U N E H I S T O I R E D 'A D O P T I O N . . . ! G R O S M I N E T, L E C HA T Q U I R E C HE R C HA I T L A PA I X !

D EU X N O U VEL L ES C HR O N I Q U E S À D ÉC O U VR I R P O R TA N T S U R : • L E S C HE V A U X ET • L A M É D I A TI O N ANI M AL E C E S S A U V E TE U R S Q U I O E U V R E N T D A N S L 'O M B R E ! : M O U V E M E N T C HA TS E R R A N TS D E Q U ÉB EC !

Les textes reçus offrent une bonne qualité de français. Nous nous limitons à des retouches mineures pour corriger les coquilles. Les textes sont reproduits intégralement et respectent la version originale de l’auteur. GHA

http://revuepatteslibres.blogspot.ca

Les réseaux sociaux... un monde virtuel qui peut s'avérer utile en mode réel !

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es réseaux sociaux sont des outils de diffusion très performants permettant de rejoindre des milliers de personnes en peu de temps. Cette invention, somme toute géniale lorsque bien utilisée, peut permettre de changer l'existence d'un être et offrir un monde meilleur à toutes les espèces vivantes peuplant notre planète. Mais pour cela, il faut savoir tourner le dos au monde virtuel et ouvrir les yeux sur le monde réel.

Et si les amis devenaient des alliés... On les appelle nos « amis Facebook », même si on ne les a jamais rencontrés et même si nous ne savons à peu près rien sur ces inconnus que nous acceptons de laisser entrer dans notre univers virtuel ou réel, selon notre choix. À mon avis, le terme « ami » pourrait être remplacé par l'un ou l'autre des qualificatifs suivants : « connaissance » ou « allié »... Allié dans une cause qui nous tient à cœur, par exemple ! Même si pour certains, il peut s'avérer évident qu'étant sur les réseaux sociaux, nous semblons vouloir ouvrir la porte à tout un chacun, n'entre pas qui veut dans mon espace. Lorsque je reçois une demande d'amitié de la part d'une personne que je ne connais pas, je prends le temps de parcourir son fil de presse dans le but de lire quelques posts afin de me faire une idée de ce que la personne souhaite véhiculer comme infos sur sa page. J'avoue parfois en avoir vu de toutes les couleurs. Certains individus se servent même de cette plate­forme pour véhiculer des propos haineux et des images illustrant des comportements choquants, violents et déshonorants provenant d'une espèce qu'on dit pourtant la plus intelligente et la plus évoluée de notre planète. Je dois avouer qu'il m'arrive quelquefois d'en douter. D'autres fois par contre, j'ai été enthousiasmée et ravie de faire la découverte de personnes formidables. Parmi celles­ci, des gens qui font un travail exceptionnel pour venir en aide et sauver la vie d'animaux errants et parfois, lâchement maltraités puis abandonnés à leur sort. Victor Hugo a dit : « L'enfer n'existe pas pour les animaux. Ils y sont déjà ». Force est d'admettre que cette citation est, malheureusement, très près de la réalité pour une grande majorité d'entre eux. Mais heureusement il y a des anges qui s'occupent de les sortir de la misère, comme ceux, entre autres, qui ont croisé ma route par l'entremise des réseaux sociaux. Ces grandes âmes permettent de redorer l’image de l’être humain. Pas l’être humain en général, mais en particulier celui qui se montre indifférent envers les souffrances, celles des humains comme celles des animaux. Ces anges sont des personnes remarquables qui se dévouent sans compter pour réparer tant bien que mal l'irresponsabilité des uns et l'inconscience des autres. Ils recueillent des animaux malades, blessés, maltraités ou abandonnés et, avec tendresse et douceur, ils leur apportent les soins appropriés leur redonnant ainsi le goût de vivre et la confiance en l'humain. Chacun d'entre eux ajoute une pierre dans la construction d'un monde plus beau démontrant à tous l'importance du respect de la vie sous toutes ses formes. Ces gestes ne nécessitent pas de posséder des compétences particulières. Non ! Ça ne demande qu'une grande générosité du cœur et de l'empathie envers tous les êtres vivants quelle qu'en soit l'espèce. En ce début d'année 2016, je tiens à rendre hommage à tous ces humains admirables qui consacrent une grande partie de leur vie pour venir en aide aux animaux. Certains d'entre eux sont connus mondialement pour leur apport à l'avancement de la cause animale, d'autres sont mes vrais amis qui s'impliquent de différentes façons pour offrir une belle vie aux animaux et puis d'autres encore sont des « alliés Facebook » très précieux. Quel que soit leur statut, j'ai, envers ces gens, un très grand respect pour ce qu'ils sont, soit des êtres qui ont compris le vrai sens de la vie, ce qui se traduit par l'entraide et la compassion. Et, tout comme eux, ne soyons pas que des spectateurs, mais plutôt des acteurs qui ajouteront une pierre à la construction d'un monde meilleur pour tous les habitants de cette planète.

E N C E D É B U T D 'A N N É E 2 0 1 6 , S I V O U S S O N G E Z À A D O P TE R U N C O M P A G N O N C A N I N O U F É L I N , P R E N E Z U N E R É S O L U TI O N Q U I V O U S R A P P O R TE R A G R O S ! . . . R E N D E Z ­ V O U S D A N S U N R E F U GE E T O F F R E Z , À U N A N I M A L P L U S Â GÉ , U N F O Y E R O Ù I L P O U R R A TE R M I N E R S E S J O U R S D A N S U N E N V I R O N N E M E N T S É C U R I TA I R E , E N T O U R É D 'A M O U R E T D E B O N S S O I N S . R E C O N N A I S S A N C E , A M I TI É E T F I D É L I TÉ . . . VO I L À C E Q U E VO U S R EC EVR EZ D E C E S EN I O R EN É C H A N G E D 'U N F O Y E R R E S P O N S A B L E E T A I M A N T .

UNE CITATION CÉLÈBRE À RETENIR ...ET À MÉDITER ! « Et quand je vois passer un chat je dis :

il en sait long sur l'homme.

»

Source : zer0deconduite.com

Jules Supervielle 1884­1960 Jules Supervielle est un poète et un écrivain français. D'origine basque, il partage sa vie entre la France et l'Amérique du Sud. Contemporain des surréalistes, Supervielle n'a jamais été influencé par leurs productions, préférant suivre sa propre voie. Ses premières publications, les Poèmes de l'humour triste (1919) et L'homme de la pampa (1925), masquent encore les angoisses du poète. Mais c'est avec Gravitations, paru en 1925, que l'auteur révèle son style et son originalité. Le grand prix de l'Académie française lui est attribué en 1955.

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Gros­Minet, le chat qui recherchait la paix !

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tant depuis toujours une amoureuse des animaux, je m’efforce de les aider du mieux que je peux. Je suis très sensible à la cause des chats errants en particulier. C’est la raison qui explique ma participation, en 2013, à la création du Refuge Chaline avec mon amie Céline Lortie. Notre refuge est un gîte, sans euthanasie, offrant ainsi une seconde chance à des chats errants et abandonnés. Nous accueillons des chats de tous les âges. Tous les petits félins que nous recueillons rencontrent le vétérinaire et, après un examen médical minutieux, ils reçoivent des vaccins et ils sont stérilisés. Par la suite, nous recherchons pour eux des adoptants responsables pour la vie. S’ils ne sont pas encore socialisés, nous leur donnons le temps nécessaire en respectant leur propre rythme. Ces chats, pour la plupart, ont vécu de tristes histoires, des abandons et parfois même, ils ont subi de mauvais traitements. Parmi tous les chats que nous avons accueillis au refuge, il y eut Gros­Minet, dont j'aimerais vous raconter l'histoire. On lui avait donné ce nom parce qu'il ressemblait au chat dans les dessins animés de Titi et Sylvestre (alias Gros­Minet). Il avait un long et superbe pelage noir et blanc. Ce merveilleux chat vivait dans une famille qui s’en occupait et le cajolait. Ses humains avaient fait dégriffer ses pattes avant et l'avaient fait opérer pour soigner un problème de hanche dont il souffrait lorsqu'il était plus jeune. Même si l’opération l’avait laissé avec une démarche instable, il vivait des jours heureux avec ceux qu’il aimait. Il ne courait pas très vite, perdait patte quelques fois, mais n’en était pas du tout complexé. Il était le chat unique de la maison et vivait paisiblement sa vie de chat senior. Il était âgé de 12 ans lorsque son existence a basculé. Ça s'est passé au moment où sa famille a décidé d’adopter un grand chien, jeune et énergique. L'adoption d'un compagnon canin ou félin est un geste sérieux et nous devrions toujours penser au bien­être de l’animal qui cohabite déjà avec nous avant de prendre la décision d’ajouter un nouveau camarade poilu à la famille. Même si la majorité du temps la cohabitation est possible avec un minimum d’ajustements, il faut y réfléchir sérieusement. Il faut penser à la possibilité que l’animal déjà établi puisse mal réagir à la venue d’un nouveau compagnon. Cela est d’autant plus vrai si notre animal est affaibli, vieux, malade ou d’un tempérament anxieux. Il faut aussi penser que chaque animal aura besoin de son propre espace, en particulier lorsque la famille accueille un jeune chien actif dans un foyer abritant déjà un chat âgé. Il faut s’assurer que chacun trouvera sa place et sera heureux au sein de la famille. Avec sa mobilité réduite, Gros­Minet trouvait difficile de cohabiter avec ce chien alerte et joueur. Il devait partager son espace avec un être extraverti et Gros­Minet n'arrivait plus à retrouver les moments de tranquillité qu'il appréciait tant. Si le chien voulait le voir de trop près et arrivait en courant, Gros­Minet avait peur et perdait l’équilibre. Malheureusement, cette situation était devenue trop fréquente pour Gros­Minet. Ce nouvel arrivant avait complètement bouleversé sa vie. N’étant plus heureux et tranquille chez lui, il a commencé à fuguer à l’extérieur de sa maison.

Le chien était arrivé dans la famille de ce beau félin durant la saison estivale. Gros­ Minet, lui, semblait trouver ses petites sorties agréables. On le voyait dans la cour du refuge à l’occasion. Il explorait, venait nous demander de la nourriture, des câlins et s’était fait ami avec Taz, un chat errant que nous avons accueilli plus tard au refuge. Les deux compagnons étaient devenus inséparables et Gros­Minet passait de plus en plus de journées à l’extérieur. Il semblait s’accommoder de ce changement, préférant rester près du refuge et ne rentrer chez lui qu’à l’occasion. C’était l’été, la température était douce et agréable.

Puis l’automne est arrivé. La douceur de la belle saison a fait place à des journées de pluie, de froid et de vent. L’hiver était à nos portes et, malgré le temps frisquet, le vieux chat ne semblait plus vouloir retourner chez lui. Il préférait s’abriter sous la table du patio, dormant sur de grosses couvertures installées sur des chaises. Il continuait à mendier de la nourriture en compagnie de son ami Taz. Voyant cela, Céline, ma collègue du refuge, a décidé d’aller parler à sa famille pour leur demander ce qui se passait avec Gros­Minet. C’est à ce moment qu’on a appris que la venue du chien avait tout changé pour lui, qu’il ne retournait presque plus à la maison, qu’il n’y était plus heureux et que son ancienne famille ne pouvait plus rien pour lui…

Avec l’arrivée imminente de l’hiver, qu’allait­il se passer pour le vieux chat à la démarche incertaine ? Gros­Minet ne voulait plus retourner dans ce qui avait déjà été sa maison, sa famille. Il avait été délogé en quelque sorte. Il avait dû se battre pour garder sa place et il avait perdu son combat. Il était devenu un chat sans abri. Après en avoir discuté avec son ancienne famille, nous avons décidé, d’un commun accord, de l’intégrer dans notre refuge. Il n’aurait pas pu survivre à un hiver à l’extérieur. Il était trop vieux et ses problèmes de mobilité jouaient contre lui. Nous l’avons donc admis dans notre gîte en compagnie de son bon ami Taz. Le pauvre Gros­Minet n’a pas apprécié de voir son quotidien changer une autre fois. Il aimait toujours notre compagnie, était docile et affectueux, mais n’arrivait pas à être heureux avec les autres chats du refuge. Il s’était même distancé de son ami Taz. Il se refermait sur lui­même, se cachait de plus en plus, recherchant la tranquillité. Il a commencé à avoir des troubles de comportement en éliminant ailleurs que dans la litière. Il tentait de nous dire que ce qu’il voulait vraiment était une vie paisible, comme celle d'avant... celle qu'il avait dû quitter lors de l'arrivée de ce chien trop actif dans son ancienne famille. Il n’avait plus l’âge de gérer l’instabilité. Son histoire nous déchirait le cœur ! Ce cher Gros­Minet… si attachant et si gentil !

Nous nous sommes mises activement à la recherche d'une famille aimante, sans autres animaux pour notre vieux Gros­Minet ! Vous savez, il n’est pas facile de trouver une bonne famille pour un chat âgé de 12 ans. Il avait beau être magnifique, affectueux et attachant, la plupart des gens préfèrent adopter des chats plus jeunes. Nous parlions de ce beau félin à notre entourage, car nous voulions être certaines de pouvoir bénéficier d’un suivi garantissant qu’il finirait ses jours dans son nouveau foyer. Des changements, il en avait eu assez ! C’est alors que par une belle journée d’hiver, le frère de Céline nous a offert de l’adopter. Il y avait réfléchi et, n’ayant pas d’autres animaux, il avait envie de le garder et d’en faire son compagnon pour le reste de sa vie. Nous étions tellement heureuses ! Gros­Minet est arrivé dans son nouveau foyer durant la période des Fêtes 2013. Il s’est tout de suite adapté à sa nouvelle maison. Il n’a jamais eu d’autres problèmes de comportement. Ce chat avait simplement besoin de tranquillité et de bon temps et c'est ce que Pierre, son nouvel humain, lui a offert. Pierre comprenait bien le handicap physique de son chat. Quelques années auparavant, il avait lui­même vécu un accident de travail le laissant avec des séquelles physiques aux hanches. Catherine, la fille de Pierre, taquinait son père en disant que lui et Gros­Minet se ressemblaient. De ce fait, lorsque Pierre a adopté Gros­ Minet, il lui avait fabriqué un perchoir spécialement conçu pour sa condition afin qu’il puisse s’installer devant une grande fenêtre. Gros­Minet sommeillait sur son perchoir profitant des chauds rayons du soleil et de cette nouvelle vie qui lui plaisait tant. Lorsqu'on voyait ce chat magnifique, au travers de la fenêtre de son nouveau foyer, on n'aurait jamais pu se douter des misères qu'il avait vécues. Les problèmes étaient derrière lui. Il se savait de nouveau maître chez lui. Gros­Minet profitait de la douceur de sa nouvelle vie jusqu'à ce qu'un jour de juin 2015, il n'est pas venu à la rencontre de Pierre, lors de son retour à la maison. Gros­Minet était couché sur la même chaise que lors du départ au travail de son ami humain. Il n'avait pas bougé de là depuis le matin... quelque chose n'allait pas. Sans hésiter, Pierre a amené Gros­Minet chez le vétérinaire. Le diagnostic qu'on ne veut jamais entendre tomba : Gros­Minet avait fait un AVC. Il était très mal en point. C'est avec une peine immense que Pierre a dû se résoudre à laisser partir son vieil ami en demandant au vétérinaire de prendre le moyen ultime afin d'abréger ses souffrances. Pierre avait offert à ce charmant minet, que nous n'oublierons jamais, une fin de vie heureuse et la sécurité d'un foyer aimant et responsable. Cet adorable chat avait enfin trouvé tout ce qu’il recherchait depuis des années : de l’attention, de l’amour, la tranquillité et l’exclusivité ! En contrepartie, Gros­Minet fut un merveilleux compagnon pour son humain. Ils ont vécu ensemble une belle histoire d'amitié et de complicité durant un an et demi. Mais pour Pierre, son vieil ami félin lui manque encore beaucoup et il est fort probable que l'empreinte de ce chat si spécial restera imprégnée pour toujours dans son cœur.

Chantal Lapointe Refuge Chaline

Les Conseils d’Os Secours ! Sauver une étoile à la fois

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ette semaine, il m’est arrivé un évènement qui m’a suggéré l’écriture de cette chronique. Un midi alors que je revenais chez moi pour dîner, venant du côté de l'autoroute, j’ai vu courir devant ma voiture, un chien qui m’apparaissait dans un état de panique certain. Je n’ai fait ni une ni deux, je me suis engagée dans la première entrée de commerce disponible, j'y ai garé ma voiture, un peu croche je l’avoue, et je me suis précipitée à l’aide de ce toutou. Je l’ai vu repasser à la course devant moi, sans même me voir, sans même entendre ma voix. Je ne l’atteignais pas, il était dans un autre monde, celui de ses émotions. Ça n’allait pas être facile… Par la plus grande des chances, un couple est venu garer sa voiture aux côtés de la mienne et une autre dame s’est aussi jointe à nous pour tenter d’attraper le toutou dont l’état de panique affectait grandement la sécurité. Un ruisseau entouré de branchages et de grosses pierres l’attirait particulièrement et il s’y retrouvait, hurlant et paniquant, fonçant tête première dans les branches, sans égard pour les égratignures qu’il s’infligeait. Jamais il n’est venu vers nous, si ce n’est pour passer, le regard fou devant nous, car il n'avait pas le choix. Et c’est lors de l’un de ses passages qu’un d’entre nous a réussi à l’attraper par le collier. Sa petite face était rougie par les égratignures qu’elle s’était infligée et ses pupilles élargies démontraient le haut niveau de stress qui était le sien. Par bonheur, le numéro de téléphone de sa propriétaire était à l’intérieur de son collier et nous avons pu la joindre. J'ai appris la raison de la fuite; une fugue accidentelle, alors qu’une femme de ménage avait malencontreusement laissé la porte ouverte. En attendant l'arrivée de sa propriétaire, je suis donc demeurée avec la belle petite apeurée et sanguinolente dans ma voiture. Afin de l'apaiser, j’ai baillé et lui ai parlé doucement. Les mots, même doux, la faisaient pleurer, mais les bâillements ont fini par la calmer. Conclusion de cette aventure : tout s’est bien terminé, la petite chienne est rentrée chez elle dans les bras de son humaine reconnaissante et je me suis précipitée chez moi pour mettre mon manteau à la laveuse, car sauver un chien sanguinolent avec un manteau blanc laisse des traces. Mais cette histoire a suscité une réflexion. J’ai sauvé un chien. Je n’ai pas sauvé tous les chiens, mais au moins, j’en ai sauvé un. Et c’est ici que la belle histoire de l’étoile de mer s’impose. Et pour ceux qui ne la connaissent pas, je vais vous la raconter : Un matin, un petit garçon se promenait sur la plage déserte avec son grand­père...

Ils entretenaient tous deux une conversation très enrichissante. Le petit garçon était particulièrement curieux de nature et posait plein de questions à son grand­père, doté d’une très grande sagesse. À toutes les deux minutes, le grand­père se penchait, ramassait quelque chose par terre qu’il rejetait aussitôt dans l’océan. Intrigué, après la dixième fois, le petit garçon s’est arrêté de marcher et a demandé à son grand­père : ­ Que fais­tu, grand­papa ? ­ Je rejette les étoiles de mer dans l’océan. ­ Pourquoi fais­tu cela, grand­papa ? ­ Vois­tu, mon petit fils, c’est la marée basse, et toutes ces étoiles de mer ont échoué sur la plage. Si je ne les rejette pas à la mer, elles vont mourir parce que dans quelques heures elles sécheront sous les rayons chauds du soleil. ­ Je comprends, a répliqué le petit garçon, mais grand­papa, il doit y avoir des milliers d’étoiles de mer sur cette plage, tu ne peux pas toutes les sauver. Il y en a tout simplement trop. Et de plus, grand­papa, le même phénomène se produit probablement à l’instant même partout sur des milliers de plages à travers le monde. Ne vois­tu pas, grand­papa, que tu ne peux rien y changer ? Le grand­père a souri et s’est penché, il a ramassé une autre étoile de mer. En la jetant à la mer, il a répondu ceci à son petit fils : Tu as peut­être raison, mon garçon, mais ça change tout pour celle­là ! Ainsi, à l’instar du grand­père dans cette histoire, nous devons demeurer positifs dans ce monde parfois bien cruel qui met tout plein de chiens dans le besoin sur notre route. Lorsque j’aide un chien à demeurer chez lui et à ne pas retourner en refuge ou simplement en m'impliquant dans le sauvetage raconté ci­haut, j’aide un chien à la fois. Je ne sauve peut­être pas TOUS les chiens, mais j’en aide un à la fois et pour celui­là, cela fera une différence. Et c’est ainsi qu’il nous faut voir la vie à travers notre mission quotidienne qui nous fait rêver d’un monde meilleur pour nos amis à poils. Ne voyons pas la tâche en entier, mais regardons la comme elle est réellement et simplement, un animal à la fois. Et soyons heureux de notre apport pour chaque animal que nous aurons aidé, car pour celui­ci, cela fera toute la différence du monde.

Danielle Godbout Coach en comportement canin Fondatrice d'Os Secours

À MES CAMARADES DU COMITÉ ORGANISATEUR DU KIOSQUE « ANIMAUX » DE LA NSA ! Ma participation à la Nuit des sans­abris fut une expérience forte et chaleureuse que je n'oublierai pas de sitôt. Les rencontres et les discussions avec des jeunes de la rue et des personnes dans le besoin furent pour moi d'un grand enrichissement. Cette expérience ne peut que nous ramener aux vraies valeurs humaines que sont le partage, l'écoute et la compassion... des valeurs que nous oublions parfois dans le tourbillon de la vie. Je tiens à remercier mon amie Amélie Martin qui a pensé à moi en m'invitant à participer à cette belle aventure, Claudia Dorval et Marco Bouffard qui m'ont cordialement accueilli dans cette belle équipe ainsi que la toujours souriante Sophie Beaudoin­Chartré. Vous êtes des personnes aussi sympathiques que généreuses et ce fut un réel plaisir de travailler avec vous à ce qui fut la première édition du kiosque « Animaux » de la Nuit des sans­abris. Pour ma part, je crois réellement que lorsqu'on offre, avec sincérité, le meilleur de soi­ même aux êtres vivants qui nous entourent (humains et non­humains), on se trouve sur la bonne voie et je compte bien demeurer sur cette route. Alors, au plaisir d'une nouvelle collaboration dans un prochain avenir ! Marie­Josée Beaudoin Rédactrice en chef ­ RPL

Le kiosque « Animaux » de la Nuit des sans­abris 2015 !

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on nom est Claudia Dorval et je suis intervenante à la Maison Dauphine de Québec. Chaque jour, je côtoie des jeunes de la rue. J'aime mon travail et je souhaite apporter mon apport afin de faciliter la vie de ces jeunes en difficulté. De fait, en juillet 2015, j’ai été contactée par Magali Parent, intervenante à l’organisme le RAIIQ (Rassemblement d’aide aux itinérants, itinérantes de Québec), organisme qui voulait prendre le pouls de mon intérêt visant à mettre sur pied, lors de la 14ème édition de la Nuit des sans­abris de Québec, un kiosque « Animaux » dans le but de venir en aide aux personnes dans le besoin qui partagent leur vie avec un compagnon canin ou félin. J'aime les jeunes et j'aime les animaux alors j'ai immédiatement été emballée par l'idée de Magali. Dans le cadre de l'exercice de mes fonctions et ce, depuis maintenant quatre ans, j’ai le privilège de côtoyer des jeunes de la rue. Une grande majorité d’entre eux ont un animal de compagnie, notamment un chien ou un chat à qui ils ont juré, été comme hiver, amour et fidélité. Ce copain poilu est beaucoup plus qu'une simple bête pour le SDF; il est un camarade d'infortune, un protecteur et celui qui le tiendra au chaud durant les saisons froides. En fait, l'animal tient une place si importante dans la vie d'un sans abri que plusieurs d’entre eux tenteront de combler les besoins de leur compagnon à quatre pattes bien avant les leurs. Je savais que ce projet serait une belle opportunité de pouvoir venir en aide à ces deux êtres si importants l'un pour l'autre, du moins, le temps d’une soirée. Cependant, malgré mon bon vouloir, j'étais consciente que je ne pouvais y arriver seule. J’ai donc débuté en demandant l’aide de mon conjoint Marco Bouffard, intervenant à Vallée Jeunesse Québec et étudiant en zoothérapie. Je savais qu’il serait un bon allié dans ce projet. Par la suite, j’ai contacté Amélie Martin, enseignante dans le cadre de la formation en zoothérapie du Cégep de La Pocatière, comportementaliste canin et zoothérapeute. Amélie fut l'une des professeures que j'ai beaucoup appréciées. Elle m'a enseigné en zoothérapie.

Par l'entremise d'Amélie, j'ai connu Marie­Josée Beaudoin (fondatrice et rédactrice en chef de la Revue Pattes Libres) ainsi que Sophie Beaudoin­Chartré (technicienne en santé animale). Ces dernières ont accepté, avec enthousiasme, de se joindre au comité organisateur. Une fois l’équipe formée, nous avons travaillé d’arrache­ pied afin de créer un kiosque qui répondrait aux besoins primaires de ces compagnons de vie essentiels. On ne savait pas trop par où commencer étant donné que c'était la première année de notre implication dans ce projet. Nous avons contacté des gens afin de solliciter leur aide pour obtenir des services ou des dons de diverses fournitures. Nous n'avons compté ni temps ni efforts. Et notre travail fut récompensé ! C'est ainsi que nous avons pu diffuser à un grand nombre de personnes dans le besoin, ainsi qu'aux visiteurs que nous avons rencontrés lors de cet évènement qui a eu lieu le 16 octobre 2015, des informations essentielles reliées aux soins et à l'éducation des animaux par l'utilisation de méthodes favorisant le renforcement positif. Puis, grâce à de généreux donateurs, nous avons pu offrir de la nourriture pour chats et pour chiens, des gâteries, des laisses, des colliers, des harnais, des jouets, des couvertures chaudes, etc. De plus, suite à notre appel, quelques cliniques vétérinaires ont offert un cadeau précieux à des personnes défavorisées, tels que des vaccins et la stérilisation de plusieurs animaux. Ce présent inestimable, permettra d'accroître l'espérance de vie de leur cher compagnon canin ou félin tout en contribuant à la diminution de la transmission de maladies virales ainsi qu'à l'abaissement de la surpopulation animale errante. Tous ces dons ont permis d'accompagner des êtres plus fragiles et de leur apporter soutien et réconfort. En définitive, le kiosque « Animaux » de la Nuit des sans­abris 2015 fut un grand succès. Je suis fière d’avoir réalisé ce beau et grand projet et aussi d’avoir fait la connaissance de personnes si bonnes et si généreuses. Je tiens à remercier du fond du cœur tous les membres du comité organisateur qui ont fait un travail remarquable et également souligner l'implication de deux bénévoles qui se sont jointes à l'équipe lors de la Nuit des sans­abris : Martine Costin et Dre Anne­Marie Brassard (vétérinaire à la Clinique Saint­Sacrement de Québec). De plus, je tiens à remercier sincèrement tous nos généreux partenaires (voir la liste détaillée sur la page suivante). La « Nuit des sans­abris » est un évènement annuel important qui vise à sensibiliser la population à la situation de la pauvreté, de la désaffiliation sociale et de l’itinérance auxquelles sont confrontés de plus en plus de Québécois. De ce fait, nous vous invitons à prendre part à l'évènement et plus précisément à venir nous rencontrer à ce qui sera notre seconde participation au kiosque « Animaux » lors de la 15ème édition de la Nuit des sans­abris qui se tiendra à l'automne 2016. C'est un rendez­vous !

