dans un chapitre au fort parfum d’Atrides, Péan énumère ainsi les manigances et petits complots des uns et des autres dans l’espoir de prendre

barre sur le « Vieux », déjà gravement malade. Alternativement, ce dernier câline Pascaline, la fille aînée, l’énarque structurée et compé-

tente, tour à tour ministre des Affaires étrangères, directrice de son cabinet et, selon une rumeur persistante, gestionnaire du patrimoine familial.

en place un système de « prédation des finances publiques » dont l’ampleur inégalée a ému jusqu’au président de l’Assemblée nationale, Guy Nzouba Ndama. Autrefois protégé par Claude Guéant et Bernard Squarcini, ex-patron de la DCRI sous le mandat de Nicolas Sarkozy, désormais Maixent Accrombessi serait dans le collimateur de la justice française comme des autorités américaines. Péan l’affirme et détaille certains éléments d’un énorme patrimoine dispersé aux quatre coins de la planète. Il rapporte aussi un épisode rocambolesque impliquant le super « dircab » dans

un avion de la présidence contenant de la drogue. Affaire étouffée, affirme-t-il. Comme d’autres plus récentes. Pour l’heure, Ali Bongo envisage de se représenter à la prochaine présidentielle, prévue en 2016. Parmi ses fidèles soutiens, Richard et Cécilia Attias (ex-Mme Sarkozy), organisateurs d’une sorte de Davos africain à Libreville, dont Péan estime le montant des trois premières éditions autour de 30 millions d’euros (environ 20 milliards de francs CFA, NDLR). Autant en profiter quand il est encore temps… AL

prévoyait 1 milliard de francs CFA à la FSBO. Devant les nombreuses critiques que l’information avait suscitées, notamment via les réseaux sociaux, la première dame y aurait renoncé. Officiellement. Les élections locales de décembre 2013 ont aussi permis à ceux qui ne le connaissaient pas de relever la propension d’Ali Bongo au népotisme. Sa mère et un frère cadet (le directeur général de l’Aninf, décidément !) figuraient sur la liste du Parti démocratique gabonais (PDG) au 3e arrondissement de Libreville. Sa fille aînée a été élue à la commune voisine d’Akanda. Deux frères cadets à Franceville, où l’on avait vite fait d‘éliminer une liste concurrente comportant des adversaires de taille. Voilà des actes révélateurs d’une conception réductrice du pays, qui explique que le président de la République soit allé célébrer le cinquième anniversaire de son accession au pouvoir entre quatre murs, avec des militants de son parti et un club d’amis. Les Gabonais comprennent mieux (sans l’accepter) pourquoi la confiscation des médias d’Etat est toujours d’actualité sous Ali Bongo, chantre de la rupture. L’affairisme aussi demeure d’actualité. Acquis avec les deniers publics à hauteur de 65 milliards de francs CFA, l’hôtel parisien Pozzo di Borgo est géré par le directeur de cabinet du chef de l’exécutif, sans que le Trésor

public n’encaisse les royalties. Les hôtels Méridien de Libreville et PortGentil et l’Okoumé Palace sont passés dans les biens de la famille présidentielle via le groupe Wali Hotels and Resorts. La vaste campagne de déguerpissement orchestrée à Libreville vise à s’approprier des espaces en vue de bâtir des immeubles destinés à la location. Sans oublier la création de sociétés qui gèrent les parts de l’Etat dans les secteurs des mines et des hydrocarbures. Les taxis compteurs ne seraient pas des propriétés de la Société gabonaise de transport

(Sogatra), mais plutôt de la famille régnante. Omar Bongo ne gérait pas différemment. Le Gabon n’a pas décollé, malgré ses nombreuses richesses. Avec les mêmes méthodes, Ali Bongo, qui a seulement changé les hommes, se dit persuadé de « faire du Gabon un pays émergent à l’horizon 2025 ». Un pays émergent, c’est d’abord une façon de l’organiser, de nouvelles mentalités, une élégance certaine dans la gestion des affaires publiques. Qu’il aille bien se renseigner à Singapour. Il peut prendre six mois à cet effet.

La rupture n’a pas eu lieu

Bilan des 5 ans d’Ali Bongo

A

Puis ce sera le tour d’Ali, le fils aux origines contestées qu’il n’aime guère mais ne peut se résoudre à écarter, et nommera ministre de la Défense. Tout en sachant que « les deux ne pensent déjà qu’à sa mort ». Du combat fratricide, Ali sortira vainqueur. Candidat à sa succession à l’élection de 2009, il est dès le début soutenu par le milieu corse de Libreville en la personne de Michel Tomi, un proche de Charles Pasqua puis, nonobstant une attitude officielle de neutralité qui ne trompe personne, par Nicolas Sarkozy et, plus ouvertement, Robert Bourgi. Ali Bongo l’emportera alors que la plupart des observateurs ne le donnent qu’en deuxième, voire troisième position. Péan tenait le père pour un despote supérieurement malin et parfaitement lucide quant aux circonstances historiques et causes subalternes qui l’avaient fait roi. Il décrit le fils comme un médiocre opportuniste, profiteur sans imagination, sans réel lien avec une population encore composée à 93 % de « pauvres et de misérables ». Mais surtout totalement sous l’influence d’un tout-puissant directeur de cabinet, Maixent Accrombessi, Béninois d’origine et, d’après Péan, « aujourd’hui l’homme le plus abhorré au Gabon ». Lié au réseau corse, « vrai maître de la franc-maçonnerie gabonaise dont Ali Bongo est sur le papier le vénérable grand maître », adepte du vaudou, l’intéressé aurait mis

Mihindou Bissielou

li’9 (Ali neuf). C’est avec ce slogan que celui qui a été pendant vingt-cinq ans un proche collaborateur du président Omar Bongo s’était présenté à la présidentielle anticipée du 30 août 2009. Cinq ans après son accession à la tête du Gabon grâce à un coup d’Etat électoral validé par la Cour constitutionnelle, Ali Bongo a achevé de convaincre que c’est un homme du passé et du passif. Sous Ali’9, le culte de la personnalité est toujours en vigueur. A y regarder de près, il tend même à prendre de l’ampleur, tant les nombreux courtisans rivalisent de zèle. Il n’y a pas un membre du gouvernement, à commencer par le Premier ministre, qui n’entame pas une intervention sans invoquer « le président de la République, chef de l’Etat, son excellence Ali Bongo Ondimba ». Les hauts fonctionnaires n’y dérogent pas, afin de bien montrer leur allégeance au nouveau maître, qui est pour nombre d’entre eux le bienfaiteur. Rien de différent avec l’époque où Jean-François Ntoutoume Emane et ses différents ministres ne respiraient que « sous la très haute inspiration du président de la République, chef de l’Etat, son excellence Omar Bongo Ondimba ». La formule d’allégeance lui a permis de passer tout un septennat au poste de Premier ministre, de janvier 1999 à

