Marcel Bodor

Jésus de Nazareth La Bible face à la science.

Travail de thèse privé Mexico 2011-2012 [email protected]

© Dépôt légal 10 Juin 2011

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Si un fait généralement controversé peut être démontré scientifiquement, alors il faudra l’admettre comme vrai.

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Table des matières Quelle confiance peut-on accorder à une découverte basée sur la Bible ? .................................................................................... 7 Une constellation connue mais non encore exploitée............... 14 Le récit de Matthieu l’Évangéliste. ............................................ 21 La justification d’un Noël au 25 Décembre. .............................. 29 L’histoire peut-elle invalider nos conclusions ?......................... 38 Qui étaient les Mages, d’où venaient-ils ? ................................ 46 Les conclusions de cette première partie. ................................ 57

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Introduction

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n ce début de vingt-et-unième siècle où la science domine de sa toute-puissance, peut-on encore s’autoriser à évoquer le nom de Jésus dans le cadre d’une discussion scientifique?

Accoler le nom « Jésus » à « Sciences » semble à tout le moins osé sinon provocant. Le gouffre entre la religion catholique et sciences est devenu tel que ces deux disciplines paraissent définitivement condamnées à s’ignorer sous peine d’affrontement. La Science s’en tenant à sa méthode et ses succès, la religion catholique à son passé et à son dogme, les deux s’arc-boutant sur leurs certitudes respectives et n’ayant plus grand-chose à se dire. Je pense que la réponse à cette première question peut être affirmative malgré tout, mais sous certaines conditions. Il se pourrait même que le temps soit venu d’enfoncer un coin dans cette séparation. Non pas pour rouvrir des plaies anciennes ou relancer les querelles ancestrales, mais bien pour reprendre le dialogue irénique sur des bases nouvelles. Mais quelle que soit la forme de ce nouveau paradigme, il faudra veiller scrupuleusement au respect des opinions de chacun, n’apporter au débat que des arguments strictement vérifiables et ne choquer personne dans ses convictions intimes. Le respect de ces points comme conditions impératives m’a guidé durant la rédaction de cette thèse.

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Le lecteur pourra songer qu’il s’agit d’une position de principe bien vague et que nous ne sommes pas près de voir un tel dialogue s’ébaucher. Car enfin, sur quelle base pourrait se faire cette rencontre? Le souhaitons-nous d’ailleurs. Depuis presque deux mille ans et la rédaction des Évangiles, rien de fondamental n’est venu changer notre perception de la religion catholique au plan scientifique. Je souhaite que ce travail soit une première marche vers l’ouverture d’un dialogue respectueux entre les communautés catholiques – protestantes – orthodoxes et les scientifiques. Non que je classe les scientifiques d’un côté et les croyants de l’autre, mais j’évoque ici uniquement le point de vue que l’on porte sur cette question. Je prends l’engagement face aux croyants de ne pas les choquer dans leur foi. A la lecture de cet ouvrage, il est même fort à parier qu’ils y trouveront des arguments qui viendront renforcer celle-ci. Je prends l’engagement face aux scientifiques de ne pas les laisser sur leur faim, mais d’exposer le plus clairement possible des arguments strictement scientifiques qu’ils pourront vérifier par euxmêmes.

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Première partie

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Chapitre I Quelle confiance peut-on accorder à une découverte basée sur la Bible ?

L

e 4 Juillet 2012, le Cern à Genève fait une annonce fracassante aux scientifiques du monde entier : Le boson de Higgs a été découvert. C’est une avancée majeure concernant le modèle standard des particules et les physiciens qui espéraient depuis une quarantaine d’années, avoir la confirmation de l’existence de ce boson, sont ravis. Notez que cette nouvelle est livrée au public d’une manière scientifique. Elle n’est pas exprimée sous la forme : « hourra, nous l’avons trouvé ! », mais à l’annonce est juxtaposée la probabilité de certitude sur le résultat – à savoir 99,99%. Cette barre d’erreur sur le résultat est destinée à circonvenir les sceptiques. Et que si discussion il devait y avoir, elle ne pourrait porter que sur le 0,01% restant, avis aux amateurs. Devant une certitude de cet ordre, il est difficile de ne pas admettre la validité du résultat obtenu. Même si par ailleurs, les moyens utilisés pour y arriver restent largement hors de porté du citoyen lambda. Si les physiciens du Cern avaient fait une annonce sans y ajouter cette estimation, cela aurait immanquablement contribué aux doutes et aux critiques. Il faut noter qu’il est parfois mal aisé d’estimer cette barre d’erreur de façon rigoureuse, notamment lorsque les variables sont multiples et le sujet complexe. Dans le cas de cette thèse qui porte sur le récit de la naissance de Jésus de Nazareth, tel que décrit par Matthieu l’évangéliste, 7

l’estimation de la barre d’erreur a été paradoxalement très simple à établir, car elle sort naturellement de l’analyse. Le sujet est pourtant très complexe, les faits et les documents en notre possession très anciens, les certitudes actuelles inexistantes. De plus, les recherches d’éléments tangibles sur la réalité de Jésus durent depuis presque 2000 ans, sans grands succès. Voici donc l’estimation de la probabilité de certitude sur le résultat de ce travail : 99.72% 1. Cette valeur est non seulement vérifiable, mais cette vérification peut être effectuée par tout un chacun – scientifique ou non -, nous y reviendrons. Elle est curieusement proche de celle du boson de Higgs sans qu’il y ait toutefois le moindre lien. Même si pour l’anecdote, certains scientifiques avaient appelé le boson de Higgs « la particule de Dieu ». Afin de pousser plus avant la comparaison avec le boson de Higgs, on peut dire que les deux approches, bien qu’étant dans des domaines radicalement différents, ont été contraintes toutes deux par le cadre du corpus généralement admis. Si le boson de Higgs existait, il devait naturellement trouver sa place dans le modèle standard de la physique des particules. Le cadre de ce travail quant à lui, est contraint par la Sainte Bible et l’Histoire. Avec ce point commun, que dans les deux cas, il est impossible de changer quoi que ce soit aux documents de base. La Bible qui existe depuis la fin du premier siècle de notre ère et est traduite dans des centaines de langues, ne souffre d’aucune adaptation a postériori. Il semble que déjà vers 200 apr. J.-C., vingt des vingt-sept livres du Nouveau Testament ont été considérés comme faisant autorité. Aujourd’hui, le Vatican conserve et édite la version officielle de la Bible de l’Église 2. Du point de vue du chercheur, cela offre l’énorme avantage de pouvoir s’appuyer sur une version incontestable de l’ouvrage. D’autre part, personne ne songera à se départir de textes fixés une fois pour toutes, et sur lesquels cette thèse est basée. En revanche, si la Bible offre cet avantage, elle impose en retour un cadre extrêmement rigide qui ne souffre aucune interprétation pour faire « coller » une théorie aux écrits. 1 2

En réalité, la barre d’erreur objective est même beaucoup plus faible Congregatio pro Clericis Piazza Pio XII,3 – 00193 Roma Italia. Http://www.clerus.org

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Pour la découverte du boson de Higgs, les scientifiques cherchaient donc à vérifier la théorie que le physicien Peter Higgs de l’université d’Edinburgh avait élaborée en 1964. Cette théorie ne leur imposait pas de trouver cette particule à un endroit donné du spectre, ne donnait pas la valeur énergétique en GeV (Giga électron volt) où il fallait la découvrir. Il « suffisait 3» qu’elle soit détectée dans une plage d’énergie compatible pour faire admettre son existence au monde scientifique. Le cadre de ma thèse en revanche est plus contraignant de ce point de vue, si l’on considère que les faits, les lieux, les personnages etc.… sont pratiquement fixés en temps 4 et définitivement fixés en lieu. Pour prendre un exemple audacieux, la possibilité de faire naître Jésus au Maroc en l’an 234 n’est pas admissible. Si l’on s’intéresse aux circonstances de la naissance de Jésus, nous sommes dans le cadre d’un récit Biblique. Et dans ce cas, il s’agit du cadre strict des versets de l’Évangile de Matthieu au chapitre II 5. Si une nouvelle théorie autour de sa naissance est proposée, elle devra être en accord avec lui, sous peine d’ouvrir à la critique. Même si cette thèse est en accord avec ces versets, elle devra se conformer strictement à chacun des détails donnés par Matthieu dans son récit. Une conformité parfaite est ici la seule garante de l’acceptabilité éventuelle de la théorie. Et comme si cela ne suffisait pas, il faut qu’en plus de ce carcan, la théorie soit plausible dans un cadre historique rigoureux et vérifiable. Rien ne servirait de construire une belle thèse qui serait en contradiction ou seulement incompatible avec les faits historiques de l´époque donnée. Ajoutons à cela que même si une telle théorie semblait valide dans ce cadre étroit, elle devrait de plus satisfaire au-delà de ces contraintes, et en quelque sorte « donner plus ». Je veux dire apporter par exemple des éclaircissements nouveaux sur des faits qui sont actuellement en débat au sein de la communauté des théologiens. C’est ce que dans les modèles scientifiques nous qualifierions de « caractère prédictif de la théorie».

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Que les chercheurs du Cern me pardonnent pour ce raccourci presque insultant, au regard de l’acharnement et des trésors d’ingéniosité qu’il leur a fallu déployer dans cette quête. Il existe une très petite latitude sur le temps. 5 Soit Luc au Chapitre II, nous y reviendrons. 4

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Dans le cas du boson de Higgs, il était clair qu’il s’agissait d’une recherche purement scientifique qui n’était entachée d’aucune connotation mystique ou philosophique. Par contre les discussions sur Jésus, surtout après Saint Paul, se sont portées sur le terrain de la métaphysique et l’auditoire s’est habitué à des dissertations sur ce terrain. Mais je voudrais insister sur le fait, que je souhaite garder ce travail sur un plan résolument scientifique. Certes, tout comme la métaphysique, la science progresse en posant des assertions – des hypothèses, en ouvrant (lorsque cela est possible) la contradiction au débat publique. Mais avec une différence de taille qui est que le débat peut être tranché au final. Basé sur une démonstration, la confrontation des points de vue se place sur le terrain du vérifiable, ce qui permet d’aboutir à un consensus autour d’une « certitude » finale. Certitude qui ne pourra être remise en cause que par une démonstration contradictoire et non par une vague impression générale ou même par le simple discours d’une personne, si éminente soit-elle. On conçoit aisément qu’il se soit trouvé peu de chercheurs pour s’aventurer sur un tel chemin et les chances de faire coller la théorie est, avouons-le, pratiquement nulle. Si l’on ajoute à cela que les scientifiques ont déserté ce terrain d’investigation depuis longtemps, et que d’autre part, les théologiens ne se sentent pas poussé à s’engager sur une voie, qui n’a pratiquement aucune chance d’aboutir à la confirmation du récit Biblique. Nous avons là une explication au fait qu’une telle thèse n’avait somme toute aucune chance de voir le jour. Avons-nous d’ailleurs besoin d’une quelconque confirmation sur l’existence terrestre de Jésus de Nazareth? Les croyants au fil du temps se sont habitués à ce qu’une telle découverte n’existe pas. Le dogme de l’Église de Rome suffit, et la foi – c’est bien connu – n’a pas besoin de preuve. Cette position généralement admise aujourd’hui, n’a pas toujours été vraie. Si l’on se tourne vers les docteurs de l’Église, tel Saint Thomas d’Aquin 6 , Saint Bernard ou 6

Voir par exemple, le livre "Doctrine Sacrée" de Saint Thomas d'Aquin.

