COMMUNAUTÉ DU CHEMIN NEUF Fraternité œcuménique Internationale

LETTRE DE KINSHASA N° 19 Avril 2011

Editorial du Père François Michon Grâce à votre mobilisation, le nouveau centre d'accueil « Ndako Ya Biso » a ouvert ses portes début Septembre. La trentaine d'enfants du Rond Point Ngaba qui le fréquentent quotidiennement apprécient particulièrement ce qu'ils appellent « la piscine »...Il faut les voir, les entendre, s'ébattre et s'éclabousser entre lessive et douche après leur match de foot. Et avec les dimensions du nouveau terrain, chacun peut se défouler en trouvant l'espace qu'il lui faut; le besoins des enfants d'extérioriser la tension accumulée dans la rue risque moins de glisser dans la violence que génère la promiscuité. Ceci apaise grandement l'ambiance de nos journées.

Les plaisirs de la douche et de la lessive

Nous sommes très fiers de notre grande salle bien aménagée avec un tableau, tables et chaises pour les séances quotidiennes d'alphabétisation. Pour nous, ce travail s'avère être de plus en plus une étape essentielle pour la réussite de la

réintégration scolaire future de l'enfant : savoir tenir un stylo, reconnaître son nom écrit au tableau et réaliser quelques opérations de base qui permettront à l'enfant de ne pas se sentir perdu en situation d'échec devant ses camarades de classe le jour où il réintégrera l'école. Bref, aujourd'hui, un enfant qui franchit le portail du centre, retrouve un cadre de vie sociale : réapprendre la dignité et les exigences de la vie. Donner à l'enfant cette chance et cette confiance en lui pour relever le défi de sa nouvelle vie Progressivement, au fur et à mesure de vos dons nous aménageons les lieux sans oublier les bureaux dont l'équipe d'animateurs a besoin pour prendre des temps d'écoute individuel avec chacun des enfants et organiser l'administration de la mission. Cette nouvelle étape est aussi pour nous l'occasion de mesurer ce qui a été rendu possible pour ces enfants dont les premiers sont déjà adultes : • Franck, après 4 années particulièrement violentes dans la rue, a terminé ses 3 années de formation professionnelle d'ajusteur-soudeur. Aujourd'hui il travaille dans une grande entreprise. • Aimé, dont nous n'avions plus de nouvelles depuis sa réinsertion à Matadi il y a 5 ans, a été aperçu par hasard au Rond Point Ngaba au volant d'une grosse voiture appartenant à une Congrégation des Soeurs dont il est devenu le chauffeur. • Junior, qui en récupérant en 3 ans toutes ces années d'abandon et de violence dans la rue,a réussi son Baccalauréat et entre à l'Université • C'est aussi Ravis qui se prépare à partir en Equateur avec une ONG pour travailler dans la formation et le développement après avoir terminé sa formation professionnelle en menuiserie; et il faut le voir en tant qu'animateur de la chorale de sa paroisse... • Et puis c'est aussi Spag qui après avoir été un dealer redouté de l'écurie principale du Rond Point Ngaba « Etat Major » est devenu l'un des animateurs du centre et participe avec son épouse aux rencontres de notre Communauté. • Sans oublier Jires, Gloire, Jonathan, Fiston, et le petit Moïse qui n'avait que 6 ans lorsque nous l'avons accueilli, ou encore Bienvenu,Philippe et tant d'autres... tous ceux qui ont eu cette chance d'un nouveau départ après une enfance avortée. Certes, les rechutes, les recommencements ont aussi jalonné ces 5 années mais cette école de patience et « d'Espérance au delà de toute Espérance » dont nous parle St Paul est aussi une bonne nouvelle pour chacun d'entre nous. Tu vaux plus que l'acte que tu as posé. La pierre rejetée est, sans se lasser, retravaillée et ajustée par le bâtisseur pour devenir la pierre angulaire d'une Espérance en un renouveau de l'Homme toujours possible. ❀

