CE QUE LES CHEVAUX MURMURENT À MON OREILLE ! LE TRAVAIL EN LIBERTÉ !

CES SAUVETEURS QUI OEUVRENT DANS L'OMBRE ! DES VÉTÉRINAIRES ET DES MEMBRES DE LEUR ÉQUIPE SAUVENT IN EXTREMIS LA VIE DE PLUSIEURS ANIMAUX.

CI Z L e 5 è m e c o n g rè s i n t e rn a t i o n a l d e z o o t h é ra p i e « Z O O THÉ R A P I E , P R O F I L S D 'A U J O U R D 'H U I » E x p l o ra t i o n d e l a q u a l i t é h u ma in ­ a n ima l a u ra l i e u e n j u i n 2 0 1 7 à M o n t ré a l Détails en page 52

UNE HISTOIRE D'ADOPTION JULIETTE L'EXPLORATRICE!

Les textes reçus offrent une bonne qualité de français. Nous nous limitons à des retouches mineures pour corriger les coquilles. Les textes sont reproduits intégralement et respectent la version originale de l’auteur. GHA

http://revuepatteslibres.blogspot.ca

Les droits des animaux

L

'année 2016 fut riche en péripéties relativement aux droits des animaux. Revenons sur deux évènements qui ont fait couler beaucoup d'encre et provoquer beaucoup d'émotions au Québec. Débutons par ce que j'appellerais la « crise pitbull ». L'intérêt pour ce dossier a duré des semaines voire des mois. Il a fait la manchette des journaux et a fait l'objet de plusieurs entrevues, d'enquêtes et d'émissions spéciales dans les médias télévisés et radiophoniques. Avec le recul, force est de constater que la plupart des médias ont alimenté la peur de la population envers les pitbulls créant ainsi une perturbation sociale se révélant pour certains par l'inquiétude et l'angoisse et pour d'autres par la tristesse et la colère. La presse parlée et écrite n'a pas toujours fait l'effort de présenter les véritables experts, je parle de ceux qui sont à la fine pointe des dernières études scientifiques sur le comportement canin et qui auraient pu mieux éclairer la population sur le problème et sur les solutions à apporter pour régler ce dossier de façon humanitaire et réfléchie. De ce fait, certains politiciens en panique ont agi trop vite en prenant des décisions malavisées sans avoir pris en considération les expériences tentées un peu partout dans le monde, expériences qui finalement ont démontré qu'interdire une race spécifique n'est absolument pas la bonne décision à prendre pour régler le problème des chiens dangereux. Heureusement, quelques élus ont tenu compte de la pression populaire des électeurs en décidant de laisser retomber la poussière avant d'aller plus avant dans la prise de décision concernant ce dossier émotif. Et c'est tout à leur honneur. Le deuxième évènement qui a retenu mon attention est le nouveau règlement sur le contrôle des animaux de la Ville de Montréal concernant la garde des chats. Un règlement qui n'a surement pas été pensé par des spécialistes du comportement félin car il fait preuve d'une méconnaissance indubitable de la véritable nature du chat. Pour en savoir plus sur ce règlement et sur les répercussions négatives probables qui en résulteront pour les petits félins, je vous invite à lire l'article de Marie­Josée Carrière en page 21. 2016 fut une année somme toute assez difficile pour l'avancement de la cause animale cependant, on peut dire que l'année 2017 a débuté de meilleure façon. En effet, en janvier dernier,une grande nouvelle réjouissant tous les défenseurs des droits des animaux a été annoncée : Le cirque Barnum, créé aux États­Unis en 1871 et qui se présentait comme « le plus grand spectacle au monde », a annoncé sa fermeture pour mai 2017. Cette résolution est la conséquence du déclin des ventes de billets suite à une campagne intensive menée par des associations de défense des droits des animaux qui ont dévoilé au public des témoignages et des vidéos montrant un dresseur du cirque frapper les éléphants avec un bâton pointu (bullhook). Le public ne connaît pas toujours ce qui se passe derrière la scène lorsqu'il assiste à un spectacle mettant en vedette des animaux, mais lorsqu'il a pris connaissance de la maltraitance et de la cruauté que subissent les éléphants dans les cirques, il a réagi rapidement par un boycott si important qu'il a permis de mettre fin à l'un des plus tristes spectacles du monde1. Il existe encore de grands cirques qui tyrannisent et molestent les animaux mais ces derniers n'auront bientôt d'autres choix que de changer leur pratique ou tout simplement de démonter définitivement leur chapiteau. Les temps changent et aujourd'hui de nombreux cirques proposent des spectacles magnifiques sans avoir recours aux animaux.

L'union fait la force! Comme le prouve le dossier pitbull et celui des éléphants de cirque, tous ensemble nous pouvons faire changer les choses. C'est pourquoi il est si important que les défenseurs des animaux se regroupent dans le but de sensibiliser, de protéger et d'être la voix de ceux qui ne peuvent parler. 1 Source : People for the Ethical Treatment of Animals (PETA)

Source ­ sarawastibus.wordpress.com

UNE CITATION CÉLÈBRE ! « Les chiens ne m'ont jamais mordue. Seulement les humains... »

MARILYN MONROE juin 1926 ­ 5 août 1962

1er

Marilyn Monroe et son chien Maf! (1961)

Marilyn Monroe, née Norma Jean Baker, est une actrice et une icone du cinéma américain. Elle a tourné dans plus de trente films entre 1947 et 1962. Marilyn Monroe était une grande amoureuse des animaux. Le dernier petit chien qui a partagé sa vie s'appelait Mafia Honey (Maf pour les intimes). On affirme que Maf lui aurait été offert par Frank Sinatra. À la mort de Marilyn, le petit chien fut recueilli par Gloria Lovell, la secrétaire de Frank Sinatra.

3

Juliette l'exploratrice © Marie­Josée Beaudoin

Février 2007

D

epuis un certain temps, Claire voit circuler sur son terrain une belle petite chatte errante. Malheureusement, elle ne peut pas l'accueillir dans sa maison parce que son mari est très allergique aux chats. Mais pour Claire, ce n'est pas une raison pour la laisser errer sans lui venir en aide. Alors, elle a commencé à la nourrir. Histoire de s'assurer qu'elle est en bonne santé, Claire l'a amenée chez le vétérinaire qui, après un examen médical, l'informe que la petite chatte est gestante. Suite à cette nouvelle, Claire et son mari lui ont construit une tanière chauffée en polyéthylène transparent où la future maman pourra se réfugier et mettre bas à la chaleur et à l'abri des intempéries.

Il était prévu que le couple parte en voyage dans les prochaines semaines. Le jour de leur départ, la petite chatte n'avait toujours pas mis bas. En février de cette année­là, il y eut une grosse tempête de neige. Lorsque le couple est revenu de leur voyage, Claire a constaté que la chatte n'était pas dans la tanière. Soudain, ils l'ont aperçue qui déambulait un peu plus loin, se rendant régulièrement sous un sapin. Le couple a conclu que la petite chatte se planquait probablement sous le conifère en compagnie de sa nouvelle petite famille. A­t­elle mis bas à cet endroit ou y a­t­elle amené ses chatons après leur naissance ? On ne le sait pas. Mais le fait que les murs du petit refuge, construit spécialement pour elle, étaient transparents, il se peut fort bien qu'elle ait jugé que sa progéniture n'y serait pas en sécurité, étant trop à la vue du moindre prédateur qui se pointerait dans le coin. Juliette a toujours été une chatte méfiante, une qualité indispensable à la survie d'un félin qui se balade en nature. Étant donné la grande quantité de neige tombée, Claire n'osait pas se risquer à approcher de la cachette parce qu'elle craignait que la neige déboule et ensevelisse les chatons. Claire était inquiète.

Qu'allait­il arriver à la petite chatte et à ses chatons ? Il ne faut jamais sous­estimer l'intelligence des félins et principalement le dévouement et la détermination d'une maman qui recherche le bien­être et la sécurité pour ses rejetons. C'est ainsi que quelques jours plus tard, alors que le conjoint de Claire rentrait du bois dans le sous­sol de la maison, l'intelligente petite chatte a profité du fait que la porte était ouverte pour entrer et explorer l'endroit. Elle a conclu que ce lieu serait parfait pour elle et ses petits. La petite maman avait déniché le refuge le plus sécuritaire et douillet qui soit pour sa nouvelle famille. Cette journée­là, elle y a amené trois de ses chatons et le lendemain, elle a rentré les deux autres. La petite chatte a installé ses cinq mignons chatons âgés d'environ deux semaines et demie, bien au chaud, dans l'une des valises laissées au sous­sol. Voyant cela, Claire et son conjoint ont vérifié si d'autres chatons étaient encore à l'extérieur et ils n'en ont trouvé aucun.

Mars 2007 Ne pouvant pas se permettre de les héberger très longtemps, Claire a fait quelques appels dans le but de prendre des informations auprès de certains refuges. L'une des personnes contactées lui a exposé la possibilité que les chats pussent être atteints du sida. Croyant que le virus du syndrome d'immunodéficience acquise du chat (sida félin) pouvait se transmettre aux humains, Claire me téléphone en panique. Je lui explique qu'il n'y a aucun danger pour l'humain de contracter le sida félin. Claire m’a dit : De toute façon, je ne peux pas les garder. La petite famille fut donc amenée chez nous et c'est le 21 mars 2007 que maman Juliette et ses cinq petits sont entrés officiellement dans ma vie. Lorsqu'ils sont arrivés chez nous, les chatons étaient âgés de trois semaines environ. J'ai amené la maman et ses petits à la clinique. La vétérinaire m'a confirmé que toute la petite famille était en santé et que la maman s'était très bien occupée de ses chatons parce que c'est à peine s'ils avaient des petites engelures aux pattes. Quand on considère qu'ils ont passé deux semaines dehors, et ce en pleine tempête, leur mère a dû tout mettre en œuvre pour qu'ils ne souffrent pas du froid hivernal. Juliette était une toute jeune maman dont l'âge fut estimé à huit ou neuf mois tout au plus. Elle devait être née à peu près en juin 2006. Dès leur arrivée, mon conjoint Denis et moi avons installé la petite famille dans l'une des chambres du sous­sol. Ils dormaient dans une grande boite remplie de couvertures. Juliette prenait grand soin de ses rejetons, leur procurant autant d'amour et d'attention qu'ils en avaient besoin. Puis, lorsque les chatons ont atteint l'âge de trois mois, la maman a jugé qu'ils pouvaient désormais s'organiser tout seuls et qu'elle en avait terminé avec la maternité. Les bébés sont restés chez nous jusqu'à ce qu'ils soient adoptés. Picolo fut le dernier à partir. Il était vraiment très attaché à sa maman : il ne la lâchait pas d'une semelle. Juliette en avait parfois assez de son dépendant affectif et elle lui faisait savoir en lui administrant un ou deux coups de patte pour le ramener à l'ordre. ­ Fiche­moi la paix ! Laisse­moi tranquille !, semblait­elle lui dire.

© Photos : Carole Duplain

Juliette était une bonne maman. Elle prenait grand soin de ses rejetons.

Les chatons de Juliette, âgés de 4 semaines environ.

Picolo était très attaché à sa maman, il ne la lâchait pas d'une semelle.

Ce fut très facile de trouver des familles d'adoption aux chatons, mais pour Juliette il en fut malheureusement autrement. Le problème était que cette petite chatte avait un besoin vital d'aller dehors. Nous avons passé des annonces et lorsque nous avons reçu des appels de personnes intéressées à l'adopter, on leur précisait qu'elle devait absolument être autorisée à mettre le museau à l'extérieur. Tous les éventuels adoptants ont refusé cette condition. De plus, il fallait prendre en considération que Juliette était intolérante à la présence d'autres chats dans son entourage immédiat. C'était ainsi à l'époque et il en est toujours de même aujourd'hui, à l'exception du temps où elle s'est occupée de ses chatons. Comme nous n'avons trouvé aucun adoptant, nous avons décidé de la garder avec nous.

Je ne pouvais pas empêcher Juliette de sortir dehors, mais je ne pouvais pas non plus ne pas la protéger lorsqu'elle serait à l'extérieur. Il fallait que je l'habitue à ne pas s'éloigner et surtout à ne pas traverser la rue située devant notre maison. Ce fut un long processus d'apprentissage qui a demandé de la finesse et de la patience. Dès le début de la première saison estivale, j'ai commencé le conditionnement à l'aide d'un harnais (qu'elle acceptait de porter sans problème) et d'une laisse. Nous sortions ensemble, toujours attachées l'une à l'autre, au sens propre comme au figuré. Cette procédure a duré plusieurs mois. À l'automne, j'ai commencé à la laisser sortir seule, une grande corde reliée à son harnais, mais sans être attachée. Elle ne s’est jamais éloignée.

© Carole Duplain

Ce besoin d'explorer…

Ensuite, je lui ai montré à revenir dès que je l'appelais. Si elle se risquait à aller devant la maison, on la ramenait à l'arrière pour lui apprendre à ne pas s'approcher de la rue. Elle s'est tenue longtemps uniquement derrière la maison, mais après toutes ces années, il lui arrive d'aller devant, mais jamais elle ne traverse la route. Juliette n'est pas la première chatte à qui j'ai montré ça. Je l'ai enseigné à trois autres chats auparavant. Puis, l'hiver est arrivé. Elle sortait parfois, mais sans trop s'éloigner. Je la surveillais du coin de l'œil et je la rappelais à peu près aux vingt minutes en la récompensant à chaque fois avec une gâterie. Il lui arrivait de demander la porte pour aller prendre l'air, parfois même lorsqu'il faisait très froid. Elle s'installait dans une petite niche placée sur le balcon, admirant d'un air serein et heureux l'immensité de son territoire. Nous laissons toujours cette niche à l'extérieur au cas où je devrais partir en urgence pendant que nos chats sont dehors. De cette façon, en cas d'intempérie, ils ont un endroit pour se cacher jusqu'à ce que je revienne. L'été suivant, elle portait uniquement un harnais, sans corde. Elle était totalement libre d'aller et venir. Ce fut, je pense, le pire été de ma vie. J'étais constamment inquiète. J'avais tellement peur qu'il lui arrive quelque chose, mais finalement tout s'est bien passé. Elle s'est habituée et surtout elle revenait dès que je la rappelais parce qu'elle savait qu'elle obtiendrait une délicieuse gâterie.

Ses randonnées à l'extérieur Année après année, son territoire s'est agrandi. Ah, si je pouvais suivre la route qu'elle parcourt lorsqu'elle est à l'extérieur, j'aurais surement un tas d'anecdotes à raconter. Compte tenu du fait que durant la saison estivale, elle passe toutes ses journées dehors, on ne sait pas tout ce qui se trame durant ses balades. Ce serait intéressant d'installer une petite caméra sur son collier afin de voir où elle va et comment elle occupe ses journées.

Lors de ses premières sorties libres, elle se rendait régulièrement au champ situé derrière chez nous et elle se permettait de grogner après les chevaux. Elle considérait surement qu'ils étaient sur son territoire et qu'ils n'avaient pas d'affaire là. Aujourd'hui, elle n'en a plus peur et elle se tient même tout près d'eux. Les chevaux sont maintenant ses amis. Tout naturellement, les équidés aiment les félins. Ce sont deux espèces qui s'entendent très bien. Durant la saison estivale, lorsqu'elle sort, elle revient toujours faire un tour à la maison en début d'après­midi. Si je ne l'ai pas revue vers 14 h environ et qu'elle ne revient pas lorsque je l'appelle, la panique s'empare de moi. Alors j'enfile mes bottes et je pars à sa recherche. J'apporte des croquettes dans un contenant de plastique que je brasse pour qu'elle entende le bruit. Elle est très gourmande ce qui a pour avantage de pouvoir l'attirer avec de la nourriture. Dès qu'elle m'entend, elle revient me rejoindre. Ce qu'il y a de plus drôle dans tout ça, c'est que lorsque Denis l'appelle, elle ne vient pas. Il me dit : C'est pas juste ! Pourquoi elle ne m'écoute pas, moi ? Durant l'hiver, je sais qu'elle n’est jamais bien loin. Elle se promène un peu et elle se tient parfois dans le garage de notre voisin. Il lui arrive de faire de grandes randonnées. Nous croyons qu'elle se rend jusqu'à l'orée du bois, au bout du champ. Elle va aussi dans la cabane aux renards. On l'appelle ainsi parce que des renardes viennent y mettre bas. Lorsque les renardeaux sont assez âgés, la petite famille s'en retourne ensemble dans la forêt. Il arrive également que Juliette monte sur le toit de la maison. Quel beau poste d'observation pour un chat ! Elle monte jusqu'à la pointe du toit, descend de l'autre côté et revient ensuite par le même chemin. La première fois que je l'ai vue sur le toit, j'ai cru qu'elle serait incapable de redescendre. Alors, j'ai installé l'échelle et je suis montée la chercher. Plutôt dangereux de redescendre en se tenant aux barreaux d'une seule main, un chat dans l'autre bras. Alors lorsqu'elle monte sur le toit, parce qu'elle y va encore, nous avons installé l'échelle en permanence pour qu'elle puisse redescendre d'elle­ même, ce qu'elle fait très bien sans notre aide. Sur le toit de la maison, il y a des velux1. Cette fenêtre est souvent ouverte. Alors, lorsque la belle Juliette déambule sur le toit et qu'elle met les pattes sur le moustiquaire, tenu uniquement par du velcro, celui­ci se détache et la petite chatte atterrit dans notre chambre. La première fois, où c'est arrivé, nous étions au rez­de­chaussée. Nous savions que Juliette était dehors, alors imaginez notre surprise lorsque nous l'avons vue descendre calmement l'escalier. Sur le coup, nous n'avons pas compris par où elle était passée. Une fois le mystère éclairci, nous avons bien ri. Durant l'été, elle est toujours dehors, mais elle n'y passe jamais la nuit. Je la fais rentrer vers 19 h ou 20 h, quelquefois un peu plus tard, si nous travaillons dans le potager où elle adore nous suivre. Elle se cache, derrière les feuilles des plants de carottes et quand on passe à sa hauteur, elle nous attrape les jambes, mais sans jamais sortir les griffes. Parfois, elle se cache aussi dans les plants de bleuets, mais pour attraper les oiseaux. La chasse est un besoin profondément viscéral pour Juliette.

