BRISSE Charles 1843-1898

Charles Michel BRISSE naît le 8 septembre 1843 à Paris, au 43 du boulevard du Temple. Il meurt le 13 octobre 1898 à Paris (5e). Inhumé dans la 25e division du cimetière du Montparnasse.

Fils de Pierre Louis Florentin BRISSE et de Marie Clotilde BOUILLETTE, confiseurs. Le père est né le 3 mars 1814 à Saint-Prest (Eure-et-Loire). Il est pharmacien et vit à Paris losqu’il se marie. Il sera plus tard avocat, négociant, agent d’affaires. Il meurt le 8 mars 1883. La mère est née le 12 août 1818 à Frémainville (Seine-et-Oise, actuellement Val d’Oise), où son père est cultivateur. Elle meurt le 15 janvier 1869 à Paris (3e). Ses actes de naissance, de mariage et de décès et l’acte de mariage de Charles la prénomment Marie Clotilde. L’acte de naissance de Charles donne Adélaïde Clotilde. Ils se sont mariés le 29 décembre 1836 à Frémainville.

Il épouse Victoria Louise BÖHLER le 25 juin 1870 à Paris (19e).

Elle est née le 19 décembre 1847 à Brest. Fille de Chrétien Böhler et Eugénie Pétronille Dalloz. Elle meurt en juillet 1925. Le père est né le 27 février 1819 à Ebersheim (Bas-Rhin), où son père est journalier. Veuf d’un premier mariage avec Irma Clara Aimée Rousseau, décédée le 20 août 1844 à Brest. Tailleur d’habits. La mère est née le 20 avril 1825 à Brest, où son père est cordonnier. Ils se sont mariés le 25 février 1845 à Brest. Ils sont alors tous deux deux tailleurs. L’un des témoins au mariage est le mathématicien Hermann Laurent (X 1860), alors répétiteur à l’X.

Trois enfants. Les deux aînés, nés avant le mariage de leurs parents, sont déclarés dès leur naissance enfants de Charles Brisse et Louise Böhler. Ils sont légitimés par le mariage de leurs parents. Charles Eugène Né le 23 mai 1869 à Paris (6e) ; l’un des deux témoins est Étienne Vazeille (voir sa notice). Charlotte Clotilde. Née le 18 mars 1870 à Paris (5e). Décédée le 27 décembre 1952 à Nice. Andrée Victora. Née le 3 novembre 1875 à Paris (5e). Mariée à Georges-Henri Brissaud-Desmaillet le 11 juillet 1895, à Paris (11e). Au moins 4 fils : Henri (colonel en 1848), André (avocat), Georges, René. Elle meurt le 21 décembre 1966 à Paris (16e). Georges Brissaud-Desmaillet. Né le 16 janvier 1869 à Carcassonne. Entré à Saint-Cyr en 1887. En 1895, il est lieutenant au 6e bataillon de chasseurs, détaché à l’École supérieure de la guerre. Général de brigade en 1916 et de division en 1922, il passe dans le cadre de réserve en 1931. Décédé le 14 novembre 1948 à Paris (16e). Inhumé dans la même sépulture que Charles Brisse. Grand-officier de la légion d’honneur.

Élève au lycée Charlemagne au moins depuis la troisième et jusqu’en spéciales. Pensionnaire de l’institution Massin (dirigée par Lesage). Distinctions au concours général : 1er prix de maths pour la classe de troisième en 1859 ; 3e accessit de version latine pour la classe de seconde en 1860 ; 1er prix de maths et cosmographie et 3e accessit de version latine pour la classe de rhétorique en 1861. Il saute la classe de logique. Baccalauréat ès sciences le 19 novembre 1861 à Paris.

Élève de spéciales au lycée Charlemagne en 1861-62 et 1862-63. Classe de Hauser (ENS 1833).

Distinctions au concours général : 7e accessit de chimie pour la classe de spéciales en 1862 ; premier accessit de maths pour la classe de spéciales en 1863. Dans sa classe : 4e accessit de physique et chimie et 4e accessit d’allemand en 1862 ; 1er prix de maths et 1er prix de physique en chimie en 1863.

Entré à l’X en 1863 (19e).

Candidat à l’ENS en 1862 et 1863. Très éloigné de l’admissibilité en 1862. Admissible à l’ENS en 1863, il est classé 19e après l’oral, 2e de la liste supplémentaire. Il choisit l’X. Le dernier entrant est le 24e. Il sort 33e de l’X, ingénieur des lignes télégraphiques. Il démissionne en mars 1866.

Licencié ès sciences mathématiques en septembre 1867 et ès sciences physiques en septembre 1868, à Paris. Agrégé de mathématiques en 1868 (2e sur 5). C’est sa première candidature. Il est 6e des 14 admissibles.

