Sécurité alimentaire en Afrique: METTRE L’ACCENT SUR LE ROLE DES FEMMES Mise à jour le Mercredi 15 Décembre 2010 Écrit par Danielle Nierenberg et Janeen Madan Mercredi 15 Décembre 2010 Deux membres du projet « Nourrir la planète », Danielle Nierenberg et Janeen Madan, bnous font partager leurs convictions sur la capacité de l’Afrique à pouvoir se nourrir correctement et les voies et moyens nécessaires. En Côte d’Ivoire, les femmes qui constituent la majorité de la main-d’œuvre agricole, ont été affectées par le conflit qui a éclaté en 2002. La baisse de leurs revenus a de graves conséquences sur la sécurité alimentaire du pays entier. En Afrique sub-saharienne, ces femmes représentent 80% des agriculteurs. Au même moment, elles constituent 51% de la population vivant avec moins de 1,25 dollar par jour. Compte tenu de son rôle primordial comme gardienne de la sécurité alimentaire, une révolution dans notre approche pour soulager la faim est indispensable. La date limite pour atteindre les objectifs du millénaire pour le développement est approche. Nous nous sommes engagés dans une course contre la montre pour réduire de moitié d’ici 2015, la proportion de la population souffrant de la faim. Alors, ce qui est maintenant plus que jamais nécessaire, c’est une véritable politique d’augmentation de fonds, qui donneront aux 1,6 milliards de femmes dans le monde qui dépendent de l'agriculture, le pouvoir d’améliorer leur subsistance et celle de leurs communautés. Heureusement, il existe plusieurs projets en leur faveur pour les engager dans la prise de décision et même pour leur donner l’accès aux marchés et à la formation technique. Dans le cadre de notre recherche pour « Nourrir la Planète » (www.NourrirlaPlanete.org), un projet de l’Institute Worldwatch à Washington D.C., nous avons voyagé partout en Afrique subsaharienne en vue de trouver des projets qui réussissent, de manière durable, à réduire la faim et la pauvreté. Nous en avons découvert un grand nombre en Côte d’Ivoire et même en Afrique occidentale, qui mettent l’accent sur le rôle des femmes pour le renforcement de la sécurité alimentaire.

Dans le village de N’Ganon, Mariam Ouattara, directrice de la « Convivium of Slow Food International » a mis sur pied le projet « Consommons Ivoirien ». Elle a créé une association de femmes qui cultivent le vivrier pour fournir des mets équilibrés dans les établissements scolaires. Les 300 femmes de cette association travaillent en collaboration avec les élèves pour la culture du riz, du haricot blanc, de la tomate, de l’aubergine et d'autres cultures dans les jardins scolaires. Une partie de la récolte va aux familles de celles-ci, une deuxième à la cantine scolaire et une troisième partie vendue sur le marché local. Pour ces femmes, cela représente un revenu supplémentaire, mais aussi une source d’alimentation pour leurs familles. Pour améliorer l’accès des femmes à la formation, l’Institut international d’agriculture tropicale (Iiat), a créé des Clubs vidéo en collaboration avec la World Cocoa Foundation (Fondation mondiale pour le cacao). Cela donne aux agricultrices de cacao la formation pratique sur la gestion de la production. En créant un environnement d'apprentissage pratique et confortable pour elles, ces clubs tentent de réduire leur faible participation aux activités de formation. A travers ce programme, Marceline Ekra, une agricultrice ivoirienne, a augmenté sa récolte par quatre. Avec ce revenu supplémentaire, elle a inscrit ses enfants à l'école, et a construit une nouvelle maison pour sa famille. Depuis 2006, près de 1 600 agricultrices de la Côte d'Ivoire et du Ghana reçoivent une formation sur la production du cacao à travers ces clubs. Dans cette région du monde, où près de 16 millions de personnes comptent sur le cacao pour gagner leur vie, la capacité d’améliorer la production pourrait avoir un grand impact. Dans le pays voisin, au Burkina Faso, l’association « Songtaab-Yalgré » intègre des collectrices traditionnelles de karité sur le marché économique international. L’association s’engage dans les activités socioculturelles telles que l’alphabétisation et la formation, ainsi que les activités économiques pour soutenir la fabrication et la commercialisation du beurre de karité. Des entreprises internationales, telles que « L'Occitane », « Body Shop », « L'Oréal et Origines », achètent le beurre de karité directement auprès des associations de femmes comme « SongtaabYalgré. » A travers cette initiative, les revenus des femmes ont augmenté de $1 à $4 au cours de ces six dernières années. Au Burkina Faso, où plus de 85% des femmes dépendent de l’agriculture, cette augmentation est vraiment importante. Les initiatives comme celles-ci augurent d’un avenir prometteur parce que les femmes ont assez longtemps été exclues. Et des investissements à leur profit permettront à leurs enfants d’aller à l’école et leurs familles de manger à sa faim. Des idées novatrices et des initiatives pionnières existent déjà. Mais on a besoin d’une nouvelle vision qui donne aux femmes la possibilité de participer aux débats sur le développement et qui leur donneront l’accès aux outils pour contrôler leurs activités économiques. Danielle Nierenberg est une chercheuse supérieure à l’Institute Worldwatch et la co-directrice du projet Nourrir la Planète. Janeen Madan est une stagiaire avec le projet Nourrir la Planète. Auteur de cet article: Danielle Nierenberg et Janeen Madan