La chasseuse Juliette est une chasseuse hors pair. Et le terme n'est pas exagéré. Elle chasse tout ce qui bouge. Elle m'a même déjà amené une couleuvre. Elle s'en venait toute contente de m'apporter le petit serpent qui pendait de chaque côté de sa gueule. Comme la petite bête n'était pas morte ni même blessée, je lui ai enlevée sa proie et je l'ai déposée dans le fossé devant la maison en espérant que tout se passerait bien pour elle. Elle m'a apporté également un nombre incalculable de mulots. Elle a déjà exterminé des familles complètes. Un jour où j'étais en train de déjeuner, elle est arrivée avec un mulot qu'elle a commencé à manger devant moi. Elle a terminé par la queue qu'elle a aspirée comme on le ferait avec un spaghetti. La seule chose qu'elle ne mange pas de ces animaux, ce sont les reins. J'ai demandé à la vétérinaire s’il y avait une raison à cela et elle m'a répondu que c'est tout simplement parce qu'elle n'aime pas cette partie de l'anatomie du petit rongeur. Mulots, taupes... durant la période estivale, elle peut en rapporter trois à quatre par jour. Aujourd'hui, à l'âge de dix ans, elle chasse toujours. Elle s'installe sur les perches où elle peut attendre quinze à vingt minutes, parfois plus, parce qu'elle a vu qu'il se passait une activité dans l'herbe. Elle est très patiente ! Même chose dans le champ où elle s'installe en compagnie de ses amis les chevaux et ne bouge plus jusqu'à ce qu'elle attrape une nouvelle proie qui a eu l'imprudence de s'aventurer sur son territoire. En ce qui concerne la chasse aux oiseaux, c'est un peu moins courant. Cependant, je me rappelle d'une journée qui m'avait vraiment virée à l'envers. Je n'étais pas dehors, mais Denis et Valérie, notre fille, l'ont vue. Juliette s'était attaquée à toute une nichée d'oisillons cachée dans les cèdres chez mon voisin. Denis et Valérie ont essayé de l'arrêter, mais ils n'ont jamais pu l'attraper. Toute la famille a été décimée. Un évènement triste qui m'a beaucoup chamboulée ! Je n'encourage pas de tels actes, mais comment empêcher une chatte comme Juliette de tuer autant de petits animaux ? Elle porte en permanence un grelot attaché à son collier, mais elle arrive tout de même à attraper ses proies. Le dernier animal qu'elle a capturé, en 2016, a été un écureuil roux. On n’en voyait plus dans le coin depuis pas mal d'années, en fait je dirais depuis qu'une petite chatte errante, que nous avions soignée, leur faisait peur. Tous les écureuils des alentours ont dû faire passer le mot : N'allez pas là, il y a une folle qui se promène dans le coin !

© Carole Duplain

En 2016, on en a revu un ou deux, mais sans plus. Un jour, Juliette en a attrapé un. C'était probablement un adulte. Elle est arrivée à la maison avec l'écureuil. Je le croyais mort, mais j'ai quand même tenu à vérifier. En ouvrant la bouche de Juliette, l'écureuil est parti. Il s'est réfugié sous la galerie. Je me suis empressée de rentrer Juliette dans la maison et nous avons fait déguerpir le petit rongeur. Une ou deux semaines plus tard, elle l'a rattrapé. En fait, lui ou un autre, parce qu'elle est revenue à la maison avec une grosse inflammation au niveau de la joue. Selon le vétérinaire, la conséquence de cette blessure était sans aucun doute reliée à une morsure ou à un bon coup de griffes, probablement d'un écureuil. La plaie était vraiment très infectée ce qui demandait des soins rapides. Ils ont extrait de l'abcès plus de six ml de pus. Juliette a été très coopérative durant toute la procédure. Elle a réagi avec calme, sans cris ni agressivité. Elle a passé deux jours à l'urgence et on a dû utiliser trois sortes d'antibiotiques avant de réussir à traiter entièrement l'infection. Juliette avait une grosse inflammation au niveau de la joue.

Malgré cet incident, rien n'arrêtera Juliette de chasser. Pour elle, c'est un réflexe aussi fort que celui de respirer.

Relations avec les autres chats Juliette est une chatte très territoriale qui n'aime pas se trouver dans une pièce en présence d'autres félins. Habituellement, ce n'est pas elle qui commence les conflits, sauf lorsqu'elle voit Charlotte. Pauvre Charlotte, tous les chats cherchent à l'intimider. Quant à Pablo, un félin un peu détestable et assez caractériel, il importune tous les chats, juste pour le plaisir. Lorsqu'il saute abruptement sur Juliette, cette dernière panique et se met à hurler à tue­tête, alors je dois m'en mêler. Quand les altercations prennent de l'intensité, je ne laisse pas Juliette s'arranger avec les autres chats parce qu'elle gère mal ces situations. Fait étrange, si elle entend un chat qui se fait attaquer par un autre, elle va défendre celui qui est en détresse. Un jour, elle m'a même tapée, moi sa meilleure amie, parce qu'elle pensait que c'était moi qui avais fait mal à l'autre chat. Cette fois­là, elle s'interposait entre Pablo et Grincheux qui se disputaient. Une fois, Juliette a tapé Grincheux qui a été surpris, mais qui n'a pas eu de réactions agressives. Il lui arrive aussi de passer près de lui et de grogner, mais Grincheux est un chat très patient et pacifique alors les humeurs changeantes de Juliette l'importent peu. D'ailleurs, tous les chats, adultes ou chatons, aiment Grincheux, à part Pablo qui n'endure personne. Lorsque Pablo et Grincheux sont en désaccord, je les laisse faire, parce que je sais qu'un pacte a été établi entre eux. Pablo se retirera avant que les choses ne s'enveniment. Lorsque Denis est ici avec moi, on peut mieux gérer l'interaction avec les autres chats. Enfin, presque toujours ! Un jour, une petite altercation est survenue entre Pablo et le petit Léon. Ça courait dans la maison ! Juliette était prise de panique. Elle voulait s'en aller dans sa chambre, ensuite elle ne voulait plus. Lorsque je l'ai approchée, elle s'est mise à grogner. J'ai dit à Denis : Laissons la faire, elle va se calmer. Mais il ne m'a pas écoutée. Il a voulu faire le fanfaron et lorsqu'il est venu pour la prendre, elle l'a mordu. La blessure a enflé et a dû être traitée par antibiotiques. Denis a avoué que c'était de sa faute et j'ai approuvé, surtout que je l'avais averti. Finalement, la tension a baissé, j'ai sorti les gâteries, je l'ai appelée et elle m'a rejointe. Je l'ai prise dans mes bras et je l'ai descendue dans sa chambre. Juliette passe au moins une heure par jour avec moi, en matinée ainsi qu'en soirée. Je m'organise pour que tout le monde soit bien. Lors de la période de sommeil quotidienne, je vais fermer les portes des chambres où les autres se reposent, puis Juliette reste avec moi. Elle aime ça ! Même si elle est bien en notre compagnie, il arrive tout de même qu'elle nous demande pour retourner dans son oasis de paix. Elle change totalement de comportement lorsqu'elle s'y trouve. Lorsqu'on va la voir dans ses appartements, Juliette est accueillante, douce, calme et câline. On peut la caresser tant qu'on veut. Lorsque Denis va la chercher dans sa chambre, si elle ne me voit pas, elle refuse de le suivre. Mais dès qu'elle m'entend parler, elle s'en vient. Chez les chats, la confiance et le lien sont importants. Certains d'entre eux ne choisissent qu'un seul compagnon humain et ils y sont très attachés. Lorsque je la prends dans mes bras, elle est plus relaxe. Elle est en hauteur, les autres ne peuvent pas l'atteindre. Lorsqu'elle est au niveau du sol, elle aime être caressée, mais elle est plus nerveuse. Elle ne perd jamais de vue que les autres peuvent venir la provoquer. Il lui arrive parfois d'être un peu grognon, mais sans être caractérielle comme l'est Pablo. Quand ça ne fait pas son affaire, elle nous le fait comprendre. Parfois, lorsque nous sommes dans le salon et que Denis la caresse, elle grogne. Elle veut lui dire : Laisse­moi tranquille ! Je dois être aux aguets. Tu me déranges ! Tout à coup que les autres arrivent et que je ne les vois pas venir. Pendant que Marie­Josée et moi prenons des notes pour écrire son histoire, Juliette tourne en rond autour de la table de la cuisine. Elle n'est pas bien. Elle veut sortir dehors ou retourner dans sa chambre. Elle ne comprend pas qu'il n'y a pas de chats qui se promènent. Donc, elle se tient sur ses gardes au cas où ils reviendraient subitement. Habituellement, au moins, Grincheux est sur place. Malgré ses inquiétudes, elle a collaboré de bonne grâce à la séance de photos. 7

Nous lui avons dit qu'elle fera la couverture de la Revue Pattes Libres. Fière d'être la vedette, son ronronnement n'aura d'égal que son contentement. À l'extérieur de la maison, Juliette est plus tolérante avec les autres chats. Le territoire est grand donc il peut être partagé. Chacun garde ses distances.

L'adorable Juliette Juliette est une chatte vraiment charmante. Quand nous recevons de la visite, principalement l'été lorsqu'on s'assoit dehors, elle a tendance à monter sur les genoux des gens. Elle les pilonne avec ses pattes. Vous devriez voir leur mimique lorsqu'ils sentent les griffes de la petite chatte pénétrer leur peau !2 C'est vraiment drôle parce que personne n'ose l'enlever de là. Je dis à nos visiteurs : Vous pouvez la mettre par terre. Mais souvent, les gens sont gênés de le faire. Juliette, c'est un amour, mais malheureusement, personne n'en voulait. Pourtant, si une personne seule l'avait adoptée et si elle avait eu un grand terrain à explorer et chasser, ç’aurait été la meilleure chatte au monde. Je suis certaine que sans autres animaux dans son foyer, elle aurait dormi blottie contre son humain. C'est ce que je trouve le plus triste, justement, de ne pas pouvoir dormir avec elle. Même si un lien très fort nous unit, elle est habituée à la tranquillité et à la sécurité de sa chambre et c'est à cet endroit qu'elle souhaite y dormir en toute quiétude. Malgré tout, je crois qu'elle est bien tombée en restant chez nous. Je me suis adaptée à sa personnalité sans essayer de la changer. Et puis, il faut croire qu'elle est tout de même heureuse si elle ne nous a jamais quittés. Elle sait chasser, elle est très intelligente. Elle pourrait très bien se débrouiller ou rechercher un endroit qui lui conviendrait mieux encore, mais elle ne l'a jamais fait. © Photos : Marie­Josée Beaudoin

Plusieurs chats partagent notre vie et je les aime tous. Mais si, pour une raison grave, je ne devais en garder que deux ou trois, il est évident que Juliette ferait partie de ceux­là. Je garderais aussi Grincheux, un chat qui est arrivé chez nous à l'âge de onze jours, et qui est aujourd'hui âgé de treize ans ainsi que l'adorable et doux petit Léon. Que Juliette décède suite à une maladie serait terrible pour moi, mais ma pire crainte c'est qu'un jour elle ne revienne pas lors d’une de ses sorties. Je crois que je deviendrais folle. De ne pas savoir où elle est, serait infernal pour moi. Juste à y penser, ça me chavire le cœur. Mon vétérinaire me dit toujours : Il n'y a pas de vaccins contre les pare­chocs d'auto. Je sais, c'est parfois un risque de laisser sortir nos chats parce qu'il y a aussi des prédateurs naturels qui vivent sur l'Île. GRINCHEUX

LÉON

© Marie­Josée Beaudoin

Juliette vieillit donc elle est plus frileuse et sort moins l'hiver. Par contre, l'été, elle aime toujours autant explorer et chasser. En vieillissant, les chats sont conscients qu'ils n'ont plus les capacités et les réflexes d'antan. De ce fait, ils ne s'aventurent plus aussi loin. Même plus âgée, Orphée appréciait toujours ses sorties estivales. Cependant, à partir de l'âge de douze ans, elle restait uniquement sur le terrain ou elle passait ses journées couchée au soleil sur le patio de la maison. Il lui arrivait de descendre dans le potager, une fois de temps à autre, pour attraper un mulot. Orphée a chassé jusqu'à l'âge de quinze ans. Ne sort pas qui veut le prédateur qui sommeille dans le cœur d'un chat. Possiblement que Juliette fera la même chose.

Finalement, je suis heureuse que personne n'ait accepté de l'adopter, car j'aime réellement Juliette. En fait, nous nous aimons réellement très fort toutes les deux. On se comprend et on s'apprécie mutuellement. Elle partage mon quotidien depuis plus de dix ans. Elle est ma vieille amie et j'espère qu'elle restera à mes côtés encore de nombreuses années.

Carole Duplain Collaboration : Marie­Josée Beaudoin 1 ­ Fenêtre de toit 2 ­ Je ne coupe pas ses griffes étant donné qu'elle va dehors.

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Et si nous laissions tomber la perfection ?

P

arfois les réflexions s’imposent d’elles­mêmes et prennent toute la place dans notre tête au moment où une nouvelle ou un évènement vient en forcer l’émergence. C’est ce qui m’est arrivé dernièrement alors que j'étais dans ma voiture pour me rendre au boulot et qu’était diffusée l’émission d’une radio de la région. Les intervenants discutaient du fait que plusieurs entraîneurs de sports pour enfants et jeunes adolescents, punissaient les membres de leur équipe de différentes façons après qu'ils aient perdu un match ou simplement pour avoir mal livré la performance attendue. Certains entraineurs obligent les jeunes à faire un nombre déterminé de pompes1 alors que d’autres les obligent à courir, ou les deux, selon un temps requis obligatoire. Je dois même vous avouer avoir entendu, dans mon entourage, des parents, raconter qu’ils avaient imposé le même type d’interventions lorsque leur enfant n’avait pas performé à la hauteur de leurs attentes lors d’un match sportif ou suite à une exigence scolaire. Lorsque nous nous attardons à ces exemples et au pourquoi de ces sanctions, la conclusion en est bien simple : ils n’ont pas été à la hauteur de certaines exigences. Mais ces exigences, qui les a définies ? Qui a statué que ces individus devaient tous atteindre le même niveau, malgré leurs différences ? Qui a décidé que si l'un de ces jeunes n’atteignait pas un certain niveau, il méritait d’être puni au lieu d’être encouragé ? Pourquoi personne ne s’est plutôt levé pour dire : Comment pourrais­je le motiver ou l’aider à devenir encore meilleur ? ou encore : Est­ce si important qu’il n’arrive pas à atteindre « mes » exigences ? Tout un débat pourrait se faire autour de ce sujet et il n’est pas à propos de le faire ici. Cependant, cela suscite en moi une réflexion que j’ai bien envie de partager avec vous.

Est­ce que nos exigences face à nos animaux de compagnie sont toujours réalistes ? « Mon chien peut sauter sur moi quand je porte un jeans, cela ne me dérange pas. Mais il ne doit jamais le faire quand je suis proprement vêtu. » « Mon chien doit aboyer si un cambrioleur tente d’entrer chez moi. Mais il ne doit pas aboyer si le facteur livre mon courrier à ma boite aux lettres. » « Mon chien ne doit pas éliminer dans la maison, même si je quitte pour 10 heures de temps. » Et je pourrais tellement citer d’autres exemples…

Ces exigences nous sont dictées par quelle motivation ? ­ Nos perceptions de ce qu’un bon chien doit être : • Toujours revenir à l’appel • Marcher au pied • Ne pas s’arrêter pour sentir une odeur qui l’interpelle. ­ La pression sociale : « Je veux que les autres voient comme j’ai un bon chien, ils sauront ainsi à quel point je suis un bon éducateur. »

• Nous­mêmes, éducateurs, nous sommes particulièrement victimes de cette pression. Personnellement, j’ai beaucoup plus de plaisir à découvrir les besoins propres à chacun de mes animaux qu’à voir les gros yeux des gens qui me jugent parce que je les laisse renifler une odeur intrigante sur son parcours et parce que je les attends. ­ « Pas de temps à perdre, il doit faire ainsi, sinon ce sera trop difficile et je ne pourrai pas le garder. » • Et cela ouvre la porte à toute une variété de comportements qui justifiera le replacement, l'abandon ou la mise à mort de l’animal. ­ Obligations pour l’animal de respecter un code strict. Ce n’est qu’un animal. • L’éternel : « Je le nourris, je le loge, il doit me respecter. » Et me respecter signifie : « faire ce que je dis », « ne pas faire ce que je ne permets pas », et le sempiternel : « il devrait le savoir ! », sans même qu’on lui ait enseigné. Il doit ou ne doit pas, point à la ligne. ­ Etc.

Est­ce que les besoins de l’espèce et de sa génétique sont respectés dans nos exigences ? Citons quelques exemples : • Le chien de chasse qui ne peut répondre à cet instinct. • Le chien rassembleur de troupeaux qui ne peut rassembler. • Tout chien de travail à qui on impose le chômage. • Le chien qui creuse, le faisant pour se rafraîchir dans la terre mise à nu ou simplement pour brûler ce surplus d’énergie qui le rend mal dans ses poils. • La solitude qu’on lui impose tous les jours et même la nuit, dans certains cas, alors qu’il est un animal social. • Ne jamais aboyer, alors que l’humain a précisément sélectionné cette aptitude pour l'avertir de l'arrivée de possibles envahisseurs.

Est­ce que nous avons réfléchi aux contraintes alors imposées à l’animal ? ­ La retenue d’élimination sur de longues périodes et l’élimination sur demande. ­ Imposer, sans jamais offrir de choix. ­ L’accès aux besoins en nourriture, en affection, au confort selon notre unique volonté.

Est­ce que nous avons songé que cet individu n’a peut­être pas la capacité physique, mentale ou médicale pour répondre à ces demandes ? ­ L’infection urinaire inconnue qui force à éliminer plus souvent. ­ La destruction, la vocalisation, l’élimination pour le chien souffrant d’anxiété de séparation ou d’intolérance à la solitude. ­ Le chien dont la morphologie ou les douleurs ne lui permettent pas le « Coucher ! » ou le « Assis ! » dans certaines positions spécifiques. 10

Et si nous laissions tomber la perfection ? Si nous considérions la différence comme quelque chose de souhaitable plutôt que de punissable ? Naturellement, je ne parle pas ici d’un animal produisant des comportements qui nuisent au bien­être de la famille, de la société ou même à son propre bien­être à lui. Je parle plutôt des comportements normaux et anodins d’une autre espèce qui tente du mieux qu’elle peut de s’acclimater à un monde qui n’est pas le sien. Si nous étions tout simplement heureux de partager notre vie avec un animal unique qui ne correspond pas à une certaine norme. Si nous apprécions simplement qu’il soit « lui », comme nous sommes « nous ». Je connais tellement de gens que j’adore qui « parlent trop », « trop fort », qui sont juste « trop » ou « pas assez » dans certaines situations. Et c’est ce qui définit leur personnalité, leur différence d’un autre. Et c’est normal, pas inacceptable ! Et il me plaît ici de rappeler que Lassie, la chienne vedette de la télé, était loin d’être parfaite. En fait, il y en a eu plus d’une pour jouer le rôle. Et qui plus est, ce rôle n’a pas été tenu par des femelles, mais plutôt par des mâles. Et... sachez que le premier à avoir joué « la belle et parfaite » Lassie avait été abandonné parce que son « maître » de l’époque n’arrivait à rien avec lui. Et pourtant !!! Alors regardez l’animal qui est à vos côtés et dites­vous qu’il est peut­être imparfait aux yeux de plusieurs, mais qu’il est probablement juste assez parfait pour vous. Et aimez­le comme l’individu unique qu’il est. Votre relation n’en sera que plus profonde et plus agréable.

Danielle Godbout, coach en comportement canin Membre fondatrice du programme Os Secours ! Et du programme Empathie : un chemin à construire 1 ­ Familièrement appelé push­ups.

