UNE HISTOIRE D'ADOPTION... ! HOUDINI, LA CHIENNE AUX MULTIPLES VIES ! CES SAUVETEURS QUI OEUVRENT DANS L'OMBRE ! UNE QUÉBÉCOISE SAUVE UNE LIONNE EN AFRIQUE DU SUD

F A VO R I S ER U N E A P P R O C HE S A N S ­ S TR E S S ET S A N S ­ PEU R EN M I L I E U V É TÉ R I N A I R E U n s é m i n a i re d e d e u x j o u rs q u i s ' a d re s s e a u x p e rs o n n e s t ra v a i l l a n t e n m i l i e u v é t é ri n a i re , à c e l l e s q u i o e u v re n t d a n s l e s re f u g e s a i n s i q u ' à t o u t e s l e s p e rs o n n e s i n t é re s s é e s p a r l e s e f f e t s d u s t re s s e t d e l a p e u r c h e z n o s a n i m a u x de c o m p a g n i e .

D é t a i ls e n p a g e 6 7

Les textes reçus offrent une bonne qualité de français. Nous nous limitons à des retouches mineures pour corriger les coquilles. Les textes sont reproduits intégralement et respectent la version originale de l’auteur. GHA

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Emprisonnés pour un crime qu'ils n'ont pas commis !

À

la lecture de ce numéro, vous constaterez que nous ne sommes pas indifférents au sort que la société réserve aux pitbulls. Plus encore, nous nous inquiétons beaucoup pour eux et pour toutes les autres races qui, un jour ou l'autre, feront l'objet d'une exclusion. Plusieurs de mes collègues ont abordé ce sujet dans leurs chroniques respectives. De plus, des lecteurs ont pris le temps de nous écrire sur le cas des pitbulls et vous verrez que les opinions diffèrent sur ce sujet. J'aborderai donc un autre sujet qui dérange de plus en plus les défenseurs des animaux soit l'existence des parcs zoologiques. Si vous avez l'occasion de vous rendre dans un zoo, je vous invite à prendre le temps d'observer longuement les animaux et de réfléchir à leurs véritables besoins. Par exemple, ont­ils la possibilité de parcourir de grands espaces, d'avoir des relations sociales complexes, de se reproduire, de chasser et d'éduquer leurs petits comme il le ferait dans leur habitat naturel ? Non, parce qu'ils sont confinés dans des cages ou des enclos qui, pour certaines espèces, équivalent à moins de 1% de la superficie totale de leur territoire naturel. La privation des besoins primaires de l'animal et son confinement provoquent des comportements déviants compulsifs : qui n'a jamais vu un ours avancer et reculer sans cesse, un éléphant basculer la tête de chaque côté en faisant du surplace ou un chimpanzé s'automutiler ? Il ne faut donc pas s'étonner quand il se passe des incidents déplorables comme celui de l'été dernier lorsqu'une lionne a attaqué une employée du Zoo de Granby. La jeune femme fut gravement blessée, mais heureusement aucun danger pour sa vie. Le Zoo de Granby a pris la décision de ne pas abattre la lionne. Malheureusement, le dénouement fut moins heureux pour Harambe, un gorille âgé de 17 ans, qui a payé de sa vie quand un petit garçon de 4 ans est tombé dans l'enclos des grands primates au Zoo de Cincinnati en Ohio. La mort d'Harambe a déclenché un tollé de protestations et de jugements parfois excessifs. Plusieurs ont affirmé que les humains étaient à blâmer à commencer par la famille du petit garçon accusée d'avoir laissé leur fils sans surveillance.

Avait­on raison ou tort de tuer le majestueux animal ? Certains ont dit qu'Harambe s'est approché du petit bonhomme pour le protéger tandis que d'autres affirment que le gorille a été brutal envers l'enfant et qu'il fallait agir. À la question de savoir si on aurait pu prendre un autre moyen que celui de tuer le gorille, le directeur du zoo a répondu que la décision a été prise en tenant compte du fait que les tranquillisants auraient sans doute mis trop de temps à agir et auraient pu provoquer une réaction dangereuse de la part de l'animal. On a donc décidé de l'abattre. Suite à ce triste dénouement, la célèbre primatologue Jane Goodall a envoyé un courriel au directeur du Zoo de Cincinnati, message rendu public par le Jane Goodall Institute. Les mots sont émis avec délicatesse et sans le moindre jugement cependant, la scientifique et activiste des droits des animaux émet une hypothèse en ce qui concerne l'attitude d'Harembe envers le petit garçon : « J'ai essayé de voir ce qui s'était réellement passé, il semble que le gorille ait mis son bras autour de l'enfant, comme la femelle qui avait secouru et rendu l'enfant dans un zoo de Chicago1. Enfin peu importe, c'est une perte dévastatrice pour le zoo et pour les gorilles. Comment les deux autres gorilles femelles, vivant avec Harembe, ont­elles réagi à la mort ? Ont­elles été autorisées à regarder et à exprimer leur peine, ce qui me semble si important. Je suis désolée pour vous, vous avez été obligé de défendre une position que vous désapprouvez surement. Je pense à vous, Jane. »

S'ajoute les propos de l’ancienne gardienne d’Harambe quand il était au zoo de Brownsville, au Texas : « Ce n’était pas un animal méchant », ajoutant toutefois ne pas vouloir critiquer la décision de ses collègues de Cincinnati. Quant au primatologue et éthologue Frans de Waal, il s'est exprimé ainsi : « En regardant les vidéos, j’ai l’impression qu’Harambe était plutôt protecteur. Il montrait un mélange de protection et de confusion. Il s’est tenu au­dessus de l’enfant, l’a aidé à se relever, l’a tiré dans l’eau (une fois assez violemment), s’est placé de nouveau au­dessus de lui. La plupart de ses réactions ont sans doute été provoquées par les bruits et cris qui provenaient du public. » Tout en énumérant des options, Frans de Waal conclut qu’aucune d’elles n’offrait d’issue certaine ajoutant en conclusion qu'il ne sait pas du tout quelle décision il aurait prise. Chercher un coupable ne changera rien à cette histoire. Il est maintenant important de prendre conscience que ces tristes épisodes auraient pu être évités si l'homme cessait d'emprisonner les animaux. Un animal enfermé ne peut être heureux et sa détresse peut l'amener à commettre des actes violents envers ceux qu'il considère comme ses geôliers. Il est temps de retirer une leçon de ces événements dramatiques en se tournant vers de nouvelles avenues qui pourraient s'avérer bénéfiques et salutaires pour la faune sauvage. Pour ceux qui croient que les zoos sont essentiels à la sauvegarde des espèces, il est important de savoir qu'il existe des solutions mieux appropriées, car si on veut réellement s'engager sur cette voie, on doit le faire sur les lieux de leur biotope d'origine en débutant par la prise de mesures sévères pour contrer le braconnage. Il faut aussi procéder à la création de nouvelles réserves protégées permettant à l'animal sauvage de vivre en toute liberté selon les besoins élémentaires indispensables au bien­être de son espèce et le plus important, de considérer l'animal comme un être sensible et de faire en sorte qu'il ne puisse plus être exploité pour divertir et enrichir l'homme. Un animal de la faune sauvage ne devrait jamais être retiré de son habitat naturel à l'exception d'un animal blessé ou en danger qui, après avoir été soigné, devrait être réhabilité dans son milieu. Si l'animal n'est plus en mesure de se débrouiller en nature, il devrait être amené dans un sanctuaire tenu par un personnel compétent (éthologues, spécialistes de l'espèce concernée, etc.). En conclusion, j'ajoute ma voix à celles des autres défenseurs des droits des animaux en affirmant, les zoos sont des endroits qui ne devraient plus exister au XXIe siècle. 1 Jane Goodall faisait référence à l'incident survenu en août 1996 dans le Zoo de Brookfield, situé en banlieue de Chicago en

Illinois, lorsqu'une femelle gorille a protégé un jeune garçon qui était tombé dans l'enclos jusqu'à ce qu'elle puisse le remettre au gardien du zoo.

UNE CITATION À RETENIR... ET À MÉDITER ! « Deux choses me surprennent : l'intelligence des animaux et la bestialité des hommes. »

FLORA TRISTAN 1803 ­ 1844 Née à Paris le 7 avril 1803 et décédée à l'âge de 41 ans, cette femme de lettres était également une militante socialiste qui fut l'une des figures majeures du débat social dans les années 1840 et participa aux premiers pas de l’internationalisme.

Ce récit est dédié à la mémoire de mon frère Jean­Claude et à celle de Houdini qui, je le souhaite, sont aujourd'hui réunis.

Houdini, la chienne aux multiples vies !

P

ar une belle journée d’été, famille et amis s'étaient réunis pour partager un bon repas et souligner l'anniversaire de mon frère Jean­Claude. Nous nous étions passés le mot pour taquiner le fêté en évoquant différents faits plutôt drôles se rapportant à des passages de sa vie qu'il aurait probablement préférés qu'on oublie. Dans l'espoir de faire dévier le sujet, Jean­Claude se mit à relater divers souvenirs amusants rattachés aux animaux qui ont partagé sa vie. Il savait très bien qu'en proposant un tel sujet, on le laisserait un peu tranquille, ayant tous notre petite histoire à raconter sur nos amis poilus.

Houdini, (alias Lady) quelques semaines après son arrivée dans la famille de mon frère.

La plupart des anecdotes étaient très drôles parce qu'on le sait, nos compagnons poilus peuvent parfois, par leurs actions et leurs mimiques, nous faire vraiment rire. D'autres récits furent plus émouvants, comme lorsque Jean­Claude nous parla de l'animal qui a eu le plus d'importance dans sa vie : mon chien Bobby, un toutou que nous avons beaucoup aimé. Cet amour était réciproque; Bobby était très attaché à chacun des membres de notre famille, mais tout particulièrement à notre mère. Son décès, survenu quelques mois seulement après celui de maman, fut une période très affligeante pour mon frère et pour moi.

Bobby était un beau schnauzer doté d’une intelligence hors du commun. Jean­ Claude nous fit part de son projet d’adopter un chien de la même race, étant convaincu que son futur schnauzer ressemblerait, en tout point, à celui qu’il avait tant aimé. L'absence d'un être que nous avons beaucoup aimé engendre parfois le désir de recréer le lien partagé avec celui­ci et c'est ce qui se passait ce jour­là en évoquant avec nostalgie une période heureuse où Bobby et notre mère étaient encore avec nous. J'ai lui ai fait remarquer que ce chien pourrait être très différent, ajoutant que les animaux sont dotés d'une personnalité propre à chacun, qu'ils soient de la même race ou non. Mes arguments semblaient n'avoir aucun poids dans la balance, poids qui aurait permis de modifier son opinion. Je craignais que mon frère soit très déçu lorsqu'il constaterait que le nouveau chien ne serait pas la réincarnation de notre Bobby. Mais je n’ai plus insisté estimant que nous en reparlerions le moment venu. Ce que je n'avais pas prévu c'est que, pour mon frère, la recherche du clone de Bobby allait débuter ce jour­là.

Bobby et moi, après une longue randonnée en forêt... il y a longtemps.

Ceux et celles qui me connaissent le savent, pas question d'agir de façon impulsive lorsqu'on parle de l'adoption d'un animal. J'ai longuement discuté avec mon frère, ma belle­sœur et mon neveu afin de m'assurer que la décision n’allait pas être prise sur un coup de tête et que tous seraient d’accord pour accueillir un nouveau membre dans leur famille. Tout le monde était d'accord, ils ont même convenu que Jean­Claude pourrait choisir celui qu'ils adopteraient. Une fois convaincue du sérieux de leur projet, je leur ai proposé de les aider à trouver la perle rare dans un refuge en leur suggérant de nous rendre à la Société protectrice des animaux afin d'offrir une seconde chance à un animal abandonné. À l’époque, il y a de cela vingt ans, j’étais membre du Conseil d’administration de la SPA­Québec. Même si je n’avais pas à me rendre tous les jours au refuge, j'y allais régulièrement afin d'offrir un peu d'aide au personnel à l'adoption qui, parfois, ne savait plus où donner de la tête. Il est vrai qu'il m'était arrivé d'y voir des petits schnauzers, mais ce n'était pas courant. De toute façon, je n'avais pas dit mon dernier mot concernant toute cette histoire de la recherche du sosie de Bobby. Je connaissais bien mon frère et je savais qu'il pourrait tout aussi bien s'amouracher d'un autre toutou si je dénichais celui qui lui conviendrait réellement.

Ce jour­là, le refuge était plein à craquer, conséquence des abandons reliés à la période des déménagements du 1er juillet. Après avoir fait le tour du secteur de l’adoption, nous avons constaté qu’il n’y avait ni schnauzer ni un autre chien pouvant convenir à mon frère et à sa famille. Je leur ai demandé de m’attendre et je suis allée jeter un coup d’œil à l’arrière dans la section où on procédait à l'accueil et à la sélection des nouveaux arrivants, un secteur interdit aux éventuels adoptants. Mélanie, une technicienne en santé animale qui adore les animaux, m'a montré quelques petits chiens qui seraient mis à l'adoption dès que des places se libéreraient. Je connaissais bien mon frère et je savais que ceux­ci ne lui auraient pas convenu. Mais au moment où j'allais quitter les lieux, j'ai aperçu une chienne golden retriever attachée aux barreaux d'une cage. J’ai demandé à Mélanie ce que la chienne faisait là, à l’écart de tous les autres. Elle m’a répondu : Elle devrait déjà être euthanasiée, mais nous avons dû interrompre les injections létales lors de l'arrivée de plusieurs chiens qui sont en très piteux état; des adultes et des chiots saisis suite à une plainte pour mauvais traitements et cruauté. Nous allons procéder à l'euthanasie de la golden lorsque le vétérinaire aura terminé d'examiner les chiens qui viennent d'arriver. ­ Pourquoi doit­elle être euthanasiée ? ­ Elle est âgée d'environ deux ans. Elle est très peureuse, ce sera plus difficile de la faire adopter. C’est malheureux parce que c’est une chienne douce et gentille. Le refuge est plein à craquer et malheureusement nous devons faire un choix et donner la chance aux plus jeunes, me dit Mélanie avec un regret sincère dans la voix. Voilà la triste réalité des refuges ! La véritable raison de la condamnation à mort de cette brave chienne était due au fait qu’il y avait trop d’animaux abandonnés et que l’espace manquait pour les accueillir et leur offrir une seconde chance. On blâme les refuges et les SPA de trop tuer d'animaux, mais ce ne sont pas eux les véritables responsables de la mise à mort de toutes ces petites bêtes en santé. Ce triste bilan est la conséquence de l'irresponsabilité des gens qui refusent de comprendre l'importance de la stérilisation et qui adoptent un animal sans réfléchir à ce que cela implique, oubliant de peser le pour et le contre de sa venue dans leur vie. Alors, on abandonne dans les refuges les animaux dont on ne veut plus. Conclusion : plus de 500 000 animaux sont abandonnés annuellement au Québec et de ce nombre plus de la moitié seront tués faute de place pour les accueillir. On ne le répétera jamais assez : l'adoption d'un animal est un geste qui se doit d'être longuement réfléchi. ­ Mélanie ajoute : Elle a été trouvée errante, maigre et affaiblie. Elle a eu des petits, il n’y a pas très longtemps, car ses mamelles sont encore saillantes. C'est un bon samaritain qui l'a amenée à la SPA. Sans l'aide de cet homme, elle n'aurait surement pas survécu très longtemps, car elle n'était pas armée pour affronter des conditions difficiles. Puis là, faute de place, on doit la tuer. Ce n’est vraiment pas juste. Elle a fait son temps de fourrière et personne ne l’a réclamée. ­ Donc, si son propriétaire ne l'a pas réclamée alors personne n'a pu signer une demande d'euthanasie. Elle peut donc être adoptée si quelqu’un veut bien d’elle ? ­ Oui !, me répondit Mélanie qui aurait souhaité sauver tous les animaux abandonnés. Mélanie m'avait déjà confié que de voir mourir régulièrement autant d'animaux était pour elle un véritable crève­cœur et qu'elle ne pourrait plus continuer ainsi bien longtemps. Voilà pourquoi elle a quitté la SPA pour aller travailler dans une clinique vétérinaire où l'euthanasie n'était pratiquée que pour abréger la souffrance des animaux. Au cours de notre conversation, je n'arrivais pas à détourner mes yeux de la chienne terrorisée qui me fixait sans relâche. Sa façon de me regarder me touchait profondément. Je percevais dans son regard une grande fragilité et une tristesse qui me brisait le cœur, mais je discernais aussi toute la sagesse d’un être qui a beaucoup vécu. Elle me chavirait l'âme. Malgré sa maigreur et son pelage sale et emmêlé, je la trouvais magnifique.

­ J’ai dit : Pouvez­vous attendre un peu, s’il vous plaît ? Je voudrais la montrer à mon frère. ­ Mélanie me dit avec un petit brin d'espoir dans la voix : Prends tout ton temps, nous devons nous occuper de ceux qui viennent d'arriver.

Je l’ai détachée et elle m'a suivie docilement. Nous sommes allées rejoindre Jean­Claude et mon neveu qui m'attendaient du côté de l'adoption. En me voyant arriver avec la chienne, j'ai cru déceler une petite déception sur le visage de mon frère. Pas de schnauzer à lui offrir, mais plutôt une chienne maigre au pelage emmêlé. Je lui ai raconté comment elle était arrivée au refuge et le sort qui l'attendait parce qu'il n'y avait pas de place pour lui offrir un gîte le temps de lui trouver un foyer d'adoption. Je ne voulais pas mettre de la pression sur sa décision, mais au plus profond de moi, j'espérais que mon frère accepterait de l'accueillir dans sa famille. Tout en la caressant, Jean­Claude lui parlait doucement pour éviter de l'effrayer davantage. Puis il m'a dit : As­tu remarqué ses yeux ? Son regard est rempli de douceur, mais aussi de tellement d'inquiétude. Ça n'a pas de sens que cette chienne­là meure. Donc, si je ne l'adopte pas, elle va mourir ? J'ai fait signe que oui en hochant la tête. Puis après avoir passé passablement de temps en sa compagnie, Jean­Claude m'a demandé mon avis. Je lui ai répondu avec conviction que ce chien était réellement fait pour lui en énumérant toutes les raisons qui m'amenaient à penser qu'elle répondait à ce qu'il recherche. Cependant, j'ai ajouté ceci : Tu sais comme moi que l'adoption d'un animal est un engagement à long terme. Il faut que tu sois certain d'accepter tout ce que ça implique. Il ne faut pas que cette petite chienne ait à revivre un abandon ou qu'elle soit ramenée au refuge en espérant qu'elle soit peut­être sauvée plus tard. Ne lui donne pas le bonheur et l'espoir de lui offrir une famille pour ensuite tout lui enlever. Pense à tout cela avant de prendre ta décision. Pour ma part, l'adorable golden avait déjà conquis mon cœur, alors je me suis éloignée un peu afin que Jean­Claude puisse prendre une décision éclairée sans que je sois tentée de l'influencer. Je les observais et très sincèrement j'ai senti qu'un lien s'établissait entre eux. Pendant que Jean­Claude lui parlait avec beaucoup de douceur, la petite chienne s'est approchée de lui. Elle s'est assise à ses côtés, relevant la tête pour mieux le regarder avec ses yeux remplis de tendresse. Je crois que c'est à ce moment précis que le coup de foudre a eu lieu. Il m'a fait signe de venir le rejoindre pour me dire d'un ton décidé : Elle s'en vient chez nous ! Mon frère n’a jamais regretté sa décision. Cette adoption ne fut pas motivée par le souhait de remplacer un chien tant aimé, mais plutôt par un coup de cœur solide et aussi, peut­être un peu, par le désir de sauver la vie d'un animal. L'avenir lui a prouvé qu'il avait fait le bon choix et que ce jour là, il avait trouvé le chien qui lui convenait parfaitement. Elle fut donc sauvée in extremis de la mort un 14 juillet et cette date fut déclarée jour officiel de son anniversaire. Comme sa nouvelle famille ne connaissait pas son véritable nom, on lui donna celui de Lady. À partir du moment où elle fut assurée d'avoir trouvé une famille aimante et un foyer stable, Lady est devenue une chienne sereine et équilibrée. Elle était douce, affectueuse, patiente, très joueuse et pas compliquée pour deux sous. De ce fait, elle prenait part à toutes les activités et à tous les voyages en compagnie de sa famille. Il lui est arrivé, à une ou deux reprises seulement, de ne pas pouvoir suivre les siens, alors elle était invitée à passer des vacances chez moi où elle s’amusait avec mes deux chiens et mes deux chats. C’était l’entente parfaite avec ses quatre nouveaux amis. Rien de surprenant, que ce soit des humains ou des animaux, tout le monde aimait Lady.

Houdini, le jour de son premier Noël dans la famille de mon frère.

Elle a vécu heureuse avec sa famille d'adoption durant cinq belles années. Puis, sa vie bascula à nouveau lorsque Jean­Claude tomba malade. Durant tout ce temps, Lady a demeuré à ses côtés ne quittant pas des yeux son meilleur ami humain. Puis, mon frère a dû être hospitalisé. Lady l'a attendu durant plusieurs jours, mais Jean­ Claude n'est jamais rentré à la maison. Je me rappelle du jour où mon frère est décédé, j'avais accompagné ma belle­sœur chez eux. Lady était couchée sous la table. Elle ne s'est pas levée pour venir nous accueillir, ce qui n'était vraiment pas dans ses habitudes. J'ai dit à ma belle­sœur : Elle sait qu'il est décédé. Elle sait qu'elle ne le reverra plus. À partir de ce jour, et ce durant des semaines, Lady a vécu un grand deuil, semblant avoir perdu son entrain et sa joie de vivre. Nous étions tous abasourdis par le décès imprévu de Jean­Claude. Nous le savions malade, mais pas au point de le perdre. Ma belle­sœur Jeanne­Mance, très bouleversée par la perte de son compagnon de vie, avait besoin de se changer les idées et de voir des gens ailleurs que chez elle. De ce fait, elle n'était plus en mesure de s’occuper de Lady. Jeanne­Mance aimait la belle golden, alors il n’était pas question de la faire adopter par des gens qu’elle ne connaissait pas au risque qu’elle soit mal aimée ou maltraitée. Elle ne voulait pas non plus qu’elle retourne dans un refuge, car Lady avait déjà sept ans et cette fois­ci, elle n’aurait probablement pas la chance qu’elle avait eue cinq ans auparavant. Nous aimions tellement cette chienne, alors la décision fut prise assez rapidement : « Quand il y a de la place pour quatre, il y en a pour cinq. » C'est avec tout notre cœur que nous avons accueilli la belle golden dans notre foyer. Comme elle venait encore d’éviter de s'engager sur une route qui aurait pu la conduire à une mort certaine, nous avons pensé que le nom de HOUDINI1 serait une appellation qui conviendrait parfaitement à cette thaumaturge de la vie et du bonheur.

Comme elle connaissait bien sa nouvelle famille et l’endroit où elle vivrait désormais, le transfert d’un foyer à l’autre se fit sans heurt et sans traumatisme. Il faut quand même convenir que la résilience de cette chienne était tout de même étonnante. Probablement que sa joie de vivre sans égale y était pour quelque chose. Elle fut très bien accueillie par la joyeuse bande d’amis canins et félins. Le groupe devint tellement soudé que nous l’avons affectueusement surnommé : La Bande des Cinq. Elle a continué sa vie en savourant chaque instant de son existence et en profitant de tout l’amour qui lui était prodigué.

LA BANDE DES CINQ

DIETRICH SNOOPY

GUYZMO

LAÏKA

HOUDINI

Durant les années qui ont suivi, elle a semé autour d'elle autant d'amour qu'elle en a reçu. Tout d’abord, dans sa propre famille humaine et animale, mais aussi lors de visites rendues à des personnes vivant en centre d’hébergement de soins de longue durée et dans les hôpitaux. Par son infinie douceur et son caractère enjoué, Houdini, telle une magicienne, réussissait à faire apparaître un sourire sur le visage des résidents. Ses visites permettaient, pour un court instant, de combler le vide profond creusé par la solitude vécue par plusieurs d'entre eux.

Houdini, Laïka et Snoopy Un lien très fort unissait ces trois compagnons. Ils se sont beaucoup amusés ensemble.

Houdini possédait la naïveté d'un chiot et la sagesse de Bouddha. Elle pouvait nous faire rire par son énergie et sa bouille bon enfant tout comme elle pouvait nous amener à faire une introspection sur nous même et sur nos valeurs. Houdini était le symbole de la joie de vivre et de la sérénité. Un rien la rendait heureuse : une promenade en forêt en compagnie de ses deux amis Snoopy et Laïka, profiter de câlins sans fin, jouer avec des enfants ou tout simplement manger. Tout était prétexte au plaisir. Houdini adorait l'hiver par­dessus tout ! Elle s'amusait à enfouir sa tête dans la neige fraîchement tombée. Quand elle la ressortait, on aurait dit un chien sculpté dans la neige. Ça me faisait vraiment rire. Elle m'a « presque » appris à apprécier la saison froide.

Elle a vécu avec nous le départ vers le Pont de l'Arc­en­ciel de ses amis de La Bande des Cinq : Snoopy, Guyzmo et Dietrich. Laïka qui avait vécu depuis sa plus tendre enfance auprès de ses trois amis vivait plutôt mal tous ces départs. Elle avait pris un véritable coup de vieux principalement lors du décès de son grand copain Snoopy. La présence de Houdini fut bénéfique pour la belle Laïka. Un an et demi après le décès de Dietrich, les deux derniers membres de La Bande des Cinq ont accueilli, à pattes ouvertes, l'arrivée de Tom Lynx, un chat siamois des plus gentils. Quelques mois plus tard, Laïka s'en est allée rejoindre ses trois copains partis avant elle. J'ai senti que Houdini avait été très secouée par le départ de sa vieille amie. Heureusement, le sage Tom était là, contribuant à ce qu'elle se sente un peu moins seule.

TOM LYNX

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Âgée de 14 ans, Houdini semblait porter sur ses épaules le poids des années.

Puis, un peu plus d'un an après, sans crier gare, la santé de Houdini s'est détériorée. En peu de temps, celle qu'on aurait cru presque éternelle avait perdu son énergie juvénile pour devenir rapidement une vieille dame portant sur ses épaules la lourdeur du temps qui l'avait rejoint. Elle qui avait toujours été si gourmande refusait trop souvent de s'alimenter. Et les jours où un peu d'appétit lui revenait, elle ne réussissait pas toujours à garder le peu qu'elle consommait. Dès lors, j'ai perçu dans ses yeux si expressifs que la fin était proche.