janvier 2006. Comme par le passé, il est bon de citer, même à tort et à travers, le projet de société du prince à chaque prise de parole. Depuis 2009, tout orateur bien élevé doit se gargariser de « L’Avenir en confiance ». Avant, les Gabonais ont eu droit, entre autres, au « Nouvel Elan », au « Pacte national de solidarité et de développement » et aux « Actes pour le Gabon ». Le nouveau projet de société est explicité par le Plan stratégique Gabon émergent (PSGE), qu’il convient de connaître par cœur. Quiconque veut se montrer civilisé ne doit pas manquer d’ajouter que le bréviaire a été complété par le Pacte social. L’homme neuf ne trouve aucun inconvénient à ce que les ministres continuent de se comporter comme des représentants de leurs localités d’origine au gouvernement et non comme des serviteurs de la nation dans son intégralité et en toute neutralité. Au lieu de s’occuper des dossiers liés à leurs portefeuilles, les ministres se ruent dans leurs villages pour faire des dons et résoudre des problèmes ne relevant pas d’eux. Non seulement cette vieille habitude fait désordre, mais, en plus, elle peut susciter de l’amertume chez les compatriotes dont les localités croupissent dans le sousdéveloppement, parce qu’elles ne comptent pas de représentants au gouvernement ou dans les sphères de décision. Pourquoi Ali Bongo devrait-il

s’offusquer de ce mélange des genres lorsque le déploiement des ministres et des hauts cadres participe à sa communication. Tous les actes posés le sont au nom du « président de la République, chef de l’Etat, son excellence Ali Bongo Ondimba ». Lui qui préside le Conseil des ministres laisse passer des nominations frappées au coin du tribalisme et du népotisme, deux tares ataviques chez les Bongo. Que peut-il reprocher à ses collaborateurs quand le vice-président du tribunal de Libreville n’est autre que sa sœur cadette, le directeur général de l’Agence nationale des infrastructures numériques et des fréquences (Aninf) son frère cadet, le directeur général de la Caisse de stabilisation et des péréquations son cousin maternel, le directeur général du Fonds gabonais d’investissements stratégiques (Fgis) son beau-frère, etc. Ali Bongo ne s’est pas gêné de confier la réalisation d’une enquête sur la pauvreté au Gabon à la fondation de sa femme, alors que le gouvernement avait déjà mené une enquête digne de ce nom, sur la base de laquelle le pays s’est doté d’un Document stratégique de croissance et de réduction de la pauvreté (DSCRP). La Fondation Sylvia Bongo Ondimba (FSBO) s’est attaché les services d’un cabinet étranger pour, semble-t-il, favoriser des rétrocommissions en faveur de ceux qui lui ont filé le marché. On se souvient qu’en 2013, la loi de finances

L’EDITORIAL

ANALYSE

5

Ali Bongo : 47 ans et non 5 ans Système Bongo : dissolution et non pas restauration U F de Désiré ENAME

Stephan-Jean Landry

aut-il tenir compte des petites confidences faites ça et là sur des schémas possibles qui se profilent à l’horizon 2016 ? On répondra qu’il n’y a pas de fumée sans feu. La révision constitutionnelle intervenue en décembre 2010 a bien commencé par une folle rumeur et de petites confidences dès août 2010, qui se sont amplifiées par la suite pour devenir une réalité palpable lorsque la loi n°47/2010 a été promulguée en janvier 2011 par le chef de l’exécutif, sa petite majesté Ali Bongo Ondimba. Il en est ainsi de la situation du moment où, à nouveau, de folles informations circulent, pour l’instant de bouche à oreille, dans certaines villas cossues de la capitale. De ces informations, il ressort que l’on court vers une deuxième modification de la Constitution qui pourrait concerner fondamentalement et prioritairement les articles relatifs à la vacance du pouvoir, puis pourraient être révisés ceux relatifs à la vice-présidence, dans le sens d’en renforcer les prérogatives. Il s’agit notamment des articles 14a à 14e qui, dans leur formulation actuelle, réduisent la fonction à l’inauguration des chrysanthèmes, c’est-àdire dépourvue de substance. Cette proposition consistant à renforcer les pouvoirs du vice-président de la République, il faut le souligner, a donné suite à d’autres folles informations - fondées ou pas (?) – qui faisaient état de discussions poussées entre Pierre Mamboundou et Omar Bongo Ondimba. Ces discussions ( ?) devaient aboutir à une cogestion du pouvoir entre l’UPG et le PDG. Il se susurre que sa petite majesté pourrait devoir s’éloigner de l’exercice plein du pouvoir sur une très longue période. Pour plusieurs mois, semble-t-il. Notre confrère « L’Aube », dans sa livraison du lundi 20/10, tablait sur ce qui pourrait s’apparenter à une vacance du pouvoir pendant une période de six mois. Seulement, pour ne pas tomber sous le coup de la vacance proprement dite, ce qui conduirait à désigner à nouveau le président du Sénat pour assurer l’intérim, l’astuce consisterait à modifier ou plutôt à affiner l’article 13 sur la vacance. Notons que l’alinéa sur la période de constatation de la vacance a été subtilement gommé. Un détail qui n’aurait pas dû passer inaperçu devant les neuf membres de la Cour constitutionnelle. Toute déduction faite, cet artifice dans la Constitution traduisait une évidence acquise pour les membres de la Cour, à savoir la perpétuité du pouvoir Bongo-PDG. Il va donc sans dire que si un intérêt est porté à cet article dans la prochaine révision constitutionnelle, ce ne sera pas pour normaliser le temps de la vacance, mais pour préciser que l’occupant du fauteuil présidentiel peut être absent du pays pour une durée de six mois à un an. Dans ce laps de temps entreront en vigueur les dispositions de l’article 14d, qui disposent : « Le vice-président de la République supplée le président de la République dans les fonctions que celui-ci lui délègue. Les modalités d’application du présent article sont fixées par une loi organique. » Sauf que, dans le cas d’espèce, il pourrait ne pas s’agir d’une simple loi organique, mais d’une modulation de la Constitution qui préciserait l’étendue des pouvoirs du vice-président. Tout cela, bien entendu, sous le contrôle de la Cour constitutionnelle. L’urgence de cette révision, à ce qu’il se dit, est telle que la batterie serait déjà mise en marche pour amener les députés à donner leur caution sans atermoiement. Dès lors, on pourrait associer les sacs qui sont entrés à l’Assemblée nationale récemment par une porte dérobée (EDN 255 page 1) comme faisant partie des prémices de cette nouvelle manigance constitutionnelle. Il resterait à sa petite majesté un écueil : l’identité de l’homme de cette transition, puisque cela en donne l’air. Le choix d’un Téké est d’emblée exclu. Appliquer le principe géopolitique mis en place par feu OBO, en désignant un Punu ou un apparenté ? Il n’en existe pas en ce moment au PDG qui soit très en vue. Sauf si Léon Nzouba revenait en grâce. C’est l’homme de confiance parmi les hommes de confiance. Dans l’opposition ? Trop dangereux. Exit donc l’hypothèse Maganga Moussavou tant évoquée. La seule éventualité est la province sœur – le pied gauche. Qui parmi les émergents ? Aucun. Le ministre de l’Enseignement supérieur, Pacôme Moubélé Boubeya, n’a pas de carrure. Il ne resterait plus que le président de l’Assemblée nationale, Guy Nzouba Ndama. A ce qu’il semble, ce dernier en aurait discuté avec sa petite majesté sur plusieurs mois. Il se dit que ces discussions sont bouclées. Dans l’esprit où tout ceci ne serait pas que de folles informations, Guy Nzouba Ndama pourrait être l’homme de la vice-présidence. En plus, il peut se prévaloir de puissants réseaux tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du Gabon. Mais qui pour le remplacer au perchoir ? Un nom circulerait. Celui de l’actuel ministre de la Justice, Séraphin Moundounga, son poulain. Seulement, Nzouba Ndama viendraitil juste pour humer le poste ? Ou encore pour jouer les remplaçants pour une brève période ? Rien n’est moins sûr. Et c’est ce que sa petite majesté est loin d’imaginer. Il semblerait qu’il serait en train de prendre langue avec diverses factions et personnalités. Tout laisse à penser que de cet intérim qui ne dit pas son nom, le « renard » du perchoir entend, lui, imprimer sa marque tant dans l’exercice que dans la durée. Mais avec qui prendraitil langue ? Des gens de tout bord (?), visiblement. A quoi voudrait aboutir Guy Nzouba Ndama ? Et si, comme cela se confirme, des gens de tout bord seraient associés à cette discussion, la question n’est pas de qui s’agirait-il ? Mais pourquoi, pour des schémas bricolés de succession constitutionnelle, des non pédégistes se retrouveraient-ils en parlote avec Nzouba Ndama ? Cela ne confirmerait-il pas ce que d’aucuns redoutent dans le bas peuple : qu’il y en ait qui, malgré des piques acerbes sur Ali Bongo et « la légion étrangère » - le terme consacré -, s’entendraient non pas sur la dissolution du système Bongo, mais sur la restauration de celui-ci ? Car, in fine, Ali Bongo et « sa légion étrangère », bien qu’étant la cible prioritaire, ne constituent pas l’objectif fondamental dans la lutte actuelle. Ils en font partie. L’objectif fondamental reste en tout et pour tout l’éradication du système Bongo. C’est cela être dans la ligne. Le plan Guy Nzouba Ndama ou Léon Nzouba, s’il s’avère, ne fera que restituer l’Etat Bongo aux partisans de la restauration. Ceux qui mettent à l’index sa petite majesté Ali Bongo Ondimba et omettent sciemment de s’attaquer aux fondamentaux du système Bongo.