Photo : Sophie Beaudoin­Chartré

Photo : Ignacio Munoz Alvarez

Photo : Ignacio Munoz Alvarez

Claudia Dorval Intervenante à la Maison Dauphine

De gauche à droite : Martine Costin, Marie­Josée Beaudoin, Dre Anne­Marie Brassard (dmv) et Amélie Martin (quatre membres de l'équipe de la Revue Pattes Libres), Claudia Dorval (intervenante à la Maison Dauphine de Québec) et Marco Bouffard (intervenant à Vallée Jeunesse Québec).

Sophie Beaudoin­Chartré (technicienne en santé animale).

Balzac, le chien d'Amélie, nous a apporté son soutien lors de l'une de nos réunions du comité organisateur.

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MERCI À TOUS NOS PARTENAIRES !

Refuge félin Sainte­Famille I.O. (Qc)

2924, 1ère Avenue, Québec (Qc) G1L 3P3

Siège social : 3055, boul. Wilfrid­Hamel Québec, QC G1P 4C6

1160, rue de la Concorde Saint­Romuald (Qc) G6W 0M4

Nutrition animale A. P. Inc. 5381, boul. Guillaume­Couture Lévis (Qc) G6V 4Z3

20, boul.Johnny Parent Québec, (Qc) G2B 4N7

Disponible gratuitement en ligne Pour télécharger les numéros déjà publiés : http://revuepatteslibres.blogspot.ca/

www.fidelecanin.com

1530, avenue du Lac­Saint­Charles Québec, (Qc) G3G 2W3

QUÉBEC

733, route Kennedy Beauceville (Qc) G5X 1C2

1895, boul. Valcartier St­Gabriel­de­Valcartier (Qc) G0A 4S0

CLINIQUES VÉTÉRINAIRES Clinique vétérinaire Côte­de­Beaupré 8910, boul. Sainte­Anne Chateau­Richer (Qc) G0A 1N0 Clinique vétérinaire de l'Ormière 4100 Boulevard de l'Auvergne Québec, (Qc) G2B 1T8 Clinique vétérinaire du Vieux Limoilou 1102, 3e Avenue Est Québec (Qc) G1L 2X6 Clinique vétérinaire Frontenac 171, rue Seigneuriale Québec (Qc) G1E 4Y7 Clinique vétérinaire Saint­Sacrement 1369, Chemin Sainte­Foy Québec (Qc) G1S 2N2 Hôpital vétérinaire de Charlesbourg 1229, boul. Louis XIV Québec (Qc) G1H 1A1

345, rue St­Joseph Est Québec (Qc) G1K 3B3

DONATEURS PRIVÉS Marie­Claude Blais Marie­Ève Bouchard Geneviève Bouffard Isabelle Bourque Audrée Collette­Ducharme Martine Costin Karine Courcy William Coté Marie­Hélène Fiset Alexandre Gauthier­Paradis Kim Girard Pierre­Olivier Gourde Chloé Lacoste Julie Laverdière Anick Lévesque Marie Lévesque

Vos chiens et/ou vos chats ne s’amusent plus ou ne sont plus motivés par un jouet ? Faites­en bénéficier les animaux abandonnés dans les refuges...

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'était le message lancé à tous les amoureux des animaux, par la Revue Pattes Libres et la boutique L'Art des Animaux de Québec, à l'automne 2015.

Beaucoup ont répondu à l'appel et ont fait preuve d'une très grande générosité. Certains ont apporté des jouets usagés que leurs petits compagnons avaient délaissés. D'autres ont acheté des jouets neufs dans le seul but de les offrir à des animaux moins chanceux que les leurs. Nous tenons à remercier tous ceux et celles qui ont fait preuve de largesse et qui ont contribué au succès de ce projet. Quelques jours avant la virée, nous avons fait un inventaire des dons reçus. Nous avions suffisamment de jouets éducatifs et ludiques pour les chiens, mais peut­être pas assez pour les chats, considérant le fait qu'il y a un très grand nombre de minets abandonnés dans les refuges et que nous visiterons principalement des gîtes qui accueillent uniquement des petits félins. Grâce à la générosité de Martine Costin et de Brigitte Tardif, d'autres jouets neufs ont été achetés afin que tous les mistigris abandonnés, que nous visiterons lors de notre tournée, aient un cadeau et que nous puissions en laisser en supplément pour les chats qui se retrouveront en refuge au cours de l'année. À cela s'ajoute de la nourriture pour chats, des gâteries pour chiens, de la litière, des coussins, etc. Tous ces dons supplémentaires s'additionnent aux lots qui seront remis dans les sept refuges que nous visiterons. Trois autres gîtes avaient été contactés; l'un recueille des lapins, l'autre, des animaux sauvages. On nous a informés que les jouets pour chats ou pour chiens ne convenaient pas à ces espèces animales. Nous y avions pensé, mais il était important pour nous d'offrir la chance à tous les petits orphelins d'obtenir leur cadeau. Le troisième n'a pas donné suite à notre message. Qu'à cela ne tienne ! Nous nous reprendrons d'une autre façon pour leur venir en aide si c'est possible éventuellement.

La tournée du petit Noël des grands oubliés ! Samedi 19 décembre 2015, 9 h. Nous avons prévu répartir nos visites sur deux jours. Aujourd'hui, nous nous rendrons dans quatre refuges; trois sont situés à Québec et un autre à l'Île d'Orléans. Notre équipe est composée de quatre filles enthousiastes qui ont très hâte de faire des heureux : Marielle Montpetit, Martine Costin, Brigitte Tardif ainsi que moi­même. Brigitte souffre d'une bonne grippe. Mais, nous dit­elle, pas question de manquer cette fabuleuse tournée. Martine et moi connaissons bien les refuges où nous nous rendrons. Pour Marielle et Brigitte, elles vivront l'exploration « émotionnelle » que comporte la découverte de l'univers des refuges.

R1 ­ Adoption Chats Sans Abri de Québec1 Nous allons rejoindre Hélène Arcand­Côté, présidente du conseil d'administration d'ACSA. À l'heure où nous nous rendons sur les lieux, les bénévoles sont déjà sur place pour nettoyer les litières et les cages, nourrir et apporter les soins médicaux requis à certains chats. Tout ça doit être fait avant l'heure d'ouverture du refuge. Hélène nous accueille dans cet endroit qu'elle aime et pour lequel elle donne temps et argent sans compter. Elle nous invite à passer dans la salle d'adoption pour y rencontrer ses petits protégés. Marielle et Brigitte souhaitent en connaître un peu plus sur ce refuge, alors Hélène leur résume le travail et la mission d'ACSA. Nous l'écoutons tout en caressant les petits orphelins poilus. Ce refuge, sans euthanasie, sauve un grand nombre de chats annuellement; nous avons donc laissé un bon lot de jouets, des coussins et du matériel divers pour les petits félins du gîte. La Revue Pattes Libres a également remis un don en argent amassé grâce à la vente de cartes de souhaits illustrées de photos de chats De gauche à droite : Martine, Brigitte, Marie­ accueillis dans ce refuge et de griffoirs confectionnés par Martine Costin. Josée et Hélène Arcand­Coté.

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R2 ­ Refuge Chaline de Québec2 Céline Lortie, fondatrice du Refuge Chaline, nous accueille dans ce très beau petit refuge. Les chats circulent tout en jetant un regard interrogateur sur les nouveaux arrivants. Céline nous présente quelques minets disponibles à l'adoption et nous parle du travail qu'elle accomplit pour sauver les chats abandonnés. Elle connaît bien la personnalité de ses protégés et elle recherche, pour chacun d'eux, la famille qui leur conviendra le mieux. En déposant les présents sur le sol, certains chats curieux viennent explorer toutes ces nouveautés. RPL a remis à Céline Lortie des griffoirs et des cartes de souhaits qui seront vendus afin d'amasser des fonds pour venir en aide aux chats de son refuge.

De gauche à droite : Marie­Josée, Martine, Brigitte et Céline Lortie.

R3 ­ Animal Sans Toit situé sur l'Île d'Orléans3 Nous nous rendons maintenant à Sainte­Famille de l'Île d'Orléans. Carole Duplain recueille ses petits félins dans sa résidence. Dès notre arrivée, deux adorables petits chatons roux et une jeune ado, prénommée Bianca, viennent à notre rencontre. Les chats se sont jetés sur les boîtes remplies de jouets. Tous, jeunes et seniors, s'en donnent à cœur joie parmi l'abondance de jeux ou de nouvelles cachettes qui s'offrent à eux. Tout en les regardant jouer, Carole Duplain nous résume la mission à laquelle elle se livre avec passion. Elle consiste à prendre en charge les soins et la stérilisation de chats vivant dans certaines fermes sur l'île et ailleurs. Tous les chatons sont mis à l'adoption tandis que des adultes, plus sauvages et une fois stérilisés, retourneront vivre sur la ferme. Ces derniers seront suivis et soignés par Carole tout au long de leur vie. Nous avons laissé beaucoup de jouets pour les petits félins déjà sur place et De gauche à droite : Carole Duplain, Denis pour d'autres qui seront pris en charge par Carole au cours de l'année 2016. Beaulieu (conjoint de Carole), Marie­ Josée, Martine et Brigitte. RPL a également remis une tente pour les chats, confectionnée par Martine Costin, et un don en argent amassé grâce à la vente de cartes de souhaits.

R4 ­ Le petit refuge de Sylvie Marcoux de Québec4

De gauche à droite : Brigitte, Martine, Marie­Josée et Sylvie Marcoux.

Nous quittons l'île pour terminer notre première journée de tournée chez Sylvie Marcoux. Sylvie habite Limoilou, un quartier de Québec où les chats errants sont très nombreux. Elle accueille, un à la fois, des minets qui ont été jetés à la rue. Lorsqu'elle ouvre sa porte à un chat abandonné, il arrive qu'il soit très mal en point. Sylvie prend tout le temps nécessaire pour le remettre sur pattes. Chacun d'eux est stérilisé avant d'être mis à l'adoption. Sylvie prend un soin tout particulier à rechercher une famille responsable qui acceptera d'offrir, pour toute la durée de sa vie, un foyer aimant à l'un de ses petits protégés. Comme toutes les autres personnes rencontrées aujourd'hui, Sylvie fait un travail remarquable auprès des chats abandonnés. De ce fait, dans les jours qui ont suivi, RPL lui a apporté des cabanes et des griffoirs qui pourront être vendus pour amasser des fonds.

Notre première journée de distribution est terminée. Il est temps pour Brigitte, notre conductrice, d'aller se reposer et de soigner sa grippe.

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Dimanche 20 décembre 2015 ­ 8 h 30 Brigitte est toujours grippée, mais fidèle au poste. Aujourd'hui, nous quittons la ville. Première destination...

R5 ­ Le refuge Adoption Mona­Lise à Thetford Mines5

De gauche à droite : Mona­Lise Doyon, Martine, Marie­Josée et Brigitte.

Thetford Mines est situé à environ 90 minutes de route de Québec. Le soleil brille, le ciel est d'un bleu magnifique. Beau temps pour voyager ! Nous allons rencontrer Mona Lise Doyon, fondatrice du refuge Adoption Mona Lise, une fille au grand cœur qui souhaiterait sauver tous les animaux qui croisent sa route. Malheureusement, comme tous les autres qui se dévouent à la cause animale, elle ne peut porter seule le poids de l'irresponsabilité humaine sur ses épaules. Mona­Lise a sauvé des chevaux et un âne dont elle prend grand soin. Aucun d'entre eux ne sera mis à l'adoption. Ce sont ses compagnons. Mais elle accueille également des chiens, des chats et des lapins qui, eux, recherchent une famille aimante. Nous lui avons donné une très grande quantité de jouets pour chiens et pour chats ainsi que des gâteries destinées aux petits orphelins qui sont déjà sur place ainsi qu'aux autres qui viendront après. RPL lui a remis un don en argent ainsi que des cartes de souhaits qu'elle pourra vendre pour amasser des fonds.

R6 ­ S.P.A. Beauce­Etchemin à Beauceville6 Il est midi lorsque nous quittons Thetford Mines. Nous nous rendons à Beauceville, pour casser la croute, avant de rejoindre, à 14 h, Brigit Hamel, vice­ présidente du C.A. de la S.P.A. Beauce­Etchemin. Brigit se dévoue corps et âme pour sauver le plus grand nombre d'animaux possible s'impliquant avec passion pour sortir certains d'entre eux de la misère.

De gauche à droite : Marie­Josée, Martine, Brigitte, Brigitte Hamel et Jasmin Bolduc.

À notre arrivée, nous avons fait la connaissance de monsieur Jasmin Bolduc, président du C.A. Un homme d'une grande gentillesse. Et Brigit est arrivée, énergique et accueillante, telle que je la connais. Il nous reste beaucoup de jouets pour les chiens. Les toutous de la S.P.A. seront très gâtés pour Noël et au cours de l'année 2016. Et, pour les chats, aucune crainte, ils seront choyés également. En plus d'une grande quantité de jouets, nous avons donné de la nourriture et des gâteries pour chats et pour chiens, de la litière, etc. RPL a remis à la S.P.A. de Beauceville un don en argent amassé grâce à la vente des cartes de souhaits et quelques cartes qu’elle pourra vendre au refuge.

R7 ­ Le refuge Anni­Maux à Saint­Bernard­de­Beauce7 Nous quittons Beauceville pour nous rendre à St­Bernard­de Beauce. Nous allons rejoindre Annie Bégin, fondatrice du refuge Anni­Maux. Une autre personne qui travaille très fort pour venir en aide aux animaux abandonnés. C'est un refuge qui accueille principalement des chats, mais aussi un petit nombre de chiens. Pendant que nous discutons, les petits félins curieux fouinent dans les boîtes et plusieurs repartent avec des jouets ce qui attire l'attention des autres, même les plus timides. Nous avons donné à Annie beaucoup de jouets pour les chats et un sac rempli de jouets pour les chiens. Comme RPL n'avait pas de photos De gauche à droite : Annie Bégin, Brigitte, Marie­ originales de bonne qualité pour confectionner des cartes de souhaits, nous en avons profité pour prendre d'autres photos afin de préparer un lot de Josée et Martine. cartes; les profits de la vente seront remis au refuge Anni­Maux.

Et... c'est ici que se termine notre tournée de distribution de jouets.

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Que doit­on retenir de la visite dans ces refuges ? Lors de l'une de ces visites, mon attention fut attirée par un chaton qui miaulait à fendre l'âme. Un si petit être qui pleurait si fort. J'avais l'impression qu'il criait toute sa tristesse et sa détresse : « S’il vous plaît, amenez­moi avec vous. J'ai le droit de vivre et de grandir dans un espace plus grand. Je veux qu'on s'occupe de moi. » J'ai demandé la permission de le sortir de sa cage. J'espérais pouvoir le calmer et lui donner l'attention qu'il réclamait avec tant de cœur. Dès que j'ai posé délicatement ma main sur son petit dos, il a cessé de pleurer. Dès qu'il a pu se blottir dans mes bras, il s'est mis à ronronner très fort. Ça me brisait le cœur juste à l'idée d'avoir à le remettre dans sa cage. J'aurais voulu l'amener, lui et tous les autres, afin de leur offrir un foyer rempli d'amour et d'attention. Tous les administrateurs des refuges que nous avons visités, et bien d'autres que je ne connais pas encore, font un travail merveilleux auprès de ces petits orphelins, mais ils ne peuvent pas tout faire seuls. C'est pourquoi, il est de notre devoir de les aider à notre façon.

Comment ? Tout d'abord en soutenant les refuges sérieux par des dons en argent, en nourriture ou en matériel divers pour leurs petits protégés. Et, en prenant l'habitude d'adopter nos petits compagnons poilus dans les refuges, de les faire stériliser, si ce n'est déjà fait lors de l'adoption, et de s'engager à être des adoptants responsables. L'adoption d'un animal est un geste qui se doit d'être réfléchi afin d'éliminer les risques d'un nouvel abandon; la stérilisation permet d'abaisser, de façon substantielle, la surpopulation animale et d'éviter ainsi la mort de milliers d'animaux en santé. Ces simples actions feront en sorte que nous ajouterons une pierre solide à la structure que nous tâchons de bâtir pour venir en aide aux animaux errants et abandonnés ou souffrant de la maltraitance et de l'indifférence de certains humains qui tournent le dos à l'entraide et l'empathie envers ces merveilleux compagnons. Cette prise de conscience ne peut qu'accentuer notre motivation pour continuer notre mission d'aide, d'éducation et de transmission du respect envers tous les êtres vivants. Lors de notre retour à la maison, nous avons discuté de ces deux jours intenses en émotions. Et nous étions toutes d'accord sur ceci : en plongeant notre regard dans celui de ceux qui nous observent derrière les barreaux de leur cage, on ne peut douter que les animaux ressentent des émotions tout comme nous. Impossible de nier y déceler la tristesse, la peur et le désespoir. En ouvrant bien notre cœur, il est possible de percevoir véritablement le poids de la solitude et de l'angoisse ressentie par ces êtres fragiles et sensibles suite à un abandon. Pour qui en douterait encore... je vous invite à vous rendre dans un refuge et à prendre le temps de bien observer les animaux abandonnés. Ne détournez pas le regard. Méditez ensuite sur ce que vous aurez vu. Je peux vous assurer que votre perception envers ces merveilleux compagnons ne sera plus jamais la même ! Note à nos lecteurs : Étant donné la courte description de chacune de nos visites, il peut sembler que le temps alloué à chaque endroit fut de courte durée, mais ce ne fut pas le cas. Nous avons pris le temps de discuter et de nous attarder auprès des nombreux animaux que nous avons vus dans les différents refuges. Pour en connaître plus sur chacun des gîtes que nous avons visités, nous vous invitons à lire les reportages que vous trouverez dans les différents numéros de la Revue Pattes Libres publiés ces trois dernières années. Pour télécharger ces numéros, rendez­vous à l'adresse suivante : http://revuepatteslibres.blogspot.ca/ Voir les références (ci­dessous) concernant les articles sur chacun des refuges visités lors de notre tournée.

1

Revue Pattes Libres, Vol. 1, No. 1 ­ Hiver 2013, pp. 16­19.

2

Revue Pattes Libres, Vol. 3, No. 1 ­ Hiver 2015, pp. 14­21.

3

Revue Pattes Libres, Vol. 3, No. 2 ­ Printemps 2015, pp. 17­24.

4

Revue Pattes Libres, Vol. 2, No. 2 ­ Printemps 2014. pp. 14­19.

5

Revue Pattes Libres, Vol. 1, No. 3 ­ Été 2013, pp. 16­20.

6

Revue Pattes Libre, Vol. 2, No. 3 ­ Automne 2014, pp. 21­27.

7

Revue Pattes Libres, Vol. 1, No. 2 ­ Printemps 2013, pp. 20­22.

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Tout comme moi, les fidèles amis quadrupèdes présents dans mes petits récits vivent ­ ou ont vécu ­ au Mexique. En ce qui me concerne, j’y ai fait mes premiers pas au tout début des années 80 comme enseignante. Retraitée, j’y vis encore aujourd’hui. Marie Théveniot

Il a suffi d’un matin sans pain… Connaissez­vous Fernando ? Il a une blouse bleue et un téléphone intelligent… Non !? ? Il a une moustache aussi ! Et une voix très douce, des yeux qui parlent… Non !? ? Vous ne voyez toujours pas !? ? À la clinique des chiens, où il travaille, il vient toujours à sa rencontre. Il l’appelle « Ma Copilli ». Puis il pose délicatement le petit museau entre ses mains et chuchote à son oreille. Alors elle ne bouge plus, de peur de le faire s’en aller. Voilà trois ans déjà qu’ils ont fait connaissance… Les amis humains de Copilli (Elle et Lui) aiment bien le vétérinaire, eux aussi. Pas de la même façon, bien sûr… Il serait bien étrange de le voir chuchoter à leur oreille comme il le fait avec elle. Non ! Ils sont contents de la relation que Fernando a tissée avec leur petit chien. C’est normal. Parce que l’histoire de Copilli, c’est une longue, longue histoire. Un de ces hasards de la vie, par définition peu probable. Et pourtant… On faisait face ce matin­là à une dure réalité : le café, tout frais passé, narguait déjà les papilles de son petit monde mais il n’y avait plus, dans la panetière, un seul crouton de pain ! Ce n’était pas le moment de savoir qui, de Elle ou de Lui, l’avait oublié dans la liste. Et, de toute façon, quand on n’a pas encore bu son café du matin, les débats de ce genre… Donc, dans le petit matin frais, Lui, se dévoue. Rien n’est encore perdu ! Habituellement, d’un bon pas, quelques minutes seulement sont nécessaires pour rejoindre l’épicerie. C’est là, sur le bord du chemin, qu’eut lieu la rencontre : un chien effrayé, immobilisé sur l’herbe détrempée par la dernière pluie, l’observe; Lui, d’abord intrigué, puis préoccupé par l’état de cette petite bête, s’arrête. Oubliés, chers petit­déjeuner, pain frais, café fumant et odorant ! Retour immédiat au départ. Eau, pâtée et croquettes, ­ celles des chats, mais ils ne le sauront pas – prennent le chemin de l’épicerie. Peine perdue. Le jeune chien ne bouge pas. Seul son regard implore. Il ne peut rien contre sa blessure. La pâtée et les croquettes attendront. Nouveau retour précipité. Il ne leur faut que quelques minutes pour trouver la caisse rigide, la vieille couverture, sans oublier les gants de travaux pour protéger les mains, on ne sait jamais. Un chien qui souffre peut être agressif. S’approchant avec prudence, ils constatent que la petite bête le reconnaît déjà, Lui. Il la soulève, elle pleure mais ne réagit pas. Son regard est un livre ouvert sur un appel au secours. Il la dépose dans la caisse. Le téléphone sonne déjà chez Fernando le véto, toujours fidèle au poste. Le trajet s’effectue sans mot dire, Lui et Elle perdus dans leurs pensées. D’où peut venir ce chien ? De quoi souffre­t­il ? Que s’est­il passé ? Le blessé arrive enfin à la clinique vétérinaire. Des examens sont nécessaires. Le pronostic n’est pas des meilleurs. Une fracture sérieuse des hanches laisse craindre de futures complications. Pourra­t­il à nouveau marcher ? Pourra­t­il même survivre dans ces conditions ? Elle et Lui sont désolés. Fernando également. Caressant doucement l’oreille gauche du petit chien, il réfléchit, longtemps. Une minute, deux minutes, plusieurs minutes qui leur semblent, à Elle et à Lui, une éternité. Une décision est prise. Le chien reste sous surveillance médicale avec Fernando. Il faudra bien deux semaines environ pour s’assurer d’une bonne évolution de la fracture. Deux semaines ! C’est long ! Mais ils connaissent Fernando et lui font confiance. Ils appelleront régulièrement pour avoir des nouvelles. Par acquit de conscience, puisque le chien n’est pas le leur, ajoutent­ils. Fernando sourit mais ne dit mot et anticipe déjà. Il connaît son monde.

Dans le jardin de la maison, il y a déjà deux chats qu’Elle et Lui avaient recueillis, quelques années auparavant, alors qu’ils étaient blessés et perdus. Ce même jardin avait aussi accueilli à cette époque un fox merveilleux venu d’un refuge, Tempête, que l’âge a emporté, subitement, un jour d’avril. Ce fut à ce moment­là, sous le poids de l’absence, qu’Elle et Lui avaient pris leur décision, irrévocable et d’un commun accord : « Plus de chien désormais »... Trois jours plus tard, Ils se sont déplacés, trop impatients. Le téléphone intelligent de Fernando, c’est bien, mais tellement insuffisant. Ils ont envie de revoir le chien qui, ce matin­là, depuis sa cage de soin, reconnaît leur voix et leur fait la fête ! L’émotion est au rendez­vous… C’est une petite chienne; de quelques mois à peine, leur dit le vétérinaire. Ils découvrent alors qu’ils ne s’étaient pas, ne serait­ce qu’une fois, posé la question. Mais était­ce important ? Elle et Lui reviendront chaque jour, tissant toujours plus de liens avec la petite bête qui mit ainsi un terme définitif à leur décision irrévocable… Convalescente, elle prit tout naturellement, avec eux, le chemin de leur maison puisque personne, tout au long de ces semaines, n’avait annoncé sa recherche. Copilli vit, aujourd’hui, avec Elle et Lui (bien sûr), pas très loin de l’épicerie dans le petit village mexicain. Copilli (long museau en langue nahuatl, prononcez Copil­li), c’est le nom qu’ils lui ont donné. Lui, l’appelle souvent Cópi ­ diminutif en espagnol. Elle, a choisi Pilou ­ consonance peut­être plus française. Un nom… une maison… Oui, bien sûr ! Mais, vous demandez­vous, comment va­t­elle, maintenant ? A­t­elle gardé un handicap ? Un léger boitement ? Quelques séquelles ? Si son ami le chat avait la parole, il laisserait d’abord échapper un long, un très long soupir. Il vous dirait ensuite les poursuites folles autour du jardin, les fuites dans l’arbre pour trouver de temps à autre un peu de repos, les câlins sous le citronnier et les repas partagés. Mais peut­ être alors serait­il nécessaire quelques mises au point ­ venues d’Elle et de Lui ­ pour tempérer ce portrait idyllique d’une Copilli vue par un quadrupède compréhensif. Ne vous méprenez pas : Copilli n’aime que le soleil du matin; elle affectionne particulièrement les fauteuils à l’ombre des parasols, les courses à perdre haleine avec son ami le chat sur les fleurs du jardin et les aboiements intempestifs – pour le moins injustifiables malgré sa « lourde responsabilité » de gardienne du foyer… Copilli ne supporte pas les trajets en voiture. Longs trajets, courts trajets, Copilli proteste, Copilli jappe. « Non­stop » comme ils disent. Seule exception à la règle : le dimanche, dans le village, jusqu’au magasin de poulets grillés. On ne peut tout de même pas manger du poulet tous les jours ! Copilli n’aime pas ramener sa balle. Elle adore courir après, la rattraper la première (elle est capable pour cela des roulades les plus téméraires) pour la cacher alors au beau milieu des bougainvilliers. Il suffira de se dévouer ! Copilli accepte ­ éventuellement ­ d’obéir quand son humain ordonne : « Quieta ! » ou « Sage ! ». Ou bien « Aquí » ou « Au pied ! ». Mais soyons honnêtes : cela ne fonctionne pas toujours.

Son amie humaine dit en riant que Pilou comprend les deux langues. On ne sait pas trop ce qu’elle veut dire par là. Ce qui est sûr c’est qu’il faut répéter souvent, d’une façon ou de l’autre, pour avoir une chance que l’ordre soit enfin respecté. Elle a une oreille tellement distraite… Surtout l’oreille gauche… Bien sûr, Copilli a gardé une adoration sans limites pour son vétérinaire préféré… Fernando lui chuchote tant de gentillesses à l’oreille !

Mais que voulez­vous ? Copilli, depuis quatre ans, c’est une fête tous les jours !

Mouvement Chats Errants...

P

ar une douce et belle soirée de fin d'automne, je me rends chez madame Andrée Juneau, l'une des cofondatrices de Mouvement Chats Errants. Sera présente également, madame Chloé Adler, membre du C.A. de l'organisme. Madame Juneau m'invite cordialement à entrer chez elle. Dans le cadre de mes reportages pour la Revue Pattes Libres, j'aime rencontrer les gens et côtoyer les animaux qui partagent leur vie ou ceux à qui ils ont offert un gîte temporaire. Alors, je cherche du regard quelques petits félins qui voudraient bien venir me saluer. Aucun ne se pointe le bout du nez. Après m'être présentée, je m'empresse de lui demander : Avez­vous des chats ? Oh, oui !, me répond­elle, je ne pourrais pas vivre sans eux. Il y en a un qui est couché sur mon lit. Il est en convalescence. Les autres sont sortis. Vous les verrez surement au cours de la soirée.

Chloé Adler et Andrée Juneau tenant dans ses bras le beau Clodo.