Je ne pouvais pas croire que le moment était venu de devoir prendre la décision déchirante d'enlever la vie à celle qui aimait tant vivre. Mais elle était réellement très malade, alors nous ne pouvions plus la laisser souffrir davantage ni la voir perdre peu à peu sa dignité. Alors nous avons dû nous résoudre à la laisser partir. Mais même si on prend cette décision ultime par amour pour notre amie souffrante, ça ne veut pas dire qu'on est prêt à la quitter. Juste avant qu'elle ferme les yeux à jamais, la gorge serrée et les yeux remplis de larmes, je lui ai murmuré à l'oreille : Cours rejoindre celui qui t'a sauvé la vie et que tu aimais tant. Tu vas me manquer, mademoiselle « Joie de vivre ». Je t'aime ma douce amie... Tu resteras dans mon cœur pour toujours ! Elle a battu faiblement de la queue une dernière fois comme pour nous faire un ultime sourire et nous dire qu'elle nous aimait et, quelques secondes plus tard, le dernier membre de la Bande des Cinq nous a quittés. Houdini est décédée à l’âge de quatorze ans, entourée des deux humains avec qui elle a partagé les sept dernières années de sa vie. Elle a vécu douze années de plus que le temps qui lui était alloué lors de notre première rencontre. Malgré que les derniers mois de sa vie furent plus difficiles en raison des douleurs provoquées par l’âge et la maladie, elle a toujours conservé cette joie de vivre dont elle a été le symbole jusqu’à son dernier souffle. J'ai toujours eu l'impression qu'elle savait qu'elle avait frôlé la mort de très près et que, suite à cela, elle ne voulait plus gaspiller un seul instant de sa vie, profitant pleinement de la chance qu'elle avait eue. Tous ces deuils (humain et animal), qui avaient commencé quelques années auparavant, se sont succédés durant huit années consécutives. J'ai trouvé vraiment difficile de perdre tous ceux que j'aimais en si peu de temps, mais je me suis souvenue de la petite étincelle qui se rallumait dans les yeux de Houdini, un certain temps après qu’elle ait vécu, elle aussi, la perte des êtres qu'elle aimait. Elle fut mon inspiratrice pour m'aider à reprendre la route. La vie de Houdini ne fut pas banale, mais on peut affirmer, sans l’ombre d’un doute, qu’elle était née sous une bonne étoile. Après être passée à deux doigts de la mort, la vie lui aura offert tout ce dont un être vivant est en droit de recevoir : un foyer aimant et chaleureux, de bons soins, beaucoup d'amour, de vrais amis de son espèce et d'autres encore, humains et félins, puis surtout, le droit à la vie. Je vous parle de sa bonne étoile, mais qui croyez­vous, d'elle ou de nous, a eu le plus de chance ? Incontestablement, c'est nous qui avons eu le bonheur incroyable de croiser sa route et de partager la vie de cette chienne exceptionnelle durant toutes ces années. Je crois n'avoir jamais rencontré un être qui aimait autant la vie que Houdini. Avec elle, on avait l’impression que chaque jour était une fête. Houdini m'a appris à profiter de tous les instants, à apprécier le simple fait d'être vivante, car son histoire le prouve, la vie ne tient qu'à un fil. Malgré que cette histoire date de plusieurs années, les émotions et le chagrin que je croyais pourtant bien loin, remontent à la surface en écrivant ces lignes. Une série d'images me reviennent en mémoire et défilent comme un film retraçant la vie de Houdini, de notre première rencontre jusqu'à la toute dernière minute où elle nous a quittés. Ma vue s'embrouille et ma gorge se serre en me remémorant ces moments de bonheur passés auprès de cette chienne au destin incroyable. Peu importe l’endroit où elle puisse se trouver présentement, je ne doute pas une seconde qu’elle puisse être heureuse, car Houdini a toujours su profiter du meilleur de toutes les situations. Mais si vous voulez mon avis, je crois qu’elle est allée rejoindre ses amis de La Bande des Cinq qui l’attendaient au détour d'un chemin dans la forêt. Dorénavant, sous le regard amusé de mon frère, les cinq amis et Tom, qui les a rejoint quelques années plus tard, sont réunis, courant et s'amusant ensemble comme au temps où ils étaient jeunes et en santé.

Marie­Josée Beaudoin 1 Harry Houdini (1874­1926) ­ Magicien reconnu mondialement pour ses tours spectaculaires et périlleux ayant pour but

d’échapper à une mort certaine.

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CES COMPORTEMENTS QUI NOUS DÉPLAISENT ET QUE NOUS AVONS NOUS­MÊMES CONSTRUITS...

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l y a de cela des milliers d’années, les hommes ont sélectionné nos amis canins parce qu’ils étaient fort utiles pour les alerter lorsqu'une menace imminente s'approchait de leurs lieux de vie. Beaucoup plus vifs et aptes à déceler les possibles envahisseurs, ils étaient des partenaires de choix. Beaucoup plus tard, sur les fermes, on les utilisait pour la sécurité et le rassemblement des bestiaux. Encore une fois leurs qualités de gardiens et de rassembleurs étaient fort appréciées et souhaitées. Et ils continuent, encore de nos jours, à faire ce travail dans bien des endroits. On a donc longtemps perpétué la sélection d'aboyeurs, des chiens capables de nous signaler rapidement un danger et de faire le travail qu’on exigeait d’eux. On a sélectionné cette capacité en reproduisant les membres d’une lignée les plus aptes à devenir ce que nous attendions d’eux. Et maintenant, bien souvent, ces aboyeurs, retenus à l'origine, nous tapent sur les nerfs, car leurs aboiements ne sont plus ou si peu requis. Mais leurs gênes sont encore là, bien présents et font partie d’eux. « Oui, mais il aboie pour rien ! », direz­vous. Et bien non, c’est là une erreur : un chien n’aboie jamais pour rien. En fait, tout comportement qu’il produit a sa raison d’être, c'est­à­dire que le chien a un motif valable pour le produire, tout comme celui que nous produisons. Ne vous a­t­on jamais fait le reproche d’émettre un comportement que vous aviez ? Ne vous a­t­on jamais manifesté de l’incompréhension face aux larmes que vous versiez ou au haussement de votre ton au cours d’une discussion ? Et pourtant, au moment où vous produisiez ces comportements, vous en connaissiez la cause. Il en est de même pour nos compagnons canins. Et souvent, nous construisons nous­mêmes ces comportements qui nous déplaisent tant et ce, sans même nous en rendre compte. « Comment ? », direz­vous. De différentes manières. Souvent en focalisant notre attention sur le comportement qui nous déplait, nous le renforçons, nous le rendons encore plus fort. Par exemple, lorsque nous crions à notre chien de se taire, il y a toutes les chances qu’on renforce davantage ce comportement, car le chien croit bien souvent qu’on aboie avec lui. « Allez, mon cher humain, on va l’avoir cette satanée menace. Ensemble nous sommes forts ! » Il se peut également, qu’en ajoutant du négatif sur un évènement déjà perçu négativement par notre animal nous augmentions sa sensibilité à réagir plus activement à cet élément puisqu’il voudra l’éloigner encore davantage. Je vous suggère un autre exemple pour vous aider à mieux comprendre ce que j’avance. Celui­ci est souvent de ceux que je rencontre régulièrement en consultation. « Mon chien aboie et fonce sur les visiteurs ! » ou « Mon chien devient fou quand ça sonne à la porte, pas moyen d’arriver avant lui, il ne m’entend plus ! » ou encore « Mon chien a snappé un livreur qui venait chez moi. Quel mauvais chien ! Pourtant, il était tellement sociable quand il était chiot. Il était tellement content quand des gens venaient et maintenant c’est tout le contraire. »

Que s’est­il donc passé entre ces deux périodes ? Vous souvenez­vous du temps où votre chiot sautait sur les visiteurs et/ou aboyait et/ou pleurnichait, tellement il était content de les voir ? Vous souvenez­vous comment vous étiez mal à l’aise de ce comportement et comment vous le grondiez pour qu’il cesse d’agir ainsi ? L’avez­vous déjà disputé plus ou moins sévèrement pour qu’il cesse ces comportements ? L’avez­vous simplement retiré de là en lui empêchant l’accès à ceux qu’il avait tellement envie de voir ? L’obligiez­vous physiquement à s’asseoir, à rester tranquille, hors de portée ? L’avez­vous mis en retrait pendant que la visite était là ? Le tiriez­vous par le collier pour qu’il se calme ? Sortiez­vous le journal roulé ? Ou la tapette à mouches ? Etc. Et voilà que tout doucement, pour le chien, l’arrivée des visiteurs venait se teinter de quelque chose de négatif qui lui plaisait moins. Graduellement, les visiteurs devenaient moins plaisants à recevoir et leur arrivée suscitait un mélange trouble de positif­négatif qu’il ne savait plus comment gérer.

Les comportements dérangeants de Fido sont alors devenus un peu plus intenses parce que la situation est devenue un peu plus anxiogène; par conséquent, vos remontrances se sont ajustées, elles aussi, à la hausse. Puis la roue s’est mise à tourner. Le chien a commencé à gravir les échelons de l’incompréhension et de l’anticipation. Pour lui, la visite est devenue source de stress. Il devait donc, pour sa sécurité, les faire fuir, car ils étaient toujours accompagnés de punitions et de comportements pas du tout agréables pour lui. Dans la tête de votre chien, il ne s’est jamais dit qu’il obtenait ces punitions à cause de ses comportements. Non. Dans sa tête, il a très vite compris que... visite = punitions. Que lui reste­t­il donc à faire dans cette situation ? Manifester son angoisse face à cette visite qui vient briser sa quiétude en la faisant fuir au plus vite, car elle n’apporte rien de bon. Il fera donc tout ce qu’il peut pour les éloigner rapidement. Et il a bien remarqué le mouvement de recul que ses aboiements et grognements ont suscité. Les visiteurs s’éloignent donc un peu quand il agit ainsi. Et puisque ses humains ne comprennent pas le langage de son malaise, le chien doit donc assurer lui­même sa sécurité à sa façon canine. Et souvent, certains d'entre eux devront hausser le ton davantage pour être mieux compris, ce qui les conduira alors au snap, le dernier échelon avant la morsure. Ne prenez pas ces exemples comme des reproches, il n’en est aucunement question ici. Ceci doit plutôt être interprété comme une prise de conscience pour mieux faire la prochaine fois. Et ne vous en faites pas, j’ai moi­même fait bien des erreurs d’éducation avec les chiens qui ont partagé ma vie et il est bien certain que j’en ferai d’autres. Je suis simplement humaine et vous aussi.

Vous vous demandez certainement comment il aurait été possible de faire autrement. En éduquant votre chien avec patience et en lui montrant progressivement les comportements que vous désirez qu’il produise à ce moment. De façon graduelle, vous aurez augmenté les difficultés, jusqu’à ce qu’il soit capable de les produire de lui­même. Par exemple, vous auriez voulu qu’il s’assoie quand les gens arrivent au lieu de sauter ? Il aurait donc fallu lui montrer à le faire en accordant le niveau de difficulté avec les capacités de votre chien, tout comme nous lorsque nous apprenons quelque chose de nouveau. De la même façon qu'on apprend à un enfant à boucler ses chaussures, on divise toute la séquence en petites étapes qu’on lui enseigne graduellement. On récompense chacune des phases réussies et on n’enseigne l’étape suivante que lorsque la précédente est bien réussie. Et c’est de la même manière qu’on doit enseigner à un chien, soit avec patience, constance et compréhension en tenant compte des limites de notre animal.

Est­il trop tard pour modifier le comportement qui nous dérange et le remplacer par un qui nous apparaîtra plus acceptable ? Il est presque toujours possible de modifier un tel comportement. Si présentement vous vous retrouvez dans une situation semblable et que vous ne savez pas trop comment agir pour qu’un changement survienne dans les comportements de votre chien, n’hésitez pas à contacter un intervenant spécialisé en comportement canin travaillant selon un code d’éthique rigoureux. Vous trouverez d’ailleurs une liste de ceux­ci, par région, à l’adresse du Regroupement québécois des intervenants en éducation canine : www.rqiec.com Et surtout, ne vous sentez pas coupable. Il ne sert à rien de regarder en arrière quand toutes les possibilités se trouvent devant nous. Alors, en avant toute.

Danielle Godbout, coach en comportement canin Membre fondatrice du programme Os Secours ! Et du programme Empathie : un chemin à construire

Tout comme moi, les fidèles amis quadrupèdes présents dans mes petits récits vivent ­ ou ont vécu ­ au Mexique. En ce qui me concerne, j’y ai fait mes premiers pas au tout début des années 80 comme enseignante. Retraitée, j’y vis encore aujourd’hui. Marie Théveniot

Azimut ! C’est ainsi qu’il m’avait appelée...

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l était tellement grand, tellement fort, et moi, petite, tellement petite ! J’avais manqué perdre la vie, un jour, d’ailleurs, à cause de ma taille…

Dans le studio où nous habitions alors, comme tous les chatons de mon âge, je débordais d’imagination. Il y avait une armoire, surtout, qui me fascinait. À l’intérieur, des étagères où il rangeait ses gamelles toutes blanches, mais rondes et creuses, ou plates, ou un peu les deux à la fois. Certaines étaient tellement profondes que, remplies d’eau ou de lait, j’aurais pu m’y noyer ! Un soir, encouragée par sa présence, je décidai une nouvelle fois l’exploration périlleuse de l’étagère supérieure qui, jusqu’alors, m’avait résisté. J’avais l’espace suffisant en apparence pour prendre appui au cas où mon analyse spatiale encore un peu défaillante m’aurait fait défaut. Mais pouvais­je supposer l’instabilité de certains éléments entassés sans précaution aucune ­ j’ose le dire ­ tout là­haut ? Un bond parfait – quand même… – puis un bruit assourdissant, des gamelles qui basculent, la lumière qui s’éteint, des parois vertigineuses qui glissent sous mes pattes affolées, un tambour qui résonne dans ma poitrine, mon cri de désespoir qui se heurte à une véritable muraille et qui s’étouffe, les taches blanches de mon pelage noir effacées : l’obscurité m’avait emprisonnée, muselée, transformée… J’étais anéantie par la peur. Privée du plus petit signe de vie extérieur, je me laissais entraîner, sans espoir de retour, au plus profond de ce piège, lorsqu’une lumière éblouissante me fit fermer les yeux. Une grande main énergique souleva le bol retourné sur moi, me porta hors de l’armoire et, dans le même temps, la voix que j’aimais gronda : « Azimut ! Et si je n’avais pas été là ? » Blottie dans le creux de sa main, que m’importaient alors ses deux grands yeux noirs sévères qui me fixaient à quelques griffes de mes pupilles dilatées… Toute tremblante d’émotion, je savourais sa présence. Je le trouvai alors bien plus grand et bien plus fort encore ! De chambre d’étudiant à appartement deux pièces, de région Nord au plein Sud du pays, j’étais de tous les déménagements, de tous les emballages. Je raffolais des caisses quand elles n’étaient plus occupées que par du papier froissé et qu’elles s’entassaient (pendant un temps plus que certain) dans une pièce vide. Quand mon ami bipède rentrait le soir, je prenais souvent un malin plaisir, tapie dans l’une d’elles, à l’observer me chercher, à l’entendre m’appeler; en vain, bien sûr. Puis, lorsque lassé il s’en retournait, je jaillissais de mon repère et plantais mes petits crocs acérés dans l’arrière de ses chevilles à ma merci ! Comme je m’amusais ! Sur les chemins de la vie, j’étais comblée : sa présence à lui, un panier pour dormir, des caisses en carton pour me cacher, une salle de bain avec un robinet d’eau. Le robinet, surtout, m’émerveillait. Je pouvais passer des heures à le fixer, assise dans le lavabo; passer des heures à regarder se former lentement la petite perle d’eau. Je frémissais d’impatience en la voyant arriver à maturité. Alors qu’elle pensait se libérer enfin par sa chute, je la capturais sur son passage, mettant un terme définitif à son évasion. Hélas, les robinets qui gouttent sont éphémères puisqu’ils sont réparés… Déçue, mais non vaincue, je décidai de contourner l’obstacle en occupant de façon permanente le lavabo, attendant ainsi toutes les opportunités de voir le robinet en action.

Je pris donc l’habitude de me désaltérer directement à la source, grâce à l’eau fraiche que de temps à autre dans la journée mon ami faisait s’écouler, boudant délibérément mon bol d’eau sans saveur toujours prêt à la cuisine…

Je pouvais passer des heures à regarder se former lentement la petite perle d’eau... que je capturais sur son passage.

Je décidai d'occuper de façon permanente le lavabo.

Et... je pris l’habitude de me désaltérer directement à la source.

Azimut… « Avec h ou sans h ? » demandaient ses amis en riant ! Sa Maman, elle, me surnommait Mu­Mu… Oui… Mais, que voulez­vous ? C’est ainsi. Et puis, j’aimais ses visites. Ces jours­là, la discipline se relâchait notablement. Pour elle, j’étais la plus belle ! Mon soyeux pelage noir, rehaussé d’une tache d’un blanc éclatant sur mon poitrail, l’émerveillait. Chacune de ses visites équivalait à un festival de photos ! Ce n’était vraiment pas pour me déplaire... Car, ensuite, elle m’installait au creux de ses bras, me montraient sur l’écran des images où je me devinais; puis elle me prenait contre elle pour se diriger vers l’armoire, très froide celle­là, d’où elle retirait quelque récompense ! Je l’entendais lui, grommelant depuis le salon : « Si tu lui donnes une gâterie à chaque photo, il faudra que je la mette au régime ! » Et elle partait d’un grand éclat de rire. Elle aurait pu se fâcher aussi parfois; surtout la nuit, l’un de mes moments préférés… Lorsqu’elle s’était paisiblement endormie, fatiguée de la journée, je m’approchais en silence et préparais mon envol. Rapide comme l’éclair, j’atterrissais précisément à l’endroit où, mon museau à la hauteur de son nez, je donnais juste un petit coup de dent pour la faire sursauter. Mon forfait accompli, je m’échappais tout aussi vite, persuadée que personne ne découvrirait l’identité du coupable. Mais, au petit matin, à l’heure du petit déjeuner, son regard ne me laissait plus aucun doute : j’étais démasquée ! Comme tout cela me plaisait ! Soudain, un grand changement entra dans ma vie. Mon ami bipède s’était vu contraint de me confier – au moins momentanément ­ à sa famille, laquelle accepta de grand cœur la responsabilité éducative du turbulent chaton que j’étais. Je n’avais pas dérogé à mon principe d’attaque nocturne cette fois­là. Mais au réveil, point de regard réprobateur; une agitation inhabituelle sévissait dans l’appartement. Des valises et mon panier de transport attendaient le départ. Le voyage dura longtemps. Mon arrivée fut mémorable ! À peine entrée dans une maison inconnue et posée à terre, ma caisse fut bousculée par un énergumène aux longues pattes et au pelage somme toute assez commun. Comme il ne cessait de renifler, de japper, de tourner autour de mon pauvre refuge, une grosse voix qui me fit sursauter le rappela au calme. Et je vis, non sans appréhension, la porte de mon panier s’ouvrir. Alors, sans même avoir eu le temps de battre en retraite, je fus dans l’instant gratifiée d’un intempestif et vigoureux léchage qui me recouvrit de la pointe du museau jusqu’au bout de la queue. C’est ainsi que, engluée et réduite à une boule de poils informe, je fis la connaissance de « Tempête », le fox de la maison. Une amitié indéfectible allait cependant, dès ce jour­là et des années durant, nous unir malgré ses « débordantes » marques d’affection qui me valurent par la suite bon nombre de bains en urgence…

Dès notre première rencontre, une amitié indéfectible, entre Tempête et moi, allait nous unir pour toujours. Mon ami Tempête !

...Mes attaques perfides sur ses oreilles, lancées depuis un stratégique pot de fleurs.

Conscient de mon état de chaton encore peu autonome, mon nouvel ami s'efforça de canaliser en ma présence son énergie débordante. Si je ne m’expliquais pas pour quelle raison étrange, je m’appelais Azimut, je n’avais aucune peine à comprendre en revanche pourquoi il répondait au nom de Tempête. Mais cela, c’est une autre histoire… Pourtant, d’une tolérance évidente à mon égard, il acceptait toutes mes extravagances : mon transport, accrochée à son cou comme une médaille à un collier, en quête d’une zone de jeu où me laisser tomber; mes attaques perfides sur ses oreilles, lancées depuis un stratégique pot de fleurs; ma fuite éperdue devant les mulots : je ne me tranquillisais que perchée sur le bord d’une fenêtre, le regardant assumer courageusement le rôle de chat de la maison; mes cris de terreur démesurés lorsqu’un chat du voisinage s’introduisait dans le jardin, provoquant son intervention immédiate et énergique… Tant d’autres choses encore, au gré de tant de moments et de jours heureux !

Tempête et Azimut; Azimut et Tempête… Des années – où tout paraissait immuable – ont passé ainsi, paisibles ou presque, entre sa présence, nos jeux, les visites de mon ami bipède et les innombrables photos qui allaient garnir régulièrement les écrans des ordinateurs familiaux !!! Et pourtant… Ce matin­là, assise sur le rebord de la fenêtre de la cuisine, je regardais s’éloigner Tempête et son vétérinaire préféré, venu le chercher, tout comme à l’habitude quand il fallait une visite. Depuis deux jours, curieusement, et malgré les soins qu’il recevait, mon compagnon de jeux refusait sa pâtée, dédaignait le jardin, ne quittait plus sa corbeille. Je ne revis jamais mon ami canidé. L’absence, le silence, envahirent sa place. Au printemps dernier, seize années s’étaient écoulées depuis mon sauvetage sur la plus haute étagère d’une armoire récalcitrante; six années depuis le départ subit de Tempête. Mes déplacements étaient devenus chaque jour plus hésitants, plus douloureux; mon appétit, inexistant. L’ombre du palmier ne suffisait plus à me faire goûter les plaisirs du jardin. Nouvelle absence, nouveau silence. La marche inexorable du temps… Mes amis bipèdes eurent beaucoup de peine. Ils décidèrent alors de parcourir la liste interminable d’une multitude d’instants joyeux captés au long de ces années. Parmi tous les souvenirs, ils choisirent le reflet de deux belles histoires. Sur une étagère au salon, il y a une photo, comme un immense sourire : Dissimulé sur un pot de fleurs, un chat espiègle se prépare. Un chien, couché dans l’herbe, le surveille. Il connaît déjà le point de chute : ses oreilles…

Azimut

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Un jour, une amie m'apprend qu'elle connaît une Québécoise qui a sauvé un lion et que cet évènement a fait le tour du monde. Je n'avais jamais entendu parler de cette histoire, mais je lui ai fait part de mon grand intérêt à m'entretenir avec l'instigatrice de ce sauvetage. Peu de temps après, j'ai eu le plaisir de rencontrer Alexandra Lamontagne et de passer plusieurs heures en sa compagnie. J'ai été particulièrement charmée par sa grande gentillesse, sa générosité, sa disponibilité, sa sincérité et son humilité. Jamais au cours de nos rencontres, Alexandra n'a tenté de se valoriser en racontant le récit de cette grande aventure parce que pour elle, ce sauvetage était une affaire de cœur et non un geste dicté par la recherche de la célébrité et de la gloire ! Sans me lasser, je l'ai écoutée me détailler, avec émotion et sensibilité, le sauvetage de Serabie, « sa » belle lionne d'Afrique. L'histoire qui suit est vraiment exceptionnelle, je laisserai Alexandra vous la raconter avec toute la sincérité et la passion qui l'anime. Marie­Josée Beaudoin Rédactrice en chef ­ RPL

LA FABULEUSE HISTOIRE DU SAUVETAGE DE SERABIE

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epuis que je suis toute petite, j'aime les chiens, les chats, en fait, tous les animaux. Je tiens cette passion de mon père qui les adorait aussi. J'ai toujours aimé regarder des émissions sur les espèces animales et mon film préféré était Le roi lion. Prémonition?

Une décision qui allait changer complètement le cours de ma vie À l'aube de mes 30 ans, j'ai fortement ressenti le besoin d'accomplir quelque chose de spécial... d'utile. Ça faisait longtemps que je rêvais d'aller en Afrique pour soigner et aider les animaux. En faisant quelques recherches sur Internet, je suis tombée sur le site Enkosini Eco Experience1 qui suggérait des endroits où il était possible de faire du bénévolat dans des réserves ou des sanctuaires situés en Afrique du Sud. Le Bambelela Wildlife Care and Vervet Monkey Rehabilitation, comme son nom l'indique, est un sanctuaire qui consacre ses efforts et sa mission principalement aux soins des petits singes Vervet. Cependant, ils disaient ne jamais refuser d'animaux qui avaient besoin de soins. Justement, sur le site, on voyait des photos d'un girafon et d'un très jeune rhinocéros. J'ai conclu que ce serait l'endroit idéal pour faire la rencontre de différentes espèces animales. Je voulais apporter mon infime contribution, espérant faire une petite différence pour le mieux­être de notre planète. C'est donc dans cet état d'esprit que je me suis envolée, seule, vers l'Afrique du Sud.

Bénévolat chez les petits singes Vervet Les singes Vervet sont aussi présents là­bas que le sont nos écureuils ici. Ce sont de petits singes très intelligents. Ils observent et reproduisent ce que font les humains; par exemple, s'ils voient quelqu'un ouvrir une porte, ils sauront le faire après. Alors, ils entrent dans les maisons, ouvrent les armoires, volent et font beaucoup de dégâts. Mais le Vervet joue un rôle essentiel à l'équilibre de l'écosystème, entre autres, en se nourrissant des œufs et des larves d'insectes; il fait aussi partie intégrante de la chaîne alimentaire. Ses principaux prédateurs sont le léopard, l'aigle, le crocodile, le python et l'homme qui parfois le considère comme de la vermine. De fait, certains humains se permettent de le tirer à la carabine ou de le lapider. Il arrive aussi que des sorciers africains coupent le bras d'un singe pour préparer quelques potions. Lorsqu'un petit singe arrive au sanctuaire malade, blessé ou mutilé, il est en relation constante avec les humains qui le soignent et en prennent soin. Lorsqu'il va mieux, on le transfère dans une enceinte extérieure afin de le désensibiliser graduellement à la présence et au contact de l'homme. Après un certain temps, il est placé, durant un bon moment, dans un dernier enclos où il n'a plus aucun contact direct avec les humains. Lorsqu'il fuira l'homme et sera redevenu sauvage, il sera fin prêt à retourner dans la nature. Les singes aveugles ou mutilés n'étant plus en mesure de se défendre en nature, resteront pensionnaires à vie du sanctuaire.

Rencontre avec Serabie, ma belle lionne d'Afrique ! Dès mon arrivée, j'ai aussitôt repéré cinq lionceaux qui jouaient ensemble dans un enclos. Les gens du sanctuaire ont rapidement remarqué mon grand intérêt pour eux, alors ils m'ont dit : « Comme tu n'as pas peur et que t'as l'air d'aimer vraiment ça, voudrais­tu en prendre soin? » Comment refuser une telle offre? On m'a expliqué que je devais, en quelque sorte, me substituer à la mère. Entre autres choses, leur donner le biberon aux deux heures et, après qu'ils se soient bien sustentés, il fallait les inciter à faire leurs besoins en prenant une lingette humide et en massant doucement l'anus comme l'aurait fait la mère en léchant ses petits, etc. S'occuper d'eux demandait beaucoup de travail, mais j'étais tellement heureuse de pouvoir vivre une telle expérience.

Je ressentais en quelque sorte un lien maternel envers Serabie. Je la nourrissais, elle me suivait partout et s'endormait dans mes bras.