ne même famille au depuis pouvoir 1967. Près d’un demi-siècle. Dans un pays à peine cinquantenaire, c’est loin d’être un épiphénomène. Le père, de 1967 à 2009. Le fils putatif, de 2009 à nos jours. Cela fait donc, en tout, 47 ans que la même famille séquestre les rênes du pays. 47 ans de bongoïsme. Alors, parler d’ « Ali Bongo Ondimba », comme le font les communicants du bord de mer, en termes de « 5 ans de magistrature suprême » est malhonnêtement réducteur et ne peut viser qu’une chose : faire oublier aux Gabonais que ce sont les membres d’une seule et même famille qui, depuis 1967, préservent leurs situations avantageuses et président d’abord à leurs propres intérêts sur le dos du Gabon et de son peuple. Depuis 1967, les Bongo se battent non pour prendre le pouvoir - les conditions historiques le leur ayant déjà octroyé -, mais pour le conserver. Ali est conscient, en 2009, que, pour être le second chef téké, il lui faut, coûte que coûte, d’abord maintenir le pouvoir dans les mains de sa famille. Et pour le conserver, il fallut d’abord que l’un des membres de cette famille-là fût candidat à la succession du défunt Omar Bongo. Ce que fit Ali Bongo. Si ce dernier ne s’était pas présenté à la candidature pour la présidence de la République, la problématique de la famille Bongo se serait arrêtée en 2009. Mais « sa petite majesté » a tout fait pour être de la partie. Elle a, ainsi, de fait, perpétué le règne de la famille Bongo sur le Gabon. Devant le coup d’Etat accompli, d’aucuns se sont pris à penser que, au bout du compte, une perspective de réforme du système était envisageable du fait même de cette filiation avec OBO et cette appartenance au HautOgooué qui pouvaient lui donner un avantage pour

commencer à faire ce travail de déboulonnement du système sans qu’on puisse classer Ali Bongo Ondimba comme un ethno-revanchard. Un travail de rupture avec ce système. Après en avoir donné l’illusion, par l’éviction bruyante et humiliante de la plupart des collaborateurs du défunt, tout le monde a bien réalisé que, justement au bout du compte, les 5 ans illégitimes du fils apparaissent de prime abord comme un simple prolongement des 42 ans du père qui les ont précédés. Une conclusion se dessine alors : 47 ans après, la famille Bongo est incapable de procéder aux réformes tant attendues par les Gabonais, notamment en commençant par se dépouiller, elle-même, des biens mal acquis. Les Bongo sont les représentants d’une infime catégorie de Gabonais qui ont comme seule ambition de ne vivre que des revenus de l’étranger, sous forme de rentes (pétrole, mines et bois) et non d’une économie de production. On se rappelle le sort réservé au café, au cacao et au riz produits dans notre pays. De producteur, le Gabon, sous la famille Bongo, est passé au rang d’importateur de ces denrées. Et ce système rentier, pour qu’il fonctionne, les Bongo avaient besoin de contrôler l’Etat. C’est ainsi que la saga de cette famille, sous la houlette de Bongo père, débuta par la concentration de ce pouvoir d’Etat dans ses mains avec la création du PDG, un parti-Etat grâce auquel le chef du clan avait la haute main sur le gouvernement, l’Assemblée nationale, la justice, les syndicats, les femmes et les jeunes. Une telle architecture permit à la famille Bongo de confondre, sans contestation officielle, les rentes et les biens du pays aux leurs. L’essence d’un tel système, anti-démocratique, ne pouvait qu’engendrer une succession familiale. Ali Bongo n’est que l’avorton et l’avatar du système échafaudé