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encore Saint Jérôme, pour ne citer que ces figures emblématiques de la religion catholique, ils nous ont laissé leur réflexions sur la recherche d’une forme de « preuve », qui devait aider à soutenir la foi des chrétiens. Et si je résume abruptement leur démarche ; Ils partaient du principe que si une chose est vraie, des preuves irréfutables devaient pouvoir se trouver. Et que si ces preuves n’étaient pas encore présentes, la raison en était que nous n’avions pas assez cherché. Avec des arguments de grande logique et avec les moyens dont ils disposaient à l’époque, ils nous ont laissé des ouvrages remarquables et respectables. Mais malheureusement, aucune preuve au sens que nous donnons à ce mot aujourd´hui. Et c’est ainsi que peu à peu, s’est installé ce que l’on peut appeler un consensus mou. Où l’on admet de façon polie que oui, Jésus a sans doute existé et que le récit de la Bible peut être pris – sous toutes réserves de la forme du discours – comme probablement en partie vrai. Les athées ont appris à respecter le point de vue des croyants et vice et versa, dans une paix de bon aloi, qui fait suite aux interminables conflits qui ont émaillés histoire du Catholicisme. Pouvait-on d’ailleurs s’acheminer vers autre chose, car heureusement les temps actuels – pour ce qui est de la religion catholique – ne sont plus au conflit ouvert dans ce domaine. Et que d’autre part, un sujet qui ne se renouvelle pas dans le temps, entre peu à peu, de génération en génération, dans une acceptation molle, pour autant que cela ne fasse de tort à personne. Alors, sommesnous aujourd´hui plus avancé sur le terrain d’une preuve de l’existence de Jésus de Nazareth en temps qu’être humain, né en Israël autour de l’an 1?… non. Lors de mes premiers échanges sur le sujet, il m’a été fait une remarque – qui m’avait désarçonné ; « Au fond, si ta découverte ne revient qu’à apporter une preuve de l’existence de Jésus, ce n’est pas beaucoup. Car plus personne ne doute qu’il ait existé». J’ai longuement réfléchi à cette assertion et à ses implications. J’en suis venu à la conclusion, qu’il s’agit là de ce que j’appelle le consensus mou. Si tout le monde l’admet, pourquoi continuer les recherches?

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Aujourd´hui, je ne pense pas que cette remarque soit pertinente sur le plan de la recherche scientifique. Pour reprendre le parallèle avec le boson de Higgs, quarante ans après sa découverte théorique, la communauté des physiciens admettait globalement son existence. Mieux, elle travaillait sur les nouvelles théories en postulant son existence. Certes on faisait une note de bas de page disant qu’aucune preuve expérimentale n’avait été apportée à ce jour, mais on acceptait l’idée de son existence. Malgré cela, les recherches se sont poursuivies avec acharnement, jusqu’à sa découverte effective. En poursuivant ces recherches la communauté cherchait à savoir précisément de quel côté de la médaille nous nous trouvions. Soit le boson existait et cela confortait toutes les théories qui étaient basées sur lui, soit les recherches démontraient son inexistence et cela invalidait directement ces mêmes théories, ouvrant ainsi la voie à d’autres recherches. Que la médaille fut tombée sur une face ou l’autre, levait le doute et apportait une base stable à la réflexion. Tout valait mieux que le « nous ne savons pas ». Peut-il en être différemment d’une question théologique que d’une question scientifique, certainement pas. Et sur la question de savoir si une découverte sur l’existence terrestre de Jésus est nécessaire, on peut ajouter qu’aucune découverte dans l’histoire humaine n’a été « nécessaire » avant son apparition. Des hommes vivaient avant l’invention du feu. Des hommes vivaient avant l’invention de la pénicilline. Par dérision, je pourrais ajouter que nous vivions mêmes avant l’invention du téléphone portable. Toutes ces découvertes ont trouvés leur place dans la société a postériori et nous sont devenues indispensables rétrospectivement. De la même manière le Vatican, ainsi que les chrétiens du monde entier, ont appris à vivre leur foi sans confirmation de la réalité terrestre de Jésus. Cela est un fait. Si la foi avait eu un besoin vital d’une preuve évidente pour survivre, nous ne saurions depuis longtemps. La question est-elle éteinte pour autant? Que non. Il suffit qu’en Octobre 2002, un archéologue du nom de Lemaire parvienne à faire paraitre un article dans « Biblical Archaeology Review » dans lequel il affirme qu'un ancien coffre a servi à recevoir le corps de Jacques frère de Jésus, pour que la communauté soit en effervescence et que 12

les communiqués pleuvent. En juin 2003, un comité d'experts archéologues israéliens rend son verdict: L'ossuaire qui aurait servi à recevoir le corps du frère de Jésus est un faux: l'ossuaire est d'époque mais la gravure est récente... Un faux, un de plus devrais-je dire, car la liste 7 est malheureusement très longue sur le sujet. La palme toute catégorie revenant sans doute aux "travaux" du mathématicien Juif émigré de Russie Eliyahu Rips et du physicien Doron Witztum, qui ont sorti un livre sur les codes cachés de la Bible, liant Torah et Bible, à coups de formules dignes des alchimistes… Je précise que ces questionnements se réfèrent à la réalité terrestre de la personne Jésus, de l’homme qui aurait vécu en Palestine et non à sa divinité ultérieure. Les questions visant à savoir si Jésus est le fils de Dieu, voir Dieu lui-même, se rattachent à un autre domaine. Et je pense pour ma part, que la divinité de Jésus sort absolument du champ d’investigation possible de la science 8. Il s’agit là d’un autre domaine, réservé à la métaphysique, aux philosophes et aux théologiens dans une certaine mesure. Par contre, je pense que d’avoir la certitude qu’un épisode au moins de sa vie est avéré, nous le rendrait plus proche et qu’il soutiendrait le travail des historiens et des théologiens. J’ajouterais que cela pourrait également aider les croyants face aux critiques. Tous ces questionnements touchent d’ailleurs les croyants et les athées à part égale, il suffit de se rappeler le succès du livre de Dan Brown pour s’en convaincre. La vie de Jésus ne laisse pas indifférent.

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Vous trouverez des développements sur ces «pseudos preuves » sur le site de www.bible.chezalice.fr 8 Il faut toujours être prudent en la matière, mais à l’heure actuelle cela me semble exclu.

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Chapitre II Une constellation connue mais non encore exploitée.

A

u début des années 1980, avec l’arrivée des premiers ordinateurs personnels, une puissance de calcul gigantesque devenait accessible pour la première fois. A l’époque étudiant en informatique, je me rappelle de l’excitation que provoquait l’arrivée de ces nouvelles possibilités. En s’appuyant sur la vitesse de ces processeurs, un monde neuf était à développer. Assez rapidement, chacun dans son domaine de compétence, tentait de tirer le maximum de ces nouveaux outils. Bientôt, la planétologie a été modélisée informatiquement afin de calculer la position des objets célestes. Nous pouvions « voir » dans le futur, mais également retourner dans le passé grâce à nos équations. C’est à cette époque que les planétologues se sont fait la réflexion suivante : « L’astre évoqué dans la Bible était-il visible dans le ciel de Bethléem à la naissance de Jésus? » La réponse a été tout d’abord : non. Car, en l’an 1 de notre ère aux coordonnées de Bethléem 9 , aucun astre particulier n’était présent dans le ciel. Mais en remontant le temps vers la fin de l’an -7 avant notre ère, une chose remarquable a été détectée. Il s’agit d’une conjonction entre les deux corps les plus brillants du ciel nocturne (mis à part la lune), Jupiter et de Saturne. Déjà séparément ces deux planètes rayonnent une luminosité caractéristique, mais en conjonction presque parfaite cela constitue pour l’œil un objet extrêmement brillant qui n’a pas dû laisser les habitants de la région

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Les coordonnées de Bethléem sont : 31° 42’ N - 35° 12’ E.

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indifférents. Aujourd´hui encore, cette observation est souvent citée dans les émissions 10 de télévision ou dans les livres traitant du sujet.

Fig. 01 – Constellation de Jupiter et Saturne

Elle reste une curiosité intéressante mais qui n’apporte pas grandchose, si l’on considère le décalage avec la date de naissance de Jésus. C’est à cet endroit que je situerais le point de départ de notre chemin vers la démonstration que constitue le corpus de cette thèse. Il s’agit des premiers versets de l’Évangile de Matthieu 11 au Chapitre II. Ces versets relatent de façon très détaillée l’épisode de la naissance de Jésus et ont été en partie à la base de la fête de la Nativité dans l’esprit des croyants. Noël, que les catholiques du monde entier célèbrent le 25 Décembre de chaque année. 1 - Jésus étant né à Bethléem de Judée, au temps du roi Hérode, voici que des mages venus d'Orient arrivèrent à Jérusalem 2 - en disant : " Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu, en effet, son astre à son lever et sommes venus lui rendre hommage. " 10

« National geography » Octobre 2011 Ce texte a été longtemps considéré par les Chrétiens eux-mêmes comme étant le plus ancien des quatre Evangiles. 11

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3 - L'ayant appris, le roi Hérode s'émut, et tout Jérusalem avec lui. 4 - Il assembla tous les grands prêtres avec les scribes du peuple, et il s'enquérait auprès d'eux du lieu où devait naître le Christ. 5 - " A Bethléem de Judée, lui dirent-ils ; ainsi, en effet, est-il écrit par le prophète : 6 - Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n'es nullement le moindre des clans de Juda ; car de toi sortira un chef qui sera pasteur de mon peuple Israël. " 7 - Alors Hérode manda secrètement les mages, se fit préciser par eux le temps de l'apparition de l'astre, 8 - et les envoya à Bethléem en disant : " Allez vous renseigner exactement sur l'enfant ; et quand vous l'aurez trouvé, avisez-moi, afin que j'aille, moi aussi, lui rendre hommage. " 9 - Sur ces paroles du roi, ils se mirent en route ; et voici que l'astre, qu'ils avaient vu à son lever, les précédait jusqu'à ce qu'il vînt s'arrêter au-dessus de l'endroit où était l'enfant. 10 - A la vue de l'astre ils se réjouirent d'une très grande joie. 11 - Entrant alors dans le logis, ils virent l'enfant avec Marie sa mère, et, se prosternant, ils lui rendirent hommage ; puis, ouvrant leurs cassettes, ils lui offrirent en présents de l'or, de l'encens et de la myrrhe. 12 - Après quoi, avertis en songe de ne point retourner chez Hérode, ils prirent une autre route pour rentrer dans leur pays.

Voici également les versets 9-11, tels que l’on peut les lire dans la version très largement diffusée de Louis Segond de 1910. 9- Après avoir entendu le roi, ils partirent. Et voici, l’étoile qu’ils avaient vue en Orient marchait devant eux jusqu’à ce qu’étant arrivée au-dessus du lieu où était le petit enfant, elle s’arrêta. 10 Quand ils aperçurent l’étoile, ils furent saisis d’une très grande joie. 11 Ils entrèrent dans la maison, virent le petit enfant avec Marie, sa mère, se prosternèrent et l’adorèrent ; ils ouvrirent ensuite leurs trésors, et lui offrirent en présent de l’or, de l’encens et de la myrrhe. .

Nous verrons plus tard que chaque mot de ce récit est à prendre en compte. Pour l’instant dans une première lecture, nous pouvons en garder trois informations de base.   