Les cinq lionceaux ne provenaient pas tous de la même mère. Quatre d'entre eux étaient âgés de 7 ou 8 semaines et l'autre était plus jeune, né approximativement trois semaines après les autres. Comme j'espérais en savoir plus sur leur histoire respective, j'ai commencé à poser des questions. Ils arrivent d'où, ces lionceaux? On m'a répondu que c'était un vétérinaire qui les avait trouvés. Il les a trouvés où? Ils s'en vont où après? Les réponses étaient toujours évasives. Finalement, ils m'ont dit qu'ils seraient déportés dans un zoo au Danemark. Je me disais que ces pauvres lions seraient dénaturés et enfermés à jamais dans des espaces trop étroits pour des animaux sauvages. Des réserves fauniques ou des sanctuaires, je suis entièrement d'accord, mais des zoos... Non !!! Et pourquoi ces félins étaient envoyés dans des zoos plutôt que d'être réhabilités en nature? J'essayais d'en savoir toujours plus jusqu'au moment où ils m'ont fait comprendre, sur un ton qui ne laissait aucun doute, qu'il serait vraiment préférable que j'arrête de poser des questions. J'ai eu peur, alors j'ai cessé de questionner. Les lionceaux ont été nourris au biberon durant les deux premiers mois de leur vie, ensuite ils les ont obligés à manger de la viande, mais ils n'en voulaient pas. Ils avaient faim, ils pleuraient et chignaient sans arrêt. Tout ce qu'ils désiraient c'était leur biberon rempli de lait. C'était tellement triste ! Dans la vie sauvage, les lionnes allaitent durant au moins six mois pour ensuite incorporer en alternance lait/viande au menu de leurs petits. Mais au centre Bambelela, on n’avait pas de temps à perdre avec ça. Dès l'instant où ils se nourriraient uniquement de viande, ils seraient renvoyés d'où ils venaient. À ce moment­là, je ne savais pas encore d'où ils venaient ni pourquoi ils y retournaient. Je me suis occupée d'eux jusqu'au jour où ils sont partis, vers l'âge de 3 mois et demi environ. Ce jour­là, j'ai quitté moi aussi le sanctuaire. Je ne voulais plus rester là parce que je n'avais pas aimé la façon dont ça s'était passé pour les lionceaux et le fait qu'on m'empêchait d'en savoir plus sur leur provenance et leur destination. Je ne m'entendais pas très bien avec la femme à qui appartenait le centre de réhabilitation. Je ne voulais plus leur donner mon argent même si, je dois l'admettre, en ce qui concerne les singes, ils faisaient du bon travail. Je ne suis pas revenue immédiatement chez nous. J'ai passé trois mois sur le territoire africain; deux au refuge et le dernier mois, j'ai visité l'Afrique. Quelque temps après mon retour au Québec, j'ai reçu un message d'une personne qui travaillait là­bas et qui disait : « Serabie ne s'en ira pas dans un zoo au Danemark. Les lionceaux ont été renvoyés où ils sont nés soit, à peu près à 5 kilomètres de l'endroit où tu as fait du bénévolat. » C'est à ce moment que j'ai appris que les cinq petits fauves, dont je m'étais occupée, avaient été renvoyés au Mabula Pro Safaris2 et qu'ils étaient destinés à la chasse en enclos (Canned Hunting). Les propriétaires du Mabula Pro Safaris avaient conclu un accord avec le sanctuaire Bambelela pour accueillir les lionceaux. Cette entente permettait au sanctuaire d'amasser plus d'argent et ce, sans avoir à s'occuper des bébés qui seraient pris en charge par des bénévoles trop heureux de côtoyer des lions de si près.

Planification du sauvetage de Serabie et d'un documentaire sur la chasse en enclos Je ne savais pas ce qu'était la chasse en enclos. J'ai fait des recherches et j'ai vu des images horribles de cette pratique cruelle et barbare. Je ne pouvais pas croire que j'avais payé un bon montant d'argent pour aller faire du bénévolat dans le but de sauver des animaux, puis que, sans le savoir, je nourrissais des lions destinés à être tués par des chasseurs. Je m'étais beaucoup attachée aux lionceaux dont je me m'étais occupée durant deux mois, mais principalement à la plus jeune, la belle Serabie. Ça pourra sembler stupide pour certains, mais je ressentais en quelque sorte un lien maternel envers Serabie. Je la nourrissais, elle me suivait partout et s'endormait dans mes bras. Alors, quand j'ai appris ce qui l'attendait, ma première réaction était de la sauver : Et si je l'achetais? Alors là, j'aide l'entreprise à se mettre de l'argent dans les poches. Mais je ne peux pas ne rien faire non plus. Et, si je l'achetais quand même, je ferais quoi ensuite... Les idées tournaient à toute vitesse dans ma tête.

C'est après être revenue chez moi que j'ai appris que les petits fauves avaient été renvoyés au Mabula Pro Safaris et qu'ils étaient destinés à la chasse en enclos.

La chasse en enclos était moins connue à l'époque; c'était avant la triste histoire de Cecil. Alors, il fallait informer les gens sur ce qui se passait là­bas. C'est ainsi que l'idée du documentaire m'est venue, en incorporant le sauvetage de Serabie dans le film­réalité parce que j'étais bien déterminée à la sauver. Ce projet exigeait une bonne préparation et beaucoup d'argent. Donc, j'ai créé la page Facebook « Saving Serabie », en anglais, afin de rejoindre le plus de gens possible partout sur la planète. J'y racontais ma rencontre avec Serabie et tout ce que j'avais appris sur le sort réservé à plusieurs animaux d'Afrique en précisant mon projet de la sauver et de produire un documentaire dénonçant la cruauté de la chasse en enclos. Une vidéo fut également diffusée sur Youtube dans le but d'amasser les fonds nécessaires pour réaliser ce projet. Les gens ont répondu à l'appel et lorsque le montant visé fut atteint, j'ai contacté l'endroit où était détenue Serabie, pour leur dire que je voulais acheter la petite lionne. Au début, ils ont refusé de me la vendre. J'ai insisté en leur écrivant sans relâche, mais ils ne voulaient rien savoir. En désespoir de cause, je leur ai dit : Vous ne savez pas qui je suis, tentant de leur faire croire que j'étais une personne très connue, ce que je n'étais pas, il va sans dire. J'ai ajouté : Si jamais vous ne me la vendez pas, je vais dire ce que vous faites et je vais ameuter les médias, etc. Parfois je me disais : Je me prends pour qui, moi là? Je me prenais tout simplement pour une personne qui mettait tout son cœur à vouloir sauver un animal aimé d'une éventuelle mort violente. Je n'ai pas lâché le morceau jusqu'à ce qu'ils m'écrivent pour me dire : « Arrête là !... Calme­toi ! », consentant enfin à me la céder pour un montant payé en argent US. Nous avons conclu l'entente. M'ont­ils crue lorsque je les menaçais ou voulaient­ils tout simplement que je leur fiche la paix? Je ne sais pas, mais l'important c'est le résultat ! Aujourd'hui, je suis consciente que j'y suis allée un peu fort pour arriver à mes fins, ignorant totalement à qui je me mesurais. D'ailleurs, quand j'ai raconté ça aux personnes qui sont venues m'aider en Afrique, ils m'ont dit : « T'aurais jamais dû faire ça. Ces gens­là sont très riches et très puissants. T'aurais pu avoir de sérieux problèmes ! »

Le sauvetage de Serabie Première étape, il fallait maintenant distinguer laquelle des lionnes était réellement Serabie. J'ai contacté des spécialistes africains qui m'ont appris qu'il est possible d'identifier un lion en dénombrant les points noirs qui marquent leur peau à la base des poils de leurs moustaches. Heureusement, j'avais beaucoup photographié Serabie et ces clichés permettaient de bien voir ses babines et ses moustaches. En visionnant les photos, ils m'ont dit que son empreinte se démarquait par un petit triangle. Selon eux, il serait assez facile de l'identifier parmi les autres lions avec qui elle vivait dans son enclos. Ils se sont rendus sur place, puis ont pris des photos qu'ils m'ont envoyées. On voyait très bien l'empreinte du côté droit de sa babine. Je savais que c'était bien elle. Deuxième étape, je devais m'assurer de trouver un endroit sécuritaire où Serabie pourrait vivre dans un milieu s'apparentant à l'environnement qu'elle retrouverait en nature sauvage. J'ai contacté le zoologiste sud­africain Kevin Richardson3 qui m'a dit : « Je ne peux pas la prendre parce qu'on ne peut pas intégrer un nouveau lion dans un groupe déjà établi depuis longtemps. Dès qu'elle va arriver, les lions vont la tuer. Par contre, je vais te mettre en contact avec Drew Abrahamson4, qui vit ici en Afrique. Elle pourra t'aider. » Drew m'a fait connaître le Emoya Big Cat Sanctuary5 et ses propriétaires, Minounette et sa fille Savanah Heuser qui ont accepté de prendre Serabie.

Troisième étape, retour en Afrique du Sud, six mois après mon premier séjour, mais cette fois­ci pour sauver Serabie. Je devais maintenant faire face aux propriétaires du Mabula Pro Safaris. Après les courriels que je leur avais envoyés, j'avoue que je me sentais un peu moins brave une fois sur place. Cependant, je n'étais pas seule, nous étions six personnes; il y avait Yannick Chauvin6, les deux propriétaires du sanctuaire Emoya Big Cat, Drew Abrahamson, le vétérinaire et moi­même. Nous nous déplacions à bord de trois jeeps. Une fois arrivée sur les lieux, j'ai aperçu trois enclos; le premier hébergeait des lionceaux âgés entre 3 et 6 mois environ; dans le deuxième, il y avait deux tigres et des lions âgés entre 8 et 13 mois; plus loin, j'apercevais des lions plus âgés qui devaient probablement avoir atteint l'âge de se retrouver dans la mire des chasseurs. J'avais peur, mon cœur battait très fort. J'étais inquiète, mais déterminée. C'est la femme du propriétaire qui nous a reçues; elle nous a demandé de l'attendre, puis elle est partie. Les gens de Mabula Pro Safaris m'avaient prévenue de ne pas prendre d'images sur le site sinon le marché serait annulé. Nous n'avons pas utilisé nos caméras, mais en l'absence de la femme, j'ai dit à mes compagnons : Prenez vos iPhone et on filme tout ce qu'on peut. Dans mon documentaire, on voit des images dont la qualité est moins bonne : elles ont été prises avec le crayon­caméra que j'avais attaché à mon pantalon. Dès son retour, la sonnerie de son cellulaire a retenti. Elle a pris l'appel et a raccroché rapidement. Elle nous a dit : « C'est mon mari. » À cet instant, j'ai eu vraiment peur. « Il veut que tous les cellulaires soient dans vos poches sinon on ne vous donne pas la lionne. » C'est alors que nous avons remarqué les caméras installées dans les arbres. Nous n'avons jamais vu son mari, mais nous avions la conviction qu'il était sur place et qu'il nous surveillait. Il devait se trouver dans l'une des bâtisses qu'on apercevait sur le site. On a fait ce qu'ils nous ont demandé sinon ils auraient pu nous obliger à quitter leurs terres sans qu'on puisse faire quoi que ce soit contre ça. Je ne voyais pas les lionnes qui ne servaient qu'à la reproduction. Elles devaient se trouver dans les bâtiments que l'on voyait plus loin. J'avais le goût de courir jusqu'aux portes, d'entrer et de les libérer, mais je n'aurais même pas eu le temps de toucher la poignée qu'on m'aurait interceptée. En Afrique du Sud, tu as le droit de défendre ta propriété. Alors, avec les gars armés aperçus sur place, on était moins porté à jouer les intrépides ! Et puis, même si j'avais pu les libérer, ces lionnes ne seraient pas allées bien loin. Elles comptent uniquement sur l'homme pour se nourrir. Nous devions maintenant préparer Serabie pour son départ. Elle et ses congénères avaient très peur des humains parce que lorsqu'ils devaient entrer dans l'enclos, ils frappaient brutalement les lions avec des tubes en plastique pour les éloigner. C'était intolérable à voir ! J'ai demandé au vétérinaire de la tirer immédiatement avec des fléchettes de tranquillisants pour qu'on puisse partir de là rapidement. Une fois que Serabie fut sous sédation et hors de l'enclos, nous avons recouvert sa tête d’une serviette afin d'éviter qu'elle ait de la poussière dans les yeux (les yeux d'un lion restent ouverts sous sédation). J'ai payé la femme, en argent US, nous avons transporté Serabie dans la jeep et nous sommes partis. Cette rencontre s'est déroulée en l'espace de 45 minutes environ. Quand on a passé les portes de leur territoire, j'ai ressenti un énorme soulagement. J'ai pris sa grosse patte dans ma main. Il y a quelques mois seulement, Serabie était si petite et aujourd'hui, elle devait peser environ 80 kg. Nous avions une longue route à parcourir jusqu'au sanctuaire Emoya Big Cat. Serabie était couchée à mes côtés sur le banc. Voyager dans une jeep durant trois heures, assise auprès d'un lion endormi, quel moment inoubliable ! Mais soudainement, durant le trajet, Serabie a eu un sursaut. J'ai vu ses pattes se contracter et ses griffes sortir de leurs fourreaux. Les griffes d'un lion sont des armes redoutables, un seul coup de patte aurait pu m'arracher le visage. Mon cœur battait à tout rompre. Le vétérinaire s'est empressé de lui injecter une nouvelle dose de tranquillisant. Tout se passa bien le reste du voyage.

On m'avait recommandé de ne pas rester dans l'enclos, mais je ne voulais pas la laisser seule.

Une fois arrivés au sanctuaire, on s'est empressés de la sortir de la jeep pour l'amener dans son enclos, à l'ombre des arbres. Tout le monde est parti sauf moi. On m'avait recommandé de ne pas rester dans l'enclos, mais je ne voulais pas la laisser seule. Je sais, ça peut sembler incohérent que j'aie pris la décision de rester à ses côtés alors qu'elle se réveillait, après avoir dit avoir eu très peur lorsqu'elle avait bougé dans la jeep, mais il faut dire que l'espace dans l'enclos était moins restreint que dans la jeep. Et puis, les émotions que je ressentais face à tout ce que je venais de vivre m'empêchaient de bien analyser la situation. Je n'étais plus consciente du danger, seuls mon amour et mon empathie envers elle l'emportaient. Lorsqu'elle s'est réveillée, elle était confuse et étourdie. Elle essayait de se lever, mais elle retombait. Il faisait 35 degrés sous un soleil de plomb. Elle avait soif. Je lui ai approché son bol d'eau. Je me suis tenue à environ un mètre de distance durant un certain temps et, au fur et à mesure qu'elle reprenait des forces, je reculais par mesure de prudence. Je suis restée avec elle environ une demi­heure et lorsque j'ai constaté qu'elle se tenait plus solidement sur ses pattes et qu'elle allait commencer à marcher, je n'ai pas trainé, je suis sortie de l'enclos.

Serabie était très agressive envers les humains parce que ceux qu'elle avait croisés depuis les six derniers mois étaient violents et brutaux. Lorsque j'étais seule avec elle dans l'enclos, elle ne s'est pas montrée méchante à mon égard et n'a pas émis le moindre son agressif envers moi comme elle l'avait fait avec les autres humains. Peut­être que mon odeur lui rappelait un vague souvenir rattaché à quelque chose d'heureux. Je percevais tout de même de la peur dans ses yeux; les émotions devaient se contredire dans sa tête. Même si pour elle l'homme est un être à éviter, elle avait peut­être souvenance d'un temps où un humain l'avait beaucoup aimée. J'ai eu l'impression qu'elle m'avait reconnue, mais tout ça n'est peut­être que le fruit de mon imagination. Serabie, âgée 9 mois, lors de son sauvetage.

Une fois à l'extérieur de l'enclos, j'ai observé ma belle lionne dans son nouvel habitat. Elle faisait tellement pitié, toute seule et désemparée. Je n'arrêtais pas de me répéter : Mais qu'est­ce que j'ai fait? Je l'ai séparée de son clan. Pourtant, j'étais convaincue que je venais de faire quelque chose de bien. J'étais heureuse d'avoir sauvé Serabie, mais je repensais à ceux qui vivaient avec elle depuis six mois. Ils étaient comme sa famille. Je repensais aux quatre autres petits que j'aimais aussi et que je n'ai pas pu sauver. Je me sentais tellement triste face à eux et à tous les autres que j'avais vus et qui seront mis à mort éventuellement. C'est comme si je portais sur mes épaules le sort funeste de tous les lions que j'avais vus là­bas. C'était une journée forte en émotions : la peur, la colère, la culpabilité, le chagrin, etc. Tout ça m'a fortement ébranlée jusqu'à déclencher une crise d'anxiété. Je me suis assise à terre et je me suis mise à pleurer. Et j'ai pleuré très longtemps sans pouvoir m'arrêter ! Mon retour à la maison fut assez difficile jusqu'au jour où j'ai reçu les premières vidéos démontrant l'adaptation graduelle de Serabie dans sa nouvelle vie. On ne pouvait pas l'intégrer immédiatement dans un autre groupe de lions; cependant, un simple grillage la séparait des trois autres. Ils pouvaient donc se flairer et prendre le temps de s'apprivoiser. Un peu plus tard, Chanel est arrivée pour rejoindre Serabie. Elles ont vécu ensemble durant six mois. Puis les mâles se sont approchés et ont léché les femelles à travers le grillage ce qui démontrait qu'ils étaient prêts à vivre ensemble. Raka et Tau, deux mâles castrés, ont donc rejoint les deux femelles. C'était tellement beau à voir ! J'en ai pleuré de joie ! Je regarde, sur la page Facebook d'Emoya Big Cat, les vidéos et les photos de Serabie, en compagnie de ses trois comparses, et je sais que c'était ce qu'il y avait de mieux à faire pour elle. Emoya Big Cat Sanctuary est un parc naturel, un endroit merveilleux où les grands félins peuvent couler des jours heureux dans un environnement se rapprochant de leur milieu sauvage. L'espace est entièrement clôturé pour que les lions vivent en toute sécurité loin des chasseurs et des braconniers. Ils peuvent tout de même parcourir de grands espaces parce que le sanctuaire s'étend sur plusieurs hectares. Comme les lions ne savent pas chasser, on doit les nourrir. La nourriture est lancée par dessus la clôture, c'est la seule interaction qu'ils auront avec les humains. Les lions vivent en groupes, mais ils ne pourront jamais se reproduire. C'était d'ailleurs l'une de mes exigences; je voulais trouver un endroit qui m'assurerait que Serabie n'aurait jamais de petits en captivité. Serabie a maintenant son propre clan7 et je suis convaincue qu'elle est vraiment heureuse. Ce sauvetage a demandé beaucoup de préparation, de l'audace et de la détermination, mais ça valait le coup. Je ne regrette rien, même si j'ai dû faire face à quelques embûches et à certains désagréments dont, entre autres, une chose qui m'a beaucoup affectée. Lorsque j'ai lancé un appel à tous pour obtenir de l'aide financière afin de sauver Serabie et pour la production du documentaire, certaines personnes ont cru que je comptais acheter la lionne pour la ramener au Canada ou que j'allais garder l'argent qu'on m'enverrait. J'ai reçu des messages haineux et accusateurs. Même s'ils étaient minimes en comparaison du nombre incroyable de messages d'encouragement, c'est très dérangeant de découvrir que des gens pensent du mal de nous quand on est vraiment sincère. Et l'autre chose, celle­là plus difficile encore, a été de ne pas avoir pu sauver les quatre autres lionceaux dont je m'étais occupée. Ils seront bientôt en âge d'être offerts aux chasseurs et juste à y penser, ça me brise le cœur !

La chasse en enclos Le Mabula Pro Safaris n'est pas le seul groupe qui offre l'opportunité à des chasseurs de tuer des fauves et plusieurs autres animaux sauvages dont certains font partie de la trop longue liste des espèces menacées. Mais je parlerai de celui­ ci parce que c'est avec lui que j'ai eu affaire pour sauver Serabie. La femme que j'ai rencontrée, lorsque que je suis retournée là­bas pour sauver ma belle lionne, était toute fière de m'apprendre qu'ils faisaient aussi l'élevage de léopards pour la chasse en enclos. Le léopard fait partie de ceux qu'on appelle les « Big Five8 ». Ceux­ci sont particulièrement primés par les chasseurs.

Je parlerai principalement des lions parce que mes recherches sont basées sur cette espèce. Leur façon de procéder est assurément la même pour tous. On enferme des fauves en groupe dans un petit enclos jusqu'à ce que les femelles atteignent l'âge de 4 ans environ et que la crinière des mâles arrive à sa taille maximale vers l'âge de 5 ou 6 ans. Ensuite, ils sont libérés dans des enclos de chasse pour que des gens richissimes puissent les tuer à l'arbalète ou à la carabine. J'ai vu une vidéo sur Youtube, où l'on voit une lionne qui court après le camion des chasseurs. Un type pointe sa carabine sur le fauve et crie : « I can't shoot her. She's too close. » Cette lionne ne savait pas chasser parce que sa mère n'a jamais pu lui montrer comment faire. Même si elle avait essayé d'attraper une proie, elle n'y serait probablement pas arrivée. Élevés et nourris par l'homme, ces fauves considèrent l'humain comme un pourvoyeur. Alors, dès qu'elle a entendu le bruit du camion, elle s'est dirigée rapidement vers le véhicule espérant obtenir de la nourriture. Et on connaît la suite. Si un jour vous voyez une peau de lion étalée sur le sol, vous saurez que le chasseur n'a pas passé trois jours à se camoufler derrière un buisson, à suer de peur, en surveillant l'arrivée du fauve. Ce fut plus simple que ça. Il a payé un gros montant d'argent pour faire un petit tour dans une jeep et lorsque le lion s'est pointé, il a tiré. Quel courage ! La tête du fauve sera probablement accrochée sur son mur des horreurs pour montrer à quel point ce chasseur est intrépide et fantastique… Plusieurs femmes semblent aussi prendre plaisir à pratiquer la chasse en enclos. Les propriétaires de la chasse en enclos font une fortune avec ce commerce, chaque fois qu'un chasseur tue l'un de leurs lions, ils empochent 50 000 $, et 120 000 $ pour un lion blanc. Plusieurs lions sont tués régulièrement. Alors, il faut en produire beaucoup. Certaines lionnes ne serviront, tout au long de leur vie, qu'à la reproduction. Dans la nature, lorsque la portée survit, la lionne ne démontre aucun intérêt pour le mâle avant l’indépendance de ses lionceaux, c’est à dire pas avant 18 mois. Les choses se passent autrement en ce qui concerne l'élevage des fauves destinés à la chasse en enclos. Lorsqu'une lionne met bas d'une première portée, on lui laisse ses bébés durant trois mois et ensuite on les lui enlève; même chose pour la seconde portée. Mais après, la lionne sait qu'on lui enlèvera ses petits, alors elle tentera de les tuer avant que les humains ne les prennent. Par conséquent, ils lui seront retirés encore plus tôt. La lionne sera inséminée ainsi tous les six mois durant toute sa vie. Lorsqu'elle aura été suffisamment exploitée jusqu'à ne plus pouvoir mettre bas, ils s'en débarrasseront, soit en l'abattant, où en l'offrant à des chasseurs à petit prix pour 2 000 $ ou 3 000 $. La grande majorité des lions nés à cet endroit seront destinés à la chasse en enclos et les autres seront vendus dans des zoos ou des cirques. Dans ces parcs de chasse, on peut aussi tirer sur une girafe en survolant le terrain en hélicoptère, ce qui est relativement facile parce qu'une girafe peut mesurer jusqu'à 4 à 6 mètres de hauteur. Quand l'hélicoptère passe au­dessus d'elle, elle a très peur, mais elle aura beau tenter de s'enfuir, elle n'aura aucune chance de s'en sortir. Voilà, le sinistre destin qui attend tous ces animaux. L'homme est sans conteste le plus cruel de tous les animaux.

Le documentaire Après avoir pris connaissance de tous ces faits et après avoir visionné des images horribles d'animaux tués par des chasseurs, je tenais à faire connaître l'existence de la chasse en enclos pour que cesse cette pratique cruelle. Je tenais aussi à sensibiliser les gens au respect de la vie animale et à l'importance de la protection des espèces. Je n'avais aucune expérience dans ce domaine, mais je me suis entourée de gens extraordinaires dont, entre autres, l'activiste Chris Mercer, un homme pour qui j'ai beaucoup de respect et d'admiration. En octobre 2015, je me suis rendue au Wildlife Conservation Film Festival9 à New York. J'ai reçu le prix Wildlife Activism Documentary Award du meilleur documentaire pour mon film Saving Serabie. Être invitée à un tel évènement fut pour moi un grand honneur. Je n'ai pas fait ce documentaire dans le but de recevoir un prix, mais je dois avouer que j'en suis très fière. Le film est disponible pour visionnement en location (3,18 $) ou à l'achat (6,30 $) sur la plate­forme Wildlife Conservation Channel10. L'argent amassé servira à produire un second documentaire et si le montant accumulé n'est pas assez élevé, je compte remettre l’argent à une fondation venant en aide aux animaux. J'aimerais que mon prochain documentaire porte sur les éléphants, l'une des espèces animales la plus abusée et maltraitée par l'homme. On n'a qu'à penser aux éléphants utilisés pour distraire les touristes en voyage. L'animal est battu et maltraité jusqu'à ce que, selon les dresseurs, l'esprit de l'éléphant soit brisé et qu'il se soumette entièrement à l'homme. On ne doit pas encourager ce commerce, c'est ainsi que nous pourrons stopper de tels abus.

Un documentaire pourrait aussi porter sur les animaux élevés pour la consommation. On accuse certaines populations d'être barbares envers les animaux, mais ne nous fermons pas les yeux. Notre méthode d'abattage des chevaux, des vaches et de leurs petits veaux ou des porcs n'est pas plus humaine ici. Comme l'a déclaré Paul McCartney : « Si les abattoirs avaient des fenêtres, tout le monde serait végétarien. »

Plus nous en parlerons et plus nous aurons une chance de les sauver Alors, après avoir présenté ce documentaire, j'ai reçu des centaines de messages provenant de la Chine, de l'Australie, de partout dans le monde. Des gens que je ne connaissais pas et qui ont pris le temps de m'écrire pour me remercier d'avoir sauvé Serabie et d'avoir fait ce film. La plupart d'entre eux ne savait pas que cette pratique cruelle et barbare existait. Plusieurs personnes m'ont contactée et le font encore pour me demander de les aider à sauver un animal. Je leur réponds que ça ne donne rien d'en sauver un sans en parler. Et pour en parler, ça demande de la préparation, du travail, du temps et beaucoup d'argent. On aimerait sauver tous les animaux destinés à la chasse en enclos ou ceux qui sont maltraités, mais malheureusement ce n'est pas possible. Ça demanderait beaucoup d'argent et la production d'animaux ne s'arrêtera pas pour autant. On ne ferait qu'augmenter leur pouvoir. C'est le même principe en ce qui concerne les usines à chiots et à chatons : il ne faut pas encourager ces commerces. Sensibiliser, éduquer et DÉNONCER, c'est vraiment ce qui fera la différence !

L'histoire du lion Cecil a ouvert les yeux et relancé l'intérêt du public Pour Cecil, le lion à la crinière noire, c'était carrément un meurtre prémédité. Cecil vivait dans un parc protégé et des guides l'ont attiré hors de la réserve pour que le chasseur qui l'a abattu le fasse en toute impunité. Cependant, l'affaire s'est sue et les médias se sont emparés de la nouvelle qui a fait le tour du monde. Le chasseur a dû se cacher durant un certain temps, car les gens voulaient lui faire un mauvais parti. Lorsque Cecil a été abattu, plusieurs journalistes m'ont contactée pour m'interviewer et connaître mon opinion sur ce geste inhumain. On avait dû conserver mon nom dans les banques de données de références. La CBS m'a rejointe; plusieurs autres grands réseaux européens, australiens, américains et québécois également. Ça me faisait plaisir de leur parler parce que c'est en informant et en éduquant qu'on peut faire changer les choses.

Implications pour la sauvegarde des animaux en Afrique Plusieurs personnes consacrent leur vie entière à la sauvegarde des animaux d'Afrique dont Chris Mercer et Bev Pervan11, tous deux fondateurs de Campaign Against Canned Hunting (CACH)12. Entourés d'une équipe de personnes dévouées à la cause animale, ils s'investissent dans le but de conscientiser les autorités gouvernementales au respect de la vie sauvage. Ils s'impliquent activement afin que soit interdite la reproduction des lions vivant en captivité et pour le bannissement de la chasse en enclos qui sévit en Afrique du Sud. Graduellement, les choses changent. Certaines lignes aériennes, telle que West Jet pour ne nommer que celle­là, refusent de transporter les espèces ou les restes d'espèces en voie de disparition. Petit à petit, les gens seront mieux informés et se regrouperont pour empêcher que les animaux ne soient abusés par l'homme. On n'a qu'à voir ce qui se passe aux États­Unis avec les éléphants dans les cirques. La pression de la population a fait en sorte que de vieilles institutions, comme le Ringling Bros. Barnum & Bailey Circus par exemple, ont été refusées dans plusieurs états américains et ce, tant et aussi longtemps que les éléphants font partie de leurs spectacles. Exploiter les animaux peut être un commerce très lucratif et les personnes qui le font ne lâcheront pas le morceau tant qu'ils pourront en tirer profit ! Ne leur laissons pas le droit de poser des actes cruels sur des êtres sensibles !