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Nos projets 2011 Au centre Ndako Ya Biso La mission nous engage toujours plus loin. C'est aussi la nécessité toujours plus urgente d'agir pour les filles et souvent les fillettes. Nous avons acheté fin 2010 une parcelle avec une maison en construction pour l'accueil des filles. Il nous faut maintenant constituer une équipe et une structure d'accueil. Les moyens à mettre en oeuvre sont différents de celles des garçons. Il nous faut trouver une 'Mère' qui sache prendre en mains ces filles avec autorité mais avec beaucoup d'Amour pour compenser toute la tendresse qu'elles n'ont pas reçue.

Au Collège Avec 150 enfants en maternelle, 1 200 en primaire et 400 au secondaire cette année, le projet de l'école Ste Christine avance bien. L'instruction est l'une des priorités pour aider la population du quartier à sortir de la précarité qui menace en permanence l'unité familiale et sociale. avril 2011

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Un enseignement de qualité...avec des enseignements motivés mais l'investissement que nous exigeons d'eux réclame en retour que nous assurions le revenu nécessaire à la vie de leur famille, et ceci, sans que cela ne pénalise les familles démunies de notre quartier....Un pari que nous sommes en train de gagner. Merci à ceux qui parrainent la scolarisation d'un enfant tout au long de son cursus et lui permettent ainsi de pouvoir profiter de la qualité de notre école. Cette année, nous devons impérativement envisager la construction de trois nouvelles salles de classe pour accueillir les enfants qui arriveront au niveau de la seconde. Le coût d'une classe revient à environ 20.000 €. Nous comptons sur l'aide de chacun d'entre vous. Le pays pourra se reconstruire qu'avec l'Espérance d'un avenir chez les jeunes.

Au Centre de Formation Professionnelle Une nouvelle section a ouvert ses portes à la rentrée de Septembre : à la formation de coupe et couture, de menuiserie et maçonnerie s'est adjoint une classe d'ajusteur-soudeur. Pour les jeunes qui en bénéficient, la formation professionnelle est souvent l'unique rempart contre l'appel de la rue. De famille modeste, en situation scolaire et livré à eux-mêmes ils n'ont plus d'autre horizon que de chercher leur subsistance quotidienne dans la rue. Ici on les appelle les « bailaizes » : ceux qui vivent dans la rue mais ont une famille où aller dormir...A ce jour, le centre de formation professionnelle regroupe environ 200 filles et garçons : à terme ils devraient être 300. Aujourd'hui, élèves, enseignants et équipements sont à pied d'oeuvre mais il nous faut d'urgence construire de nouveaux bâtiments. Nous avons négocié l'achat de la parcelle voisine, il nous faut maintenant rechercher les fonds pour la construction de trois salles de classe. Merci pour chaque geste qui nous a permis de réaliser déjà toute cette mission fabuleuse au service des enfants du Rond-Point Ngaba. Et Merci de pouvoir encore compter sur vous ou vos amis pour la suite de ces projets.

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Témoignage de Marthe JET – (Jeunes à l’Etranger)