Jésus est né à Bethléem. Au temps du roi Hérode. Des mages sont venus d’Orient jusqu’à Jérusalem, en suivant « son astre ». Voici donc planté le décor de notre démonstration - les deux protagonistes sont ; d’un côté les versets de Matthieu et de l’autre la 16

planétologie. La géographie et l’histoire viendront compléter les outils dont nous disposons. Concernant la méthodologie de cette analyse ; nous allons suivre les versets de Matthieu « comme s’il s’agissait du récit des évènements que nous en fait un ami digne de confiance ». Pour l’instant, nous ne discuterons pas de savoir s’il s’agit là d’une fable, d’une parabole ou tout autre artifice rhétorique, nous garderons un regard scientifique sur les faits évoqués. Sur cette base de confiance, nous mesurerons loyalement les deux acteurs de notre histoire l’un à l’autre. Nous allons tirer la confrontation de ce que nous dit la science avec ce que nous dit Matthieu, afin de déterminer le point de rupture. L’endroit du récit où nous pourrons affirmer en toute certitude que les versets de Matthieu sont en désaccord avec les données scientifiques. Informations fournies par la planétologie, l’histoire, la chronologie, la géographie etc. Lorsque nous aurons trouvé le ou les points des versets de Matthieu qui sont en contradiction flagrante avec les données observationnelles, nous aurons alors démontré que ce récit est faux, tout au moins sur les parties en contradiction. Nous pourrons en déduire objectivement qu’il est sorti de l’imagination d’un auteur, qui nous a raconté une belle histoire sur la naissance supposée de son héro ; Jésus. Mais si contre toute attente, même à pousser l’analyse scientifique et le sens critique au plus loin, nous ne pouvions déceler le moindre point de contradiction, alors nous serons forcés d’admettre que ce récit est véridique. Non d’une manière résignée en laissant planer un vague doute, mais bien de manière scientifique. A première vue, le challenge semble bien simple à relever. Nous parlons ici de la naissance de Jésus que tout bon catholique fête le 25 Décembre de chaque année. Le sapin de Noël dans un coin de la pièce, le repas en famille, les cadeaux… De l’autre côté une belle histoire vieille de deux mille ans, qui se serait passée quelque part en Israël, le petit Jésus au centre de la crèche entouré de ses parents, du bœuf, de l’âne, et la visite des « Rois mages » venus d’Orient… Comment cette histoire pourrait-elle avoir une quelconque réalité historique. Demandez aux croyants ce qu’il en est. Vous aurez des 17

réponses qui oscilleront entre « c’est le jour où l’on fête Jésus » – à « ne touche pas à ma croyance ». Je pense qu’aucun n’affirmera croire réellement que Jésus est né un 25 Décembre dans une crèche… Les Théologiens eux-mêmes nous mettent en garde et nous disent qu’il ne faut pas prendre les récits de la Bible au pied de la lettre. Qu’il faut se garder d’interpréter les versets comme des narrations de faits réels. On pourrait ajouter à ce « scepticisme cartésien », que si rien n’est venu vérifier cette légende depuis tout ce temps, c’est bien parce qu’il s’agirait d’une légende. Des travaux d’historiens nous annonce que la date du 25 Décembre correspondrait en fait, à une ancienne fête de l’empire Romaine que les premiers Chrétiens auraient repris à leur compte 12. Dois-je vous dire qu’à ce point de ma thèse, je ne donnais pas un kopek sur les chances que les versets de Matthieu puissent « tenir » plus d’un round face à la science.

Commençons donc par ce qui semble être à priori le point de désaccord le plus flagrant. A savoir que Jésus né en l’an 1 de notre ère, serait né 7 ans après cette constellation que pourrait évoquer le récit de Matthieu. Pour cela, il faut savoir que cette date de l’an 1 de notre ère a été déterminé au VIe siècle, par un moine nommé Denys le Petit qui avait été chargé de cette tâche par l’Église. Ce moine a certes fait de son mieux avec les moyens dont il disposait à l’époque, mais il n’a pas vu l’incohérence historique dans les résultats de son calcul. En Europe à cette époque, on ignorait le zéro, ce qui explique pourquoi notre ère commence au 1er Janvier de l’an 1. Le jour précédent cette date étant le 31 décembre de l’an -1 (Av. JC). Les études récentes montrent que l’estimation de cette date comme date

12 http://fr.wikipedia.org/wiki/Noël. Pour un plaidoyer très virulent et tranché contre cette date jugée satanique : http://www.alliances-delivrances.com/article-les-vraies-origines-de-noel-91755985.html

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de naissance de Jésus est entachée d’une erreur de plusieurs années 13. D’où vient ce doute sur la date de naissance de Jésus en l’an 1? De plusieurs facteurs différents, le principal étant précisément le verset 1 de Matthieu « 1 - Jésus étant né à Bethléem de Judée, au temps du roi Hérode… ». Nous savons avec certitude par les archives Romaines, que le Roi Hérode dont il est question, est mort en -4. Si Matthieu dit vrai et que Jésus est né au temps du Roi Hérode, nous avons un décalage de quatre années au minimum. Nous avons donc, l’astre en -7, la mort d’Hérode en -4, la naissance de Jésus en l’an 1. Ce qui, sur une ligne du temps, nous donne le schéma suivant :

Fig. 02 – Ligne de temps autour de l’an 1.

L’autre facteur que l’on peut citer à l’appui d’une naissance plus précoce de Jésus est d’ordre sociologique. Selon la datation actuelle, Jésus serait mort à l’âge de 29 ou 30 ans 14 pour une date de naissance fixée à l’an 1. Nous savons par les textes, qu’il était appelé « Rabbi » - « mon maître ». Or, on ne désignait pas ainsi un jeune homme qui démarre dans sa réflexion théologique. Très tôt dans l’histoire, les théologiens ont souligné ce fait. Par contre, une naissance qui aurait eu lieu en l’an -7, en ferait un homme âgé de 36 ans au moment de la crucifixion. Et donc plus en accord avec le personnage dont parle la Bible. Il semble donc plus probable que Jésus soit né plusieurs années avant l’an 1, cela est d’ailleurs la thèse la plus communément admise.

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Il est communément admis que la naissance du Christ est antérieure de quatre ou cinq ans à la date retenue par Denys le Petit. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés. 14 Selon la tradition, Jésus aurait été crucifié en l’an 30 de notre ère. Cette date bien que discutée, est généralement admise.

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Cette première contradiction apparente étant levée, intéressons-nous à l’astre dont il est question. En utilisant un logiciel de planétologie 15 , transportons-nous à Jérusalem vers la fin août de l’an -7, plaçons le curseur du temps sur 21 heures, car la nuit est maintenant noire et que les étoiles ont commencés à briller sur la voute céleste. « L’astre » apparaît à l’est (est-sud est, azimut +- 100º) très bas sur l’horizon. Durant la nuit, l’astre va monter dans le ciel vers le sud puis, comme les heures de la nuit s´égrèneront, il descendra vers l’ouest où il disparaîtra vers 07h30. En fait, il ne sera plus visible à partir de 06h30 à cause de la clarté du ciel matinal. Il monte de l’est vers le sud et redescend vers l’ouest. L’astre refait exactement la même course dans le ciel toutes les nuits. Mais, l’heure son lever (de sa première visibilité) diffère de jour en jour. De même, sa position au lever sera plus haute sur l’horizon au fil des jours. Remarquons que le 8 septembre, les deux planètes sont en conjonction avec la lune aux environs de 21 heures, un superbe spectacle. A noter que cet astre existe dans le ciel à partir du mois d’avril, mais il n’est visible que plus tard dans la nuit. De par la rotation de la terre, la plage de temps de visibilité de l’astre varie également. Vers la fin décembre l’astre disparaît à l’ouest vers 23h15. Optiquement, la plus belle formation est à observer aux alentours du 25 décembre, à ce moment Jupiter est situé exactement au-dessus de Saturne. Pour nous résumer, l’astre est devenu visible en début de soirée vers la fin août - début septembre et disparaît du ciel en temps que conjonction vers la mi-janvier.

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Logiciel « Starry Night Pro » Version 5.0.1 © 2004 Imaginova Canada Ltd

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Chapitre III Le récit de Matthieu l’Évangéliste.

M

aintenant que nous avons caractérisé l’astre par sa nature et son déplacement cyclique dans le ciel, intéressons-nous de plus prêt au récit de Matthieu. Si nous le résumons sous forme de script de cinéma, nous avons à peu près ceci; 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8.

Nous sommes au temps du Roi Hérode et Jésus nait à Bethléem. Des mages venus d'Orient arrivent à Jérusalem. Ils cherchent le Roi des Juifs qui vient de naître. Signalent avoir vu « son astre à son lever », ils veulent lui rendre hommage. Hérode apprend la chose, s'en émeut. Il fait venir les mages pour les questionner et se faire préciser le temps de l'apparition de l'astre. Hérode leur demande de l'aviser lorsqu'ils auront trouvé l'enfant - afin de lui rendre hommage. Les mages sortent du palais d'Hérode - attendent l'astre, le suivent, trouvent le lieu de naissance de Jésus et lui rendent hommage. Les mages rentrent dans leur pays sans aviser Hérode.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Matthieu insiste lourdement sur cet astre, et de l’importance qu’il a pour les mages. Il ressort du récit que les mages viennent d’Orient et ont suivi l’astre dans leur chemin vers Jérusalem. Une remarque importante sur l’astre ; Si le récit de Matthieu était une pure invention, l’astre ne devrait pas exister. Et si nous admettons qu’il s’agit d’une coïncidence, car nous avons dû reculer à l’an -7 pour le découvrir, alors cet astre puisqu’il est effectivement observable ; devrait se situer n’importe où, dans n’importe quelle direction sur les 360 degrés de la voute céleste. Nous allons donc confronter le récit à l’observation et puisque nous en sommes à un récit de Noël, prenons la date du 25 Décembre – car il faut bien en prendre une. Nous verrons que cette date, prise 21

parmi d’autres possibles, se justifiera par la suite d’un point de vue mathématique. Le lecteur attentif aura noté que nous venons d’introduire un paramètre arbitraire dans cette démonstration, ce qui semble en opposition avec une démarche scientifique. Car cette date du 25 décembre, même si elle est sympathique, est un choix de l’auteur et qui ne s’impose pas objectivement. La remarque est pertinente et parfaitement justifiée. Ce que je vous propose ici, c’est de « jouer » la scène à cette date (en effet sympathique), et de la rejouer ensuite à des dates différentes prises au hasard. Nous pourrons alors comparer et juger objectivement de la pertinence de nos résultats. Nous sommes donc dans le palais d´Hérode au centre de Jérusalem, le 25 décembre en l’an -7, les Rois mages viennent de s’entretenir avec lui et quittent le palais…

Fig. 03 : Carte de Jérusalem, à l’époque de Jésus. Le chemin de Bethléem est indiqué de rouge pointillé. Source: www.bible.chez-alice.fr

22

Les mages ont quitté le palais d’Hérode, ils scrutent le ciel et attendent le lever de l’astre afin de continuer leur route. Cela est confirmé par Matthieu II-9 à 11. « Après ces paroles du roi, les sages se mettent en route. Ils aperçoivent l'étoile qu'ils ont vue à l'est. Ils sont remplis d'une très grande joie en la voyant. L'étoile avance devant eux…» Et aussi « ….Nous avons vu, en effet, son astre à son lever… » Que signifie le lever de l’astre? Lorsqu’il s’agit du soleil, c’est le lever de celui-ci au-dessus de l’horizon, le moment où il devient visible. Concernant une étoile ou notre astre, c’est également le moment où celui-ci devient visible. Mais cette nouvelle visibilité peut être la conséquence d’un « lever » au-dessus de l’horizon, aussi bien que le résultat de la baisse de luminosité dû au coucher du soleil, qui rend l’astre visible à nos yeux. Les mages attendent donc le lever de l’astre afin de poursuivre leur route. Matthieu nous dit qu’ils l’ont vue à l’est. Grâce à notre planétarium informatique, nous pouvons estimer très précisément, l’heure et la position de l’astre lorsque celui-ci devient visible. L’heure de la première visibilité est donnée de manière très réaliste par les programmes informatiques de nouvelle génération, car ils intègrent sur l’horizon la luminosité apparente laissée par le soleil. Nous voyons que l’astre était visible à partir de 16h30 et que sa position est d’environ 30° sud-est. (Voir figure page suivante) Cela corrobore parfaitement les versets de Matthieu. La route que les mages doivent emprunter pour arriver à Bethléem, est unique et était parfaitement connue – jusqu'à aujourd’hui. Elle est renseignée sur les plans de Jérusalem de l’époque (page précédente). La distance à parcourir entre Jérusalem et l’église de la Nativité de Bethléem est de 8 Km. Ce tronçon est assez plat et ne présente pas de difficulté particulière. L’église de la nativité se trouve plein sud, et de ce fait légèrement en dehors de Bethléem.