Invitation à vous chers lecteurs ! Vous avez une interrogation concernant le comportement de votre chien ? Il vous sera dorénavant possible de me faire parvenir votre question à l'adresse suivante : [email protected]

Il me fera plaisir de vous répondre par l'entremise de ma chronique « OS SECOURS ! » publiée dans la Revue Pattes Libres. 11

Tout comme moi, les fidèles amis quadrupèdes présents dans mes petits récits vivent ­ ou ont vécu ­ au Mexique. En ce qui me concerne, j’y ai fait mes premiers pas au tout début des années 80 comme enseignante. Retraitée, j’y vis encore aujourd’hui. Marie Théveniot

Tempête, un coup de vent blanc taché de noir…

C

eci est la véritable histoire d’un chien blanc à taches noires surnommé Tempête et d’un chat noir à taches blanches appelé Azimut. Pourquoi Azimut? Il est bon de rappeler que nous n’en connaissons pas vraiment la raison. Mais là n’est pas le thème de notre récit. Nous voici donc en présence d’une espiègle Azimut, pas plus grande à ce moment­là qu’un bol de petit­ déjeuner, détail qui aurait pu être ­ nous l’avons vu dans un précédent récit — la cause d’un drame le soir où l’ustensile s’était traitreusement retourné sur le chaton, en visite dans le placard de la cuisine. L’ami humain veillait fort heureusement sur l’indisciplinée et la vaisselle : l’incident fut clos. Tempête, lui, venait d’un refuge. Ainsi surnommé par son amie bipède, Tempête répondait officiellement au nom de Sturm – dont la signification en allemand ne faisait guère de différence. Jamais surnom (ou nom) ne fut si bien choisi : par ailleurs extrêmement sympathique, le petit chien était en effet habité d’une activité débordante donnant de lui tout le long du jour l’impression d’être monté sur des ressorts... Mais commençons plutôt par le début. Une fin de semaine. Les collines environnantes, les champs cultivés, le soleil de l’été, les petites routes de la campagne, tout incitait à la rêverie. La famille visitait la région où, désormais, elle s’installerait. Bercés par un paysage bucolique, les passagers ­ hormis le chauffeur qui les enviait – se laissaient gagner par une douce somnolence. Un tumulte immédiatement identifié les arracha soudain à leur torpeur. « Refuge ». L’apparition de ces six lettres sur un panneau bouleversa d’un coup le climat familial et fit se déverser alors dans l’habitacle un torrent interminable de suppliques. Cela faisait quelque temps déjà que le dernier ami chien avait hélas quitté le foyer et, maintes fois, la famille avait ­ péniblement il faut le reconnaître ­ conclu qu’il serait mieux d’attendre un peu, encore un tout petit peu… L’accord pour la visite fut cependant arraché au valeureux chauffeur, non sans que celui­ci ait rappelé, avec une insistance certaine, que le moment ne se prêtait pas, compte tenu des nécessités de l’installation, à l’accueil d’un chien, si « adorable » fut­il. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, le petit groupe – enfants en tête ­ fit son entrée, acclamé comme il se doit par une cohorte de chiens tout aussi communicatifs les uns que les autres. Il y avait là des chiens au pelage blanc, noir, tacheté, couleur crème ou chocolat, des grands sur pattes ou des petits, à poils longs ou à poils courts, ras ou ondulés. Les aboiements, quant à eux, se déclinaient du grave à l’aigu, de la joie à la protestation, du trémolo à l‘appel sonore. Bref ! Le petit groupe ne savait plus où donner du regard ou de l’oreille, et les exclamations fusaient de toutes parts. Puis vint le moment crucial : le père de famille s’apprêtait à entamer le chemin du retour pendant lequel, stoïquement, il affronterait sans nul doute une liste sans fin de supplications et de promesses qu’il pouvait d’ores et déjà imaginer, lorsqu’une présence soudaine capta l’attention des visiteurs. Les regards se tournèrent alors vers un petit chien noir et blanc ressemblant beaucoup à un Fox et qui les observait sans aboiement dire. Les quatre bipèdes, face à lui, le fixaient, absorbés par son silence.

C’est ce moment­là que le petit animal choisit pour s’approcher de la grille et se diriger vers le père de famille, qui, tout naturellement, lui adressa un sourire, vite complété d’une explication hésitante se voulant rationnelle sur les impératifs du moment – ne valait­il pas mieux en effet éviter toute ambiguïté ? La phrase ne termina pas son discours : le père s’étant trop approché, la petite bête en fit tout autant vers la main fort imprudemment posée contre le grillage et sa petite langue rose atteint son but. Ce geste décida de l’avenir ; choisi par l’animal, le chef de famille ne put en dire plus et le discours devint muet : tête à tête magique d’un homme et d’un chien tissant du regard un lien inexplicable, inextricable, le reste de la famille assistant, médusé, à cette rencontre imprévue. Revenus de leur surprise, les autres membres du groupe restaient cependant immobiles. À peine osaient­ils respirer. Seuls leurs regards trahissaient l’intense agitation interne qui les habitait : « Peut­être… ? » Le père de famille se redressa alors très lentement, s’arrachant au regard du Fox. Tout en sortant de sa profonde réflexion, il se tourna vers les siens puis lança une ultime mise en garde, nettement plus modulée que les précédentes cependant : « Je savais bien qu’il serait difficile de repartir d’ici. Êtes­vous bien conscients de la responsabilité que nous allons prendre ? Êtes­vous décidés à vous occuper de lui chaque jour et pendant des années ? Nous allons avoir beaucoup de travail pour nous installer et… ». La fin de la phrase se perdit dans une avalanche de cris de joie, de promesses et de remerciements saluant l’inévitable et imminente adoption du jeune animal. Il n’y eut rien à rappeler. Tous tinrent leurs engagements : si Tempête fit de son mieux, la petite famille, elle, fut méritoire… Car le fidèle et joyeux Tempête possédait une énergie peu commune. Des poules du voisin aux vaches du fermier, toutes le connaissaient et le redoutaient pour son indiscipline. Plus particulièrement le voisin et le fermier, d’ailleurs… Ses amis bipèdes, eux, tentèrent de l’éduquer, cassèrent leurs tirelires pour des jouets, des biscuits récompense, multiplièrent les balades apaisantes… sans grand résultat. Parce que Tempête, comme beaucoup de ses frères canins, détestait la maison vide. Et, dans le jardin, sa confortable niche, même dotée d’une terrasse, lui offrait une bien piètre consolation au vu des espaces alentour qui grisaient son désir d’aventure. Chaque escapade voyait la clôture du petit jardin renoncer peu à peu à sa charmante allure désuète, subir l’ajout de toutes sortes de matériaux : au ras du sol, au sommet du portail, à la base ou au­dessus du grillage. Une évidence se fit jour; rien n’arrêterait le petit Fox… Il n’exista pas, dans la vie de Tempête, une seule clôture qui put l’intimider : de constitution semblait­t­il élastique, il avait le pouvoir de se glisser entre les barreaux, sous les portails, par dessus les murailles et déjouait les barrières les plus savamment installées.

© Photo : Marie Théveniot

Les séances éducatives, également, se révélèrent vite un défi. Loin de démissionner, la famille crut longtemps en une possible amélioration, si minime fut­elle. Mais ni la promesse des biscuits récompense ni les ordres savamment étudiés ne ralentirent les courses d’un Tempête ivre d’espaces; ni davantage les appels répétés de ses amis bipèdes partis à sa suite, courant, marchant, enjambant ou trébuchant, à vélo ou en voiture, pour le ramener. Ce n’était qu’épuisé qu’il daignait alors revenir, heureux, vers le salut dont il reconnaissait la voix, la silhouette ou le moteur. Lorsque l’émotion enfin se calmait et que le rythme respiratoire se tranquillisait chez chacun, Tempête bénéficiait parfois de circonstances atténuantes : sa fugue se limitait (fort heureusement) à une course folle dans les champs, longeant malicieusement sur son passage (jamais il ne dérogeait à cette règle...) le grillage du poulailler voisin ou la clôture de l’étable proche. Mais, compte tenu de l’environnement champêtre, nulle autre conséquence, hors l’effort physique qu’il imposait aux siens, n’était à déplorer... Cher Tempête…

© Photo : Marie Théveniot

Lorsque la maisonnée fermait portes et volets pour la soirée, il était de toutes les veillées : son regard parlait, ses oreilles frémissaient. Il vivait heureux avec ses amis humains, entouré des poules du voisin, des vaches du fermier et des grands prés herbeux. C’est alors qu’un matin pas tout à fait comme les autres, une caisse grise déposée au beau milieu du salon vint perturber le rituel quotidien. La famille au complet, en grande conversation, s’y tenait autour. Cherchant à se frayer un passage, le Fox lui­même semblait en deviner l’importance. À l’intérieur, il distingua tout d’abord deux yeux verts qui l’observaient attentivement, puis une petite tête, noire, au­dessus d’une éclatante tache blanche. Ce fut à cet instant précis que se réalisa la déterminante rencontre d’un chien blanc à taches noires, survolté par cette découverte, et d’un chaton noir à taches blanches, tapi tout au fond de sa cage. Les amis bipèdes avaient cessé leur conversation et assistaient, étonnés, à ce moment si particulier : la porte de la cage ayant été ouverte, le chien s’approcha du chaton et le couvrit d’un généreux léchage, image d’une complicité scellée dans l’instant et pour des années durant.

Dès lors, la maison fut régulièrement le témoin des courses effrénées amicales d’un Tempête poursuivi par une boule noire tachée de blanc ou d’une Azimut suivie de près par un coup de vent blanc taché de noir. Puis, parce que la vie est ainsi, tout ce petit monde un jour dut abandonner son environnement champêtre pour se rapprocher de la ville (petite, en réalité, mais quand même). Bien sûr, il y eut quelque inquiétude; l’adaptation du petit Fox à ce milieu tellement différent n’allait pas de soi. Ce souci fut bien inutile. L’ami chien prit possession avec la même ardeur du parc municipal voisin et apprivoisa immédiatement ce nouveau territoire. Si bien qu’il fut très vite capable de dénicher la seule faille qu’il put y avoir dans la haute et longue clôture : deux sorties fulgurantes au travers du passage déclenchèrent des recherches qui le furent tout autant, mais beaucoup plus inquiètes, de ses amis bipèdes redoutant le problème. Il n’en fut rien, fort heureusement. Tempête attendait devant la grille de la maison, heureux, ses deux pattes avant croisées, signe d’une patiente attente. Les promenades devinrent alors nettement plus strictes et contrôlées. Ainsi passèrent les années. Avec leurs rituels immuables. Les échappées de notre ami le Fox se firent peu à peu plus rares. Peut­être trouva­t­il sa vie plus propice à la tranquillité ? Le matin, après le calme nocturne, Azimut rentrait du jardin. Lui, l’attendait. Ils se saluaient d’abord, engageant ensuite un moment de jeux. Quand Tempête rentrait de promenade, c’était elle qui guettait son retour, assise sur le rebord de la fenêtre de la cuisine. Ils s’en allaient alors, complices, vers le jardin à l’arrière de la maison, pour jouer, se reposer, ou peut­être se raconter quelque secret : comment guette­t­on la nuit quand on est un chat ?; comment surveille­t­on un poulailler quand on est un chien ? Ce fut depuis le rebord de cette même fenêtre qu’Azimut regarda s’éloigner, porté par l’ami vétérinaire, le petit chien qui depuis deux jours ignorait le jardin, ne bougeait plus de sa corbeille, refusait de s’alimenter. Et, comme il l’avait toujours fait, ce fut sans crier gare qu’il prit le chemin de l’inéluctable escapade. Mais cette fois­là, même en courant, à vélo ou en voiture, personne n’aurait pu, hélas, ramener Sturm, ramener « Tempête ». Aujourd’hui, des années ont passé. Pourtant, au détour d’un chemin surgissent parfois des souvenirs, des moments heureux, des anecdotes comme une invitation à venir y puiser les rires et les sourires que le petit chien blanc à taches noires avait apporté par sa présence. Cher Tempête ! 14

Il existe bien des façons de sauver la vie des animaux, en voici quelques exemples... Il y a les personnes qui se dévouent auprès des organismes et dans les refuges qui recueillent des animaux errants, maltraités et abandonnés, celles qui éduquent et transmettent des informations essentielles dans le but de mieux faire connaître les besoins spécifiques d'une espèce afin d'éviter des adoptions irréfléchies pouvant mener à d'éventuels abandons ou à la mort de ces animaux et il y a aussi les vétérinaires et les techniciennes en santé animale. Ce sont, cette fois­ci, ces derniers qui feront l'objet d'un hommage dans le cadre de cette chronique. Mais me direz­vous : Ils n'œuvrent pas dans l'ombre. Leur travail est connu! En fait, certains sauvetages, effectués par des vétérinaires et des membres de leur équipe, ne sont connus que par un très petit nombre de personnes. Et c'est de ces sauvetages dont il sera question ici.1 Marie­Josée Beaudoin Rédactrice en chef ­ RPL

SAUVETAGES EFFECTUÉS PAR DES VÉTÉRINAIRES ET DES MEMBRES DE LEUR ÉQUIPE

E

n règle générale, la majorité des vétérinaires et des techniciennes en santé animale accomplissent un boulot exceptionnel. Leur travail exige beaucoup d'attention et une grande écoute envers le client afin d'établir une bonne relation avec ce dernier tout en tenant compte du bien­être émotionnel de l'animal lors de sa visite à la clinique. Car il ne faut pas se le cacher, les odeurs, la peur, la présence des autres animaux et bien d'autres causes peuvent faire en sorte que nos compagnons canins ou félins n'apprécient pas toujours ces rendez­vous souvent très angoissants pour certains d'entre eux. Le fait de posséder une connaissance du comportement canin et félin, additionné d'un amour et d'un respect sans égal envers les animaux, permettent au vétérinaire et à son équipe de mieux saisir le message que lui transmet l'animal et de lui éviter au maximum une expérience médicale traumatisante. S'il y a un endroit au monde où les émotions prennent souvent le dessus, tout autant pour le patient que pour le client, c'est bien dans une clinique vétérinaire. De fait, lorsque nous allons faire soigner nos compagnons poilus, il arrive parfois, par inquiétude ou par stress, que nous mettions la patience du vétérinaire et des employés de la clinique à rude épreuve. J'ai pu constater à plusieurs reprises à quel point ils font preuve de beaucoup de finesse et de diplomatie dans de telles circonstances. Ils ont toute mon admiration! La clientèle est souvent divisée en deux parties bien distinctes; il y a ceux qui sont respectueux et même reconnaissants envers l'équipe médicale qui prend soin de leurs compagnons poilus et il y a les autres qui ne se gênent pas pour critiquer sans arrêt les vétérinaires pour toutes sortes de raisons, mais plus encore, ils leur reprochent de faire beaucoup d'argent sur le dos de leur client. Pour le vétérinaire, ce métier est sa passion, mais c'est aussi son gagne­pain. N'oublions pas également que le vétérinaire est un professionnel de la santé et un praticien multidisciplinaire. En effet, il est à la fois généraliste, chirurgien, anesthésiste, ophtalmologiste, radiologiste, dentiste, nutritionniste, conseiller en prévention des maladies et il doit même parfois user de psychologie afin de gérer des situations difficiles. Alors, s'il était réellement payé en considérant l'ensemble de ses compétences, la facture pourrait être encore plus salée. Ceci dit même si parfois, je dois l'avouer, il m'arrive de faire le saut lorsque je vois le total du montant à payer au bas de ladite facture. Mais de nos jours, tout est cher! Comme on peut le constater, le vétérinaire doit jouer plusieurs rôles pour bien remplir ses fonctions. À mon avis, les qualités qui font d'un vétérinaire un bon praticien grandement apprécié de sa clientèle sont, bien évidemment, son expérience, mais aussi son écoute, sa sympathie, sa sensibilité et sa bienveillance. En effet, l'aspect humain occupe une place extrêmement importante dans la pratique de ce métier principalement lorsqu'il s'agit du moment où le vétérinaire doit procéder à une euthanasie. Dans ces instants tristes et très émotifs, le praticien doit faire preuve de beaucoup d'empathie, de compréhension et de respect envers le client et envers son petit patient. Un vétérinaire m'a dit un jour : Euthanasier un animal est un acte poignant et perturbant pour la famille qui perd son compagnon, mais aussi pour celui qui le pratique. Il m'avait alors confié que cette partie de son travail est si dérangeante qu'il lui arrivait d'en faire des cauchemars. Je peux imaginer à quel point il peut être bouleversant d'enlever la vie à un être principalement lorsque celui­ci est en santé. D'ailleurs, il n'est pas rare que plusieurs vétérinaires ou techniciennes en santé animale, qui ont travaillé dans des refuges/fourrières et qui ont eu à faire face à la mort de beaucoup trop d'animaux adorables et en santé, ont dû un jour prendre la décision de quitter cet emploi ou de changer de carrière afin d'éviter de sombrer dans la dépression. Je le sais pour en avoir connu quelques­uns. Et plus marquant encore, voici un extrait d'un article écrit par le Dr François Lubrina, vétérinaire, et paru dans un quotidien québécois2 [...] À l’occasion du dépôt au département de psychologie de la thèse de doctorat d’Anne­Marie Lamothe portant sur le deuil chez les vétérinaires, Forum, l’hebdomadaire de l’Université de Montréal du 19 septembre (2005)3 ouvre magistralement le débat : « C’est l’amour des bêtes qui conduit les vétérinaires à choisir leur profession. Toutefois une de leurs principales interventions, lorsqu’ils arrivent sur le marché du travail, consiste à euthanasier des chiens et des chats en pleine santé. C’est très éprouvant pour eux. » [...], signale Anne­Marie Lamothe.

Et toujours selon cet hebdo universitaire : « Les émotions des vétérinaires à l’égard de la mort des animaux peuvent être dévastatrices. Sur la quarantaine de Drs Doolittle qui ont collaboré directement ou non avec la chercheuse, plusieurs ont éclaté en sanglots en cours d’entrevues, et quatre ont même confié qu’ils avaient pensé au suicide dans les premières années de leur pratique. » En fait, de plus en plus de vétérinaires hésitent à pratiquer « l'euthanasie de convenance » sur de jeunes animaux en santé. Et plus encore, un grand nombre refusent désormais systématiquement d'enlever la vie à un animal en santé, quel que soit son âge. Le vétérinaire incite plutôt le client à trouver une solution permettant d'offrir une seconde chance à leur animal. Certains acceptent immédiatement, mais d'autres sont plus réticents. Et c'est à ce moment que les « sauvetages effectués dans l'ombre » se produisent lorsque le vétérinaire et son équipe offrent au client récalcitrant la possibilité de sauver son animal en s'occupant de lui trouver un foyer aimant et responsable. Chaque année, plusieurs centaines d'animaux sont sauvés grâce à l'empathie et à la générosité des vétérinaires et aux membres de leur équipe.

© Photos : M.J.Beaudoin/C. Duplain/Clinique vétérinaire

Toutes les photos que nous publions aujourd'hui dans cette chronique, représentent des animaux qui ont été sauvés par des vétérinaires, des membres de leur équipe et par leur réseau d'entraide. Tous ces merveilleux compagnons ont eu la chance d'être adoptés par des familles accueillantes et aimantes. Certains étaient jeunes, d'autres plus âgés, mais tous avaient encore de belles années à vivre et beaucoup d'amour à offrir. Pour ma part, j'ai eu l'occasion de croiser la route de la grande majorité d'entre eux et deux de ceux­là, ont même partagé mon quotidien durant quinze belles années.

Je tiens à remercier les vétérinaires et les membres de leur équipe qui ont sauvé la vie de Choupette, Delphine, Dietrich, Fleur de Sel, Gaillard, Irma la Douce, Jérémie, Léon, Max, Néfertiti, Nikita et Diego, Olaf, Oréo, Pablo, Pacha, Pompon, Sissi, Snoopy, Tempête, Zelda et Zorro pour ne nommer que ceux­là... ainsi que tous les autres rescapés que je ne connais pas et qui ont été sauvés in extremis d'une mort certaine. Ces sauveteurs ne souhaitent pas qu'on mentionne leurs noms ni la clinique où ils travaillent, cependant, j'aimerais conclure cet article en m'adressant à eux : Malgré les années qui ont passé, vous avez toujours conservé les valeurs auxquelles vous teniez lorsque vous avez choisi de faire ce métier. Et c'est tout à votre honneur! Malheureusement, la vie d'un animal ne dépend bien souvent que des humains qui croiseront sa route. Certains animaux auront plus de chance que d'autres parce que la vie mettra sur leur chemin des personnes qui, comme vous, croient sincèrement que la vie d'un animal est importante et qu'elle se doit d'être respectée. « Le droit de vivre et de ne pas souffrir ne peut pas être le seul privilège des humains.4 » Du fond du cœur... Merci pour eux !