Mes projets futurs J'aimerais refaire du bénévolat auprès des animaux et ça pourrait tout aussi bien être auprès des animaux domestiques. Ça me dérange de voir à quel point le taux d'abandon est élevé. Mon chat Flocon est un petit félin qui a été trouvé errant dans les rues. Personne ne voulait de lui parce qu'il a contracté le F.I.V.13, il a un souffle au cœur et la queue cassée. Mais moi, je l'aime, mon beau chat, et il va rester avec moi jusqu'à la fin de ses jours. Comme l'a dit Antoine de Saint­Exupéry : « Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. » Si tout le monde s'impliquait avec cœur dans une cause, peu importe laquelle, on arrêterait d'être centré sur soi­même et la planète ne s'en porterait que mieux.

Mon beau Flocon !

Bien choisir son endroit où faire du bénévolat en Afrique Si tout comme moi, vous rêvez de faire du bénévolat en Afrique, je vous recommande de prendre le temps de bien choisir l'endroit où vous irez. J'ai été mal informée sur plusieurs points par Enkosini Eco Experience. Même si on m'avait assurée qu'on pourrait me servir un menu végétarien, une fois sur place, ce n'était plus pareil. De plus, ce n'était pas très propre. On retrouvait des coquerelles partout, dans les assiettes comme dans les lits. Afin d'éviter les mauvaises surprises, je vous recommanderais de visiter le site Tripadvisor­Afrique du Sud14 pour obtenir des informations sur les endroits que les voyageurs ont apprécié. Il est aussi possible de faire du bénévolat à Emoya Big Cat Sanctuary, l'endroit où vit Serabie. http://emoya.org.za/volunteer/ Bande annonce du documentaire ­ Saving Serabie : https://www.youtube.com/watch?v=sRc2geIOp60 Page Facebook Saving Serabie : https://www.facebook.com/SavingSerabie/?fref=ts Pour voir des photos récentes et prendre des nouvelles de Serabie : https://www.facebook.com/EmoyaBigCats/?fref=ts Article de National Geographic sur le sauvetage de Serabie : http://voices.nationalgeographic.com/2015/07/23/saving­serabie­how­a­volunteer­rescued­her­lion­from­canned­hunting/

Ce que je retire de cette expérience Ce fut une expérience difficile, mais vraiment enrichissante. J'ai beaucoup appris sur moi­même. Je ne me croyais pas aussi forte. Je suis une personne qui souffre d'anxiété, alors je ne pensais jamais pouvoir accomplir quelque chose comme ça. Mais j'ai foncé par amour pour un être vivant dont j'avais pris soin lorsqu'il était petit et sans défense. Je tenais aussi à m'impliquer activement afin d'informer et de dénoncer dans le but de sauver la vie d'autres animaux. Finalement, je retire une joie immense d'avoir pu trouver un endroit magnifique où Serabie pourra dorénavant vivre en toute sécurité. Serabie est aujourd'hui âgée de trois ans et demi environ. Elle s'est refait une famille avec qui elle partage son existence. Cette aventure est l'un des plus beaux accomplissements de ma vie.

[Propos recueillis par Marie­Josée Beaudoin] Alexandra, Tu as raison d'être très fière de ce que tu as accompli. J'ai beaucoup d'admiration pour ce que tu as fait. Félicitations et surtout, ne change pas. Reste toujours cette belle personne authentique, courageuse et sensible à toutes les formes de souffrance, qu'elle soit humaine ou animale. Quant à Serabie, elle est le symbole de l'espérance d'une vie meilleure pour tous les animaux exploités par l'homme. M.J. Beaudoin http://www.enkosini.org/ 2

http://www.mabulaprosafaris.co.za/

3

Zoologiste sud­africain né le 8 octobre 1974. http://www.lionwhisperer.co.za/

4

Drew Abrahamson s'implique activement pour la préservation des grands fauves d'Afrique. https://www.facebook.com/drew.abrahamson.3

5

http://emoya.org.za/

6

Photographe et vidéaste ­ http://yanikchauvin.com/about­yanik/

7

The Bahati Pride http://emoya.org.za/the­bahati­pride/

8

Les cinq animaux en question sont des animaux d'Afrique : le lion, le léopard, l'éléphant, le rhinocéros noir et le buffle.

9

The Wildlife Conservation Film Festival (WCFF) est une organisation qui regroupe des défenseurs et conservationnistes de la faune et de la flore, des cinéastes, des photographes, des scientifiques et des gens qui, de partout sur la planète, travaillent à la préservation et à la biodiversité.

10

http://wildlifeconservationchannel.com/watch­now­3/

11

Bev Pervan, cofondatrice de CACH, est décédée le 30 avril 2016.

12

http://www.cannedlion.org/about.html

13

Le syndrome d'immunodéficience acquise qui rend le chat vulnérable aux infections, l'équivalent du SIDA chez l'homme.

14

https://fr.tripadvisor.ca/Tourism­g293740­South_Africa­Vacations.html

Références : http://www.les­felins.com/grands­felins/lions/

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ANIMAL Steve Bloom

S

teve Bloom est un photographe, né en Afrique du Sud en 1953. Durant les années 1970, il s'établit à Londres où il fonda et dirigea un studio de postproduction qui collaborait avec des agences de publicité. Un voyage en Afrique réveillât sa passion créatrice endormie et c'est à ce moment qu'il s'aventure dans le monde de la photographie animalière. Depuis, il est l'auteur de plusieurs albums sur la faune dont Animal, un ouvrage incontournable pour tous les amateurs de photographies animalières. Cette nouvelle édition présente 200 photographies magnifiques imprimées sur un papier glacé de belle qualité. Les chapitres sont classés selon l'endroit où les photos ont été prises. De l'Afrique jusqu'aux Amériques en passant par l'Antarctique, l'artiste fait une courte description de l'endroit et de la faune qu'il a immortalisée. L'album est entièrement consacré à la photographie. On y retrouve très peu de textes. Dans son Introduction, Bloom nous parle de l'inquiétante et rapide détérioration de notre planète due, en grande partie, à l'indifférence dont fait preuve l'humain à l'égard de la Terre et de ses ressources. S'ajoute à cela un article intitulé Capter la lumière où Bloom définit ses expériences photographiques et la section intitulée Légendes, décrivant par un très court texte chacune des photos publiées. « Les photos présentées dans ce livre, nous dit Bloom, sont une réponse à l'idée largement répandue que nous, les humains, sommes au centre du monde.[...] L'aptitude à saisir la portée de nos actes est une force précieuse. [De ce fait...] La préservation des sociétés animales est essentielle pour l'équilibre de notre planète, voire pour sa survie. Chacun a sa propre place dans le monde, son propre rôle à jouer au sein de l'écosystème. » Et il ajoute : « À travers mon objectif, j'ai appris beaucoup de choses sur la nature des animaux. Même si les groupes d'animaux présentent des caractéristiques comportementales communes, chacun [dans un groupe] présente une personnalité unique. » L'album est composé de photos pleine page, dont plusieurs images pliées qui, une fois déployées, offrent une photo rectangulaire d'une dimension équivalente à quatre pages du livre. Cet ouvrage est une bible illustrée d'images émouvantes et belles à couper le souffle où la majesté et le mouvement de l'animal sont des moments grandioses figés à jamais en périodes diurne ou nocturne. « Une étincelle dans le regard d'un être, nous dit Bloom, peut nous toucher là où un écrit nous laisserait indifférents, et le rôle de l'artiste consiste à le capter. » C'est exactement ce que j'ai ressenti en regardant la photo d'un gorille de montagne. J'ai été touché par la douceur et l'intelligence qui se dégagent de son regard, reflétant assurément le miroir de son âme. Steve Bloom maitrise entièrement son art, c'est un fait incontestable. C'est pourquoi je recommande cet ouvrage à tous les amateurs de photographies animalières ainsi qu'à tous les amoureux de la faune sauvage.

Disponible aux Éditions de La Martinière (2008), 424 pages. 32,95 $ ­ 24 €

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JOURNAL INTIME D'UN CHAT ACARIÂTRE Frédéric Pouhier et Susie Jouffa Maintenant sur une note plus légère, je vous invite à découvrir le quotidien d'un chat très déluré, mais quelque peu caractériel, il faut l'avouer. En fait, il vous est désormais possible d'accéder aux réflexions les plus intimes d'un petit félin en passant 400 jours dans la vie de ce chat on ne peut plus cynique ! Je lui laisse le soin de se présenter. Je me présente, mon nom est Edgar, je suis un petit chat de 6 mois, vif, intelligent, beau, facile à vivre et modeste. Après avoir bourlingué de foyer en foyer, je viens d'être recueilli par une famille tout à fait détestable. Je ne connais pas leur nom, appelons­les la famille Crétin, ça leur va à merveille. Que vous dire de mes nouveaux geôliers? La famille Crétin est composée d'un couple d'une banalité affligeante, Marc et Séverine, de deux enfants, Rodolphe, 5 ans, un petit blond aussi mignon que bête, et Léa, une adolescente de 14 ans s'intéressant plus aux matous qu'aux études, et enfin, de Patapouf, un chien amorphe de race indéterminée. C'est ma nouvelle vie que je vais vous raconter, chaque jour, dans mon journal intime. Signé : Un petit chat acariâtre. Voici quelques extraits de son journal que je qualifierais d'aussi éducatif que divertissant. 7 juin, 5ème jour de captivité Ce matin, action coup­de­poing ! J'ai décapité une souris et j'ai apporté son corps sur le lit des parents Crétin. Cette action est certes barbare, mais nécessaire pour faire comprendre à mes geôliers de quoi je suis capable ! La mission a lamentablement échoué. Au lieu d'inspirer de la terreur au couple, ils se sont extasiés bêtement et se sont répandus en louanges : « Mais quel bon chat, quel bon chasseur ! » J'ai bien peur de devoir monter d'un cran en violence... 27 novembre, 178ème jour de captivité Quand je m'ennuie, je mange. Quand je suis heureux, je mange. Quand je suis triste, je mange. Mais qu'on ne vienne pas me dire que je suis gourmand, ça va m'énerver, et quand je suis énervé, je mange. 26 mars, 298ème jour de captivité Si je devais résumer ma philosophie de vie en une phrase, ce serait : « Un esprit sain dans un coussin. » Comme vous pouvez le constater à la lecture de ces extraits, Edgar est un chat tout aussi prévisible qu'inattendu. Journal intime d'un chat acariâtre est un livre drôle et sans prétention qui vous accrochera un sourire du début à la fin. Un bouquin parfait pour vous détendre et ensoleiller vos journées pluvieuses de l'automne ou les journées plus froides de l'hiver.

Disponible aux Éditions First (2014). 160 pages. 16,95 $ ­ 9,95 €. 24

UNE LECTRICE PASSIONNÉE

sur la présence, la complicité, la douceur, l’entente mutuelle, le jeu également, et non pas un rapport Bonjour, maître/exécutant. Une relation d’amitié d’égal à égale, J'ai dévoré le vol. 4, no.2 ­ Printemps/été 2016 de la « de compagnie », et même je dirais, une rencontre au page 1 jusqu'à la page 29 comme un roman, je ne niveau de l’âme comme ce que propose Christine pouvais pas m'arrêter. Et après j'y suis allée de temps Tupper, de l’écurie Shamanica. à autre, article par article. Pour une personne qui n'a Madame Morissette a elle aussi compris qu’il existe pas d'animaux, j'ai adoré. des méthodes beaucoup plus humaines et égalitaires d’interagir avec les chevaux, et je salue son expérience Marie France passée et sa mission présente auprès d’eux. Une Québec philosophie de douceur, de paix et de respect, que bien des cavaliers et propriétaires de chevaux – et BRAVO DENISE MORISSETTE autres animaux de compagnie – devraient adopter, pour que l’on puisse penser qu’un jour, la paix avec un Je mijote depuis plusieurs semaines d’exprimer mon grand P puisse régner dans le monde. Bienvenue à appréciation pour le trop court article de Denise d’autres aussi éloquents témoignages en lien avec Morissette «Ce que les chevaux murmurent à mon l’univers fascinant et apaisant des chevaux. oreille», paru dans l’édition de mars dernier (Hiver Bienvenue d’avance à madame Morissette pour de 2016) de la Revue Pattes libres. Jamais trop tard pour futures interventions. En attendant, merci à elle bien faire, quand même! d’avoir partagé son bonheur et sa vision avec autant de simplicité et d’authenticité. Trop court effectivement cet article, car mon intérêt s’est maintenu du début à la fin pour ce cheminement Johanne Pelletier fascinant, ce passage du dressage traditionnel à la Charlesbourg communication dite éthologique avec les chevaux. CONTRE LE BANISSEMENT DE RACES SPÉCIFIQUES Ma relation avec les chevaux a depuis toujours été Bonjour, timide, et ambivalente quant à la manière de les approcher. Je sentais que je ne désirais pas Je voudrais vous faire part de mon point de vue face à nécessairement monter à cheval, mais plutôt vivre toute la controverse concernant les pitbulls. J'aime quelque chose de semblable à ce que je vis avec mes tous les animaux, ceci dit même si je n'en ai pas, mais animaux de compagnie. Il faut dire que j’ai toujours c'est uniquement pour des raisons de santé : je souffre eu un problème avec l’idée de faire travailler les d'allergies sévères. Pour avoir lu beaucoup à ce sujet, animaux même si le plus souvent, dans des conditions je sais que les animaux ressentent des émotions, au idéales il va sans dire, ceux­ci apprécient le travail même titre que les humains. Ce fait incontestable physique, même rude. Oui… Je suis super douillette démontre de façon évidente qu'on ne doit pas séparer pour eux, je crains toujours qu’ils souffrent dans leur un chien sain de corps et d'esprit, quelle que soit la effort. C’est pourquoi j’ai toujours envisagé, rêvé race à laquelle il appartient, d'avec sa famille humaine d’une relation avec le cheval qui serait plutôt basée qui l'aime et en prend soin.

Je suis contre le bannissement de cette race ou de toute autre race. J'affirme ceci tout en avouant la crainte que je ressens envers certains chiens. La cause est fort probablement reliée au fait que je n'en côtoie pas souvent et à ma méconnaissance du langage animal. Mais pourquoi tuer ces chiens au lieu d'essayer d'enrayer véritablement le problème des chiens dangereux et des mauvais maîtres? Pourquoi vouloir enlever un si bon compagnon à des gens qui les aiment tant et qui s'en occupent bien? On parle beaucoup de ces pitbulls qui ont attaqué, mordu sévèrement et malheureusement tué un humain ou un animal, mais jamais on ne parle de ceux qui ont sauvé la vie de leur famille. Pourtant, ces héros existent. J'ai lu de nombreux reportages ainsi que des témoignages tout à fait touchants au sujet de certains d'entre eux. On ne mentionne que les mauvais coups de ces chiens dont la race est ciblée présentement, jusqu'au jour où une nouvelle race fera l'objet d'une chasse aux sorcières comme c'est le cas pour le pitbull aujourd'hui. J'ai bien suivi cette saga dans les médias et j'en suis venue à cette conclusion : il faut absolument que nos élus écoutent ce que les spécialistes ont à dire et ce qu'ils recommandent. Je pense sincèrement que les vétérinaires, les éducateurs canins et les comportementalistes savent de quoi ils parlent. Comme le dit le dicton : « Chacun son métier et les vaches seront bien gardées. » Juliette S. Black Lake

LES FURETS ET... LUPITA ! Bonjour, Je suis une fidèle lectrice de votre revue. J'adore les articles que vous présentez. J'ai vraiment beaucoup aimé votre dernier numéro qui parlait du furet. Les deux reportages concernant ce petit animal m'ont beaucoup intéressé. Ces articles ont complètement démystifié les fausses informations qui circulaient régulièrement au sujet de ces petites bêtes, dont celle qui disait que les furets dégageaient une odeur se rapprochant de celle de la mouffette. Madame Boivin qui, elle­même, le croyait a conclu que la rumeur était complètement fausse. Je suis certaine que les gens qui cherchent à mieux connaître une espèce animale avant de prendre la décision de l'accueillir dans leur foyer seront très bien informés suite à la lecture de ces reportages. J'ajouterais aussi un mot concernant la lettre de Lupita à Tonalli intitulée : « Ma petite étoile filante ». Même si Lupita a écrit cet hommage à sa sœur disparue avec l'humour qu'on lui connaît, j'avoue qu'elle a réussi à me tirer les larmes. Quelle belle revue que la vôtre. Chaque reportage nous informe, nous touche et nous rappelle l'importance du respect de la vie animale. Merci ! Mariette F. LA PETITE CHATTE AUX TROIS PATTES Bonjour,

POUR LE BANISSEMENT DES PITBULLS Bonjour, Je veux parler du problème des pitbulls. J'approuve totalement la décision des municipalités qui ont décidé de bannir les chiens de cette race. Je crois que les pitbulls n'ont pas leur place dans nos rues. Je veux que mes enfants et moi puissions marcher sur un trottoir sans avoir constamment peur de voir surgir l'un de ces chiens dangereux. C'est bien beau de vouloir sauver les animaux, mais on est pas obligé d'endurer ça. J'ai des animaux (un chat et un chien), mais ils ne sont pas dangereux et je ne les impose pas aux autres. Brigitte R.

Le dernier « Hommage à nos compagnons disparus » m'a vraiment bouleversée. Cette histoire est tellement belle. Ce récit, vraiment bien écrit, démontre l'attachement incroyable pouvant lier un humain à un animal. Lorsque madame Bergeron raconte son retour à la maison après avoir dû prendre l'ultime décision de délivrer la petite chatte de ses souffrances, je n'ai pas pu retenir mes larmes. Elle a si bien exprimé la douleur ressentie lors de la perte de sa merveilleuse et tendre complice. Bravo madame Bergeron de ne pas avoir eu peur d'accueillir dans votre foyer cette petite minette malgré son handicap. Il est évident que ce geste vous a rapporté gros, car comme vous le mentionnez dans ce récit, la petite Alice vous a remis au centuple le geste de générosité et de bonté que vous avez eue à son égard en vous offrant à son tour, sa fidélité et son amour inconditionnel durant toutes ces années où elle a partagé votre vie. Jacqueline Lemieux

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... Le 16 juillet 2016 lors de la Marche contre la législation spécifique des races canines !

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eux membres de l'équipe Pattes Libres, Amélie Martin et Marie­Josée Beaudoin, se sont jointes à ceux et celles qui ont marché lors de la Manifestation contre la législation spécifique des races canines qui s'est tenue à Québec le 16 juillet dernier. L'évènement a permis de regrouper plusieurs centaines de personnes, civilisées et pacifiques, accompagnées de leurs compagnons canins qui l'étaient tout autant. Arrivés à destination, les chiens s'en sont donné à cœur joie en se rafraichissant dans l'eau de la Fontaine de Tourny située au centre du carrefour giratoire de l'avenue Honoré­Mercier, face au Parlement. Cette journée s'annonçait froide et pluvieuse, mais au fur et à mesure que nous avancions, les nuages ont disparu pour faire place à un soleil chaud et radieux. Serait­ce le signe prémonitoire d'une ouverture à une meilleure compréhension et à la recherche de solutions plus humaines, évitant ainsi l'abolition du droit à la vie de certaines races canines spécifiques? Espérons­le ! Nous tenons à féliciter et à remercier Julie Pruneau et Olivier Luwin Deschênes, les organisateurs de la manifestation, ainsi que toutes les personnes impliquées de près ou de loin dans l'organisation et dans la bonne marche de cet important évènement. Merci également à notre collègue de la RPL, Danielle Gauthier De Varennes (Fidèle Canin), porte­parole officielle de l'évènement et à toutes les personnes qui se sont déplacées pour participer à cet évènement organisé de façon très professionnelle.

C'est en nous regroupant que nous pourrons faire changer les choses !

Amélie Martin en compagnie de Pixel, un jeune pitbull qui a participé à la Marche.

À gauche, Julie Pruneau, co­organisatrice de la Marche, et Micheline Roby.

De gauche à droite, Danielle Gauthier De Varennes, Elizabeth Boutet et Dre Maude Imbeault (vétérinaire).

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... Le 17 septembre 2016 lors du Party champêtre à Saint­Pierre de l'île d'Orléans.

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rois membres de l'équipe Pattes Libres, Martine Costin, Amélie Martin (et sa famille) ainsi que Marie­Josée Beaudoin étaient présentes lors de l'activité de financement organisée dans le but de recueillir des fonds pour deux organismes venant en aide aux chats errants ou abandonnés. Plus d'une centaine de personnes étaient sur place pour soutenir Carole Duplain, cofondatrice du refuge Animal Sans Toit situé à Saint­Famille, I.O. et Céline Lortie, cofondatrice du Refuge Chaline de Québec. L'activité s'est tenue sur un site enchanteur gracieusement mis à leur disposition grâce à la générosité de Richard Beaulieu, de Gaétan Richard et de leur chien Léon, un labrador blond des plus adorables qui fut la vedette incontestée de cette journée. Les gens ont pu profiter du grand air jusqu'à ce que la pluie se mêle de la partie. Mais malgré ce contretemps, tout avait été prévu. Les gens ont pu se regrouper, à l'abri, sous une grande place couverte, où des tables étaient déjà installées. En début de soirée, les gens ont été invités à partager le repas Épluchette de blé d’Inde et hot dog. L'argent et les dons recueillis lors de cette activité serviront, entres autres, à l'achat de la nourriture et de la litière ainsi qu'à payer des frais vétérinaires tels que les vaccins, les vermifuges, les stérilisations et les soins parfois nécessaires pour certains chats recueillis par ces refuges. L'évènement fut un succès et Carole et Céline comptent bien reprendre l'expérience l'an prochain.

Les trois membres de l'équipe Pattes Libres et la famille d'Amélie. Carole Duplain et Céline Lortie.

Les hôtes !

Les bénévoles !

MARCHÉ AUX PUCES DU REFUGE ANIMAL SANS TOIT ...durant deux weekends de novembre.

D De gauche à droite, Carole Duplain, Suzanne­Marie Lapointe et Françoise Catelier.

eux membres de l'équipe Pattes Libres, Martine Costin et Marie­Josée Beaudoin sont venues encourager Carole Duplain et Suzanne­Marie Lapointe, cofondatrices du refuge Animal Sans Toit, dans le cadre de leur marché aux puces annuel. L'activité a eu lieu, au Marché aux puces Jean­Talon de Québec, dans le but de recueillir des fonds pour venir en aide à des chats errants ou abandonnés. Martine et Marie­Josée ont profité de l'occasion pour faire un don et acheter quelques jolies décorations de Noël disponibles à la table « Animal Sans Toit ».

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...Le 21 octobre 2016 au « Kiosque Animaux » de la Nuit des sans­abri.

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eux membres de l'équipe Pattes Libres, Amélie Martin et Marie­Josée Beaudoin se sont impliquées, pour une deuxième année consécutive, dans le comité organisateur du « Kiosque Animaux » de la Nuit des sans­abri qui s'est tenue le 21 octobre dernier. Malgré la température maussade et la pluie abondante, plusieurs personnes se sont présentées à notre kiosque. Des fournitures et des provisions ont été remises pour des animaux qui partagent la vie de personnes moins fortunées et en besoin. Une soirée remplie d'émotions et de belles rencontres. Nous en profitons pour remercier tous nos partenaires : commerces, organismes, cliniques vétérinaires, nos donateurs privés et notre photographe officiel Michael Pineault. Nous publions les photos des gens qui sont venus nous visiter, en noir et blanc, parce qu'elles traduisent ainsi ce que peut être le quotidien parfois lumineux, mais parfois sombre de ces personnes. Voici notre soirée en photos :

L'ÉQUIPE DU « KIOSQUE ANIMAUX »...

De gauche à droite : Vicky Boivin (membre du comité organisateur), Catherine Lemieux (bénévole au kiosque), Amélie Martin, Marie­Josée Beaudoin et Marco Bouffard (membres du comité organisateur), Dr. David Monté (vétérinaire), Claudia Dorval (membre du comité organisateur) et Félix­Dorval­Roberge (bénévole au kiosque).

L'équipe au travail !

...ET CEUX À QUI NOUS ESPÉRONS AVOIR APPORTÉ UN PEU DE JOIE ET DE RÉCONFORT !

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NOS PLUS SINCÈRES REMERCIEMENTS À TOUS NOS PARTENAIRES ET NOS DONATEURS !

SAINT­ROMUALD

­QUÉBEC

CLINIQUES VÉTÉRINAIRES PARTICIPANTES CENTRE VÉTÉRINAIRE DAUBIGNY 3405, boul. Wilfrid­Hamel Québec (Qc) G1P 2J3 CLINIQUE VÉTÉRINAIRE CÔTE­DE­ BEAUPRÉ 8910, boul. Sainte­Anne Château­Richer (Qc) G0A 1N0 CLINIQUE VÉTÉRINAIRE DE L'ORMIÈRE 4100, boul. de l'Auvergne Québec (Qc) G2B 1T8 CLINIQUE VÉTÉRINAIRE DU VIEUX LIMOILOU 1102, 3e Avenue Est Québec (Qc) G1L 2X6 CLINIQUE VÉTÉRINAIRE SAINT­ SACREMENT 1369, chemin Sainte­Foy Québec (Qc) G1S 2N2

DONATEURS PRIVÉS Véronique Alberts Marie­Josée Beaudoin Lise­MoniqueBeaulieu Audrey Bertrand Chloé Bertrand Tania Bolduc Clément Bouffard Geneviève Bouffard Claudia Cormier Hélène Costin Martine Costin Réjeanne Desbiens France Dorval Jessie­Ann Drouin­Drolet Ariane Dubé­Sirois Lucie Forest Audrey Gagnon Joanie Garneau Maryse Goupil Sarah Guillemette Julie Hains

Héléna Holton Lucile Janin Nathalie Lachance Mylène Laroche Catherine Lemieux Anick Lévesque Alexis Lorquet Sylvie Marcoux Amélie Martin Véronique Mundviller Anne­Lise Paul ­ (AZCA) Marie­Ève Poirier Luc Pronovost Julie Pruneau Dominic Rochette Chantal Rouillac Josée Thériault Vanessa Thivierge Karolyne Trudel Rosalie Vocelle

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Alice est de retour... pour rester !

C

ertains lecteurs se souviendront peut­être de l'article publié dans le cadre de cette chronique présentant l'histoire d'Alice1, une petite chatte qui avait parcouru, maintes fois, plusieurs kilomètres pour revenir sur les lieux où elle est née et avait vécu durant plus de deux ans ! Je vous présente aujourd'hui la conclusion de cette histoire.

Mais au préalable, parlons un peu de l'orientation à longue distance... Vous avez surement déjà lu ou entendu plusieurs histoires de chats ou de chiens qui ont parcouru de grandes distances, arpentant des territoires où ils n'avaient jamais mis les pattes, pour revenir sur les lieux où ils avaient vécu depuis leur naissance ou pour retrouver leur famille. Après avoir cité quelques histoires véridiques du même type que celle dont je fus témoin avec Alice, le Dr Joël Dehasse2 a écrit, à propos de l'orientation sur une longue distance, dans son livre Tout sur la psychologie du chat3 : « Ces anecdotes posent la question de l'orientation vers le gîte sans mnémotaxie. [...] L'hypothèse la plus simple est une perception du champ magnétique, une sorte de boussole biologique. » Selon John Bradshaw4, les chats font partie d'une espèce territoriale, s'attachant avant tout à un lieu, ce qui expliquerait pourquoi certains d'entre eux retournent dans leur ancien foyer quand leur famille humaine déménage. Il ne faut pas pour autant écarter le fait qu'un grand nombre de chats éprouvent un attachement très fort également envers leurs humains.