23

La caravane des mages, sans que nous n’ayons aucun détail sur elle, devait être une caravane de chameaux (ou dromadaires). Avec les données de distance, de topologie et de moyen de locomotion (supposé mais plus que probable pour cette époque), il nous est possible de caractériser parfaitement le trajet. La vitesse de progression d’une caravane de chameaux se situe entre 4 à 7 Km/h. Suivant mes recherches, une vitesse constante sur des distances moyennes est plutôt de l’ordre de 5 à 6 Km/h. Nous savons que les mages attendaient le lever de l’astre pour se mettre en route, donc à 16h30. A quelle heure arrivent-ils à Bethléem ? A allure lente A allure normale A allure normale

: 4 Km/h 16h30 + 2h00 de route  18h30 à Beth. : 5 Km/h 16h30 + 1h36 de route  18h06 à Beth. : 6 Km/h 16h30 + 1h20 de route  17h50 à Beth.

Fig. 04 : Lever de l'astre à 16:30 à 30º S-E - Vue depuis Jérusalem vers Bethléem La règle graduée : 45°=S-E, 0°=Plein sud

Une première estimation large, nous donne une heure d’arrivée de la caravane située entre 17h30 et 18h30 ce 25 décembre de l’an -7. Si 24

nous prenons une moyenne simple, cela nous fait 18h00 à l’emplacement actuel de l´église de la Nativité. Qu’a fait l’astre qui est censé avoir guidé les mages durant ce temps? Les mages la voient au SE, celle-ci se dirige vers le sud. Comme la route vers Bethléem est unique, ils la suivent en se dirigeant vers le sud.

Fig. 05 Position de l'astre à 18:00h

Nous constatons que l’astre « pointe » presque parfaitement au 0º, qui indique le sud parfait et donc le lieu où se situe aujourd´hui

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l’église de la Nativité. Nous sommes à moins de trois degrés de l’emplacement exacte de l’endroit où Jésus serait né il y a 2000 ans. Afin d’apprécier le résultat, rappelons-nous des fortes contraintes sur notre démonstration. Par exemple, nous ne pouvons pas modifier l’emplacement de Jérusalem, ou de l’église de la Nativité sur la carte. La distance à parcourir est également une constante, et nous pouvons dire pratiquement la même chose sur la vitesse de la caravane. En outre, il faut avoir à l’esprit que l’astre qu’ils suivent, pouvait être situé à priori n’importe où sur les 360 degrés de la sphère céleste. Suite à ces contraintes, la probabilité que cet astre nous conduise à l’emplacement actuel de l’église de la Nativité est pratiquement nulle. Si le déplacement de l’astre avait été vers le nord – par exemple dans le cas d’une comète – le chemin suivi par les mages ne les aurait pas conduits au bon endroit, mais exactement à l’opposé. Cependant, gardons à l’esprit que nous avons une «inexactitude » d’environ 3 degrés par rapport à l’emplacement exacte, mais également que nous sommes partis d’une « estimation médiane » pour fixer l’heure d’arrivée à 18h00. Je vous laisse méditer sur ce résultat étonnant, si l’on tient compte du fait qu’il est basé sur un récit vieux de deux mille ans.

Il convient de ne pas s’emballer et de garder l’esprit critique. Lorsque la « manip. » marche, il convient de la refaire afin d’y déceler ce qui pourrait n’être que hasard ou le résultat de notre propre envie de voir la démonstration être couronnée de succès. Rappelons-nous, que la date choisie du 25 Décembre était arbitraire. L’astre fait son tour dans le ciel chaque nuit, avec une variation due à la rotation de la terre. Lorsque nous avons déterminé la période de visibilité de l’astre,

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rappelez-vous qu’elle se situait à peu près, de la fin août à la mijanvier. Que ce passe t’il si nous prenons une autre date ? Voici les résultats à des dates différentes dans cette plage :

Date er

1 Sept. er 1 Oct. er 1 Nov. 1er Déc. 10 Déc. 15 Déc. 21 Déc. 22 Déc. 23 Déc. 24 Déc. 25 Déc. 26 Déc. 27 Déc. 1er Jan.

Lever 16

+ 1h30 de Trajet

Distance au pt.sud 17

20h12 18h10 16h06 16h20 16h22 16h24 16h27 16h28 16h29 16h30 16h31 16h32 16h33 16h43

21h42 19h40 17h46 17h50 17h52 17h54 17h57 17h58 17h59 18h00 18h01 18h02 18h03 18h13

-68º -65º -61º -32º -20º -12º -3º -0.2º +0.4º +2.3º +4.2º +6.4º +7º +18º

Fig. 06 – Histogramme des écarts entre la précision de l’astre comme pointeur, et la date considérée. Moins l’écart à 0 est important, plus sa précision augmente.

Le graphique en histogramme montre l’écart en degrés que l’on obtient à des dates différentes, par rapport à une arrivée exacte à 16

Cette heure à été estimée via le logiciel « Starry night » pour une même perspective sur l’horizon. Elle indique l’heure exacte où l’astre devient visible. Il s’agit de la distance angulaire exprimée en degrés par rapport au plein sud (0º). Plus cette valeur se rapproche de zéro, plus la précision de « l’astre pointeur » est bonne. 17

27

l’emplacement de l´église de la Nativité de Bethléem. Nous avons tenu compte de la même estimation du trajet entre Jérusalem et Bethléem (+- 1h30) que l’on ajoute à l’heure d’apparition de l’astre, ce qui nous donne une heure d’arrivée estimée. Les mesures convergent clairement vers une zone entre le 21 et le 26 décembre. Sorti de cette zone, les écarts grandissent rapidement. Rappelons-nous, que nous avons basé notre première approche sur un temps de trajet estimé par moyenne et que nous restons toujours avec un écart d’environ 3 degrés (Voir Fig. 03) Est-il possible de faire mieux et d’avoir un schéma plausible dans lequel les mages arrivent exactement à l’endroit de l’église de la Nativité en respectant scrupuleusement le récit de Matthieu ?

28

Chapitre IV La justification d’un Noël au 25 Décembre.

L

ors de mes investigations, je suis resté très longtemps à ce point. Pour moi, c'était plus que suffisant. Cela établissait clairement la réalité d’une concordance convaincante entre les faits et le récit, du moins au point de vue du trajet entre Jérusalem et Bethléem. Partir de rien, si ce n’est un monceau de contraintes, et arriver à un accord de plus de 97%, c’était incroyable. De prime abord, il n'était pas possible ni même raisonnable de poursuivre la démonstration. Mettez-vous à ma place, comment pousser l’analyse plus avant, comment améliorer le minutage sur la vitesse des chameaux? Je renonçais à la tentation de « triturer » le peu de paramètres variables dont je disposais afin de les faire coller la démonstration. Forcer le passage de 97% à 100% en sacrifiant l’honnêteté intellectuelle, n’était pas une option. Ensuite, je risquais à force de manipulations, de contredire ce que j’avais établi jusque là. Tous les chercheurs connaissent parfaitement cet état d’esprit, qui vous pousse à forcer un peu les choses, les chiffres, le protocole, à limer les angles lorsque le système est poussé à ses limites. Mais, j’étais libre d’agir comme il me semblait, sans tomber dans ces travers. De plus, j’avais la chance de ne pas faire partie d’une équipe subventionnée contrainte par les résultats. Ce n’est que bien plus tard, que la Bible m’a apporté le coup de pouce scientifique qui me manquait 18. Sous la forme d’un passage

18

Il convient de relever l’anecdote de « La Bible » venant au secours d’une théorie.

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paradoxalement très dérangeant pour ma thèse. Depuis le début, ce passage des écrits, m’avait toujours gêné dans mon raisonnement, et je tentais de le minimiser, voir de le passer sous silence. Alors que jusque là toutes les concordances entre récit et observations s’étaient mises en place, ce passage « clochait ». Le voici : « …ils se mirent en route ; et voici que l'astre, qu'ils avaient vu à son lever, les précédait jusqu'à ce qu'il vînt s'arrêter au-dessus de l'endroit où était l'enfant. »

Ce passage de l’astre qui s’arrête au-dessus du lieu de la naissance, était gênant pour ma démonstration, non pas d’un point de vue positionnel ou de synchronisation, mais parce que par définition la course d’un astre dans le ciel – ne s’arrête pas. Observons le chemin de l’astre dans le ciel ; il émerge au dessus de l’horizon à 16h30 pratiquement plein est à 98°, « monte » dans le ciel jusqu’à son zénith 19 puis « redescend » pour disparaître au SOOuest à 260°. Il suit exactement, la même route dans le ciel, jour après jour. La seule chose qui change pour l’observateur est le moment où il devient visible. C’est l’heure d’apparition/disparition qui change – pas sa course dans le ciel. Contrairement aux citadins que nous sommes devenus dans nos grandes villes illuminées, les caravaniers de l’époque de Jésus (et d’aujourd’hui) sont bien conscients de la ronde des étoiles et des planètes dans le ciel. Les navigateurs de haute mer restent les derniers à jouir pleinement du spectacle merveilleux d’une nuit étoilée et parfaitement noire. Comment fait-on le point au sextant en plein jour en haute mer? En pointant le soleil à son Zénith. C’est le moment où le soleil terminant sa course ascendante dans le ciel – semble s’arrêter au zénith – puis recommence sa course descendante. Si vous avez été scout, vous avez probablement appris à évaluer la latitude de votre position de cette façon.

19

Zénith au sens commun de point culminant.

30

Ne serait-ce pas ce que l’auteur de cette phrase a voulu nous dire par « …qu'il vînt s'arrêter au-dessus de l'endroit où était l'enfant. »? Par rapport à nos mesures antérieures où c’était la vitesse de progression de la caravane qui déterminait l’heure d’arrivée, nous sommes amenés ici à éliminer ce facteur variable (pourtant bien pratique) et à baser l’estimation sur une autre « constante » – à savoir le moment où l’astre atteint son zénith. Une constante de plus réduit encore notre marge de possibilité d’ajustement du récit à l’observation. Mathématiquement, le modèle devient de plus en plus contraignant. Vérifions ce que cela donne dans notre logiciel de planétologie.