arrivée récemment

Mboté  na bino !! (= Bonjour à vous!) Après une formation à lAbbaye de Hautecombe et une période sans domicile fixe riche de festivités et d’adieux, me voici arrivée depuis Janvier au cœur de l’Afrique, à Kinshasa en République Démocratique du Congo! En sortant de l’avion me voilà enveloppée d’au moins 27°C, d’une odeur de sable et de monde…Environ 2h plus tard je sillonne Kinshasa by night avec les frères et sœurs de la communauté qui m’ont attendus. Les Congolais ont eu envers moi un accueil très chaleureux. Comment décrire Kinshasa en quelques mots ? Je parlerai surtout du quartier Makala où j’habite, tous les coins de cette ville de 10 millions d’habitants ne se ressemblent pas. Un mot résume assez bien mes impressions : c’est coloré !! Les sons, les visages, les rires, les boubous et autres attirails, la langue, les animaux, les devantures des échoppes et les maisons, les idées…plus moi la « mundélé » (blanche en lingala), qui ne manque pas de se faire remarquer dès que je circule! Quelques fois les enfants font « hihan », me prenant pour une chinoise…(c’est à cause du bonjour chinois, rien à voir avec les ânes !). Me voilà sur une terre nouvelle où le contraste avec celle d’où je viens est très frappant. Ça grouille de partout dans les rues entre les marchands ambulants et sédentaires, les transports, les piétons, les oiseaux, les coqs et poules, les grillons  J…Avec toute cette circulation de choses et personnes imprévisibles, parfois voleuses, ce bruit incessant, la forte pluie etc… vivre dans la rue signifie vivre dans l’agression permanente. Je comprends mieux la violence qu’elle produit chez les jeunes qui la côtoient trop! Sinon toutes les petites rues sont de sable fin…et servent de poubelle. Quand la pluie tombe en trombes les ruelles se transforment en rivières et circuler devient un vrai parcours du combattant : il faut traverser l’eau qui déborde, marcher sur les pierres pour éviter les flaques, enjamber la boue, passer des ponts de guingois…En grosse quantité la pluie est un véritable fléau : inondations, trottoirs et routes écroulés ou ensablés, tôles envolées, électrocutions… Les alentours de la ville, la nature est très verdoyante avec les cours d’eau qui la traverse, terrain propice aux forêts de palmiers, aux bananiers, manguiers, avocatiers… D’ailleurs les fruits ont ici une autre saveur. Je me régale d’ananas, de bananes, de fruits de la passion, de mangoustans, de poilus…J’ai testé les plats nationaux pour le moins nourrissants. Je mange beaucoup de maquereaux et j’ai même testé la tortue et les chenilles à la sauce champignons-arachide! Ça croustille beaucoup pour peu de goût. Je me suis mise aussi à l’avocat au petit déj’ de temps en temps, avec mon gobelet de lait en poudre.

Toujours jouer gagnant. avril 2011

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Eh oui, toute la vaisselle est en plastique ou inox, comme les chaises. Pour le lait c’est qu’il est difficile de conserver des aliments au frais étant donné les pannes courantes de courant. Pour l’eau c’est pareil, ça s’en va et ça revient, c’est fait de touts petits riens, ça ne m’empêche pas de chanter sous la douche! Bon, voilà un peu pour l’ambiance générale J!   Côté  quotidien c’est aussi tout nouveau et je m’y fais plutôt bien. J’ai l’impression de redevenir comme un petit enfant (bien accueilli ;) ) dépendant de son Preparation des repas. environnement : je ne me déplace pas seule, ne mange pas n’importe quoi, ne parle pas lingala et je dors beaucoup (même la sieste quelques fois)! Être avec les enfants aussi me replonge dans l’enfance avec les jeux, les danses (ça les fait bien rire de me voir les imiter), les rires, l’alphabétisation… J’habite cette maison rue Lukala avec une famille évangélique de 9 enfants au rez de chaussée et à l’étage nous sommes 6 : Sylvie l’instit’ et Eliane l’ivoirienne qui sont sœurs consacrées, Matthieu le camerounais, Toussaint et Dieudonné qui sont également frères de la communauté. Il arrive aussi qu’on héberge une souris grosse comme un rat ou des cafards J! Voici un aperçu de ma nouvelle demeure :  Je me lève à 5h et me réveille avec une douche au seau d’eau froide. Moment des plus agréables  quand on passe le reste de la journée en sueur! 5h45 c’est la messe au rythme du tam tam suivie de la prière personnelle. Je passe ensuite la journée au centre Ndako ya biso avec les enfants des rues où en plus de jouer et d’encadrer, j’apprends le lingala, doucement mais sûrement! Certains jours je pars avec un animateur pour réunifier un enfant avec sa famille ou visiter ceux qui le sont déjà. Le travail éducatif ici me change des façons de faire en France, c’est intéressant. Réunions, repas, la classe…tout commence par une prière ici.  Voici Elie, Kevin, Jeannot et Joël avec le fameux baby foot en arrière plan ! Je deviens pro en la matière! A droite c’est encore Elie avec Rafi et Jeannot que je surnomme « likaku » (=singe). Au centre ils peuvent se comporter comme des enfants, en dehors c’est la loi de la jungle et elle marque fortement leurs corps et leurs esprits. Je me déplace grâce à  «  rien que la prière » ou « Dieu vivant » ou « in God we trust »… Ce sont le genre de petits noms donnés aux bus bleus et jaunes du coin! Enfin bus est grand mot, comme celui de taxi. Le terme de carcasse roulante est plus exact, mais c’est drôlement pratique. Pour ceux qui ont les moyens, le 4x4 est de rigueur.  ❀

