New letter d’Alternative Santé du 6 novembre 2015
L'INÉDIE : PEUT-ON VIVRE SANS MANGER ? Ne prenez pas la fuite, je ne suis pas devenu fou, et je ne me suis pas laissé enrôler dans une quelconque secte non plus. Au contraire, je suis bien conscient que le seul fait de lire ces mots "vivre sans manger" peut créer le bug dans le cerveau de la plupart des gens. D’ailleurs, pour ne rien vous cacher, ça m’a fait le même effet la première fois que j’ai pris connaissance de ce… truc. Après tout, c’est tellement inenvisageable ! Du moins dans notre acception occidentale du monde, car en Inde, où la pratique est depuis longtemps familiarisée par les yogis, elle n’a rien de saugrenu.
Des précédents historiques, même en Europe L'inédie, soit le fait de vivre sans manger, est un peu devenu un épiphénomène New Age au début des années 1990 sous l’impulsion de l’Australienne Ellen Greve, ou Jasmuheen, de son nom d’auteur. Pourtant, cela n’a rien de nouveau : Thérèse Neumann, la mystique Bavaroise, n’aurait absorbé aucun aliment solide ou liquide de 1927 jusqu’à sa mort en 1962, hormis un huitième d’hostie et une infime gorgée d’eau pour sa communion quotidienne. D’autres figures chrétiennes ont eu des expériences similaires, comme la Française Marthe Robin, qui se serait contentée d’une à deux hosties par semaine de 1928 jusqu’à sa mort en 1981. À la proposition qui lui fut faite d’étudier son abstinence alimentaire en clinique, elle eut cette réponse d’une implacable acuité : « Croyez-vous que cela convaincrait les gens ? Ceux qui n’admettent pas n’admettraient pas davantage » ! Michael Werner est lui toujours de ce monde. Né en 1949 en Allemagne, il présente la particularité d’être docteur en chimie et toujours en activité en institut de recherche près de Bâle. Lui aussi a cessé d’absorber toute nourriture solide, et s’abstient de boire périodiquement. Côté Hindou, Hira Ratan Manek, né en 1937, est un ingénieur en mécanique diplômé d’université. À sa retraite, il s’est intéressé au phénomène du sungazing qui consiste à se "nourrir" de la lumière du soleil au moment du lever et du crépuscule, pour s’adonner totalement à cette pratique à partir de 1995 au détriment de toute nourriture solide.
Un "ovni" physiologique que le scientisme préfère occulter Michael Werner, en tant que scientifique, ne pouvait pas ne pas se soumettre à une observation clinique, ce à quoi il se prêta à deux reprises, à Lindenhof en 2004 et à Prague en 2007. Ou plus exactement, ce pour quoi il dut se battre pendant deux ans avant que le comité d’éthique suisse l’autorise finalement à faire l’objet d’un protocole d’étude crédible : isolé, filmé en continu, mesure de la pression sanguine, du rythme cardiaque et respiratoire, prélèvements quotidiens de sang et d’urine… Conclusion ? Un simple "état de jeûne" pour les observateurs suisses, et pas de conclusion du tout à Prague. "Circulez, y’a rien à voir !" Partout où le phénomène est constaté, et plus encore lorsqu’il est étudié en milieu clinique, il fait l’objet d’un déni systématique de la part de la communauté scientifique. Combien de temps encore, alors que le nombre de
pratiquants ne cesse d’augmenter et se compte désormais en milliers ? En attendant, l’inédie (plus couramment appelée pranisme = se nourrir du prâna, le principe vital dans la tradition indienne) donne un sacré coup de pied dans la fourmilière du matérialisme cartésien ! Que pour vivre, les plantes utilisent l’énergie de la lumière dans le cadre de la photosynthèse, c’est acceptable, mais que l’être humain serait capable d’une performance similaire, ça ne passe pas. Quel que soit le processus en jeu, trop de fondamentaux qui sous-tendent l’ensemble des conceptions biologiques et physiologiques seraient remis en question.
Les chercheurs se mettent à la tâche Il n’y a pas si longtemps, le jeûne était lui aussi sur la sellette de la bien-pensance scientifique et dénoncé comme une pratique dangereuse, aux aspirations totalement fantaisistes. Mais l’eau a coulé sous les ponts, et la force de l’évidence est en train de s’imposer grâce à des pionniers persévérants, comme la clinique Buchinger en Allemagne, pour ne citer qu’elle. Les bénéfices du jeûne, pratiqué dans les règles de l’art et en étant accompagné de professionnels compétents, sont nombreux. L’idée de limiter les apports alimentaires à200/250 kilocalories avec juste une infusion le matin, un jus de fruit à midi et un bouillon le soir tout en buvant au moins 2 litres d’eau, soulage l’organisme d’une foule de processus biologiques, habituellement forcés par une quantité de nourriture excessive et pas toujours de bonne qualité, pour rester poli. Très rapidement peut-on observer une amélioration significative des maladies de la surcharge et de l’encombrement comme les problèmes rhumatismaux, l’hypertension, les pathologies digestives, l’asthme ou encore les états dépressifs. De nombreux participants déclarent que le jeûne change leur rapport à l’alimentation, et souvent aussi des choses plus profondes touchant à leur compréhension d’eux-mêmes ou du monde qui les entoure. Si le jeûne se heurte toujours au scepticisme de la sphère médicale et scientifique française, il est aujourd’hui reconnu comme une pratique de santé à part entière dans d’autres pays, où il fait l’objet de vraies recherches scientifiques, principalement en Allemagne, en Russie et aux États-Unis.