ECHOS Du Nord

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par son triste prédécesseur. Un système qui a sous sa botte les institutions, contrôle la rente et use de la répression. Lorsqu’Ali Bongo avait annoncé qu’il allait procéder à des réformes de fond du système qui l’a engendré, cela signifiait qu’il était à même de se faire hara-kiri. Prenons l’administration et les PME. 5 ans après, nous constatons, par exemple, que la réforme de la Fonction publique, en termes de réduction de ses coûts d’entretien, est tout simplement bloquée. L’extension du secteur public, grâce au transfert d’une partie – infime - des rentes que concède la famille Bongo à la société pour mieux la contrôler, est la garantie de la continuité de l’Etat rentier, de l’Etat Bongo, du système Bongo, de la famille Bongo. Rappelons que le gouvernement a lancé, cette année, un audit des comptes de l’Etat, révélant un vaste système de détournement des deniers publics. Réaction du Fonds monétaire international, via sa directrice adjointe du département Afrique, Anne-Marie Gulde-Wolf : « … L’audit a permis aux autorités de mettre à jour certains dysfonctionnements inhérents aux failles du système… Il serait souhaitable que le gouvernement publie les résultats de ces audits comme signe de transparence, confirmant ainsi sa volonté d’améliorer la gouvernance et une plus grande fermeté dans la lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite ». Elle ajoute que « des efforts supplémentaires devraient également être faits pour assurer la transparence et la responsabilité dans la gestion des revenus pétroliers ». Tout est dit. Ou redit. La Fonction publique gabonaise, contrôlée par la famille Bongo, perçoit l’argent du pétrole, des mines, du bois, des diverses taxes et en redistribue une part, selon une clé de répartition définie par elle, à un happy few de parents, d’amis et de connaissances. C’est son mode de gestions des revenus de l’Etat, notamment pétroliers, la base de son enrichissement illicite et de ses capacités de corruption. C’est cela sa fonction publique qui n’est qu’une raison sociale, un paravent officiel masquant une véritable ponction publique des revenus de l’Etat. Ali Bongo, en concentrant encore plus la gestion des recettes de l’Etat à la présidence de la République, via des agences sous contrôle familial, a même accru sa mainmise personnelle sur les fonds publics. 5 ans après, la question de l’assistance aux PME est très loin d’être résolue. Pour une simple et bonne raison. La famille Bongo gère « les revenus pétroliers » dont Mme Gulde-Wolf parlait plus haut. Ces revenus devraient, par exemple, servir à développer un tissu local d’entreprises par des investissements en infrastructures et logistique, dans la qualification de la maind’œuvre, dans la mise à disposition de lignes de crédit spécifiques, assainir, de façon générale, le climat des affaires

au Gabon. Quant à l’assistance aux PME, il est évident, pour les spécialistes, que c’est la capacité nationale de produire local et de fournir local qui est le facteur pouvant générer une assistance administrative structurelle aux PME. L’augmentation de la capacité de production nationale induit qu’il existe un tissu de PME qui satisfasse la demande locale. Mais, pour parler trivialement, quel intérêt la famille Bongo auraitelle de modifier la destination des revenus pétroliers et autres, elle, bourgeoisie comprador, pour reprendre l’expression du Grec Nicos Poulantzas, ne tirant sa fortune que du commerce avec l’étranger, se nourrit depuis 47 ans ? Au profit de qui ? D’une classe d’entrepreneurs gabonais, une véritable bourgeoisie intérieure, ayant des intérêts dans la production de richesses nationales, qui, nécessairement, entrerait en contradiction avec la famille régnante, qui a tout accaparé et en a gratifié ses alliés. D’ailleurs, pour toute réponse à l’exigence de transparence de gestion soulignée par l’Initiative pour la transparence des industries extractives (ITIE), le ministère de l’Economie et de la Prospective du Gabon va organiser, à partir de mardi, un atelier national de réflexion sur le retour du Gabon à ITIE. C’est plutôt d’une conférence nationale sur « la gestion des revenus pétroliers » et autres par la famille Bongo, depuis, non pas 5 ans mais 47 ans, que le Gabon a besoin. Il faut donc craindre que cet atelier ne soit qu’une séance de parlote de plus qui ne touchera pas à la question de fond. La famille Bongo n’est pas formatée pour faire passer le Gabon de son indépendance politique à l’indépendance économique. C’est le trait principal qu’il faut retenir des Bongo. C’est au système Bongo que les Gabonais, des fonctionnaires aux jeunes entrepreneurs, en passant par les apprenants, sont confrontés. Les choses n’ont pas concrètement changé depuis 5 ans. Bien au contraire, le récent séminaire de la Banque mondiale sur la diversification et la compétitivité des exportations au Gabon et l’interview accordée par AnneMarie Gulde-Wolf, lundi dernier, au quotidien « L’Union » traduisent avec force que le pays n’a pas encore décollé vers autre chose que l’Etat rentier. Ce qui indique que le mal est ancien et profond. C’est pourquoi tous les séminaires, ateliers, colloques et autres interviews, utiles en matière de sonnette d’alarme, ne pourront obtenir des tenants de ce système qu’ils fassent du passé table rase. Ce n’est pas leur rôle. C’est celui des Gabonais. Ceux qui luttent depuis 1968, les années 80, les années 90, et, maintenant, depuis 2009 doivent bien comprendre que leurs différents segments de lutte convergent vers un obstacle commun : la famille Bongo, dont Ali devrait être le dernier représentant au pouvoir dans notre pays.

POLITIQUE/SOCIETE

ECHOS DU NORD N° 256 du Lundi 27 Octobre 2014

La démission de Raymond Ndong ébranle les bases du PDG

Woleu/Ntem/PDG/Bureau politique

L’ancien Premier ministre vient de présenter sa démission du bureau politique du Parti démocratique gabonais (PDG), tout en indiquant qu’il en reste simple militant de base. Cette décision semble créer la panique chez « les camarades ». Récit !

F

Jean Michel Sylvain

aut-il que PDG soit dans un tel état de décrépitude dans le département du Woleu pour perdre sa lucidité et céder à la panique face à ce qu’on pourrait qualifier « d’épiphénomène » ? Quoique, depuis le départ de Jean Ping, les « épiphénomènes » deviennent très vite des ouragans qui emportent tout sur leur passage. Le geste que vient de faire Raymond Ndong aurait dû être traité par ses « camarades » comme un « épiphénomène » qui n’entrave en rien le bon fonctionnement de la fédération C, l’ancien Premier ministre n’ayant pas annoncé qu’il quittait le navire PDG. C’est tout le contraire qui s’est produit. Chaque thuriféraire du PDG originaire du Woleu s’est tombé à bras raccourci sur l’ancien Premier ministre. Ces gens ont-ils seulement pris le temps de lire et de comprendre les termes de la lettre de démission de l’intéressé. Dans

cette cacophonie, tout et son contraire sont dits. Le tout semble-til dans le seul but de se faire « remarquer » par l’actuel Premier ministre, Daniel Ona Ondo, et espérer qu’il songera à eux lors des prochaines nominations. Ce sont les membres de fédération C du canton Kye qui ont ouvert ce lynchage en règle. Patrick Minang, un jeune homme à la « tête bien faite et bien pleine » s’est mué en porte-parole de la fédération et squattera les médias pour démonter le bilan de Raymond Ndong Sima. Pour preuve, cette affirmation qui revient comme un leitmotiv dans leur communiqué : « …la fédération C du canton Kye tient à

réaffirmer son ancrage dans le PDG, sa détermination et son soutien inconditionnel au distingué camarade président Ali Bongo Ondimba… ». Ce qui sous-entend très clairement que l’ancien Premier ministre n’est plus sur cette ligne, alors même que l’intéressé ne le dit nulle part. Quant au « bilan » que « les cadres » de cette fédération opposent à celui de Ndong Sima, il prête tout simplement à sourire pour quiconque connait l’histoire électorale dans ce canton où le PDG n’avait jamais gagné une élection uninominale depuis 1990. Richard Nguema Bekale, Jean-Philippe Ndong Biyogho, Albert Engonga Bikoro… ont tous mordu la pous-