31

Fig. 07 – La constellation à son point de zénith le 25 Décembre de l’an -7

En remplaçant une variable (la vitesse de progression des chameaux) par une constante (le point Zénith de l’astre), nous avons augmenté notre précision, et cela en nous rapprochant du récit de Matthieu. La marge d’erreur peut être estimée par le rapport qu’il existe entre la position aléatoire de l’astre dans le ciel et la précision du résultat. Nous sommes dans une fourchette d’erreur de 1º (moins en réalité) par rapport au point sud, l’astre pouvant théoriquement se situer n’importe où sur la sphère céleste de 360º. Nous obtenons 1 sur 360, ce qui exprimé en pourcentage donne : 0,277% 20 soit une certitude de 99.72%. Je laisse cette barre d’erreur telle que, mais elle est en fait encore inférieure à cela (donc une estimation encore plus proche de 100%), car nous tombons exactement sur le sud dans notre modèle. Cela nous permet par ricochet d’évaluer l’heure d’arrivée de la caravane au lieu de l'actuelle Eglise de la Nativité : 17h50 – l’heure où l’astre « s’arrête » à son zénith, ce 25 décembre de l’an -7. Remarquez que ceci est en corrélation complète avec notre première estimation d’une heure d’arrivée située entre 17h30 et 18h30. Il nous faut garder en vue la suite « d’heureux hasards » qui nous ont conduits à ce résultat : 1. La concordance du récit de Matthieu qui évoque l’astre – et la planétologie actuelle qui nous donne à « voir » qu’il a bel et bien existé. 2. Le récit de Matthieu mis en parallèle avec la date de l’astre, nous explique la discordance actuelle avec une naissance en l’an 1 et la mort d’Hérode en -4. 3. Le « timing » parfait entre la distance à parcourir entre Jérusalem et Bethléem sur la seule piste attestée sur les plans de l’époque, en concordance avec la course de la conjonction dans le ciel. 4. Le point Zénith de l’astre qui correspond exactement en heure et en position à l’emplacement actuel de l’église de le Nativité.

20

Soit (1 / 360) x 100 = 0,277. Et donc : 100 – ((1 / 360) x 100)= 99.72%

32

Tout cela est en parfait accord avec le récit.

Aux alentours du VIIIe siècle avant notre ère, une légende circulait oralement en Grèce, puis a été mise sous forme écrite et nous est parvenue avec le nom de l’auteur. Je veux parler de l’Iliade d’Homère. Dans ce récit, le narrateur nous relate une guerre de Troie, qui aurait opposé les Troyens et les Grecs. Il nous parle du héro Grec Achille, d’Agamemnon, roi de Mycènes. Parmi les érudits du début du dix-neuvième siècle, cette belle légende en était restée une, personne ne pouvait avancer l’idée qu’il s’agissait peut-être d’un récit à fond historique – personne, sauf à passer pour un original. Cependant en 1870, Heinrich Schliemann, un archéologue amateur, fouille une butte appelée Hissarlik, en Turquie, et trouve les ruines de Troie. J’évoque ce fait, car il illustre bien l’idée que les légendes peuvent parfois véhiculer des informations historiques. Elles peuvent faire l’unanimité sur un point de vue avant qu’une idée nouvelle ne vienne bouleverser ce que nous « savions ». Jusqu’à la découverte de 1870, le consensus était qu’il s’agissait d’une belle histoire, qu’un poète génial l’avait forgée dans son esprit, mais qu’il ne fallait pas y chercher plus que la beauté du récit. Dans le cas présent et au stade de notre démonstration où nous nous trouvons, nous pourrions affirmer que le travail est terminé car notre déduction fonctionne (contre toute attente d’ailleurs). Mais, ce serait manquer d’esprit critique scientifique. Comme toujours en sciences, nous souhaiterions en savoir plus sur le modèle proposé. Et notamment de savoir s’il est valide à d’autres dates 21 ? Rappelez-vous, nous avions signalé que l’astre se déplaçait chaque nuit dans le ciel suivant une courbe qui trouvait son zénith au point sud. En toute logique, nous pourrions en conclure que le modèle est valable à toutes les dates où l’astre était visible dans le ciel. Comme nous savons qu’il est devenu visible (en début de soirée) aux alentours du 15 août de l’an -7 et qu’il a disparu aux environs du 15 21

D’autres lieux sont exclus par le récit de Matthieu Chap. II Verset 1, qui fixe Jérusalem et Bethléem.

33

janvier de l’an -6. Nous pourrions conclure que toutes les nuits, le scénario se répétait inlassablement. Ceci retirerait une partie notoire de la crédibilité de notre thèse. Une trop grande latitude dans les possibilités rendrait la probabilité de réalisation de l’évènement moins importante dans un contexte historique et le caractère de précision de la thèse serait perdu. Qu’en est-il ? Notre scénario de base est que les mages attendent le lever de l’astre, le suivent jusqu’à Bethléem et arrivent à la « crèche » indiquée par l’astre. Ce résumé succin nous permet de fixer les limites de notre modèle. A savoir ; l’heure de départ de la caravane de Jérusalem, qui est donnée par l’heure d’apparition de l’astre dans le ciel. Cette heure ne varie pas beaucoup dans le temps. Elle dépend uniquement de la luminosité du ciel à l’heure donnée. Une analyse simple permet de déterminer qu’elle varie d’environ 20 secondes par jour. Pour fixer les idées, si l’heure d’apparition est à 16h22 le 1er décembre, elle est à 16h32 le 31 décembre. Ce qui ne constitue pas une variation significative pour notre modèle. Notre deuxième point fixe est l’heure à laquelle l’astre atteint le point zénith dans son trajet, là la variation est plus importante car elle inclut la rotation de la terre. Donc en fonction de l’heure d’apparition de l’astre et le moment où l’astre est à son zénith, nous allons obtenir un délai; il s’agira du temps de trajet entre Jérusalem et Bethléem. Mais nous savons que ce trajet est d’une distance de 8 Km et que la caravane se déplace « normalement » entre 5 et 7 Km/h. Que donne le scénario sous ces contraintes ?

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Date en décembre 7 Av. JC

Heure de 1ère visibilité de l'astre

Heure de l'astre au pt. zénith

Temps de parcours estimé

Vitesse du convoi

1 10 15 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31

16:22:00 16:25:00 16:26:40 16:28:00 16:28:20 16:28:40 16:29:00 16:29:20 16:29:40 16:30:00 16:30:20 16:30:40 16:31:00 16:31:20 16:31:40 16:32:00

19:16 18:43 18:25 18:11 18:07 18:04 18:01 17:57 17:54 17:50 17:47 17:43 17:40 17:37 17:33 17:30

2:54 2:18 1:58 1:43 1:38 1:35 1:32 1:27 1:24 1:20 1:16 1:12 1:09 1:05 1:01 0:58

2.76 3.48 4.06 4.66 4.86 5.03 5.22 5.48 5.69 6.00 6.26 6.64 6.96 7.31 7.83 8.28

hh:mm:ss

hh:mm

h:mm

Km/h

}

Fig. 08 – En blanc ; les dates peu probables. En vert ; les dates possibles. En rose ; la meilleure concordance.

La colonne de gauche nous donne la date du jour considéré, en première ligne nous avons : le 1er décembre de l’an -7, ensuite le 10 décembre de l’an -7 etc.… En colonne 2, l’heure de première visibilité – ainsi que signalé, celle-ci ne varie que fort peu. En colonne 3 l’heure d’arrivée de l’astre au zénith, suivit du temps de parcours estimé – qui est la soustraction de la colonne 2 de la colonne 3. Ayant un temps de trajet pour effectuer les 8 Km, nous pouvons calculer la vitesse de la caravane, c’est la colonne 5. Nous constatons que la divergence avec notre modèle est assez rapide et qu’en dehors de la date pivot du 25 décembre la vitesse de la caravane s’écarte rapidement d’une valeur plausible. C’est ce phénomène que j’évoquais à propos de la date du 25 décembre que j’avais pris arbitrairement pour notre démonstration. Mais ici, nous pouvons le vérifier mathématiquement. 35

Voici, peut-être de manière encore plus claire et en reprenant les mêmes valeurs que dans le tableau précédent, un graphique montrant la convergence de notre fonction à la date (mathématiquement) la plus probable.

Je pense qu’il est important d’insister encore sur ce point central de la démonstration. Ce graphique est le résultat des contraintes très fortes de ce scénario basé sur le récit de Mathieu, ainsi que des contraintes de la planétologie. Nous ne pouvons pas changer les paramètres de ce modèle. Malgré tout cela, les mathématiques nous montrent un graphique non seulement en parfait accord avec le récit, mais désignent également une date précise comme étant la plus probable. A ceux qui ne sont pas très familiers avec les mathématiques j’ajouterais pour le dire autrement ; « Si l’on me demandait de changer mes calculs afin de faire converger le modèle vers une autre date, cela me serait impossible ». Nous sommes donc bel et bien, sur un accord confondant entre récit et observation. Fort de ce résultat, nous pouvons poursuivre la mise en face à face des versets de Matthieu et la science. 36

Mais il nous reste malgré tout du chemin à faire pour conclure d’une manière ou d’une autre, ce face à face. Ce que nous pouvons déjà affirmer, c’est que si cette première étape n’avait pas été franchie, le reste n’aurait pas eu de sens.

37

Chapitre V L’histoire peut-elle invalider nos conclusions ?

L

orsqu’une nouvelle théorie est confrontée à la réalité observationnelle et à l’expérience, elle aura soit tendance à être chaotique, ne tenir que par un fil prêt à se rompre à tout instant, soit à avoir une sorte d’entêtement « à vouloir nous prouver sa validité en toutes circonstances ». Une hypothèse valide pourra être mise à l’épreuve dans les pires conditions, elle aura toujours tendance à retourner à la vérité, comme mue par une force de gravitation intrinsèque. La physique quantique est un exemple merveilleux à cet égard. Même si cette théorie contredit notre sens commun, nous semble absurde jusque dans ses énoncés, elle a toujours eu tendance à se montrer valide. En fait, elle n’a jamais été prise en défaut, en dépit des pires conditions de l’expérience menée. A l’inverse, une théorie fondamentalement erronée, même si par ailleurs nous la trouvons agréable à notre esprit, aura la tendance inverse. Dans le domaine de la recherche, il est bien connu, que si une petite chose « cloche » à un moment, c’est cette petite chose qui finira par invalider l’ensemble de l’édifice intellectuel. En particulier, il est important de ne pas rejeter les questionnements qui surgiraient en cours de démonstration. Il faut s’attacher à détecter très tôt ces « petites choses qui clochent » et de voir les réponses que nous pouvons y apporter. Voici donc quelques-unes de ces questions qui vous ont sans doute effleurés l’esprit durant les chapitres précédents. 1. Peut-on admettre que la vue d’un astre dans le ciel, a été une raison suffisante pour provoquer le départ d’une caravane de « mages » dans un long voyage et dont la destination était inconnue? 38

2. 3. 4. 5.

Pourquoi les mages ont-ils cherché le Messie à Bethléem? Quelle est la fréquence d’apparition d’une telle conjonction ? Pourquoi depuis 2000 ans, cela n’a-t-il pas encore été découvert? Tout cela est-il bien sérieux?

