1 Année universitaire 2013/2014 Collège universitaire Semestre d’automne Yannick LUCOTTE
Introduction au raisonnement économique : principes de microéconomie Séance 1 – Introduction : Le champ de la science économique contemporaine 6 Septembre 2013
Principaux concepts abordés : l’économie est l’étude des comportements individuels et du comportement des marchés ; la science économique s’est étendue à divers champs d’étude (famille, éducation, crime…) ; le concept de la rationalité et la prise en compte de ses limites ; la place de la formalisation en économie ; introduction à la méthodologie empirique ; Support n°1 : Le positionnement de l’économie : Tableau n°1 : Domaines classique / non classique ; rationalité / rationalité limitée
2 Support n°2 : La diversité des champs d’étude : Texte n°1: 1er texte fondamental : Gary S. Becker, “Nobel Lecture: The Economic Way of Looking at Behavior”, The Journal of Political Economy, Vol. 101, No. 3, (Jun., 1993), pp. 385-409. URL: http://www.jstor.org/stable/2138769 Levitt Steven, Dubner Stephen (2005), Freakonomics [version anglaise ou format Poche en français (2006), traduit par Anatole Muchnik] Clayton Palmer S., Lon Carlson J., Student’s guide to Freakonomics. Support n°3 : La rationalité : Définition : un individu est rationnel lorsqu’il choisit un comportement optimal par rapport aux buts qu’il cherche à atteindre. La conception classique de la rationalité suppose que l’individu est parfaitement informé des différentes options qui s’offrent à lui ainsi que de leurs conséquences et qu’il est capable de classer chacune de ces options par ordre de préférence. Néanmoins, cette conception de la rationalité ne se limite pas forcément à la considération des seuls intérêts pécuniaires de l’individu. Elle peut prendre en compte la poursuite d’intérêts autres que pécuniaires (reconnaissance sociale…). Max Weber : Le sociologue allemand Max Weber opère une distinction entre quatre formes de rationalité qui déterminent le comportement de l’individu. La rationalité calculée ou « ciblée » (l’adéquation entre les moyens et les fins) se réfère aux actions découlant des anticipations que l’individu formule au sujet du comportement d’autres individus. Ces anticipations permettent à un individu donné d’atteindre ses fins « rationnellement ». La rationalité liée à la foi en des valeurs précises conduit l’individu à entreprendre une action qui est intrinsèquement liée à ses propres valeurs (éthiques, religieuses…) et ce indépendamment du fait que cette action puisse ou non être couronnée de succès. La rationalité affective (résultant d’un sentiment ou d’une émotion) et la rationalité traditionnelle (résultant d’une habitude) sont les deux autres formes de rationalité qui orientent l’action de l’individu. Weber note qu’il est extrêmement rare d’observer un seul type de rationalité à l’œuvre dans le comportement d’un individu : il s’agit le plus souvent d’un mélange de deux ou plusieurs formes. Herbert Alexander Simon : Le chercheur américain Herbert A. Simon (prix Nobel d’Economie, 1978) forge la notion de la « rationalité limitée » (bounded rationality) qui intègre à la notion de la rationalité le contexte de l’information imparfaite de l’individu quant à l’ensemble des options qui s’offrent à lui. Le comportement de l’individu (ou « acteur ») sera rationnel (c’est-à-dire que sa prise de décision vérifiera la propriété ‘si je préfère A à B et B à C, alors je préfère A à C’). Cependant, cet acteur économique rationnel est limité en termes de capacité cognitive et d’information disponible. Dès lors, il sera porté à s’arrêter au premier choix qu’il jugera satisfaisant. Dans un processus de prise de décision [complexe par définition], l’individu ne va donc pas rechercher et hiérarchiser par ordre de préférence l’ensemble des options qui s’offrent à lui, mais tentera de trouver une solution acceptable dans un laps de temps relativement court. Il sera porté à choisir la première option qu’il considérera satisfaisante dans le cadre de la situation concrète qu’il affronte, soit également celle qui minimise le temps nécessaire à la prise de décision satisfaisante.