Avant de débuter, elle tient à me présenter son adorable chat Poupou. Nous entrons dans la pièce où se repose un beau chat blanc et roux. De ses yeux se dégage une grande douceur. Je m'approche pour le caresser... il est vraiment gentil. Poupou a dû subir une chirurgie importante consistant à lui amputer la patte postérieure gauche, une blessure causée par un chauffard qui l'a heurté. Malgré le fait que cette opération est très récente, Poupou semble s'accommoder de son handicap. Les animaux font preuve d'une grande résilience. Nous devrions prendre exemple sur eux.

Madame Juneau m'informe que madame Adler arrivera plus tard parce qu'elle a eu un contretemps et qu'il est entendu que nous pouvons commencer l'entretien sans l'attendre. Alors, allons­y ! M.J. Beaudoin ­ Décrivez­nous la mission de Mouvement Chats Errants.

A. Juneau ­ MCE est un organisme dont la mission comporte deux volets. Le premier, sensibiliser la population au

phénomène de l'errance féline et de la détresse vécue par ces chats, et le second, apporter aide et soutien aux petits félins qui nous sont confiés. Nous recueillons des chats errants nés à l'extérieur ou abandonnés. Nous leur fournissons les soins vétérinaires appropriés; ensuite ils sont vaccinés, vermifugés et stérilisés. Par la suite, nous recherchons pour eux une famille responsable et aimante qui acceptera de les accueillir pour toute la durée de leur vie. Racontez­nous l'origine de votre organisme. En fait, je vais vous raconter mon expérience personnelle. Je partage ma vie avec des chats et un jour où je m'étais rendue à la Clinique vétérinaire du Faubourg, où sont soignés mes petits, j'ai remarqué une annonce qui disait : « Si vous êtes intéressé à vous impliquer dans la fondation d'un organisme voué à venir en aide aux chats errants du quartier Saint­Jean­Baptiste, communiquez avec... » Ça m'intéressait ! J'ai communiqué avec ladite personne et... voilà ! Au départ, nous étions cinq membres fondateurs. De ceux­ci, il ne reste que moi. Chloé Adler s'est jointe à nous quelques semaines plus tard. On peut presque dire qu'elle fait partie de celles qui ont créé notre organisme. Après avoir procédé à toute l'infrastructure organisationnelle, notre organisme a vu le jour officiellement en août 2011. Il est régi par un conseil d'administration composé de huit membres. Est­il possible d'acheter une carte de membre actif permettant d'assister à une réunion générale annuelle ? Antérieurement, pour 10 $, il était possible de se procurer une carte de membre permettant d'assister à l'assemblée générale annuelle, mais il y a eu un petit pépin. Une personne s'est servie de son lien d'appartenance au MCE et a fait des bêtises. Suite à cela, nous avons arrêté la vente des cartes de membre.

Afin d'éviter des problèmes comme ceux auxquels nous avons déjà fait face, nous préférons dorénavant que le collectif de nos membres soit composé de personnes que nous connaissons, avec qui nous partageons les mêmes valeurs et la même éthique, telles que nos familles d'accueil temporaires, les gens de taxi minous, les familles adoptives régulières, les membres du C.A., les administrateurs du site et les gens qui s'occupent des chats à l'adoption. En fait, tous ceux qui se greffent de près à MCE. Si je fais un don et que je désire assister à l'AGA, est­ce possible ? Si vous manifestez un réel intérêt... oui ! La plupart des gens qui font des dons n'ont jamais exprimé d'intérêt pour assister à l'AGA. Revenons à votre mission de sauvetage. Y a­t­il beaucoup de chats errants dans le secteur où vous demeurez (quartier Montcalm) ? Très peu ! La plus grande concentration se situe dans les quartiers St­Jean­Baptiste, Saint­Roch, Vanier, Limoilou et certains secteurs de Charlesbourg. À l'origine, nous devions orienter nos efforts dans le quartier St­Jean­Baptiste seulement, mais nous n'en sommes pas restées là. Nos chats proviennent de différents coins de la ville. Un chat en détresse a besoin d'aide quel que soit l'endroit où il vit. Je tiens à revenir sur le volet sensibilisation de notre mission. C'est après avoir pris connaissance du règlement de la ville1, concernant l'interdiction de nourrir les animaux errants, que nous avons décidé de nous impliquer plus avant auprès de nos élus municipaux afin d'améliorer le sort de ces laissés­pour­compte. On fait quoi avec ces chats ? Est­ce qu'on les ignore et on les laisse crever de faim ? Est­ce qu'on suppose qu'ils disparaîtront dans l'astral avec les chaussettes perdues ? Ça n'a aucun sens ! Le volet sensibilisation a pris de l'ampleur. Nous sommes conscientes que, présentement, nous travaillons sur un symptôme sans éradiquer le véritable problème, c'est pourquoi nous devons nous regrouper. Il est évident qu'on doit se centrer sur l'action et l'intervention politiques. Il y a là une véritable urgence ! On a fait des apparitions dans les journaux et à la télé. Et puis, j'ai pensé faire circuler une pétition dans le but de nous donner plus de poids auprès des élus municipaux. Nous avons obtenu environ 5000 signatures. Nous avons cru sincèrement que les responsables du dossier à la Ville étaient ouverts à nos propositions. On sentait une réelle volonté de changement. Première chose qu'on sait, il n'y a à peu près rien eu comme avancées. Ce serait si facile de régler une bonne partie du problème de l'errance féline. Certains organismes et municipalités québécoises se sont engagés dans cette voie; ils capturent et stérilisent les chats qui sont ensuite mis à l'adoption. Les chats sauvages sont remis en liberté et on leur fournit abri et nourriture. Oui, ça se fait et ça fonctionne ! C'est le concept des S.P.A. : capturer, stériliser, relâcher et maintenir. Certaines S.P.A. le font, mais elles ne sont pas nombreuses. Qu'est­ce que ça donne de tuer des milliers d'animaux en santé annuellement ? Ce n'est pas seulement à cause de ma sensibilité face à la souffrance animale que je dis cela, je parle également de gros bon sens face à la gestion financière des municipalités. Qu'est­ce qui coûte le moins cher d'après vous : payer, année après année, pour tuer des chats qui ont déjà eu des petits qui, eux, grandiront et feront d'autres bébés, ou mettre sur pied un programme de stérilisation faisant en sorte que la population féline errante diminuerait graduellement de façon notable jusqu'à devenir presque inexistante ? Un enfant du niveau primaire saurait que la solution à ce problème est bien évidemment la stérilisation. Il faut parler d'argent pour réveiller les administrateurs et la population. On investit dans le néant alors qu'on pourrait régler ce problème facilement. Les preuves sont faites, on a vérifié auprès des municipalités qui ont mis de l'avant un programme de stérilisation. C'est rentable économiquement. Et c'est plus humanitaire ! C'est certain. J'ai de la difficulté à parler de ça calmement ! Pour moi, un plus un, il faut que ça finisse par faire deux ! C'est la logique même ! Lorsque j'étais enfant, des chiens errants il y en avait beaucoup. Ils étaient présents dans tous les quartiers de la ville. Ce problème a été réglé avec le temps. Alors, réglons maintenant, de façon humanitaire, celui de l'errance féline. Il faudrait aussi penser à un programme d'éducation, ne serait­ce que pour conscientiser la population au respect et à la responsabilité de l'adoption d'un animal afin d'éviter les abandons ! Assurément. Parlons d'un cas d'abandon rencontré fréquemment qui pourrait être résolu avec un peu de bonne volonté; les personnes qui doivent déménager dans un endroit où on n'accepte pas les animaux. Plusieurs propriétaires refusent de louer à des gens qui ont des animaux parce qu'ils ont vécu de mauvaises expériences. Un groupe d'intervention pourrait rencontrer des proprios dans le but de mettre sur pied des règlements spécifiques, tels que l'acceptation d'animaux stérilisés seulement, le nombre total d'animaux admis, etc. Un montant d'argent pourrait aussi être remis aux propriétaires, lors de la signature du bail, afin de payer d'éventuels bris causés par l'animal.

L'argent serait rendu au locataire lors de son départ si rien n'a été brisé. Tous ces points pourraient être ajoutés en addenda au bail de location. Ce n'est qu'un exemple, mais il y aurait beaucoup de solutions à apporter pour éviter l'abandon et la séparation des animaux avec leurs humains. En effet ! D'où proviennent la plupart des chats que vous prenez en charge? Des gens nous contactent régulièrement pour nous dire qu'un chat miaule à leur porte pour entrer dans la maison. La plupart de ces personnes les nourrissent, mais ne peuvent pas les recueillir alors on va les chercher. Nous recueillons majoritairement des chats errants; dans la mesure de nos capacités d'accueil et financières, nous offrons une seconde chance à des chats en détresse ou sur le point d'être euthanasiés. Chacun des félins que nous prenons en charge est amené chez le vétérinaire pour y subir des examens. Ensuite, on l'envoie dans une famille d'accueil temporaire. Si nous n'en avons pas, l'une des membres de MCE le prend chez elle. Nos membres sont très dévoués. Depuis sa fondation, à combien évaluez­vous le nombre de chats que vous avez fait adopter? Depuis 2011, nous avons fait adopter 245 chats. Je vous invite à visiter notre site et à cliquer sur les sections « Ils ont trouvé un foyer » et « Témoignages », pour connaître l'histoire de quelques­uns d'entre eux et pour lire des nouvelles de nos protégés provenant des familles d'adoption. On frappe à la porte c'est madame Adler qui arrive. Après avoir fait les présentations d'usage, nous reprenons notre entretien en abordant un sujet qui revient souvent sur la table lors de mes rencontres, soit la présumée rivalité qui existe entre certains refuges et organismes de défense des animaux. Les rumeurs qui circulent sont généralement sans fondements et proviennent rarement des autres refuges ou organismes. Cependant, elles font un tort énorme à ceux et celles qui se donnent corps et âme pour la cause animale. AJ ­ C'est vrai ! Cela nuit beaucoup à la cause. C'est quoi cette mentalité de discréditer les autres ? On devrait tous se rassembler pour faire avancer nos intérêts communs plutôt que de s'affronter. L'important pour nous, ce sont les chats que nous sortirons de la misère pour leur offrir une vie meilleure. Au fil des rencontres que j'ai faites dans le cadre de mes reportages, j'ai constaté à quel point les gens travaillent avec cœur et sincérité. Assurément ! Si on pouvait tous se rassembler, vous imaginez la force que nous aurions pour faire changer les choses. Combien de chats sont sous votre charge présentement ? Douze chats seraient le nombre conforme à nos moyens financiers et à nos ressources en famille d'accueil, mais présentement nous en avons vingt­deux. Ces derniers sont en famille d'accueil temporaire ainsi que chez les membres de MCE qui en hébergent en plus de leurs chats à eux. Ces vingt­deux chats ne sont pas tous prêts pour l'adoption. Ils seront présentés sur notre site lorsque leur santé physique ou psychologique sera propice à leur adoption. Combien avez­vous de familles d'accueil au total ? Environ huit à dix familles. La plupart ont déjà des animaux. Nos chats sont vus par un vétérinaire avant de les intégrer dans une famille. Certains doivent être mis en quarantaine. Chloé Adler ­ Les gens n'ont pas toujours l'espace nécessaire pour les isoler. On se retrouve dans une situation problématique, mais on finit toujours par se débrouiller. Aucun chat pris en charge par notre organisme ne retourne à la rue. AJ ­ La difficulté est de poser des limites. Nous sommes toutes des hypersensibles. Je suis la trésorière et je me dois de donner des autorisations financières cohérentes. Ce n’est pas toujours facile parce qu'à partir du moment où on voit un chat qui est en détresse et qui souffre, on ne peut pas rester indifférente. CA ­ Les gens sont volontaires pour nous aider de différentes façons. Concernant tel chat, par exemple, une dame est prête à payer la stérilisation, mais elle ne peut pas le prendre chez elle. D'autres veulent prendre un chat, mais financièrement, ils ont besoin d'aide. AJ ­ Les frais vétérinaires sont très élevés. Prenons comme exemple Poupou. Le coût des soins vétérinaires pour des chirurgies de ce type sont énormes. Certains n'auraient pas pu payer le montant que j'ai déboursé pour lui éviter l'euthanasie. Ces gens­là aiment leur chat autant que j'aime mon Poupou. Ils ont autant de cœur que moi, mais quand tu n'as pas l'argent, tu ne peux pas en faire apparaître. Et ce n'est pas de gaité de cœur qu'ils doivent prendre des décisions déchirantes afin d'abréger les souffrances de leur compagnon félin. Ceci dit, il est difficile de trouver de bonnes familles d'accueil, mais nous en avons d'excellentes. Les critères de sélection pour le choix de nos familles d'accueil et de nos familles adoptives sont très rigoureux.

En fait, notre problème est le manque de familles d'accueil temporaires. Nous recevons des demandes pour la prise en charge de chats et nous devons parfois les refuser. On dirige alors les gens vers d'autres refuges, comme ACSA et le Refuge Chaline. Nous aurions tous besoin d'aide. On se sent parfois bien impuissantes. Il faudrait vraiment que la Ville adopte un règlement qui pourrait permettre de résoudre le problème de l'errance féline. Peut­on qualifier MCE d'organisme sans euthanasie ? Oui, absolument ! Pas d'acharnement, mais un grand intérêt à sauver des animaux qui ont la moindre petite chance de vivre comme ce fut le cas pour une petite chatte, très mal en point, que nous avons soignée durant des mois. Elle déambulait, enceinte, sur la rue St­Jean. Nous l'avons recueillie et amenée à la clinique. La vétérinaire a recommandé de lui donner une nourriture spéciale pour renforcer son système parce que dans l'état où elle était, elle n'aurait pas la force de mettre ses bébés au monde. Nous lui avons trouvé une famille d'accueil et, sa diète aidant, elle a pu mettre bas, mais après, elle s'est mise à dépérir à vue d'œil. Elle avait la diarrhée et vomissait sans cesse. Elle était très maigre et bien mal en point, mais elle s'accrochait à la vie. L'organisme n'avait plus l'argent pour défrayer le coût des soins qui s'accumulaient. Alors, j'ai pris la décision de payer pour la faire soigner parce que, dans ses yeux, je percevais cette petite étincelle qui ne s'est jamais éteinte et qui me confirmait à quel point elle tenait à la vie. Après trois mois et demi, la vétérinaire, qui procédait par élimination pour rechercher la cause des maux, m'a informé qu'elle ferait un dernier essai, ajoutant que si la médication ne fonctionnait pas, nous ne pourrons plus l'obliger à vivre ainsi. Notre vétérinaire soupçonnait que la petite souffrait de la maladie de Crohn. Et... le traitement a fonctionné ! Je n'ai jamais regretté d'avoir tout mis en œuvre pour la sauver. Elle coule aujourd'hui des jours heureux dans sa famille d'adoption. Nous voulions la photographier pour qu'elle soit sur notre calendrier, mais pas moyen de la prendre en photo. Elle a le diable au corps. Une vraie petite boule d'énergie. Alors, on a publié une photo de l'un de ses bébés. En fait, nous n'avons jamais eu à faire euthanasier aucun des chats que nous avons pris à notre charge, mais si éventuellement l'un d'eux n'avait plus aucune chance de guérir, nous n'hésiterions pas à prendre la décision qui s'impose pour abréger ses souffrances. Recueillez­vous autant de chatons que de chats adultes ? Depuis 2014, nous avons fait adopter treize chatons mais beaucoup plus de chats adultes. Avez­vous de la difficulté à faire adopter certains chats (à cause de l'âge, de certains problèmes de santé ou de leur couleur comme pour les chats noirs) ? CA ­ Nous avons fait adopter un chat atteint du sida félin. Nous avons informé les futurs adoptants de ce qu'impliquait cet état. Il a été adopté dans un foyer où il n'y avait pas d'autres chats. AJ ­ En ce qui concerne les chats noirs, on se croirait au Moyen­âge. Plusieurs croient encore qu'ils sont les créatures du diable. Paradoxalement, il y a des gens qui les recherchent. En ce qui concerne les chats âgés, c'est parfois plus difficile de leur trouver une famille permanente. Les gens préfèrent adopter des chats plus jeunes. Est­ce que chaque chat mis à l'adoption est stérilisé ? AJ ­ Pas les chatons s'ils sont trop jeunes lors de l'adoption. Nous ne ferons pas stériliser un chaton de deux mois. Comme nous avons une grande liste d'attente pour des chats qui ont besoin d'une famille d'accueil temporaire, si un jeune félin a la chance de trouver une famille d'adoption, on le laisse partir afin de donner la place à un autre que nous pourrons sauver. Cependant, nous faisons un suivi avec la famille d'adoption afin que ce soit fait. Les chats adultes ont été stérilisés avant le départ dans leur famille d'adoption. Est­ce qu'un contrat est signé lors de l'adoption incluant une clause d'obligation de stérilisation des chatons ? AJ ­ Nous avons déjà songé à produire un contrat d'adoption usuel, mais nous croyons que le suivi est suffisant. Nous préférons établir un lien de confiance avec les familles adoptives quitte à leur fournir une aide financière si elles manquent un peu de sous pour la stérilisation. Nous souhaitons les accompagner dans cette démarche plutôt que de faire signer un contrat qui ne nous donnerait pas beaucoup de recours, en définitive. De plus, nous avons un incitatif supplémentaire pour pousser les gens à faire stériliser les chatons. Lorsqu'on m'apporte la facture, prouvant que le chaton a été stérilisé aux frais du nouvel adoptant, nous émettons un reçu d'impôt. Quel est votre point de vue sur l'onyxectomie (dégriffage) ? CA ­ Nous sommes contre. Lorsqu'un éventuel adoptant me parle de « dégriffage », je suis très claire sur notre position.

Cependant, j'y vais de façon pédagogique, en lui expliquant que le dégriffage est une mutilation pour l'animal. Il est né avec des griffes tout comme nous, avec des ongles. Il faut l'accepter tel quel. C'est la nature ! On leur dit, vous aimez votre animal… donc ne lui faites pas ça. Je lui propose également une alternative intéressante : les protège­griffes. Si la personne ne semble pas convaincue et n'est pas ouverte à changer d'opinion, cela pourrait devenir un facteur qui ferait en sorte qu'on ne lui laisserait pas le chat. Vous est­il arrivé de refuser une demande d'adoption ? AJ ­ Oui, à quelques reprises. Un jour, une personne nous a demandé un chat dont la couleur de son pelage serait assortie à son divan. Une autre fois, une personne voulait offrir un chaton à son petit fils pour Noël. Nous avons refusé. Probablement parce que vous sentiez que ça ressemblait à un achat plutôt qu'à une adoption ? Exactement ! Nous misons beaucoup sur la qualité de la famille qui adoptera l'un de nos protégés. Nous avons des critères de présélection. C'est souvent un ensemble de faits et de paroles échangées avec les gens qui font qu'on peut se faire une petite idée sur le futur adoptant. Si nous, ou la famille d'accueil temporaire, avons le moindre doute lors de la sélection d'un futur adoptant pour l'un de nos chats... il ne part pas. Il est important de spécifier que nous ne vendons pas nos chats. Nous demandons une contribution financière qui couvre la moitié des frais de la stérilisation et les autres frais sont assumés à même nos activités de financement. Le prix de l'adoption d'un mâle stérilisé est de 45 $ et d'une femelle 60 $. Si ce soir, j'étais intéressée à adopter l'un de vos protégés, quelles seraient les questions que vous me poseriez ? AJ ­ La première serait dans quel environnement vivez­vous? Si j'ajoutais que j'ai un chien ? Ce ne serait pas nécessairement un problème.

L'important pour nous, ce sont les chats que nous sortirons de la misère pour leur offrir une vie meilleure.

On vérifie les attentes du futur adoptant. Ses attentes sont­elles réalistes par rapport au choix de son futur compagnon félin ? Prenons par exemple un chat comme mon Clodo qui n'a pas côtoyé d'humains au cours des premières années de sa vie. Si j'avais souhaité adopter un minou affectueux que j'aurais voulu prendre dans mes bras dès les premières semaines de son arrivée chez nous, ça n'aurait pas fonctionné entre nous deux. Ça a pris six mois avant qu'il accepte de m'approcher. Il se cachait sous le lit, je lui parlais, mais je ne le forçais pas à sortir de là. J'ai respecté son rythme et tout va pour le mieux aujourd'hui.

Un autre exemple de sélection. Si vous désirez adopter un chat qui est né dehors, qui est habitué à l'extérieur et que vous me dites qu'il n'y mettra plus le bout du museau, le chat ne pourra pas être heureux ainsi. Un chat comme Clodo, issu d'une colonie de chats sauvages, ayant toujours vécu dehors depuis sa naissance, deviendrait fou si je ne lui permettais pas de sortir. Tout comme ma petite Léa qui a besoin d'aller faire un tour dans la ruelle. Nous nous assurons que la personne qui va adopter l'un de nos protégés sera celle qui lui conviendra. Et si, pour une raison ou pour une autre, l'association n'est pas idéale ou si les gens ne peuvent plus garder le chat, nous le reprenons. Alors, si je vous disais que ce chat ne sortira pas, je ne pourrais pas l'adopter ? Probablement pas ! Nous vous guiderions vers un autre choix. Quand on parle de chats errants, il faut faire la distinction entre un chat né et ayant vécu à l'extérieur et un autre abandonné, jeté à la rue. D'après mon expérience, je dirais qu'au moins 50 % de l'errance féline est composée de chats qui ont été abandonnés. Ceux­là pourraient convenir à des gens qui, comme vous, souhaitent que leur chat reste dans la maison. Sur notre site, il y a une photo accompagnée d'un historique et d'une description du caractère de chacun de nos chats disponibles à l'adoption. Il faut choisir selon ses attentes ou selon ce que nous croyons pouvoir accepter en respectant la personnalité du chat. On prend le temps de faire une bonne association entre le petit félin et l'adoptant. Nous nous fions beaucoup à nos familles d'accueil parce qu'ils connaissent bien le chat qu'ils ont accueilli temporairement chez eux. En fin de compte, ce sont elles, les vrais décideurs. Lorsque nos chats sont adoptés, nous envoyons une lettre aux nouveaux adoptants leur mentionnant que nous resterons en contact avec eux parce que nous aimons avoir des nouvelles de nos chats. Nous les invitons à communiquer avec nous s'ils ont besoin de renseignements supplémentaires ou de conseils.

Chloé m'informe qu'elle doit quitter, mais avant qu'elle ne parte, je dois prendre une photo d'elle en compagnie de madame Juneau et de l'un de ses chats. Pendant la séance photo, je leur parle de l'implication de la Revue Pattes Libres permettant d'offrir une seconde chance à des chats abandonnés ou sauvés de la rue. Nous travaillons en collaboration avec une clinique vétérinaire de Québec ainsi qu'avec différents sauveteurs et parfois même quelques refuges. Pourquoi je mentionne ceci ? Parce que je tiens à faire état du fabuleux travail des membres de MCE, dont j'ai été témoin ce soir­là. Voici un bref résumé de l'histoire. Après leur avoir mentionné que nous avions un chat abandonné à placer rapidement, expliquant que le chat Félix2 pourrait être euthanasié dans les jours qui suivent faute de place pour le garder, madame Juneau me demande plus de renseignements à son sujet. Elle s'empresse de téléphoner à quelques membres du groupe. Dans moins d'une heure, il fut établi qu'une personne irait le chercher à la clinique où il se trouve, dès le lendemain, pour l'amener dans une famille d'accueil temporaire. Il était sauvé. J'étais tellement heureuse de ce dénouement. À partir de là, nous avons convenu d'une collaboration possible afin de nous entraider à sauver d'autres chats. MCE a répondu à deux autres appels à l'aide que je leur ai lancés quelques semaines après notre rencontre. Elles ont accepté de prendre la petite chatte Angel, en famille d'accueil temporaire, le temps de lui trouver un foyer d'adoption. Elles ont aussi accepté de me prêter main­forte en publiant une photo d'une chatte âgée de huit ans sur la page Facebook de l'organisme. Finalement RPL a réussi à trouver, pour cette dernière, une famille qui l'a recueillie avec beaucoup d'amour. Le 26 décembre dernier, les membres de MCE ont eu la délicatesse de m'informer d'une merveilleuse nouvelle : Félix a finalement été adopté par la famille d'accueil qui l'avait hébergé. Je leur suis très reconnaissante d'avoir pris le temps de m'envoyer ce message accompagné d'une photo de Félix dans son nouveau foyer parce que le sort des animaux que j'essaie de sauver me tient réellement beaucoup à cœur. Avant son départ, madame Adler et moi avons convenu de garder contact. Entretemps, les chats de madame Juneau ont fait leur apparition dans le but d'obtenir un petit casse­croûte de fin de soirée. J'en profite pour caresser ces adorables minets. Le formidable Poupou, clopinant allégrement sur ces trois pattes, vient me saluer au passage. Une fois le goûter servi, nous reprenons l'entrevue.

Petit casse­croûte de fin de soirée.

Tentez­vous d'obtenir des dons pour payer les soins vétérinaires plus élevés, en lançant des appels sur Facebook, par exemple ? On songe à organiser la possibilité de parrainer un chat en publiant sa photo, son histoire ainsi que la description des soins requis et l'argent dont nous aurions besoin pour ses traitements. Avez­vous des projets à court terme pour votre organisme ? Plutôt un grand rêve : que la ville assume ses responsabilités envers les animaux errants sur son territoire et envers les personnes qui se fendent en quatre pour soulager la détresse animale ! Vous parlez des élus municipaux, mais est­ce que vous souhaitez que d'autres gouvernementaux s'impliquent plus sérieusement au niveau du respect de la vie animale ?

paliers

Évidemment ! Je vais vous raconter ce que j'ai fait il y a quelques temps. Durant un mois, j'ai envoyé à monsieur Pierre Paradis, ministre du MAPAQ, une section de mon journal personnel concernant mon implication à MCE. Jour 1 : Aujourd'hui, nous avons eu une urgence. [...] Je m'interroge sérieusement sur le fait, que dans un état civilisé comme le nôtre, il ne se passe rien au niveau de la cause animale, etc. J'ai fait cela durant trente jours. La trente et unième journée, je lui ai écrit : vous allez être enfin tranquille, je pars pour la France demain, un endroit où le statut juridique des animaux est passé au 21ème siècle3. Je n'ai jamais eu de nouvelles. Je ne sais pas qui le lisait ni si on le lui transmettait. Quand on n’a pas le pouvoir, comment fait­on pour réveiller ceux qui l'ont ? Si seulement on le savait !!!... Comment peut­on vous aider ? En criant la détresse muette des animaux et celle des gens qui nous contactent parce que le chat, qui est à leur porte, souffre et qu'ils sont dans l'impuissance d'agir.

Vous avez raison, c'est très important. Mais comment peut­on aider votre organisme à sauver encore plus de chats? Les dons en argent nous seraient d'un grand secours. En tant qu'organisme de bienfaisance, nous émettons des reçus pour dons de charité. Nous avons aussi besoin d'un grand nombre de familles d'accueil temporaires et permanentes, de bénévoles, de nourriture et de litières pour n'énumérer que ces items de première nécessité. Aimeriez­vous ajouter quelque chose pour les amoureux des animaux qui liront ce reportage? Un animal qui a souffert, que ce soit de la maltraitance, de la faim ou de l'abandon, est vraiment reconnaissant lorsqu'on lui offre un foyer aimant, de la nourriture et des soins. Alors j'aimerais conclure en vous disant : Un chat errant ne demande qu'une toute petite place dans votre maison, mais il porte en lui assez d'amour pour remplir votre cœur. Et c'est sur cette note véridique que se termine notre entrevue. Juste avant de partir, madame Juneau me demande si je peux l'aider à administrer un médicament à Poupou. C'est avec plaisir que je suis restée. Finalement, tout s'est bien passé sans que j'aie eu à lui prêter main forte. En bonne maman des chats, madame Juneau s'inquiétait, croyant que son chat refuserait de collaborer, mais le beau Poupou a fait ça comme un grand. C'est moi qui me fais des peurs, m'avoue madame Juneau. Poupou a compris que c'était pour son bien et il a coopéré. Il est costaud mon Poupou ! C'est la troisième fois qu'il passe près de mourir. La vétérinaire m'a dit : « Ils ont neuf vies ». J'ai répondu, oui, mais moi j'en ai juste une et il faudrait qu'il arrête de m'inquiéter. Elle ajoute fièrement : Poupou est la mascotte de MCE. Quelqu'un me disait l'autre jour, c'est le chat de tout le monde... parce que tout le monde l'aime ! Je peux vous confirmer que c'est vrai. Poupou est tout simplement adorable !