Carrière. Suppléant de géométrie descriptive au lycée Charlemagne.

01-01-1869 au 03-10-1869

Roland Brasseur – Dictionnaire des professeurs de mathématiques en classe de mathématiques spéciales – 7 septembre 2015

Chargé de cours de maths au lycée Fontanes. Professeur divisionnaire de maths au même lycée. Professeur de maths au même lycée. Délégué en math spé au même lycée. Professeur de math spé au même lycée.

11-12-1872 28-12-1876 20-12-1879 -11-1880 (supplée Lafon) 12-08-1881 (succède à Lafon)

Les deux divisions de spéciales (vétérans de Lafon et nouveaux de Macé de Lépinay) de Fontanes avaient été rassemblées en janvier 1880 après la nomination de Macé à Henri IV. Â la rentrée de 1880, la classe des nouveaux est rétablie, et confiée à Walecki. Lafon, victime d’une chute le 27 octobre 1880, doit peu après abandonner son travail ; il mourra en décembre. Jusqu’en 1893, les deux classes, qui accueillent chacune des nouveaux et des vétérans, sont confiées à Brisse et Walecki ; Blutel succède à Walecki en 1893, et Goulin à Blutel en 1895. Au départ de en retraite de Brisse, en 1896, une seule classe est maintenue, confée à Blutel. Par ailleurs, une math élém sup est créée en 1891 (Riemann, puis Cahen en 1895). Le lycée Fontanes retrouve en 1883 son ancien nom de lycée Condorcet. Effectif : 48 en 80-81, 35, 26, 30, 25 en 84-85, 36, 38, 32, 24, 18 en 89-90, 18, 37, 38, 23 (4 X), 27 en 94-95. De 1885 à 1889, 17 admis à l’X sur 116 présentés. IG Vacquant, février 1890 : « Pour un professeur de sa valeur, ce n’est pas assez. » IG Pieron : « M. Brisse est un professeur très instruit ; sa parole est facile et élégante, son enseignement est clair et très précis. Malgré toutes ces qualités M. Brisse obtient des résultats seulement convenables et qui ne sont pas en rapport avec la valeur de son enseignement. » Les IG expliquent ce manque de résultats par le manque de travail dans les disciplines jugées accessoires (Piéron, 1891 : « cela tient à ce que les élèves ne travaillent pas assez les parties du programme qu’ils considèrent, à tort, comme accessoires (français, allemand, dessin) », par l’absence d’internat (Piéron, 1893 : « le régime de l’externat est peu favorable au travail »), par la faiblesse du professeur de physique (Vacquant, 1894 : « le cours de physique suivi par les élèves de cette classe laisse sérieusement à désirer » ; même remarque dès 1888). Ils n’évoquent qu’à peine l’excès des activités de Brisse, d’ailleurs sans émettre de réserve (Vacquant, 1890 : « Il faut même que M. Brisse ait une puissance de travail tout à fait exceptionnelle pour faire, malgré tant d’autres occupations, un cours de mathématiques spéciales avec une correction, une sûreté, et un entrain que je ne saurais trop louer. »).

Il est aussi : Préparateur à l’X du cours de chimie d’Edmond Frémy de 1866 à 1867 ou 1868. Chargé d’un cours de physique au collège Stanislas d’avril 1868 (et sans doute quelques mois plus tôt) à décembre 1869. Directeur des ateliers de l’imprimerie Gauthier-Villars de décembre 1869 à décembre 1872. Chef des travaux graphiques à l’école préparatoire de Sainte-Barbe de 1873 à 1879. Répétiteur adjoint de géométrie descriptive à l’X de février 1874 à octobre 1896. Suppléant d’Ossian Bonnet sur la chaire de géométrie descriptive à l’École des Beaux-Arts de décembre 1875 à septembre 1882. Professeur de mathématiques à l’École des Beaux-Arts du 1er octobre 1882 au 30 septembre 1896. Professeur de géométrie descriptive à l’École centrale de 1888 à octobre 1896. Professeur suppléant du cours de géométrie descriptive au CNAM de 1891 à octobre 1896.

Retraite pour raisons de santé le 2 octobre 1896, dans chacun des ministères dont il dépend. Certificat médical (14 octobre 1896) : « albuminurie tenant à une lésion rénale, compliquée de divers accidents nerveux (céphalgie habituelle, vertiges, diminution de la mémoire), accidents qui s’accentuent par le travail intellectuel. […] Les infirmités de Monieur Brisse reconnaissent pour cause unique le surmenage nécessité par l’exercice de ses fonctions et le mettent dans l’impossibilité de les continuer ». Son traitement moyen des 6 dernières années était de 18263 francs. Son ancienneté de 24 ans, 6 mois et 25 jours lui ouvre droit à une pension égale à un soixantième de ce traitement par année, soit 7457,49, arrondie à 7457 puis ramenée au maximum légal de 6000. Il meurt en octobre 1898. Sa veuve perçoit le tiers réversible, soit 2000.