Voici un court résumé de l'histoire d'Alice... Alice et son frère Grizzly sont nés dans le petit boisé derrière notre remise à la fin du printemps 2012. Leur maman Lili est une petite chatte qui errait dans notre voisinage depuis la fin de l'hiver de cette année­là. Lorsque les chatons ont atteint l'âge de 6 à 8 semaines, toute la petite famille se baladait dans notre cour et rendait visite à mon chat Winston qui aurait bien aimé jouer avec les minets. Seul le moustiquaire de la porte patio les séparait. Ce mince rideau métallique permettait à mon chat et à ses nouveaux amis de s'agglutiner, l'un contre l'autre, pour faire une sieste sous le chaud soleil des après­midi d'été. La vie fut sans souci pour eux durant toute la saison estivale. Ma voisine et moi leur fournissions quotidiennement nourriture et eau fraîche. Puis lorsqu'il pleuvait, ils s'abritaient, confortablement installés sur les coussins recouvrant les bancs de notre balançoire couverte. Puis, vint l'automne ! Les nuits devinrent beaucoup plus fraîches. Il n'était pas question de laisser la petite famille dehors, souffrir du froid, durant la longue saison hivernale. C'est alors que mes voisins ont décidé d'adopter la petite chatte écaille de tortue prénommée Alice. Elle vivrait désormais avec sa nouvelle famille humaine et avec Théo, leur gros chat pacifique. Quant à Grizzly et sa maman Lili, nous les avons amenés au refuge sans euthanasie ACSA qui avait accepté de les accueillir dans le but de leur trouver une famille pour la vie. Durant l'hiver qui a suivi, Alice et Théo n'ont pas mis le nez dehors, mais dès le retour du printemps, on les a revus déambuler dans le voisinage. La petite ne s'éloignait jamais de la maison, car elle possédait un merveilleux territoire de chasse dans le boisé derrière chez nous. De toute ma vie, je crois n'avoir jamais vu une chatte aussi douée pour la traque des petites proies. Régulièrement, mes voisins retrouvaient des petits animaux morts sur leur galerie.

Lili, la maman d'Alice, a mis bas dans ce secteur du boisé situé derrière chez moi.

Alice, âgée d'environ 3 mois, en compagnie de sa maman Lili relaxant dans notre cour.

Grizzly, l'autre bébé de Lili, petit frère d'Alice.

Théo et Alice ont vécu ensemble durant deux ans jusqu'à ce que François et Élise* se séparent. Il fut convenu que Théo resterait avec François et qu'Élise partirait avec Alice. Au début de l'été, Élise et Alice ont déménagé pour entreprendre une nouvelle vie dans un nouveau secteur, bordé d'une petite rivière et de grands arbres. Nous avons cru que la petite chatte apprécierait beaucoup ce nouveau territoire d'exploration et de chasse. Mais moins d'une semaine plus tard, c'est avec stupéfaction que nous avons aperçu une chatte, ressemblant étrangement à Alice, traverser le terrain derrière notre maison. Mon voisin me confirma que c'était bien elle. Alice avait disparu trois jours après son arrivée dans sa nouvelle demeure. Elle avait parcouru plus de 5 kilomètres pour revenir vers son ancienne maison. Comment a­t­elle pu s'orienter? Elle n'avait fait le trajet de son ancien domicile à sa nouvelle demeure qu'une seule fois et qui plus est, en voiture dans une cage de transport. Voilà un exemple indiscutable d'un cas de retour au bercail sans orientation basée sur la mémoire de repères visuels.

De retour pour rester ! Malgré cet exploit, Alice fut rapidement ramenée dans sa nouvelle demeure. Mais dès qu'elle en avait la chance, elle reprenait la route pour revenir sur les lieux de sa naissance. Elle a parcouru ce chemin à cinq ou six reprises jusqu'au jour où François et Élise ont convenu que, pour sa sécurité et son bonheur, Alice devait rentrer au bercail pour y rester. À partir du moment où elle est revenue, jamais elle n'a tenté de refaire le chemin en sens inverse. Alice était bien trop heureuse d'avoir enfin retrouvé le territoire tant aimé où elle avait vu le jour. Au cours des deux premières années où elle a vécu dans notre voisinage, Alice ne faisait que circuler sur notre terrain sans qu'on puisse l'approcher. Mais depuis qu'elle est revenue pour rester, c'est avec empressement qu'elle vient nous saluer lorsque nous sommes dehors. Au cours des chaudes journées estivales, même si elle est un peu plus timide que Théo qui nous rend visite quotidiennement et passe beaucoup de temps en notre compagnie, il lui arrive de se coucher longuement à mes pieds, mendiant quelques caresses pendant que son frère est couché sur mes genoux. Lorsque François doit s'absenter pour son travail, c'est avec grand plaisir que je m'occupe de mes deux petits voisins félins. J'ai vraiment beaucoup d'affection pour Alice et Théo. On peut dire qu'ils font presque partie de ma famille. Alice est enfin de retour chez elle et j'en suis très heureuse !

Alice et Théo viennent nous visiter régulièrement. Lorsque cette photo fut prise, ils avaient passé toute la soirée en ma compagnie. Je les aime beaucoup, on peut dire qu'ils font presque partie de ma famille.

* Les prénoms ont été changés Revue Pattes Libres, Vol. 2, No 3, Automne 2014, Chronique Nouvelles et... faits réels !, Alice est de retour !, p. 34­36. Vétérinaire, spécialiste belge du comportement du chat et du chien. 3 Dehasse, J., Tout sur la psychologie du chat. Ed. Odile Jacob, 2008. 610 p. 4 Spécialiste reconnu du bien­être animal et auteurs de plusieurs ouvrages dont le magnifique livre Cat Sense, paru en français sous le titre La vie secrète des chats. Il est aussi le fondateur de l'Institut d'anthrozoologie (la science des interactions entre humains et animaux) qu'il dirige à l'Université de Bristol au Royaume­Uni.

Le réseau social

J

e m’appelle Delphine. J’ai 9 ans. Je suis un basset. Je suis longue, longue, avec de petites pattes courtes tournées vers l’extérieur. J’ai aussi d’interminables oreilles qui traînent quasiment par terre. Et j’ai un long nez. Un grand, grand nez efficace qui trouve plein d’odeurs tout partout. Même sous la terre. Et là, quand il a plu et que les effluves sont alléchants, je creuse de gros trous sur le terrain et ma maman n’est pas contente du tout. Mon papa non plus. Il gronde fort parce que je brise le gazon. Moi, je vis dans une meute­famille comme Maggie. Sauf que chez nous, c’est pas deux garçons, mais un gars et une fille. Mais ça fait pas tellement de différence, je pense. Ma maman, elle est toujours occupée et elle n’a pas le temps de m’emmener me promener tous les jours. C’est aussi pour ça que je creuse des trous. J’ai des fourmis dans les pattes. Y faut bien que je fasse quelque chose ! Mais ma maman, parce qu’elle m’aime beaucoup et parce qu’elle tient vraiment à moi, elle a trouvé des solutions. Elle a demandé à plein de gens s’ils ne pouvaient pas m’emmener en balade une fois de temps en temps. C’est l’Amie Hélène qui a répondu au message. Je vais donc me promener avec Maggie et les deux Terreurs. Les deux ti­gars vont manger de la slush, pendant que moi et Maggie, on sent tous les poteaux, toutes les bornes­fontaines pis toutes les haies de cèdres. On laisse une tite goutte de pipi par­ci, une autre par­là, on parsème le quartier de petits messages sur le réseau social des chiens du coin. Ça nous occupe ! Et quand je reviens, je n’ai plus envie de creuser de gros trous. Et surtout pas de me faire chicaner. Je fais de gros dodos en ronflant comme un tracteur, les pattes écartelées et les oreilles en étoile. C’est important, d’avoir des amis chiens pour jouer. Et des amis humains en dehors de notre meute­famille. Maggie en a une, amie humaine, elle s’appelle Véronique. Parfois, quand l’Amie Hélène s’en va, c’est Véronique qui vient chercher Maggie pour l’emmener se promener. C’est elle qui me l’a dit, au coin d’une rue, en train de faire son vingt­quatrième pipi de la balade. C’est qu’elle et moi, on en commente, des statuts de chiens ! Maya, c’est le chien de Véronique. Elle a aussi des amis. Son grand­papa vient la sortir, parfois. Et l’Amie Hélène aussi. Elle joue à la balle avec elle, sur son terrain. Moi, j’ai passé une nuit toute seule cet été. Comme une grande. Je ne me suis pas fait garder ailleurs que dans ma maison. Je ne suis pas allée dans un chenil ni dans une cage chez le vétérinaire. C’est bien trop stressant ! J’aime mieux rester chez nous dans mes odeurs et dans mes affaires, à attendre le retour des miens. Et à rêver de faire pipi partout dans le quartier. C’est l’Amie Hélène et Maggie qui se sont occupées de moi pendant que ma famille était partie pour une nuit. Ils ne m’ont pas abandonnée !

Maggie et l’Amie Hélène venaient me chercher pour marcher ou me faire sortir. Je me déliais les pattes et je me vidais la vessie, et je ne faisais pas pipi sur le plancher. Et j’étais toute calme au retour des miens parce que j’étais restée chez nous. C’est fantastique ! J’attendais le retour de l’Amie Hélène, et elle venait super souvent, en plus ! J’avais même pas le temps de m’ennuyer !

Depuis que je marche avec mes amis humains et chiens, je n'ai plus envie de creuser des trous. C'est pas vrai qu'y a pas de solutions.

C’est pas vrai, qu’y a pas de solutions. Je suis contente d’être dans une meute­famille où je suis importante, où je suis une pri­o­ri­té. Y paraît qu’y a des chiens qu’on abandonne juste parce que c’est le temps des vacances. Et y a même des chiens, y paraît, qu’on tue seulement parce qu’ils creusent des trous sur le terrain. Comme si y avait pas de solutions toutes simples. J’en suis la preuve !

Y a vraiment des chiens malchanceux, dans ce monde. Maggie, Maya et moi, on a des amis, y a des gens qui s’occupent de nous et qui nous mettent en priorité. On est des chiennes heureuses. Un vrai trio de pisseuses ! Quand je prierai le Dieu des Pipis, la prochaine fois, près de la borne­fontaine spéciale, je lui demanderai que tous les chiens de la Terre aient des amis et vivent dans une famille aimante comme la mienne. Je lui offrirai ma dernière tite­goutte en espérant fort, fort que mon vœu se réalise. Et je terminerai ma prière en me disant I have a dream.

Pourquoi devons­nous tous payer pour des actions malveillantes commises par un petit nombre d'individus?

C

ouché sur mon tapis tressé, je suis stressé ! Qu'est­ce qu'on me reproche? Ma gueule? Mon allure? Ce n'est pas moi qui ai fait mal à cette pauvre dame dans sa cour. Ce n'est pas moi votre honneur ! Que tous les Ponce Pilate de la ville sèchent leurs mains. Je vous le jure ! Ce n'est pas moi ! Mais on n'écoute pas un chien surtout si on le trouve laid. Je m'en suis rendu compte en me promenant avec mon pair humain. Le petit Guillaume qui d'habitude me siffle « Viens me voir Ti­Pit » a viré les talons, happé par sa mère aux yeux devenus fous. Mais qu'est­ce que j'ai fait? Du bout de notre lien, de sa voix douce et apaisante, mon ami m'a dit que les humains ont besoin d'avoir peur de quelqu'un ou de quelque chose. Mais moi, depuis j'ai peur de leur peur ! Signé : Un chien triste et apeuré !

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NOTE : La pièce que vous allez sniffer est une publication posthume, nom d’une croquette ! Ah mais, non, non, ce n’est pas moi qui ne jappe plus ! Oh la, non ! C’est ma sœur ! Ah mais oui oui ! Je sais, ce n’est pas elle qui l’a écrite, mais sans elle, sans son style de vie qui avait du chien (pour une fois qu’une expression humaine nous valorise) je n’aurais pas pu l’écrire. Voilà pourquoi, pour moi, c’est un peu elle l’écrivain. Bon sniffage. Lupita

Salut, J’espère que tu vas bien. Me revoilà une fois de plus pour te japper de nouvelles aventures. Mais cette fois­ci, tu risques d’être fort surpris car j’ai essayé quelque chose de nouveau. Hé oui, comme tout me réussit, je me suis dit qu’il fallait que j’explore un style que je n’avais pas encore utilisé. Alors voilà, tu vas pouvoir lire le premier extrait de ma première pièce de théâtre, foie de canard ! Tu verras, c’est du théâtre policier en plusieurs épisodes. Je pense que la tension est palpable vers la fin. Tu m’en japperas des nouvelles. Bonne lecture.

ACTE I L’action se déroule dans une voiture. On retrouve deux humains sur les sièges avant et deux chiens dans la partie arrière du véhicule. Tonalli a posé ses deux avant­pattes sur les sièges arrière. L’autre chien, moi, on ne le voit pas. Il est couché. Lupita : Oh oh ! Regarde Tonalli. On s’en va au chalet ! (se parlant toute seule.) Oh que je suis énervée, sainte croquette. Vite, une petite respiration de méditation… hummmmmmmm ! Ah, ça va déjà mieux. Tonalli : Hé hé hé ! Oui je vois ça ! J’en ai la queue qui frétille. À nous la liberté ! À nous les bonnes crottes de chevreuil ! Lupita : Attention, quand tu es énervée comme ça, tu jappes fort et tu me souffles dessus. Je ne supporte pas ça. Surtout que la route est longue. Tonalli : Ce que tu peux être starlette depuis que tu as ta chronique dans la revue, alors ! Lupita : Ce que tu peux être jalouse depuis que j’ai ma chronique dans la revue, alors ! Eric : Oh je crois que Tonalli est pas mal énervée. Elle va nous crier dans les oreilles jusqu’au chalet. Il était vraiment temps qu’on y retourne. Olivier : Mets­en ! Ça fait quand même un bon deux semaines et ça se voit, enfin ça s’entend, nom d’une barre chocolatée ! Attends, on va essayer le truc que nous a donné Danielle1. (Se retournant vers l’arrière de la voiture.) C’est beau Tonalli, tu chantes bien ! Ben oui tu chantes ! C’est beauuuuu ! Tu chaaaaaantes !

Tonalli : (interrompant brusquement son récital.) Non mais qu’est­ce qui lui arrive ? Il ne se sent pas bien ? Je ne chante paaaaaaas. Je n’aime pas la voiture. C’est pas pareil. J’ai horreur de la voiture et j’exulte mon malaise. Ça fait bientôt quatre ans et il n’a toujours pas compris ! Je ne chaaaaaaaante PAS ! Lupita : (Se mettant les pattes sur la truffe et frottant sa gueule sur la couverture.) Arrête de japper comme ça ! Ils ne font qu’appliquer le conseil de matante Danielle. Au lieu de lutter contre le comportement indésirable, le jappement de la Castafiore (elle rit.), il faut l’associer à un mot pour que ça devienne une simple commande. Et voilà ! Le tour est joué. Enfin presque ! Tonalli : Mais c’est n’importe quoi ! Ils pensent vraiment que je vais m’arrêter? (Jappant de façon de plus en plus stridente.) Ce n’est pas un mauvais comportement. Jeeeee neeeeee chaaaaaaaante paaaaaaaas ! S’il me demande de chanter, je vais chanter par contre ! hum hum… attention !!! (Elle prend son souffle.) Lupita : (la coupant rapidement.) Non ! Ce n’est pas la peine ! Tu ne peux pas leur reprocher d’essayer quelque chose. C’est vrai que t’es fatigante à hurler aux loups ! Le problème c’est qu’ils ne font que la moitié du chemin. Après avoir associé le comportement indésirable à un mot, il faut le désapprendre en apprenant le comportement souhaité à la place. Enfin, je crois. En tout cas, si les humains lecteurs veulent savoir, ils iront mettre leur museau sur Facebook. Tonalli : C’est quoi ça Facebook? Lupita : C’est comme Dogbook, mais pour les humains ! Tonalli : (Dans un grand souffle.) Aaaaaarf ! Lupita : (Tournant la tête.) Ouf ! Ce que tu peux avoir mauvaise haleine ! Voilà, ça y est, je me sens mal. Tu t’es pas brossé les dents ce matin toi, hein? Tonalli : Pourquoi est­ce que j’aurais fait ça? Lupita : (levant les yeux au ciel) Ce que tu peux être cruche alors ! Tu ne te rappelles pas qu’Isabelle Vétérinaire a jappé que c’est primordial pour notre hygiène? Tonalli : Non ! De toute façon, ce n’est pas vraiment à moi de le faire. Lupita : Là­dessus tu as bien raison ! Olivier : (Profitant du calme relatif.) As­tu pensé à prendre le doigt brosse à dents et le dentifrice pour Tonalli? Tonalli : J’ai ouï mon nom, sainte­croquette ! Vite vite, il faut que je jappe pour leur faire savoir que j’ai compris mon nom (Elle recommence à japper aigu.) Eric : Ah mince ! J’ai oublié ! Tonalli arrête de crier un peu mon beau chien. Stop ! Tonalli : (S’arrêtant subitement.) Comment ça, stop? Tu viens de japper mon nom ! Il vient juste de japper mon nom, Lupita, non? Lupita : Ah ! Laisse­moi tranquille. J’ai mal au cœur. Vraiment Tonalli ! Cette odeur… Nom d’une croquette ! Ce n’est pas normal. Je défaille ! Tonalli : Non, mais franchement toi, hein ! En tout cas, comme compagne de voyage, on repassera ! Lupita : Laisse­moi tranquille. Arrête de japper ! Arrête de respirer ! Arrête

!

NOIR ACTE II La voiture est stationnée côté cour face à la salle. Côté jardin, le décor représente le devant d’un petit chalet.

Une porte au centre et un petit mur de chaque côté avec une fenêtre au centre de chaque mur. Olivier ouvre sa portière et se dirige vers l'arrière du véhicule. Il ouvre la porte arrière et on voit les deux chiens descendre et courir vers la porte du chalet. Olivier : (En refermant la portière.) Hmmmm ! Que ça sent bon ! Ça sent le feu de bois. Le voisin a dû partir son feu ! Tonalli : Hmmmmm ! Cette bonne odeur qui arrive de derrière la porte ! Il doit y avoir une carcasse de mulot qui traine par­là ! Allez Lupita, gratte à la porte qu’ils se dépêchent. Lupita : (En se dirigeant vers un espace de gazon sous une fenêtre.) Je vais d’abord aller méditer ! (Elle s’assoit.) J’ai la tête qui tourne de la route et mal au cœur. Je pense que je vais être malade. Pendant ce temps Olivier est allé ouvrir la porte et Tonalli se précipite à l’intérieur. Tonalli : (Elle ressort, essoufflée.) Arrête de te plaindre et viens zieuter en dedans. Je pense que Joe Bean est de retour. Lupita : Qui ça? Tonalli : Joe Bean ! L’écureuil ! Lupita : (Se relevant soudainement.) Hein ! Quoi ! Lui ! Où ça? Tonalli : Je ne sais pas ! Quelque part dans la maison. Je sniffe son odeur fétide. Lupita : (Rentre précipitamment et fait le tour du chalet.) Non. Je ne sniffe rien ! Tonalli : Mais si, vient sniffer ici. Je suis sur qu’il est venu faire un tour dans ta gamelle. (Lupita s’approche.) Éric : Ah, que ça fait du bien. Il ne semble pas y avoir eu de problèmes durant notre absence. Olivier et Éric font des allers­retours pour vider la voiture. Tonalli : Attends, on va lui japper ça. Peut­être que s’il est encore dans le chalet, il va nous ouïr. (Jappant.) Hey ! Salut Joe l’ami ! Long time no smell ! Tu penses qu’on n’est pas au courant de ton petit manège? Lupita : Que tu profites de notre absence pour dresser ton camp dans le chalet? Tonalli : Il y a ton odeur partout ici ! Même les papas sont inquiets. Regarde­les ! Ils font des allers­retours incessants entre la voiture et le chalet. On dirait qu’ils deviennent fous ! Lupita : Allez ! Montre­toi, boule de poils ! T’es faite, cette fois­ci ! Tonalli : Tu n’as pas d’issue ! Wouafafafafa. On t’avait jappé qu’on finirait par gagner.

NOIR Mais que va­t­il arriver à Joe Bean? Est­il vraiment encore dans le chalet? La suite au prochain épisode. XOXO Lupita 1 Danielle Godbout, coach en comportement canin, fondatrice du programme Os Secours! et chroniqueuse pour la Revue Pattes Libres.

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RÉSUMÉ du précédent (et sixième) chapitre1…

D

ans ce chapitre, le héros de nos aventures, Lester­le­teckel­partenaire­en­psychothérapie, réussit à dépêtrer l’auteure (Mon­Humaine) et sa petite patiente (Jeune­Humaine­Excitée­qui­sent­bon­la­Femelle­Chihuahua) d’un piège commun en thérapie d’enfant : la « ronde infernale des questions sans réponse ». En effet, guidé par ses sensations internes et par son flair, notre quatre­pattes entra de nouveau en scène, changeant ainsi complètement la dynamique de la rencontre. Cette initiative salvatrice fut à l’origine d’un enchaînement d’interactions qui, de fil en aiguille, devint relations puis réelles situations de communication inter espèces. De créateur de momentums interspécifiques et intersubjectifs, à soutien à la régulation affective et motrice, en passant par comédien donnant la réplique dans un tableau révélateur des dynamiques familiales, notre sympathique terrier au long nez se révéla être une aide précieuse pour penser (et éventuellement panser) les drames internes d’une enfant. Qui aurait cru que la quête de bouts de saucisse d’un p’tit chien… saucisse ! puisse s’avérer si bénéfique.

CHAPITRE 7: Où une mise en sieste ritualisée jette quelques lumières sur d’autres aspects du lien qui unit à un chien­partenaire en zoothérapie. Tic, tic, tic… Pouf… Scroutch, scroutch, scroutch… Pouf… Scroutch, scroutch, scroutch…Vouffff……………. P’t’slurp, P’t’Slurp, P’t’Slurp, P’t’Slurp ­ (Soupir­d’exaspération) ­ P’t’Slurp, P’t’Slurp ­ (Hyper­soupir­d’irritation) ­ … P’t’Slurp ­ Grrr ! Lester ! Misère ! Sileeence ! C’est énervant à la fin. ­… ­… ­ (Expiration de détente) ­ Bon. C’était le temps.

Traduction lesterienne de ce dialogue humanimal… Vous vous demandez peut­être à quoi riment toutes ces onomatopées et ces exclamations. Et bien, voilà un échantillon représentatif d’un autre pan de notre histoire commune, à Mon­Humaine et moi, dans notre cabinet de consultation. Analysons ensemble, pour le plaisir d’entrer dans l’expérience, seconde par seconde, le rituel de mise en sieste. MA sieste, évidemment ! Quand Mon­Humaine s’assoyait et se retirait en elle, tantôt immobile, tantôt en secouant et glissant un petit bâton qui laissait des marques odoriférantes derrière lui ou encore, comme c’était le cas ce jour­là, en cliquetant des doigts sur un morceau de plastique, j’en avais pour un bon bout. Je sus alors que je pouvais me mettre au neutre sans risque de manquer quelque chose. En fait, le repli de Mon­Humaine dans sa tanière interne agissait sur moi comme le signal pour enclencher ma routine dodo. Je marchai donc vers mon coussin, embarquai dessus et tournai d’un côté, grattai trois coups, tournai de l’autre, grattai trois autres coups et me couchai. Aujourd’hui, trois grattages de chaque côté étaient suffisants. Ce n’était pas toujours le cas. Le nombre pouvait être variable. Vinrent ensuite les coups de nez à la couverture pour arriver à la placer exactement comme il le fallait.

Avoir une partie du corps à découvert pour dormir était fort désagréable, selon moi ! Sauf peut­être le museau… Il paraît qu’adorer s’enfouir serait un trait commun chez nous, les teckels. Question de pelage trop court qui ne nous tiendrait pas assez au chaud ? Vestige de nos origines de terrier aimant creuser sous terre ? Moi, je ne saurais dire. D’ailleurs, à bien y penser, la congénère que j’ai le mieux connue et avec qui j’ai vécu, Mathilde­la­teckel, ne faisait pas ça, elle. Hummm !? Peut­être est­ce encore une idée de ces humains qui cherchent toujours à généraliser et à former des catégories, des règles qui expliqueraient l’état des choses. Durs, durs, les cerveaux « intellectualisants ». Bon, à ce stade de mon rituel, je jugeai la position et l’enfouissement plutôt satisfaisants. L’heure était aux léchouilles d’auto­apaisement. Ça, c’était nettement plus compliqué, car le dénouement demeurait toujours incertain. Allais­je réussir à m’apaiser ou resterais­je pris dans le cercle infernal de l’agir comportemental ? Arg ! (Stress) J’entrepris de me lécher pour évacuer les tensions internes qui m’habitaient. Or, pour moi, ce type de léchage se devait d’être à la poitrine et seulement à la poitrine. C’était comme ça depuis toujours. Allez savoir pourquoi. Or, essayez donc, vous, de vous lécher la poitrine. Ma langue de chien avait beau être plus longue que la vôtre, cela me généra automatiquement d’autres tensions corporelles… Que je m’empressai de vouloir évacuer en me léchant. Me lécher quoi ? La poitrine, bien sûr ! Et rien d’autre encore ! Ah non ! Arg ! (Re­stress). Vous commencez, j’imagine, à vous représenter ce dans quoi j’étais coincé. Le comportement censé me servir d’exutoire au stress devenait en lui­même dans l’immédiat ma principale source de stress. Les tensions montèrent et mon rythme de léchage s’accéléra. Ça y était. J’étais piégé. La Compulsion s’installait à demeure. J’entendis alors le soupir de Mon­Humaine. Fiou ! Cette distraction m’offrit un temps d’arrêt salutaire dans la ronde lichou­tension­lichou. Malheur ! Ce fut pourtant insuffisant pour que je puisse enfin en rester là. L’activation, à cet instant, étant trop forte, le Diable­de­la­lèche s’empara de nouveau de mon corps. Et là… (Référez­vous au dialogue du début pour suivre.) Re­soupir de Mon­Humaine. Cette fois, les sons m’arrivèrent en même temps qu’un flux important d’informations somato­affectives. Une charge agressive irradia jusqu’à moi. Pire, elle semblait être dirigée VERS moi. Je retins ma respiration (STRESS)… Et cédai à la tentation : P’T’SLURP !!! Mon­Humaine explosa : « Grrr ! Lester ! Misère ! Sileeence ! C’est énervant à la fin. » Cette fois, elle sortit complètement de sa tanière interne et, pas réjouie, réjouie avec ça, elle se tourna vers moi tout d’un bloc. Je retins derechef mon souffle et attendis la suite… EF­FRAY­YÉ !