sière en essayant de ravir le poste de député du canton au profit du PDG. Le seul à y être parvenu et contre un adversaire de poids n’est nul autre que Raymond Ndong Sima. Comme si cela ne suffisait pas, un appel « à la mémoire des WoleuNtemois » est apparu dans plusieurs journaux de la place. Celui-ci fait clairement ressortir le parcours politique en zigzag de l’ancien Premier ministre coupable d’être passé de l’Union gabonaise pour la démocratie et le développement (UGDD) au PDG, au gré de ses intérêts. Mieux, Raymond Ndong Sima est accusé de ne pas rendre « la monnaie » à Daniel Ona Ondo qui, lui, « assistait à toutes les réunions convoquées par Ndong Sima lorsqu’il fut Premier ministre ». Ceux qui ont signé cet appel, ne comprennent visiblement pas grand-chose de la politique qui est avant tout un « jeu d’intérêt ». Ali Bongo Ondimba qui est allé chercher Ndong Sima, alors qu’en 2009, l’intéressé n’avait nullement pris part à sa campagne présidentielle le sait. Mieux, lorsqu’il avait déjà en tête de virer Biyoghe Mba pour remplacer par Ndong Sima, le chef de l’Etat avait amené ce dernier en mission dans plusieurs pays d’Europe. C’est dans l’avion qui les avait conduits à Rome qu’Ali Bongo Ondimba avait demandé à Ndong Sima d’adhérer au PDG. Quant à l’absence « aux réunions », l’explication est là aussi rechercher du côté du palais. Raymond Ndong

Ambiance maussade au bureau des douanes

ADL

Observant pour l’heure une grogne sourde, du fait des exactions dont ils se disent victimes de la part de leur patronne, nommée à ce poste il y’a un an, les douaniers en poste à l’aéroport international de Libreville en appellent à l’intervention des autorités compétentes dans les plus brefs délais.

A

Markky Edzang Zuè

mbiance maussade au bureau des Douanes de l’aéroport international de Libreville. Raison : les mauvaises pratiques de la nouvelle patronne, Mme Posso, que nombre de ses collaborateurs et subalternes accusent notamment de maltraiter tous les ressortissants du Haut-Ogooué. En fonction depuis seulement un an, la dame aurait instauré une véritable Gestapo; au point que les agents de douanes sont accusés de malversations, à tort ou à raison. Ainsi, c’est sous anonymat que quelques-uns osent faire état de la somme des malheurs qu’ils

vivent au quotidien depuis l’arrivée de leur nouvelle supérieure hiérarchique. Mise à nu des exactions de son prédécesseur en arguant que le travail de ce dernier était médiocre ; incitation des agents à chercher des contentieux avec les transitaires; non reversement des amendes payées au Trésor public ; monnayage des bons d’enlevés provisoires à 40% d’abattement ; clientélisme, etc. A son bureau où elle nous a reçus, la dame a feint l’étonnement : « J’avoue qu’il m’est souvent revenu que je suis très dure envers mes collaborateurs. Peut-être est-ce dû au simple fait que, fruit de mon éducation religieuse, j’ai une certaine

ligne de conduite qui n’admet pas les écarts de conduite. Mais de là à martyriser mes collaborateurs et subalternes, c’est un peu gros !». Et de nous renvoyer vers la direction générale des douanes pour tout complément ou recoupement d’information : « Normalement, c’est ma hiérarchie qui doit me donner le top pour que je puisse parler. Du reste, menez toutes les enquêtes que vous souhaitez ; les portes vous sont grandes ouvertes ici ». Manière habile de botter en touche car sachant d’avance que nul n’osera l’ouvrir ? Mme Posso est restée évasive. Pourtant, les faits sont bien là : au bureau de douanes de l’aéro-

port, les agents sont menés à la baguette. Mme Posso ferait même, soutient-on, surveiller systématiquement les moindres mouvements de ses collaborateurs. Ce, en poussant les uns les autres à la délation. On parle aussi du blocage des fonds communs sous prétexte que des agents avaient « osé » sortir les gadgets de la commémoration du 5e anniversaire de la mort de feu Omar Bongo Ondimba. Autre fait que dame Posso nie en bloc, arguant qu’il ne s’agit ni plus ni moins que de calomnies : elle a bloqué l’entrée de la Ferrari de sa petite majesté pour motif qu’il fallait préalablement que qui de droit régularise d’abord la situation. Elle s’est attiré ainsi les foudres du palais, ce qui lui a valu d’être convoquée à la Direction générale des recherches (DGR). Quant à l’accusation selon laquelle, elle ferait travailler ses collaborateurs à un rythme effréné, la patronne ne nie pas mais précise : « Je vous rappelle que la journée de travail commence à 7h30mn et se termine à 15h30mn. Par ailleurs, et compte tenu de la situation économique difficile du pays, j’ai effectivement demandé à mes collaborateurs de redoubler d’efforts. Parce que c’est pour le pays que nous travaillons ; nous sommes des agents d’un corps paramilitaire et nous travaillons pour l’Etat ». Des propos qui ne sont nullement de nature à rassurer les agents qui en appellent à l’intervention des autorités compétentes dans les délais les plus brefs.

Sima découvrira sans doute trop tard que pendant qu’il était dans la tourmente, tout en essayant de sauver son poste, Ali Bongo Ondimba faisait venir Ona Ondo au palais nuitamment. Il ne viendra à l’idée de personne de jeter la pierre à Paul Biyoghe Mba, victime lui aussi de cette gestion calière des hommes, si l’intéressé ne prend pas part aux

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réunions organisées par Raymond Ndong. Après avoir failli perdre la vie suite à un empoisonnement dont il conserve encore des séquelles, selon ses proches, Raymond Ndong Sima doit comprendre qu’il n’est plus le bienvenu dans la barque PDG. Et d’en tirer toutes les conséquences.

Les travailleurs dans la rue ce matin ?

Front social

«A

Prince Villa

VEC les travailleurs, plus jamais ça ». Un slogan repris en chœur, à maintes reprises, par les centaines de membres des organisations syndicales formant l’Alliance pour le renouveau syndical au Gabon (Aresga) – Useg, Cosynap, CGSL-Lo, CSP, Odestrag, CFSL, Synas, et des syndicats amis, présents à l’assemblée générale, samedi 25 octobre, au Rondpoint de la Démocratie, à Libreville. Occasion pour les leaders syndicaux d’appeler tous les travailleurs du Gabon, de tous secteurs confondus (public, privé et parapublic), à une grande mobilisation à compter de ce lundi matin, devant la Primature, sis au Boulevard triomphal. Une action qui vient à la suite du préavis de grève déposé par lesdits syndicats, depuis la semaine dernière, sur la table du gouvernement. Pour les partenaires sociaux, il n’est plus question de se contenter des « promesses mielleuses et électoralistes » du pouvoir émergent. L’assemblée a opté pour descente sur bitume, pour mieux se faire entendre, inviter le gouvernement à la mise en place effective des engagements pris depuis plus de deux ans, en vue d’améliorer les conditions de vie et de travail des ceux qui se sacrifient pour l’embellie de l’économie de notre pays. « Il est question qu’à partir de lundi, nous puissions entamer des actions fortes, pour que la machine soit arrêtée, si seulement si, c’est nous sommes les producteurs de l’économie de notre pays. Nous comptons donc tout bloquer, pas pour des intérêts politiques, mais pour la cause du travailleur. Le pouvoir ne nous dire que l’économie se porte bien. Mais, pourquoi en fait-on un chantage quant il s’agit de payer la Prime d’incitation à la performance ? », s’est interrogé le porte-parole des syndicats, Joël Ondo Ella. Avant de dénoncer la manière cavalière et louche que la Pip a été créée par l’exécutif. Une prime qui n’est régie par aucun texte juridique. Elle serait attribuée à la tête du client dans certaines administrations.