Co-fondateur en 1872 de la Société mathématique de France (SMF), il en est, avec Laguerre, l’un des deux secrétaires jusqu’en 1876. Co-fondateur en 1873, aux côtés de Charles d’Almeida et de quelques autres, de la Société française de physique. Il assure jusqu’en 1896 l’administration du Journal de physique théorique et appliquée créé par d’Almeida en 1872.

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Livres. Cours de géométrie descriptive, pour différents publics (beaux-arts, math spé, Centrale, école spéciale militaire, enseignement secondaire moderne), entre 1882 et 1898. En particulier : Première partie à l’usage de la classe de math élém, 2e éd. revue par C. Bourlet, G-V, 1900, 177 p. Seconde partie à l’usage de la classe de math spé, G-V, 1891, 250 p.

Cours de physique à l’usage des élèves de la classe de mathématiques spéciales, avec Charles André, Dunot, 1873, 608 p. 2e et 3e éd., avec Ch. André et Charles Rivière, Delagrave, 1886 et 1894, 752 p. Cours de mécanique à l’usage des élèves de la classe de mathématiques spéciales, G-V, 1892, 139 p. Recueil de problèmes de géométrie analytique à l’usage des élèves de la classe de mathématiques spéciales, Foucart et Gauthier-Villars, 1889, 176 p. Deuxième éd., G-V, 1892, 226 p. Coupe des pierres, précédée des Principes de stéréotomie, par Brisse et Rouché, volume de l’Encyclopédie des travaux publics, Paris, 1893, 405 p. Articles et mémoires. Nouvelles annales de mathématiques. De 1861 à 1864, les NAM publient 9 solutions envoyées par « M. Abraham Schnée, élève du lycée Charlemagne », et en signalent 10 autres. En juin 1864, elles publient deux solutions de « M. Charles Brisse, élève de l’École polytechnique » (« ci-devant Abraham Schnée »). La signature de Charles Brisse apparaît à nouveau deux fois en 1870. En janvier 1872, Charles Brisse, « ancien élève de l’École polytechnique, agrégé de l’Université », devient rédacteur des NAM aux côtés de Gérono (qui les avait créées en 1842 avec Terquem) ; il succède à Justin Bourget. On trouve jusqu’en juillet 1890 quatre textes signés Charles Brisse (1877, 1882, 1890) et de nombreuses remarques de Ch. B., et en décembre 1891 une « Réclamation de priorité pour une faute ». En janvier 1896, Brisse et Rouché, qui avaient succédé en 1887 à Gérono, sont remplacés par Laisant et Antomari. « Sur les débuts de la trigonométrie », 1877, p.49-61. « Application des propriétés des polynomes homogènes à la discussion de l’équation en S », 1882, p.193-206. « Réduction de l’équation générale des surfaces du second ordre en coordonnées obliques », 1882, p.207-216. « Nouvelle méthode de discussion de l’équation en S », 1890, p.367-372.

Journal de mathématiques pures et appliquées (Journal de Liouville). « Mémoire sur le déplacement des figures », 1870, p.221-264. « Sur le déplacement fini quelconque d’une figure de forme invariable », 1874, p.221-264 et 1875, p.141-180.

Annales scientifiques de l’École normale supérieure. « Exposition analytique de la théorie des surfaces », sections I à IV, 1874, p.87-146.

Bulletin de la SMF. « Sur une formule de la théorie des surfaces », 1875-1876.

Journal de l’École polytechnique. « Exposition analytique de la théorie des surfaces », section V, 1883, p.213-233. « Démonstration du théorème de d’Alembert », 1886, p.163-169.

Sources et bibliographie. Dossier F/17/20287 aux Archives nationales. Notice sur les travaux scientifiques de M. Ch. Brisse, Gauthier-Villars, 1883, 22 p. Fiche aux archives de l’École polytechnique. Dossier Légion d’honneur (chevalier 1887) aux Archives nationales. Brèves nécrologies dans le Bulletin de la société française de physique (par René Benoît, séance du 4 novembre1898, p.64), les NAM (par « Les rédacteurs », novembre 1898, p.533), le Journal de physique théorique et appliquée (encart non signé ni paginé, novembre 1898, après p.636). Roland Brasseur, « Charles Brisse », Bulletin de l’UPS, n°231, juillet 2010.

Roland Brasseur – Dictionnaire des professeurs de mathématiques en classe de mathématiques spéciales – 7 septembre 2015