Marie­Josée Beaudoin 1 ­ Je n'évoquerai que ces sauvetages, mais je pourrais également mentionner beaucoup d'autres gestes altruistes qui ont été accomplis par des vétérinaires et dont j'ai été témoin. 2 ­ De l’euthanasie... au suicide chez les vétérinaires, La Presse, Montréal, samedi 15 octobre 2005, p. 21. 3 ­ http://www.iforum.umontreal.ca/forum/2005­2006/20050919/veterinaires.html 4 ­ Ricard, Matthieu, Plaidoyer pour les animaux : Vers une bienveillance pour tous, Allary Éditions, 2014. 370 p.

LES ÉMOTIONS DES ANIMAUX Marc Bekoff

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r Marc Bekoff est professeur émérite d'écologie et de biologie évolutive à l'Université du Colorado (EU). Il est le cofondateur, avec Jane Goodall, de Ethologists for the Ethical Treatment of Animals. Il s'est vu décerné plusieurs honneurs pour l'ensemble de ses travaux et de ses recherches scientifiques dont, entre autres, la bourse de la John Simon Guggenheim Memorial Foundation en 1980. Il a écrit plus de 800 articles et il est l’auteur de plusieurs ouvrages dont le livre paru en 2007, The Emotional Lives of Animals. Ce livre a fait l'objet d'une traduction en langue française lors d'une première édition en 2009, et d'une seconde édition en 2013 sous le titre Les émotions des animaux. Ses études ont amené une avancée majeure dans la compréhension de la cognition animale. Dr. Bekoff a suivi la voie ouverte par les travaux du célèbre Charles Darwin. Dans ce livre, Dr Bekoff aborde différents sujets tels que l'empathie, l'intelligence et l'affectivité animales, allant même jusqu’à parler de justice sauvage chez les animaux, un concept qui aurait semblé impossible à accepter dans la communauté scientifique il y a seulement dix ans. Il démontre également que les animaux ont aussi une morale sociale et une pensée rationnelle et que tous peuvent ressentir de la joie, de la colère, de la frustration, de la tristesse et de l’envie, pour ne nommer que ces émotions. Selon le Dr Bekoff, tout ce que nous ressentons, les animaux le ressentent aussi, ajoutant que la douleur psychique et psychologique est également présente chez les animaux en détresse. Par l'observation de différentes espèces animales, il est désormais possible d'affirmer que les adultes se servent du jeu pour l'apprentissage des jeunes individus et que la compassion et l’empathie entre les membres d’un groupe, comme chez le loup par exemple, sont des notions présentes qui servent à la cohésion au sein du groupe. Jane Goodall, qui a écrit la préface de ce bouquin, affirme : « Aucune frontière nette ne sépare l'espèce humaine du reste du règne animal. [...] Joignant l'intuition et le bon sens à une méthodologie scientifique scrupuleuse, ce livre sera un outil formidable pour tous ceux qui se battent afin d'améliorer la vie des animaux... ». Que dire de plus ? Sinon que c'est un livre à lire, à relire et à conserver.

Disponible chez Rivages poche / Petite Bibliothèque (2013). 283 pages. 14,95 $ ­ 8,65 € 17

LA PHOTO D'OISEAUX CONSEILS ET ASTUCES D'UN PROFESSIONNEL Daniel Dupont

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aniel Dupont est un photographe québécois qui, depuis plus de 20 ans, se passionne pour la capture d'images d'oiseaux. Il a publié un grand nombre de livres sur ce sujet dont La photo d'oiseaux ­ Conseils et astuces d'un professionnel, un guide destiné à tous les photographes, qu'ils soient débutants ou expérimentés. D'entrée de jeu, afin de mieux cibler les points à améliorer, il est important de bien se situer en tant que photographe. Pour se faire, l'auteur nous présente une comparaison entre cinq catégories de photographes d'oiseaux s'étendant du débutant jusqu'au professionnel, en spécifiant bien que ces catégories ne constituent qu'une base d'évaluation et que certains photographes pourraient appartenir à plus d'une catégorie. Le livre est divisé en cinq chapitres détaillés : • Choisir les bons outils (apprendre à bien choisir le matériel approprié tel que les boîtiers, les objectifs, les cartes mémoires, les trépieds, les flashs et les sacs, pour ne nommer que ces items); • Comprendre et traiter l'image numérique (l'importance de maîtriser, du moins un tant soit peu, la technologie et les notions reliées à l'appareil photo numérique afin d'en retirer tout le potentiel); • Composer de bonnes images (apprendre les règles de composition des images, telles que le cadrage, les gros plans, la profondeur de champ, l'exploitation des reflets, les oiseaux en vol, etc.); • Voir sans être vu : le camouflage (l'habillement, le paravent, les caches artisanales ou celles vendues en magasin, etc.); • Préparer une mise en scène (aménager votre terrain dans le but d'attirer une plus grande diversité d'espèces). L'ouvrage est illustré par des images détaillant le matériel et la prise de vue ainsi que par une grande quantité de photos magnifiques illustrant des oiseaux de différentes espèces bien identifiées. Les textes accompagnant les photos présentées dans ces pages indiquent les données techniques des prises de vue très utiles, entre autres, pour les fins d'apprentissage (par exemple, Canon EOS 10D, 500 mm, 1/500e s, f/8, ISO 100, flash 430 EZ). Le tout est présenté sur un papier glacé de très bonne qualité. Ceci dit, cet ouvrage est un outil complet offrant des explications claires et pratiques sur tout ce dont nous avons besoin de connaître pour obtenir des photos fantastiques. J'ai rencontré ce photographe de grand talent et discuté avec lui à quelques reprises et j'ai été à même de constater à quel point l'éthique et le respect de la faune font partie de ses valeurs. Je recommande donc ce livre à tous les photographes de la faune, qu'ils soient amateurs ou professionnels.

Pour en apprendre plus encore sur Daniel Dupont, je vous invite à visiter son site : http://www.danieldupont.ca/

Disponible aux Éditions Michel Quintin (2007). 264 pages. 34,95 $ 18

COMMENTAIRES ET SUGGESTION La lecture du Mot de la rédaction sur les fermettes en centres commerciaux, mot paru dans le numéro de Printemps­Été 2016, m'a remplie de peine, et je ne peux m'empêcher d'y réagir. Je suis parfaitement en accord avec les propos de la rédactrice. Ce qui au départ semble être une belle initiative de sensibilisation (ce qui ne réussit même pas à me convaincre de la pertinence de telles exhibitions) est en réalité un vrai cauchemar pour ces animaux, petits et grands qui, au milieu de ces environnements artificiels et bruyants, perdent tous leurs repères physiques et sensoriels. Notamment, on ne devrait jamais, au grand jamais, y retrouver des femelles encore allaitantes et leur toute jeune progéniture. Il faudrait, au minimum, que ces exhibitions soient étroitement encadrées (comprendre : surveillance optimale), et qu'elles s'accompagnent d'une mission d'éducation autant pour les adultes que pour les enfants. Éducation qui empêcherait entre autres de forcer le contact entre très jeunes enfants et très jeunes animaux. Sans préparation et sans méthode d'approche réfléchie et respectueuse, les adultes comme les enfants deviennent une source de stress, sinon de détresse totalement inutile pour les animaux qui, eux, n'ont pas demandé à être là. Si les organisateurs ne sont pas en mesure d'assurer bien­être et sécurité aux animaux, de grâce, laissons ces derniers dans leur habitat familier, et visitons­les plutôt chez eux, mais en toute connaissance de leur univers et de leurs besoins tout en respectant leur droit de vivre paisiblement.

Par ailleurs, bravo à toute l’équipe de rédaction ! Quel contenu et quelle présentation ! Pattes libres est une revue tout à fait passionnante. À noter entre autres, la chronique Regard humanimal sur..., très intéressante et très bien ficelée. Elle porte à réfléchir.

Il me semble qu’il y aurait beaucoup à dire, car malheureusement, ils sont, eux aussi, confrontés à la maltraitance et à l’abandon. Johanne Pelletier Charlesbourg Bonjour madame Pelletier, Nous prenons en considération votre suggestion relativement à une chronique sur les animaux de ferme. Nous essaierons de trouver une personne possédant un grand sens de l'éthique en ce qui concerne le bien­être animal et qui acceptera de transmettre ses connaissances et son expertise sur ce sujet. Nous vous remercions d'avoir pris le temps de nous écrire vos impressions ainsi que votre très intéressante suggestion. [NDLR]

SERABIE Quel beau reportage que celui du sauvetage de la petite lionne Serabie par l'une de nos compatriotes québécoises Alexandra Lamontagne. L'histoire est très émouvante et son récit nous tient en haleine du début à la fin. J'ai été grandement touchée par le passage où Alexandra, assise par terre, a pleuré son âme en songeant au sort funeste de tous les lions qu'elle avait vu là­bas. Réellement touchant ! Félicitations à cette jeune femme d'avoir eu le courage et la détermination d'affronter ces gens et de retourner en Afrique pour sauver Serabie. Son geste n'a pas permis de sauver tous les lions, mais il a fait toute la différence pour l'un d'entre eux. Merci Alexandra Lamontagne et bravo à l'équipe de Pattes Libres de nous avoir présenté cette histoire fabuleuse.

À titre de suggestion, j'aimerais pouvoir y lire un jour, si c’était possible, une chronique sur les animaux de Marlène Gauvin ferme.

ENCORE SERABIE !

AGIR POUR MIEUX AIDER !

Bonjour,

Bonjour,

Je tiens à vous remercier de nous avoir présenté l'histoire de Serabie. Cette histoire est digne d'une grande production cinématographique des studios Disney. Rien n'est besoin d'être ajouté au récit pour embellir l'histoire. Il suffirait de le présenter tel quel. Ce serait un grand film !

J'aimerais juste vous dire que j'ai bien aimé l'article de Pierre Gouge intitulé : Soyons la différence ! Plutôt que de critiquer et de chercher des coupables, suivons le conseil de M. Gouge : Faisons la différence en nous impliquant auprès d'un refuge. Nous serons ainsi plus utiles à la cause animale plutôt que de chialer sans agir.

Sébastien B.

Sébastien B.

DES LARMES ET DES RIRES ! Bonjour,

J'ai lu entièrement votre dernier numéro dans un temps record. Je peux vous dire que j'ai versé des larmes à plusieurs reprises. L'histoire d'Houdini, la chienne aux multiples vies m'a grandement émue. Quelle chienne résiliente ! Je comprends à quel point Houdini a pu être importante dans la vie de toute cette famille, dont l'auteure de ce récit fait partie. Ce texte nous porte aussi à réfléchir sur l'abandon et sur la surpopulation animale qu'ont à faire face les refuges. J'ai aussi versé des larmes en lisant l'histoire Azimut ! C'est ainsi qu'il m'avait appelée... par Marie Théveniot. Tellement touchante ! Et puis encore, en lisant La fabuleuse histoire du sauvetage de Serabie. Ce récit si bien écrit me donnait l'impression d'être sur place et de ressentir profondément l'angoisse et le chagrin de Madame Lamontagne après le sauvetage de la petite lionne. Et finalement j'ai pleuré à la lecture de l'Hommage à Zorro, ce bon gros chat qui a rendu une personne âgée très heureuse durant plus de 12 ans. J'avais lu le récit de la dernière visite de Zorro à cette dame, dans un numéro précédent, donc sa fin m'a encore plus touchée. Mais j'ai aussi beaucoup ri avec La métamorphose et Les états d'âme de Simone. Deux petites chroniques photos que j'adore ! J'apprends beaucoup en lisant Parole de vétérinaire, les chroniques sur la zoothérapie et Os Secours ! (l'une de mes chroniques préférées). Votre magazine est vraiment intéressant. Merci de nous offrir de si beaux reportages. Guylaine Lachance Lévis

ZOOTHÉRAPIE ! Bonjour, J'aime beaucoup la chronique La Médiation par l'animal d'Amélie Martin et principalement l'article mettant en lumière le choix d'un partenaire d'intervention en zoothérapie. Bien choisir son partenaire canin n'est pas une mince affaire parce qu'à mon avis, c'est celui qui permet d'ouvrir la porte vers un meilleur échange entre l'intervenant et la personne rencontrée. Cet article m'a beaucoup éclairée et me donne envie d'en apprendre toujours plus sur cette relation d'aide. Déjà hâte de lire le prochain article de cette chronique. Merci pour vos articles bien documentés en profondeur. Caroline Marceau

TOUTE LA VÉRITÉ... ! Bonjour, J'ai bien aimé la dernière chronique Parole de vétérinaire permettant de démystifier quelques croyances populaires. Je me rappelle avoir vu sur Facebook, une vidéo montrant une chienne dont les yeux laissaient couler une larme. On indiquait que ses petits lui avaient été enlevés. La vidéo s'intitulait : «Cette chienne pleure de joie en retrouvant ses chiots». Bien qu'elle devait être heureuse de revoir ses petits, dans ce cas, les larmes étaient plutôt reliées à un problème de santé oculaire. Il ne faut surtout pas croire tout ce qu'on lit sur les réseaux sociaux. Cette chronique, en plus de nous apprendre toutes sortes de faits intéressants, remet les pendules à l'heure. Très hâte de lire la deuxième partie. Marc­André Chicoutimi

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Plus de chats pourraient être abandonnés à Montréal

L

e nouveau règlement sur le contrôle animalier adopté par la ville de Montréal contient des articles qui pourraient potentiellement entraîner une hausse du taux d’abandon de chats. Bien qu’il soit louable d’exiger des gardiens qu’ils enregistrent leurs chats et que ceux­ci soient identifiés grâce à une médaille, et tout aussi louable de les inciter à faire stériliser leur animal, il est tout à fait déraisonnable d’imposer le port de la laisse pour les chats qui vont à l’extérieur. Ce que dit le règlement En effet, le nouveau règlement stipule que tout animal qui n’est pas tenu en laisse, qui n’est pas accompagné par une personne capable de le maîtriser et qui n’est pas sur le terrain de son propriétaire, sera considéré comme étant errant. Ce qui veut dire qu’il est désormais interdit de laisser son chat se promener librement car, médaille ou non, s’il devait se trouver sur le terrain de votre voisin, vous pourriez écoper d’une amende allant de 500 $ à 750 $. Et si par malheur votre chat n’était pas enregistré, la facture s’allongera d’un 300 $ à 600 $ additionnel ! Il faut alors se demander combien de ces chats seront abandonnés par leur gardien, qui sera incapable de s’acquitter d’une telle dette. De plus, un chat « errant » portant une médaille ou une micropuce, pourra être capturé et gardé en refuge. Ce dernier pourra alors, si l’animal n’est pas réclamé après un délai de 72 heures, soit faire adopter l’animal ou le mettre à mort. Par contre, un chat qui ne porte pas la médaille obligatoire de la Ville ou qui n’est pas muni d’une micropuce et qui n’est pas stérilisé, pourra être mis en adoption ou mis à mort après un délai de seulement 24 heures suivant sa mise en refuge. Des problèmes de comportement à prévoir Le chat étant un animal très attaché à sa routine, comment réagira­t­il lorsque du jour au lendemain, il se verra forcé à demeurer à l’intérieur alors qu’il est habitué de sortir et d’aller où bon lui semble ? Nous savons qu’un chat qui a vu sa routine changer subitement peut développer des problèmes de comportement tels des miaulements excessifs, du marquage, etc. Le règlement mentionne aussi qu’en cas de plainte pour nuisance, incluant le fait de miauler de façon à troubler la paix, le gardien de l’animal pourrait recevoir une amende allant entre 500 $ et 750 $. Certains gardiens, armés de patience, choisiront d’habituer leur chat au port de la laisse et pourront donc accompagner Minet lors de ses balades. Si leur chat devait développer un problème de comportement, les gardiens plus nantis pourront obtenir les judicieux conseils de spécialistes en comportement félin. Mais que feront ceux qui n’en ont pas les moyens, et ceux qui n’accordent pas tant d’importance à la vie d’un animal ? Verrons­nous s’allonger la déjà trop longue liste des causes d’abandon ?

Pour en apprendre plus sur le règlement sur le contrôle animalier de la ville de Montréal : http://ville.montreal.qc.ca/animaux/reglementation/ 21

Note de la rédaction : Le mot « euthanasie » se traduit en anglais par euthanasia ou mercy killing. Nous avons tendance à utiliser, en français, l'expression EUTHANASIE DE CONVENANCE lorsqu'on enlève la vie à un animal en santé. Mais je ne crois pas que cette expression convienne dans le cadre de cet article. Tuer n'est pas euthanasier. Alors, comment traduire No­Kill Shelter ? Un « refuge sans tuerie » ou un « refuge sans extermination » ? Difficile de trancher ! Alors, en attendant de trouver une traduction qui pourrait convenir j'utiliserai, pour cette chronique, l'expression anglaise No­Kill.

Une bonne nouvelle pour les animaux recueillis dans les refuges aux États­ !

P

lusieurs d'entre vous connaissent le magnifique refuge américain Best Friends, mais pour ceux qui ne le connaissent pas, voici une courte présentation. Best Friends a commencé sa mission en ouvrant un sanctuaire situé dans un majestueux canyon du sud de l'Utah. On y accueille des animaux sans foyer. Plusieurs d'entre eux ont besoin de quelques semaines de soins spéciaux avant qu'ils ne soient prêts à être adoptés. Ceux qui sont trop vieux, malades ou qui ont subi un traumatisme sérieux, pourront trouver, au refuge Best Friends, un foyer pour le reste de leurs vies. En général, environ mille­six­cents chiens, chats et autres animaux de différentes espèces, provenant de partout au pays, trouvent refuge au sanctuaire. Cet organisme s'implique activement pour le sauvetage et la défense des droits des animaux, non seulement en Utah, mais partout sur le territoire américain. Best Friends possède également des centres d'adoption dans les villes de Salt Lake City, Atlanta et Los Angeles. Un autre centre d'adoption ouvrira ses portes en 2017 dans la ville de New York. Best Friends supervise également un réseau national rassemblant près de mille­sept­cents groupes d'aide aux animaux, leur apportant assistance et leur offrant les conseils nécessaires pour sauver encore plus de vies dans leur propre communauté. Depuis quelques années, je suis abonnée au magazine Best Friends. Pour recevoir les six numéros publiés annuellement, il suffit de faire un don de 25 $ US. C'est le cadeau offert par l'organisme en échange de notre adhésion pour devenir membre de Best Friends1. Ce magnifique périodique de soixante­douze pages présente de très intéressants reportages abondamment illustrés. Lors de la réception du numéro de Janvier/Février 2017, un titre en couverture a immédiatement attiré mon attention : No­kill 2025 : Together, we can end killing in shelters. Je me suis empressée d'ouvrir la revue et de lire le reportage. En voici le résumé. L'article débute ainsi : « Le 12 septembre 1962, le Président John F. Kennedy fait son fameux discours à la nation dans lequel, il annonce qu'un Américain sera envoyé sur la lune avant la fin de la décennie ». À l'époque, plusieurs n'ont pas cru que ce projet serait possible à réaliser si rapidement. Cependant, au moment de l'annonce, le Président était persuadé que le but serait atteint dans les temps parce que le chemin était déjà tracé.