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Vers Ndako Ya Bisu

La journée de travail s’achève entre 15h et 16h, histoire de faire un somme, la cuisine, la lessive, lire ou ne rien faire (c’est tout un apprentissageJ)! La nuit tombe vers 18h15, quand on se retrouve pour prier, adorer ou partager en fraternité. Il y a deux semaines, tous les soirs nous étions dans une église différente pour prier pour l’unité des chrétiens. Comme les messes, ce furent des temps très festifs où on chante et on danse à fond ! C’est ainsi que le sommeil m’emporte vite fait sur les coups de 22h.  Les week-ends sont consacrés au repos, à la lessive à la main et au savon qui sert aussi à la vaisselle, à la mission jeunes, et surtout aux sorties! Par sortie, les congolais entendent les visites à leurs proches et connaissances qui prennent facilement des heures. Je le disais au début, la relation à l’autre est importante et se fait en direct, dans le face à face régulier. Depuis peu je travaille essentiellement au projet d'accueil des « Filles de la Rue ». Pour cette nouvelle mission la Communauté a acheté fin 2010 un vaste terrain sur lequel une maison est construite à hauteur de toiture. Ceci m'amène à visiter les centres d'accueil de la région pour en connaître le fonctionnement et la réalité. Ainsi, riche de leurs expériences, je pourrai travailler concrètement à la réalisation de ce magnifique projet et à le mettre en oeuvre. Voilà  un peu pour les premières nouvelles, premières impressions, premiers pas, premiers heurts et surtout émerveillements …  En attendant de vous lire ou de vous retrouver dans mes rêves et rêveries  J, vous pouvez compter sur mes pensées affectueuses. Merci beaucoup à chacun pour votre soutien, quel qu’il soit, à ce beau projet !! Vous êtes mes encouragements !  Botikala malamu !! (=portez-vous bien !)  Marthe ou Malata en lingala

Repas des enfants

Temps de prière.

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Une cloche pour l'église Ste Christine !!! Nous recherchions depuis une année une cloche pour l'église Ste Christine – Paroisse animée par le Père Bernardin. Ce voeux a été exaucé dernièrement. La famille du Père Francesco, prêtre de la Communauté, a fait don de la cloche qui ornait leur maison familiale en Italie près de Turin. En effet cette maison doit être prochainement vendue et la famille souhaitait que cette cloche soit confiée à la Communauté du Chemin Neuf. Cette cloche partira pour Kinshasa dans le prochain container chargé le 19 de ce mois pour être installée dans le campanile de l'église Ste Christine. Prélude à Pâques prochain.

Préparation de la cloche par le père de Francesco

Centre de formation Professionnelle St JOSEPH Equipement machine menuiserie Nous allons recevoir prochainement de France une machine scie circulaire qui complètera les machines actuelles. Cette machine de professionnel permettra de refendre les avivés de bois ainsi que de déligner les plateaux de bois exotiques. Cette scie puissante nous était indispensable pour l'utilisation des bois très denses utilisés en RDC. Jean Pierre Godding, Responsable du Projet

Scie circulaire de grande puissance indispensable pour les bois exotiques ❀

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