Intervention de l’auteure (alias Mon­Humaine) dans le récit, soucis de Vérité oblige… ­ Slush­puppie2 Lester ! À te lire, je me sens presque transformée en Horrible Marâtre qui se propose de te croquer tout cru d’une seconde à l’autre. Il est vrai que j’ai mes humeurs, mais de là à te dire EF­FRAY­YÉ (avec deux « Y » en plus), ne serait­ce pas un tantinet mélodramatique ? Et la réplique de Lester… ­ Mais noooooooooon ! Tu m’as interrompu lors d’un moment fort de l’histoire. Il faut savoir attendre le dénouement avant de tirer des conclusions hâtives, non ? Et flairer le revirement de situation. C’est le style littéraire qui m’y oblige. Oh là là ! Vous voyez comme elle est réactive cette Humaine. Je reprends donc… Et prière de ne pas m’interrompre cette fois. J’étais donc EF­FRAY­YÉ… Bon, d’accord, disons : effrayé. Non, c’est encore trop fort ? Inquiet alors ? OK, ok ! Pour tout vous dire, j’avais vaguement l’œil rond et j’attendais la suite. MAIS… (car j’aurai le dernier mot puisqu’étant un terrier­à­ la­tête­dure­de­terrier­et­fier­de­l’être­en­plus, je me dois d’avoir TOUJOURS le dernier mot, surtout s’il s’agit d’un Waouf !) Mais je mentionnerai pour ma défense que si cette tranche de vie s’était déroulée dans les premiers temps de notre relation, j’aurais bel et bien été EF­FRAY­YÉ ! Je suis un sensible au lourd passé, moi, ne l’oublions pas. Fin de la discussion. J’attendis donc de voir ce que Mon­Humaine allait faire. Arg ! Je captai son regard courroucé. Je détournai vivement les yeux et la tête puis me lichai les lèvres. « Paix et amour, s’il vous plaît ! », voilà la prière que je lui adressai à l’instant. Je fus entendu, me semble­t­il, car la tension oppressante quitta sur­le­champ mon corps. Une douce onde de chaleur lui succéda. Rasséréné, j’osai relever la tête. Nos regards se croisèrent de nouveau, mais cette fois­ci, c’était agréable et rassurant. Je sentis le cordon­lien nous unissant se… Comment dire ?... C’est vraiment difficile à expliquer ce genre de phénomène intersubjectif… Disons, se gorger de quelque chose (une force ?) qui énergise, qui donne le goût d’aller vers et de tirer à soi, qui excite. Tap, tap, tap. C’était le son de ma queue qui remuait sur le coussin. Picotements sous la peau. J’arrivai à sentir que Mon­Humaine le sentait aussi. C’était un moment partagé. Une contagion de sensations­émotions. Je dressai l’avant de mon corps à la seconde même où elle se tendit vers moi, déployant le bras droit. Synchronisation parfaite. C’était le genre d’instant propice au mimétisme inter espèces. Dans les débuts de notre relation, ça surprenait toujours Mon­Humaine. Maintenant, après tout ce temps, nous en avions l’habitude. Malgré tout, je sentis passer un petit frétillement d’énergie. Je me collai un peu plus à sa main. Nous étions ensemble.

Elle entreprit alors de me faire l’une de ses séquences de caresses spéciales : gratouillis des ongles et soulèvement de la peau lâche du cou en doux rouleaux + gratouillis de type « la­bébitte­à­monte » jusqu’à derrière l’oreille droite + lissages successifs des oreilles droite et gauche. Le contact physique était délicieux. J’en soupirai d’aise. Elle était plus calme et détendue, moi aussi. Nos cœurs pulsaient… Bon, pas tout à fait à l’unisson, différences d’espèces obligent… beaucoup plus lentement que tout à l’heure en tout cas. Ça circulait bien entre nous. Bien­être. Sérénité. Attachement. Amour ? Amour. « Bon. C’était le temps. », l’entendis­je murmurer, satisfaite. Nous nous dégageâmes presque simultanément de l’étreinte. (Moi un peu avant elle, je dois dire, les bras de Morphée m’arrachant aux siens.) Et, fort aise, je fermai les yeux pour piquer un petit roupillon. Je la sentis me couver du regard quelques instants encore puis une couverture bienvenue fut déposée sur ma tête. Je dormais presque déjà lorsqu’elle se retira de nouveau dans sa tanière interne. La danse des dix doigts sur le morceau de plastique reprit. Clic, clic, clic...

Associations de l’auteure sur le matériel expérientiel mis à jour par notre petit Lester... Laissant, pour l’heure, Lester à ses rêves canins, je me pris à rêvasser moi­même aux paysages oniriques de mon compagnon. À quoi pouvait­il bien rêver ? Chasses endiablées dans les bois et les prés ? Découverte inespérée d’une réserve de bouts de saucisses oubliés (plutôt rare dans un foyer autrement végétarien) ? Séance de câlins humanimals dans le grand lit… Avec moi, je l’espère ? À moins que j’eusse tout faux… Peut­être que son Rêve était à des années­lumière de mes représentations humaines du Monde interne d’un chien. C’était probablement le cas d’ailleurs. Et si, pour lui, cela se rapprochait plus d’une espèce de Picasso sensoriel, d’un maelstrom de sensations corporelles, de flashs visuels et sonores, avec note olfactive dominante ? Je me vis revisitant de nouveau (pour la énième fois) le Grand Constat à la fois si frustrant, mais Ô Combien Merveilleux, du Mystère de l’Autre dans son Irréductible et « Non­Appréhendable » Différence. Aujourd’hui encore, ce fabuleux problème ne me laissait pas totalement en paix. En un sens, c’était peut­être bien ainsi puisqu’il y avait là confirmation de mon humanité. La Différence (comme l’Infini, la Mort, Dieu et le Diable) avait toujours su réveiller l’Angoisse primitive chez les deux­pattes­à­gros­néocortex que nous sommes. Me revint en tête quelques bribes d’un billet3 que j’avais publié sur ma page Facebook traitant de la question de la Différence et des peurs s’y rattachant. J’y proposais quelques liens entre Terrorisme ambiant, Peur de l’Autre différent et déplacement de nos charges d’angoisse comme de notre agressivité défensive sur une cible plus simple et accessible : les « Pitbulls ». Quitte à sacrifier Science et Gros Bon Sens, voire à carrément user d’imaginaire pour démoniser les poilus au passage, notre société faisait ce qu’elle pouvait pour gérer l’Angoisse de la Différence. Je m’activai un peu sur le net pour retrouver le texte et en faire lecture… … L'Être Humain est un animal social dont la Puissance des Émotions est alimentée par les grandes capacités à Réfléchir, mais aussi à... Imaginer ! Attention aux pouvoirs de nos peurs et aux scénarios que nous engendrons pour les gérer... Ici, c'est la Peur de l'Autre dans sa Différence qui se déploie et se fortifie. Cette même Peur animale qui, lorsqu'elle est nourrie, grandit et porte à Figer, à Fuir ou à... Attaquer ! Attention aussi au phénomène de Déplacement de ces peurs... À une époque où les médias rapportent les tristes évènements vécus partout sur la planète sous le terme générique de « Terrorisme », n'entrons pas collectivement dans cette « Terreur de l'Autre » qui nous laisserait Impuissants. Dans notre recherche (bien naturelle par ailleurs) de restaurer notre pouvoir d'agir, ne laissons pas certaines de nos défenses

inconscientes Déplacer et Condenser les charges émotionnelles qui nous habitent sur une cible tangible (ici, les « Pitbulls ») qui nous donnerait une Illusion de contrôle retrouvé. Créer de toutes pièces le Monstre­Symbolique que l'on pourrait enfin bannir, châtier, contrôler peut offrir (par l'acting) un exutoire temporaire à notre trop­plein d'émotions. Toutefois, faire de certains des « Poilus­de­nos­vies » les Terroristes qui frappent aléatoirement sans raison ne résout rien. Regardez les échanges enflammés sur le thème... Par­delà les divisions, les polarisations, de quoi parlons­nous réellement ? Nous parlons de notre Peur de la Différence... De l'Incompréhension qui Agite ! De notre besoin collectif de dégager un Sens à tout cela. Malheureusement, en simplifiant à outrance, en sélectionnant certains éléments de Réalité (ici, les tristes situations vécues avec certains chiens) et en en délaissant d'autres (les données scientifiques; le vécu empirique de certaines municipalités, états, provinces, pays; l'avis des experts du monde animal), en s'attaquant au problème (faux !) des « Pitbulls », on ne s'intéresse plus au Débat d'Importance : Comment Vivre Ensemble ?

Comment stimuler l'Affiliation, l'Appartenance, l'Ouverture ? Comment se serrer les coudes collectivement pour qu'Ensemble nous nous penchions sur les Défis inhérents à cette Mondialisation encore toute jeune ? Or, bannir le « Pitbull » comme tuer le « Terroriste » ne règle rien ! Créer des étiquettes arbitraires à apposer sur des catégories artificielles n'aide pas... Ça divise ! Si nous regardons dans l'Œil du Chien comme dans celui de l'Homme, c'est notre propre Reflet que nous verrons. Celui de notre Angoisse face à la Marche du Monde qui parfois tourne un peu trop vite pour nous et qui, ce faisant, nous Active... Nous conduisant dans nos zones de réactions primaires : Figer, Fuir ou... Attaquer ! Puissions­nous remplir, avec les Autres­d'une­autre­espèce, les Chiens, comme avec les Autres­de­notre­propre­Espèce, les Humains, notre part de l'Alliance Humanimale : le Devoir de Conscience. Pour ce faire, quand la Différence menace de nous submerger, chercher pro­activement les Traces de Similitudes qui nous Unissent et prendre la Parole pour en faire le Partage peut être aidant... Ensemble, mettons à profit notre Puissance Réflexive, Apaisons­Nous et Trouvons des Solutions autres que Tuer ou Exclure ! « Mon Dieu ! Intense. J’étais en verve ce jour­là… », furent mes premières pensées. Il faut dire que le racisme ambiant général et celui, plus particulier, dont une partie de la presse et de l’opinion publique faisaient preuve à l’égard des Pitbulls m’affectaient profondément. Je laissai mon esprit vagabonder du côté de cette façon d’être qui était mienne. Souvent légèrement (ou carrément) à contre­courant par rapport à une partie de mes semblables. Surtout dans cette sensibilité animalière… À fleur de peau et relativement hors­norme, dirons­nous… Qui, plus souvent qu'autrement, pouvait me laisser un peu en marge au sein de ma propre espèce. Oui, la Différence pouvait être souffrante. Il était dès lors assez facile de m’identifier aux Pitbulls­et­ autres­incompris­et­mal­jugés­de­ce­Monde. La posture Affiliative plutôt que Séparatrice était, depuis fort longtemps, la mienne. Bien que chacun d’entre nous fusse porteur de sa propre part de Différence, les réactions et les façons de composer avec s’avéraient multiples, je le savais bien. Chez moi, l’Affiliation allait parfois (dans ses extrêmes) vers l’attitude contrephobique. C’est­à­dire que, en situation de peur, plutôt que de fuir ou de faire fuir (donc de m’éloigner de l’objet de peur), je pouvais avoir une tendance forte à m’y coller d’assez près et à tenter (parfois un peu frénétiquement d’ailleurs) d’agir dessus coûte que coûte. C’est ainsi que, par exemple, loin de démoniser et de bannir les Affreux­chiens­dangereux, j’avais développé au fil des ans une expertise professionnelle (ce qui passait évidemment aussi chez moi par la sphère personnelle) en troubles graves de comportement. Les Différents, les Dits­Agressifs, je les avais croisés tôt et n’avait eu d’autre choix (tricotée comme je suis) que de leur ouvrir la Porte. Celle de mon Bureau, celle de mon Foyer et celle de mon Cœur (dans l’ordre ou dans le désordre) !

Mouvement sous la couverture… ­ Je sais, je sais, Lester. Là, c’est moi qui verse dans la grandiloquence. Mais avoue que, formulé ainsi, ça fait joli, non ! ? Évidemment, Lester ne me répondit pas. Mais il cessa de bouger… Ce chien était vraiment là, pour vrai. Qui plus est, il était sensible à moi. Sensible à mes états internes. Il y réagissait, le manifestait ouvertement et je rebondissais sur ses réactions; l’influençant à mon tour. De plus, il se tendait proactivement vers moi et moi vers lui. C’était plus que de simples interactions… Beaucoup plus qu’une action­réaction primaire. À vrai dire, bien que très au fait du phénomène depuis un bon p’tit bout maintenant, je peinais encore à en mesurer l’étendue. Il en avait toujours été ainsi, ce me semble, dans mon histoire de vie… Comment, par exemple, les difficultés comportementales de Monsieur, mon premier berger belge, avaient influé sur mon propre développement et sur mes choix de carrière ? On pouvait ainsi remonter le Fil d’Ariane de Sens de Chili­la­p’tite­boule (chienne en graves difficultés à qui nous avions offert un coup­de­patte­ humanimal), à Monsieur, mon premier Alter Ego… Mon Porteur d’Ombre…, en passant par Rouge, mon Grand­Amour­ chez­les­Chiens. Tout cela exerçait sur moi un important pouvoir de fascination tout en réveillant de multiples et complexes sentiments. Tic, tic, tic… Je me retournai et vit Lester qui avait traîné sa couverte jusqu’au pied de ma chaise et s’y était installé. Jusqu’à quel point Lester influait sur le cours de mes pensées, de mes actions, de mes interventions ? Où s’arrêtait le Moi ? Où commençait le Lui ? Qu’est­ce qui relevait de l’émergence vécue dans l’espace intersubjectif de notre rencontre ? Je me retournai pour lisser ses somptueuses oreilles et son long cou gracile. Son contact m’apaisa. Son regard m’apaisa. Amour… Tristesse. Les questions théorico­intellectualisantes sans réponses furent balayées, l’espace d’un instant, et cédèrent la place à ce qui était sous­jacent : le Vif Chagrin et la Nostalgie qui accompagnaient le Réveil en Mémoire des 42 Morts signifiants.

Les Larmes, hydrothérapie de l’Âme, lavèrent de nouveau mes cicatrices… Passées comme récentes. Je me sentis mieux. « Merci Lester. » Si le romanesque dans le récit pare toute Histoire de la Chatoyante et Grandiose Étoffe du Rêve, j’avais appris que la Vie Réelle, quant à elle, enchâssait son Or dans la pierre, sous terre. Il fallait alors peiner fort pour l’en extraire. Cette Vie qui abritait ses Perles au cœur même des Vivants, au fond des océans. On devait plonger et tuer pour s’en parer. Du Merveilleux, point de doute, le Monde en était rempli… Toutefois, les euthanasies lorsque tout avait été tenté et que l’aide que l’on était en mesure de fournir était insuffisante existaient aussi. Les dures aspérités auxquelles je m’étais parfois frottée dans ma Quête avaient usé (si ce n’est déchiré) le tissu de certains de mes rêves. Ainsi dénudés, quelques­uns s’étaient révélés fantaisies de petite fille où le Lion et l’Agneau vivaient en Harmonie au pied de l’Arc­en­Ciel. Les revisiter me permettait toutefois de sourire. J’honorais alors leur Mémoire en ce qu’ils avaient été pour moi autant de Refuges Intérieurs Paisibles au cœur de la Tourmente se levant parfois au détour de certains Passages de Vie. D’autres Rêves avaient, au contraire, été polis par les ressacs du Temps. L’Amour d’un chien était de ce nombre. Pierre rendue Précieuse, non pas par sa rareté ou par ses mille reflets flamboyants, mais bien par sa solidité, sa disponibilité, son accessibilité. L’Amour d’un chien permettait d’ériger, je le savais, de solides assises sur lesquelles bâtir une véritable Maison Relationnelle. J’en étais là de mes réflexions lorsque je sentis, contre ma jambe, les chatouillis d’un pelage de Belge. Je tournai la tête et fut cueillie par un coup de langue d’Huma­l’Humanimal, la nièce de Rouge. Oui, par la filiation (de corps ou d’esprit), les Morts continuaient à vivre à travers les Vivants. Je m’essuyai le bout du nez et me rappelai ce vieux proverbe arabe qui dit que « Langue de chien est médecine ». Une Grande Vérité Universelle, me semblait­il. Si la part de Différence existait indéniablement à l’intérieur de chacun… Il y avait des Similitudes qui, assurément, nous Unissaient ! C’était rassurant. Gruhummmf !!! Attirée par l’expiration caractéristique d’un chien s’abandonnant à la sieste, je jetai un regard par­dessus mon épaule et embrassai un tableau familier : La Loba et Huma se reposant sur fond de monticule lesterien. Mon petit chien saucisse était retourné s’enfouir sous sa couverture et deux autres membres de ma vaste Famille Humanimale s’étaient frayés un chemin jusque dans mon bureau... Ouf ! Je pris conscience, en les observant, de la fatigue qui m’habitait moi aussi. Je n’eus pas tôt fait d’envisager l’idée d'en rester là pour l’instant que déjà La Loba me poussait du bout du nez. « Oui, ma Vieille Grand­Mère. J’ai presque fini ! » C’est dire à quel point il s’en passait des choses dans un cabinet de consultation. Et cela allait bien au­delà des rencontres avec les patients. Un chien­partenaire en zoothérapie c’est beaucoup plus que…

Interruption intempestive de Lester qui revendique son droit au dernier mot… Oui, oui, on a compris ! Arg ! Ce que les humains peuvent être verbeux, qu’on s’le dise ! En fait, ce que Mon­Humaine cherche à vous dire c’est à quel point je suis important pour elle, et ce, à bien des niveaux. Si mon contact physique et ma présence peuvent l’apaiser, voire la réconforter, elle veut aussi vous dire que cela va encore plus loin que cela… Nous, les chiens, influons sur votre développement à vous les humains (et vice versa, mais ça, elle n’en a pas parlé ce coup­ci) et ce, depuis l’aube de l’humanité. On est tissés serrés, comme on dit. Il est donc difficile d’appréhender la part de l’Autre (exemple : moi) dans Soi (ici, elle). Ma conclusion à moi : mon rôle de chien­partenaire dans le bureau de consultation de Mon­Humaine (comme celui de membre de cette Famille Humanimale, d’ailleurs !) est loin d’être un long fleuve tranquille… Sur ce, à bon entendeur : « Salut ! ». ­ Bon. On peut sortir dehors maintenant ! ­ Merci Lester. Qu’est­ce que je ferais sans toi !?

Emmanuelle Fournier Chouinard (et Lester Tremblay Chouinard, pour vrai de vrai…) 1 Voir Fournier Chouinard, E. (2016). REGARD HUMANIMAL SUR… CHAPITRE VI : Où, dans le développement de son identité professionnelle, Lester nous surprend et révèle des compétences insoupçonnées. Revue Pattes­Libres, Vol. 4, No 2, p. 31­34. 2 Breuvage mythique (surtout celle à la saveur « bleue ») associé à l’enfance de l’auteure, le mot est aussi passé au rang des patois favoris. 3 Si la chronologie et les évènements sont romancés, l’histoire puise bel et bien dans le réel des expériences vécues. Le billet d’opinion existe donc ! Vous le trouverez sur l’une ou l’autre de mes pages Facebook : Emmanuelle Fournier Chouinard et/ou Centre Humanimal. Entrée du 23 juin 2016, intitulée : DOSSIER HUMANIMAL « PITBULL » : CONTRE LE RACISME et ses dérives pernicieuses.

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Demi­Lune

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n peu avant Noël, Sabrina et Christian* craquent pour un joli chaton de la S.P.A. Demi­Lune est une toute petite chatte d'environ dix semaines, trouvée errante quinze jours plus tôt. Elle est unique tant par son look que par son tempérament. Belle et douce sont des qualificatifs qui lui conviennent à merveille. Sabrina et Christian la prennent dans leurs bras et elle ronronne contre leur cœur. Comment ne pas se laisser gagner ? C'est ainsi que la belle Demi­Lune est adoptée. Lorsqu'ils viennent la chercher, le lendemain de Noël, ils apprennent qu'elle ne mange pas et qu'elle est probablement malade. Survivra­t­elle ? Bien futé celui qui aurait la réponse. Pourtant, ils choisissent quand même de l'adopter et de lui donner un foyer. Pendant onze jours, ils la soignent, la bercent, la caressent et la couvrent de toute leur tendresse, en espérant que l'amour et les soins permettent qu'elle puisse guérir. Mais le onzième jour, constatant que l'état de Demi­Lune se détériore, Sabrina et Christian jugèrent qu'elle devait revoir le vétérinaire rapidement en espérant qu'une chirurgie puisse régler un problème mécanique ou qu'un nouveau médicament produise des effets bénéfiques. Mais le diagnostic tombe comme un couperet. Demi­Lune est en phase terminale. Elle est fiévreuse et présente des signes de douleur lors de l'examen. Le couple est assommé, ils sont déjà attachés à cette petite boule de chaleur qui a ronronné sur leurs genoux au cours des derniers jours. Pas facile de signer le consentement pour mettre fin à une vie. Pourtant, l'ultime geste d'amour est accompli. C'est les bras vides et le cœur lourd qu'ils reviennent à la maison ce soir­là. Tous deux sentent la présence d'un grand vide. Pourtant, malgré la peine, Sabrina ne regrette pas la venue de ce petit paquet d'amour dans sa vie. Cette adoption a permis à la jeune chatte de vivre ses derniers jours dans la chaleur d'un foyer, entourée de ceux à qui elle avait donné son cœur. Sabrina considère que ce fut pour elle un beau cadeau. Comme elle le dit si bien : « Un beau souvenir, ce n'est pas rien ». Un souvenir heureux1 Est plus vrai bien souvent que le bonheur Plus vrai que tous les mots du fond du cœur L'oubli est un affreux voleur. * Les prénoms ont été remplacés 1 Paroles : Daniele Thompson Musique : Vladimir Cosma Interprète : Diane Dufresne

POUR UNE SOLUTION NON ÉMOTIVE AU PROBLÈME DES PITBULLS

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vec tous les cas de morsures de pitbulls publicisés dans les médias cette année, on me demande souvent ma position officielle concernant ces chiens. Alors la voici.

Tous les événements malheureux de ce printemps débutant par la mort d'un pitbull tué par cinq autres chiens de la même race le 5 juin1 et la mort d’une dame tuée par un pitbull le 8 juin 20162 furent largement médiatisés dans la presse québécoise et ailleurs. Ces faits ont attisé fortement le débat sur la question des chiens dangereux et particulièrement des pitbulls. Le question des pitbulls est une question émotive puisqu’elle concerne la sécurité des citoyens et de leurs animaux.

Mais existe­t­il des solutions non émotives, permanentes et basées sur la réflexion rationnelle? Oui ! Il faut tout d’abord savoir que le pitbull n’est pas une race mais un type de chien. Un pitbull peut être un croisement d’american pitbull terrier, d’american stafford terrier, de staffordshire bull terrier, de boxer, de mastiff, de bull terrier, etc… L’appellation « pitbull » vient du fait que ces chiens sont souvent utilisés pour le combat de chiens, l’american pitbull terrier ayant lui­même été créé pour combattre des taureaux et des ours dans les arènes (mots anglais signifiant pit : pour « fosse » et bull : pour « taureau »). Le pitbull est un chien très fort. Sa mâchoire est parmi l’une des plus puissantes de la gent canine et peut engendrer de très graves morsures et même la mort chez l’humain et les autres animaux. Mais n'oublions pas que des races telles que le rottweiler, le doberman, le berger allemand, le danois, le mastiff, le cane corso, le mâtin de Naples et d'autres encore, ont une mâchoire tout aussi puissante.

Plusieurs municipalités québécoises ont déjà interdit le pitbull : Lévis, Chateauguay, Repentigny, Joliette, Drummondville, Mascouche et tout récemment Montréal pour ne nommer que celles­là. Des provinces comme l’Ontario en interdisent aussi sa possession sur leur territoire. Cependant, bien des pays ayant interdit le pitbull ont révisé leur politique et ont réadmis ce chien, constatant, avec le temps, que la problématique avait été transférée sur d’autres races. Interdire une race ou un ensemble de races est inutile et amènerait les gens mal intentionnés ou ignorants du comportement canin à entraîner d'autres races et à les rendre dangereux comme on a pu le voir dans les pays où le bannissement de certaines d'entre elles fut appliqué. De ce fait, le nombre de morsures ne fut pas à la baisse mais plutôt à la hausse comme on a pu le constater dans certaines villes, notamment à Toronto, où on a vu le nombre de morsures augmenter chez d’autres races comme le berger allemand, par exemple.

L’interdiction de la race n’est pas donc pas une solution, mais donne plutôt un faux sentiment de sécurité. Alors que faire? Existe­t­il des solutions à long terme? Ne devrait­on pas regarder le côté humain du problème?

Voici quelques pistes de solution qui pourraient aider à gérer cette situation problématique : 1. ADOPTION D'UNE LOI PROVINCIALE OU FÉDÉRALE SUR LES CHIENS DANGEREUX. Cette question ne devrait plus être de juridiction municipale, car actuellement il y a, entre les villes, une disparité trop importante de solutions à ce problème. Cette loi ne devrait pas en être une qui interdirait des races spécifiques, mais qui forcerait plutôt l'évaluation, par un comportementaliste reconnu ou par une association professionnelle, de tout chien ayant mordu. Une licence différente devrait être obligatoirement portée par un chien ayant été évalué pour morsure. L’euthanasie de tous les chiens considérés comme non réhabilitables devrait être décrétée et un programme de rééducation devrait être obligatoire pour tous les autres et ce, aux frais du propriétaire du chien.

2. ÉMISSION D'UN PERMIS. Un permis pour toute personne désireuse d’avoir un chien ou déjà détentrice d'un chien incluant UNE FORMATION DE BASE non pas en obéissance, mais en PSYCHOLOGIE CANINE. Cette formation découlant de la science du comportement impliquerait un entraînement qui permettrait à la personne de bien connaître et de prévoir les comportements canins ainsi qu'une méthode d'entraînement en renforcement positif et punition négative (voir les notions de conditionnement opérant). 3. INTERDICTION de l’enseignement de méthodes d'entraînement basées sur la force, la douleur et la peur; il est prouvé que ces trois éléments peuvent entraîner de l’agressivité. 4. ENCADREMENT des éducateurs canins avec une formation UNIFORMISÉE et mise en place une association reconnue par le gouvernement. 5. CRIMINALISER de façon plus importante, par l'augmentation des peines et des amendes, les activités d’élevage de chiens en vue du combat et de toute participation aux combats de chiens ainsi que pour tous les abuseurs d'animaux. 6. ÉDUCATION PERMANENTE de la population sur les devoirs et responsabilités de toute personne possédant un chien, car posséder un chien est un PRIVILÈGE ET NON UN DROIT. 7. INTERDICTION de la vente d'animaux en animalerie. Encadrer et procéder à des inspections régulières chez tous les éleveurs canins. Donc : DÉBLOQUER DES BUDGETS pour former et employer suffisamment d'inspecteurs. FERMER également toutes les usines à chiots. 8. Finalement, STÉRILISATION OBLIGATOIRE de tous les chiens non destinés à la reproduction. Permettre uniquement la reproduction des chiens de race pure provenant d’éleveurs éthiques.

Voilà, à mon avis, un excellent départ pour réduire de façon substantielle les accidents provoqués par les chiens dits « dangereux ».

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Le Journal de Montréal, mardi 7 juin 2016 : http://www.journaldemontreal.com/2016/06/07/inquietudes­apres­la­mort­dun­pitbull­devore­par­des­chiens­de­la­meme­race

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Le Journal de Montréal, mercredi 8 juin 2016 : http://www.journaldemontreal.com/2016/06/08/le­corps­dune­femme­retrouve­dans­une­cour­arriere­1

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Selon le conditionnement opérant, les comportements sont influencés par les conséquences que provoquent ces comportements et aussi l’environnement. L’individu peut apprendre à augmenter ou à diminuer un comportement.

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LA VÉRITÉ SUR NOS COMPAGNONS CANINS ET FÉLINS ­ (Partie 1)

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ans cet article, je tenterai de démystifier certaines interrogations auxquelles je réponds régulièrement dans l'exercice de ma pratique ainsi que de vous éclairer en quelques mots, sur certains points intéressants se rapportant à nos compagnons canins et félins. Alors, débutons par un mythe toujours bien incrusté dans la croyance populaire...