Le fabuleux Poupou... le chat aux neuf vies !

Pour en savoir plus sur cet organisme ou pour voir les chats qui sont disponibles à l'adoption, rendez­vous sur leur site à l'adresse suivante : http://www.mouvementchatserrants.com/index.html ou sur la page Facebook de Mouvement Chats Errants. Une fois de plus, j'ai fait la rencontre de deux personnes qui, par leur générosité et leur compassion, ont permis d'offrir une vie meilleure à des centaines de chats. Chloé Adler est une personne d'une grande gentillesse. J'ai senti chez­elle un grand respect et un amour inconditionnel envers les animaux. Andrée Juneau, quant à elle, est une femme dévouée, passionnée, sensible à la cause animale et dotée d'une fougue et d'une détermination peu communes. Toutes deux ne ménagent ni temps, ni efforts pour sauver des chats en détresse, tout comme les autres membres de l'équipe qui s'impliquent avec cœur. J'ai aussi eu le plaisir de faire la connaissance de Caroline, quelque temps avant cette rencontre, ainsi que de Nathalie et de Lucie, qui m'ont aidée à offrir une seconde chance à deux autres chats. J'en profite pour les remercier, du fond du cœur, pour leur collaboration. Bravo à tous les membres de l'équipe de Mouvement Chats Errants. Continuez votre beau travail de sauvetage et d'éducation pour l'avancement de la cause animale. La société a besoin de gens comme vous. Bonne continuité à votre organisme. Tous les lecteurs de Pattes Libres le savent, je termine toujours mes reportages sur les refuges, ou lors de mes rencontres avec des sauveteurs, par mon coup de cœur pour l'un des animaux vus sur place. Pour sa douceur, sa résilience et sa joie de vivre, c'est Poupou qui remporte la palme. Sois prudent, mon beau chat, afin de protéger le cœur de ta maman humaine et de vivre très longtemps à ses côtés. Longue vie à toi petit bonhomme !

H 14. Constitue une nuisance le fait de nourrir un animal domestique errant en distribuant de la nourriture ou en laissant de la nourriture ou des déchets de nourriture à l’air libre. ­ 2010, R.V.Q. 1059, a. 14. 1

Les noms des chats sauvés en collaboration, RPL et MCE, ont été changés afin de respecter l'anonymat des gens qui ont eu la douleur de devoir se départir de leur compagnon félin. 3 Ces envois ont eu lieu avant le projet de loi 54 ­ Loi visant l'amélioration de la situation juridique de l'animal déposé à l'Assemblée nationale le 5 juin 2015 et adopté en décembre 2015. 2

SHAWINIGAN ET SHIPSHAW Isabelle Larouche Illustrations : Nadia Berghella

S

hawinigan est gourmand. C’est normal, quand il était un tout petit bébé, il habitait sous l’escalier de la boulangerie. Mais un matin, le chaton au ventre trop rond se retrouve tout seul. Alors qu’il est sur le point de faire le grand voyage vers Euthanasie, Madame Annabelle décide de l’adopter. Ouf ! Dans sa nouvelle maison, Shawinigan fait la rencontre de Shipshaw, la chatte un peu pimbêche qui habite déjà les lieux, ainsi que Julien, le fils de sa nouvelle maîtresse. Le pauvre chaton, plein de puces, doit d’abord être shampouiné. Shipshaw, jalouse du nouvel arrivant, tente de lui faire peur en lui disant qu’il se passe des choses étranges dans cette maison… Shawinigan fait donc enquête et découvre deux souris très spéciales : Hector et Herminette. Incendies, déménagement, tour d’avion et d’auto, trahison, sabotage, réconciliation et pardon, les quatre­pattes, dans ce livre, ne s’ennuient pas. C’est Shawinigan qui nous raconte ses péripéties, le nez au ras du sol. C’est donc un composé d’odeurs, de goûts et de sensations félines que nous propose l’auteure. Elle arrive à montrer avec humour ce point de vue qui est étranger à l’homme, permettant ainsi aux jeunes lecteurs de percevoir le monde avec les yeux d’un chat. Shawinigan et Shipshaw a été publié en 2005. C’est le premier tome d’une série qui en compte maintenant six. De drôles d’aventures pattes velours en perspective, du bonheur doux comme le dos d’un chat, des ronronnements de maman assurés en faisant la lecture à vos petits rêveurs.

Lecteur cible : de 6 à 9 ans.

Disponible aux Éditions Phoenix, (2005). 84 pages, 7,95 $ 26

DRÔLES DE COUPLES : 47 coups de foudre dans le monde animal Jennifer S. Holland

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es animaux, tout comme les humains, ont besoin de tendresse, de partage et de complicité. Les animaux, tout comme les humains, peuvent parfois surprendre lorsque vient le temps de choisir un compagnon. Rien d'exceptionnel à ce qu'un individu de l'espèce humaine s'attache à un individu d'une espèce animale et vice versa. Les amoureux des animaux vous le diront : partager son quotidien avec un animal, c'est se donner l'assurance d'enrichir sa vie. Cependant, les rapprochements inter espèces animales sont plus rares. Il est plus facile d'observer ce phénomène chez les animaux en captivité, mais il existe aussi des cas d'associations à l'état sauvage où des amitiés « douteuses » peuvent parfois naître et devenir profondes et durables. Le terme « amitié » est régulièrement employé dans ce livre par l'auteure. Selon Jennifer S. Holland, l'amitié consiste à chercher auprès d'un tiers du réconfort et une compagnie qui rendra la vie plus douce. « Prendre soin d'un tiers nous fait du bien », affirme Marc Bekoff, biologiste évolutionniste. « Pourquoi n'en serait­il pas de même chez d'autres espèces ? » Le cœur a ses raisons que la raison ne peut justifier. On peut se demander ce qui peut unir ces drôles de couples tels qu'une biche myope et un caniche, un macaque et une tourterelle, un lion, un tigre et un ours, un léopard et une vache ou un éléphant et un chien errant. Tout comme les petits d'humains, les animaux ne s'arrêtent pas à leurs différences génétiques et culturelles ou à leur langage. Ils aiment, et c'est tout ! Quelles que soient les raisons qui ont réellement motivé ces animaux à partager leurs amitiés improbables, ces images et ces récits vous prouveront que les animaux ressentent des sentiments et éprouvent de l'empathie envers des êtres vivants d'autres espèces, chacun recherchant chez l'autre la compagnie, la protection et l'affection. Se faire du bien, tel est le but des protagonistes de chacun des récits contenus dans ce livre. « On choisit ses amis et non sa famille » nous dit un dicton bien connu. Les images contenues dans ce livre, imprimées sur un papier glacé de grande qualité, vous prouveront que cette affirmation est exacte. L'auteure Jennifer S. Holland, est journaliste scientifique et nature. Elle travaille pour le National Geographic. En parcourant le monde, elle a rassemblé ces coups de foudre surprenants et émouvants; 47 formes d'affection relevées dans le règne animal entre mystères et explications scientifiques. La célèbre primatologue Jane Goodall a déclaré dans une interview pour le National Geographic : « On ne peut pas partager la vie d'animaux sans remarquer que chacun d'entre eux a sa personnalité. » Et c'est ce que démontre ce bouquin touchant dédié à tous les amoureux des animaux.

Disponible aux Éditions JC Lattès (2012). 224 pages. 24,95 $ ­ 15 € 27

Pour ma part, je ne leur ferais pas ce TÉMOIGNAGE plaisir. De plus, je me questionne Bonjour, J'aime beaucoup la nouvelle BD de Muso. sérieusement à savoir si ces images ne Je lis l'histoire à mon petit garçon de 4 ans donnent pas le goût à d'autres malades de J'aime les animaux depuis toujours. Mes en lui montrant les images. Comme il faire pareil. parents sont des gens extraordinaires qui, adore les animaux, il est très intéressé par dès mon plus jeune âge, m'ont appris à le récit. Il pose des questions et je lui Lorsque je vois passer de telles choses, je aimer, à respecter et à vivre en harmonie explique le sens des propos de Mélodi et m'empresse de les enlever sur mon fil de avec tous les animaux. Lorsque je suis presse. Ces imbéciles méritent d'être née, mes parents ont adopté un chaton : les pensées du petit chien Muso. punis, mais pas qu'on leur fasse le plaisir Merci de nous présenter cette BD, créée d'exposer les « sadiques exploits » dont ils un magnifique siamois aux yeux bleus, doté d'une intelligence incroyable. Nous au Québec, par une personne qui connaît sont si fiers. avons donc le même âge. Lorsque j'étais bien les enfants et la relation spéciale qui petite, il a été mon compagnon de jeux. les unit aux chiens. C'est une bande Patrick Lévesque C'est lui qui était à mes côtés, pour dessinée éducative très bien faite. Bravo écouter mes confidences, lorsque j'ai vécu madame Ruel ! RESPECT DE LA FAUNE mes premières peines d'amour et les périodes moins faciles au cours de mon Lorraine Castonguay Bonjour, adolescence. Il a été présent durant toutes J'ai beaucoup aimé le reportage sur le les étapes importantes de ma vie. Il IMAGES HORRIBLES SUR Centre d'aide pour animaux sauvages. Le connaît tous mes secrets. Je peux affirmer FACEBOOK parcours de Jennifer Tremblay pour se qu'Abraham (c'est son nom) est mon rendre jusqu'à l'ouverture d'un tel centre meilleur ami. Notre complicité est sans Bonjour, est incroyable. Je n'aurais jamais pensé Je vous écris parce que j'aimerais aborder que c'était autant de travail de soigner et égale. Il m'aime tout autant que je l'aime. un sujet qui ne fait pas l'unanimité sur de réhabiliter un animal sauvage dans son Nous sommes maintenant âgés de 19 ans. Facebook. Je parle des gens qui postent environnement. J'ai beaucoup appris en Je sais que c'est un merveilleux cadeau de des images de cruauté envers les animaux lisant ce reportage très intéressant. la vie que de l'avoir toujours auprès de sous prétexte de dénoncer ces gestes de moi et j'en apprécie chaque moment. Je barbarie. Je me questionne réellement sur Merci à vos reporters de nous présenter refuse de songer au moment où il me le bien­fondé de montrer ces images des articles qui se rapportent à différentes quittera pour toujours. L'important pour insupportables à regarder. Est­ce vrai­ espèces animales. C'est ainsi que nous moi est de profiter de tous ces précieux pourrons mieux connaître et respecter instants passés à ses côtés. Il est ment nécessaire de voir cela ? l'environnement et ceux qui y vivent. extraordinaire et je l'aime si fort. Que dire aussi des vidéos qui circulent comme celui où l'on voit des malades faire Isabelle L. Je ne sais pas si vous publierez cette du mal à un chien et s'amuser de lettre, mais je l'espère parce que je tiens à SÉCHER MES LARMES l'entendre crier à mort parce qu'il a mal ? dire à tous les parents à quel point il est ET RIRE UN PEU J'en ai vu d'autres qui prenaient un malin important de montrer à vos enfants plaisir à rire de leurs jeux sadiques et à Bonjour les Pattes Libres, l'importance et le respect de la vie pointer du doigt le pauvre animal animale. J'ai eu la chance d'avoir vécu maltraité. Plusieurs croient qu'il faut Les articles de votre revue sont vraiment dans une famille qui m'a montré ces vraies montrer ces imbéciles pour qu'ils soient très intéressants. Certains me touchent valeurs et je n'en ai été que plus heureuse. identifiés, retrouvés et punis pour avoir vraiment beaucoup principalement les Mon père et ma mère sont des gens commis ces actes répréhensibles. Je suis hommages aux compagnons disparus. remarquables et je leur suis infiniment entièrement d'accord sur le fait que ces Heureusement qu'il y a la page où l'on reconnaissante de m'avoir permis de fous doivent payer pour ce qu'ils ont fait, finit toujours par en rire; elle me permet grandir auprès du plus merveilleux des mais je crois qu'il y a d'autres moyens de de sécher mes larmes et de me faire compagnons... mon cher Abraham. les coincer. vraiment rire. La bouille et les propos de Simone, le basset hound, sont aussi très Mathilde Duval Nous savons tous que ces psychopathes comiques. existent. Est­ce bien nécessaire de le rappeler en faisant circuler ces photos et Je suis toujours heureuse de recevoir le ces vidéos ? C'est exactement ce qu'ils courriel qui m'informe de la sortie d'un souhaitent qu'on fasse car c'est pour eux nouveau numéro de votre magazine. un honneur qu'on démontre leurs Merci de nous offrir de belles histoires et exploits. En partageant ces gestes idiots, de si bons articles. inhumains et cruels, ils auront gagné ! Caroline P. UNE BANDE DESSINÉE ÉDUCATIVE

LANCEMENT DU TOME 2 DES AVENTURES DE NESSIE ET LOCHNESS !

C

ertains lecteurs de la Revue Pattes Libres se souviendront peut­être d'un livre que nous vous avions présenté dans l'une de nos chroniques littéraires, Au service de deux Scottish de 2000 à 20031.

Le 15 novembre 2015, l'auteure Denyse Gauthier nous a conviés au lancement du livre Au service de deux Scottish de 2004 à 20062, la deuxième partie de la biographie de Nessie et Lochness, deux chats que l'on peut qualifier d'assez délurés. Plus de quatre­vingts personnes ont répondu à l'invitation dans le but de se procurer le nouveau livre biographique des deux Scottish et de le faire dédicacer par l'auteure. Carole Duplain, cofondatrice du refuge Animal Sans Toit, et Céline Lortie, fondatrice du Refuge Chaline, étaient présentes afin de faire connaître leur travail auprès des chats errants et d'amasser des fonds pour venir en aide aux petits félins qu'elles prennent sous leurs ailes. Une fois de plus, la Revue Pattes Libres est fière d'avoir contribué à aider ces refuges en offrant des articles qui ont été mis en vente lors de cette journée. 100 % des redevances de la vente des objets offerts par notre revue, tels que des cartes de souhaits illustrées par la photo de chats recueillis par ces gîtes ainsi que des griffoirs confectionnés par Martine Costin, membre de l'équipe Pattes Libres, étaient remis à ces deux refuges. Malheureusement, les deux héros de ce bouquin n'étaient pas sur place lors du lancement du deuxième tome de la série Au service de deux Scottish. Ne rencontre pas qui veut ces superstars d'origine écossaise aussi débrouillardes que comiques ! Cependant, j'ai eu la chance de les côtoyer à quelques reprises et de m'entretenir avec eux. Un peu avant le lancement de novembre dernier, j'ai pu recueillir leurs commentaires sur ce nouvel opus de leur biographie. Voici un extrait de l'entrevue : RPL : Bonjour Nessie et Lochness ! Parlez­nous un peu de votre nouveau livre racontant la suite de vos aventures. Nessie : Est­ce que vous comptez acheter le tome 2 de notre biographie ? RPL : Oui, j'ai l'intention de le faire. Nessie : D'accord ! Nous allons répondre à vos questions. RPL : Ah, bon !!! Alors, dites­moi, est­ce que vous croyez que votre vie est assez intéressante et mouvementée pour écrire un deuxième livre sur vos activités quotidiennes ?

Nessie

Lochness

Nessie : Franchement !!! C'est insultant cette question ! Lochness : (Murmure) Laisse­moi répondre, Nessie. Je crois que tu as offusqué la dame. Tu oublies peut­être que c'est elle qui avait écrit une bonne critique sur notre premier livre. Tu manques quelque peu de diplomatie, ma chère. Regarde bien ce que peut faire un grand charmeur... (Sur un ton mielleux) Alors oui, chère madame RPL, nous croyons avoir une vie absolument palpitante au même titre qu'à peu près tous les chats de la terre. La différence avec nous, c'est que nous acceptons de dévoiler des pans de l'existence féline encore inconnus de l'humain. Nous sommes des êtres absolument attachants, tantôt émouvants et souvent impressionnants. Malheureusement, plusieurs humains ne s'en sont jamais rendu compte. RPL : Oui, je sais !

Nessie : Vous savez ? Que voulez­vous dire ? RPL : Je pense sincèrement que les félins sont des êtres absolument fascinants et très intelligents. Je suis une amoureuse inconditionnelle des chats. Nessie : Ah bon ? RPL : Eh oui ! Continuons notre entrevue, si vous le permettez ! Cher Lochness, dites­moi... Nessie : Non, c'est moi qui vais répondre aux questions maintenant. Lochness : (Murmure) Eh là ! Pourquoi toi ? Tu étais bien mal partie tout à l'heure et à cause de mon charisme exceptionnel, madame RPL n'a pas quitté les lieux et a bien voulu continuer l'entrevue. Nessie : (Murmure) Oui, bon, merci pour ton aide p'tit frère. Maintenant, c'est moi qui prends le relais. C'est moi le cerveau du tandem, après tout. Lochness : (Murmure) Donc, tu admets t'être trompée sur son compte, n'est­ce pas ? Allez, admets­le ! Quand on a des gens de notre côté, on devrait peut­être s'organiser pour ne pas les insulter, n'est­ce pas Nessie ? Alors, ressaisies­toi et sois polie. Tu sais que tous les chats n'ont pas eu une belle vie comme la nôtre, alors on pourrait peut­être profiter de notre tribune pour les aider. Nessie : (Murmure) Oui, t'as raison ! Je me suis trompée ! Je vais me reprendre. Alors, madame RPL, acceptez mes excuses et reprenons l'entrevue sur une autre base, si vous le permettez. RPL : J'accepte vos excuses, Nessie, maintenant revenons à l'entrevue. Racontez­nous comment vous est venue l'idée d'écrire votre biographie en plusieurs tomes ? Nessie : Pour être franche, c'est maman qui en a eu l'idée. Depuis notre arrivée dans la vie de nos parents adoptifs, notre maman Denyse a pris en note tout ce qui se rapporte à nous; et quand je dis tout, c'est tout ! Elle nous observe, surveillant chacun de nos faits et gestes. Au début, nous trouvions cela un peu déplaisant, mais par la suite, on s'est fait à l'idée et on ne s'en occupait plus. Puis, au fil des ans, la confiance s'est installée entre nos parents humains et nous. Petit à petit, nous leur avons fait quelques confidences sur la vie mystérieuse et cachée des félins. Suite à cela, ma maman a voulu écrire un livre racontant, en détail, notre vie. Nous avons toujours refusé. Pas question de lever le voile sur le mystère qui entoure la vie des chats. Puis... je ne sais pas si c'est l'âge et la maturité qui nous ont fait changer d'avis, mais nous avons accepté. Lochness : Il y a de ça, mais maman nous a dit aussi vouloir venir en aide aux gîtes félins qui accueillent et prennent soin des chats mal pris. Alors, pour les refuges et les organismes d'aide aux animaux qui acceptent de vendre nos livres, maman leur remet 40 % du montant reçu lors de la vente. Nos parents ont très à cœur d'améliorer la vie des chats qui ont eu moins de chance que nous. C'est pour ça qu'ils inviteront Céline et Carole qui sauvent plein de chats errants et abandonnés. D'ailleurs, le second tome leur sera dédicacé en hommage à leur dévouement pour aider les chats dans le besoin. Lors du lancement, ces dames au grand cœur pourront échanger avec les invités sur leur travail de sauvetage. Nessie : Oui, c'est vrai ! RPL : C'est vraiment une excellente raison d'avoir accepté d'écrire ces livres. Est­ce que les chats, au courant de ces révélations, approuvent ce que vous avez fait ? Nessie : D'après ce que nous avons entendu à travers les branches, certains ne sont pas du tout d'accord avec cela. Ils souhaitent conserver le mystère qui plane sur notre espèce. Lochness : Oui, mais les chats errants et abandonnés que j'ai connus sont tout à fait d'accord avec nous car plusieurs m'ont déjà dit que ça ne pourra que servir la cause. RPL : Pour les gens qui ne pourront se rendre au lancement, où pourront­ils se procurer le premier et le deuxième livre de votre biographie ? Nessie : Le premier livre est présentement en vente à la SPA Beauce­Etchemin de Beauceville3. Les tomes1 et 2 sont en vente au Refuge Chaline de Québec4 et ils sont également disponibles, pour achat en ligne, sur notre site à l'adresse suivante : http://deuxscottish.ca/

RPL : Aimeriez­vous ajouter quelque chose pour conclure cette entrevue ? Nessie : Nous invitons les gens à se procurer notre biographie. Et, tant qu'à faire, à acheter un exemplaire supplémentaire pour offrir en cadeau. Lochness : En plus d'aider les refuges, vous rirez un bon coup à la lecture de nos aventures. Je peux vous assurer que ma sœur et moi n'avons pas eu une vie banale.

Nous sommes de joyeux lurons et, plus encore, nous connaissons des personnalités célèbres. RPL : Quelles sont­elles ? Nessie : À vous de les découvrir ! RPL : Merci beaucoup Nessie et Lochness. Nessie : Merci à vous également ! Lochness : Oui, merci beaucoup pour l'entrevue ainsi que pour votre patience envers ma sœur, madame RPL. (Murmure) Une chance que j'étais là pour sauver la mise, p'tite sœur ! Nessie : (Murmure... d'un ton moqueur) Bien oui, grand charmeur !!! Tant qu'à faire le malin, tu pourrais aussi donner un livre à madame RPL pour qu'elle le fasse tirer dans son magazine. Lochness : (Murmure) Quelle bonne idée ! Madame RPL... ne partez pas ! Je vais vous donner un livre pour l'offrir en cadeau à l'un de vos lecteurs. Nessie : (Murmure) C'était une blague Lochness ! Lochness : (Murmure) Trop tard ! Elle revient !!! Hahaha ! RPL : Vous êtes des chats d'une grande générosité. Merci beaucoup à vous deux ! Lochness : Ça nous fait réellement plaisir, n'est­ce pas Nessie ? Nessie : (D'un ton sarcastique) C'est évident... Lochness !!! Cette entrevue dépeint bien la personnalité colorée de ces deux célébrités. Nessie, le cerveau du tandem, est très intelligente et déterminée tandis que Lochness est un grand charmeur un peu naïf, mais terriblement attachant. Encore une fois, merci aux deux célèbres félins, d'avoir accepté de répondre à mes questions en toute sincérité. Pour vous inscrire au tirage du livre Au service de deux Scottish de 2004 à 2006, gracieusement offert par Nessie et Lochness, surveillez l'annonce qui paraîtra dans le prochain numéro de RPL (Printemps 2016). 1

Revue Pattes Libres, Vol. 2, No 3 ­ Automne 2014, p. 30.

2

Au service de deux Scottish de 2004 à 2006. Éditions Les carnets de Dame Plume, 2015, 194 p., 25,00 $.

3

733, route Kennedy, Beauceville (Québec). G5X 1C2. Tél. : 418­774­8803.

4

448, avenue Santerre, Québec (Québec). G1M 1Z7 ­ Tél. : 418­682­3439.

LANCEMENT DU LIVRE : AU SERVICE DE DEUX SCOTTISH DE 2004 À 2006

Présentation de l'auteure, Denyse Gauthier, par Jocelyn Drolet.

L'auteure en compagnie des éditeurs, Ghislaine Boissonneault et Réal Dubois. L'auteure en compagnie de Martine Costin, membre de l'équipe Pattes Libres, lors de la séance de signature.

Différents articles en vente afin d'amasser des fonds pour les deux refuges présents lors du lancement.

Carole Duplain (Animal Sans Toit) et Céline Lortie (Refuge Chaline).

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Les attaques de chiens

E

nfants défigurés par des pitbulls, mordus par des molosses, attaqués par des rottweilers, les médias font leurs choux gras de ces histoires. Quand, un matin, la radio parlée s’empare d’une nouvelle du genre, ouvre ses lignes et propage l’idée qu’une race de chien en particulier devrait être éradiquée, bannie, éliminée, j’ai avantage à garder mon chien en laisse, même au plus profond des bois, là où seuls les loups sont rois. Quand Pascal a commencé à se traîner, Maggie n’a pas très bien réagi. Aussitôt qu’elle était dérangée dans son sommeil, elle grognait très fort. J’ai pris les moyens qui s’imposaient pour préserver l’harmonie au sein de ma meute­famille. J’ai tranquillement désensibilisé mon chien aux caresses un peu rudes de la Terreur, j’ai éduqué mon fils au respect à l’égard des animaux, j’ai habitué ma chienne à faire de plus longues périodes sur le patio, été comme hiver, sans trop japper, je me suis procuré une cage pour qu’elle ait son petit coin à elle. Je n’ai pas trouvé la solution miracle, mais de petits accommodements qui ont permis à chacun des membres de ma famille d’être heureux, en sécurité et en paix. Qu’il soit question de ma chienne, de mes enfants, de mon conjoint ou de moi. Or, j’en ai entendu des commentaires du genre : « Oui, mais… ta chienne, elle grogne fort... T’as pas peur qu’elle mange le bras d’un de tes gars ? Ou qu’elle lui bouffe la face ? Moi, si j’étais toi… » Et je répondais, toujours aussi calme : « Oui, c’est vrai, c’est possible, ça se peut qu’un chien pogne les nerfs, comme n’importe quel humain poussé à bout. » Mais le message ne passait pas. Ces personnes anxieuses, voici ce qu’elles entendaient : « Oui, ça se peut que mon chien mange mon bébé, mais ce n’est pas grave, je m’en fous. » Elles auraient voulu que je leur dise ceci : « Non, y a pas de danger, c’est un bon chien. » Et elles auraient été rassurées, et on aurait pu parler d’autre chose. Moi, je ne voyais pas les choses ainsi. Me rassurer avec des mots, ça ne suffit pas. Le déni, ça ne permet pas de trouver des solutions. La pensée magique, ça ne permet pas de prévenir les accidents. J’ai d’abord reconnu la possibilité qu’un malheur survienne et j’ai pris les moyens qui s’imposaient pour l’éviter autant que possible. J’ai par contre dû reconnaître que le risque zéro n’existe pas. Il n’existe pas quand je prends ma voiture, ni quand je traverse la rue, ni quand j’évite de mettre ma main sur une poignée de porte pleine de microbes dans les toilettes d’un hôpital, ni quand je marche seule en ville. Des avions qui tombent, des combustions spontanées, des balles perdues, des texteurs au volant, des chiens agressifs dans les parcs, il y en aura toujours. Ça pourrait même être un joli écureuil qui a la rage. Des potentiels de possibilité de « ça s’peut » qu’on meurt, y en a toutes les secondes de notre vie. Éviter un drame canin dans ma maison, ça commence d’abord par l’acceptation d’une telle éventualité. Et, naturellement, pour moi, l’étape suivante, c’était la mise en place des moyens mis à ma disposition pour tenter le plus possible d’éviter un malheur. Or, si j’ai un certain contrôle sur le plancher, dans ma maison, je n’en ai pas autant lorsque mes enfants jouent à l’extérieur, que ce soit dans un parc, dans la rue, et même sur mon propre terrain. Voici donc mes cinq recommandations de maman pour éviter autant que possible qu’un chien n’attaque votre enfant. 1. Renseignez­vous au sujet du langage canin. Les chiens ne mordent pas sans raison. La plupart du temps, ils signifient leur inconfort. Plus vous serez à même de comprendre ce qu’ils « disent », plus vous pourrez prévenir les drames. 2. Éduquez vos enfants. Montrez­leur à comprendre le langage canin. Expliquez­leur que ce ne sont pas de gros toutous à coller, à bécoter ou à flatter n’importe comment.