Prahlad Jani, un cas d'école avéré par la science En 2010, le monde découvrait un yogi indien octogénaire du nom de Prahlad Jani, dont la particularité serait de ne plus boire ni manger depuis l’âge de 8 ans, après que lui fut apparue une déesse indienne venue l’informer que dorénavant, il n’aurait plus les besoins alimentaires du commun des mortels. Très connu dans sa province, il ne se trouve personne là-bas pour mettre en doute l’incroyable hypothèse. Sous l’égide de l’Organisation de recherche et de développement du ministère de la Défense indien, Prahlad Jani a accepté de se prêter à une observation de quinze jours, filmé 24h/24 à l’hôpital d’Ahmedabad, sous la surveillance d’une équipe pluridisciplinaire d’une trentaine de médecins. Il s’est effectivement avéré qu’il n’avait ni mangé, ni bu pendant ce séjour. Ni uriné ni être allé à la selle non plus. Les médecins ont pu observer par échographie que sa vessie se remplissait partiellement à intervalles réguliers, mais que le contenu n’étant pas évacué, il était probablement recyclé, peut-être par réabsorption. Un examen des autres principaux organes révélait qu’ils paraissaient beaucoup plus jeunes que l’âge de leur propriétaire. Son cerveau, par exemple, présentait un âge apparent de 25 à 30 ans !
Le quidam face aux difficultés… puis aux bénéfices On recense aujourd’hui plusieurs milliers de personnes qui ont cessé de manger de la nourriture physique au profit d’une "alimentation pranique". Certaines d’entre elles mangent encore occasionnellement, d’autres continuent simplement de boire ou boivent par intervalles, le plus souvent de l’eau ou du thé vert. Qu’est-ce qui conduit quelqu’un à opérer un tel revirement ? La majorité des personnes interrogées s’accordent sur le fait qu’il ne s’agit pas d’un renoncement contraint, mais d’une aspiration à autre chose. C’est une évolution par étapes qui ne se fait pas en un jour. Soit que la nourriture habituelle ne les attire plus, soit qu’ils font l’objet d’un appel intérieur vers une autre forme d’être, libérés d’habitudes n’allant plus de soi. Car il faut une bonne dose de détermination pour passer outre ses propres conditionnements et croyances par rapport à la nourriture, comme le simple besoin physiologique de remplir son estomac, souvent son rôle de compensation affective ou de rite social, ne serait-ce qu’au sein de la famille. Pas simple non plus de résister à la pression sociale, quand les gens que vous côtoyez habituellement vous regardent comme un extraterrestre ou sont persuadés que vous avez rejoint une secte de fous furieux. Alors, où sont les bénéfices, me direz-vous ? Beaucoup connaissent quelques difficultés en tout début de conversion, comme des vomissements, des fièvres, des moments de très grande fatigue… Mais assez rapidement, ces désagréments laissent place à un état de bienêtre jamais connu auparavant : un corps plus léger, un esprit plus clair, une meilleure endurance physique et mentale, des problèmes de santé qui s’améliorent ou se résorbent, un aspect extérieur rajeuni, et bien d’autres selon les individus.
Un océan de questions À l’époque, rares sont les médias, pourtant nombreux sur l’affaire, à n’avoir pas moqué et dénigré ouvertement ou à mots couverts cette expérience, et par extension le pranisme dans son ensemble. Je vous la fais courte : ceux qui prétendent vivre sans manger ni boire (ou très peu) sont des mystificateurs et les expériences conduites pour les étudier sont des canulars ! Mais après tout, faut-il s’étonner de cette réaction ? La science (mais quelle science, au juste ?) et l’industrie ont dépensé sans compter pour nous persuader de règles alimentaires qu’ils voudraient gravées dans le marbre : tant de calories par jour, des protéines, des féculents et des produits laitiers à chaque repas, des AJR pour les vitamines, les minéraux… Bon sang, ce n’est quand même pas une bande d’allumés qui va ruiner des années de progrès scientifique au service de… De quoi d’ailleurs ? La question ne vaut-elle pas d’être posée ? Où nous ont conduits toutes les belles certitudes nutritionnelles et médicales qu’on nous assène depuis des années ? Qui servent-elles réellement ? À regarder progresser les maladies de civilisation et reculer l’espérance de vie en bonne santé, ne serait-on pas fondé à chercher une autre voie ? Ne vous méprenez pas, je ne cherche pas à vous vendre le pranisme. Mais personnellement, je n’arrive pas à balayer cette possibilité d’un revers de la main avec juste un sourire narquois sur les lèvres. À mes yeux, elle vaut au minimum par sa force de questionnement face à cette science matérialiste hyper-intrusive qui ne conçoit plus l’avenir de la santé humaine qu’à coups de manipulations génétiques et d’appareillages en tous genres.Alors si dorénavant, nous pouvions simplement commencer par regarder notre assiette différemment…
Jean-Pierre Giess