Personnellement, j’aime ces questions car elles portent en elles une grande force : la force du bon sens. Prenons les dans l’ordre et tentons d’y répondre : Question 1 : Peut-on admettre que la vue d’un astre dans le ciel, a été une raison suffisante pour provoquer le départ d’une caravane de « mages » dans un long voyage et dont la destination était inconnue? Pour tenter de comprendre de telles motivations, il faut être en possession de plusieurs informations et nous plonger dans le contexte historique de l’époque. Sachons d’abord qu’Israël ainsi que ses voisins sont, à la charnière de l’an 1, sous domination Romaine. C’est une domination militaire, politique, économique et religieuse. Certes les Romains sont tolérants en matière de liberté de culte, il n’empêche que la présence de cette troupe d’occupation étrangère est mal vécue. Elle est encore plus mal vécue en Israël qui est aux yeux de ses habitants, la terre des prophètes de l’Ancien Testament et donc une terre sacrée. Cette terre est à leurs yeux souillée par la présence de la troupe d’occupation. La domination Romaine est là et elle ne semble pas prête de se terminer, elle est même en expansion continue sur le monde. Or, des peuples qui ne peuvent se tourner vers une puissance armée permettant de rétablir leur propre souveraineté, se tournent en dernier recours vers la puissance divine. Les historiens sont tous d’accord sur le fait qu’au premier siècle de notre ère – il y avait en Israël une espérance très forte dans la venue d’un « Messie ». Un envoyé divin qui par son action - délivrerait Israël du joug de l’occupant. D’ailleurs, bien des années plus tard, les apôtres poseront la même question à Jésus :

39

Actes 1.6 - Alors les apôtres réunis lui demandèrent: Seigneur, est-ce en ce temps que tu rétabliras le royaume d'Israël? Montrant ainsi que leur attente était également d’ordre terrestre. Nous dirions aujourd’hui que cette forte espérance eschatologique dans la venue d’un Messie : était dans l’air du temps. A l'époque, seuls la Torah et « les Prophètes » font autorité. La Torah correspond à une partie de l'Ancien Testament, désignée sous le nom de Pentateuque et censée exprimer les enseignements de Moïse. Dans « les Prophètes », nous trouvons deux références importantes concernant notre propos : Zacharie 9 :9 Ce passage connu sous la désignation « Le Messie » : Sois transportée d'allégresse, fille de Sion! Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem! Voici, ton roi vient à toi; Il est juste et victorieux, Il est humble et monté sur un âne…

Et ce verset qui atteste que Bethléem est la ville du Roi David. Samuel 17.12 Or David était fils de cet Éphratien de Bethléem de Juda, … 17.15 David s'en alla de chez Saül et revint à Bethléem pour faire paître les brebis de son père.

D’autres sources existent à ce sujet mais je ne souhaite pas alourdir le propos. Donc, suivant les écritures religieuses de l’époque, si un Messie devait venir et délivrer le peuple d’Israël – il devait forcément (d’un point de vue théologique) naître dans la ville du Roi David : donc à Bethléem. Ainsi la réponse à notre question 1 serait : Non, cela n’aurait pas suffit. Il fallait que ces mages disposent d’une autre information capitale ; à savoir que cet astre attendu leur annonce que le temps du « Messie » était venu, qu’il guide leurs pas vers lui - ET - que son lieu de naissance devra être Bethléem. Ce qui répond également à la question 2. 40

Quant à la visite des mages à Hérode, peut-être ceux-ci n’avaient-ils pas le choix, venant d’un pays étranger. Ils ont peut-être pensé que les autorités pourraient les renseigner. Mais ils se sont aperçus des mauvaises intentions d’Hérode et ne sont donc pas revenus le prévenir. Question 3 : Quelle est la fréquence d’apparition d’une telle conjonction ? C’est le type de question piège, que l’on passerait volontiers sous silence dans le cadre d’une discussion de salon. Si la conjonction apparaît tous les deux ans, elle n’est plus signifiante et la thèse patiemment échafaudée s’écroule sur une simple question. Et aucune rhétorique au monde ne pourra venir à son secours. C’est le couperet de la science – je dirais dans le cadre de cette démonstration « un couperet de plus ! ». Comme nous ne pouvonsnous offrir le luxe d’ignorer ce point, voyons quel est le verdict de la planétologie ? Avant de se plonger à la recherche d’une conjonction « concurrente », il est important de voir qu’il ne suffit pas qu’elle existe, il faut en plus qu’elle réponde à certains critères afin qu’elle soit « utilisable » pour notre approche. a.

b.

Il faut que cette conjonction apparaisse autour de la date pivot de l’an 1 et sans en être trop éloignée. Par exemple, une conjonction en l’an -25 ou +25 ne serait pas pertinente, car la date de naissance de Jésus – bien que discutée – ne souffre pas de tels ajustements. Si une autre conjonction « concurrente » est malgré tout visible, elle doit remplir les conditions suivantes : 1. Être visible durant la nuit. Cela tombe évidement sous le sens, mais élimine déjà un grand nombre de possibilités. 2. Il faut qu’elle soit présente et visible durant une période suffisamment longue, je veux dire en mois. Sinon, ce n’est pas un astre que l’on pourra suivre… Par exemple : Si la conjonction est visible 1 heure le 41

matin entre 6h et 7h, et cela durant 10 jours… cela n’est pas valable. 3. Il ne faut pas que cette conjonction soit trop haute sur la voûte céleste. Si elle se trouve autour du point zénith … elle n’indique plus aucune direction et ne peut être utilisée comme repère. 4. Elle doit être visible de Jérusalem (cela va de soit). Vous le constatez, cela fait beaucoup de contraintes. Remarquez par ailleurs, que la conjonction de l’an -7 répond parfaitement à ces critères. Tout cela nous donne que, même si théoriquement une telle conjonction a une fréquence d’environ 40 à 50 ans de se produire 22, il n’existe pas de conjonction possible dans notre fourchette de dates. J’ajoute, que je n’ai pas trouvé de candidat possible dans les deux cents ans avant et après la date de l’an 1, et ce n’est pas faute d’avoir cherché. Scientifiquement, cette question pouvait constituer un angle d’attaque idéal contre la démonstration, mais comme chaque fois durant mes recherches, lorsque je pensais tenir un argument de « démolition », il se retournait en argument en faveur de cette thèse. Question 4 : Pourquoi depuis 2000 ans, cela n’a-t-il pas encore été découvert ? La raison en est simple, sans un ordinateur et sa puissance de calcul, il est simplement impossible de vérifier proprement la théorie. C’est pourquoi, il a fallu attendre l’arrivée de ces machines pour pouvoir envisager ce travail. L’autre raison que j’ai déjà évoquée est la séparation entre religion et science. Aucun scientifique ayant une carrière à construire, ne pouvait se lancer dans cette aventure. Et aucun étudiant en théologie n’oserait risquer ses études sur ce terrain. Sans faire de parallèle avec cette thèse, il me semble certain que si Einstein avait travaillé sous la direction de Max Planck, alors professeur de physique à l’Université de Berlin, il n’aurait jamais fait ses glorieuses découvertes. Einstein avait l’avantage d’avoir un travail aux brevets de Bern et de pouvoir se consacrer « librement » à ses recherches – où qu’elles le conduisent – sans attendre 22

Ceci est estimation moyenne, qui varie en fonction de la période de temps considérée.

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l’approbation de sa hiérarchie. En écrivant cela, je vais probablement me mettre à dos les directeurs responsables de centre de recherche. Mais je pense qu’au fond d’eux-mêmes, ils m’approuveront sans doute. Question 5 : Tout cela est-il bien sérieux ? Celle-ci est la plus abrupte de toutes et la plus perfide aussi, car elle fait porter sur l’auteur un jugement sans appel ; la déraison 23 . Je l’appelle la bouffée de cartésianisme. Il ne s’agit pas vraiment d’une question, mais plutôt d’une condamnation « tout en bloc », un refus presque charnel. Nous ne sentons pas intimement – au fond de nous-mêmes – que cela pourrait être vrai à ce point, alors nous rejetons les conclusions. Malgré la démonstration qui a convaincu un étage supérieur de notre cerveau, notre esprit ou notre instinct nous envoie des signes de méfiance. Depuis les origines de l’espèce humaine, notre cerveau a été formé à porter un jugement rapide sur les choses qui nous entourent. Ces jugements « par les tripes », nous ont aidés à survivre en tant qu’humain. Le lion de la savane qui s’apprêtait à se jeter sur nous, nous forçait à des prises de décision immédiates de ce type. Nous pensons que cela a bien changé et qu’aujourd´hui notre logique cartésienne nous aide à y voir clair, à raisonner objectivement en toute circonstance… Peut-être. C’est pourquoi, je vous soumets le résumé suivant. Au début de notre démarche, nous sommes partis d’un texte écrit et attesté depuis longtemps, la Sainte Bible. Nous avons utilisé la planétologie (donc les mathématiques) pour démontrer que ce récit correspondait à une réalité vérifiable. Nous l’avons vérifié au-delà d’un doute raisonnable. Nous avons « vu » que cela correspondait à un fait. C’était la partie cartésienne de notre démarche. Ceci nous conduit ensuite à deux possibilités : a. Nous n’y croyons pas vraiment et nous refaisons la démonstration dans l’espoir d’y trouver soit une faille, soit une confirmation supplémentaire à notre raison. 23

Déraison : Absence de sens commun. Synonyme : folie. J’utilise ce terme dans le sens « déraisonnable ». D’aucun lui préfèrerons peut être le deuxième sens, a ceux-là, je les prierais respectueusement de me fournir leurs arguments scientifiques.

43

b.

Nous nous sommes finalement convaincus par la démonstration et admettons raisonnablement le bien fondé du résultat. Pourtant, il est probable que ce cas (b) nous conduira, durant un certain temps, à revenir encore et encore sur la question « Tout cela est-il bien sérieux ». A cet instant, je vous inviterais à repartir du point (a). On prête à Ludwig Boltzmann la citation suivante : « Nos équations en savent plus que nous ». Les mathématiques ne se posent pas la question de l’acceptabilité d’une démonstration, elle existe ou n’existe pas. Notre statut d’ « être pensant » réclame de nous un effort presque contre-nature pour atteindre ce degré de détachement, entre ce qui est et ce que nous pouvons accepter. Ne sourions pas de la faiblesse de notre esprit, de nos perceptions et de ce cercle vicieux. D’autres, bien avant nous s’y sont laissé prendre. L’exemple le plus célèbre étant la controverse en Einstein et Niels Bohr au sujet de la réalité quantique. Einstein qui avait été, avec d’autres, à la base de la physique quantique, doutait également ; par bouffée cartésienne. Niels Bohr attaché au formalisme mathématique et uniquement à lui, est toujours sorti gagnant des confrontations avec Einstein. Et les fondements de cette physique « de fous » ne se sont jamais démentis depuis. Ne tentez pas d’expliquer la relativité restreinte à une personne qui n’en a jamais entendu parler, qui ne connait pas le formalisme mathématique et qui se fie seulement à son « bon sens » comme base d’appréciation. Ce sera peine perdue, et de plus vous passerez pour une personne « peu raisonnable » à ses yeux. Elle sera sceptique, non pas pour une question de niveau intellectuel, mais bien par une incapacité « physiologique » d’admettre une chose à priori aussi insensée. En revanche, il vous suffira de dire que si la théorie était fausse, son GPS ne fonctionnerait pas, pour commencer à vaincre son incrédulité. Ce dernier argument aura plus de poids, car il est envisageable et paraîtra plus tangible. Il faut du temps pour digérer ce type de nouveau concept. Les physiciens eux-mêmes ont mis plus d’une cinquantaine d’années pour passer le morceau de la physique quantique.