Mais quel est le lien entre ce discours et les projets de Best Friends ? Tout comme l'a fait le Président Kennedy, il y a de cela cinquante­cinq ans, les gens de Best Friends, ont décidé de procéder à une annonce officielle très importante : D'ici 2025, tous les refuges animaliers, basés aux États­Unis, ne tueront plus d'animaux en santé. Tous les gîtes deviendront des No­Kill Shelters. Les gens de Best Friends sont très conscients que le parcours sera encombré d'obstacles, mais ils sont convaincus qu'il est possible de le faire parce que des changements importants sont déjà en cours !

Lorsque Best Friends a débuté sa mission, en 1984, on évaluait à quelques 17 millions, le nombre d'animaux qui mourraient annuellement dans les refuges américains, faute de places pour les accueillir. Aujourd'hui, le nombre est estimé à environ 4 millions. C'est un progrès incroyable même si ça veut aussi dire que plus de 9000 adorables chiens et chats en santé perdent encore la vie chaque jour. En 1994, San Francisco est devenu la première ville No­Kill du pays, sous la direction de l'infatigable défenseur des animaux Rich Avanzino, régulièrement surnommé le père du Mouvement No­Kill. Ce fut aussi l'année où, dans le New Hampshire, ont débuté les premières campagnes de stérilisation qui se sont ensuite propagées dans d'autres états américains. Il y aurait maintenant autour de trois­cents communautés No­Kill dans ce pays, ce qui veut dire que 90 %, ou plus, des animaux qui entrent dans les refuges des villes sont sauvés. Ces municipalités sont réparties un peu partout sur le territoire américain incluant de grandes cités telles que Kansas City au Missouri, Jacksonville en Floride, Fairfax en Virginie, Washoe County au Nevada, Salt Lake City en Utah et Austin au Texas. D'autres villes telles qu'Atlanta, New York et Washington, D.C. atteindront bientôt le statut de No­Kill. Je n'énoncerai que ce seul exemple pour démontrer que tous les espoirs sont permis et que le but pourra assurément être atteint d'ici 2025. Au cours des quatre dernières années, Best Friends a concentré ses efforts sur la ville de Los Angeles qui est tout près d'atteindre le but visé. En 2012, Best Friends a lancé une initiative appelée NKLA (No­Kill Los Angeles) afin que cette communauté devienne la seconde plus grande ville No­Kill à la fin de 2017. En 2011, le pourcentage des animaux sauvés à Los Angeles n'était que de 57.7 %. À la fin de 2015, le taux a fait une remontée spectaculaire atteignant 76.7 %. Ensuite, de janvier à septembre 2016, le pourcentage a grimpé à 81.8 %, en prévision de terminer l'année à 83 %. Julie Castle, chef du développement, du marketing et chargé des communications de Best Friends, affirme : L.A. sera une ville No­Kill l'an prochain. Rien ne sert d'ajouter d'autres chiffres pour vous prouver que le chemin parcouru par Best Friends est vraiment bien engagé. Ils savent exactement où ils s'en vont. Ils utilisent tous les outils nécessaires pour atteindre leur but en mettant sur pied des programmes de stérilisation au niveau national, des journées spéciales d'adoption dans les refuges, des programmes CSR (capture/stérilisation/relâche), des campagnes de sensibilisation sur le respect de la vie animale, des programmes d'éducation offrant l'opportunité d'enseigner aux enfants les principes de bonté et de compassion envers les animaux, la préparation de dossiers bien structurés visant à faire abolir, par des lois, le fléau des usines à chiots, etc. C'est vous dire à quel point Best Friends s'implique à tous les niveaux pour sauver la vie des millions d'animaux qui occupent le territoire américain. Le 20 juillet 1969, sept ans après le discours du Président Kennedy, Neil Armstrong fut le premier homme à mettre le pied sur le sol lunaire. Plusieurs n'y croyaient pas, et pourtant... Alors, tout comme JFK, qui était persuadé que ce projet se réaliserait dans les dates prévues, Julie Castle est convaincue que l'audacieux projet de Best Friends sera atteint d'ici 2025 : Un pays No­Kill est notre lune à atteindre. Nous ferons en sorte d'y arriver [...] Notre lune à nous est de mettre fin à la mort des animaux [en santé] dans les refuges américains, d'ici 2025.

Est­ce que ce projet pourrait se faire chez nous ? Je pense sincèrement que tout est possible quand on y croit ! Il suffit de toujours garder les yeux rivés sur l'objectif à atteindre, sans jamais abandonner. Savez­vous ce qui fait la force de Best Friends ? La réponse est inscrite sous le titre principal de leur revue : Together, we can Save Them All... Together !!! Ensemble !!!

Le regroupement, voilà la solution ! Pouvez­vous imaginer la force et l'expertise que nous pourrions détenir si tous les refuges, petits et grands, les SPCA, les SPA, les sauveteurs qui travaillent en solitaire, les sociétés canadiennes humanitaires et les organismes de défense des droits des animaux se regroupaient pour former une alliance énergique et inébranlable ? Malheureusement, et j'ai eu l'occasion de le constater à maintes reprises, cette mentalité de se mobiliser est peu commune ici. Les gens s'entraident à l'occasion, mais la plupart du temps, ils travaillent chacun de leur côté. N'oublions pas que nous travaillons tous pour une même cause et de fait, nous devrions prendre exemple sur le projet de Best Friends.

Unissons­nous, et ensemble, nous pourrons sauver la vie d'un plus grand nombre d'animaux !!! 1 ­ http://bestfriends.org/donate/become­member

Les vacances de Maggie

C

’était l’automne, mais les feuilles n’étaient pas encore toutes tombées. Elles étaient de toutes sortes de couleur. Y en avait dans les sentiers, assez pour que je me roule dessus. On avait fêté l’anniversaire de naissance de l’Amie Hélène. C’était le petit quotidien comme d’habitude, sauf qu’un soir, au lieu d’aller chercher les Terreurs, le Beau Mathieu et l’Amie Hélène ont commencé à faire leurs bagages. Oh ! Je me suis couchée dans ma cage pour les observer, me disant que j’allais rester toute seule… Et soudainement, ils ont sorti mon sac de voyage et ils y ont mis un Ziploc plein de nourriture pour moi. Je me suis levée, me suis secouée. Ça commençait à devenir intéressant. L’Amie Hélène a sorti de ma cage la grosse couverture sur laquelle je dors. Là, je me suis mise à branler la queue sans arrêt, sans trop savoir pourquoi. Ça me donnait l’impression que je partais avec eux. Ils ont mis tous les bagages sur la banquette arrière de la voiture pour me laisser le coffre au complet. Avec ma grosse couverture. Avec le hayon, je vois partout ! On a roulé longtemps. Je trouvais ça long. On a arrêté faire pipi dans une halte routière. Ça sentait l’écureuil, mais j’étais attachée, j’ai pas pu les débusquer. On a roulé encore. Et encore. Et encore. C’était pas mal plus loin que quand on va voir Mamie. Il s’est mis à faire noir. Et on roulait encore. On a fini par arriver. L’Amie Hélène avait loué un chalet dans une pourvoirie. Pas pour chasser ni pour pêcher. Juste pour se reposer et faire de la randonnée pédestre. L’Amie Hélène a fait un feu. On n’a pas ça, chez nous, un poêle à combustion lente. Ça fait une bonne chaleur qui crépite, qui sent bon le bouleau et qui ramollit les chairs. Pus de Terreurs, pus d’oreilles tirées, pus de petites voitures qui roulent sur mon dos. Le vrai bonheur canin. L’Ami Hélène a pris un peu de vin. Je l’entendais rire dans mon sommeil.

© Hélène Bard

Je me suis endormie presque tout de suite. Juste parce que l’Amie Hélène avait apporté ma couverture. Je savais où me coucher. Je savais ce que je devais faire. Juste me reposer. Juste relaxer… ZZZzzzzzz

Le lendemain matin, on a marché aux alentours et j’ai vu des poules. J’aime pas les poules. Ce sont de drôles de volatiles qui sentent un peu plus fort que Narcisse Wasabi. Paraît qu’elles pondent des œufs. Ben moi, je peux vous dire qu’elles chargent, et quand elles piquent mon museau avec leur bec, ça fait mal. Je m’en suis tenu loin. Y avait aussi des chevaux. J’adore le caca de cheval. On dirait du chocolat pour chien ! Mais l’Amie Hélène m’a tenue en laisse, alors je n’ai pas pu me régaler. En après­midi, on est allés marcher tous ensemble dans la forêt. On a marché vingt kilomètres. Ça en fait, des pas dans la terre molle. Ça sentait bon l’automne. Et là, ça m’est venu tout d’un coup, entre un pipi de vieux chien et un restant de caca de chevreuil. Depuis que les Terreurs sont nées, je n’avais pas pris de vacances. Ça faisait plus de cinq ans que je n’étais pas allée en voyage. Avant, on faisait du camping. Je faisais dodo dans la tente, collée contre l’Amie Hélène. On a vu de superbes couchers de soleil; on a joué dans la marée montante. J’ai dormi près du fleuve, bercée par le roulement des vagues. Mais depuis la naissance de la Terreur numéro un, rien. Pas même un petit dodo chez Mamie. Ça a fait du bien, les vacances. Loin de la maison. Toute seule avec le beau Mathieu et l’Amie Hélène. J’étais contente qu’ils m’aient emmenée. Qu’ils ne me fassent pas garder. C’est bien plus agréable de voir du pays que de rester à la maison toute seule ! Les humains ne peuvent pas nous emmener dans tous les hôtels ni dans tous les chalets. À cause des allergies, peut­être. Il faut s’informer. Mais il est possible de voyager avec notre deux­pattes. Et ça ne coûte pas si cher. Et ça fait tellement de bien ! Là, les feuilles sont toutes tombées. Y a un peu de neige au sol. C’est pas le moment pour nous de voyager. Ça ira à l’automne prochain, quand le soleil sera encore haut et chaud. On retournera peut­être là­bas, dans la pourvoirie, ou à un autre endroit où ça sent la liberté et le bonheur. Et je marcherai encore des kilomètres, le nez en l’air, devant l’Amie Hélène et le Beau Mathieu qui papotent, calmes, sereins, en vacances.

Pour TiBob !

© Photo : Monique Gignac

S

ilencieux, derrière la porte, tu as entendu la clé dans la serrure. Hop, te v’la mon TiBob ! Une caresse douce comme une plume au vent, tu frôles ma jambe, vires et tournes dans une danse dont toi seul connais la mesure. Tu viens, tu vas et reviens rapidement me voir, toi qui erres seul dans ton royaume depuis quelques jours. Je te berce, te nourris, te console. Dans mes bras, tu deviens tous les animaux de la terre qu’on ne peut bercer ou nourrir, les oubliés, les déchus.

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© Olivier Piquer

NOTE : La pièce que vous allez sniffer est une publication posthume, nom d’une croquette ! Ah mais, non, non, ce n’est pas moi qui ne jappe plus ! Oh la, non ! C’est ma sœur ! Ah mais oui oui ! Je sais, ce n’est pas elle qui l’a écrite, mais sans elle, sans son style de vie qui avait du chien (pour une fois qu’une expression humaine nous valorise) je n’aurais pas pu l’écrire. Voilà pourquoi, pour moi, c’est un peu elle l’écrivain. Bon sniffage. Lupita

Salut, À la fin de la première partie, on s'était laissé en se demandant ce qui allait arriver à Joe Bean et s'il était toujours dans notre chalet. Alors voici la suite de cette pièce qui te tiendra surement en haleine du début à la fin, foie de canard ! Tu verras, c’est du théâtre policier en plusieurs épisodes. Tu m’en japperas des nouvelles. Bonne lecture.1 DEUXIÈME PARTIE... ACTE III Scène 1 Levé du rideau. Lupita et Tonalli se précipitent à l’intérieur du chalet, bousculent les affaires qu’Éric et Olivier ont déposées à terre, renversent les sacs. En quelques secondes, c’est le bazar complet. Quand Olivier revient dans le chalet, les chiennes ont des morceaux de vêtements sur eux et sont essoufflées. Olivier (Dans un faux calme) : Heu… Éric, vient voir tranquillement ! Éric (Arrivant beaucoup trop vite) : Quoi ? Qu’est­ce qu’il y a ? Qu’est­ce qui se passe ? (Silence)… Oh mon Dieu ! Mais qu’est­ce que vous avez fait là ? Tonalli (En remuant la queue et en baissant le regard) : Lupita, pourquoi est­ce qu’ils nous regardent comme ça ? Avec eux on ne sait jamais s’ils nous chicanent ou pas ! Il n’y a pas moyen qu’ils s’énervent pour de bon. Lupita (En aplatissant ses oreilles) : Jappe­moi­s­en pas. C’est toujours le même problème. Ils nous jappent doucement pour nous féliciter et nous jappent tout aussi doucement pour nous chicaner. C’est à en perdre son jappement. Olivier : Énerve­toi pas comme ça ! Regarde­les, elles n’ont rien fait du tout. Éric : Je ne suis pas certain, moi.

Tonalli : Oh papas, papas, vous ne comprenez donc pas ? Joe Bean est passé dans le chalet. Il a volé quelque chose ! C’est « abdominable » ! Lupita : Nom d’une croquette, Tonalli ! On ne dit pas « abdominable », on dit « abominable » ! Tonalli : Arrête de toujours vouloir corriger mon jappement ! Tu me fatigues ! Lupita : Mais que tu es tannante ! Éric : Les filles, arrêtez de japper ! Olivier : Que se passe­t­il ? On dirait que quelque chose vous dérange ? Tonalli : Bon enfin, il comprend l’humain ! Il comprend ! Mais oui ! Joe Bean est rentré dans le chalet et a volé notre foie de bœuf. Essaie de nous en donner ! Tu verras bien ! (Tonalli s’assoie subitement et donne sa patte à Éric) Éric : Ben voyons ! Qu’est­ce qu’elle fait ? Tu penses qu’elle a mal ? Elle a dû se blesser ! Olivier : Je ne sais pas ! Je crois plutôt qu’elle essaie de nous dire quelque chose ! Tonalli : Lupita, vite ! Fais comme moi ! Lupita s’assoit avec moins de conviction et lève une patte comme Tonalli. Éric (Il commence à remettre son manteau) : Oh mon Dieu ! Les deux chiennes se sont blessées ! Vite, Olivier. Je crois qu’il faut aller chez le vétérinaire ! Olivier : Mais non ! Calme­toi ! On va essayer de comprendre ce qui se passe ! Lupita se dirige vers la porte pour sortir, leur examen n’ayant rien révélé. Elle lève la truffe vers la poignée. Olivier : Tu vois que tout va bien. Elles veulent juste sortir. Éric se dirige vers la porte patio, l’ouvre et les deux chiens sortent en courant dans la cour. Elles se dirigent immédiatement vers le gros arbre dans lequel Joe Bean avait pris résidence. Elles jappent en regardant la cime, elles sniffent le tronc, elles grattent la terre. Lupita (Énervée) : Rien ! Je ne sniffe rien Sainte­Croquette ! Pas de foie séché. Pas de Joe Bean ! Tonalli (En courant vers un deuxième arbre) : Il est probablement dans cet arbre­ci ! Ne perdons pas de temps ! Les deux chiennes se dirigent immédiatement vers un autre gros arbre. Elles jappent en regardant encore la cime, elles sniffent encore le tronc, elles grattent encore la terre. Lupita (Déçue) : Rien ! Je ne sniffe toujours rien, Sainte­Croquette ! Pas de foie séché. Pas de Joe Bean ! Es­tu certaine de sniffer quelque chose toi, Tonalli ? Tonalli (Ne répondant pas à la question et courant vers un troisième arbre) : Il est probablement dans cet arbre­ci ! Olivier et Éric sont dans le chalet et terminent de ranger l’épicerie qu’ils ont faite pour la fin de semaine. Éric regarde par la porte patio et trouve les chiens très énervés, courant d’un arbre à l’autre dans la cour. Eric : Je crois que ce serait bien d’aller prendre une marche dans la forêt. Les filles semblent vraiment en avoir besoin.

Scène 2 On retrouve Lupita et Tonalli devant le chalet, avec des harnais et des longes prêtes à aller marcher dans le bois. Olivier et Éric sortent et ferment la porte du chalet. Lupita (Trépigne) : J’en mettrais mon os à moelle au feu que Joe Bean a caché le foie de bœuf séché quelque part dans le bois.

Tonalli (Faussement convaincue) : On a sniffé partout. On a creusé partout. C’est certain que Joe Bean n’est pas dans la cour. Une fois qu’Olivier a enfin terminé de lacer ses chaussures, l’expédition peut débuter. Les quatre membres de la famille s’enfoncent inexorablement dans le bois. Lupita : Moi je sniffe à gauche, toi à droite. Il faut retrouver la trace de Joe si nous voulons avoir du foie de bœuf séché en fin de semaine, Sainte­Croquette ! Tonalli se déplace vers la gauche et avec la douceur d’un bulldozer et pousse Lupita dans les ronces. Lupita (Furieuse) : Waïf waïf ! Ça fait mal ça ! Et peut­on savoir ce que tu fais, nom d’un morceau de jerky passé date ? Tonalli (Piteuse) : Ben je sniffe comme tu m’as demandé, Lupita. Lupita : Non mais c’est quoi que tu n’as pas compris. Toi, c’est à droite que tu dois sniffer ! L’autre droite ! Va­t­il falloir que je sorte le clicker ? Tonalli : Laisse faire ! On n’a même pas de foie de bœuf séché de toute façon ! Lupita : Arrête de japper n’importe quoi et remets­toi au travail ! Tonalli (Qui recommence à sniffer, mais sur la droite cette fois­ci) : Regarde Lupita ! Des crottes de chevreuil. As­tu la même idée que moi ? Lupita : Opération Camouflage ? Tonalli : Wouif ! Je pense que si on se roulait dedans, Joe Bean ne serait pas capable de nous sentir approcher et alors nous serions capables de récupérer notre foie séché ! Lupita (Tout en se ruant sur l’amoncellement mal odorant) : Pour une fois tu as une excellente idée, la sœur ! Olivier (En même temps que les chiens se jettent sur les crottes de chevreuil) : Regarde Eric ! Des crottes de chevreuil ! Eric : Vite, retient­les. Olivier (Les deux chiennes se roulent sans retenue et à tour de rôle dans les crottes de chevreuil) : Trop tard ! Lupita et Tonalli (Avec un plaisir à peine contenu) : Wouaf ! Wouaf ! Nous sommes invisibles !!! Eric : C’est à ton tour de les laver ! Olivier (À lui­même): grrrr hmmm ohhhh ouinnnnn !! Les deux complices canins, maintenant bien camouflées dans une odeur des plus naturelles, se lancent dans les chemins étroits et sauvages de Nebiaki avec l’espoir de surprendre Joe, le voleur de foie séché au détour d’un tronc d’arbre ! Tonalli : Je descends à la rivière, on ne sait jamais ! Lupita : Bonne idée, mais avoue que tu veux en profiter pour faire une petite baignade. Fais attention de ne pas faire disparaitre ce nouveau parfum qui te va si bien. Wouif wouif wouif !!! Tonalli (Elle saute dans la rivière, salue ses amies les truites et se dirige vers le Pont Galon. À sa grande surprise, un énorme oiseau gris­bleu prend la poudre d’escampette en la voyant) : Wohf ! Lupita, au secours ! Un monstre volant ! Lupita (Étant reconnue comme l’amie des oiseaux – du moins selon la SPA) : Du calme la sœur ! C’est Edgar, le héron gris. Il devait se cacher sous le pont. Je le connais bien. Il est tout le temps dans ce coin­là ! Il ne ferait pas de mal à un humain ! L’expédition se poursuit encore pendant plusieurs dizaines de minutes. L’odorat formidable des filles découvre des pistes de renards, de loutres, de raton­laveurs et de plusieurs suisses, mais pas de trace de Joe Bean lui­même. Eric (Au bout d’un moment de silence) : Allez les filles ! On rentre à la maison !