1­ Le palais noir est­il un signe confirmant qu'un chien est de race pure? C'est un mythe ! Ce fait ne constitue pas un critère de race pure. Un chien croisé, au pelage sombre et à la pigmentation foncée, peut avoir un palais noir. On ne retrouve ce signe en permanence que sur les chiens de race chow chow, seule race qui fait exception avec sa langue et ses gencives bleues foncées.

2­ Qu'est­ce qui provoque le bruit du ronronnement chez le chat? Ce bruit provient de la vibration du ligament de l'os hyoïde1. Le bruit ainsi créé se fait entendre aussi bien à l'inspiration et qu'à l'expiration. Néanmoins, certains scientifiques affirment que le ronronnement serait plutôt dû à la contraction rapide des muscles du larynx et du diaphragme du chat. Cela engendrerait alors la vibration des cordes vocales, produisant ce bruit caractéristique. Le ronronnement chez le chat apparait dès l'âge de deux jours. Dans la nature, il est essentiellement limité aux relations mère­progéniture, mais le chat domestique peut ronronner autant dans une situation de plaisir que dans celle de la souffrance. C'est pourquoi la signification de cette vocalisation de contact est peu évidente. Une théorie assure au ronronnement un rôle curatif : les basses fréquences émises permettraient de renforcer les os, les muscles, les tendons et auraient même un rôle antidouleur.

3­ Est­il vrai qu'un chat peut voir dans la noirceur? Le chat a une vision inférieure à la nôtre durant le jour. Cependant, il possède une très bonne vision dans l'obscurité, meilleure que celle du chien et trois fois supérieure à celle de l'humain, lui permettant ainsi de chasser sans problème au cours de la nuit. Elle est due à la richesse de leurs rétines en cellules spécialisées appelées bâtonnets; les chats ont plus de bâtonnets que de cônes. On compte chez le chat 25 bâtonnets pour un cône alors qu’on trouve chez l’homme 20 bâtonnets pour un cône. Le fond des yeux du chat est couvert d’une couche que l’on appelle Tapetum Lucidum. On pourrait traduire cette locution latine par « tapis brillant ». Il s’agit d’une surface réfléchissante qui permet d'augmenter, par réflexion, la quantité de lumière captée par la rétine. D’où une vision améliorée même par faible luminosité. Mais si le chat est plongé dans le noir complet, sans aucune source de lumière, il ne voit rien !

4­ Est­ce que les chiens et les chats peuvent voir les couleurs? On a longtemps cru que ces animaux ne pouvaient voir leur environnement qu'en noir et blanc, mais ce n'est pas le cas. Ils peuvent distinguer certaines couleurs. Les chiens, tout comme les chats, sont dichromates, c'est­à­dire qu'ils ne voient que deux des trois couleurs primaires.

Les chiens ont dans les yeux deux types de récepteurs de couleur, que sont les « cônes », comparativement aux humains qui en possèdent trois. Chacun de ces cônes est sensible à une couleur différente. Un chien voit le jaune et le bleu, mais verra du brun grisâtre à la place du rouge, du jaune foncé à la place du orange, du bleu foncé à la place du violet. Pour sa part, le chat ne perçoit que les teintes entre le bleu et le jaune, mais il est peu sensible au rouge et au vert. Une pelouse lui apparaît blanchâtre.

5­ Est­ce que les chiens ont une bonne vision? Le chien a une meilleure vision de nuit que celle de l'homme, mais de jour, il est un peu myope. Son acuité visuelle est six fois plus faible que la nôtre donc il ne perçoit que les détails des objets qui sont à moins de 50 cm de distance. Les yeux du chien, étant placés sur les côtés de sa tête, offrent une perception du relief plus limité que celle du chat ou de l'homme qui ont une vision binoculaire. De ce fait, le champ visuel binoculaire est réduit chez le chien à 80­100 degrés, comparé à celui de l’homme qui est à 140 degrés. Par contre, sa vision est plus large, il perçoit mieux les mouvements de son humain lorsqu'il marche à ses côtés. Son champ de vision est d'environ 250 degrés comparativement à 180 degrés pour l’homme.

6­ Pourquoi le chat claque­t­il des dents quand il voit une proie? En regardant par la fenêtre, il arrive que les chats émettent un bruit distinctif qui ressemble à un claquement de dents accompagné parfois d'un léger miaulement. Les chats produisent ce bruit lorsqu'ils observent des oiseaux ou tout autre animal susceptible d'être une proie intéressante pour eux. Selon les chercheurs et spécialistes du comportement félin, ce bruit serait associé à celui provoqué par la morsure faite au cou lors de la mise à mort d'un oiseau ou d'un petit rongeur. Un bruit sec, rapide et efficace mettant fin à la chance de leurs proies de s'échapper. Même pour les chats qui ne mettent pas le nez dehors, l'instinct de chasse est profondément ancré en eux.

7­ Est­ce que les animaux pleurent? Il est n'est plus possible d'en douter, les animaux ressentent des émotions tout comme nous. Mais peuvent­ils verser des larmes? L'homme est­il le seul être vivant qui, sous l'emprise d'une émotion forte, peut soulager son chagrin par les larmes? On voit régulièrement, sur les réseaux sociaux, des photos illustrant un animal qui verse une larme. Les textes ajoutés sous les images parlent de la tristesse de cet animal suite au décès d'un ami de son espèce ou d'un humain qu'il adorait ou de la joie intense d'une petite chienne à qui on a rendu ses petits. Mais qu'en est­il réellement? La principale fonction des larmes est d'apporter de l'oxygène à la cornée de l'œil et de la nettoyer. Les larmes protègent aussi des infections, enlèvent les petites poussières qui pourraient s'y trouver et servent également à garder l'œil humide. En général, on peut dire que les chats et les chiens peuvent être déprimés et tristes, mais ne fondent pas en larmes comme nous. Si leurs yeux coulent, ça ne peut­être causé que par un problème quelconque tel qu'une conjonctivite, un cil ectopique (c'est­à­dire un poil qui pousse à un endroit anormal et qui se dirige vers la cornée), etc. Alors, lorsque vous remarquerez que votre petit compagnon poilu semble verser une larme, ce n'est pas parce qu'il pleure de tristesse ou de joie, mais plutôt qu'il souffre d'un problème de santé. De ce fait, il est recommandé de consulter votre vétérinaire pour régler le problème.

1 Un os situé au­dessus du larynx dans la partie antérieure du cou, en dessous de la base de la langue

Références : Morris, Desmond, Illustrated Dogwatching. Ed. Prospero Books, 1998. http://www.maxisciences.com/ http://www.santevet.com/ http://www.scienceshumaines.com/ http://conseilsveterinaire.com/ http://www.veterinairedelebisey.com/ http://centredmv.com/

Quel est ton besoin?

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es chiens ne sont jamais loin de leur profit, comme on dit. Cette capacité innée de se trouver constamment dans le moment présent leur permet de dire oui à tout ce qui se passe, que ce soit routine ou nouveauté, que ce soit habitude ou surprise. Ceci les place en permanence devant un oui permanent et ce, à tout évènement. Cette façon d’accueillir ce qui survient et ce, de façon instantanée, ne manque pas de susciter l’envie de leurs compagnons humains. Parlons­en, de ces humains ! S’il est un être sur terre qui a des besoins nuancés et variés, c’est bien l’être humain ! En psychologie, on aime distinguer les besoins des désirs. Il est généralement reconnu qu’un besoin est une nécessité, une obligation et qu’il est aussi quelque chose d’essentiel à la vie. Un besoin part le plus souvent d’une émotion. Un désir est un phénomène plus modeste; il s’agit d’un souhait, d’une envie ou encore de quelque chose que nous souhaitons mais qui n’est pas essentiel. Il est possible de constater que pour certaines personnes, côtoyer un chien est un véritable besoin. Ces personnes sont presque toujours beaucoup plus impliquées dans leur relation avec un chien que celles qui ne font que désirer un chien. Plusieurs psychologues américains se sont d’ailleurs attaqués au thème des besoins : William Schutz et quelques autres. Ils établissent généralement une distinction entre trois besoins psychologiques humains : besoin d’appartenance, besoin de réussite et besoin de pouvoir. Le besoin d’appartenance fait référence au plaisir que nous avons d’appartenir à un groupe plus grand et plus fort que nous. Notre appartenance peut se loger dans les communautés ou les associations auxquelles nous adhérons parce qu’elles regroupent des adhérents qui partagent les mêmes goûts, les mêmes valeurs. Notre appartenance commence très tôt dans la vie (« à qui est le beau bébé à sa maman? »). Le jeune enfant « appartient » à ses parents, plus tard à la famille et encore au quartier, à l’école, au pays. L’appartenance peut aussi inclure la nationalité, l’orientation sexuelle, une adhésion à un parti politique, et, ultimement, à la catégorie « compagnon de vie de chiens ». Le besoin de réussite, comme son nom l’indique, fait référence au plaisir qui dérive d’un ou de plusieurs succès personnels; on parle de réussite sociale, de réussite financière, de réussite professionnelle, de réussite scolaire, de réussite sportive, et de combien d’autres. Il va sans dire que le sentiment de réussite est élastique. Certaines personnes ayant supposément réussi aux yeux de l’entourage souhaitent peut­être encore réussir plus ou réussir mieux. Ultimement, le besoin de réussite en lien avec le chien peut consister à enseigner à notre chien un certain nombre de tours; plus il en sait, plus notre besoin se trouve gratifié. Le besoin de pouvoir fait référence à l’autorité que détient un individu sur ses semblables. On trouve le pouvoir octroyé par une autorité supérieure (la police, l’armée) et le pouvoir acquis à force de compétences, reconnaissance, expertise dans un champ donné. Une personne ayant un besoin de pouvoir peut l’exercer avec son chien en misant sur l’obéissance au détriment parfois de la socialisation de ce dernier. Bien sûr, nous avons tous un peu de ces trois besoins, mais il y en a toujours un qui domine. Si l’équilibre parfait n’existe pas – et ce n’est pas souhaitable – une personnalité bien intégrée s’ajuste en fonction des circonstances de la vie. Lors d’une tâche ardue à exécuter, la personne ayant un besoin de réussite fort mettra tout en œuvre pour accomplir cette tâche. La personne ayant un besoin de réussite faible s’organisera pour déléguer la tâche à autrui, si c’est possible, ou ne s’en souciera pas beaucoup advenant qu’elle ait à l’exécuter seule.

Une rupture amoureuse jettera à terre l’individu qui place haut son besoin d’appartenance dans le couple, mais n’engendrera qu’un stress mineur chez l’individu dont le besoin d’appartenance est moindre.

Et qu’en est­il du compagnon de vie du chien? Votre chien sert à combler votre besoin d’appartenance? Fort bien : c’est VOTRE chien. Et vous êtes SON humain. Et votre chien le sait et il le sent. Votre besoin d’appartenance peut être élevé, moyen ou faible. Un besoin d’appartenance élevé frise la dépendance. On peut parler de dépendance lorsque, si l’objet de la dépendance vient à manquer, apparaissent des symptômes de sevrage (stress, anxiété, dépression, signes de manque, etc.) Le chien comble merveilleusement bien le besoin d’appartenance de son humain par ses nombreuses marques d’affection. Il va sans dire que l’humain a soigneusement mis en place et maintenu un conditionnement approprié pour favoriser, chez son chien, l’émergence de nombreuses marques de tendresse (ou interprétées comme telles). C’est en gros, ce que nous faisons avec nos enfants, aussi ! Lorsqu’un besoin d’appartenance fort existe et lorsqu’il est comblé, tout va bien et tout le monde est content. Lorsqu’il ne l’est pas, le réflexe humain consiste à lutter pour l’obtenir. Il est pathétique de voir des personnes « quêter » l’amour ou l’affection de leurs semblables par des voies directes ou indirectes. Mais il est bien légitime et bienvenu de le faire avec son animal favori qui ne se fera pas prier pour répondre à la demande. La plupart des chiens répondent présent. Lorsque le besoin d’appartenance n’est pas comblé, malgré des efforts désespérés pour y arriver, il s’installe une dynamique contraire, soit un sentiment de rejet, d’abandon. On entend souvent parler d’humains qui abandonnent leur chien pour des raisons diverses, toujours mauvaises, mais on entend très rarement parler de chiens qui abandonnent leur humain. Ce n’est pas leur genre. Votre chien sert à combler votre besoin de réussite? Fort bien. Il ne suffit pas « d’avoir » un chien, encore faut­il l’entraîner, l’éduquer, le former. De la même façon, il ne suffit pas, pour le chien, « d’obéir » à des consignes simples (« assis, couche, viens, va chercher »), encore faut­il qu’il exécute des consignes plus sophistiquées, encore faut­il que, pour combler le besoin de réussite de son humain, que le chien exécute des sports canins diversifiés (« freestyle canin, weight­pulling, cani­cross, agility, skijoring, fly­ball »). Curieusement, ces activités portent toutes des noms anglais. Il est permis de se demander ce qu’un expert en psycholinguistique en penserait. Si le besoin de réussite est comblé, bravo, tout le monde est heureux. Sinon, le compagnon humain fera des efforts soutenus pour y arriver. Et s’il n’y arrive pas, il va s’installer une dynamique contraire, une dynamique d’échec. Une telle dynamique entraine, chez l’humain, tristesse, dépression, amertume, regrets; tous des états connus du chien. Ce dernier les développe habituellement… par contagion ! Le chien a­t­il, lui aussi, un besoin de réussite? Certainement. À voir son contentement lorsqu’il parvient à faire ce qu’on lui demande, il n’y a aucun doute à ce propos. Et s’il n’y arrive pas, il poursuit sa vie comme si de rien n’était. Votre chien sert à combler votre besoin de pouvoir? Très bien : vous aimez diriger, contrôler. Si votre besoin est assouvi, tout va bien, bravo. Sinon, vous allez mettre toute la gomme pour y arriver. Certaines personnes se méfient de ceux qui exercent leur pouvoir de manière trop envahissante. Mais les dépendants et les soumis les recherchent activement. En effet, se retrouver sous l’aile protectrice d’un contrôlant est très rassurant pour eux. De plus, cela évite de prendre des initiatives et des responsabilités, ce qui nous met à l’abri des erreurs. Votre besoin de pouvoir est comblé? Bravo, vous êtes heureux. Sinon, il va s’installer une dynamique contraire, la dynamique d’impuissance. Celle­ci entraine colère, rage, passivité et souvent des malaises physiques. Vous adoptez un chien pour exercer votre besoin de pouvoir? Vous allez vous efforcer de le faire obéir au doigt et à l’œil. Dans ce cas, la socialisation du chien pourrait vous sembler secondaire. Peut­être vous lancerez­vous dans cette discipline : le « Schutzhund1 ». Cette discipline fait que l’on obtient une obéissance à toute épreuve. Cette méthode est utilisée principalement par des professionnels pour l’entraînement des chiens dans la police ou dans la douane, par exemple. En utilisant cette méthode, certaines personnes ayant un besoin de pouvoir élevé se sentent ainsi plus fortes et plus vivantes grâce au contrôle qu’elles exercent sur l’animal. Les besoins humains… Les besoins canins… Finalement, nous ne sommes pas plus loin de notre profit que les chiens. 1 Mot allemand qui veut dire « chien de protection ». Cette discipline implique majoritairement des bergers allemands et vise

une obéissance parfaite.

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Comment choisir un chien partenaire d’intervention en zoothérapie !

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ans le cadre d’une formation en zoothérapie, les étudiants sont dès le départ désireux et impatients de travailler avec leur futur partenaire et souhaitent par le fait même connaitre les critères de sélection qui assureront ce « match parfait » avec leur animal au travail. Cet être idéal, d’une autre espèce, est apprécié pour ses multiples qualités; capable de s’adapter, d’écouter, de participer, de se connecter, d’être heureux et de rendre heureux. Mais comment savoir lequel d’entre eux possèdera le profil recherché pour l’emploi? Voilà ce à quoi je tenterai de répondre dans cette chronique, au plus clair de mes connaissances et de mon expérience.

Qu’est­ce qu’un chien partenaire d’intervention en zoothérapie? Un animal partenaire d’intervention en zoothérapie est amené à travailler en collaboration avec un intervenant formé en ce domaine pour favoriser, chez une personne, un maintien ou une amélioration sur le plan physique, social, affectif ou cognitif. Sa présence permet de créer un contexte plus rassurant et authentique. Elle favorise la motivation, la persévérance, l’empathie, l’établissement d’un lien de confiance ainsi que l’attachement entre l’aidant et l’aidé1. Ainsi, l’animal entrainé et intégré à cette fin agit à titre d’assistant; il est guidé par un intervenant pour favoriser l’atteinte des objectifs préalablement établis. Ces derniers sont déterminés en fonction de la clientèle et de la sphère professionnelle de l’aidant. Par exemple, un enseignant en classe d’adaptation scolaire, formé en zoothérapie, pourrait choisir d’intégrer un chien afin de travailler entre autres la communication chez les élèves.

Voici quelques exemples de catégories des besoins : • La motricité globale/fine • La coordination • La locomotion • La stimulation sensorielle • La communication • La gestion des émotions • La création d’un lien significatif • L’estime de soi • L’autonomie • La relaxation/le bien­être • La mémoire • La concentration/l’attention.

Les clientèles sont diverses : • Trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité • Trouble de comportement • Difficultés ou troubles d’apprentissage • Trouble du langage • Troubles du spectre de l’autisme • Déficience intellectuelle • Déficience physique

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• Perte d’autonomie • Soins palliatifs • Autres…

Une multitude d’activités peuvent être pratiquées selon les objectifs : • Parcours à obstacles • Défis animaliers à faire réaliser à l’animal • Enseignement de comportements à l’animal • Cache­cache croquettes • Marche en laisse • Soins à l’animal (brosser, nourrir, abreuver, etc.) • Relaxation et détente • Caresses • Jeux • Autres… Vous comprendrez que, pour exercer un tel travail, des connaissances en relation d’aide et en comportement animal sont indispensables. À cet égard, des responsabilités incombent à ce professionnel telles que protéger la santé et le bien­être de tous les individus en présence pendant le déroulement d’une séance, que ce soit le client, l’animal, le personnel de soutien ou l’intervenant lui­même. D’ailleurs, ce dernier est tenu de respecter certaines obligations telles que : • Détenir un diplôme ou une attestation d’un établissement de formation reconnu par la Corporation des zoothérapeutes du Québec (CZQ); • Pratiquer la zoothérapie sous le couvert d’une assurance responsabilité civile et d’une assurance professionnelle (erreur et omission); • Respecter le code de déontologie de la CZQ2.

Le cadre d’intervention Tel que mentionné, l’intervenant doit s’assurer en permanence que tous les contacts soient exempts de risques physiques ou psychologiques. Tout inconfort ressenti et communiqué à l’entourage par l’animal doit être considéré afin de s’y ajuster et de favoriser son état de bien­être. En étant à l’écoute et respectueux de sa communication, il gagnera ainsi plus d’assurance. À ce moment, il comprendra qu’il peut éviter les situations désagréables menant au stress au lieu de subir les pressions non souhaitées de l’environnement (comme les contacts physiques imposés, l’envahissement ou la contrainte). Les rétroactions données par l’animal servent, par le fait même, de prétexte pour s’observer, tenter de se comprendre et de s’ajuster mutuellement pour développer un véritable lien de confiance. Puis, de cette manière, il peut initier plus facilement les contacts avec les individus qu’il rencontre. Il va sans dire que l’aidé doit être conscientisé sur les comportements respectueux à adopter en présence d’un animal, et ce, dès la première rencontre (parler doucement, caresser le dos ou les épaules selon le chien, éviter les gestes brusques, etc.)3 Les consignes sont ainsi rappelées au besoin tout au long des séances. Parallèlement, l’animal doit initialement avoir été entrainé pour se comporter décemment à l’égard des personnes. Cela mène ainsi à des échanges plus sécuritaires et respectueux.

Le profil du chien Quelles pourraient être les qualités recherchées chez l’animal? En fait, je pense que tout animal partenaire d’intervention en zoothérapie est unique et mérite que l’on s’intéresse à sa personnalité pour éventuellement l’intégrer au cœur d’une séance selon la clientèle et le milieu. L’image du corniaud de refuge au lourd passé peut parfois être source d’authenticité, de confiance, d’empathie et de résilience pour les gens. D’une autre façon, le petit chien joyeux aux allures de chiot pourrait facilement conquérir le cœur des tout­petits ou de la personne âgée. Bien évidemment, plusieurs cas de figure sont possibles, mais il importe d’être d’abord conquis soi­même par ce compagnon à quatre pattes. Pour ce qui est des comportements, il y a toute une gamme d’apprentissages qui peuvent être transmis par le biais de conditionnements, mais la question importante à se poser demeure : est­ce que cet animal aura réellement envie de ces contacts, de ces différents endroits à visiter, de ces activités proposées, de ces balades en voiture?

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Pour vous aider à y répondre, voici quelques traits de personnalité recherchés chez ce précieux collaborateur canin4 : • Un intérêt pour les humains • Une tolérance à la proximité et au contact physique d’inconnus • Une aisance et une curiosité face à un nouvel environnement • Un état de calme dans un endroit non familier favorisant son attention face aux demandes de l’humain • Une évaluation cognitive juste des situations • Une bonne communication propre à son espèce • Une capacité à prendre des initiatives.

D’un autre côté, voici les comportements pouvant être nuisibles en intervention : • Vocalisation de distancement (mettre à distance) • Vocalisation dirigée vers la personne • Agitation incontrôlable de l’animal • Stress/anxiété • Réactivité démesurée à l’égard des personnes ou des objets dans l’environnement • Inhibition marquée des comportements (repli et fermeture à l’environnement) • Marquage urinaire dans le milieu d’intervention • Agressivité.

Oui, mais comment le choisir? Avant d’entamer un processus d’adoption, l’intervenant est tenu de s’orienter vers un compagnon qui correspondra à ses préférences et à son mode de vie, car ils cohabiteront pendant plusieurs années. • Chien de race ou pas • Chien d’éleveur, de particulier ou de refuge • Petit, moyen ou grand • Jeune ou adulte • Femelle ou mâle. N’oublions pas que les comportements d’un animal reposent à la fois sur sa génétique et sur ses apprentissages. Son profil comportemental dépendra donc de l’hérédité, mais également des expériences qu’il vivra dans son environnement. En effet, dans une portée de chiens de berger, nous n’y retrouverons pas nécessairement un ensemble de futurs rassembleurs de troupeaux en puissance. D’ailleurs, aucun test de chiot ne permet à ce jour de prédire avec certitude le profil comportemental de chacun. Cela dépendra, entre autres, du milieu dans lequel il évoluera5. Toutefois, l’adoption d’un jeune chien permet de participer à son évolution dès les premiers mois de sa vie, mais sans savoir s’il deviendra le compagnon de travail tant souhaité. Pour le choisir au sein d’une portée, il est fort judicieux d’opter pour celui qui observe, analyse la situation et explore ensuite par curiosité plutôt que le téméraire qui fonce ou le plus craintif qui reste à l’écart. D’un autre côté, l’adoption d’un chien adulte nous donne plus d’information sur ses comportements et sa personnalité actuelle, mais demandera peut­être la réorientation de certaines conduites. Néanmoins, il faut impérativement garder à l’esprit qu’avant d’être un partenaire d’intervention en zoothérapie, il reste un être vivant ayant des besoins physiologiques et comportementaux propres à son espèce et variables d’un individu à l’autre. Bien qu’il soit question d’un être unique, une prédisposition innée à exprimer certains comportements peut être observée, et ce, à différents degrés. Par exemple, la poursuite chez un chien de berger, ou le creusage chez un terrier, sont des comportements normaux qui peuvent parfois devenir néfastes dans leur cohabitation avec l’humain. Il n’en demeure pas moins qu’ils font partie des besoins de l’espèce canine. Nous devons donc les connaitre, y répondre quotidiennement et orienter les apprentissages en conséquence. Ceci implique de l’exercice physique, du jeu, de la mastication, de la stimulation mentale et un contact avec d’autres amis canins au besoin. Comme toute adoption d’un animal, au sein d’un foyer, nous devons tenir compte : • De l’espace • De nos heures de disponibilité • Des personnes du foyer responsables de l’animal • Des coûts occasionnés (vaccins, maladie, accident, stérilisation, gardiennage) • Des vacances en famille • De l’investissement à long terme • Etc.

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Pour une adoption sérieuse et réfléchie ! Que se passera­t­il si mon animal6 : • N’a pas les prérequis pour devenir un partenaire de zoothérapie? • N’aime pas les balades en voiture? • N’aime pas les interactions avec les humains? • Doit prendre sa retraite plus tôt que prévu dû à un problème de santé?

L’éducation Si j’adopte un chiot ou un chien adulte provenant ou pas d’un refuge dans le but de l’intégrer en intervention, il est indéniable que je devrai m’impliquer dans un entraînement selon ses besoins et selon les exigences d’un tel partenariat. Il est fort probable que l’animal nécessitera un investissement quotidien de ma part pour une éducation de base solide ou pour la réorientation de certains comportements pouvant être nuisibles tel que sauter sur les gens pour dire bonjour. Je suggère, évidemment, un cours de maternelle pour chiot afin de favoriser l’apprentissage des codes sociaux propres à l’espèce ainsi que des cours d’éducation canine pour pratiquer les commandes de base et pour bien connaitre son compagnon dans différents contextes.

L’éducation de base pour comportements suivants :

un

chien

de

zoothérapie

concerne

l’apprentissage

des

• S’assoir • Se coucher • Rester • Marcher en laisse • Revenir au rappel • Rester à proximité de son humain • Prendre des initiatives • Être capable d’autorégulation • Se retirer sur son coussin au besoin • Être à l’écoute de son humain • Et peut­être exécuter quelques tours de fantaisie pour faciliter parfois la connexion entre la personne et l’animal. Dépendamment du chien, l’apprentissage se poursuit par l’habituation ou par la désensibilisation systématique aux éléments suivants : • Les foules • Le transport en voiture • Les ascenseurs • Les couloirs sombres et étroits • Les escaliers • Les outils et matériaux présents dans les milieux d’intervention (fauteuil roulant, poussette, canne, parapluie, etc.)

Quand pourra­t­il intégrer les séances? Dans un premier temps, une relation de confiance doit être établie entre l’animal partenaire et son collaborateur humain, et ce, avant même de se déplacer dans divers milieux. De plus, l’animal est tenu de connaitre les commandes de base mentionnées précédemment et être en mesure de les appliquer en permanence. Dans le même ordre d’idée, il doit détenir des comportements régulés à l’égard des individus en présence en plus d’être à l’écoute de son compère humain7. Comme l’intervenant en zoothérapie est généralement amené à se déplacer d’un endroit à l’autre, il est souhaitable que le chien puisse avoir une bonne capacité d’adaptation. Cela correspond au temps qu’il prendra pour se calmer et être suffisamment à l’aise pour explorer, manger, s’abreuver ou entrer posément en contact avec les gens. Ces éléments seront un bon indicateur quant à sa capacité à s’ajuster au contexte. Tout comme l’humain, un animal stressé sera moins disponible cognitivement pour une intervention de qualité qui nécessite d’entrer en relation avec les individus. Le stress ressenti est réputé pour entraver son bien­être psychologique, voire physique8. Les signes de stress observés chez le chien constituent un indice fiable pour connaitre son état interne.