Ce sont des êtres vivants, sensibles, dotés d’une intelligence surprenante, et qui méritent d'être respectés. Ils vous le rendront au centuple. Vos enfants, même à deux ans, sont capables de percevoir les signes qu’émettent les chiens pour exprimer leur inconfort. 3. Utilisez le renforcement positif. Tout le monde aime être félicité pour ses bons coups. Comme parents, nous aimons que les gens remarquent nos compétences. Comme employés, nous espérons que notre patron nous félicitera. Nos enfants aiment aussi que nous les encouragions à adopter les bons comportements. Le renforcement positif n’est pas seulement bon pour les humains, il est tout aussi efficace pour nos bêtes. Lorsque vos enfants entrent en relation avec un chien inconnu et que tout se passe bien, félicitez­les. Félicitez l’animal également. Lorsqu’il se fera caresser les oreilles par un autre enfant, il tendra à répéter ce bon comportement. 4. Fiez­vous à vos perceptions et non pas à ce que les autres vous disent. Souvent, lorsque l’un de mes marmots flatte un chien inconnu, la personne au bout de la laisse m’avait bien dit que c’était une bonne bête. L’ami humain connaît peut­ être son chien, mais il se peut qu’il ne connaisse pas le langage canin. J’ai donc souvent vu des chiens qui détournaient le regard, qui bâillaient, qui se léchaient les babines, qui écrasaient les oreilles, alors que le Deux­Pattes continuait de me dire qu’il n’y avait pas de danger. Mais je percevais bien qu’il s’agissait d’une bombe à retardement… Et je me suis affirmée… 5. Affirmez­vous. Ce sont vos enfants. C’est votre devoir de les protéger. Si un propriétaire récalcitrant détache son chien aux abords des jeux, au parc, dites­lui qu’il enfreint le règlement. Si votre voisin détache son chien et que celui­ci ne vous inspire pas confiance, dites­le­lui. Il se peut que l’animal soit le plus gentil des toutous et que ce contact suffise à apaiser votre anxiété. Et il se peut aussi qu’à la suite de cette rencontre, vous décidiez de faire clôturer votre terrain. Jamais vous ne saurez si vous avez réellement évité un drame. Mais s’il en survient un, vous pourrez au moins vous dire que vous aviez fait quelque chose. Que vous n’êtes pas resté dans le déni et l’inaction. N’hésitez pas à prendre contact avec un comportementaliste canin si vous en sentez le besoin. C’est ce que j’ai fait. J’étais alors convaincue que Maggie était un bon chien. Et après avoir fait en sorte d’éviter le plus possible qu’elle ne morde un de mes enfants, j’en suis encore plus convaincue. Elle a une patience d’ange, cette blondinette. Je vous propose également de consulter le site Web Mon ami Muso ­ http://www.muso.ca/. Vous y ferez des découvertes utiles. Et pour conclure, je vous rappelle qu’il vaut mieux prévenir que guérir.

Jardin du cœur !

J

e les ai vus partir ! Ils ont quitté le nord, le froid, envolés loin de nous. Comme toujours, en silence et le cœur lourd, j'ai compris leur départ, leur migration. J'ai salué leur courage, leur grandeur et j'ai pensé à ceux qui restent. Bâti dans la cour, un petit coin pour les petits et les plus grands qui, pour des raisons connues d'eux seuls, ne partent pas. Mystère ! Emplies les mangeoires… et ce matin, je les regarde, le cœur en joie. Les valeureux oiseaux déjeunent au jardin.

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Mon Noël 2015 !

W

ouaf ! Noël ! Ah, le temps des visites. Mais c’est aussi le temps du bruit et des dérangements de routine. Il faut que je vous le jappe, j’adore sentir du monde, surtout Papi et Mamie, mais j’aime quand même quand tout reste pareil à la maison. Moi, pour le réveillon du dernier Noël, j’ai eu de la chance parce que ce sont mes papas qui se sont déplacés. D’accord, c’est un peu triste de nous avoir laissé seules pendant quelques heures alors que tout le monde était en vacances, mais je suis contente de ne pas avoir été dans la tourmente d’une famille nombreuse : huit adultes et quatre enfants, dont des très petits qui auraient passé leur temps à vouloir nous caresser, nous bécoter, nous courir après… Wouaaaaaaf, je suis épuisée rien qu’à y penser, saintes tripettes de canard ! Et j’imagine ma sœur, cette espèce de « dog in need of space1 » prise dans cet étau familial. J’aurais vraiment eu peur qu’elle ne lâche un de ces fameux « wack » rapide et strident dont elle seule a le secret et qui saisit tout un chacun lorsqu’il ne s’y attend pas, nom d’une croquette ! Bref, tout ça pour dire que même si mes papas avaient mauvaise conscience de nous laisser à la maison, je suis bien contente qu'ils l'aient fait. J’ai ainsi pu passer le réveillon de Noël en truffe à truffe avec ma sœurette et on a fait ce qu’on voulait. On a dormi, bien sûr. On a surveillé le chalet aussi, en jappant quelques fois, même lorsqu’on savait que c’était inutile, mais c’est si drôle de faire monter la tension parfois. On a déchiré une boîte de Kleenex et sorti tous les mouchoirs en prenant bien soin de les imbiber de salive. On a fouillé dans les poubelles, enlevé une semelle des chaussures de papa Éric. Et surtout, surtout, on a fait semblant de se faire la guerre : c’est un jeu palpitant. C’est à qui grognera le plus longtemps avant que l’autre n’arrête. Je suis particulièrement douée à ce jeu­là, foie de canard ! J’ai une endurance hors du commun ! Mon truc c’est de ne pas grogner très fort, mais longtemps. C’est la technique de l’épuisement. J’économise mes forces. Là où ma sœur pousse des petits cris aigus et fait semblant de se précipiter sur moi, j’émets un son long, ronflant et je reprends mon souffle régulièrement, le tout sur une seule note. Et ça dure, et ça dure… Il n’y a que mes papas pour m’arrêter. Sinon, je suis capable d’aller jusqu’au bout de la nuit, nom d’un os à moelle ! Et donc, une fois n’est pas coutume, j’ai gagné à ce jeu­là le soir du réveillon de Noël. D’ailleurs, lorsque mes papas sont revenus, j’étais super énervée. Je criais en me tortillant de tous côtés, mais je pense qu’ils n’ont pas vraiment compris la raison de cet entrain. Je pense plutôt qu’ils se sont imaginés que je m’étais ennuyée d’eux. Bouaf ! C’est pas grave. Il va falloir que je révise ma stratégie de communication.

Bref, tout ça pour dire que Noël c’est un moment important de l’année dans nos niches humaines. Les vacances de Noël c’est le moment où mes papas font le grand ménage. Souvent les gens font la même chose, mais au printemps. Mes papas eux, ne fonctionnent pas comme grand monde. Alors ils font ça à Noël. Et 2015 n’a pas fait exception. La niche y passe au complet. Les tiroirs, les armoires, la cuisine, les gamelles, la salle de bain, la chambre à coucher… On se débarrasse de tout ce qu’on a pu accumuler au cours d’une année complète. On fait le vide pour recommencer la nouvelle année libre de tout surplus. Et il a bien fallu que Tonalli et moi, on se mette à la tâche aussi. Il a fallu qu’on trie nos affaires et qu’on prépare une boîte pour participer au « petit Noël des grands oubliés », un projet mis sur pied par l'Art des Animaux et la Revue Pattes Libres2. C’est une occasion magique où les chanceux canidés d’entre nous ont l’occasion de redonner à leur cousin et cousine moins fortunés et encore en refuge, des jouets. J’aime bien faire ça. J’imagine toujours le grand sourire d’un des chiens de refuge lorsqu’il recevra mon canard couinant et surtout tout ce qu’il pourra connaître de moi grâce à mon odeur. J’espère qu’il y sentira de l’espoir pour la suite de sa vie. Finalement, Noël, c’était aussi la visite de routine chez le vétérinaire. Alors bien sûr moi, autant le japper tout de suite, je n’ai aucun problème. Je suis en parfaite santé. Ma sœur Tonalli par contre… woueuf… ben ça fait un peu pitié. Pour te dresser une liste non exhaustive : un léger surpoids, une grosse accumulation de tartre sur une molaire et des griffes à couper. Alors mes papas, sur les conseils du vétérinaire vont être obligés de surveiller sa nourriture. Non pas qu’elle soit goinfre, mais elle est capricieuse, trèèèèès capricieuse. Des jours, elle mange, mais d’autres jours, elle ne mange pas. Et lorsqu’elle mange, pour compenser les jours où elle n’a pas mangé, elle demande plus de nourriture ! Mais ça ne marche pas comme ça a dit Isabelle Vétérinaire. Il faut de la régularité. Alors, si elle ne mange pas, c’est tant pis pour elle. Elle doit attendre le prochain repas. De toute façon, Tonalli ou un autre chien ne se laisseront jamais mourir de faim. C’est l’instinct de la vie qui prime. Pour ce qui est du tartre, nom d’un foie séché émietté, j’ai appris qu’il fallait demander à nos papas de nous brosser les dents de temps en temps. C’est sûr que les os à moelle ou autre delicatessen à ronger donnent un bon coup de coussinet, mais ça ne fait pas tout. Alors il faut que nos papas mettent la main à la pâte… à dent, wouafafafaf. Il existe tout un tas de matériel prévu pour ça et surtout du dentifrice spécial canin, car le dentifrice humanoïde n’est pas conseillé. Mes papas ont manqué de courage pour l’instant et n’ont pas encore nettoyé les dents de ma sœur. J’ai quand même remarqué, moi qui ai le museau fin comme un renard, qu’ils ont retrouvé une brosse à dent et un dentifrice lors du fameux ménage annuel. Le moment critique pour l’hygiène dentaire de Tonalli approche donc à grandes pattes. Ça risque d’être fort intéressant et comique. Je me propose donc d’en faire un photoreportage et de le publier dans un prochain numéro. Je verrai bien, foie de canard !!! En attendant je te souhaite le meilleur pour 2016… et n’oublie pas d’aimer ton chien comme il se doit, et même encore plus.

xoxo Lupita

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www.dogsinneedofspace.com

2

Voir le reportage de la distribution des cadeaux dans les refuges en pages 13­16.

RÉSUMÉ du précédent (et quatrième) chapitre Quelques minutes avant d’accueillir mon premier patient du matin en psychothérapie, Lester (petit Teckel­partenaire) et moi­ même, tînmes une conversation humanimale. Bien emmitouflé sous sa couverture, mon fidèle saucisson m’informa de l’arrivée de M. X, et ce, avant que ne l’ait fait le carillon d’entrée. À travers des interactions, vocales pour lui et verbales (pensées, mots) pour moi, nous échangeâmes quelques informations. La nature très prosaïque de celles­ci (Est­ce notre client ? Oui, c’est lui. Etc.) n’empêcha nullement mon Esprit fébrile de s’exciter en réflexions sur cette situation de communication inter espèce. De la neuroscience affective à l’intersubjectivité, en passant par donner la réplique, à coups de contre­arguments, aux tenants de la thèse de l’absence d’intentionnalité chez le chien… Les Pensées fusèrent! Mais, Ô malheur, la rédaction de ma note évolutive, quant à elle, n’avança guère. 7 : 59 nous vit émerger simultanément, Lester et moi, qui de son douillet cocon de couverture, qui du confort de ses joutes oratoires internes. Il fallait accueillir M. X. Je m’adressai à Lester en ces termes : « Là, ça va être à toi de jouer. »…

NOTE (et digression explicative) de l’auteure à l’attention du lecteur. Dans le chapitre dont vous vous apprêtez à faire lecture, la narratrice que je suis souhaite faire de la place à Lester, véritable héros de ces Aventures Humanimales ! Mais comment caniniser l’écriture ? La Vie étant ce qu’elle est, j’imagine bien ne rien vous apprendre en affirmant que ni vous, ni moi n’appartenons à la noble gent canine. (Peut­être Hélas! Des primates encombrés d’un gros… Trop gros !?... néocortex; voilà notre criante Vérité.) Lester ne peut donc s’adresser directement à vous alors que des Umwelts2 (ou umwelten) vous séparent; son monde propre, créé par ses perceptions sensorielles et ses processus mentaux, n’est évidemment pas le même que le vôtre… Ou le mien d’ailleurs. En même temps, nous partageons pourtant beaucoup lui et moi : une Réalité commune, un bureau de consultation, des interactions inter espèces, une relation tripartite avec un patient : M. X (et bien d’autres !). Comment traduire ? Je ne saurais vous faire pénétrer, de chair et d’âme3, dans notre cabinet de consultation. Ce serait peu approprié, voire carrément contre­indiqué eu égard aux enjeux de confidentialité. Conséquemment, impossible que je me désengage légèrement, que j’adopte une posture de neutralité bienveillante et que je tienne l’espace sécuritaire au niveau physique et psychologique qui permettrait à Lester d’aller à votre rencontre. Outre un séminaire au Centre Humanimal (vous êtes les bienvenus !), il me reste donc la plume… Je la brandis pour vous donner un rendu bien imparfait de cette Richesse latente dont est porteuse toute rencontre humanimale ! Mais je vous avise que pour faciliter ou plutôt imaginer la traduction du lesterais au français, il me faudra bien avoir recours à quelques tours de passe­passe littéraires. Faute de pouvoir rédiger un texte à coup de phéromones d’odeurs, de ressentis infra­conscients et autres témoignages de 6e sens, je vous propose d’anthropomorphiser quelque peu. Mes avis que la saveur rocambolesque de ces tribulations m’y autorise amplement, non !? Bon, voilà que mes pensées s’excitent de nouveau sous forme de discours interne auto­adressé : Misère, Emmanuelle! Tu vas vraiment faire parler Lester ? Comme dans les films ou les livres ! Comment veux­tu qu’ils te croient ensuite quand tu leur dis que vous communiquez pour vrai de vrai. Que c’est d’ailleurs cette communication humanimale tripartite qui est le socle de l’intervention assistée/facilitée par l’animal (la zoothérapie) telle que tu la conçois et la vis. (Soupir) Bah ! Tant pis. Ceux qui aiment les mots et les idées, les jeteurs de ponts, les tisseurs de liens sauront bien lire entre les lignes. Ils garderont ce biais de perceptive humaine en tête et ajusteront. Faut bien qu’il serve, ce gros cerveau capable de théories de l’esprit complexes ! Telle fut ma conclusion. Pour tous ceux qui crient au sacrilège malgré tout, voici un résumé (toujours impie, j’en conviens, mais un peu plus conservateur) de l’action qui se déroula selon Lester, ce jour­là, dans mon bureau : Sons.

Odeurs. Contacts physiques. Ressentis corporels. Activé + +. Ensemble. Activé. Et même, en anticipant

sur le chapitre 6 : Seul. Tendu. Désagréable.

Inconfort = Bouger­Détruire.

Gestes. Ensemble. Agréable. Détendu. Bien­être. Confort = Se Coucher ­ Relaxer. Neutre.

Mots. Mots. Mots. Mots.

Lien. Lien. Lien. Lien. Lien. Entre Mon­Humaine ­ Moi. Contact……… Lien…… Toujours en volant les punchs du chapitre 6 : Contact… Lien………… Contact. Lien. Lien. Lien entre l’Autre­Humain­Moi. Auto. Tanière !!!4

Sur fond de :

CHAPITRE 5 : Où Lester rapporte son point de vue, de l’intérieur, alors qu’il tâte de la Richesse de la connexion humanimale dans notre cabinet de consultation. Frissons d’excitation anticipatoire. « Attends­moi un instant, je reviens.», me dit­elle en se tournant vers moi. Contact visuel. Son corps devant moi. Pression de tout son être qui se penche légèrement sur moi et qui bloque le mouvement… Net. Pression de ses yeux qui me fixent. Pression de sa voix5 qui empêche. Mon élan mourut. Inhibé. Comment traduirai­je le message de mon ressenti corporel en mots humains ? Ce fut pourtant si clair en moi. Voyons voir… Quelque chose comme : NE PAS !? Ne pas me précipiter vers la porte. Ne pas gratter et me faufiler lorsqu’elle s’ouvre. Ne pas… C’était difficile de, comment dire encore ?... Avoir toute cette énergie accumulée et lancée vers l’action qui soudainement se faisait bloquer. Eh oui ! C’est que malgré ma posture neutre, sous ma couverture, je n’étais pas entièrement assoupie. J’avais entendu, senti… Et ressenti l’Humain­connu­agité­à­l’odeur­de­peur­et­de­ chat (M. X). Je savais que bientôt, ce serait mon tour. Mais pas tout de suite. J’anticipai le rituel à venir, en attendant le signal. Et ledit signal, l’Humaine­qu’on­a­intérêt­à­suivre­si­on­veut­occuper­ses­journées­à­autre­chose­que­dormir­et­japper­après­les­ mouches. Mon­Humaine (Emmanuelle), elle l’avait fait : elle était sortie de l’intérieur d’elle pour apparaître… Curieusement, elle fait tanière d’elle­même, Mon­Humaine. Les humains font ce genre de chose. On sent bien qu’ils sont là, mais comme loin… Tout en étant à quelques centimètres. Mon­Humaine appelle ça être dans son Monde interne. Le fil qui nous relie est très étiré quand elle va là. Les premiers temps de notre rencontre, ça m’insécurisait si elle y restait trop longtemps ou bien lorsqu’elle allait trop loin… Je crois qu’il y a pleins de tunnels, sous­chambres et autres ramifications à ce genre de tanière. À moins que ça ne débouche carrément sur des territoires que je ne connais pas ? Ça m’inquiète encore parfois, mais juste si je sens qu’elle s’agite trop. Lorsqu’elle est loin, que le fil­cordon qui nous unit est très, très, très étiré et qu’en plus elle gigote, je m’agite moi aussi. Les humains parlent d’un phénomène de contagion affective, de charges internes non­neutralisées qui activent le système. Ils sortent plein de termes pour expliquer : neurones miroirs, capacités de contenance et de régulation des émotions, mentalisation qui tombe en panne si l’activation interne monte en flèche, etc. Ils en disent des mots les humains… Surtout lorsqu’ils sont psys comme Mon­Humaine. Le fait est que moi, en plus de me rentrer littéralement dans le corps, ce genre d’état, je crois bien que ça résonne à l’intérieur et réveille d’autres choses… C’est que, s’il cassait ce fameux fil­cordon, je serais seul. Je m’agite doublement. Être seul… C’est l’angoisse ! (Frisson) Pour le mammifère social que je suis, à long terme, c’est parmi les pires agents stresseurs. Ajoutez à cela que moi, j’ai déjà été très, très seul dans mon autre vie. Ça laisse des traces. Des réseaux neuronaux bien ficelés serrés, qu’elle dirait, Mon­Humaine. Lorsque mes autres humains partaient, j’étais seul à la maison. J’ai appris, au fil du temps et par la nécessité de la vie à m’attacher à mon territoire, à des places, à des objets. Des stratégies de coping face à l’anxiété de séparation. Des genres de doudous, version chien. Les traces olfactives constamment renouvelées de mes humains me rappelaient qu’ici, c’était la tanière… Notre tanière. C’est pour ça que j’aime autant le lit, les fauteuils préférés de mes humains, leur linge… Eux ils disent sales… Moi, je dis : porteurs de vie donc preuves tangibles de leur passage récent et porteurs d’espoir de leur retour éventuel. Dans l’absence, les odeurs sont ma réassurance. Donc moi je dis : Grrr ! Aux produits nettoyants. Re­Grrr ! Aux mannes à linge fermées. Et Triple­GRRRRR ! Aux règles prêtes­à­penser dans les émissions télé qui disent qu’il faut m’empêcher, me contraindre, me priver pour rester le chef de meute. La vérité c’est que vous les Humains, vous êtes des primates hautement hiérarchisés qui semblez beaucoup préoccupés de Pouvoir. Dans mon Monde canin, le fait politique ne se retrouve pas à tous les détours. Vous faites fausse route en voyant dans mes tentatives de me rassurer en votre absence une espèce de putsch prémédité visant à renverser votre pouvoir et à assouvir ma tendance prétendument innée à vous dominer… Mouhahaha ! Vous dominer TOUS !!! (rire et voix machiavélico­hystérique de VOS méchants de films). Non content de me prêter des désirs hitlériens, comment dois­je interpréter votre idée selon laquelle je ne saurais trouver mon bien­être qu’à travers un état de soumission servile… Qu’en plus, cette dépossession pure et simple de toutes possibilités de libre arbitre ou de pouvoir décisionnel sur ma propre vie me laisserait empli de gratitude et de reconnaissance. Arg ! Je tiens à rétablir les faits, quitte à choquer. Les fantasmes de domination et autres projections sado­masos, ce sont des trucs de primates, ça. Les Sades et autres versions mainstream édulcorées à la Cinquante nuances de Grey, ce n’est pas d’un cerveau de Teckel que ça sort. Moi, à l’époque, j’essayais juste de me gérer en attendant que mes humains reviennent. Leurs odeurs fraîches, ça me permettait de tenir… La suite, vous la connaissez, Mon­Humaine vous l’a déjà racontée au premier chapitre : après une tempêtes de sensations, de cris, de lamentations; sans trop savoir ce qui m’arrivait, je fus parachuté dans ma nouvelle famille. Là, faut le reconnaître, y’avait du Monde ! Plus jamais seul, d’accord… Mais plus aucun repère non plus. Il ne me restait que mon propre corps que je reconnaissais. Me cacher. Me lécher moi­même. Marquer de mon urine, quand je pouvais… En catimini… Quand la Famille Humanimale avait le dos tourné. Je cherchai à me créer de nouveaux repères, à communiquer avec le clan des Bergers belges par courriels­ phéromonaux­interposés. Me laisser sentir ou carrément aller sentir ces loups bergers à l’aura d’assurance hautaine. Houlà… Trop risqué. À vrai dire, je fus un chien qui ne connaissait que peu ou pas les chiens. Un genre de Mowgli inversé version domestique, quoi. Je crois bien que nous sommes plusieurs comme ça au Québec. Bref ! Moi, toute cette histoire de vie m’a laissé hyper­sensible à tout ce qui est s’activer, s’agiter, être seul, être mal, avoir peur… Je vous entends réfléchir : Mais là, qu’est­ce qu’il fait dans un bureau de consultation celui­là ? Elle se l’est beaucoup demandé aussi. En fait, moi, j’ai juste voulu suivre l’Humaine­qu’on­a­ intérêt­à­suivre­si­on­veut­occuper­ses­journées­à­autre­chose­que­dormir­et­japper­après­les­mouches… Mon­Humaine. Au moins, elle est toujours avec moi, elle. Sauf le temps d’aller chercher une personne. Aujourd’hui, c’était l’Humain­connu­agité­à­ l’odeur­de­peur­et­de­chat. Ce n’était pas la première fois. C’était du connu. Du prévisible. Du ritualisé. Et en plus, j’avais ma couverture…

Elle fit le signe. Elle sortit de sa tanière interne. Elle repoussa sa chaise, se leva, replaça la chaise et se dirigea vers la porte… Toute cette vague d’énergie se répandit en moi. Mes neurones miroirs se mirent à décharger. C’est alors qu’elle se tourna vers moi pour me dire : « Attends­moi un instant, je reviens ». Je fus stoppé dans mon élan pour lui emboîter le pas. C’était désagréable ou peut­être inconfortable de devoir garder en moi toute cette énergie. Puis, je crois que je reconnus quelque chose… Était­ce la séquence d’actions, l’enchaînement des mouvements, ses gestes, les mots prononcés, le ton employé ? Tout cela me rappela les autres fois. Flash visuel : Salle d’attente. M. X, en contre­jour, se levant d’une chaise. L’image était claire. Je connaissais ce jeu­là… La porte se referma. Je perdis le visuel. Attendre. Juste un peu. Je sentis le fil­cordon du lien qui nous unissait s’étirer. À défaut de la suivre physiquement, j’usai de mes autres sens pour l’accompagner. Reniflant sous la porte, je refis le plein de ses particules d’odeurs. Celles de M. X s’y mêlèrent, m’emplissant la truffe du même coup. J’y décelai… Un bizarre mélange d’excitation et de peur. De la vieille peur et de la peur fraîche. Agitation. Re­snif ! Hyper­snif ! Scratch. Scratch. (Moi, c’est comme ça. Quand mon activation interne monte, je tombe dans mon nez. Ou je gratte. Ou je m’empare d’un objet, le secoue et le mastique. Plus la pression monte, plus mes possibilités d’actions se restreignent. (C’est ma génétique de Terrier qui s’exprime à travers mes patrons moteurs de chasseur­tueur­de­rongeurs). Soudainement, le flux de l’énergie dans notre fil­cordon­lien décrut. Inquiétude. Manque. Elle m’abandonne ? Non. Elle était toujours là, avec moi. Je l’entendis dire mon nom : Lester. Reflux chaleureux dans le cordon­lien. Tap. Tap. Tap. (Son de ma queue battant contre le bureau près de la porte.) Mais, mais… Que faisait­elle maintenant ? Je la perçus comme se déployer, se tendre6 vers M. X. Juste un peu. Elle heurta quelque chose et recula. M. X était étrange. Quelque chose clochait avec les forces en présences à l’intérieur de lui. Il projetait un tel flot d’énergie liante vers Mon­Humaine, mais seulement une infime partie de celle­ci arrivait à passer à travers la bulle­frontière autour de lui. Ça avait aussi à voir avec sa capacité à tisser et à projeter son cordon­lien. Ça restait pris en lui et semblait aller nourrir sa bulle­frontière qui avait d’ailleurs plutôt des allures de cocon­carapace. M. X souffrait. Je percevais très nettement les signaux d’animal blessé qui émanaient de lui. C’était souvent la tempête en lui et par lui. Et lui, il était pris là­dedans. Dans tout ce flux de vie qui voulait sortir et se lier mais qui, se heurtant à lui­même, lui revenait dessus avec force et contribuait à l’encager toujours plus. Manque. Besoin. Faim. Agitation. Frustration. Peur. Impuissance. Rage. M. X, ça le rendait fou d’être en cage. Grondements. Gémissements. Appels de détresse. Tantôt, il enrageait de ne pas pouvoir sortir et voulait mordre tout ce qui passait à proximité (Mon­Humaine, par exemple); tantôt il implorait qu’on l’aide à sortir; tantôt il se couchait à l’intérieur de lui, vidé… Abattu… Attendant la mort. C’est dérangeant la détresse des autres. Surtout quand on ne sait pas trop quoi en faire. On veut que ça arrête. Si je simplifie pour les besoins de la cause, il semblerait que les humains, comme bien des mammifères sociaux d’ailleurs (dont ma propre espèce), n’ont que quelques types de réactions possibles face au Mal­Être de l’Autre. Il y a : Les pro­actifs­qui­vont­vers… C’est­à­dire, ça m’agite et je tente d’agir sur/d’apaiser l’être porteur du mal­être; histoire d’agir à la source et d’ainsi m’auto­apaiser. Les pro­actifs­qui­s’éloignent­de… Hummm !? Y a l’air d’avoir trop de bibittes celui­là, poussons­nous. Les passifs­figés… Ce mal­être m’envahit et me fige. Je me sauve, mais par en­dedans. Les passifs­indifférents­car­insensibles… Hein ? Quoi ? Il se passe quelque chose ? Pas vu ça, moi. Vous êtes sûre ? (plutôt rare). Si la sauce affective monte trop, les choix se réduisent à une peau de chagrin, et ce, pour tout le monde : Attaquer, Fuir ou Figer. C’est là que ça devient vraiment l’horreur... Pour taire et faire taire, j’ai appris que les humains mettent parfois des colliers à la citronnelle, des colliers électriques ou des muselières à leurs chiens avant de les enfermer dans des cages, au fond du sous­sol, dans une pièce close ou dans le garage. Y’en a qui crient, qui frappent. Y’en a qui mettent sur Kijiji, qui laissent sur le perron de la SPCA ou qui euthanasient. C’est Humain. C’est Animal. C’est chercher à bâillonner la souffrance, tantôt comme réflexe premier, tantôt en désespoir de cause. Dépendamment des apprentissages, des croyances, du contexte, des capacités de chacun. M. X, d’une certaine façon, c’est ce qu’on lui avait fait. En plus, il avait été très seul. Seul avec sa souffrance. Plus seul, même, que le chien que je fus. Beaucoup trop seul. Pendant trop longtemps. Ça l’avait rendu très malade dans son cœur, dans sa tête et dans son corps. Ce qui circule dans le cordon­lien que tissent les animaux sociaux entre eux après la naissance (et même déjà dans le ventre de leur mère), c’est une nourriture affective aussi vitale que les nutriments qui passent dans le cordon ombilical. Pour les chiens, comme pour les humains. M. X, on l’avait peu nourri. Il avait eu faim. En plus, la nourriture qu’on lui avait donnée était pauvre et souvent même toxique. Tout son être, pour survivre, avait appris à exiger de manière vorace mais à se fermer en même temps, à repousser toute nourriture et à recracher systématiquement, histoire de ne pas s’empoisonner. Comment être dans le monde ? Seul. Seul. Seul. Avoir si Soif de l’Autre, mais avoir eu et toujours avoir tant de douleur à boire qu’on en développe une Phobie de l’Eau­tre. C’est la Rage ! Et M. X l’avait. Je le sentais bien et ça m’inquiétait. Moi, j’étais un pro­actif­qui­s’éloigne­de. Ou, si coincé, un passif­ qui­fige. On l’avait constaté. Mais j’avais insisté pour revenir. Encore et encore. Mon­Humaine menaçait d’ailleurs de m’en empêcher à chaque fois à coups de mille tergiversations internes du genre : enjeux éthiques du recours à l’animal dans la cure, bien­ être animal, bien­fondé de m’amener vu ma fragilité, nécessité que j’y trouve mon compte, analyse de sa compétence à gérer, plan B si jamais je ne me sentais pas bien en cours de route, alouette ! À chaque fois, j’y avais coupé court, oubliant ma réserve naturelle. Je revendiquais mon droit à dire mon opinion en me précipitant dans ses pattes lorsqu’elle sortait, en volant jusqu’à la voiture, en grimpant au galop la volée de marches vers le bureau et en gagnant fièrement ma place sur ma couverture. Je suis un chien assez autodéterminé quand je m’y mets.