CRISES LATENTES. « Quel est l’organe du contentieux ? Le travailleur doit se plaindre chez qui quand il se fait attribuer une mauvaise note ? Il existe des contradictions étonnantes entre la Commission interministérielle et le gouvernement sur les conditions d’attribution de cette Pip », a indiqué le leader syndical. Selon lui, le pays est au bord du gouffre à cause d’un gouvernement qui n’est pas à la hauteur des espérances des travailleurs. Depuis le 19 octobre 2012, l’Aresga avait déposé sur la table du chef de gouvernement, Raymond Ndong Sima, un cahier de revendications contenant, entre autres points : la régularisation des situations administratives et financières de tous les agents de l’Etat, le relèvement du point d'indice de 425 à 800 F CFA, la revalorisation du salaire minimum interprofessionnel garantie (Smig) de 80 000 à 150 000 F CFA, la valorisation des pensions retraites, le transport, le logement, la santé, l'eau, l'électricité, et bien d'autres questions relatives à la vie chère. Sans omettre le retard volontaire du gouvernement, dans le paiement des rappels, la publication de la nouvelle grille salariale, la valorisation de la pension retraite, et la mise sur pied d'une commission tripartite composée du patronat, des travailleurs et du gouvernement, chargée de réviser les conventions collectives et des accords d'établissement, l'établissement des cartes du trésor public aux agents de la main d'œuvre non permanente, l'application de la loi 21/2011, qui octroie une prime d'allocation de rentrée scolaire de 62 500 F CFA aux enfants dès l'âge de trois ans et qui devait rentrer en vigueur au cours de la rentrée scolaire de septembre 2013. A travers cette nouvelle montée au créneau, les travailleurs rendent responsable le pouvoir établi, le climat et des crises latentes qui sévissent dans la quasi-totalité des secteurs d'activité, pour n'avoir pas tenu à temps ses engagements issus des multiples tables de négociations. Les partenaires sociaux ont également condamné la méthode tendancieuse du gouvernement, qui consiste à régler les problèmes au cas par cas, au lieu de les résoudre de façon globale et définitive. Une pratique qui aurait entrainé à la recrudescence des mouvements de revendications dans tous les secteurs d’activité. Les leaders syndicaux de l’AG de samedi ont donc invité l'ensemble des travailleurs à se mobiliser ce matin devant le cabinet du Premier ministre, pour réclamer l’effectivité de leurs préalables.

ECONOMIE

Le FMI brouille la propagande émergente

ECHOS DU NORD N° 256 du Lundi 27 Octobre 2014

Ali Bongo 5 ans

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La directrice adjointe du département Afrique du Fonds monétaire international, Anne-Marie Gulde-Wolf, vient de séjourner au Gabon. A cette occasion, elle a présenté le dernier rapport du FMI sur la situation économique en Afrique sub-saharienne. Sauf que cette présence a failli être récupérée par les émergents dans leur plan de communication grotesque à l’occasion de la célébration des 5 ans de pouvoir d’Ali Bongo Ondimba.

C

publique du Gabon était quatre fois inférieure à son niveau actuel en 2009, lorsqu’Ali Bongo Ondimba a pris le pouvoir. Pour les financiers, ce qui compte ce n’est pas seulement le niveau de la dette, mais c’est surtout son évolution. Dans le cas d’espèce, elle est négative car, selon le dernier rapport publié par le FMI à Libreville, la dette publique du Gabon représentait 16% du PIB en 2008. Aujourd’hui, elle est à 23% et risque d’atteindre 25% en 2015. Quant aux excédents budgétaires, il suffit de lire le même rapport en page 79. Le tableau qui y figure donne des chiffres catastrophiques pour cet agrégat. Le solde budgétaire représentait +11% du PIB en 2008, il se situe aujourd’hui en 2014 à -2,3% et devrait atteindre -3,3% du PIB en 2015. Dans cette interview, AnneMarie Gulde-Wolf n’a, à aucun moment, donné un satisfecit comme l’auraient souhaité les

SYA

’est sans doute avec un grand étonnement que la population gabonaise a appris que le Fonds monétaire international (FMI) avait choisi Libreville pour venir présenter son dernier rapport « pour une croissance durable et solidaire », consacré à la situation économique dans les pays de l’Afrique subsaharienne. Cet étonnement se muera en surprise en constatant qu’au Gabon le FMI ne possède pas de représentant résident pour justifier un tel honneur, mais d’un « simple bureau local » comme le confirme Anne-Marie Gulde-Wolf dans l’interview qu’elle a accordée au quotidien gouvernemental « L’Union » du lundi 20 octobre 2014. En réalité, le choix de Libreville comme lieu de présentation du rapport du Fonds est le fruit d’une « amicale pression » de l’actuelle ministre de l’Economie, Régis Immongault sur Mme Gulde-Wolf. Les deux personnalités ayant travaillé par le passé ensemble pendant de longues années sur les dossiers du Gabon au FMI. A l’époque où Paul Toungui dirigeait le département de l’économie, Régis Immongault assurait, à ses côtés, le rôle de conseiller financier. L’actuel ministre de l’Economie a sans doute pensé qu’il ne pourrait faire « meilleur cadeau » à son mentor, Ali Bongo Ondimba, pour son 5e anniversaire, que de lui offrir « la caution du Fmi » sur ses prétendues réformes économiques. Pour preuve, les communicants émergents se sont jetés sur la direc-

P

justes. « André Mba Obame a été empoissonné à plusieurs reprises pour avoir fait confiance à plusieurs personnes. Quelqu’un d’autre aurait déjà trouvé la mort. Heureusement pour l’heure, son état de santé évolue favorablement. Je ne peux pas vous en dire plus.» Ces quelques mots ont été salués par des salves d’acclamations. Une réaction bien compréhensible qui traduit l’impatience des Medounois de revoir parmi eux leur illustre fils. Sur l’élection présidentielle à venir, l’ancien député d’Oyem à édifier l’assistance le Front uni pour l’alternance. « C’est parmi les membres de ce Front, qui comprend plusieurs personnalités que l’opposition s’est engagée à choisir son unique candidat à cette élection » confiera-t-il. Aidé par des témoignages assez émouvants des cadres de Medouneu, qui sont depuis 2009 pour certains, privés de tout revenu pour des raisons politiques, Jean-Christophe Owono Nguema a

demandé aux uns et autres de s’inspirer de ces exemples pour extirper à jamais le sentiment de peur. Car « si tous ces cadres n’ont pas eu peur de perdre leurs avantages pour poursuivre le combat, il n’y a pas de raison que vous, vous soyez habités par ce sentiment jusqu’à la psychose actuelle. Nous savons où nous allons. Il n’y a pas de raison d’avoir peur», a-t-il ajouté. Pour conclure, le commissaire aux relations extérieures de l’UN a prodigué des conseils aux promus qui ont tous été désignés par acclamation. . « Pour vous le plus dur commence. Vous allez devenir des cibles du pouvoir qui va chercher par tous les moyens d’acheter vos consciences. De votre intégrité face à moult tentations à venir dépendra le succès de notre combat », a-t-il conclu. Plus que jamais le rouleau compresseur UN est de nouveau en marche à Medouneu, lieu très symbolique de l’histoire récente du Gabon.