Quelques signaux de stress chez le chien9 • Altération profonde de l’appétit ou de la soif (le stress aigu est généralement associé à une baisse de l’appétit et de la soif, et le stress chronique à une augmentation) • Changements dans l’expression d’autres comportements, y compris hausse de la réactivité et de l’agression (qui peut être non spécifique) • Claquage des babines ou de la mâchoire • Chercher à se cacher ou se cacher • Déambulation, activité profondément accrue • Ébrouage • Halètement sans avoir fait de l’exercice physique alors que la température est adéquate • Hausse de la fréquence cardiaque et respiratoire • Hausse de la fréquence du léchage, possiblement avec automutilation • Hyper vigilance/état d’alerte (peut passer inaperçu jusqu’à ce qu’on touche le chien où qu’on l’interrompe; il peut réagir intensément à des stimulus qui normalement n’entraineraient pas de réactions) • Immobilité, gel des mouvements, ou activité considérablement limitée • Patte levée en signal d’intention • Possible émergence d’activités ritualisées ou répétitives • Posture générale basse (en cas de peur, le corps est proche du sol et la queue est rentrée) • Rigidité musculaire • Salivation/hyper salivation • Tentatives de fuite ou fuite • Tremblements • Élimination (uriner ou déféquer) • Vidange des glandes anales • Vocalisations (excessive, ou hors contexte) : généralement sons répétés, y compris des gémissements aigus, ressemblant à ceux entendus lorsque le chien est isolé. Somme toute, suite à la lecture de cet étayage de critères de sélection recherchés chez le partenaire canin, il reste tout de même difficile de cibler avec évidence l’animal parfait, celui qui répondra à ce modèle avant même de franchir le seuil de notre porte. D’ailleurs, le risque de tomber dans « l’utilisation » de l’animal et de le placer en position d’exécutant contraint de tolérer toutes les lubies de l’espèce humaine demeure grand. Est­ce que l’intégration de cet être vivant en intervention lui permettra d’interagir et d’être respecté dans ses capacités et limites? Sera­t­il celui avec lequel nous communiquerons et construirons une saine relation? Si tel est le cas, je vous recommande ceci : « priorisez le développement de son potentiel dans le respect de sa personnalité plutôt que la recherche constante de l’être polyvalent parfait. » Gardons à l’esprit qu’un animal qui n’a jamais la chance de s’exprimer et d’initier pourrait abandonner, voire tomber dans un état dépressif faisant référence à l’impuissance apprise :

« La notion d’impuissance apprise [Learned Helplessness] est développée dans les années 60 par Martin Seligman, un psychologue comportementaliste. C’est un état proche du renoncement et de la dépression induit chez un individu (ou un animal) faisant l’expérience d’échecs successifs et d’absence de maîtrise sur ce qui lui arrive.10 »

Alors, permettons­lui d’être un chien heureux en intervention !

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1 Brady, L. J. (2013). Animal assisted therapy : An introduction for parents and professionals considering an animal for their

loved ones or practice. Kindle Edition. 2 Corporation des zoothérapeutes du Québec (s.d.). Qu’est­ce que la zoothérapie? Repéré le 2 septembre 2016 à

http://corpozootherapeute.com/pages/public­zootherapie.shtml 3 Fournier­Chouinard, E. (2011). Cours 351­ZA4­LP – Intervention I : Partie laboratoire. Document inédit. Cégep de La

Pocatière, La Pocatière. 4 Chartier, A. (2014). Chien médiateur ou de thérapie : Le choisir et l’accompagner tout au long de sa vie. France : Édilivre.

168 p. 5 Dehasse, J. (2009). Tout sur la psychologie du chien. France : Odile Jacob. 528 p. 6 Chartier, A. (2014). Chien médiateur ou de thérapie : Le choisir et l’accompagner tout au long de sa vie. France : Édilivre.

168 p. 7 Grover, S. (2010). 101 Creative ideas for animal assisted therapy : Interventions for AAT Teams and Working

Professionals. US : Motivational Press 8 Cassoret, M. (2015). Cours AZCA – Comportements canins et intervention (semaine 9). Document inédit. AZCA,

Terrebonne. 9

Overall, K. (2013). Manual of clinical behavioral medicine for dogs and cats. Elsevier Health Sciences. Traduction libre par Marine Cassoret (2015).

10 Hogrefe (2015). Impuissance apprise : Comment induire la résignation? Repéré le 12 août 2016 à

http://www.hogrefe.fr/impuissance­apprise­comment­induire­la­resignation/

Ressources bibliographiques : Arenstein, G.­H., Beaudet, R., Carrier, C, Gilbert, G., Gosselin, V., Leblanc, N.,… (2008). La zoothérapie, une thérapie hors du commun : Quand l’animal devient assistant­thérapeute. Éditions Ressources. 182 p. Brady, L. J. (2013.) Animal assisted therapy : An introduction for parents and professionals considering an animal for their loved ones or practice. Kindle Edition. Cassoret, M. (2015). Cours AZCA – Comportements canins et intervention (semaine 9). Document inédit. AZCA, Terrebonne. Chartier, A. (2014). Chien médiateur ou de thérapie : Le choisir et l’accompagner tout au long de sa vie. France : Édilivre. 168 p. Corporation des zoothérapeutes du Québec (s.d.). Qu’est­ce que la zoothérapie? Repéré le 2 septembre 2016 à http://corpozootherapeute.com/pages/public­zootherapie.shtml Dehasse, J. (2009). Tout sur la psychologie du chien. France : Odile Jacob. 528 p. Fournier­Chouinard, E. (2011). Cours 351­ZA4­LP – Intervention I : Partie laboratoire. Document inédit. Cégep de La Pocatière, La Pocatière. Grover, S. (2010). 101 Creative ideas for animal assisted therapy : Interventions for AAT Teams and Working Professionals. US : Motivational Press Hogrefe (2015). Impuissance apprise : Comment induire la résignation? Repéré le 12 août 2016 à http://www.hogrefe.fr/impuissance­apprise­comment­induire­la­resignation/ Overall, K. (2013). Manual of clinical behavioral medicine for dogs and cats. Elsevier Health Sciences.

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Regroupons­nous pour offrir un meilleur avenir à tous les chiens !

B

ien que ma chronique soit habituellement consacrée aux chats, c’est en amoureuse de tous les animaux que j’écris celle­ci. Je lis les nombreux articles et j'écoute les reportages consacrés aux chiens de type pitbulls. Je surveille de très près les différentes idées qui ressortent périodiquement en ce qui a trait à une éventuelle adoption d'un projet de loi les concernant. Comment ne pas être outrée d’entendre des maires et d’autres décideurs parler de bannir certaines races sur leur territoire et d’en contraindre d’autres à porter des muselières ou des licous dès qu’ils mettent leur museau à l’extérieur? De plus, certains parlent d’augmenter le prix de la médaille obligatoire pour les chiens en fonction de leur poids. Toutes ces mesures entraineront un grand nombre d’abandons pour des animaux tout à fait socialisés et non dangereux. Les refuges sont nombreux à dénoncer ces mesures et prévoient déjà une panoplie d’abandons qui se matérialisera par une augmentation inutile du nombre d’euthanasies.

Vous pensez ne pouvoir rien faire pour inciter les décideurs à changer d’idée? Détrompez­vous !... Votre opinion compte beaucoup pour les politiciens et ceux­ci veulent éviter à tout prix de se retrouver dans une controverse. Ils détestent recevoir des plaintes sur leur façon de gérer. De ce fait, je vous demande donc d’écrire en grand nombre à vos élus, que ce soit le maire, les conseillers, les gestionnaires animaliers de votre municipalité ainsi qu'à M. Martin Coiteux, ministre des Affaires municipales au gouvernement du Québec, afin de leur faire part de vos commentaires. Rappelez­leur qu'ils se doivent d’écouter les nombreux intervenants qui déconseillent fortement de bannir certaines races, car cela ne donnera rien et entrainera d’autres problèmes graves. Ils se doivent également de prendre des décisions responsables afin de ne pas condamner des animaux doux, fidèles, bien adaptés dans leur foyer et qui ne sont une menace pour personne. C’est avant le dépôt des projets de loi qu’il est plus facile d'agir, mais cela ne veut pas dire qu'on ne peut rien faire une fois que la loi a été votée. Il est donc toujours d'actualité de mettre de la pression auprès de nos décideurs afin de les forcer à écouter la voix de la raison. Une loi décidée sur un coup de tête n’apportera rien de bon et condamnera un nombre important d’animaux sans défense. Joignez­vous à moi et écrivons en grand nombre ! Faisons­le pour nos amis à quatre pattes !

Pour comprendre ce qu’est le cheval

D

ans la nature, le cheval passe environ 60 % de son temps à brouter ce qui équivaut à quatorze heures par jour. L'équidé est un nomade qui se déplace en troupeau sur de vastes territoires. C’est un animal grégaire, qui n’aime pas la solitude. Le troupeau ou harem est composé d’un étalon, quelques juments et leurs bébés de moins de 3 ans. Plusieurs harems peuvent partager un même territoire. Le cheval n’étant pas très territorial, c’est l’intégrité du troupeau qui est le plus important de préserver. À l’intérieur du groupe, chaque individu a sa place, une hiérarchie sociale impliquant des dominants et des soumis. L’étalon n'est pas toujours le dominant, il joue plutôt le rôle de garde du corps. Pour les activités quotidiennes, c’est la jument dominante qui dirige. Par exemple, c'est elle qui décide du moment de se déplacer vers un nouveau pâturage ou de mener le groupe vers un point d’eau. Le maintien de la hiérarchie se fait grâce à un langage propre aux chevaux : ils échangent des gestes, des attitudes, des mimiques et des sons. Par ce langage, le plus dominant fait bouger un ou plusieurs individus du groupe. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, il y a peu d’altercations violentes (ruades, morsures, etc.). Ainsi ces comportements permettent de maintenir un certain espace entre eux. Par contre, il faut savoir que cette relation n’est pas transitive. Par exemple même si A domine B et que B domine C, A ne dominera pas nécessairement C. Dans d’autres situations, comme lors du toilettage mutuel, les réactions dominantes sont inhibées, permettant ainsi les rapprochements. Vers l’âge de 3 ans les poulains et pouliches doivent quitter le troupeau. Les mâles forment des petits groupes en attente de former un harem en s’associant aux pouliches qui ont dû quitter leur troupeau. Certains mâles resteront solitaires. Malgré le fait que le cheval semble paresseux (en réalité, il garde son énergie au cas où il lui faudrait fuir un prédateur), peu de temps sera consacré au sommeil ou au repos. Donc, 75 % de sa journée se passe en éveil et de 2 à 4 % est composé d'un sommeil profond. Durant la phase de somnolence et de sommeil léger, le cheval reste debout ou dans la position du coucher ventral; durant la période de sommeil profond, il se couche de tout son long pendant que d’autres montent la garde. Sa physionomie dotée de longs membres et d'un système cardio­respiratoire efficace lui assure de courir rapidement et suffisamment longtemps pour semer les prédateurs. La croyance populaire dit que le cheval n’est pas fait pour résister aux intempéries; il est pourtant bien équipé pour l'affronter. Sa crinière et son pelage s’adaptent à chaque saison. Par exemple, sa crinière sert de gouttière lorsqu’il pleut, et son poil, plus épais en hiver, le protège du froid. Le positionnement de ses yeux lui offre un champ de vision très large et il possède une bonne vision nocturne. Son odorat lui permet de détecter la nourriture et l’eau et de reconnaître ses congénères. Pour ce qui est des odeurs particulières, il prend l’attitude du flehmen, c’est­à­dire qu’il retrousse sa lèvre supérieure et c’est l’organe de Jacobson, situé dans le palais, qui lui permet d’identifier ces odeurs. Avec ses oreilles telles des antennes mobiles, il est capable d’entendre un bruit à 4 km. De plus, sa capacité d’adaptation à l’environnement est rapide et, contrairement à l’homme, il est capable de soutenir son attention pendant très longtemps, pour ne pas dire en quasi permanence; il doit garder ses sens en éveil dans le but de surveiller l'arrivée d'éventuels prédateurs. Ayant une bonne mémoire il est capable d’anticiper les séquences d’un même scénario. Ainsi l’étude du cheval et de son comportement (éthologie) nous permet aujourd’hui d’adapter nos méthodes de communication, de régie et de techniques d’entraînement à ses besoins.

Références : Le cheval. Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec, Bibliothèque nationale du Canada, 2003. Élisabeth de Corbigny, Équitation éthologique, Tome 1. Édition Vigot, 2002.

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Soyons la différence !

I

l est difficile de décrire la réalité dans un refuge. C’est un endroit où se côtoient l’espoir et le découragement. Le sourire d’un moment est trop souvent noyé dans les larmes.

Des centaines de milliers d’animaux sont abandonnés chaque année au Québec. Les différents refuges tentent, en fonction de leur capacité, de répondre à la demande. Les employés et les bénévoles sont surchargés de travail. Ils croulent sous la pression et le poids de la charge émotive. Ils sont pointés du doigt à cause des services que les gens croient devoir être offerts et qui sont manquants, à cause du manque d’espace ou d’enrichissement pour les animaux et de l'obligation de devoir euthanasier dans certains refuges. Mais en quoi sont­ils responsables? On accuse les employés de ne pas avoir les connaissances nécessaires pour guider les adoptants, d’utiliser des méthodes aversives, de ne pas en faire assez, etc. Ces gens ne sont pas des éducateurs et ils ne possèdent pas une source illimitée de fonds. Ils essaient de faire du mieux qu'ils peuvent pour palier une situation qu’ils n’ont pas créée. J’ai vu trop de larmes, entendu trop de détresse. Des gens, motivés à faire la différence, abandonnent devant le fardeau à porter et devant l’incompréhension. Cette désastreuse situation relève de la responsabilité d’une société qui cherche des coupables plutôt que des solutions. Pour ma part, je préfère donner la main plutôt que pointer du doigt et je suis loin d’être le seul. Des milliers de bénévoles œuvrent déjà à travers différents organismes afin d’améliorer le bien­être animal. Comme le dit si bien l’auteur Fletcher Peacock : « Arrosez les fleurs, pas les mauvaises herbes !1 » Donc, recherchez cette fleur et aidez­la à grandir malgré les difficultés rencontrées ! Le but recherché par tous est identique, même s’il diffère dans les moyens utilisés. C’est par la coopération et la communication qu’il nous sera possible de faire une différence. L’ignorance, les informations erronées sur les besoins des animaux et l’interprétation fausse de leurs comportements peuvent mener à l’abus, à la souffrance et à l’abandon. Le bien­être de ces animaux est entre nos mains. Nous avons le choix de nos actions, donc construisons au lieu de détruire, car la vie de milliers d’animaux en dépend. Vous êtes un éducateur ou une personne passionnée par le bien­être animal? Faites la différence, impliquez­vous auprès d’un refuge. Il n’y a rien pour moi de plus magique qu’un animal qui vous donne sa confiance après avoir été abandonné. Le soir, quand je regarde le ciel, je vois des centaines d'étoiles qui scintillent et chacune porte un nom… Maya, Buddy, Ricky, Mollie, Sammy, Nina. C'est à ce moment­là que mon sourire côtoie les larmes. 1 http://fletcherpeacockcommunicationsolutions.com/wp­fr/

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ZORRO ­­?­­ 2000 ­ 10 JUILLET 2016 Zorro avait été abandonné dans un refuge alors qu'il était âgé d'un an environ. Heureusement, il a eu la chance d'être remarqué par un gentil couple qui a décidé de lui offrir un foyer chaleureux. Il y est resté durant quelques années jusqu'à ce que, faute de temps pour bien s'en occuper, le couple a dû s'en départir. Le beau chat aux yeux azur n'a pas eu à retourner dans un refuge, car il fut adopté par Thérèse, une sexagénaire que je connaissais bien. C'est à ce moment que j'ai fait la connaissance de ce beau grand chat. Zorro était doté d'un caractère assez particulier. Il me faisait penser à un vieux garçon, un peu bougonneur et solitaire, mais il adorait la dame avec qui il vivait. Il la suivait partout, dormait à ses côtés et se laissait prendre et brosser uniquement par elle. C'était l'amour fou entre ces deux­là. Thérèse disait qu'elle ne voulait même pas penser au jour où elle le perdrait. Dès l'arrivée de Zorro dans sa vie, je me suis engagée à m'occuper des visites chez le vétérinaire, des soins, de l'achat de la nourriture et de la litière, en fait de tout ce dont le chat avait besoin. Pourtant, même si j'étais le pourvoyeur de nourriture et de gâteries, Zorro ne m'accordait qu'un bref regard lorsque je rentrais chez lui puis il se retirait comme on le fait quand on n'est nullement intéressé par quelqu'un. J'ai tenté maintes fois de faire des approches, mais Zorro me faisait comprendre, en émettant des sons assez significatifs, que ça ne lui disait rien. Un jour, son vétérinaire m'informa que je devrai administrer à Zorro des traitements au quotidien durant plusieurs semaines, ce que je fis avec patience et douceur. C'est à partir de ce moment­là que nos liens se sont resserrés et que je fus accepté dans le cercle restreint de ses amis; une amitié qui ne s'est jamais désavouée depuis. Et vint le jour où, sur la recommandation de son médecin, Thérèse a dû quitter son appartement pour habiter dans un endroit plus sécuritaire pour elle. Comble de tristesse, elle ne pouvait pas amener Zorro1. Après plus de 12 ans de vie commune, ce fut avec colère, mais surtout avec un chagrin immense qu'elle a dû se résoudre à se séparer de son vieil ami. Elle m'avait demandé de ne rien lui dire si jamais Zorro devait mourir suite à cet abandon non désiré. D'ailleurs, elle n'a plus jamais reparlé de lui. Il est évident qu'elle préférait se protéger, car cette séparation fut terriblement difficile pour elle.

Même si avec le temps, il était devenu doux et gentil, ce n'était pas facile de trouver un nouveau foyer pour un chat si vieux; Zorro était âgé de 16 ans. Malgré son âge avancé, le résultat de son bilan sanguin indiquait qu'il ne souffrait d'aucun problème grave alors il n'était pas question pour moi de me tourner vers l'euthanasie. Selon mes valeurs, on ne tue pas un animal en santé. Je ne pouvais pas le prendre chez moi, car mes animaux sont jeunes et remplis d'énergie. Zorro avait besoin d'un foyer plus calme qui se rapprochait de celui où il avait vécu durant tant d'années auprès de son amie humaine. Serait­il possible que Zorro croise le chemin d'une personne envers qui il pourrait s'attacher assez pour le consoler de l'absence de sa vieille amie? Tout ceci me tracassait beaucoup. J'ai cherché durant des semaines pour lui trouver le foyer idéal, mais sans succès jusqu'au jour où... l'idée m'est venue de demander à mes amis de la clinique vétérinaire s'ils consentiraient à le prendre. Ils ont accepté immédiatement de l'adopter. Je leur suis tellement reconnaissante de lui avoir donné ces derniers mois de bonheur. Mais ce qui me réjouit plus encore, c'est que Zorro a eu le temps de se faire une nouvelle amie, Noémie, une jeune femme très gentille qui l'a beaucoup aimé et qui s'en est bien occupée. Merci du fond du cœur à toi, Noémie, d'avoir offert beaucoup d'amour et d'attention à notre vieux Zorro. Zorro était un chat extraordinaire qui a su, par son amour et son attachement, chasser la solitude qui accompagnait parfois le quotidien de Thérèse avec qui il a partagé la plus grande partie de sa vie. Zorro était son fidèle complice, son meilleur ami, son petit garçon, comme elle l'appelait. Il la rendait très heureuse. Il fut le plus merveilleux des compagnons. Malgré tous les changements survenus dans sa vie, on peut dire que Zorro a été un chat chanceux. Il a reçu beaucoup d'amour tout au long de sa vie, mais, en échange, il en a donné aussi beaucoup. Le jour où il fut décidé de mettre fin aux souffrances de Zorro, le vétérinaire a tenté de me rejoindre, mais sans succès. Je n'ai pas pu être à ses côtés lorsqu'il nous a quittés et ça me peine beaucoup. Zorro n'était pas mon chat, mais je m'étais réellement beaucoup attachée à lui. Je l'aimais vraiment comme on aime un vieil ami. Son empreinte restera à jamais gravée sur mon cœur.

Marie­Josée Beaudoin Je suis technicienne en santé animale et, il y a un an environ, j'ai fait la rencontre de Zorro, le beau siamois à qui nous avons ouvert nos portes pour lui offrir une belle fin de vie. Nous lui avions installé un petit coin tranquille où il pouvait se reposer tout en étant près de l'action. Il s'est adapté assez rapidement et, après quelques jours seulement, il était déjà plus à l'aise dans son nouvel environnement. Il aurait pu circuler dans la clinique à son gré, mais il préférait demeurer dans son petit chez soi douillet. Peu à peu, Zorro a commencé à venir me voir. Ce charmant minou aux grands yeux bleus m'accueillait tous les jours avec amour. Il s'est attaché à moi et graduellement, je suis devenue sa deuxième maman. Comme il ne pouvait pas atteindre la fenêtre par lui­même, il venait gratter après ma jambe pour que je le prenne sur mes genoux. De ce poste d'observation, il pouvait regarder dehors à son aise tout en profitant de mes caresses. Lors de son séjour avec nous, Zorro a eu ses hauts et ses bas. Il avait beaucoup de difficulté à se déplacer. Ses articulations étaient très usées ce qui limitait ses activités. De ce fait, nous lui avons prodigué les soins nécessaires pour qu'il puisse se mouvoir aisément et ainsi lui offrir une meilleure qualité de vie. Ces soins lui permettaient ainsi de continuer à m'accueillir tous les jours avec joie et amour. Les mois passaient et Zorro coulait des jours paisibles en notre compagnie jusqu'au moment où nous avons remarqué qu'il allait moins bien. Il était moins enjoué et restait plus à l'écart. Après lui avoir fait passer des examens, nous avons découvert qu'il souffrait d'une insuffisance rénale. Nous avons changé son alimentation et lui avons donné une médication pour le rendre confortable. Malgré les soins prodigués, après deux mois, Zorro n'allait pas bien du tout. Les trois derniers jours de sa vie, sa santé s'est dégradée rapidement de façon importante; Zorro était rendu au bout de sa route. C'est avec beaucoup de chagrin que nous avons dû prendre la décision ultime de soulager ses souffrances. Ce dimanche­là, je n'ai pas pu être présente pour l'accompagner dans ses derniers moments, mais je sais que je lui ai donné beaucoup pendant les huit mois qu'il a passés parmi nous. Un énorme merci à Marie­Josée d'avoir donné cette chance à Zorro et de nous avoir fait confiance. Zorro a eu le bonheur de se faire des amis et d'être entouré de beaucoup d'amour durant les derniers mois de son existence. Je remercie la vie de m'avoir permis de faire une si belle rencontre.

Noémie Bolduc 1 Nouvelles et faits réels : Une séparation douloureuse, Revue Pattes Libres, volume 4, numéro 2, Printemps/Été 2016, p. 22­25.

Nous vous invitons à rendre hommage à vos petits compagnons de poils, de plumes ou d'écailles en nous faisant parvenir un texte (environ 600 mots) accompagné d'une photo ainsi que les dates de naissance et de décès. Faites­nous parvenir votre témoignage à l'adresse courriel suivante :

N'HÉSITEZ PAS À ACCUEILLIR UN ANIMAL SENIOR DANS VOTRE FOYER !

OUVREZ­LUI VOTRE COEUR... IL LE REMPLIRA DE SA RECONNAISSANCE ET DE SON AMOUR ! 63

L A M É TA M O R P HO S E !

J e n 'a r r i v e p l u s à d o r m i r !

O h, n o n , n o n ! J e s e n s q ue ç a r ec o m m en c e ! ! !

Pa r c e q ue l e s s o i r s d e p l e i n e l un e , a ux a l e n t o ur s d 'H a l l o w e e n , i l s e p a s s e d e d r ô l e s d e c h o se s. J e n e m e s e n s p l us l a m ê m e !

J e p r en d r ai s b i en un e p i n t e d e b o n « sa n g » , m o i !

L 'A R R I V É E D E S P A R E N T S !

Oh non ! Mes parents arrivent déjà ! Partez les amis… Vite, par là !... Suivez la direction de mon oreille !!! Arrrghhh ! Je n'aurai jamais le temps de ramasser toutes les choses que nous avons brisées. 65

C O U R E Z L A C HA N C E D E G A G N E R U N E M I N I T R O U S S E D 'A C T I V I T É S P O U R E N F A N T O F F ER T PA R M U S O ( M O N AM I M U S O ) Réalisez un atelier amusant et éducatif dont les enfants se souviendront. Les enfants apprendront les bons et les mauvais comportements à adopter avec les chiens, tout en s’amusant. La minitrouse d'activités Mon ami Muso comprend : • 16 cartes de comportements • 1 lettre de Muso aux enfants • 1 marionnette cartonnée de Mon ami Muso • 10 tatouages temporaires de Mon ami Muso • 1 feuillet d'instructions • 1 pochette de plastique pour le rangement et le transport

Une valeur de : 25 $ http://www.muso.ca/

C o m m e n t p a rt i c i p e r ? V o u s n ' a v e z q u ' à n o u s f a i re p a rv e n i r v o s c o o rd o n n é e s ( n o m , a d re s s e p o s t a l e e t a d re s s e c o u rri e l ) à :

p a t t e s l i b re s ­ t i ra g e s @ h o t m a i l . f r

(adresse non cliquable ­ à transcrire ou copier/coller)

D a t e d u t i ra g e : l e 2 5 j a n v i e r 2 0 1 7 B o n n e c h a n c e à t o u s l e s p a rt i c i p a n t s !

La gagnante de notre tirage du livre AU SERVICE DE DEUX SCOTTISH DE 2004 À 2006 de l'auteure Denyse Gauthier est : M A D A M E L U C Y GA GN O N D E B E A U P O R T ( Q U É B E C )

Félicitations à notre gagnante !

Un séminaire de deux jours qui s'adresse aux personnes travaillant en milieu vétérinaire (que ce soit les vétérinaires, techniciennes en santé animale, animalier, réceptionniste, etc.), aux employés et aux bénévoles travaillant dans les refuges et à tous ceux et celles qui s'intéressent aux effets du stress et de la peur chez nos animaux de compagnie. Organisé par : Cindy Hurens et Danielle Godbout, Professionnelles certifiées Fear Free, Membres RQIEC et PPG. Où : 1697, rue Notre­Dame L'Ancienne­Lorette, Qc G2E 3B9 Quand : 28 et 29 janvier 2017 ­ de 9 h 30 à 16 h. UNE PARTIE DU CONTENU DU SÉMINAIRE :

Les Avantages d’une approche Sans­Stress, Sans­Peur pour le patient, le client, l’équipe vétérinaire et la clinique/hôpital. Qu'est­ce que le stress et quelles sont ses conséquences? Comment reconnaître les signes du stress chez le chien et le chat? Comment mettre en place une approche sans stress et sans peur : ­ Au départ, à la maison; ­ puis dans la salle d'attente de la clinique;

­ pendant l'examen;

­ durant les traitements et lors de l'hospitalisation. ­ Comment améliorer les conditions des différents secteurs de la clinique/hôpital ­ Etc. La médecine vétérinaire est déjà très performante. En donnant davantage d’importance à la santé émotionnelle et comportementale de l’animal, elle ne pourra qu'être meilleure encore ! Vous êtes intéressé ? Inscrivez­vous dès aujourd'hui à l'une ou l'autre des adresses suivantes : [email protected] ou [email protected] Coût total pour les deux jours: 200$

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© Photos : Marie­Josée Beaudoin

L 'É Q U I P E D E L A R E V U E P A T T E S L I B R E S V O U S S O U HA I TE U N JO Y EU X N O ËL ET U N E B O N N E A N N ÉE 2 01 7 ! 68

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avez été obligé de défendre une position que vous désapprouvez surement. Je pense à vous, Jane. » Page 3 of 68. RPL No. 14 - AUTOMNE 2016.pdf. RPL No.

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