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Lupita (Déçue) : Sainte­Croquette ! On n’a rien trouvé ! Comme c’est étrange ! Tonalli (Sur un ton mou) : Wouif ! En effet ! Et voilà que la famille rentre au chalet au grand désespoir des filles et surtout de Lupita. Lupita : Je n’arrive pas à comprendre. Il ne peut quand même pas s’être volatilisé avec le foie séché nom d’un foie séché ! Wohf ! Wohf ! Ça rime ! Je deviens poète Tonalli ! Tonalli : Tu devrais peut­être essayer plutôt la peinture !

Scène 3 La fin de semaine s’est passée en un clignement de paupières, entre sorties, siestes, sorties et encore siestes et, malgré la déception de ne pas pouvoir avoir de foie séché, les filles ont passé un bon moment. Lorsque l’heure du départ sonne, les préparatifs vont déjà bon train. Lupita : Je suis déçue Tonalli. Malgré nos grands talents de détectives, nous n’avons pas réussi à trouver la cachette de Joe. Nous avons fouillé tous les trous, tous les chemins, sniffé des milliers d’arbres, plusieurs cours d’eau. C’est un vrai magichien ce Joe ! Tonalli : Oh oui, c’est certain qu’il est fort ! Ce n’est pas grave, Lupita ! On le retrouvera un jour ce foie. Je te le promets !

Scène 4 Dans la voiture qui rentre vers Québec, les filles sont dans le coffre (hayon arrière vitré). Lupita se couche en boule sur sa couverture et Tonalli, fidèle à son habitude, s’installe avec les deux pattes avant sur le dossier de la banquette arrière pour mieux « chanter » et voir la route devant elle. Olivier : Éric, il faut absolument acheter du foie séché pour la fin de semaine prochaine. C’est vraiment tannant de ne plus avoir de récompenses pour l’entrainement des filles. Eric : Parfait ! Mais si Tonalli n’était pas tombée la truffe dedans la semaine dernière, il nous en resterait encore !

Tonalli regarde le public et sourit de toutes ses dents, puis fait un clin d’œil coquin.

FIN 1 ­ Pour lire la première partie de cette pièce : Piquer, Olivier, LA « VOIE » DE LUPITA, Revue Pattes Libres, Vol. 4, No. 3, (2016), p. 36­38.

© Olivier Piquer

Lupita : Il faut retrouver la trace de Joe Bean si nous voulons avoir du foie de bœuf séché en fin de semaine, Sainte­ Croquette !

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RÉSUMÉ du précédent (et septième) chapitre1…

D

ans ce chapitre, Lester­le­teckel fait une entrée sonore en scène. À coup d’onomatopées réactives et interactives, lui et Mon­Humaine brossent un portrait du lien qui les unit dans l’intimité. Prenant pour point de départ le rituel de « mise en sieste » de Lester (plus complexe qu’on ne pourrait le croire a priori puisque nécessitant l’implication de Mon­Humaine), un autre aspect de leur ballet relationnel humanimal est révélé. Comme toujours, l’expérience du moment présent s’avère être source d’inspiration pour Mon­ Humaine. Quelques lichous compulsifs de son p’tit partenaire sensible apaisé par une ou deux caresses bien placées, il ne lui en fallait pas plus pour se laisser aller à ses réflexions… Du songe insondable d’un chien saucisse, au « dossier pitbull » comme agir réactif à notre peur des terroristes, en passant par les ressacs du Temps et leur effet sur le rêve d’une enfant, c’est de la part de l’Autre que l’on porte en Soi et de ces parcelles de Soi que l’on offre à l’Autre dont il est question. En levant ainsi le voile sur l’envers du décor de leur cabinet de consultation, Lester et Mon­Humaine se dévoilent. Par­delà le partenariat de travail en psychothérapie assistée/facilitée par l’animal, ils témoignent de la profonde influence qu’ils ont l’un sur l’autre… Au quotidien. La porte du cabinet n’ayant pas eu cette fois à se refermer pour préserver le vécu psychothérapique d’un patient, d’autres membres de la Famille Humanimale se pointent le bout du museau. CHAPITRE 8 : Où, contre toute attente, Lester prend l’initiative de sortir, non seulement du cabinet de consultation, mais carrément… du Texte ! Tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic… (Sons distants : Scratch, scratch…) ­ Ben voyons ? Lester ? Ben ??? Où tu vas ? Qu’est­ce que tu fais ? Je l’entendais gratter à la porte, probablement celle de la maison. Étrange ! Ce n’était vraiment pas dans ses habitudes de quitter le bureau sans moi. Curiosité et Inquiétude se disputant la première place des sentiments que j’éprouvais à l’instant, je quittai mon écran d’ordinateur pour aller voir. Je sortis du bureau et m’avançai dans ma salle d’attente pour voir ce que Lester pouvait bien fabriquer. Il était bien où je l’avais imaginé, à savoir sur la dernière des trois marches séparant la zone « salle d’attente » de la zone « maison ». Le nez dans la porte, il me jeta un regard vif qui me rassura sur son état. Ça allait. Il n’était pas mal portant. ­ (Contact visuel soutenu)… (Nez contre la porte)… (Re­contact visuel soutenu)… (Regard à la porte)… Scratch, scratch ! ­ OK ! OK ! Lester. J’ai compris. Je t’ouvre.

Je jetai un coup d’œil à ma montre et revisitai mentalement mon agenda. Pas de rendez­vous avant ce pm. Au programme : aller nourrir les lapins et les chevaux, avancer mes corrections, rédiger des notes évolutives, vider les litières, continuer mes corrections, ne pas oublier le plan de cours. Et quoi d’autre encore ? Faire le suivi auprès de la maman du petit William. Ah ! Oui. Appeler le forgeron. Oublierais­je quelque chose ? Bien sûr : les corrections !!! Arg ! (Soupir­de­résignation). La distraction Lesterienne était la bienvenue. Elle m’offrait le prétexte parfait pour échapper à ma « liste des choses à faire », ma très très très longue « liste des choses à faire ». (Re­soupir). Lester me jeta de nouveau un coup d’œil, l’air de dire : « C’est ta vie. C’est toi qui l’a choisie ! » Intervention de Lester, histoire de recadrer… ­ N’importe quoi ! Tu n’y es pas du tout. Je te regardais… Et te regarde toujours d’ailleurs… Afin que tu te décides enfin à passer de la parole aux actes. Vas­tu me l’ouvrir cette porte ? Je te préviens, si tu ne te décides pas bientôt, moi, j’use de mes talents de terrier et… j’y creuse un trou ! ­ Ben voyons Lester, t’es bien intense aujourd’hui !? Il ne m’en fallait… En fait, je dirais même qu’il ne m’en faut pas plus pour me laisser convaincre. ­ OK. La liste attendra. Je te suis Lester. Tu m’intrigues. J’ouvre la porte. Lester franchit le seuil et sort de la pièce… Puis du texte ! Fascinant ! …

INVITATION À SORTIR DU TEXTE, VOUS AUSSI... Si vous souhaitez suivre notre Saucisson­Atomique à la trace (comme l’auteure est d’ailleurs en train de le faire) afin de savoir quelle cascade de Réflexions Humanimales cette nouvelle expérience risque de déclencher (ou simplement si vous souhaitez lui voir la binette en mode vidéo !), venez nous rejoindre sur notre chaîne2 YouTube à l’adresse suivante : https://www.youtube.com/watch?v=Oiyqr4m6e3c

Emmanuelle Fournier Chouinard et Lester Tremblay Chouinard

1 ­ Voir Fournier Chouinard, E. (2016). REGARD HUMANIMAL SUR… CHAPITRE VII: Où une mise en sieste ritualisée jette quelques lumières sur d’autres aspects du lien qui unit à un chien­partenaire en zoothérapie. Revue Pattes Libres, vol.4, no 3, p. 39­43. 2 ­ Le nom de la chaîne YouTube est : Centre Humanimal (Zoothérapie – Médiation animale – Human Animal Intervention).

Mon bénévolat à la S.P.A. m'a permis d'entrer en contact avec des personnes qui ont adopté un animal ayant eu un début de vie difficile. J'ai eu la chance de recevoir leurs confidences et d'être témoin d'un lien indéfectible les unissant à leur compagnon à poils. Laissez­vous toucher par l'une de ces histoires d'amour.

Le squatter

U

ne chatte errante a élu domicile dans une poubelle renversée, derrière une maison. Sa descendance est assurée par une kyrielle de rejetons qui, eux aussi, squattent le même logement. Le propriétaire des lieux leur donne de la nourriture et de l'eau, mais en cette journée froide de l'hiver, tout est gelé. En passant tout près, une petite fille découvre le logis des félins et tombe en amour avec un des minets, âgé d'environ six mois. Quand elle se présente chez elle avec l'intrus, sa mère craque immédiatement pour celui qui se fait un lit à travers le panier à pantoufles. ­ Nous l'appellerons Pichou ! s'exclame­t­elle. Mais il faut d'abord que le jeune matou gris et blanc réussisse à amadouer l'homme de la maison. En sera­t­il capable ? Un squatter, peu habitué au contact avec les humains, peut­il être en mesure de relever ce défi ? Ne sous­estimez pas l'intelligence d'un félin qui a eu de la misère ! Pichou s'installe tout près du père de famille, pose ses pattes avant sur sa cuisse et le regarde droit dans les yeux avec son regard le plus doux. ­ Tu vois bien que je suis gentil ! ronronne­t­il. La mère, Caroline*, sait bien que son chum succombera, car elle lui a déjà fait le coup, il y a longtemps, et il ne lui a pas résisté. C'est ainsi que Pichou prend sa place au cœur du foyer. Comme on veut le garder à l'intérieur, on se demande s'il pourra s'adapter à son nouveau style de vie. Étonnant, direz­vous ! Non seulement le matou ne demandera jamais la porte, mais il s'en tiendra le plus loin possible. Un chat peut s'ajuster à bien des situations s'il est bien traité.1 Et celui­ci ne manque pas de bons soins et de caresses. Il sera stérilisé, vermifugé, vacciné et traité pour tous ses petits bobos. Rien ne sera épargné pour qu'il soit en bonne santé et son humaine n'hésitera pas à utiliser le service d'urgence d'une clinique vétérinaire, la fin de semaine, pour y faire soigner son compagnon félin. Le squatter réhabilité manifeste des aptitudes d'apprentissage hors de l'ordinaire et il pourrait facilement devenir la vedette principale d'un spectacle. À la demande de son humaine, Pichou vient au pied, tourne sur lui­même et colle son front à celui de Caroline lorsqu'elle demande un câlin. Si elle lui demande de faire le lapin, le tigré se lève et met ses pattes avant dans les mains de sa maman, lui donne un bisou, et reçoit sa récompense. Pas mal pour un chat errant ! 1 ­ La plupart des chats s'habitueront à vivre uniquement à l'intérieur, mais il se peut que certains petits félins n'y arrivent jamais. Ces derniers auront besoin de mettre le nez dehors occasionnellement afin de conserver leur équilibre et pour être vraiment heureux. * Le prénom a été modifié

LA VÉRITÉ SUR NOS COMPAGNONS CANINS ET FÉLINS ­ (Partie 2) Voici la deuxième partie de mon article dans lequel, une fois de plus, je tenterai de démystifier certaines interrogations auxquelles je réponds régulièrement dans l'exercice de ma pratique.

1­ Pourquoi les chiens et les chats mangent­ils de l'herbe ? CHIEN : ll est courant de voir un chien qui se met à brouter de l'herbe. Vous remarquerez qu'il choisit surtout les grands brins d'herbe comme le chiendent, par exemple. Plusieurs théories pourraient expliquer ce phénomène. Voici quelques­unes d'entre elles : • Provocation du vomissement dans le but de réduire la sensation de nausée • Le chien en ingérant de l'herbe avale des fibres insolubles, indigestes, qui irrite son estomac et qui stimule le vomissement. Le chien pourrait chercher à se soulager de nausées causées par l'ingestion d'une substance qu'il ne digère pas bien, par exemple. Il peut aussi souffrir d'une maladie inflammatoire de l'intestin, de maladies métaboliques (au niveau du foie, des reins, du pancréas, etc.) ou d'une infestation de parasites gastro­intestinaux. Si le chien mange de l'herbe régulièrement, il serait préférable de consulter un vétérinaire et de procéder à des bilans sanguins pour connaître la cause de ce problème. • Vestige biologique d’un comportement ancestral • Le chien (Canis Lupus Familiaris) n'est pas un carnivore pur et dur comme le chat. Il est plus omnivore. Son ancêtre le loup gris commun (Canis Lupus Lupus) mangeait de l'herbe, des baies, et le contenu stomacal de leurs proies, souvent herbivores. De là découle cette théorie, que nos chiens actuels auraient gardé des vestiges de ce comportement alimentaire qui justifierait cette attirance pour l'herbe. • Perversion du comportement alimentaire (Pica) • Le pica est une déviation du comportement alimentaire caractérisé par l'ingestion de substances non nutritives qui pourraient être du sable, de la terre, des pierres, des jouets, etc. Lorsque le chien est dans un espace restreint ou dans un environnement sans stimulation, il peut en venir à développer ce problème sérieux qui peut être à l'origine de pathologies digestives telles que le vomissement, diarrhée et pire encore, les occlusions intestinales. Afin de bien identifier le problème, il serait judicieux de consulter votre vétérinaire qui procédera à divers examens permettant de vérifier l'état de santé de votre chien. Le résultat démontrera si les complications sont reliées à un problème physique ou comportemental. Dans ce dernier cas, un comportementaliste canin pourra vous aider à résoudre ce problème.

• Carence alimentaire • Certains nutritionnistes et vétérinaires affirment qu'un chien qui mange de l'herbe cherche à compenser une carence en fibres dans l'alimentation. Il a été prouvé qu'un chien nourri exclusivement de viande mangeait plus d'herbe que celui qui est alimenté par une diète équilibrée et que lorsqu'on ajoutait des légumes et des fruits fibreux à son régime, ce comportement avait tendance à disparaître. En conclusion, il est tout à fait normal pour un chien de manger de l'herbe occasionnellement. C'est surtout après l'ingestion qu'il faut surveiller. Si le chien en mange et ne présente aucun signe digestif ou comportement anormal, c'est simplement qu'il en avait besoin ou qu'il aime cela. Il est très important que votre chien ne soit pas en contact ou ne mange pas une herbe contaminée par des engrais ou des pesticides afin d'éviter une intoxication. Si son état se dégrade il est important de consulter rapidement votre vétérinaire. L'herbe peut également contenir des œufs de parasites. Il est donc recommandé de vermifuger régulièrement un chien qui mange de l'herbe.

CHAT : Ce comportement pourrait être causé par une carence en acide folique ou par une alimentation pauvre en fibres, pour ne nommer que ces problèmes. Instinctivement le chat pourrait manger de l'herbe afin de combler ces carences au niveau de son alimentation. En effet, l'herbe contient de l'acide folique nécessaire à la production d'hémoglobine, une molécule de protéine présente dans les globules rouges qui a pour rôle, entre autres, de transporter l'oxygène des poumons vers les cellules du corps. Dans la nature, les chats mangent, entre autres, des petits rongeurs leur fournissant ainsi les fibres alimentaires essentielles à un régime complet et nutritif. Le chat peut aussi parfois souffrir d'obstructions causées par l'accumulation de poils avalés en faisant sa toilette. Par instinct, le chat mange de l'herbe dans le but de favoriser le transit intestinal ou la régurgitation de ces poils. Pour les chats qui ne mettent jamais le museau dehors, on peut placer dans un endroit qui leur est accessible, des petites jardinières contenant des pousses d'orge aussi appelées « herbe à chat »1, conçues spécialement pour eux. Si votre chat vomit sans cesse après avoir ingurgité de l'herbe qui pousse à l'extérieur de la maison, consultez rapidement votre vétérinaire. Il peut s'être empoisonné en mangeant un désherbant ou tout autre produit toxique qu'on retrouve parfois sur les terrains.

2­ Quelle est la sensibilité de l'odorat du chien et du chat par rapport à la nôtre ? L'acuité olfactive des chiens est remarquable comme nous pouvons le constater régulièrement lorsqu'ils arrivent à détecter l'odeur d'un humain enseveli sous les décombres d'un amoncellement de béton ou de neige après une avalanche. Ils sont aussi exceptionnels pour retrouver des personnes perdues en forêt ou pour détecter de la drogue ou des bombes, etc. Sa muqueuse nasale est recouverte de nombreux récepteurs aux odeurs, extrêmement plus sensibles que celle de l'homme. Les plissures de cette muqueuse entraînent un accroissement de la surface d'échanges jusque 160 cm2, alors que l'homme n'en possède que 5 cm2. Les récepteurs eux­mêmes sont plus sensibles. Dès lors le chien sent un million à cent millions de fois mieux que nous.2 Cependant, l'odorat du chien peut différer selon les races. En effet, les brachycéphales (nez aplati) ont des capacités olfactives diminuées entre autres, en raison de contraintes à la circulation de l'air. Le museau du chien est doté de 300 millions de récepteurs d'odeurs, contre 200 millions pour le chat et 5 millions chez l'homme. Comme on peut le constater, la petite truffe du chat possède un odorat très performant et qui, combiné à l'organe de Jacobson, lui permet de mieux percevoir les odeurs et de les analyser. C'est la raison pour laquelle notre compagnon félin retrousse parfois les babines et garde la bouche ouverte afin de laisser pénétrer les effluves qui circulent dans son environnement. Dommage que le chat soit un petit peu moins coopérant lorsque vient le temps de devoir travailler comme le fait le chien. Peu importe, nos petits félins ont d'autres qualités qui nous font beaucoup de bien.

3­ Pourquoi les chats enterrent­ils leurs besoins ? On pourrait penser que tous les chats enterrent leur besoin, mais ce n'est pas toujours le cas. En nature, la chatte mange les excréments de ses chatons nouvellement nés et très tôt, soit quelques semaines plus tard, elle leur apprend à les enterrer eux­mêmes afin de se protéger contre d'éventuels prédateurs qui pourraient être attirés par l'odeur des selles. Dans un groupe de chats, les adultes secondaires enterrent leurs crottes afin que leur odeur se fasse oublier, mais ils le font également par respect de la hiérarchie envers les dominants de la colonie qui eux, chercheront plutôt à démontrer leur autorité en laissant leurs excréments bien en vue afin de s'approprier le territoire et d'informer les autres membres du groupe qu'un dominant est parmi eux. Attention de ne pas voir de la dominance partout... En effet, si l'un de vos chats vous offre ses cadeaux bien en vue dans la cuisine, il se peut qu'il vous laisse un message qui indique un problème de santé. Pour le régler, contacter votre vétérinaire rapidement et si il s'avère que le problème n'est pas physique, mais comportemental, un comportementaliste félin pourra surement vous aider à régler ce petit désagrément.

