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RÉUSSIR - L’AGRICULTEUR NORMAND

- 22 AOUT 2013

AU FIL DE LA SEMAINE EQUIPEMENT A la demande de l’association Percy Biogaz, l’ETA (Entreprise de Travaux Agricoles)

Folliot (Montabot-50) a loué une moissonneuse-batteuse New Holland CR 9070 équipée d’un récupérateur de menue paille. Un premier galop d’essai dans notre région.

menue paille

La récupération de en expérimentation dans la Manche n bout de champ, le tas de menue paille est impressionnant. “1 à 1,5 t/ha estime la société Thierart, le fabricant de récupérateur”, indique Mathieu Alliet. Mathieu Alliet est agriculteur à La Haye-Bellefond (50). Pour le compte de l’association Percy Biogaz, il est plus particulièrement chargé du dossier “menue paille”. Une association qui fédère 25 membres autour d’un projet collectif d’unité de méthanisation. Son président, Damien Lebouvier, également président du CRDA du Bocage, pilote l’ensemble avec l’appui technique et économique de la Chambre d’agriculture et du CER.

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Une forte valeur méthanogène “Au sein de notre association, nous avons créé 5 groupes de travail (terrain - recherche, constructeurs, gisements, hygiénisation - règlementation et gaz - GRT - injection) avec pour chacun un responsable. Nous y avons adjoint une thématique : la menue paille”, explique

La menue paille est récupérée à la sortie des grilles. Ensuite, elle est répartie vers deux vis verticales qui la transfèrent dans une trémie montée à l’arrière de la moissonneuse-batteuse. La matière ainsi récupérée est vidée en bout de champ par basculement de cette trémie en temps masqué lors du demi-tour en bout de parcelle.

Damien Lebouvier. Pourquoi ? “Lors de nos études ‘gisement’, nous avons constaté que la menue paille offrait une valeur méthanogène importante. Il nous fallait explorer cette piste”. Mais Percy Biogaz n’a pas voulu mettre la charrue avant les bœufs. Première étape : expérimenter in situ la récolte et le pressage de la menue paille. Pour ce faire, elle a pu compter sur un partenariat avec l’entreprise Folliot. Une entreprise membre d’EDTN(1) qui a loué une machine équipée auprès d’une ETA d’Ille-et-Vilaine. “Nous allons la faire tourner 5 jours et prévoyons de battre 120

ha de blé, explique Nadine Folliot. L’idée est de tester cet équipement et de le montrer à un maximum d’agriculteurs du coin”. Pour Damien Lebouvier et Mathieu Alliet, il s’agit aussi de se faire une idée précise du rendement en menue paille dans les conditions manchoises.

Des plus et quelques moins Après quelques dizaines d’hectares battus, les tas de menue paille sont bien au rendez-vous en bout de champ et chacun est impressionné par le volume récolté. Reste à le peser pour quantifier

En chiffres ppp Pouvoir calorifique (en cal/kg) de différents intrants Fuel...........................................................................10 033 Colza.........................................................................5 876 Miscanthus...............................................................4 599 Paille de céréales.....................................................3 904 Paille de colza..........................................................3 687 Menue paille céréales..............................................3 641 Menue paille colza...................................................3 611 Blé.............................................................................3 587 Bois (charme 2 ans, 30 % d’humidité)...................3 001 Bois vert...................................................................1 966

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NORMANDIE AU FIL DE LA SEMAINE

COUP DE CHAPEAU AUX ETA p En cette moisson 2013 compliquée à gérer en terme de timing et de planning, il faut rendre un hommage appuyé aux entreprises de travaux agricoles. Non seulement elles mettent tout en œuvre pour répondre aux attentes de leur clientèle dans des délais quasi impossibles mais, de plus et à l’instar de l’entreprise Folliot, elles relèvent des défis. Trouver et louer une machine équipée d’un récupérateur de menue paille, former un conducteur à sa conduite, aller la chercher et puis la ramener (...), tout cela en saison haute tient presque de la gageure. Mais c’est justement cette capacité à répondre aux attentes des agriculteurs qui fait leur qualité de service. C’est également symptomatique de leur esprit d’innovation. D’autres ETA normandes s’y essaieront peut-être l’an prochain. A suivre...

Avec ce sytème, 80 à 90 % des grains perdus lors de la moisson et qui sont habituellement éparpillés sont collectés par le récupérateur. En conséquence : moins de repousses dans les chaumes et une lutte (mécanique ou chimique) plus facile.

son rendement. Le pressage, du moins en big-balleur, n’a posé aucune difficulté. Quelques facteurs limitants ont cependant été relevés. Equipée de son caisson arrière, la moissonneuse-batteuse est impressionnante de gabarit. Un gabarit qui n’a pas manqué d’attirer l’œil et l’attention la semaine dernière dans le canton de Percy mais qui ne permet pas d’emprunter tous les chemins et toutes les ouvertures de parcelles de ce coin de bocage. Si le chantier de battage n’est guère plus complexe ou plus long qu’un chantier classique, il représente cependant un coût direct supplémentaire que le prestataire de service devra bien facturer. Pour l’agriculteur, la menue paille signifie aussi une récolte en plus avec pressage, transport, stockage puis destockage. Rien de redhibitoire dans tout cela. A chacun de se forger sa propre opinion. Du côté de Percy Biogaz et de son président, après avoir engrangé la menue paille,

Un sous-produit multifonction Outre son utilisation à des fins de méthanisation, la menue paille présente aussi un intérêt nutritionnel pour les bovins (5,45 % de Matière Azotée Totale, 31,4 % de cellulose brute et 4,65 % d’amidon). Elle peut également être utilisée en litière, notamment en aviculture, avec des atouts intéressants (mise en place simplifiée avec peu de poussière et pas de broyage, grattage permanent des volailles à la recherche de graines ce qui évite le croutage, rapidité de mise en service avec une réduction du temps de préchauffage pour un poulailler estimée à 75 %, un fumier homogène et un épandage facilité et enfin un bon pouvoir absorbant). Enfin citons, selon certaines sources, sa fonction écologique. En récupérant une partie des graines adventices (notamment ray-grass, vulpin et coquelicot), on diminue le salissement de la culture suivante. on va engranger les enseignements de cette expérimentation pour nourrir et pousser plus loin la réflexion. Elle pourrait aboutir fin 2014/début 2015 avec une unité de méthanisation “boostée” par un sous-produit pas encore valorisé, sauf sous forme d’hu-

mus mais chargé en graines d’adventices, dans notre région TH. GUILLEMOT

: Entrepreneurs Des Territoires Normandie Maison des entreprises BP 14 50600 St-Hilaire-du-Harcouët Tél. 02 33 79 33 72 Fax. 02 33 79 33 77

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La menue paille est composée d’environ 12 % de grosse paille (hachée), 14 % de petites graines (dont les grains cassés et maigres) issus de la récolte et les graines d’adventices. Le reste (entre 60 et 70 %) en glumes, en glumelles (blés) ou barbe (orge). Source Thierart. En savoir plus : www.thierart.com Damien Lebouvier (président de Percy Biogaz) : “aujourd’hui, on travaille à 25 et nous sommes organisés en 5 commissions. Nous sommes en période d’interrogation et nous voulons continuer à mener la réflexion. Ensuite, nous serons en mesure d’ouvrir notre projet à d’autres agriculteurs mais aussi aux collectivités locales”.