Etude de cas n°1 Les facteurs d’augmentation des coûts dans l’analyse keynésienne A partir de Principes d’économie, Sloman J. et Wride A., (2011), 7ème édition, Pearson
Comment les keynésiens pourraient expliquer le déplacement de la courbe de Phillips dans les années 1970 et 1980 L'augmentation du pouvoir de monopole Beaucoup de keynésiens affirment que la courbe de Phillips s'est déplacée vers la droite dans les années 1970 et le début des années 1980. Ils l'expliquent principalement par l'exercice plus important d'un pouvoir de monopole à la fois sur les marchés domestiques et à l'international. Le déclin de la courbe de Phillips originale à la fin des années 1960 et au début des années 1970 était accompagné des troubles grandissants dans le milieu industriel, avec l'accroissement du nombre de grèves et autres formes de manifestations dans l'indutrie. Dans le même temps, on observait un accroissement de la concentration et du pouvoir de monopole dans l'industrie, avec un grand nombre de fusions et d'acquisitions. L'augmentation du prix du pétrole ainsi que de nombreuses marchandises aggravèrent le choc d'offre qui se produisit à cette époque. Beaucoup d'économistes voient dans ces développements la cause majeure de la stagflation des années 1970 et du début des années 1980. Les gouvernements, face à une inflation très élevée, ont tenté de résoudre le problème en utilisant (parmi d'autres choses) des politiques déflationnistes, ce qui est illustré par la figure 1.
Inflation (%)
Figure 1 – Un déplacement de la courbe de Phillips tiré par les coûts
Ramener le chômage au niveau U1 nécessiterait d'accepter un niveau d'inflation égal à π3.
c
π3
b
π2 π1
O
a
U1
II
U2 Chômage (%)
I
Supposons que l'économie est initialement au point a de la courbe de Phillips I. Les niveaux de chômage U1 et d'inflation π1 sont considérés comme « politiquement acceptables ». Supposons maintenant que, sous l'effet de pressions à la hausse sur les coûts, la courbe de Phillips se déplace en II. Le gouvernment répond à ce nouveau coût en termes d'inflation en poursuivant des politiques déflationnistes modérées. Le chômage grimpe et l'économie se déplace au point b. le mouvement de a vers b représente la stagflation. L'accroissement du chômage est dû au refus du gouvernement de valider les augmentations des coûts. Le niveau de chômage pourrait être ramené à U1 par l'augmentation suffisante de la demande de monnaie globale, mais alors l'économie passerait au point c avec une inflation égale à π3. Si les pressions en termes de coûts persistaient (c'est-à-dire si elles étaient plus que des chocs d'offre), le déplacement de la courbe de Phillips vers le haut serait encore plus important. Une solution préférable à la stagflation serait d'essayer de ramener la courbe de Phillips à sa position initiale. Pour cette raison, beaucoup de keynésiens des années 1970 ont défendu l'idée selon laquelle il fallait réguler les prix et revenus. En cas de succès, la demande globale pourrait à nouveau s'accroître, et l'économie pourrait repasser du point b au point a. L'explication du déplacement apparent de la courbe de Phillips vers la gauche ces dernières années (voir la figure 19.15 dans le manuel) réside dans le déclin des syndicats. Les cibles en termes de salaires réels Un développement majeur de la théorie kéynésienne dans les années 1970 est proposé par la théorie dite du « salaire réel cible ». Des analyses empiriques ont montré que les négociations syndicales concernant le salaire réel augmentent chaque année. Si la croissance économique est suffisante pour payer cette augmentation de salaire, cela ne coûte rien en termes d'inflation. En revanche, si les travailleurs commencent à négocier pour obtenir des hausses de salaire plus importantes (que celles permises par la croissance), du fait par exemple d'un pouvoir de monopole accru, ou si la croissance de l'économie fléchit, il y aura alors des pressions à la hausse sur les coûts. Plus les syndicats ont le pouvoir d'obtenir les augmentations de salaires réclamées lorsque l'économie ralentit, plus le chômage va s'accroître et moins l'inflation va baisser au fur et à mesure de cette augmentation du chômage, avec comme résultat le fait que la courbe de Phillips sera moins courbée. La baisse de l'inflation tirée par la demande est dans ce cas partiellement compensée par une hausse de l'inflation tirée par les coûts. Dans le cas extrême, l'augmentation de l'inflation tirée par les coûts serait plus importante que la baisse de l'inflation tirée par la demande. Ceci aboutirait à une courbe de Phillips croissante ! La baisse de la production et la hausse du chômage produiraient une hausse de l'inflation. C’est ce qu’illustre la figure 2. L'économie est initialement au point m. Supposons maintenant que la demande globale diminue. La production et l'emploi baissent. Le chômage passe de U1 à U2 et la croissance des salaires réels chute. Les syndicats usent de leur pouvoir de monopole et tentent de maintenir la croissance visée de leurs salaires. Sans croissance de la production, cela a pour effet de nourrir l'inflation, qui passe de π1 à π2 et l'économie passe du point m au point n. C'est un mouvement le long de la courbe parce que c'est l'augmentation du chômage (et la baisse de la production) qui a causé une augmentation de l'inflation.
Figure 2
π(%)
n
π2 π1
m
U1
U2
U(%)
L'augmentation de l'inflation tirée par les coûts lorsque l'économie ralentit sera d'autant plus grande que (a) la capacité des syndicats à maintenir leurs demandes de hausses des salaires réels est forte ; (b) la capacité des entreprises à satisfaire les revendications salariales est faible, étant donné le ralentissement de l'économie, si bien qu'elles sont forcées de répercuter les hausses de salaires sur les prix.
Questions Il est conseillé de vous appuyer sur des graphiques pour étayer votre argumentation.
1. Présentez la courbe de Phillips originelle 2. Expliquez les mécanismes liant salaires nominaux, chômage et inflation. 3. Si les syndicats décident d'ouvrir des négociations visant à obtenir des augmentations des salaires réels, quel effet cela aura-t-il sur la courbe décrite ci-dessus ?
Consignes de rédaction Par groupe d’exposé, vous devez rédiger une réponse argumentée et structurée autour des 3 questions posées, à l’aide du texte et des graphiques mais aussi de sources complémentaires. Il ne s’agit pas de répondre aux questions séparément mais de produire un document synthétique avec un plan apparent et une problématique. Le document ne doit pas excéder 4 pages, interligne 1,5. Il doit comporter vos noms, classe, groupe et une bibliographie. Veillez à rendre un document imprimé et propre.