4­ Pourquoi certains chats réagissent­ils autant à « l'herbe aux chats » ? L'herbe aux chats ou cataire contient un principe actif du nom de népétalactone qui, dès qu'il entre dans les conduits nasaux du chat, envoie un stimulus à différentes régions du cerveau, provoquant ainsi un effet hallucinatoire et des réactions subites excessives chez le chat telles que : se rouler sur le sol, des miaulements immodérés, une excitation disproportionnée le menant à courir de façon effrénée, etc. Il arrive même que certains chats deviennent agressifs et cherchent à se battre avec d'autres chats avec qui, habituellement, ils s'entendent bien. Tous les félins ne réagissent pas à cette herbe, environ 30 % d'entre eux en seraient insensibles et les chatons âgés de moins de 8 semaines sont souvent rebutés par cette odeur. Aucun danger pour le petit félin d'en devenir accro comme c'est le cas pour certaines drogues utilisées par les humains. L'herbe aux chats ne présente pas non plus d'effets secondaires indésirables. Cependant, si on lui en donne trop souvent, les effets pourraient s'atténuer graduellement sur votre chat. Ce dernier pourrait jusqu'à se désensibiliser totalement à la cataire. Donc, offrez­lui ce plaisir en quantité limitée. L'herbe existe sous la forme fraîche ou séchée. Il est possible de la faire pousser facilement, de l'acheter en sachet ou d'acheter des jouets avec de l'herbe à l'intérieur. Les chats sont naturellement attirés par les plantes, car elles lui apportent une aide digestive appréciée et de ce fait, l'herbe aux chats fraîche, nullement dangereuse pour notre petit félin, permettra de régurgiter les poils avalés lors de son toilettage.

1 ­ Ne pas confondre avec « herbes aux chats », une plante qui provoque un effet euphorisant et excitant sur nos petits félins. 2 ­ http://www.joeldehasse.com/

RÉFÉRENCES : Desmond Morris, Illustrated Dogwatching, Éd. Prospero Books, c1986, 1998. 144 p. http://conseilsveterinaire.com/ http://www.lebernard.ca/ https://animaux.toutcomment.com/ http://www.les­amis­des­animaux.be/ http://www.biofan.com/ http://www.sciencepresse.qc.ca/ http://www.cliniquevetarcenciel.fr/

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LE SALON DU LIVRE : LES HAUTS ET LES BAS D’UN EXPOSANT ZOOTHÉRAPEUTE « Faire du kiosque » est devenue une expression consacrée pour les exposants des Salons du livre. Pour certains, c’est un sport. Pour d’autres, un divertissement. Pour d’autres encore, un engagement envers des amis lecteurs ­ le plus souvent anonymes. Pour le visiteur, l’auteur derrière son kiosque est une vedette. On connait parfois son nom, mais le voir, en chair et en os devant soi, rend souvent fébrile, joyeux, excité, curieux. Depuis environ cinq ans, votre chroniqueur « fait » six salons du livre au Québec chaque année (Saguenay, Rimouski, Montréal, Gatineau, Trois­Rivières et Québec). C’est un plaisir renouvelé à chaque sortie, plaisir assimilable, dans mon cas, à un weekend de vacances. Je suis de ceux qui aiment rencontrer du monde, échanger, répondre aux questions, informer, enseigner, serrer des mains. Un plaisir, oui, même si les kiosques sont plus petits qu’un timbre poste et les chaises plus inconfortables qu’une bûche de bois. Plaisir, oui, auquel collaborent les nombreux assistants et assistantes qui multiplient les gentillesses : placent et déplacent les livres, distribuent des verres d’eau. J’ai déjà demandé un tequila (oui, oui, masculin au Mexique !) mais sans succès... On nous offre aussi des stylos de remplacement et quelques autres attentions. Une aubaine : les exposants bénéficient de ce privilège, un rabais sur les livres achetés auprès d’autres auteurs (allant de 20 % à 40 %, mais parfois zéro). Laissez­moi vous dire. « Faire du kiosque » forge le caractère ! Si j’éprouve un grand plaisir à expliquer à un citoyen ce qu’est la zoothérapie (la vraie !), lui qui croyait qu’il en faisait tous les jours parce qu’il caresse son chat, j’éprouve aussi une certaine impatience à écouter les passants raconter les tribulations de l’animal domestique, tantôt le leur, tantôt celui du voisin ou de la locataire de leur tante. Essayez donc de leur dire « pas rapport ». Une perle : une dame feuillette un des livres étalés sur mon kiosque et je lui demande : « Connaissez­vous la zoothérapie ? » Sa réponse : « Oui, ma nièce fait de l’équitation en Abitibi… » C’est ainsi que la patience et la courtoisie s’imposent. Un peu d’humour avec ça également.

© Martine Costin

Les passants qui se promènent dans les allées sans regarder aucun livre, il y en a. Ceux qui évitent les regards des auteurs, il y en a. Ceux qui sourient et disent bonjour, il y en a. Ceux qui ont peur et qui s’éloignent du kiosque avec un « non merci », il y en a. Ceux qui s’arrêtent au kiosque, attirés par la photo du chien sur la page couverture, et affichant un large sourire, il y en a aussi, heureusement. Ceux­là posent des questions et démontrent leur amour des animaux.

Pour votre chroniqueur, le Salon du livre demeure un plaisir authentique. Pour ne rien vous cacher, j’ai déjà hâte au suivant. Repérez la chemise ROUGE.

ZOOTHÉRAPIE ­ CROYANCES ET RÉALITÉ

E

n tant qu’intervenants en zoothérapie, nous discutons bien souvent de ce travail qui nous passionne avec les gens que nous côtoyons. Cependant, les croyances sont parfois quelque peu différentes de la réalité. Cela devient donc pertinent de prendre quelques minutes pour en dégager les nuances. Je vous propose de mettre en lumière, le plus simplement possible, la pratique de ce métier ! D’abord, je vais vous demander de répondre, par vrai ou faux, aux affirmations suivantes :

La zoothérapie c’est… • Lorsque j’adopte un animal pour mon enfant. • Lorsque je caresse un chat. • Lorsque je promène un chien. • Lorsque j’amène un chien au travail. Ces affirmations, très répandues au sein de la population, sont malheureusement incomplètes pour être considérées comme étant de la zoothérapie. Alors, essayons de regarder ensemble ce qu’il en est concrètement. Il n’est pas rare d’entendre que l’animal est source d’affection, de motivation, de concentration, de réconfort et d’autres sources d’émotions positives. Certes, sa présence offre de multiples vertus, mais il est impossible de définir l’animal comme un thérapeute à lui seul. Toutefois, vous comprendrez qu’il fait partie des composantes actives de l’intervention en zoothérapie. En fait, cette dernière doit contenir des ingrédients clés1 : • Un intervenant formé en zoothérapie • Un animal entrainé et sélectionné • Une personne en besoin • Un but d’intervention. Et selon la sphère d’intervention ciblée : • Un professionnel détenant cette expertise (physiothérapeute, psychologue, travailleur social, éducateur spécialisé, ergothérapeute, etc.). 38

Le but de l’intervention est de maintenir ou d’améliorer une condition. Les objectifs doivent être réalistes, précis, atteignables, écrits, attendus et mesurables. Par exemple un éducateur spécialisé formé en zoothérapie qui vise, entre autres, l’augmentation de l’estime personnelle d’un jeune, pourrait établir l’objectif de cette manière : l’élève nommera deux réussites vécues avec le chien d’ici la fin de la rencontre. Nous pourrions croire que le fait de promener son animal tous les jours favoriserait les contacts sociaux dans les lieux publics alors qu’en réalité, cela pourrait engendrer de l’anxiété pour le promeneur parce que son animal exprime des comportements gênants (sauter sur les gens, aboyer, mordre, etc.). Ainsi, cette personne pourrait se soustraire du moindre contact social, voire s’isoler pour éviter ce malaise. C’est pourquoi il serait peut­être plus judicieux, dans ce cas, de l’accompagner dans une intervention assistée par un animal entrainé. Une autre situation rencontrée fréquemment est la jeune famille qui adopte un animal dans le but de responsabiliser et de tenir compagnie aux enfants. Malheureusement, lorsque le chiot grandira et que ses comportements ne seront plus aussi mignons qu’avant, les perceptions et les interactions risqueront de changer. Dans certains cas, si l’exécution des tâches entourant l’animal devienne une source de conflits, l’abandon pourrait devenir l’option fatidique. C’est alors qu’il devient indispensable de se demander si nous sommes parvenus aux bienfaits escomptés. Vous comprendrez que la zoothérapie engage plus que la présence d’un animal. Pour que la zoothérapie soit considérée comme telle, nous devons retrouver les ingrédients actifs mentionnés plus haut. Son potentiel peut aller bien au­delà de la caresse ou de l’accolade. Brosser ou caresser un chien peut être réalisé en zoothérapie si un objectif clinique mesurable a été établi au départ. Cela pourrait être, entre autres, de préserver la capacité de préhension d’une personne âgée afin qu’elle puisse continuer à se nourrir par elle­même.

Termes actuels et définitions entourant la pratique de la zoothérapie Voici donc trois types d’interventions pratiquées par un intervenant formé :

L’AAA implique des activités dirigées vers des buts visant à améliorer la qualité de vie des patients par l’utilisation de la relation homme­animal. Les animaux et leur intervenant doivent être formés à cette fin. Les activités peuvent être thérapeutiques, mais ne sont pas guidées par un thérapeute accrédité. Elles impliquent habituellement des tâches comme la visite chez les patients, des caresses amicales et des activités ludiques. Elle peut également inclure l’éducation liée à l’animal lui­même.

© Amélie Martin

• Activité assistée par l’animal (AAA)2

La TAA, elle, implique des interventions axées sur des objectifs faisant partie du processus de traitement. L’intervenant et son partenaire animal doivent être formés et répondre à des critères spécifiques. Un thérapeute accrédité travaillant dans le cadre d’une pratique professionnelle établit des objectifs thérapeutiques, guide l’interaction entre le patient et l’animal, mesure le progrès vers la réalisation des objectifs et évalue le processus. Elle est considérée comme un complément au traitement existant. Elle demeure une modalité de pratique et non une profession indépendante. Par exemple, un orthophoniste formé en zoothérapie ou assisté d’un intervenant formé en zoothérapie pourrait décider d’intégrer un animal et de le rendre actif pour atteindre des objectifs de communication.

© Amélie Martin

• Thérapie assistée par l’animal (TAA)3

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L’EAA est une intervention planifiée, structurée et orientée vers un but. Elle est pratiquée par un professionnel de l’éducation et peut être conduite par un enseignant ayant des connaissances sur les animaux impliqués. L’accent est mis sur les objectifs scolaires, les aptitudes pro­sociales et le fonctionnement cognitif. Les progrès de l’apprenant sont mesurés et documentés. Par exemple, un enseignant au primaire formé en zoothérapie ou assisté d’un intervenant formé en zoothérapie pourrait décider d’intégrer un animal pour améliorer la fluidité en lecture d’un élève.

© Amélie Martin

• Éducation assistée par l’animal (EAA)4

La zoothérapie, appelée « médiation animale » en Europe, est une autre formulation employée pour nommer cette pratique basée sur le fondement de la relation humain­animal et intégrant des ingrédients clés similaires aux nôtres.

Pour pratiquer la zoothérapie, l’intervenant doit5 : • Détenir un diplôme ou une attestation d’un établissement de formation reconnu par la Corporation des zoothérapeutes du Québec (CZQ). • Pratiquer la zoothérapie sous le couvert d’une assurance responsabilité civile et professionnelle. • Respecter un code de déontologie.

Voici les institutions de formation reconnues : • Cégep de La Pocatière • Centre l’Authentique • École internationale de zoothérapie • Institut de zoothérapie • Zoothérapie Québec. Voilà, je vous ai dégagé les points importants entourant cette pratique. Ainsi, vous êtes à même de constater qu’elle représente plus que la seule présence d’un animal pour l’intervenant qui la pratique. Vous serez dorénavant en mesure de différencier la réalité du métier versus les croyances répandues.

1 ­ Fournier­Chouinard, E. (2011). Cours 351­ZA4­LP – Intervention I : Partie laboratoire. Document inédit. Cégep de La Pocatière, La Pocatière. 2 ­ Brady, L. J. (2013). Animal Assisted Therapy : An Introduction for Parents and Professionals Considering an Animal for their Loved Ones or Practice. Kindle Edition. 3 ­ Chandler, C. K. (2012). Animal­Assisted Therapy in Counseiling. 2nd éd. USA : Routledge. 4 ­ Fine, A. F. (2015). Handbook on Animal­Assisted Therapy : Foundations and Guidelines for Animal­Assisted Interventions. 4th éd. CA, USA : Elsevier. 5 ­ Corporation des zoothérapeutes du Québec (2016). La zoothérapie. Consulté le 20 novembre 2016 à : http://corpozootherapeute.com/

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CINQ ANNÉES BIEN INVESTIES !

L

’an 2016 fut pour moi, une année de changement, autant au niveau professionnel que personnel. C’est après une longue période de réflexion que j’ai pris la décision de démissionner de mon poste de présidente du Conseil d'administration du refuge Adoption Chats Sans Abri. J’y resterai associée en tant que bénévole, mais j’ai abandonné les tâches administratives. Pour ceux et celles qui penseraient que le tout s’est fait en catastrophe, rassurez­vous, cela s’est fait en douceur et dans l’harmonie. Il y a une belle relève et le refuge est toujours entre bonnes mains. Pour cette chronique, j’avais le goût de revenir sur ces cinq dernières années, d'en faire le bilan et de vous expliquer en quoi consiste la gestion d’un refuge. Je suis bénévole chez Adoption Chats Sans Abri depuis avril 2008. J’y ai commencé mon bénévolat en m'occupant de faire le suivi des adoptions. Ce travail consistait à m'assurer que les chats qui avaient été adoptés au cours des mois précédents, s’adaptaient bien à leur nouveau domicile et à leur nouvelle vie. Je répondais également aux questions des nouveaux adoptants. De même, un soir par semaine, je me suis occupée d'administrer des soins aux chats, en plus des visites ponctuelles pour apporter mon aide dans les différentes tâches qu'exige la bonne tenue d'un refuge. De 2009 jusqu'en mars 2011, je me suis impliquée en tant que gestionnaire sur le Conseil d'Administration. À l'été 2011, j’ai appris que l'organisme ACSA était en danger. Le départ du président et de sa conjointe, qui était alors la coordonnatrice du refuge, allait entraîner la fermeture du refuge, faute de relève pour continuer sa mission. C’est à ce moment précis que les choses se sont précipitées dans ma vie, m'amenant à m'impliquer de façon plus importante encore. Je tenais véritablement à sauver l'organisme et le refuge ACSA. Pour ce faire, il me fallait d'abord trouver des gens pour prendre la relève, une tâche assez difficile. Je me devais de dénicher des candidats sérieux qui apporteraient quelque chose de positif au niveau de la gestion. Je me suis donc mise à la recherche d’un ou d’une vétérinaire qui accepterait de s'impliquer en apportant son expertise et en prodiguant sur place des soins à nos petits pensionnaires, et ce, de façon régulière. Du côté administratif, nous avions également besoin d'une personne possédant une bonne base en comptabilité dans le but de remplir des tâches relatives aux finances de l'organisme, au­delà du simple fait de payer des factures. Un autre poste très important, au niveau administratif d'un organisme sans but lucratif, est celui tenu par la personne responsable de la recherche du financement. ACSA ne reçoit aucune subvention, une partie de son financement provient de la vente d'articles en boutique, mais principalement de dons personnels offerts par nos membres et nos supporteurs. Mes recherches ont été intenses durant cet été fort occupé. Cependant, tout le monde a été recruté avant l’Assemblée Générale Annuelle prévue en septembre de la même année. Ce n’était pas tout de monter un Conseil d’Administration, il fallait aussi prévoir la réouverture du refuge. En effet, comme rien n'était certain concernant l'avenir du refuge ACSA, les petits félins déjà sur place avaient tous été recueillis dans de nouvelles familles et le refuge avait été fermé. Il était important d'informer nos supporteurs de nos démarches comme quoi les activités reprendraient sous peu. Pour ce faire, nous avons utilisé le réseau social Facebook, merveilleux outil pour rejoindre un bon nombre de gens très rapidement.

Septembre 2011 ­ Assemblée Générale Le nouveau Conseil d'Administration est élu et nos projets peuvent enfin être mis en marche. Comme il n'y avait plus un chat sur place à partir de juillet, nous en avons profité pour réaménager le local afin de pouvoir accueillir de nouveaux petits pensionnaires le plus rapidement possible, d'autant plus que l'hiver arrivait à grands pas. À notre première visite au refuge, nous avons constaté que beaucoup de matériel avait été jeté et que les locaux devaient être rénovés en priorité. Durant les fins de semaine qui suivirent, des corvées furent donc organisées. La réponse des gens fut extraordinaire. Plusieurs personnes se sont jointes à nous pour la peinture et pour accomplir divers travaux légers pendant que d'autres ont exécuté les rénovations plus pointues, celles qui demandaient un peu plus d'adresse et d'expertise. L’atmosphère était énergisante et empreinte de bonne humeur malgré l’urgence des travaux. Nous avons accueilli nos premiers pensionnaires félins entre autres, Daniel et Séréna qui sont devenues les mascottes du refuge, dès la deuxième fin de semaine après le début des travaux. Les soins aux chats ont immédiatement commencé ainsi que les visites chez le vétérinaire pour les vaccins et les stérilisations de nos petits félins.

Trois semaines après les élections du nouveau Conseil, les corvées étaient terminées. Il restait quelques petites réparations à faire, mais les salles qui accueillent les chats étaient fonctionnelles et les travaux qui restaient à faire n’affectaient en rien les activités régulières du refuge. Malgré cela, mon implication ne s'est pas arrêtée ici, tous les soirs de la semaine et les fins de semaine, j'étais sur place pour répondre à nos clients et pour entraîner les deux nouvelles employées que nous avions engagées. Une nouvelle ère débutait basée sur le service à la clientèle et le bien­être de nos nouveaux petits pensionnaires.

© Photos : Marie­Josée Beaudoin

Mes fins de semaine étaient uniquement dédiées aux corvées. Les soirs de la semaine, je retournais régulièrement au refuge, histoire de mettre la main à la pâte dans le but de faire avancer les travaux. À mon retour à la maison, je répondais aux courriels et aux messages qu'on nous envoyait sur Facebook. Plus de temps pour les loisirs, tout mon temps libre était consacré à ACSA.

Nous avons accueilli nos premiers pensionnaires félins entre autres, Daniel et Séréna qui sont devenues les mascottes du refuge, dès la deuxième fin de semaine après le début des travaux.

Au fil du temps, plusieurs activités de financement ont été organisées : un concours de photos pour la Saint­Valentin, une activité « Portes ouvertes » ainsi que deux activités annuelles très appréciées de nos supporteurs, soit le souper spaghetti et notre participation au Bazar des Ruelles, pour ne nommer que celles­là. Nous travaillons d’arrache­pied pour faire connaitre le refuge à un plus grand nombre de gens possible et de ce fait, les adoptions ont augmenté sans cesse. De plus, plusieurs foyers d’accueil ont été trouvés afin de permettre d'accueillir encore plus de chats dans notre réseau. Être présidente d’ACSA durant cinq ans aura été pour moi, un très grand privilège et une expérience très enrichissante. Lorsque je me suis mise à la recherche de personnes intéressées à faire partie du Conseil d’Administration, je n’envisageais pas de m'engager à faire partie de cette équipe. Je me voyais plutôt aider et supporter les gestionnaires dans la réalisation de différents projets. Je n’ai cependant aucun regret de m’être lancée dans cette grande aventure. J’ai rencontré des gens extraordinaires, des âmes généreuses qui ont à cœur la cause animale, s'appliquant à mettre tout en œuvre, et à rechercher des outils permettant son avancement. Plusieurs personnes travaillent également dans l’ombre et contribuent, à leur façon, à offrir une meilleure vie à des animaux abandonnés. Avec l’aide de tous les bénévoles, des membres, des sympathisants, des employées et du Conseil d’Administration, c’est plus de mille chats qui ont été adoptés depuis la réouverture du refuge en septembre 2011. Je quitte mon poste de présidente du Conseil d'administration avec l’impression d’avoir accompli un devoir très important : ACSA continue sa mission. Je tiens à remercier toutes les personnes que j’ai côtoyées depuis le début de mon implication chez ACSA. Je ne les nommerai pas, car elles sont trop nombreuses et j’aurais peur d’en oublier. C’est un travail d’équipe extraordinaire qui a été réalisé, une action qui a permis de sauver un organisme unique ayant plus que jamais sa place dans la société, pour défendre la cause animale. Mon rôle, auprès de cet organisme a changé, mais les activités du refuge continuent et de ce fait, je compte bien y apporter mon soutien encore très longtemps.