44

Il n’est d’ailleurs pas besoin de prendre des exemples si complexes, pour mettre en évidence notre incrédulité et les défauts de notre sens commun. En voici un dernier très simple et qui ne date pas d’hier. En 1589, Galilée établit la loi selon laquelle, lorsque la gravité est seule à agir, les corps tombent selon la même loi - vitesse et accélération identiques, quels que soient leurs poids, leur dimension et leur forme. Lorsque seule la gravité agit, une tonne de plomb tombe à la même vitesse qu’un gramme de coton. Aujourd´hui, lorsque j’évoque ce phénomène des regards incrédules et suspicieux croisent le mien, des sourires narquois également. Pourtant, cela fait largement plus de 400 ans que la chose est formellement établie. A ce propos, je ne résiste pas au plaisir de terminer ce chapitre sur le plus célèbre dicton des physiciens ; « Ne dites jamais que c’est impossible ».

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Chapitre VI Qui étaient les Mages, d’où venaient-ils ?

C

ontinuons notre démonstration et reprenons le verset 1 de Matthieu au chapitre II: 1 - Jésus étant né à Bethléem de Judée, au temps du roi Hérode, voici que des mages venus d'Orient arrivèrent à Jérusalem.

Qui sont ces mages venus d’Orient, que pouvons-nous en dire? Nous savons que la tradition nomme les « trois Rois mages » Gaspard, Melchior, Balthazar et qu’ils sont d’ethnies différentes. Rois venus d’un Orient mystérieux, etc.… Les témoins de Jéhovah dans leur version de la Bible, les nomment quant à eux « astrologues ». Si l’on désigne ainsi une personne qui suit un astre, alors cette dernière dénomination me convient parfaitement dans le cadre présent. Nous pourrions continuer sur ce terrain de la tradition, sauf à nous écarter dangereusement de notre ligne d’analyse rationnelle. Nous en resterons donc strictement à ce que nous dit la Bible par la voix de Matthieu, sans puiser dans le corpus des textes apocryphes. Ces derniers seraient intéressants par ailleurs, mais ils offrent le flan à la critique, car même s’ils ne sont plus mis à l’index par le Vatican, ils ne font pas partie des écrits canoniques. Ce qui nous laisse avec « …des mages venus d’Orient… » Mage est un de ces mots devenu vague avec le temps et nous porte à imaginer des personnages comme Merlin l’enchanteur, ou quelques alchimistes mystérieux. Le mot Orient est également du même ordre, il semble à première vue désigner plutôt une région du globe, qu’un pays en particulier. Voyons ce que donnent les définitions respectives du dictionnaire. 46

mage 24. nom commun - masculin (mages) 1. personne qui pratique la magie ou les sciences occultes. Synonyme: magicien, sorcier. Ex : Le pouvoir d'un mage 2. Dans la religion chrétienne : personnage qui, dans l'Évangile selon saint Matthieu, vient adorer l'Enfant Jésus à Bethléem. Ex. les trois mages 3. Histoire : prêtre et astrologue de la religion de Zoroastre, dans la Babylone antique et l'Empire perse. Ex. la caste des mages.

Orient nom propre - masculin; singulier 1. ensemble des régions des parties est et sud du bassin méditerranéen, soit l'Europe balkanique, l'Asie Mineure, l'Égypte et le Maghreb. Ex : Un voyage en Orient

Nous ne sommes pas beaucoup aidés par ces définitions. Lors de la rédaction de cette thèse en anglais, je me suis basé sur la version « King James Bible » de la Bible, cette traduction est communément utilisée dans les pays anglo-saxons et aux Etats-Unis notamment. Ce récit en anglais, m’avait posé un petit problème. Voici le texte ; de Matthieu II – verset 1 1 Now when Jesus was born in Bethlehem of Judaea in the days of Herod the king, behold, there came wise men from the east to Jerusalem… Rappelez-vous, que nous voulons prendre le récit de Matthieu au pied de la lettre. Or, dans ce passage de la « King James Bible », le mot Orient de la traduction française est remplacé par le mot « East » en anglais à savoir : l’est. Dans la langue française, même s’ils sont apparentés, les mots « Est » et « Orient », ne sont pas strictement identiques. Le second porte une connotation géographique légèrement différente.

24 Dictionnaire Microsoft® Encarta® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés

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Faisons ce que font les historiens et les exégètes dans un cas pareil. Tournons-nous vers la source la plus «archaïque » ou la plus « originale 25» dont nous disposions. C’est-à-dire la version grecque de l’Evangile de Matthieu. Voici différentes traductions de ce lambeau de phrase du verset 1 Chap. II de Matthieu 26. Anglais Français Latin Grec

… there came wise men from the east … … voici que des mages d'Orient … … ecce Magi ab oriente venerunt … Basileuj

:

Idou magoj apo anatolh

: : : :

Est Orient Orient Orient

chef du peuple, prince, seigneur d'un territoire, roi. voici, voilà… mages particule primaire; préposition où 1) le lever (du soleil, de la lune, des étoiles) 2) l'est, l'orient (la direction où le soleil se lève)

Le texte original grec est celui qui nous renseigne le plus (et le plus sûrement) sur les intentions de l’auteur. Arrêtons-nous sur les termes « Basileuj » et « magoj ». Notons tout d’abord que la tradition ellemême les a réunis dans le terme « les Rois mages ». Hérode 1er le Grand est roi de Judée, il a été nommé procurateur de Judée par Jules César en 47 av. J.-C. Or nous savons par le texte de Mathieu que le roi Hérode a personnellement reçu les mages, ce qui constitue en soi une marque d’honneur à ces voyageurs. Ajoutons à cela que les mages étaient porteurs de richesses ; Matthieu chapitre II verset 11 « … puis, ouvrant leurs trésors, ils lui offrirent des présents: de l'or, de l'encens et de la myrrhe. » Si nous regroupons ce faisceau d’indices, nous obtenons une image de nobles voyageurs ; « Mages, chef du peuple, princes, seigneurs 25 La plus proche de la parole de Matthieu à l’origine. La plus ancienne serait peut-être plus adéquat, cependant nous ne savons pas si une version Araméenne ou Hébraïque de ce document a existé. 26 Traductions Latin et Grec provenant du site du site officiel du Vatican: Biblia Clerus Ictus3 Copyright ©

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ou rois… ». Bref, il s’agit pour le moins de responsables politiques ou de diplomates d’un autre pays. Remarquons également dans ces traductions que le mot Orient provient de la traduction du mot « Anatolh » en Grec… Anatolie en français, autrement dit le territoire de la Turquie. Il est intéressant de constater au passage, la perte de sens que subi le texte de l’Evangile dans cette série de traductions successives. Je ne jette pas la pierre aux traducteurs, qui ont fait un travail remarquable. Mais, les exégètes de ces textes connaissent parfaitement les défauts inhérents à la traduction, ils n’apprennent pas le grec – pour faire chic. Chaque langue porte en elle sa propre façon de penser et d’exprimer les choses, ses propres manières de véhiculer les idées aussi. Les traductions ne peuvent être par nature, qu’approximatives. Si nous admettons que ces mages, sont originaires de Turquie comme nous le suggère Matthieu, cela lève immédiatement la question de savoir ; si la venue d’une telle caravane est possible et compatible avec le contexte géopolitique et historique des régions traversées. Si la réponse à cette analyse s’avérait être négative, le récit de Matthieu deviendrait conséquemment improbable.

Fig. 06 – Collection Microsoft® Encarta® 2005. © 1993-2004 Microsoft Corporation

Sur cette carte actuelle de la région, nous avons le Liban, la Syrie, et la Turquie situés au nord d’Israël. Par contre, une carte de l’époque 49

de Jésus nous indique que la Syrie et le Liban formaient un seul et même territoire – la Syrie.

Fig. 07 – Encyclopédie Britannica© 2008

Avant de commencer cette étude du contexte géopolitique, je voudrais ajouter deux simples remarques de bons sens. Elles viennent conforter notre précédente conclusion concernant la Turquie comme pays d’origine de mages ; a. Comme nous l’avons vu plus tôt, Bethléem est situé au sud de la ville de Jérusalem. Et comme Matthieu nous signale que les mages sont d’abord arrivés à Jérusalem avant d’aller à Bethléem, nous pouvons en déduire, qu’ils venaient très probablement du nord 27. b. Si les mages provenaient du territoire de la Syrie, Matthieu dans son récit nous aurait-il parlé de l’Orient? Il aurait sans doute mentionné « le pays voisin », ou encore le « nord », mais probablement pas l’Orient. 1. La situation politique du « pays des mages », la Turquie dans notre hypothèse, autorise-t-elle d’entreprendre un tel voyage? L’Anatolie au temps de Jésus est une conquête Romaine, et fait partie des provinces de l’empire. La ville émergeante Byzance 28 , 27 L’hypothèse qu’ils viendraient d’une région située plus à l’est et donc de la Mésopotamie, est exclue historiquement comme nous allons le voir par la suite. 28 Byzantium pour les Romains, cette ville s’est appelée Constantinople à partir de 330 en référence à l’empereur Constantin.

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Istanbul aujourd´hui, n’est pas encore ce qu’elle deviendra. Mais elle est déjà mentionnée dans cet extrait de l’encyclopédie Encarta expliquant la situation politique de l’Anatolie au temps de Jésus. « …Les Byzantins se rangèrent du côté de Rome dans la guerre (191188 av. J.-C.) qui l’opposa au roi syrien Antiochos III Mégas. En récompense de ce soutien et de l’aide supplémentaire apportée lors des guerres mithridatiques (88-65 av. J.-C.), les Romains reconnurent Byzance comme une ville libre alliée. Plus tard, cependant, Byzance fut placée sous le contrôle de Rome et contrainte à verser un tribut jusqu’au règne (41-54 apr. J.-C.) de l’empereur Claude II. » 29

Ainsi, durant la période qui nous occupe, Byzance est une ville libre alliée. Cela est important pour le propos, car cela signifie que les Byzantins étant alliés des Romains, pouvaient sans aucun doute circuler librement dans tous les territoires sous domination Romaine – tel que la Palestine en -7. Les Romains nous « garantissent » que l’Anatolie était en temps de paix. Encore une coïncidence qui va dans le sens de notre propos. En conséquence, oui, la situation politique du « pays des mages » permettait d’entreprendre un tel voyage. 2. Les pays traversés – y compris Israël – sont-ils politiquement assez calmes pour permettre le passage d’une caravane de mages en toute sécurité? Dans un scénario qui envisage les mages partant d’Anatolie, les pays traversés sont la Syrie et le Liban – mais comme nous l’avons déjà mentionné, ces deux pays n’en faisaient qu’un : la Syrie. La même encyclopédie nous donne les éclairages suivants sur la Syrie : « Situation politique de la Syrie. Le royaume de Syrie, ainsi appelé à partir de 312 av. J.-C., est conquis par Pompée venu en Orient vaincre les Parthes et devient une province romaine en 64 av. J.-C. Florissante économiquement et culturellement durant la période hellénistique, la Syrie le demeure sous la domination romaine, à tel point qu’elle devient l’une des principales provinces de l’Empire. » 30

Ici aussi, c’est une paix forcée – que les Romains nous garantissent.