L’Union nationale se redéploie et désigne son candidat

trice adjoint du département Afrique du FMI avec délectation, d’où l’interview dans le quotidien « l’Union ». L’interviewer cherchera par tous les moyens à faire dire à cette spécialise des économies africaines beaucoup de bien de la politique mise en œuvre au Gabon depuis 5 ans, dans le but, à peine voilé, que le FMI confirme la bonne santé des caisses de l’Etat. Il fallait

trouver quelque chose d’accommodant à servir au public qui devait traduire cette vision. Il a fallu extraire de son contexte la phrase qui servira de titre : « Le Gabon a un niveau relativement bas de dette publique et dégage des surplus budgétaires », pour faire croire que le FMI a donné un quitus à la gestion d’Ali Bongo Ondimba. Oubliant surtout de préciser que la dette

Sans langue de bois, Jean-Christophe Owono Nguema a trouvé des mots

s’est contenté d’orienter le reporter vers la direction provinciale des Eaux et Forêts. Mais le régulateur de la politique forestière dans le WoleuNtem est resté avare de confidences, « sans l’autorisation de la hiérarchie ». Un agent de cette structure a tenté de donner une explication sur cette embellie soudaine. «Depuis un certain temps, malgré la faiblesse de nos moyens, nous avions intensifié les opérations de contrôle sur le terrain. Cela nous a conduits à saisir une quantité importante de bois coupés illégalement qui sont vendus aux enchères. La semaine dernière encore, nous avons saisi au Carrefour Lalara un important lot de bois qui sera sous peu mis aux enchères. A chacune de ces opérations 46% des recettes sont versés au Trésor, 10% reviennent à la rémunération de l’expertise pour identifier les bois, 30% pour couvrir les charges liées au regroupement desdites billes sur un parc à bois et 12% pour couvrir les frais du commissaire-priseur. A cela s’ajoute une meilleure entrée des taxes légales liées à

l’activité. C’est peut-être cela qui fait croitre nos versements au Trésor». Cette embellie a un revers, elle met la direction provinciale sous pression. Les appétits pour en prendre le contrôle se font de plus en plus féroces. Surtout qu’elle a connu une longue période d’intérim. A ce jeu-là, tous les moyens sont utilisés. L’actuel occupant du poste est accusé « de mettre de côté une partie de la manne ou de se livrer à des ventes de bois fictives aux entreprises… ». Accusation formulée par plusieurs ONG et qui ont été reprises, de bonne foi, par votre journal, la semaine dernière. Sur le terrain cependant, rien de tout cela ne semble vérifié. Un entrepreneur adjudicataire de 1000 m3 de bois aux enchères est formel : « le rapport d’expertise qui avait été fait par les agents des Eaux et Forêts sur lequel la vente aux enchères du bois était fondée, n’était pas totalement exact. Cela a causé un retard dans les opérations d’enlèvement. Aujourd’hui et depuis longtemps, nous avons évacué tout ce que l’on a

acheté qui était effectivement coupé.». Le caractère approximatif du rapport peut-il être imputé au directeur provincial (DP) ? L’entrepreneur n’y croit pas un seul instant. Pour lui, « le rapport a été fait par des agents assermentés. Le Dp ne pouvait pas soupçonner qu’il n’était pas totalement exact. Ce monsieur a beaucoup fait pour nous sans exiger quoi que ce soit d’une entreprise. Les Gabonais ont intégré cette filière facilement dans le Woleu-Ntem tout simplement parce qu’il a exigé aux entreprises étrangères de s’associer obligatoirement avec nous pour pouvoir exploiter le bois. Cela nous a permis d’avoir un pied dans le secteur. Je ne le vois pas dans une telle magouille… », conclura l’opérateur économique. Il faut espérer que cette collision d’ambitions pour le contrôle de cette unité administrative ne vienne pas ruiner la bonne dynamique de la productivité qui est en marche et que chacun peut constater. Wait and see.

(suite de la page 2)

Explosion des recettes et des appétits aiguisés

lus de 1,2 milliard de F CFA. C’est la somme faramineuse générée en un peu plus de 15 mois par la direction provinciale des Eaux et forêts du Woleu-Ntem. Selon un responsable de ce service, cette recette « aurait été plus importante encore si tout le monde avait un comportement responsable… ». Au Trésor public d’Oyem, un agent qui a une bonne connaissance des comptes a confirmé cette réalité. « Tout ce que je peux vous dire est que le compte de cette direction ouvert dans nos livres a relativement pris de l’importance. Nous avons pu faire face ici à certains engagements grâce aux avoirs de celui-ci … ». A la question de savoir à quoi est liée une telle envolée des recettes, comparativement à la situation qui prévalait dans les années antérieures, pendant lesquelles « seules quelques centaines de millions étaient effectivement versés au Trésor d’Oyem par an », l’agent, un brin gêné,

extérieurs, notamment en ayant un budget d’investissement plus réaliste, en lien avec les capacités réelles d’exécution du pays… ». Cela veut dire qu’il n’existe pas « d’excédent budgétaire » puisqu’il faut « rétablir un coussin budgétaire ». Cela signifie surtout que le Gabon n’a pas les capacités techniques à même d’absorber le pharaonique budget d’investissement voté cette année, sur la base duquel le FMI a estimé le taux de croissance de l’année 2015. Enfin, la directrice adjointe va mettre le pouvoir au défi de publier « …les résultats de ces audits comme signe de transparence, confirmant ainsi sa volonté d’améliorer la gouvernance et une plus grande fermeté dans la lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite… » Des déclarations qui ont définitivement brouillé la propagande émergente. (Nous y reviendrons)

Elections sénatoriales/Medouneu

Oyem/Direction provinciale des Eaux et Forêts

SYA Envoyé Spécial

émergents qui ont monté cette opération. Interrogé sur les perspectives de croissance pour le Gabon en 2015, la directrice adjointe a, certes, reconnu qu’elle sera assez forte, mais a tout mis un bémol en disant : « ces prévisions de croissances reposent notamment sur l’hypothèse d’un niveau élevé des investissements publics ». Autrement dit, si le Gabon a les moyens requis pour financer les investissements publics, la croissance de 5% sera au rendez-vous. Lorsqu’on sait que ce pays peine à placer ses emprunts obligataires sur le marché – la dernière émission d’un montant de 10 milliards de F CFA n’ayant été couverte qu’à 65% -, comment fera-t-il pour obtenir les fonds nécessaires à cette stratégie ? Plus cruelle encore, la directrice adjointe du FMI poursuivra, « ….les efforts doivent porter sur le rétablissement d’un coussin budgétaire suffisant pour faire face aux chocs

Mise au point

En réaction à notre article de la semaine dernière sur les constructions auxquelles se livrent actuellement le chef du gouvernement au centre-ville d’Oyem, un chargé des missions de Daniel Ona Ondo, qui s’est présenté comme étant « chargé de suivre les travaux de ce bâtiment » assure qu’il ne s’agit pas d’une pharmacie, mais plutôt d’un hôtel. Donc acte.