Elle avait intérêt à marcher ses beaux principes quant au droit de l’animal à choisir pour lui­même ! J’avais donc choisi et j’y étais en psychothérapie… « Regarde, Lester, qui est là, c’est M. X… ». Mon­Humaine s’assit et se retira légèrement en elle­même. Je la sentis nettement désengagée et retenir le flux ou plutôt le rediriger ailleurs en elle… (Dans sa tête ?) Elle le fit avec moi mais aussi avec lui. Comme une source qui ne laisse plus couler qu’un filet d’eau très ténu. Je crois qu’elle le faisait pour ne pas effrayer M. X. Pour lui laisser de la place. Ça l’a quand même beaucoup agitée et moi de même. Lui comme moi, nous étions très fragiles à tout ce qui avait trait, de près ou de loin, au retrait de l’autre, au manque, au départ, à la prise de distance. À tout ce qui pouvait donner l’impression d’être très bientôt seul. Son activation, en plus de la mienne propre, doubla la résonnance en moi. Picotements sur toute ma frontière­peau. Battements fort de mon cœur. Bruits de ressac du sang dans mes oreilles. Bouger. Me rouler sur le dos. Bailler. Hahiiiii ! « Tu fais le ver de terre, mon Lester. Ça t’agite tout ça. Chuuuuu… Câââlme… C’est correct, mon Bonhomme, tu vas trouver la façon de t’installer. Ça va venir ». Bruit des mots qui apaisent. Flash sonore : Halètement détendu d’une mère­chienne. Ma mère ? À cet, instant, je redressai la tête et c’est là que ça arriva. L’arrimage synchrone. M. X fit le même mouvement, au même moment. Nous nous regardâmes et nous vîmes. Réellement. Je sentis son timide contact m’effleurer. J’eus envie d’y répondre. M’y risquerais­je ? Ma soif relationnelle était là et il me présentait une nouvelle source. Il ouvrait pour m’offrir et non pour prendre. C’était différent et avec moi, ce jour­là, ça… Il pouvait le faire. Se lever. Le regarder. Avancer. Hésiter. Avancer. Monter mes pattes sur ses avant­jambes. Connexion ! Une chaleur vive m’envahit et irradia vers lui mais aussi de lui… Nous étions à la fois la source et le contenant de cette Sensation et de cet Instant. Je sentis la chaleur dans mon dos. Lui aussi, peut­être car, lorsque je me retournai, il leva les yeux. Mon­Humaine. Sourire. Yeux brillants d’eau. Nous avions tous soif, à notre niveau… Et là, l’Eau jaillissait. C’était bon et excitant… Mais aussi très soulageant7. Ensemble. De nouveaux ré­zoo neuronaux se connectèrent. À travers cette rencontre, nous amorçâmes le tissage du Lien Humanimal !

Voir Fournier Chouinard, E. (2015). REGARD HUMANIMAL SUR… CHAPITRE IV: Où notre Lester, douillettement installé dans mon bureau de psychothérapie, initie un fragment de dialogue humain­chien qui déchaîne une cascade de réflexions sur la communication interespèce… En théorie, en psychothérapie comme en zoothérapie ! Revue Pattes­Libres, vol.3, no 3 ­ Automne 2015, pp. 37­39. 1

Terme proposé entre autres par Jakob von Uexküll, il désigne le monde sensoriel propre à une espèce. Uexküll développe une théorie autour de ce concept. 2

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Merci au Dr Boris Cyrulnik pour ce beau titre de livre (et quel contenu !). Depuis, j’ai intégré l’expression à mon champ lexical usuel.

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Les différentes grosseurs de caractères visent à rendre l’expérience sensorielle.

Lorsque l’humain s’adresse au chien, en plus du décodage du langage non­verbal, le chien s’intéresse probablement à tout ce qui est para­ verbal comme la prosodie du discours; c’est­à­dire ce qui est rythme, débit, pauses, intonation. Bref ! Un peu de ce qui est la musicalité dans la parole. 5

Imaginez ce fil­cordon­lien mi se tissant, mi se projetant vers l’Autre. C’est bien imparfait comme image, mais c’est comme ça que notre auteure, Mon­Humaine, m’impose de vous le modéliser, faute de mieux. Dans ses mots de psy, elle dit que c’est la libido­d’objet (mais pas au sens sexuel génitalisé du terme, au sens large d’énergie liante). Elle dit que c’est probablement un peu comme le chi bouddhiste ou la kundalini du yoga projeté vers l’Autre pour être avec. C’est l’énergie vitale qui motive et permet les comportements affiliatifs des éthologistes. 6

Mon­Humaine dit que si l’on adopte l’angle cognitif­comportemental, c’est un conditionnement opérant que nous venions de vivre : le plaisir qui afflue fut le renforcement positif et la pression qui se relâche, le renforcement négatif. Selon elle, le plaisir, amplifié par les résonnances du partage, doublé au retrait du mal­être seraient de puissants renforçateurs intrinsèques aux comportements affiliatifs. Bref ! Ça remplit et soulage tellement qu’on a envie de le faire, de le re­faire, encore et toujours. Pour les intersubjectivistes, c’est toute la Puissance de l’espace d’intersubjectivité co­créé dans et par la rencontre. Épiphanie. Aucune croquette ou biscuit sur le marché ne peut rivaliser avec ça ! 7

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LES MÉMOIRES DE BECKY

J

e suis un chien âgé de 14 ans. À la retraite avec mon ami humain depuis quelques années, j'ai maintenant assez de temps libre pour me remémorer ce que fut ma vie passée. Elle a été bien spéciale, cette vie ! Aussi, la décision d'écrire mes mémoires m'est apparue soudainement essentielle. Je veux laisser cet héritage pour donner de l'espoir aux chiens plus âgés et pour sensibiliser les humains à la réalité des seniors. J'étais encore un bébé lorsque j'ai intégré ma première famille. Pendant cinq belles années, j'ai vécu heureux, dorloté et aimé par ma compagne humaine. Puis un jour, elle a changé d'emploi et son nouveau travail l'éloignait de la maison pendant des périodes qui me semblaient interminables. La gaieté entourant mes journées fut alors remplacée par l'ennui. Je n'arrivais pas à m'habituer à son absence et, de son côté, elle ne se sentait plus capable de me voir aussi triste. Je voyais bien dans ses yeux qu'elle était désespérée et rongée par la culpabilité. Aussi, lorsqu'elle a pris la décision de m'amener à la S.P.A. pour que je trouve une famille, je me suis montré brave pour lui éviter un plus grand chagrin. Au bout de quelques semaines, je fus adopté par une famille avec de jeunes enfants, ce qui était nouveau pour moi. J'y suis resté seulement un mois et je me demande encore pourquoi ça n'a pas fonctionné. Était­ce ma faute ? Je me suis souvent posé la question pendant mon deuxième séjour à la S.P.A. Comme il s'en est brassé des idées dans ma tête pendant ces deux mois passés au chenil ! Étais­je un bon à rien ne sachant pas comment me faire aimer ? C'était ce que j'imaginais à l'époque puisque, après seulement un mois d'essai, je me retrouvais encore au refuge ! Pourtant, le comportement du personnel envers moi me prouvait le contraire, car il me traitait avec respect et gentillesse. Je voyais que certains s'attachaient à moi et qu'ils m'auraient amené volontiers chez eux s'ils n'avaient pas déjà un animal. J'ai eu peur de finir ma vie derrière un grillage. Quand les visiteurs passaient devant mon enclos, ils me regardaient et disaient : ­ C'est un vrai beau chien ! Je m'approchais alors en frétillant de la queue, espérant susciter leur intérêt, mais lorsqu'ils voyaient la pancarte où il était écrit : MÂLE CROISÉ GOLDEN RETRIEVER ET SAMOYÈDE, ÂGÉ DE CINQ OU SIX ANS, ils continuaient leur chemin. D'autres circulaient devant ma cage sans poser un regard sur moi, leur attention étant captée par l'espièglerie des jeunes chiots. C'est en effet charmant des bébés. Je savais bien que leur présence ne me donnait pas de chance. De plus, j'étais incapable de rivaliser avec la prestance des jeunes adultes, alors, à quoi bon espérer ? Pourtant, il m'était difficile d'accepter qu'à cinq ou six ans, j'étais uniquement bon pour être mis au rancart. Après tout, mon âge équivalait à quarante­cinq ans pour un homme ! Ha ! Ces deux­pattes ! Dire qu'à cette période de leur vie, ils se croient dans la force de l'âge !

Ça faisait déjà deux mois que j'attendais. Étais­je dans le couloir de la mort ? Autour de moi, personne ne se résignait à me laisser mourir et j'étais le seul à me dire que la mort vaudrait mieux que la solitude. Mais un jour, un homme, sa femme et sa fille se sont arrêtés devant mon enclos. La porte s'est ouverte et ils semblaient s'intéresser à moi. Est­ce possible ? Je me sentais bien avec eux et j'avais l'impression que c'était réciproque, mais la porte s'est refermée, à mon grand désarroi. Ils sont partis sans moi, mais cinq minutes plus tard, ils sont revenus. J'étais au comble du bonheur, car ils avaient décidé de m'adopter et de m'amener avec eux. Aujourd'hui quand j'y songe, j'ai envie de rire en me rappelant la mimique qu'avait faite mon nouveau compagnon humain lorsque j'avais sauté dans son jeep. Lui qui avait apporté une laisse, craignant mon refus de le suivre ! Tu parles si j'avais envie de le suivre ! Je l'aurais suivi au bout du monde, et je le ferais encore aujourd'hui. Mon ami humain est un homme bon et il est très doux avec moi. J'ai aussi un tempérament plutôt calme et je ne connais pas la colère. Ici, je vis à l'intérieur, et même si c'était nouveau pour moi, je m'y suis adapté très facilement. Au début, comme il avait peur de me perdre, il m'attachait quand je sortais dehors, mais je n'ai pas mis beaucoup de temps à lui faire comprendre que je n'ai pas besoin de corde pour lui être attaché. En quelques jours, je connaissais les limites de notre terrain et je ne les traversais qu'en compagnie de mon ami. Je prends plaisir à faire ce qu'il me demande, car il n'y a rien de trop beau pour celui qui m'a sauvé la vie. Partout où il se trouve, j'y suis; et lorsqu'il doit s'absenter, je m'accroche à la certitude de son retour car je sais qu'il ne m'abandonnera pas. L'an dernier, j'ai passé trois mois et demi dans une garderie lorsque ma maison a été ravagée par le feu. Je me suis ennuyé énormément, mais j'ai gardé le moral car je savais que mon ami reviendrait me chercher. Depuis, nous traversons ensemble les moments tristes et heureux que la vie nous apporte. Comme il a perdu son épouse, il y a un peu plus d'un an, je fais tout ce que je peux pour être une présence rassurante pour lui et je peux dire que la communication est très intense entre nous. Ça fait huit belles années que je vis ici et j'y suis très heureux. Malgré mes 14 ans, je suis encore très alerte et enjoué, mais à mon âge, un chien sait quand il faut s'arrêter pour se coucher calmement aux pieds de son vieil ami humain. Bon ! C'est assez l'écriture ! Il se fait tard et un vieux toutou comme moi doit dormir.

J'espère qu'un jour mes mémoires seront publiées, pour que les futurs adoptants sachent qu'un senior peut avoir encore plusieurs belles années de vie à partager !

Becky

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La supplémentation pour chiens et pour chats ­ Volet 2 MISE EN GARDE : Il n’est pas suggéré d’administrer les suppléments proposés dans cet article sur une base quotidienne à long terme sans l’avis et sans le suivi d’un vétérinaire.

P

récédemment, je vous ai fait part de mes opinions sur des suppléments alimentaires courants tels que la graine de lin, la levure de bière, les huiles de poisson, le kéfir et le gras de coco parce que ces derniers sont tous largement recommandés, à tort ou à raison1. Dans le présent article, je poursuis donc mes évaluations sur des suppléments couramment proposés. J’espère donc aujourd’hui vous apporter un peu de clarté sur la glucosamine, la moule verte et le curcuma.

MOBILITÉ : Glucosamine, moule verte et Omega 3... Que ce soit causé par l’épreuve du temps, par un défaut héréditaire ou par un niveau d’activité élevé, un jour viendra où la glucosamine synthétisée naturellement par le métabolisme de votre compagnon à quatre pattes ne sera plus suffisante pour entretenir adéquatement ses articulations. S’ensuivront des raideurs, des boiteries et inévitablement de l’arthrite. De fait, l’ostéoarthrose toucherait approximativement 20 % des chiens de plus de 12 mois et 90 % des chats de plus de 12 ans. Avec la glucosamine, il est démontré scientifiquement que l’on peut retarder le processus de dégradation des articulations, même que donnée préventivement, la glucosamine pourrait éviter l’arrivée des douleurs arthritiques. Votre vétérinaire vous a convaincu, mais encore faut­il bien comprendre ce qu’elle est, pour bien la choisir. Dans toutes les situations, la glucosamine doit être intégrée dans un mode de vie favorisant une saine gestion du poids, des activités physiques modérées visant à renforcer la musculature qui soutient les articulations, cela ajouté à une alimentation adéquate. Cette alimentation, selon mon opinion personnelle, devrait être crue additionnée de moules vertes, de poissons gras crus, fort en Omégas 3 sur la base d'une à deux fois par semaine. De fait, le Dr Louis Huneault, chirurgien orthopédiste au Centre Vétérinaire Rive­Sud, mentionne dans un article publié dans La Presse qu'il y aurait des preuves scientifiques démontrant que la nourriture articulaire a plus d'effets sur les boiteries que la glucosamine2.

La glucosamine... qu’est­ce que ça mange en hiver ? En bref, la glucosamine provient de la contraction des mots « glucose » et « amino acide glutamine ». C’est la glucosamine qui procure les fameux glycosaminoglycanes qui servent à réparer les cartilages et les tissus articulatoires. Comme elle n’existe pas sous cette forme à l’état naturel, il faut la créer par manipulation en laboratoire et l’associer à une molécule pour lui procurer une stabilité. C’est pourquoi vous la retrouverez sous forme de sulfate de glucosamine ou d’hydrochloride de glucosamine. Pour en calculer le bon dosage, il faut d’abord vous assurer de la quantité de glucosamine dans le produit que vous achetez. À base de sulfate ou d’hydrochloride, sachez que 1000 mg de sulfate ou d’hydrochloride de glucosamine n’équivalent pas à 1000 mg de glucosamine. Il vous faudra donc opérer une petite vérification sur l’analyse garantie de l’étiquette pour en évaluer la quantité. Une demande d’information au pharmacien ne serait pas un luxe lors de vos premiers achats. Le dosage : Selon les recherches, nos chiens et nos chats auraient besoin de 20 mg de glucosamine par livre de poids corporel soit 44 mg par kilo et par jour. Comme la glucosamine est très peu bio disponible, il faut en donner sur une période continue et souvent à vie pour maintenir les résultats.

L’alimentation, un vecteur prépondérant pour améliorer la condition articulaire De fait, le taux d’absorption de la glucosamine serait de 30 à 40 % par dose donnée. Évidemment, à 30 % de taux d’absorption, il n’est pas compliqué de déduire que les nourritures industrielles ne doivent pas constituer la seule source de glucosamine dans le cadre d’un traitement articulaire, qu’il soit préventif ou de maintien. Un petit exercice mené par Rodney Habib, blogueur nutritionniste3, démontre très bien qu’un chien de 50 livres (22.7 kg) doit manger, selon les marques, parfois jusqu’à 29 tasses de croquettes par jour pour accumuler la quantité de glucosamine journalière recommandée. Ce qui, en soi, est impensable ! Heureusement, le faible taux d’absorption de la glucosamine peut être magnifié par un régime alimentaire adéquat qui en contiendra naturellement, tel l’apport de cartilage. Trachée de bœuf, pattes de poulet ou de canard, queue de porc sont toutes des aliments qui font le délice de nos chiens et de nos chats; ils contiennent approximativement 5 % de glucosamine. 113 g de trachée de bœuf, par exemple, pourvoirait naturellement 1400 mg de glucosamine plus digestible et plus bio disponible qu’un produit synthétisé.

La moule verte de Nouvelle­Zélande, un produit unique provenant de contrées lointaines Avec l’alimentation industrielle, nos chiens et nos chats consomment trop d’Oméga­6 principalement apportés par les féculents et céréales de la nourriture industrielle et pas assez d’Oméga­3. Ce déséquilibre favorise l’inflammation. Pour les chiens et les chats nourris avec de la nourriture industrielle, il est recommandé de supplémenter en Oméga­3 pour rechercher un ratio d’Oméga­6 sur Oméga­3 de 5 : 14. Cependant, cet équilibre est facilement maintenu, voire dépassé, avec une diète crue sans apport additionnel. De fait, les acides gras Oméga­6 ont un effet vasoconstricteur et pro­inflammatoire. À l’inverse, les Oméga­3 libèrent des substances anti­inflammatoires, avec pour résultat que la présence excessive d’Oméga­6 va supplanter les bénéfices des Oméga­3 et favoriser le processus d’inflammation. La moule verte peut aider à contrer, en tant qu'anti­inflammatoire puissant, les douleurs articulaires et l’asthme. La moule verte de Nouvelle­Zélande (Perna canaliculus) possède une composition unique de quatre acides gras Oméga­3 qui cohabitent rarement ensemble et dont le pouvoir inhibiteur est plus important que les huiles de poisson et les poissons gras riches en Oméga­3 (certaines publications mentionnent jusqu’à 150 fois plus). Comme elle constitue un anti­inflammatoire puissant, elle est recommandée comme supplément alimentaire pour le traitement de l’arthrite, de l’ostéo­arthrose, de l’arthrite rhumatoïde, pour le traitement des tissus conjonctifs et elle contribue à diminuer la douleur et les raideurs. Elle aurait aussi une incidence positive sur les maladies inflammatoires comme l’asthme (avec l’extrait nommé Lyprinol). Ce cadeau de la nature est riche en protéines, en acides aminés (60­62 %), en minéraux (5­6 %), en chondroïtine sulfate (11­12 %)et en lipides, source d’Oméga­3 (entre 2­5 %). Elle démontre peu d’effets secondaires mais ne doit pas être donnée à un animal souffrant d’intolérance alimentaire aux poissons et fruits de mer. Des études vétérinaires démontrent une amélioration significative à partir du 26e au 56e jour de prise orale pour la moyenne des sujets étudiés. Cependant, selon ma clientèle qui en administre à leur animaux de compagnie, des améliorations notables se manifesteraient après seulement une ou deux semaines d’ajout à l’alimentation.

Quel extrait choisir ? Favoriser un produit brut lyophilisé en provenance de la Nouvelle­Zélande. Le gouvernement néo­zélandais surveille très attentivement la qualité des eaux dans les régions de culture. Posologie : Chien, chat et cheval : ajouter à la nourriture 50 mg par kg de poids de l'animal. Généralement la moule verte lyophilisée pourvoit pour 1/8 c. à thé = 290 mg, soit 2335 mg pour 1 c. à thé.

Le curcuma, mythe ou réalité ? Il n’y a qu’à faire une recherche sur Internet pour constater que l’on prête toutes les vertus de guérison au curcuma. Le curcuma serait un anti­inflammatoire assez puissant pour chasser le cancer, diminuer le cholestérol et neutraliser les substances toxiques du foie. On lui prête aussi les bienfaits suivants : traitement des symptômes d’épilepsie, diminution des symptômes d’allergie, prévention contre les cataractes, traitement de la dépression, etc.

Mais qu’en est­il en réalité ? Le M.D. Anderson Cancer Center de l’Université du Texas ainsi que le Dr Richard Béliveau, chercheur émérite sur le cancer, qualifient le curcuma d’aliment anticancéreux. De nombreuses autres recherches tendent à démontrer des bienfaits beaucoup plus étendus de par son pouvoir anti­inflammatoire puissant. La substance responsable de ces bienfaits potentiels est la curcumine. Cette dernière est extraite de la racine de curcuma et est décrite, par le M. D. Anderson Cancer Center’s Department of Experimental Therapeutics5, comme ayant de grandes qualités thérapeutiques : anti­inflammatoire, antiviral, antibactérien, antifongique, et anti­cancer. De plus, la curcumine pourrait avoir un effet certain contre le diabète, les allergies, l’arthrite et même l’Alzheimer.

EURÊKA !!!! Si on l’associe à une source de gras et à du poivre noir Avec toutes ces bonnes nouvelles, on peut d’ores et déjà imaginer les résultats de la curcumine qui, ajoutée à l’alimentation de nos poilus carnivores, pourrait renforcer les pouvoirs antioxydants contre les radicaux libres, promouvoir la santé de la peau et des yeux, augmenter le système immunitaire, promouvoir la santé des articulations, favoriser une saine activité du foie, balancer le système digestif, promouvoir une saine circulation et maintiendrait un sain niveau de sucre dans le sang6. Certes oui, à condition d’éliminer un détail non négligeable… à savoir que la curcumine, qu’elle soit administrée par l’ajout de curcuma à la nourriture ou donnée sous forme d’extrait, s’avère très peu soluble dans l’eau et est peu digestible, ce qui a pour résultat d’en limiter grandement l’absorption. La curcumine et incidemment le curcuma sont cependant liposolubles, c'est­à­dire qu’ils sont solubles dans les graisses. Servie avec une source de gras, la curcumine est donc en mesure de franchir la barrière de l’estomac et incidemment être absorbée par le métabolisme. Si on y ajoute du poivre noir, qui est une bonne source de pipérine dont la qualité principale est celle de favoriser l’absorption des molécules, on pourrait augmenter l’absorption de la curcumine jusqu’à 2000 fois7 plus que si elle était servie seule. Afin de faire bénéficier pleinement à votre animal de compagnie tous les avantages de la curcumine, voici ma recette, adaptée à partir de la recette du vétérinaire australien Dr Doug English, recette pour laquelle il mentionne avoir obtenu de très bons résultats.

Recette d’OR en pâte : • ½ tasse de curcuma en poudre d’origine biologique. (Personnellement j’utilise le curcuma Arayuma qui est biologique et équitable); • 1½ cuillère à thé de poivre d’origine biologique fraîchement moulu. (J’achète celui d’Arayuma qui est bio et équitable); • 1¼ de tasse de gras de coco vierge et bio qui offre de meilleurs bénéfices de santé pour nos poilus. (J’achète le gras de coco de chez Prana). Faire fondre le gras de coco à feu doux jusqu’à consistance liquide. Mettre le curcuma et le poivre fraîchement moulu dans un bol et y ajouter graduellement le gras de coco. Bien mélanger jusqu’à l’obtention d’une pâte homogène. Laisser refroidir à température de la pièce et verser dans un pot Mason. Garder au réfrigérateur. On ajoute graduellement l’or en pâte à la gamelle de notre compagnon à raison de 1/8 de c. à thé à la fois, en le faisant fondre préalablement. La posologie recommandée étant de 1/8 à ¼ de c. à thé, deux fois par jour, pour les chiens et les chats. Un dosage optimal serait de 1/8 à ¼ de c. à thé par 10 lbs (4.54 kg) du poids de l'animal. La fréquence au quotidien varie en fonction de ce que l’on cherche à soulager. De fait, le soulagement est de courte durée et il faut en donner plusieurs fois par jour quand on recherche une action anti­inflammatoire calmante.

Effets secondaires... Dans tous les cas d’une condition de santé qui exige un suivi vétérinaire, il est recommandé d’en discuter préalablement avec lui avant d’en ajouter à l’alimentation de votre compagnon. Il faut éviter le curcuma si votre animal éprouve des problèmes avec sa vésicule biliaire. S’il prend de la médication pour soigner le diabète, valider la démarche avec votre vétérinaire car il abaisse le taux de sucre dans le sang. Il pourrait aussi causer des reflux gastriques. Il abaisse également le taux de testostérone et pourrait diminuer l’effort de reproduction chez certains mâles. Éviter d’en donner deux semaines avant une chirurgie car il clarifie le sang. J’espère que ces informations sur différents suppléments vous ont éclairés et vous seront utiles. Il me reste à vous souhaiter, à vous et à vos compagnons à quatre pattes, une année 2016 pleine de santé et de vitalité ! AVERTISSEMENT : Bien que les herbes soient, à bien des égards, moins invasives et plus douces pour nos animaux de compagnie que les médicaments conventionnels, il est recommandé de les administrer après avoir reçu l’approbation ou les conseils d’une autorité compétente, comme votre vétérinaire ou votre pharmacien, et plus encore dans les cas de maladies graves ou mortelles. Il est très important de connaître la compatibilité de certaines herbes avec les médicaments administrés à votre animal. 1

Bastide, Anne, L'aniboriste en herbe... La supplémentation pour chiens et pour chats, volet 1. Revue Pattes Libres, Volume 3, numéro 3 ­ Automne 2015, pp. 41­44.

2

Edition du 26 mai 2014, La Presse, Stéphanie Valet, Glucosamine : mieux vaut prévenir.

3 Rodney

Habib­Pet Nutrition Blogger, DogsNaturallymagazine.com, Glucosamine : Does your Joint Support Kibble Stand Up ?

4

www.petmeds.com/education/fatty­acids­dog­cat­2.htm

5

Advances in Experimental Medecine and Biology, 2007. Curcumin : the indian solid gold.

6

Healthypets.mercola.com/sites/healthypets/archive/2012/11/12/turmeric.aspx?np=true

7

Shoba G., Joy D. et al. Influence of Piperine on the Pharmacokinetics of Curcumin in Animals and Human Volonteers. Plant Med. 1998 May; 64(4) 353­6.