Longue vie à ACSA ! 42

LE TRAVAIL EN LIBERTÉ

T

out le monde a regardé, au moins une fois dans sa vie, un film de cowboys. On y voit parfois une scène où un cowboy, portant des bottes munies d'éperons, enfourche un cheval sauvage et pendant qu’il se débat, l'homme reste en selle sous le regard ébahi de tous les observateurs. C’est en usant de force et de violence qu’il en est arrivé à ses fins. Une fois que le cheval est épuisé, il capitule. Voilà, le super homme a dompté la bête et la domine. Très impressionnant ! Mais en plus d'avoir mis sa vie en péril, on peut se demander quel genre de relation il partage avec ce cheval. À l’inverse, on a surement déjà assisté à un spectacle ou regardé un film mettant en scène un cheval tenu par un fil imaginaire se déplaçant avec calme et harmonie autour de l’homme qui mène la danse. Ce n’est pas un rêve, ni une illusion ou une exception, c’est la capacité qu'ont tous les chevaux de suivre un bon professeur à l'écoute de ses élèves.

C’est ce qu’on appelle le travail en liberté, une méthode d’entraînement basée sur le langage du cheval, le but étant d’entrer en communication avec l'animal afin d’établir une relation durable dans le respect et la sécurité. C’est à partir des observations du langage en troupeau qu’est né le travail en liberté. Habituellement, cet apprentissage commence dans un enclos circulaire. Comme le fait le cheval dominant du troupeau, on commence par faire fuir le cheval « élève » à l’aide d’une chambrière ou d'un lasso. Cet outil sert d’extension à notre bras. Par la suite, nous captons son attention et nous commençons à contrôler ses mouvements de la tête, des postérieurs et des épaules. On commence par des déplacements simples et avec le temps, du tact et de la patience, nous pouvons passer à l'entraînement d'une infinie combinaison de mouvements possibles, entre autres le pas de côté, les pivots, le cabré, le coucher et la jambette. Si le cheval est bien avec nous au sol, nous reconnaissant comme leader et s’il répond à nos demandes, cela ne fera que faciliter l’entraînement en selle. Selon mon opinion et celle de bien d’autres entraîneurs, ce travail constitue une base solide pour arriver à enseigner au cheval ce qu’on attend de lui. Si on prend en considération que le cheval est capable de s’adapter à différentes situations, on peut dire qu’il est conscient et intelligent, il est donc capable d’apprendre. Il y a quelques éléments à comprendre chez le cheval et chez l’humain En premier lieu, il faut savoir que le cheval, par la physionomie de notre visage (position des yeux), nous voit comme un prédateur. Étant le demandeur de cette relation, il nous faut donc développer un moyen de communication. Nous devons faire l’effort d’apprendre le langage du cheval et ce, jusqu’à « penser cheval ». Nous ne voulons pas rendre le cheval apeuré ou rétif, mais nous voulons plutôt avoir un partenaire généreux et collaborateur. L’être humain doit être le leader et non le prédateur. Nous devenons le cheval dominant, à ne pas confondre avec la domination par la contrainte ou la violence. Il n’est pas nécessaire de le « casser ». On doit agir de manière à mériter sa confiance. 43

En second lieu, le cheval est un animal de fuite. Dès qu’il détecte un danger son premier réflexe est de fuir et de se tenir à une certaine distance du danger. Par la suite, il s’arrête, observe et analyse la situation. Selon ce qu'il voit, il reprendra la fuite ou le cours de ses occupations. Étant curieux, s’il ne détecte pas d’autres dangers, il se rapprochera progressivement de l’objet de sa crainte. Une fois tout près, il vérifie s’il est justifié d’en avoir peur. En toute circonstance le cheval recherche la meilleure solution pour se sentir en sécurité et confortable. Donc tout au long de l’entraînement, le cheval doit se sentir en sécurité près de nous. Troisième point, le cheval est un être paresseux. Pour lui, c’est la loi du moindre effort qui prime. Pourquoi dépenser son énergie inutilement ? Dans son propre intérêt, il doit la conserver, entre autres pour fuir les prédateurs et pour se déplacer à la recherche de sa nourriture. Ainsi il serait avantageux de récompenser le cheval par une pause après un effort. Il fera vite le lien et sa réponse à nos demandes sera de plus en plus rapide. Et du côté humain, plusieurs comportements doivent être améliorés pour mener à bien l’entrainement du cheval. Nous devons développer notre capacité de concentration tout au long du travail avec le cheval. Nous devons maintenir le focus et conserver une image claire du mouvement demandé. Pour cela, nous devons développer notre sens de l’observation, être attentifs aux gestes, regard et attitudes du cheval. Nous devons également améliorer nos réflexes physiques et mentaux, la coordination de nos gestes, écouter nos sens, surveiller l'action­réaction, le feeling and timing comme disent les Américains, anticiper ce qui peut se passer et prendre rapidement une décision. Il faut aussi apprendre à gérer nos émotions. Il est primordial d’être capable de se remettre en question. Voilà des points très importants à développer et à garder en mémoire lors de l'entraînement d'un cheval. C'est une véritable thérapie pour nous !

En conclusion, cette méthode permet d’établir une réelle communication avec le cheval et ce, dans le respect et la confiance mutuelle. C’est un gage de sécurité. Et c’est de cette façon que se créeront ces moments magiques de proximité où le cheval s’abandonne, sans se retenir. Seul le goût d’être avec nous lui importera.

RÉFÉRENCES : De Corbigny, Élisabeth. (2003). Équitation éthologique, tome 1. Éd. Vigot. Roberts, Monty. (2005). Les chevaux de ma vie. Éd. Albin Michel.

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UN CHIEN, ÇA PEUT CHANGER UNE VIE !

A

ujourd’hui, il fait soleil. Prenant quelques instants pour bénéficier de la chaleur et de la lumière de ses rayons, j’en profite pour observer mes deux chiennes qui s’enivrent des odeurs de l’été. Quel plaisir de les voir si calmes et si heureuses. Mais pourquoi sont­elles si importantes à mes yeux ? Pourquoi tant d’énergie et de temps afin de m’assurer de leur bien­être ? Est­ce démesuré ? Que me donnent­elles en retour ? M'abandonnant au fil de ces réflexions, des moments du passé refont surface, tels que leurs arrivées, les premières interactions, la tumeur de Maya, les opérations d’Angie faisant ainsi remonter en moi des sentiments se traduisant par un mélange d’instants de bonheur et de tristesse. À travers toutes ces années, mes chiennes ont été le reflet de mes émotions, le miroir de mes états d’âme. Elles ne faussent pas la réalité. Elles ne me jugent pas. Durant mes colères, elles se cachent. Quand je verse des larmes, elles me consolent. Devant mes rires, elles remuent la queue avec rythme pour m’accompagner. Même durant les jours les plus sombres, leurs présences illuminent ma vie d’une lueur d’espoir. Elles ont changé ma vie. Prendre conscience de l'importance qu’ils ont dans nos vies, c’est découvrir l’immense richesse qui existe en nous. Cette compassion envers des êtres sous notre responsabilité, nous ouvre la porte à mieux comprendre et accepter les différences et les limites de chacun tout en nous permettant d'accroître notre capacité d’observation et d’écoute afin de mieux évaluer les besoins et les demandes des êtres (humains et animaux) que nous côtoyons. Cette opportunité de voyage intérieur nous permet d’analyser les principes et les valeurs qui motivent nos gestes et nos choix favorisant ainsi notre courage à défendre ce en quoi nous croyons. Donc, aimer les animaux, c’est apprendre à se respecter et respecter ceux qui partagent nos vies. C’est apprendre à communiquer plutôt que vouloir imposer nos idées ou nos opinions. C’est se préoccuper de notre bien­être tout en pensant à celui des autres.

Merci, Maya et Angie de m’offrir cette chance de découvrir tant de choses ! 45

© Geneviève Falardeau

COOCOOLY ­­?­­ 2001 ­ 31 AOÛT 2016 Ce beau petit toutou était arrivé au refuge en compagnie de sept autres frères et sœurs âgés d’à peine 10 semaines. Ils étaient nés à la campagne sous un pont de grange. La maman était de race Golden Retriever et le papa était un Labrador. Lorsque la propriétaire de toute cette petite famille m’a téléphoné pour me demander si je pouvais les prendre, je n'ai pas hésité une seconde. Rien n'est plus charmant et attachant que des bébés Golden et Labrador. Je ne cache pas le plaisir un peu égoïste que j'avais de pouvoir profiter de la présence de ces adorables petites boules de poils avant qu'ils ne partent dans leur nouvelle famille. Je savais d'ailleurs qu'il serait très facile de trouver un foyer d'adoption pour chacun d'entre eux. Lorsque la propriétaire a amené les huit chiots au refuge, nous les avons transportés un à un dans l’écurie où je leur avais aménagé un endroit tranquille dans une stalle de cheval. Certains chiots étaient noirs et d'autres blonds. J'avais remarqué que l’un d’entre eux essayait constamment de s’introduire sous le tableau de bord. Il était très effrayé. J'ai eu de la difficulté à le retirer de là tellement il s’agrippait au plancher. Après avoir réussi à le sortir du camion, j'ai pris le petit peureux dans mes bras pour le rassurer. En le retournant vers moi, quelle ne fut pas ma surprise de voir son grand museau pointu. Je me suis exclamée : Mais c’est un Colley ça ! La dame me répond : Ça se peut ! Il y avait un Colley qui trainait dans le rang. Il était très beau. Son dos était recouvert d'une belle fourrure dorée. J'ai donc amené le petit peureux au long museau avec les autres qui arboraient tous une belle grosse tête carrée. Ça joue, ça bouge, ça s'amuse… la joie règne sauf pour le petit Colley qui demeurait dans son coin. Il semblait être en bonne santé, mais son regard était vide et sans éclat. Les semaines passèrent et tous les chiots avaient trouvé une famille, sauf un; personne ne voulait d’un chiot aussi peureux que le petit Colley. Je devais le transporter dans mes bras pour qu’il sorte dehors prendre l’air. Il restait constamment figé dans son coin et ne se déplaçait que pour faire ses besoins. Mes amies et les pensionnaires de l’écurie essayaient de le stimuler pour qu'il bouge un peu. Même les chiens Gildor et Ricky se mettaient de la partie pour l'inviter à jouer avec eux, mais rien n’y fit. Il semblait emmuré dans un corps sans vie, aucun stimulus extérieur ne semblait l’atteindre. Une famille lui a offert un foyer, mais après une semaine, il a été ramené au refuge.

Le petit Colley grandissait et, à l'âge de 6 mois environ, il était assez lourd. C'était de plus en plus pénible pour moi de le prendre dans mes bras pour l'amener à l'extérieur. Je devais trouver une solution faisant en sorte qu'il puisse s'épanouir et vivre une belle vie de chien. Alors un soir, j'ai décidé de l'amener dans la stalle où sont logés Ricky et Gildor afin qu'il puisse dormir en leur compagnie. Ses nouveaux colocs semblaient le trouver un peu bizarre, mais ils l’acceptaient et ils étaient gentils avec lui. Après environ trois semaines de cohabitation, quelle ne fut pas ma surprise en arrivant à l'écurie un beau matin, de découvrir un Coocooly, les yeux brillants et le regard vif. C'est comme si on avait trouvé le commutateur et qu'on avait allumé la petite étincelle de vie en lui. À partir de ce moment, Coocooly n’a cessé, jour après jour, d’apprendre et d’évoluer. Il s'est tellement identifié à son mentor Gildor le Doberman, qu'il s'est mis à imiter tout ce que faisait son copain. C'est comme ça que Coocooly est devenu un cleptochien soit, un petit voleur de nourriture, d'os en cuir et de jouets. En effet, son ami Gildor avait été maltraité puis abandonné par les humains et lorsque je l'avais recueilli au refuge, il était rachitique, presque à l'article de la mort. Par la suite, même s'il était bien nourri, Gildor mangeait tout ce qu'il pouvait trouver de bon à se mettre sous la dent. Tous étaient avisés de ne laisser aucune bouffe à la vue, car Gildor ne manquait jamais une occasion de se délecter de la nourriture qu'il pouvait trouver. D'ailleurs, un beau jour où des peintres travaillaient sur la toiture de l’écurie et qu'ils avaient laissé la porte de leur camion ouverte, j'ai aperçu mon Gildor achevant de dévorer le lunch des travailleurs. Nous avons bien ri même si j'ai dû payer un repas aux travailleurs. Le Doberman avait transmis à son ami le Colley cette vieille habitude de chaparder jusqu'à ce que, finalement, Coocooly cesse ce comportement pour entreprendre une carrière de comédien. Il a compris qu’en changeant son regard doux et intelligent par de beaux yeux tristes et suppliants, il obtenait tout ce qu'il voulait sans plus d'efforts. Je me rappelle d'un pique­nique en compagnie de deux amies bénévoles au refuge. Coocooly a délicatement déposé une patte sur l’épaule de l'une d'elles en appuyant sa tête dans son cou. Impossible de lui résister ! Coocooly a facilement obtenu un bon morceau de poulet provenant du diner de Johanne. Une autre performance digne des plus grands acteurs, je n’avais qu’à lui dire : Ah, non ! Mon Coocooly est mort. Alors il se couchait sur le côté sans bouger, il se laissait manipuler les pattes, le ventre et la tête… puis lorsque subitement, je lui disais : Ben non ! Y’é pas mort ! Il se levait en aboyant joyeusement et en tournant sur lui­même. Il avait l’air de rigoler et de me dire : Wouf ! Wouf ! Je t'ai bien eue, hein ? Cher bon gros toutou ! Coocooly a toujours su rassurer, puis gagner le cœur et la confiance des enfants les plus craintifs envers les chiens. Pourtant, il n'arrivait pas à combattre sa propre peur de se retrouver ailleurs que chez lui. Que ce soit chez le toiletteur ou chez le vétérinaire, le fait de se retrouver hors de son environnement habituel l'effrayait et l'inquiétait au plus haut point. Le cycle de la vie étant, mon si gentil compagnon a vieilli. Puis, il est tombé malade. J'ai appris qu'il était atteint d’un cancer. Même avec des calmants contre la douleur, ses forces le quittaient très vite. Le temps était venu de le laisser partir.

Durant la dernière année de vie de mon Coocooly, nous avons eu la chance de connaitre une petite famille adorable : Mathis, Mandras et Geneviève qui viennent aider au refuge tous les samedis. Ils ont su gagner la confiance et l'amitié de Coocooly. Alors, le moment venu, Geneviève m’a accompagnée chez le vétérinaire afin d'abréger les souffrances de mon beau chien. Coocooly nous a suivies calmement, marchant entre nous deux. Il s’est couché sur sa couverture, a collé sa tête sur moi puis il nous a quittées paisiblement. Mon Coocooly d’amour est parti. Il n’est plus là physiquement, mais dans mon cœur, il y sera toujours. Il a rejoint le Paradis des Coocooly. Même si je n’y crois pas vraiment, j'ai besoin de me créer un beau scénario; une belle histoire où tous les animaux que j'ai beaucoup aimés et qui ont partagé une partie de ma vie se rejoignent pour courir, s'amuser et évoluer tous ensemble sans souffrance et sans danger. Adieu Coocooly !

Mona Lise Doyon Nous vous invitons à rendre hommage à vos compagnons de poils, de plumes ou d'écailles en nous faisant parvenir un texte (environ 600 mots) accompagné d'une photo ainsi que les dates de naissance et de décès. Faites­nous parvenir votre témoignage à l'adresse courriel suivante :

N'HÉSITEZ PAS À ACCUEILLIR UN ANIMAL SENIOR DANS VOTRE FOYER !

OUVREZ­LUI VOTRE COEUR... IL LE REMPLIRA DE SA RECONNAISSANCE ET DE SON AMOUR ! 48

L A VO I X !

C 'e s t a u j o u r d 'h u i q u e j e p a r t i c i p e a ux a ud i t i o n s d e « L A VO I X » .

A l l b y m y se l f , an y ...M eeeo o o o o o o o o o w !

. . . E t u n b e a u s a l u t , c e l a di t e n t o u t e m o d e s t i e , a p rè s m a f a b u l e u s e p re s t a t i o n .

Q u a n d e s t ­ c e q u 'o n s i g n e m o n p r em i er c o n t r at ?

U N P E U D 'I N T I M I T É , S . V . P . !

Nom d'un humain ! Y a pas moyen de prendre un bain tranquille ?

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© Photos : Revue Pattes Libres

T I R A G E D 'U N C O N D O ­ C H A T E T D 'U N G R I F F O I R C O N F E C TI O N N É S E T O F F E R TS P A R M A R TI N E C O S TI N ( M E M B R E D E L 'É Q U I P E P A T T E S L I B R E S )

Le griffoir pourrait représenter l'un ou l'autre de ces modèles.

Valeur approximative : 30$

Depuis septembre 2015, Martine Costin a confectionné plus de 110 condos­chat et 95 griffoirs originaux et très solides. Depuis ce temps, et ce jusqu'au 31 décembre 2016, 100% de l'argent recueilli lors de la vente de ces articles a été remis à des refuges et des organismes de sauvetage qui ont fait l'objet d'un reportage dans la Revue Pattes Libres. Depuis le 1er janvier 2017, entre 80 et 90% de l'argent recueilli lors de la vente de ces articles seront remis aux refuges et organismes, le pourcentage restant permettra de payer une petite partie du matériel requis pour leur confection.

C o n c e r n a n t c e t i r a g e , l e p r i x n e s e r a p a s e n v o yé p a r l a p o s t e . A l o rs l e s p e rs o n n e s d é s i ra n t p a rt i c i p e r à c e c o n c o u rs d e v ro n t h a b i t e r Q u é b e c e t s a ré g i o n i m m é d i a t e o u s e d é p l a c e r p o u r v e n i r c h e rc h e r l e u r p ri x .

C o m m e n t p a rt i c i p e r ? V o u s n ' a v e z q u ' à n o u s f a i re p a rv e n i r v o s c o o rd o n n é e s ( n o m , a d re s s e p o s t a l e e t a d re s s e c o u rri e l ) à :

p a t t e s l i b re s ­ t i ra g e s @ h o t m a i l . f r

(lien non cliquable ­ l'adresse doit être retranscrite)

D a t e d u t i ra g e : l e 2 5 m a i 2 0 1 7 B o n n e c h a n c e à t o u s l e s p a rt i c i p a n t s ! La gagnante de notre tirage DE LA MINITROUSSE D'ACTIVITÉS POUR ENFANT OFFERT PAR MON AMI MUSO EST : MADAME MARIE­ÈVE GAUTHIER DE LÉVIS Félicitations à notre gagnante !

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C'est. pourquoi il est si important que les défenseurs des animaux se regroupent dans le but de sensibiliser, de protéger et d'être la voix de. ceux qui ne peuvent parler. 1 Source : People for the Ethical Treatment of Animals (PETA). UNE CITATION CÉLÈBRE ! « Les chiens ne m'ont jamais mordue. Seulement les humains.

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