REPORTAGE

Cocotiers, la zone de non droit

ECHOS DU NORD N° 256 du Lundi 27 Octobre 2014

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Déstabilisé par la consommation de drogue et la pression migratoire, ce quartier du 2e arrondissement de Libreville a basculé dans une violence répétitive. Une situation favorisée par l’absence des patrouilles policières, l’explosion démographique et la prolifération des bars ouverts de jour comme de nuit. Voyage au cœur de l’antre des bandits.

Il est conseillé aux automobilistes de monter les vitres et verrouiller les portières à cet endroit

C

Jonas MOULENDA

E dimanche matin, l’orchestre d’une l’église du réveil jouxtant la route rivalise avec les décibels des bars environnants. Le mélange de sons crée une cacophonie terrible. Cocotiers, un quartier du 2e arrondissement de Libreville, ne connaît guère de silence, de jour comme de nuit. Dans un bar situé en bordure de route, une foule ivre d'elle-même se trémousse au rythme des chansons congolaises, ivoiriennes et américaines. Au centre, un homme au visage tuméfié se tord de rage, plus que de douleur, insultant ses tourmenteurs. Il aurait été agressé la nuit par d’autres jeunes. Cocotiers arrive en tête au classement des violences contre les personnes. C’est le terreau des coups et blessures, vols avec violences, braquages, agressions sexuelles et homicides. Malheureusement, cette situation qui fait écho à celle des Akébés et d’Atsibe-Ntsos, n’a toujours pas suscité l'inscrip-

tion de ce quartier en zone de sécurité prioritaire. « Aucune patrouille n’est visible ici de jour comme de nuit. Quand les policiers viennent ici, c’est uniquement pour boire du vin », avance Oumar, un jeune du quartier. Le contraste est troublant entre le tapage du quartier et la douceur ambiante du centre-ville. Au milieu de la principale rue du quartier, bordée de maisons atteintes par la décrépitude, les automobilistes ralentissent pour aborder les crevasses qui y sont apparues. La nuit, il est conseillé aux automobilistes de verrouiller les portières et de monter les vitres. « Des bandits se postent souvent à ce niveau et arrachent les sacs aux occupants des véhicules qui y ralentissent », explique Pélagie, une jeune habitante du quartier.

TRAFICS ILLICITES. Ici, des communautés chamarrées se côtoient sans tensions apparentes. Mais certains signes ne trompent pas : cet îlot de peuplement n'est plus l'Eden communal du temps

d'avant. « Voyez les grilles sur les fenêtres et portes de maisons, fait observer un notable. Les gens de ma génération vous parleront avec nostalgie de l'époque où l'on laissait ouverte la porte de son domicile sans y être rejoint par des gangsters. » Cocotiers s'est barricadé. Tout au long de la coursive qui enserre le quartier, les lampions des bars servent de cache-sexe à la misère. Audelà se développe une économie de subsistance mais aussi de petits trafics illégaux: prostitution, drogue ou arrachage de colliers, une spécialité disputée à Cocotiers. La dégringolade, amorcée au cours des années 1990, s'est amplifiée dans la décennie suivante avec la généralisation du chanvre. Le produit se négocie ici à un prix défiant toute concurrence. Et chacun sait où en trouver : les toxicomanes ont baptisé certaines ruelles "couloirs de la mort", des goulots d'étranglement urbains. Comme tous les consommateurs du coin, Oumar a appris à reconnaître les dégâts du chanvre. A Cocotiers, recon-

Le quartier a les allures d'une zone de non droit

Les bars ne désemplissent pas de jour comme de nuit

naît-il, la drogue fait des ravages. En plus de la drogue, l'explosion démographique et la pression migratoire ont achevé de déstabiliser ce quartier. Autrefois, la préfecture de police de Libreville envoyait des patrouilles dans ce pandémonium. Mais, aujourd'hui, les policiers y rechignent, de peur probablement d’être caillassés. A l'intérieur du quartier, les tensions sociales demeurent fortes. Les riverains les plus installés cadenassent, à leur tour, leurs portes à force d'être enviés par plus miséreux. Dernièrement, un jeune homme a été mortellement blessé au couteau lors d'une dispute dans un bar. Cet îlot est devenu une zone de non droit. Rien de comparable aux autres quartiers de la capitale. Les bandits y opèrent, sans craindre d'y être rattrapés par la police. Chacun se connait par son nom ou son surnom ‘ ’ B i b a n g , ’ ’ ‘’Templar’’,’’Alino’’,’’Peter,’’ etc.

REGAIN DE VIOLENCE. A Cocotiers, une violence éruptive culmine en fin de semaine. L'alcool et les rassemblements musicaux agissent comme des mèches lentes. Chaque jeune ou presque dispose de son couteau dissimulé dans sa poche, indispensable face à une nature sauvage. C'est un équipement de sécurité, au même titre que le pistolet. Les armes blanches pullulent dans les différents bars du quartier. Mais les fusils à canon scié et crosse coupée sont à la mode pour braquer. Certains jeunes se les portent sous un vêtement ample. A la génération des 15-25 ans, il est inutile de parler d'ascenseur social au moment où le plancher s'effondre. Quant au taux de chômage de ces mêmes jeunes, il culmine. Dans la nuit de samedi à

dimanche, un homme a été retrouvé saignant abondamment sur un coin de trottoir, le cou ouvert à l’arme blanche. Le regain de violence a amené les riverains à ériger des barricades sur la voie publique

pour attirer l’attention des autorités du pays. La police est intervenue en milieu de matinée. Au moins dix personnes ont été interpellées pour trouble à l’ordre public.

Précision

Dans notre édition de la semaine dernière (EDN 255), la photo du président de la Cour des comptes, Gilbert Ngoulakia, figurait parmi les illustrations d’un article au sujet d’un magistrat de cette institution. Nous tenons à préciser que c’est à la suite d’un malentendu entre la coordination et l’équipe de montage que cette photo a été publiée. Par ailleurs, le fait que son nom soit cité dans l’article ne le mêle en rien dans l’affaire qui a été mal rapportée et dans laquelle nous tenons à souligner que certains des faits relatés par Mme Mavoungou à notre reporter participent plus de la volonté de manipulation que de dire la vérité. Aussi, présentons-nous nos sincères excuses au président de la Cour des comptes. Quant au magistrat Pacôme Andjélé, il a encore la possibilité de livrer sa part de vérité et d’apporter des éclairages sur cette affaire qui l’oppose à Mme Mavoungou.

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