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Un premier sommet international pour la PPG !

U

ne nouvelle association internationale de professionnels œuvrant dans le domaine du comportement et de l'éducation canine a vu le jour en 2012. La Pet Professionnal Guild regroupe des éducateurs canins et des entraîneurs pratiquant leur métier professionnellement partout à travers le monde. Fière de son leitmotiv : « No pain, no force, no fear » (sans douleur, sans force, ni peur), la PPG a tenu son premier sommet international à Tampa Bay (Floride, E.U.), en novembre dernier, attirant des centaines de participants membres et non membres. Étant membre de cette association dès la première année, j'ai eu l'immense bonheur d'y participer. Au programme, des conférenciers de réputation internationale tels que : le Dr Kate Overall, Chirag Patel, Émily Larlham, Ken McCort, Pat Miller, Angelica Steinker, Pamela Johnson, Diane Garrod, Therese Mckeon, Maurenne Backman, Janis Bradley et bien d'autres dont Nancy Tucker dont les écrits furent publiés, durant deux ans, dans la chronique « Un mot de Nancy » de la Revue Pattes Libres. Il faut dire que le contenu des conférences était de haut niveau et à la fine pointe de la science du comportement et de l'entraînement canin. Les techniques rejetant les concepts de hiérarchie canine et de domination sont de plus en plus reconnues et prônées au sein de la profession. De nouveaux protocoles d'intervention sont appuyés sur des recherches démontrant que les chiens sont dotés de la capacité de penser, de choisir et de ressentir. Les conférenciers ont tous fait honneur à cette nouvelle façon de comprendre le chien. Le mouvement est mondial. Voici quelques­uns des sujets mis à l'horaire au sommet de Tampa: • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •

Le jeu canin, incompatible avec la peur, l'anxiété et l'agression; Votre chien vous parle; La race du chien traité, un biais qui peut distraire; Redéfinir la vision d'un bon éducateur canin; La désintoxication émotionnelle canine; Modeler le patient parfait; L'essentiel de la relation avec le chien; Utiliser des techniques sans force dans la vie humaine de tous les jours; Un vent de changement : un pas à la fois; L'agression mise en contexte : ce que signifie un grognement; Aider le chien à s'adapter à un nouvel environnement; Comment être un expert légal dans une cause canine; Comment enseigner une finesse; Le freestyle frisbee; Travailler professionnellement dans un refuge canin; Mon client canin devra­t­il recevoir une médication ?; La gestion du chien qui démontre un comportement non désirable; Entraîner et traiter un chien en crise; Marche en laisse relâchée; Améliorer la relation avec un chien en mettant en place un lien de confiance; Le futur de la science de l'entraînement canin; Conditionner l'athlète canin : prévention des blessures; Agression entre chiens vivants dans la même maison; Les animaux pensent­ils ?; Apprendre à penser; Faire une consultation canine en ligne.

Chirag Patel en conversation avec un chien.

Emily Larlham fait une démonstration du jeu de tug.

Kent McCort nous entretient sur l'apprentissage de la pensée canine.

Comme vous pouvez le constater, les participants en ont eu plein la vue (et l'ouïe !) tant au niveau des sujets abordés que par la beauté du site où avait lieu la rencontre. Plus de 150 h de contenus (conférences, panels et ateliers) en trois jours ! Le plus difficile pour les participants était de choisir à quelles activités ils allaient assister, sachant qu'ils en délaissaient d'autres toutes aussi intéressantes (les conférences et ateliers étant présentés dans cinq endroits différents au même moment !). Il fallait voir tout ce beau monde fébrile transférer d'une salle à l'autre et d'un pavillon à l'autre tout en faisant de la marche rapide (de peur de manquer une minute de contenu) le long de la promenade Riverwalk sous le soleil de plomb floridien !

La PPG a tenu son premier sommet international au Tampa Convention Center à Tampa Bay (Floride, É.U.).

Je m'en voudrais de ne pas parler de tous les chiens participants, plus fantastiques les uns que les autres, qui ont tous fait preuve d'une patience incroyable démontrant aussi le désir de participer en tout temps aux démonstrations organisées par les conférenciers. On a pu voir des chiens apprendre à jouer au tug, d'autres à donner leur consentement à établir une « conversation » avec un humain, certains ont pu apprendre de nouveaux trucs.... et ce, devant une assistance totalement passionnée.

Un chien très patient en attente d'une participation à une démonstration.

En terminant, soulignons qu'il est impératif pour tous les intervenants en éducation canine de faire partie de telles associations... premièrement, parce qu'elles ont un code d'éthique que tous s'engagent à observer. De plus, elles mettent à la disposition de leurs membres des ressources permettant de mettre à jour leurs connaissances scientifiques (car oui, toutes les interventions auprès des canidés devraient être basées sur l'éthologie et la science du comportement). Enfin, elles favorisent les échanges entre professionnels et la transmission de données sur ces sujets qui nous passionnent tous.

Ces associations offrent pour la plupart des formations telles qu'organisées à Tampa, mais également des « webinairs » (séminaires sur Internet) pour ceux qui ne peuvent se déplacer ou ayant peu de sous, des articles, une revue, des ressources en ligne pour les professionnels du domaine canin. Un « must » pour tout intervenant sérieux qui se dit qualifié. Un seul hic... il faut être bilingue ou, du moins, savoir bien se débrouiller en anglais.

Pour en savoir plus sur la Pet Professional Guild, visitez le http://www.petprofessionalguild.com

Veuillez noter que d'autres associations regroupant les intervenants canins ont sensiblement le même mandat que la PPG: RQIEC, Regroupement Québécois des Intervenants en Éducation Canine : http://www.rqiec.com APCP, Association Professionnelle des Comportementalistes Praticiens : http://www2.comportementalistespraticiens.org CAPPDT, Canadian Association of Professionnal Pet Dog Trainers : http://www.cappdt.ca APDT, The Association of Professionnal Dog Trainers : https://apdt.com

Le vieillissement de nos animaux

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ous aimerions que nos compagnons poilus puissent vivre plus longtemps à nos côtés. Heureusement, au cours des dernières années, la longévité des chiens et des chats a augmenté substantiellement grâce aux bons soins qu’on leur prodigue. Dans cet article, je vais vous parler des signes du vieillissement observés chez nos animaux ainsi que les principales causes de mortalité chez les chiens et les chats. Pour débuter, voici un tableau comparatif permettant de connaître l'âge réel de votre chien et de votre chat en âge humain.

Tableau comparatif de l'âge du chien et du chat avec celui de l'âge humain1 Profitons­en pour remettre les pendules à l'heure. Contrairement à ce que dit une vieille légende urbaine, il est faux de croire qu'on doit multiplier par sept l'âge du chien pour connaître l'âge équivalent à celui d'un humain. Bien des faits entrent en ligne de compte, telles que : la taille du chien (son poids) et la période de sa vie (son âge), par exemple. Les petits toutous deviennent adultes plus rapidement que les grands et la longévité des grands chiens est généralement plus courte que celle des petits. En fait, ce tableau intéressant vous permettra de mieux comprendre ce phénomène du vieillissement chez le chien. Même chose pour le chat, le fait de multiplier par sept est totalement faux. Ce tableau vous permettra de comparer l'âge de votre chat avec le vôtre.

Âge réel de l'animal versus âge humain

1

2

3

4 5 6

7

8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19

Chat

15 24 28 32 36 40 44 48 52 56 60 64 68 72 76 80 84 88 92

Chien PETIT

15 24 28 32 36 40 44 48 52 56 60 64 68 72 76 80 84 88 92

Chien MOYEN

15 24 28 32 36 42 47 51 56 60 65 69 74 78 83 87 92 96 101

Chien GRAND

15 24 28 32 36 45 50 55 61 66 72 77 82 88 93 100

­ ­ ­

Tout comme pour l'humain, le passage du temps, chez nos animaux, laisse la place à des signes démontrant plusieurs effets du vieillissement. Voici quelques indices permettant de discerner les signes du vieillissement chez nos compagnons canins et félins : • Difficulté à monter et à descendre les marches; • Difficulté à sauter, à monter dans la voiture, à monter sur le divan, etc.; • Raideur des articulations (le matin au lever, posture raide); • Accidents dans la maison (urine ou selles); • Polyurie, polydipsie (uriner plus et boire plus); • Diminution du niveau d’activité; • Halètement excessif chez le chien; • Changement de comportements, tels que : désorientation, jappement excessif, miaulement excessif, moins d’interactions avec la famille, n’interagit pas avec la famille au retour à la maison; • Tremblements surtout chez le chien; • Changement dans la qualité du pelage; • Changement dans les habitudes de sommeil; • Diminution d’appétit; • Augmentation ou perte de poids. Si vous remarquez ces symptômes chez votre l'animal, il est recommandé de consulter votre vétérinaire qui pourra procéder à des prises de sang, à l'analyse d’urine et à la prise de radiographies… selon le besoin.

En premier lieu, parlons du chat Voici les quatre problèmes les plus fréquents rencontrés chez le chat vieillissant : • • • •

l’insuffisance rénale chronique; le diabète; l’hyperthyroïdie; différentes tumeurs.

Il pourrait aussi souffrir de problèmes arthrosiques. Du point du vue du comportement, on remarque aussi des déambulations avec vocalises, souvent nocturnes. Il est à noter que le vieillissement du chat est moins visible que celui du chien. 1. La cause prédominante de décès des chats domestiques âgés est l’insuffisance rénale chronique. Les reins se dégradent petit à petit, au fil du temps. Le chat commence à démontrer des problèmes lorsqu'au moins les deux tiers du tissu rénal sont détruits. Les principaux symptômes sont : le manque d’appétit, une augmentation de la soif et une miction plus abondante (polydypsie et polyurie), un abattement, des vomissements ainsi qu'une perte de poids. La maladie rénale chronique est divisée en quatre stades classés de 1 à 4. Le stade 1 dénotant le début, sans presqu'aucun signes cliniques, et le stade 4 est la phase terminale. Les traitements reposent d’une part sur une modification de l’alimentation (moins de protéines et phosphates dans la nourriture) et d’autre part sur une lutte contre l’hypertension glomérulaire et l’hypertension artérielle. Avec un diagnostic précoce, il est possible de commencer un traitement approprié permettant de ralentir la progression de la maladie, d'améliorer la qualité de vie et d'augmenter l’espérance de vie de l’animal. Pour diagnostiquer la maladie, nous procédons à des prises de sang et à une analyse d’urine nous permettant de mieux traiter la maladie par la suite. 2. L’hyperthyroïdie est une maladie que l’on voit fréquemment chez les chats âgés de plus de sept ans. On remarque alors une perte de poids, une hyperactivité, une agitation, une augmentation de l’appétit, une vocalisation excessive, une augmentation de la soif et de l'urine, parfois des vomissements et diarrhée, un mauvais pelage et un nodule dans le cou. Cette maladie peut être diagnostiquée à l’aide d’une prise de sang. Différents choix de traitements sont possibles dont une nourriture spéciale sans iode, des médicaments qu’on administre deux fois par jour ou un traitement à l’iode radioactif administré par un spécialiste. C’est la maladie du chat âgé qui a le meilleur pronostic et qui est la plus simple à traiter. 3. Le diabète est une maladie fréquente que l’on retrouve chez les chats âgés. Les symptômes typiques de cette maladie se révèlent lorsque le chat boit plus, urine plus et a plus d’appétit, mais subit une perte de poids (soit les 4 P : polyurie, polydipsie, polyphagie et perte de poids). Dès que ces signes sont perçus chez le chat, il est important de se rendre chez votre vétérinaire afin de procéder à des examens et de commencer les traitements appropriés. La prise de sang démontrera un taux de glucose élevé ainsi que du glucose dans l’urine. Les soins requis demanderont une grande implication de la part du propriétaire de l'animal. Il devra apprendre à donner des injections d’insuline deux fois par jour, à procéder à des courbes de glycémie régulières à la maison ou chez le vétérinaire et plus encore.

4. Les différentes tumeurs. Les signes cliniques lors de tumeurs sont moins typiques. On remarque une perte de poids et une perte d’appétit. Il peut aussi y avoir une polydipsie et une polyurie. De prime abord, le diagnostic se fait avec l'examen lorsqu'on détecte des masses. Par la suite, on procède à des radiographies, des échographies, et/ou des biopsies. Au niveau du traitement, tout dépend de la tumeur. L'opération et la chimiothérapie sont des possibilités envisagées dans de tels cas. Les chats âgés souffrent aussi d’arthrose, on évalue le pourcentage à environ 80 % des chats de plus de sept ans. Par contre, ce problème est plus difficile à identifier que chez le chien, car le chat évite de se déplacer s’il a mal. Au début, il est possible de faciliter la vie de votre chat en tentant de rendre ses endroits préférés plus accessibles, comme par exemple, en changeant le bac a litière s’il est trop haut. On peut aussi lui donner des suppléments de glucosamine et/ou de chondroïtine et, si ça ne suffit pas, c'est que votre chat cache peut­être des problèmes plus sérieux; il faudra alors consulter votre vétérinaire; celui­ci pourra, par la prise de radiographies, voir l'étendue du problème, vous conseiller et prescrire les médicaments qui soulageront sa douleur, tels que : des anti­inflammatoires additionnés d'un suivi vétérinaire. Au niveau du comportement, les manifestations les plus fréquentes sont ceux du syndrome confusionnel du chat âgé; elles se présentent par des déambulations et des vocalises essentiellement nocturnes. Le vieux chat erre sans but dans la maison et miaule sans arrêt. Il ne faut pas le punir. On doit le caresser, le stimuler et aménager son espace. Il existe aussi des médicaments qu’on peut lui administrer pour lui venir en aide.

Et le chien... Chez le chien âgé, les principaux problèmes de santé et les causes de décès sont : • les tumeurs; • les maladies cardiaques; • et les problèmes articulaires. 1. Les tumeurs. Des masses sont visibles sur le corps du chien et on peut remarquer des signes d'amaigrissement, un manque d’entrain ainsi que d'autres indices subtils souvent non reconnaissables. Il faut faire plusieurs tests, régulièrement, pour parvenir à un diagnostic plus sûr, tels que : des prises de sang, des radiographies, une échographie et une biopsie. Il y a certains cancers qui répondent bien à la chimiothérapie et, dans ce cas, nous vous référerons à un oncologue. 2. Les maladies cardiaques. Dans ce cas, nous observerons que le chien halètera excessivement et toussera surtout la nuit ainsi qu’au moment de l’exercice. La respiration sera rapide, la plupart du temps. Afin de poser un diagnostic plus précis, le vétérinaire pourra procéder à des radiographies. Si un problème cardiaque est détecté, le chien sera sous médication et le vétérinaire pourra aussi référer son patient à un spécialiste en cardiologie. 3. Les problèmes articulaires. Le chien aura de la difficulté à se lever, à monter dans la voiture et à monter les escaliers. Au tout début du problème, on peut soulager les maux par des suppléments de chondroïtine, glucosamine, manganèse, omega­3, etc. Par la suite, on peut donner à l'animal des injections de cartrophen et aussi des anti­inflammatoires non stéroïdiens additionné d'un suivi du vétérinaire. Au point du vue du comportement, étant donné que le chien vieillissant devient graduellement sourd et que sa vision diminue, il devient plus insécure et peut, parfois, devenir agressif. Il existe aussi une sorte d’Alzheimer du chien (syndrome de dysfonctionnement cognitif). Le chien démontre une forme de sénilité. Il est anxieux la nuit, a des comportements inhabituels et il fixe. On peut lui administrer des médicaments pour réduire ce phénomène et lui offrir de la nourriture adaptée à cette situation. Voilà un bref résumé des principaux problèmes rencontrés chez les vieux animaux. Si vous observez ces symptômes sur vos compagnons poilus, n'hésitez pas à consulter votre vétérinaire qui vous conseillera et pourra vous guider afin d'offrir une meilleure qualité de vie à vos amis vieillissants ceci afin de les garder à vos côtés le plus longtemps possible.

1 Plusieurs tableaux de ce type sont disponibles sur le web. La comparaison de l'âge de l'animal vs celui de l'humain diffère légèrement de l'un à l'autre, mais la plupart représente, comme celui­ci, une bonne moyenne comparative.

Références : Birchard Stephen J. and Robert G. Sherding, DMV, Saunders manual of small animal practice, third edition. Copyright 2006,2000,1994 by Saunders, an imprint of Elsevier inc. 2032 p.

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Médiation animale en Alsace

L

’Alsace, région culturelle, historique et gastronomique de l’est de la France. Je dis « gastronomique » mais en France, toutes les régions, toutes les villes et même les plus petits villages sont gastronomiques ! En Alsace, on parle le français et l’alsacien. Pour situer l’Alsace en quelques mots, retenez les noms des villes importantes : Strasbourg, Colmar, Mulhouse. Goûtez à la boisson « amer bière », visualisez la cigogne, dégustez la tarte flambée (ou Flammekueche, une version améliorée de notre pizza­bacon­extra­oignon) et le pain d’épices. Question faune, on y trouve encore des loups… et même des castors ! Et c’est en Alsace que votre chroniqueur a passé le mois d’août dernier ! Le Centre VOX ANIMAE m’a donné ce privilège de présenter mon cours PFPMA (Programme de formation professionnelle à la médiation animale) au complet à un groupe de six comportementalistes chevronnés. Cinq filles et un gars. Il semble qu’en France comme au Québec, la médiation animale est essentiellement une activité féminine.

En compagnie de Laurence Bruder Sergent de Vox Animae.

Le programme de votre chroniqueur est fortement imprégné de psychologie humaniste. Cette dernière est minoritaire en France, quasiment inconnue. Le concept de « l’ici et maintenant » de la « frontière­contact », des mécanismes d’adaptation pourtant bien connus au Québec constituent une nouveauté dans le monde de la psychologie humaine en France. En effet, chez nos cousins français, c’est la psychanalyse qui domine et ce, dans un grand nombre de sphères d’activités humaines.

La canicule de l’été au Québec m’a poursuivi tout au long de mon séjour en France, sauf la dernière semaine. Malgré la touffeur de l’atmosphère, les sourires étaient quotidiennement au rendez­vous. Un jour sur deux, la présence des chiens a contribué à installer un climat de joie et de solidarité et ce, d’autant plus que nous avons été invités à deux reprises à passer quelques heures dans ce que les Français appellent un ÉHPAD, l’équivalent de nos CHSLD. Les résidents s’en sont donné à cœur joie, sans compter la participation enthousiaste du personnel. Il m’a semblé que les résidents de l’ÉHPAD de là­bas étaient plus actifs et plus vigoureux que les résidents de nos CHSLD. Tous se sont montrés volontaires pour exécuter des activités avec les chiens.

Tous ont vécu non pas une mais plusieurs interactions à la fois entre eux dans la salle communautaire ainsi qu’avec les intervenants. Plusieurs en ont redemandé et nous aurions facilement pu passer la journée entière avec eux. Les jeux et les exercices exécutés dans la structure visitée sont sensiblement pareils à ceux que nous proposons au Québec. J’ai aussi trouvé que le personnel français faisait preuve d’une collaboration enthousiaste tant à l’égard de leurs résidents qu’à l’égard des chiens. Ceci dit, à quelques détails près, je me sentais là­bas comme au Québec. Un mot encore sur la psychologie humaniste adaptée à la médiation animale. Non seulement cette orientation a ravi les stagiaires présents, mais les chiens eux­mêmes ont semblé tout autant y prendre goût. Un des piliers de la psychologie humaniste est le concept de « l’ici et maintenant ». Ce concept a été appliqué avec brio par les stagiaires qui ont réussi ce tour de force qui consiste à rester en contact avec le vécu des résidents, à faire preuve d’empathie, tout en restant centré sur leur propre expérience. Un autre élément central de l’approche humaniste est le concept de « responsabilisation ». Il est dit que nous sommes censés être responsables de nos comportements, de nos émotions et de nos idées. Encore une fois, les intervenants ont spontanément appliqué cette idée sans difficulté, les résidents s’étant montrés particulièrement ouverts et réceptifs. À la question traditionnelle « Comment te sens­tu ici et maintenant ? », même les chiens ont répondu présents à leur manière et sans se faire prier. Malgré des heures de travail assez contraignantes, j’ai pu bénéficier de la présence de plusieurs amis alsaciens : j’ai pu goûter à la gastronomie locale ainsi qu’aux incontournables vins régionaux. Pour le bénéfice de tous les acteurs faisant partie de ce projet, il a été convenu de renouveler l’expérience en juin 2016. Avis aux amateurs !

Pour contacter VOX ANIMAE : http://www.vox­animae.com/

Le Centre VOX ANIMAE m’a donné ce privilège de présenter mon cours PFPMA (Programme de formation professionnelle à la médiation animale).

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Des interactions silencieuses et libératrices

D

ans cette aventure, je vous conduirai vers le cheminement d’un jeune vivant avec des difficultés d’ordre socio­affectif qui fit la rencontre de Balzac. Vous vous souvenez du géant au cœur tendre1 ?

Alors, je vous invite à parcourir une histoire basée sur la puissance d’un lien entre Thomas2 et un chien dans le cadre d’un projet favorisant une réadaptation. Vous comprendrez que j’omettrai de mentionner certaines informations quant à l’identité du jeune, informations pouvant entraver la confidentialité. Étant enseignante en médiation par l’animal3 ainsi qu’intervenante spécialisée auprès d’une clientèle d’enfants et d’adolescents, je travaille le plus souvent avec mes partenaires canins, selon les besoins de la personne, lorsque l’on perçoit qu’un animal faciliterait de toute évidence sa progression. Un assistant à quatre pattes formé en zoothérapie devient ainsi un puissant tremplin au cœur de l’intervention pour l’aidant et le bénéficiaire. Un chien comme moyen inestimable à l’intervention !

L’urgence d’intervenir D’abord, on me contacta pour échanger au sujet d’un jeune qui pourrait profiter de mes services. À ce moment, on me décrivit un adolescent fragilisé par de nombreuses épreuves traversées au cours des dernières années. On me parla de son vécu entrecoupé d’embuches telles que de l’intimidation, le rejet, un sentiment de différence, une confiance en soi durement affectée, une estime de soi affaiblie, des mécanismes de défense comme bouclier contre le monde extérieur, un grave sentiment de solitude, un niveau d’anxiété alourdissant tous ses mouvements, etc. Je sentis alors monter en moi, cette urgence d’intervenir pour alléger un tant soit peu son quotidien. Sachant que chaque cas est unique, il est essentiel d’avoir un aperçu complet de l’enfant et de son environnement dans lequel il se développe afin d’assurer la mise en place d’interventions adaptées4. En tant qu’intervenante, ce qui fut essentiel à ce stade demeurait de créer un lien de confiance avec ce jeune, susciter des opportunités de communication, diminuer l’anxiété et lui faire vivre des réussites.

Oui, mais… Bien évidemment, ça ne s’arrête pas là ! Ai­je mentionné qu’il a un fort intérêt pour les chiens ? C’était d’ailleurs la raison pour laquelle, on fit appel à mes services. Intégrer un partenaire de travail de l’espèce canine pourrait faciliter d’autant plus la mise en place d’une relation de confiance. Aussi, il fallait compter sur l’investissement du jeune au centre des rencontres pour ainsi atteindre les objectifs. J’ai donc choisi l’un de mes partenaires en fonction de ses compétences et de sa personnalité. Comme Thomas avait besoin de calme, de douceur et d’un collaborateur ayant un rythme modéré, Balzac représentait assurément un allié de choix pour ce projet ! À ce sujet, de plus en plus d’études voient le jour sur le potentiel de l’animal en intervention. L’une d’elles, effectuée sur la régulation des émotions chez des adolescents en présence d’un chien avec lequel ils ont réalisé diverses activités en milieu scolaire, a démontré un développement considérable d’autorégulation des émotions et de changements positifs quant à l’estime de soi5. Voilà qui nous démontre une fois de plus la raison pour laquelle nous percevons si bien leur richesse naturelle !

Un silence valant plus que toute parole… Ouf… Dès notre arrivée, alors que je venais à peine de lui dire bonjour, Balzac se dirige directement vers ce jeune au corps frêle et à la démarche hésitante. Il s’assied devant lui et lui donne la patte. Incertain et cherchant l’approbation, l’adolescent avance sa main doucement et la glisse sur son épaule. Puis un large sourire apparaît sur son visage.

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D’ailleurs, on m’avait dit que ce sourire se faisait plutôt rare depuis un moment. Pas besoin de vous dire que dans ces circonstances, il demeure inutile de parler, mais il devient combien profitable d’observer et d’apprécier cette prise de contact évidente où chacun fait connaissance de l’autre par l’échange de regards et de contacts physiques empreints de douceur et de calme. Simplement, « vivre le moment présent ». Au cours de cet entretien, nous avons établi les consignes des contacts respectueux à suivre pour le bien­être (physique et psychologique) de tous au sein de la triade (jeune en besoin, animal et intervenant). Dès le départ, Thomas suivait aisément les consignes. Lors d’un de nos échanges, Balzac a traversé la pièce pour se diriger directement vers le jeune afin de glisser son nez sous son bras dans un moment où il semblait figé et incapable de répondre à l’une de mes questions. Puis, percevant la truffe mouillée du chien sous son avant­bras, il tourna ses yeux vers l’animal, puis sortit de cet état statique pour caresser le chien doucement. Intérieurement, je trouvais ces interactions soudaines assez intéressantes, car elles me paraissaient faciliter une progression. À un autre moment, Thomas était accroupi aux côtés de Balzac, mais il ne semblait pas totalement décontracté, alors je lui ai offert de s’assoir complètement afin qu’il se sente véritablement détendu. Dès qu’il se posa complètement au sol, le chien relâcha aussitôt sa tête sur le côté en expirant fortement pour décharger, me semble­t­il, des tensions contenues, comme s’il manifestait lui aussi une sorte de relâchement pour accéder enfin à une sensation de détente intérieure. Bref, cette rencontre s’est soldée par un moment de relaxation au sol à caresser le chien à l’aide d’un gant de toilettage où tous les mouvements étaient posés et bienséants. N’oublions pas que ce type d’activité favorise une meilleure maitrise des émotions et donc des comportements6. Par conséquent, Thomas affichait une fois de plus un large sourire et Balzac inclinait sa tête vers lui pour quémander encore et encore ces contacts relaxants. Tout au long des rencontres de ce programme, des activités de relaxation, de prise de contact, d’affirmation, de connaissance de soi, de coopération avec sa famille, d’organisation dans l’espace et de communication ont permis de travailler les visées préalablement établies par rapport à la relation, la confiance, la détente, l’estime personnelle, la communication et la réussite.

Sortir de la zone de confort… Selon la température, s’éloigner de la maison pour effectuer des activités en plein air m’a paru, à un moment, bénéfique. Le fait de sortir d’un endroit sécurisant comme la maison peut parfois être déstabilisant pour la personne anxieuse, car les repères sécurisants du monde connu ne sont plus accessibles. Donc, selon ses progrès, nous avons commencé à nous détacher de ces balises à l’aide de nouveaux points d’attache, devenus plus significatifs pour lui, tels que la relation établie avec Balzac. Ce lien me servirait de prétexte afin de lui permettre de vivre des réussites dans différents contextes et favoriser ainsi des généralisations. Selon moi, ce qui a été le plus porteur de sens a été les fois où Thomas a ressenti de la fierté. En voici quelques exemples…

Le moment où il devait se faire comprendre par Balzac... Se faire comprendre par le chien à l’aide uniquement de la communication non verbale fut une grande victoire, car malgré l’incompréhension du chien et le fait de recommencer plus d’une fois a exigé de Thomas effort, patience, persévérance, volonté et assurance. Lorsqu’il est arrivé à faire rester Balzac en place et que celui­ci s’est assis puis a finalement levé son regard sur lui comme pour attendre les indications, alors une autre risette a émergé de son visage. En lui demandant la raison pour laquelle il croyait avoir réussi, il m’insuffla avec fierté : « Je suis resté calme et je n’ai pas abandonné ! » Il avait maintenant la preuve qu’il pouvait également persévérer et réussir.