29 30

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Quant à Israël, comme nous le savons elle est également sous domination Romaine. Et l’autorité Romaine, selon son habitude, s’appuie sur l’ancienne caste dominante hébraïque afin qu’elle serve de relais institutionnel vis-à-vis du peuple Juif. « …. jusqu’à la conquête de la Palestine par Pompée le Grand, qui en fait une province romaine gouvernée par des rois hébreux. C’est sous le règne du roi Hérode le Grand (37-4 av. J.-C.) que naît Jésus…. »

La réponse à notre question est donc, oui. Les pays traversés – y compris Israël – sont politiquement assez calmes pour permettre le passage de la caravane des mages en toute sécurité. Notre hypothèse d’un convoi cheminant vers le sud de la Turquie jusqu’à Bethléem, est donc tout à fait plausible. En passant par le couloir entre la mer méditerranée et les frontières intérieures de la Syrie, les mages ne traversent que des pays qui sont sous la « pax romana » - Turquie, Syrie et Israël. En revanche cela ne serait pas vrai, si nous avions dû faire passer la caravane à l’est de la Syrie, par la Mésopotamie pays voisin qui lui n’était pas sous domination Romaine. Sur ces frontières de l’est la situation n’était pas stable, d’ailleurs par la suite, la Mésopotamie sera envahie par les Romains. Reste la dernière question concernant le voyage des mages, la plus délicate aussi. 4.. La distance à parcourir, le délai entre l’apparition de l’astre et le 25 décembre sont-ils compatibles? Reprenons le récit de Matthieu II-7 à 8 7 - Alors Hérode manda secrètement les mages, se fit préciser par eux le temps de l'apparition de l'astre, 8 - et les envoya à Bethléem en disant : " Allez vous renseigner exactement sur l'enfant ; et quand vous l'aurez trouvé, avisez-moi, afin que j'aille, moi aussi, lui rendre hommage. "

Hérode dans son dialogue avec les mages pose effectivement la question importante. Il leur demande de préciser la date d’apparition de cet astre dans le ciel. Comme nous l’avons vu plutôt, cette conjonction est devenue visible en début de soirée aux alentours de

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la fin août - début septembre. Prenons le 15 septembre comme date d’apparition pour ne pas être aux limites du modèle 31. Dans Matthieu II-9 nous lisons : « … Ils aperçoivent l'étoile qu'ils ont vue à l'est. » Comme nous n’avons objectivement aucune information sur la ville de départ des mages, je propose de prendre la ville de Byzance. Non seulement parce qu’elle est parmi les villes importantes de la Turquie où pouvaient résider des personnages politiques importants, mais également parce qu’elle impose le voyage le plus long 32 . Si nous constatons que les mages disposent effectivement du temps nécessaire pour effectuer le voyage jusqu’à Bethléem sous les contraintes de distance et de temps, alors toute autre ville située plus au sud pourrait être considérée comme possible. Vu de Byzance, la position de l’astre au 15 septembre se situe à l’est à quelques degrés près, en conformité avec le précédent verset de Matthieu. Du 15 septembre au 25 décembre, cela nous donne un délai de 101 Jours 33. Si nous estimons la distance que peut parcourir une caravane de chameaux bâtés par jour, cela nous donne le calcul suivant. Une caravane se déplace à une vitesse entre 4 et 7 km/h, disons 5 km/h en moyenne. Le convoi se repose durant le jour car les voyages se font plutôt à la fraîcheur de la nuit, cela est imposé si nous considérons qu’ils suivent un astre nocturne. Estimons à 8 heures le temps de marche. Ce qui nous donne une distance parcourue de (8 x 5) 40 Km par jour. Cela est évidement dépendant du terrain, mais comme nous sommes sur un trajet long, nous pouvons nous baser sur des moyennes. Ces 101 jours représentent 15 semaines. Nous leur accordons un jour de repos par semaine, cela nous donne (101-15) 86 jours de trajet maximum. Il faut considérer que les astrologues qui ont détectés cette conjonction ont dû probablement refaire leurs observations sur plusieurs nuits à fin de confirmation. Ils ont dû ensuite prévenir les 31

Nous sommes dans une approximation temporelle, il est plus pertinent de ne pas prendre d’emblée le plus de latitude dont nous disposons. Un départ de Byzance situé le plus au nord du pays, force la caravane à traverser l’Anatolie. 33 15 +31 + 30 + 25 = 101. 32

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« autorités » (rois ou mages), prendre la décision d’entreprendre ce voyage et enfin préparer l’expédition. Nous ne pouvons donc « utiliser » ces 86 jours comme temps pour effectuer ce trajet, à la raison que la caravane n’a pas pu se mettre en route immédiatement autour du 15 septembre car un délai antérieur au départ a été nécessaire. Je vous accorde bien volontiers que nous sommes dans la spéculation, mais les informations historiques sont inexistantes. Cependant, nous nous attachons uniquement à vérifier la faisabilité d’un tel voyage. C’est pourquoi, je propose de dérouler le scénario basé sur ces estimations les plus plausibles, sans contraintes exagérées sur la vitesse ou les délais et de voir si les mages pouvaient disposer du temps nécessaire à réaliser une telle expédition. Si oui, nous pourrons – au mieux – conclure qu’il n’y a pas d’impossibilité à ce qu’un tel voyage ait bien eu lieu. Mais si la réponse est négative, cela mettrait en doute l’ensemble de la construction. Nous pourrions toujours finasser sur la date de détection de l’astre, raccourcir le parcours en partant d’un autre lieu, rogner sur les jours de repos etc.… Mais au prix trop élevé de la crédibilité. Répétons-le, nous ne disposons d’aucune information historique, qui nous permettrait de soutenir des telles manipulations. Sur la carte, nous avons tracé en gros trait, un trajet possible, afin que nous puissions évaluer la distance à parcourir.

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Fig. 06 – Collection Microsoft® Encarta® 2005. © 1993-2004 Microsoft Corporation

Byzance (Istanbul) est à environ à 1600 km de Bethléem. Pour faire un tel trajet, une caravane qui progresse à 40 km par jour aura besoin de (1600 / 40) 40 jours. Cela représente environ 6 semaines, auxquels nous devons ajouter les jours de repos hebdomadaires de la caravane. Ce qui nous donne environ 7 semaines de trajet, soit 50 jours pour faire large. Comme nous avons 86 jours entre la date de la première apparition de l’astre le 15 septembre et le 25 décembre. Cela laisse une quarantaine de jours (86-50) pour la prise de décision et les préparatifs au départ. Résumons-nous après ces calculs indigestes. Nous sommes sur le scénario suivant : Au voisinage du 15 septembre, les mages sont prévenus que l’astre attendu est visible dans le ciel. Ils en discutent et se préparent 55

environ 1 mois, puis ils partent et parcourent les 1600 km vers Bethléem en 50 jours. Pour arriver aux alentours du 25 décembre à Bethléem. Comme je l’ai signalé, nous ne pouvons être malheureusement plus précis. L’hypothèse est à tout le moins possible et notre scénario n’est pas mis à mal quant à sa vraisemblance. Je vous accorde très volontiers que cette dernière partie est entachée de spéculations auxquels nous souhaitions échapper. Aussi, je ne retiendrais rien d’autre de ce dernier point que sa plausibilité et que le modèle n’est pas contesté. Oui, il est mathématiquement possible de faire un tel voyage dans le laps de temps dont disposaient les mages.

56

Chapitre VII Les conclusions de cette première partie.

Afin de clarifier ce que nous avons découvert, j’aimerais passer en revue le nombre de coïncidences qu’il a fallu afin que cette démonstration puisse se terminer par une validation du récit de Matthieu. Il fallait ; 1.

Qu’une conjonction entre des astres très lumineux existe et soit remarquable dans le ciel – dans les années aux alentours de l’an 1. Alors que ce type de conjonction de Jupiter et Saturne est extrêmement rare (voir page 41)

2.

Que le déplacement de cette conjonction au fil des mois durant le voyage des Mages soit visible durant la nuit. Et pointe vers un lieu situé au sud par rapport à leur marche.

3.

Que cette conjonction, si elle existait, ne devait n’être ni trop haute, ni trop basse sur l’horizon de Jérusalem/Bethléem. Trop haute : elle ne constituait pas un bon marqueur sur l’horizon. Trop basse : Sa période de visibilité (en mois) n’aurait pas été suffisante pour être un signe valide.

4.

Que le temps de visibilité de cet Astre dans le ciel, soit suffisant en mois afin de permettre une telle entreprise. Pour le dire autrement, les Mages n’auraient pas eu le temps de détecter l’astre, planifier et faire le voyage, si l’Astre n’avait été visible dans le ciel nocturne que durant une période courte.

5.

Une fois les Mages arrivés à Jérusalem, que cette conjonction soit orientée de façon exacte afin de permettre à la caravane de s’en servir comme d’un guide. Un guide lumineux qui les conduise de vers Bethléem, alors qu’ils étaient á Jérusalem.

57

Soit un axe Nord-Sud entre Jérusalem et Bethléem. Nous avions ici une chance sur 360 degrés, de tomber juste – soit 0,27 %. 6.

Que le temps de parcours des mages entre Jérusalem et Bethléem soit en accord parfait avec le temps que met l’Astre entre son lever (l’heure d’apparition dans le ciel) et l’heure de son zénith et d’autre part, le temps que met la caravane des Mages pour faire le chemin. Si Bethléem était plus proche ou plus éloignée de Jérusalem, ce timing n’aurait pas été valide.

7.

Enfin et non le moindre ; Que les conditions géopolitiques de toutes les régions traversées permettent de ce voyage.

J’insiste encore que les conditions de ces coïncidences ne sont pas falsifiables et qu’une seule aurait suffit à invalider la démonstration. C’est ce point en particulier qui m’incite (devrais-je dire ; qui m’oblige) à croire à la véracité de ce récit. Pour tirer une conclusion à cette première partie, nous pouvons donc dire que les versets de Matthieu ont été confirmés par la planétologie et par l’histoire, cela contre toute attente. Le parcours du combattant que nous lui avons imposé, aurait pu 34 s’achever à tout moment par une mise en échec du récit face à la science. Force est de constater qu’il n’en a rien été, il s’en est sorti haut la main. Qu’avons-nous en main ? Tout d’abord, que le récit de Matthieu chapitre II - versets 1-12, s’accorde parfaitement avec ce que nous pouvons calculer et observer aujourd´hui grâce à la planétologie. Il n’y a aucune incohérence factuelle à relever. Plus nous avons poussé nos investigations afin de mettre en échec le récit, plus il nous a fournit des raisons objectives d’y croire.

34

Et même « aurait dû » en toute logique cartésienne…

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Que nous avons sans doute pour la première fois dans l’histoire du Christianisme, une concordance scientifique quant à la véracité d’un passage de la Bible. Même si cette vérification ne porte que sur une partie infime du document, cela donne un argument assez fort contre le rejet en bloc et l’idée qu’elle serait une pure fabrication intellectuelle. Si nous ne doutons plus de la réalité de cette démonstration, alors cela implique par exemple que l’emplacement actuel de l’église de la Nativité à Bethléem est historiquement exacte 35 . Faut-il y voir une autre confirmation du fait que les légendes véhiculent parfois une part de vérité? Je le pense. Sinon, en toute logique commerciale et théologique, il aurait été préférable de placer cette église simplement au centre de Bethléem. Pouvons-nous nous appuyer sur cette confirmation pour ouvrir de nouvelles voies d’interprétation des récits de la Bible. Soit encore pour trancher d’anciennes discussions théologiques sur des passages contradictoires? Ce champs d’investigation, en tout cas les premières étapes, sera l’objet de la deuxième partie.

Fin de la première partie.

35

Puisque nous avons considéré, à juste titre, cet emplacement comme une constante de notre modèle.

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