Le moment où il devait guider Balzac à travers un parcours Pas toujours facile de s’organiser soi­même dans l’espace pour suivre des étapes et guider un chien en même temps. Cela demande de la coordination, de la planification, de l’organisation et de l’adaptation dans son déplacement en plus de tenir compte de l’influence qu’il doit avoir sur le déplacement d’un congénère7. De plus, il doit motiver suffisamment l’animal pour que ce dernier puisse avoir envie de s’y engager avec plaisir. Donc, il devait le guider à travers des parcours simples, mais non connus préalablement par le chien, et ce, en suivant des étapes imposées. Nous avons préalablement parcouru le circuit afin de mieux nous l’approprier. Ce qui était un défi en soi était d’initier la tâche, mais une fois partie, Balzac le suivit d’une étape à l’autre avec encouragements. Donc, il occupait maintenant un rôle de guide et de motivateur pour le chien. Le plus inusité fut de voir le jeune s’esclaffer avec enthousiasme lorsqu’il observait sa mère tentant la même expérience avec Balzac, utilisant ses propres stratégies de communication et vivant également des difficultés à faire le parcours. Dès lors, il pouvait envisager le fait que, même une personne significative de son entourage pouvait vivre des accrocs et devoir faire preuve de persévérance ainsi que d’adaptation pour réussir. Sa mère, elle, pouvait mieux percevoir le cheminement par lequel son fils devait passer et les stratégies qu’il devait mettre en place pour y arriver. Cette compréhension mutuelle fut à mon avis aidante et porteuse de sens pour leurs rapports au quotidien. D’ailleurs, l’investissement et la participation des parents auprès de leur enfant tout au long de son cheminement furent indéniablement gage de réussite8. À un autre moment, Thomas devait effectuer un défi à deux consignes, soit de se positionner devant le chien et de le faire assoir. Cependant, ses deux premiers essais échouèrent. Malgré mes questionnements et ma verbalisation pour développer sa réflexion, toute son expression corporelle se figea. Pour cet adolescent, cela témoigna d’un niveau d’anxiété élevé. Alors, Balzac se dirigea vers lui et se roula aussitôt sur le dos et se mit à grommeler de plaisir, puis le jeune se mit à rire tout à coup en le regardant, permettant ainsi de se sortir de cette inhibition involontaire pour dégager la tension accumulée.

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Ensuite, je l’ai invité à faire une autre tentative et le chien s’assit aussitôt devant lui. Voilà ce que nous voulions ! Dans cette situation, le comportement du chien a permis au jeune de se décentrer de cet état anxieux, alourdissant ses initiatives. Balzac me démontrait encore et encore son potentiel naturel à susciter ce que l’on pourrait nommer des opportunités facilitant l’intervention; c’est pourquoi il était primordial de s’y arrêter pour percevoir les capacités du jeune et les causes qui peuvent les entraver. Cette meilleure compréhension m’a permis de le connaitre plus rapidement facilitant ainsi l’adaptation de mes interventions.

Transmettre ses nouvelles compétences… L’une des rencontres qui servit de tremplin à une meilleure compréhension de sa famille à son égard fut la rencontre au cours de laquelle Thomas devait effectuer différentes tâches, une à une, avec le chien. Il y arriva avec succès ! Toutefois, les autres membres de la famille devaient aussi se prêter au jeu en exécutant une tâche préalablement choisie par Thomas. À un moment, l’un des individus fut incapable de faire coucher le chien, et ce, même après plusieurs tentatives. L’inconfort des autres, à la vue des difficultés éprouvées par la personne, était palpable. Alors Thomas, voyant ce qui se passait et avec mon accord, se rendit à ses côtés pour lui montrer sa propre stratégie. D’un simple geste de la main, il réussit à faire coucher Balzac instantanément. Je ne vous dis pas à quel point cette scène a ému sa famille, témoin de ce qui venait de se passer. Bref, les rôles venaient de s’interchanger. Thomas n’occupait plus la même fonction dans cette situation. Cela nous permettait de croire que dorénavant, il pourrait déployer et mettre à profit ses compétences dans d’autres circonstances. Ainsi, une belle prise de conscience venait d’avoir lieu pour cette famille. De fil en aiguille, Thomas démontrait de plus en plus un désir d’autonomie à faire les tâches par lui­même. Fait surprenant, comme activité « bonbon » lors de la dernière rencontre, il eut la possibilité de choisir l’une des activités qu’il avait faites lors du projet et ce, à titre d’une des récompenses en fin de parcours pour célébrer ses progrès. À ma grande surprise, il choisit deux activités qui me démontraient à quel point le calme, la détente et la douceur étaient aidantes pour lui : une séance de méditation et de toilettage avec Balzac ! Ce furent ses activités « coup de cœur » ! J’ai envie d’imaginer que la relaxation avait un nouveau sens dans sa vie… Lors de notre dernière visite, voici dans ses termes ce qu’il avait appris sur lui : « Je suis bon moi aussi dans des choses. » Voilà qui me permettait de croire que Balzac et moi avions pu favoriser ultimement l’atteinte de nos objectifs ! Aux dernières nouvelles, Thomas avait comme plan, avec son éducateur, de présenter cette expérience vécue à sa classe quelques semaines plus tard. Ceci lui permettrait de partager ses réussites avec ses camarades ce qui eut pour effet d’augmenter son sentiment de fierté. Merci à mon grand bonhomme de m’avoir accompagné sans hésitation dans cette noble mission…

1

Voir l'article : Balzac un colosse au cœur tendre, Revue Pattes Libres, Vol. 3, No. 3 ­ Automne 2015. p. 6­10.

2

Prénom modifié par souci de confidentialité.

3

Communément appelé « zoothérapie ».

4

Goupil, 2007.

5

Burger et al., 2009 cités par Chandler, 2012.

6

Juhel, 1997.

7

De Lièvre et Staes, 2006.

8

Goupil, 2007.

Références Chandler, C. K. (2012). Animal assisted therapy in counseling. 2e ed. New York, États­Unis : Routledge Taylor and Francis Group. De Lièvre, B. et Staes, L. (2006). La psychomotricité au service de l'enfant: Notions et applications pédagogiques. 4e éd. Bruxelle, Belgique : Éditions De Boeck. Goupil, G. (2006). Les élèves en difficultés d’adaptation et d’apprentissage. 3e éd. Montréal, Canada : Les Éditions de la Chenelière inc. Juhel, J.­C. (1997). Favoriser le développement de l’enfant : Psychomotricité et action éducative. Québec, Canada : Les Presses de l’Université Laval.

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Les mascottes et leur utilité

L

a majorité des refuges ainsi que plusieurs cliniques vétérinaires hébergent des mascottes. On nous demande parfois pourquoi notre refuge offre le gîte à des chats qui ne seront jamais mis à l'adoption. Selon la logique de ces gens, loger des mascottes coûte de l’argent; qui plus est, le but des refuges est de sauver des sous tant que faire se peut. Selon eux, ne pas garder de mascotte libérerait des fonds pour accueillir d’autres petits félins. Administrer un refuge est difficile parce qu'on doit bien gérer l'argent recueilli, sans oublier toutefois la mission première de notre organisme qui est d'offrir une vie meilleure à des chats errants et abandonnés. Notre mission passe aussi par l'éducation et l'information et de ce fait, le message qu'on veut transmettre à la population est très important. Les animaux sont des êtres vivants et sensibles. Lorsque nous les accueillons, nous prenons un engagement envers eux et c'est ce que nous tenons à démontrer. Malheureusement, encore trop de gens choisissent d’abandonner leur animal ou de le faire euthanasier pour des raisons futiles, allant même jusqu'à refuser de s'engager à les soigner même si les traitements ne nécessitent souvent qu'une simple prise de médicament, peu coûteux, afin de recouvrer la santé. Nous souhaitons tous que nos animaux demeurent en santé, mais avant de songer à l'adoption, il faut aussi prévoir le jour où ils auront peut­être des problèmes qui demanderont une plus grande implication financière. Pour notre part, il est évident qu'au refuge nous ne pouvons investir des sommes importantes pour les soins de chats qui sont aux prises avec de graves problèmes de santé. C’est rare, mais il arrive que nous devions nous résigner à faire euthanasier l'un de nos pensionnaires parce que ses problèmes de santé requièrent des sommes astronomiques qui ne sont pas disponibles dans nos coffres. Cette décision nous déchire littéralement le cœur.

Daniel est un félin tranquille qui s’entend à merveille avec ses congénères tout autant qu'avec les humains.

En ce qui concerne nos mascottes, c'est bien différent. Généralement, les mascottes trainent un passé rattaché à une histoire bien particulière et les gens comprennent mieux, à travers elles, les responsabilités d’adopter un compagnon. Elles deviennent, en quelque sorte, les ambassadrices des sauveteurs et les survivants de l'irresponsabilité humaine. Elles sont nos porte­paroles sur quatre pattes. Chez Adoption Chats Sans Abri, deux mascottes sont avec nous depuis 2011. Les habitués du refuge les connaissent bien et prennent toujours de leurs nouvelles lorsqu’ils viennent y faire un tour. Daniel est le plus visible car il est souvent couché dans un coussin installé sur le comptoir de l’accueil, hauteur parfaite pour recevoir les caresses des visiteurs. Il est aussi celui qui fait la promotion du protège­griffes, une alternative au dégriffage, en servant de modèle lorsqu’on veut expliquer aux gens que le félin n’est en rien dérangé par la pose de ce produit. Comme il a déjà souffert de problèmes urinaires, nous lui servons une nourriture spéciale pour diminuer les risques de récidive. Chat trouvé errant et nourri pendant plusieurs mois par une âme charitable, Daniel est un félin tranquille qui s’entend à merveille avec ses congénères tout autant qu'avec les humains. Il apprécie le confort et la sécurité du refuge et n’est en rien stressé par le va­et­vient constant des clients, des bénévoles et des employés. Il a donc le caractère parfait pour vivre heureux en refuge. Séréna est un peu plus discrète. Elle sollicite moins les caresses des visiteurs. Mais les habitués savent combien elle apprécie l’attention qu’on lui porte et ceux­ci font toujours un petit détour pour lui consacrer un peu de leur temps. Recueillie alors qu’elle était errante, elle a beaucoup souffert de son séjour à l’extérieur. Dégriffée aux quatre pattes, la vie n’a pas dû être facile pour elle. À son arrivée au refuge, elle souffrait beaucoup dès qu’on la touchait. Après la prise d'antidouleurs, la situation s’est beaucoup améliorée et il suffit maintenant de lui donner de la glucosamine afin de l’aider à garder son état stable. C’est une chatte qui adore les caresses, mais selon la durée de son choix. Elle nous le fait savoir quand on dépasse ses limites. Elle a cependant un caractère très attachant et, tout comme Daniel, elle s’est très bien habituée à la vie en refuge. Vous la verrez souvent installée sur le bord de la vitrine, profitant de la chaleur du soleil. La décision d'héberger une mascotte n’est jamais prise à la légère. Il va sans dire qu’on doit respecter le caractère et la capacité d’adaptation d’un chat lorsqu’on décide de le garder en refuge. Mais la décision se prend souvent d’elle­même. Pour Daniel et Séréna, ils ont été mis en adoption durant environ un an, mais la perle rare ne s’est jamais présentée pour eux. Nous avons donc décidé d'ennoblir leur titre et nous les avons élevés au rang de « mascottes officielles », profitant de leur présence en les gardant auprès de nous. À ces gens qui me demandent pourquoi nous offrons le gîte à ces chats qui ne seront jamais mis à l'adoption, je leur renvoie la question : et vous, que feriez­vous dans une telle situation ? Ma vision est que la vie d’un animal n’est pas à prendre à la légère. C'est pourquoi nous refusons de prendre la décision de sélectionner certains de nos petits pensionnaires et de les faire euthanasier sous prétexte de garder ceux que nous considérons comme parfaits pour l'adoption. Qui pourrait prendre une telle décision ? Personne !!! Parce que nous croyons réellement que nos petits protégés, quels que soient leur personnalité ou leur âge, ont le droit d'être aimés ! Tous ont droit à la vie !

Séréna est un peu plus discrète que Daniel. C’est une chatte qui adore les caresses, mais selon la durée de son choix. La jeune Séréna, endormie sur le bord de la vitrine, profitant de la chaleur du soleil.

Ma passion pour les chevaux !

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nfant je rêvais déjà de passer ma vie avec les chevaux. Pas une journée ne se passait sans que je pense à eux. Mes parents n’ayant pas les moyens de m’acheter un cheval, j’ai dû prendre mon mal en patience. Je savourais chaque instant où je pouvais être en contact avec eux. Plusieurs chevaux croisèrent ma route de la ponette prénommée Princesse à Patricia la jument de course maltraitée, en passant par Tom le cheval de trait ainsi que Sol et Miranda les premiers chevaux d’école… et j’en passe. Et puis, enfin, à l’âge de 17 ans, j'ai eu mon premier cheval, un poulain canadien d’un an que j'ai baptisé Simba. C’est là que commença véritablement mon aventure. Acheter un poulain sauvage qui n’a jamais mis les pieds dans une écurie était tout un défi pour une cavalière possédant peu d’expérience comme c'était mon cas à l'époque. J’étais attirée par ce cheval à l’état brut, cet esprit libre qui ne connaissait que la vie avec ses semblables.

À l’âge de 17 ans, j'ai eu mon premier cheval, un poulain canadien d’un an que j'ai baptisé Simba.

Je me suis vite rendu compte que l’équitation traditionnelle était loin de nous enseigner ce qu’est un cheval et comment entrer en communication avec lui. De plus, certaines méthodes me laissaient perplexe, me semblant illogiques et trop souvent brutales, abusives et dangereuses. Comment pouvait­on en arriver à déployer tout un arsenal d’armements et d’outils pour soi­disant « casser » et dresser le cheval ? Ne pouvait­il pas comprendre et apprendre sans avoir à utiliser ces méthodes ? On me parlait de soumission afin que le cheval respecte l’humain, mais je n’y voyais qu’une domination par la contrainte et la violence. Et d’un autre côté, il y avait ces entraîneurs qu’on appelait les « chuchoteurs », qui arrivaient à faire des choses extraordinaires, même avec des chevaux réputés difficiles : sans contrainte, en totale liberté, dans le respect mutuel, tel un couple de danseurs où le cheval laissait l’homme mener la danse. Voilà enfin des techniques d’entraînement sécuritaires et efficaces où il était possible de créer une réelle relation de confiance. C’est pourquoi je me suis tourné vers ces « chuchoteurs » qui ont basé leurs méthodes sur l’éthologie1 afin de développer une meilleure communication avec le cheval en l’amenant à travailler avec nous. On les appelle « chuchoteurs » parce qu’ils murmurent à l’oreille des chevaux, mais en réalité ce sont les chevaux qui chuchotent à leurs oreilles. De ces entraîneurs marginaux, Monty Roberts2 et particulièrement John Lyons3 m’ont beaucoup inspirée. J’ai donc appliqué leurs techniques et principes d’entraînement pour mon rebelle, mais très intelligent Simba. Après quelques années, et l’aide de mon entraîneuse, mon cheval était devenu un collaborateur obéissant et une monture avec laquelle j’ai beaucoup appris. C'est à ce moment que j'ai décidé de poursuivre mes études auprès de quelques entraîneurs qui avaient une philosophie semblable à la mienne. 58

Il y avait ces entraîneurs qu’on appelait les « chuchoteurs », qui arrivaient à faire des choses extraordinaires, même avec des chevaux réputés difficiles, sans contrainte, en totale liberté et dans le respect mutuel. J’ai donc appliqué leurs techniques et principes d’entraînement pour mon rebelle, mais très intelligent Simba.

Étape par étape, j’ai passé mes brevets de cavaliers puis d’entraînement de base et d’instructrice en équitation western. Mon but était d’enseigner ce qu’est un cheval, en réconciliant et/ou en développant une meilleure communication cavalier­cheval. Tranquillement, j’ai commencé à offrir mes services autant au cavalier­ propriétaire qu’à tous ceux qui veulent apprendre à monter à cheval en toute sécurité en développant une relation avec celui­ci.

En 2006, mon valeureux Simba a dû prendre sa retraite, car il avait des problèmes de boiterie chronique (arthrose au niveau des grassets). En 2009, c’est avec beaucoup de tristesse que j'ai pris la décision de le faire euthanasier afin d'abréger ses souffrances… Maintenant il fait partie des étoiles. D’autres chevaux ont partagé ma vie, mais mon histoire avec Simba fut la plus significative. Chacun d’eux à leur manière a contribué à mon évolution dans cet univers. Aujourd’hui, c’est avec Charlotte, Fuego, Bonita et Sydney que je poursuis mon rêve et que je tends la main à qui veut bien écouter ce que les chevaux nous murmurent.

Mon valeureux Simba est décédé en 2009. Maintenant il fait partie des étoiles !

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L’étude du comportement animal.

Monty Roberts est un cavalier éleveur et dresseur de chevaux, ancien cascadeur, écrivain et conférencier. Il est né le 14 mai 1935 aux États­ Unis. Auteur de quelques livres, tel que le best­seller « L'homme qui sait parler aux chevaux », il donne des conférences à travers le monde afin de persuader les gens qu'il existe d'autres méthodes (des méthodes douces) pour approcher les chevaux. 2

Les programmes d’éducation et d’entraînement de John Lyons privilégient la compréhension, la communication et la persuasion plutôt que la force. 3

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Mon arrivée dans l'univers des refuges ! (suite)

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lusieurs semaines ont passé. La motivation d’améliorer le présent et le futur des pensionnaires du refuge continue de guider mes efforts et mon travail. Il y a tant d’éléments à prendre en compte. Je suis arrivé rempli d’idées et de connaissances devant me permettre de modifier rapidement la dynamique présente dans l’environnement et ce, afin de diminuer le stress que celui­ci occasionnait. Mais pour apporter des changements significatifs, encore faut­il comprendre les différents éléments de ce milieu ayant une influence sur le niveau de stress de ses occupants.

Quels sont ces éléments et comment influencent­ils le niveau de stress chez un animal ? Il me semble judicieux, pour mieux cerner les difficultés rencontrées, d’élaborer sur ce sujet. Le niveau sonore ambiant (les gens, les jappements, la machinerie, etc.), l’éclairage (durée, intensité), les odeurs, la température ambiante (trop chaude, trop froide), la surface sur laquelle l’animal passe ses journées, un espace disponible limité, avec peu ou pas de contrôle sur l’environnement et sans un endroit calme et hors de la vue pour relaxer, tout cela représente une infime partie de la pression exercée par l’environnement. Le manque d’activités et d’interactions dû à l’isolement sont d’autres facteurs qui s’ajoutent à cette liste. Un stress intense et de longue durée peut avoir une incidence majeure sur le bien­ être psychologique et physique de l’animal. Afin de remédier au mieux à la situation, la gestion de l’environnement (du refuge) et la gestion des programmes d’enrichissement constituent des outils primordiaux. La volonté première d’un refuge doit être d’augmenter les chances pour un animal de se trouver un nouveau foyer et de minimiser au mieux les risques d’un nouvel abandon. La compréhension des causes et des effets du stress vécu par un chien en refuge nous permettra de mettre en place des stratégies afin de diminuer l’impact de ce stress. Des études démontrent les bienfaits de l’utilisation de la musique classique, des huiles essentielles (par exemple la lavande) et des phéromones sur l’intensité des comportements occasionnés par le stress. Des programmes d’enrichissement tels qu’une interaction positive quotidienne avec l’humain, l’utilisation d’un distributeur de nourriture pour ses repas, des périodes d'activités physiques (marches récréatives lui permettant de sentir et d'explorer) et intellectuelles (jeux d’odeurs, apprentissage de nouveaux comportements, etc.) et des périodes de repos dans un endroit calme lui seront aussi bénéfiques. L’utilisation de la désensibilisation systématique (changer les émotions) et du renforcement positif (enseigner les comportements désirables plutôt que punir les comportements indésirables) seront des atouts importants pour aider chaque individu (car effectivement ils sont tous uniques avec leur personnalité, leurs expériences, etc.) à s’ajuster à la réalité du refuge. L’ampleur ainsi que la complexité de la tâche exige la coopération et l’aide des employés et des bénévoles qui sont l’âme du refuge. C’est en équipe que l’on parviendra à changer pour le mieux la vie de nos pensionnaires.

Faire preuve de compassion c’est faire preuve d’humanité ! Même une cage dorée reste une cage…

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COQUETTE Avril 1992 – Août 2007 Je reprends la plume pour cette fois parler de mon expérience de vie avec Coquette, la chatte blanche que nous avons adoptée, mon conjoint et moi, en même temps que Zoreilles le beau minou roux. Quelle belle demoiselle, pleine de classe et de distinction ! Elle était vraiment unique !

Ma Coquette si coquette, Toi aussi, tu es partie… quelques mois après ton compère Zoreilles, au terme d’une vie douillette mais surtout marquée par la chance d’avoir toujours été, presque jusqu’à la fin, en très bonne santé. Je me reporte encore à la SPA de Québec, à l’été 1992. Des cages surpeuplées, une agitation généralisée, des aboiements dans tous les recoins du refuge. Denis et moi venions de tirer Zoreilles de sa cage et déambulions à la recherche d’un compagnon ou d’une compagne pour embellir sa vie. Nous sommes tombés en arrêt devant ta cage, tout à fait subjugués par cette beauté blanche qui s’y trouvait blottie. Notre cœur était pris à nouveau ! Après toutes ces années, une pensée m’assaille encore cependant : avec toi dans la cage, il y avait une petite chatte Calico. Lorsque nous avons ouvert la cage pour aller te chercher, c’est elle qui s’est avancée et je me souviens très bien de l’avoir tout doucement repoussée en lui disant : pas toi, pousse­toi un petit peu... C’était la chatte blanche que ma tête de linotte sans cœur avait choisie. Je suis, depuis lors, demeurée sensible à tout ce qui s’appelle exclusion et rejet arbitraires sans raison apparente. Cette toute petite Calico ne demandait qu’à être aimée, et j’ai toujours regretté de ne pas l’avoir amenée avec vous deux. Après toutes ces années, mon geste me tourmente encore : dans une maison, deux minous, trois minous, quelle différence ? Arrivés au comptoir, nous cherchions un nom qui saurait te caractériser, et rien de bien original ne se présentait à notre esprit. Ce n’est qu’à notre arrivée à la maison, alors qu’on te voyait te promener et visiter les lieux d’un air précieux que le choix s’est imposé : Coquette !

Tu es vite devenue la coqueluche du quartier. Que de fois nous avons dû fermer les rideaux du salon pour te soustraire à la rangée de matous qui s’alignaient sous la fenêtre, à tes pieds, toi la petite chatte qu’on avait pourtant tôt fait de faire stériliser ! Contrairement à Zoreilles, tu n’étais pas particulièrement craintive. Tu n’hésitais pas à taper allègrement sur la tête de votre bête noire commune, le surprenant Brûlot1, quand il venait de trop près vous quémander la faveur de jouer avec vous deux. Nous avons été aussi protecteurs et mère­poule avec toi, mais tu avais pour ta part développé une certaine indépendance qui faisait croire que tu pouvais te passer des pauvres humains maladroits que nous étions. Tu avais toujours un petit sourire en coin qui te rendait bien photogénique ! Une vraie star ! Toi aussi, tu t’es beaucoup amusée avec nous et tu nous as beaucoup amusés. Tu aimais bien tendre des embuscades au lourdaud Zoreilles qui sursautait à coup sûr au détour d’un mur ou d’une porte ! L’heure de la sieste était souvent le théâtre de mille postures différentes sur les fauteuils... joue contre joue ou flanc contre flanc. Et nous n’avons pas été assez futés pour vous prendre en photo à ces moments­là... On ne prend jamais assez de photos de nos petits compagnons, se dit­on après qu’il soit trop tard. Coquette, toi aussi tu as été le témoin innocent et impuissant de mes errances. Je suis partie sans toi, sans vous deux, mais l’amour que j’ai reçu de vous et que je vous ai porté m’a donné la force d’un recommencement. Je vous ai rendu visite, jusqu’à la fin. J’ai eu la chance, et cela je le dois à votre papa, de pouvoir te dire adieu, alors qu’à tes derniers jours tu n’avais même plus la force de te toiletter, toi si fière, si coquette. Tu es partie bien doucement, me laissant à la fois tristesse et paix, et de merveilleux souvenirs de vie. Tu m’as donné la chance d’être une « maman », et de connaître la joie de vivre avec des animaux, moi qui n’étais pas du tout prédestinée à avoir ni chien, ni chat ! Toi aussi, ma puce, tu me manques toujours. En regardant vivre mon chat tout noir, curieusement, je pense à toi car il est aussi noir que tu étais blanche. Ma Coquette adorable, merci pour tout ce que tu as apporté à nos vies ! Au Paradis des minous, essaie de veiller à ce que Zoreilles ne s’empiffre pas trop. Étant la seule fille de ma petite gang, tu auras fort à faire pour les retenir de faire des bêtises. Mais j’ai confiance en ton petit air autoritaire et à tes pattes de devant croisées, très féminines, pour en imposer aux messires chats de l’autre monde. En ton nom à toi aussi, j’investis toute mon âme au bonheur de mes deux p’tits bonshommes que j’aurai la chance de voir vieillir et d’accompagner jusqu’au bout. Ta maman, Johanne

JOHANNE PELLETIER Le petit chien Schnauzer de mon frère.

­ Tu ne trouves pas les humains un peu bizarre, toi, Cornélius ? ­ Pourcroâââ ? ­ Ils supplient Dame Nature pour que la neige tombe; puis quand ça arrive, la pelle à la main, ils envoient la neige à bout de bras en chialant et en se plaignant qu'ils en ont assez de cette M...!!!? neige. Pas facile à comprendre cette espèce­là ! ­ Je te croâââ !!!

Ben oui, là... riez pas de moi !… Je ne savais pas ça qu’en hiver, se coller la langue sur un poteau glacé… ça faisait ça, bon !

C O U R E Z L A C HA N C E D E G A G N E R U N L I V R E D E L A C O L L E C TI O N O I S E A U ­ M O U C HE L I TTÉ R A TU R E J E U N E S S E

( L e ct e u r ci b le ­ 6 à 9 a n s )

S H A W I N I G A N E T S H I PS H A W D E L 'A U T E U R E I S A B E L L E L A R O U C H E

S h a w i n i g a n e t S h i p s h a w ra c o n t e a v e c t e n d re s s e e t h u m o u r l e s a v e n t u re s d e d e u x c h a t s a u x p ri s e s a v e c t o u t e s s o rt e s d e p e t i t s p ro b l è m e s . M a l g ré l e s d i f f é re n c e s e t l e s p ré j u g é s , u n e g ra n d e a m i t i é e s t s u r l e p o i n t d e s e f o rm e r.

C o m m e n t p a rt i c i p e r ? V o u s n ' a v e z q u ' à n o u s f a i re p a rv e n i r v o s c o o rd o n n é e s ( n o m , a d re s s e p o s t a l e e t a d re s s e c o u rri e l ) à :

p a t t e s l i b re s ­ t i ra g e s @ h o t m a i l . f r

(adresse non cliquable ­ à transcrire ou copier/coller)

D a t e d u t i ra g e : l e 2 5 m a i 2 0 1 6 B o n n e c h a n c e à t o u s l e s p a rt i c i p a n t s ! La gagnante de notre tirage D'UN MASSAGE POUR CHIEN OFFERT PAR MASSOTHÉRAPIE CANIN DE QUÉBEC INC. EST : MADAME SOPHIE TRÉPANIER DE QUÉBEC Félicitations à notre gagnante !

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