3 Pour aller plus loin sur le concept de rationalité... Texte n°2 : Samuels R., Stich S., Faucher L. (1999), Reason and rationality, version non publiée EXTRAIT* “Three projects that we think are particularly worthy of mention are what we call the descriptive, normative and evaluative projects. The descriptive project – which is typically pursued by psychologists, though anthropologists and computer scientists have also made important contributions – aims to characterize how people actually go about the business of reasoning and to discover the psychological mechanisms and processes that underlie the patterns of reasoning that are observed. By contrast, the normative project is concerned not so much with how people actually reason as with how they should reason. The goal is to discover rules or principles that specify what it is to reason correctly or rationally – to specify standards against which the quality of human reasoning can be measured. Finally, the evaluative project aims to determine the extent to which human reasoning accords with appropriate normative standards. Given some criterion, often only a tacit one, of what counts as good reasoning, those who pursue the evaluative project aim to determine the extent to which human reasoning meets the assumed standard.” >> Traduction: Les auteurs définissent trois conceptions de la rationalité: la rationalité descriptive (c’est la démarche scientifique adoptée dans des sciences telles que la psychologie, l’anthropologie. Son objectif est de comprendre et de décrire les mécanismes réels du comportement humain) ; la rationalité normative (son objectif n’est pas de comprendre les mécanismes du comportement humain, mais de spécifier comment les êtres humains devraient raisonner. L’objectif est de découvrir un ensemble de règles/principes qui permettent de définir ce qui correspond à un « comportement rationnel – un raisonnement adéquat ». Il s’agit donc de la définition de normes qui permettront de juger de la qualité du raisonnement de l’être humain). Enfin, la rationalité évaluative [du terme “évaluer”] cherche à déterminer jusqu’à quel point (ou degré) le comportement raisonné de l’être humain suit effectivement les standards fixés par les normes. Au vu d’un critère donné, bien souvent d’un critère implicite, de ce qui peut être considéré « rationnel » ou « raisonné », les chercheurs engagés dans le projet évaluatif tentent de déterminer jusqu’à quel point le raisonnement de l’être humain rejoint le standard présumé de la rationalité. Support n°4 : La place des mathématiques :
Texte n°3: Assar Lindbeck, The Sveriges Riksbank Prize in Economic Sciences in Memory of Alfred Nobel 1969-2007. http://www.nobelprize.org/nobel_prizes/themes/economic-sciences/lindbeck/ Texte n°4 : Dani Rodrik sur la place des mathématiques, sept. 2007 http://rodrik.typepad.com/dani_rodriks_weblog/2007/09/why-we-use-math.html “Why we use math in economics?” It's the day after Labor Day, which means it is the first day of orientation for incoming MPAID students. Which also means that I have to give them a talk about the program and how it all fits together. In explaining our extensive and demanding curriculum, I emphasize that development is too important to be left to mushy thinking. *
La version française de cet article est disponible à l’adresse suivante : http://ruccs.rutgers.edu/ArchiveFolder/Research%20Group/Publications/raison/Raison.htm
4 But having gone through an intense math camp for the last couple of weeks, taught by the inimitable Deb Hughes-Hallett, the students are a bit groggy at this point. Many wonder why they need to know about quasi-concavity and all that in order to be good at what they came here for--which is to improve the lives of the poor. So I tell them a story about Sir W. Arthur Lewis. When I was a master's student myself at Princeton, I once attended a lecture that he gave on real wages, the commodity terms of trade, and North-South income differentials. The talk had no math in it. One of the younger faculty members of the economics department was sitting in the front row, and I could see him scratching his head in confusion throughout the talk. A few minutes after Sir Arthur was done, this young professor jumped up in excitement and went up to the board. "Now I get it!" he exclaimed and began to scribble some equations on the board. "This is the equation which relates to what you said in the first part of your talk, and this one expresses the other, and here is a third... and now finally we have three independent equations that determines your three endogenous variables..." Sir Arthur kept on his bemused smile as his lecture was explained to him in mathematical terms. The moral of the story is that if you are smart enough to be a Nobel-prize winning economist maybe you can do without the math, but the rest of us mere mortals cannot. We need the math to make sure that we think straight--to ensure that our conclusions follow from our premises and that we haven't left loose ends hanging in our argument. In other words, we use math not because we are smart, but because we are not smart enough. We are just smart enough to recognize that we are not smart enough. And this recognition, I tell our students, will set them apart from a lot of people out there with very strong opinions about what to do about poverty and underdevelopment. Traduction: La formalisation est nécessaire parce que nous ne sommes pas assez intelligents >> Dani Rodrik note sur son blog l’argument qu’il utilise afin de convaincre ses étudiants que la formalisation mathématique est une nécessité en économie : « Nous avons besoin des mathématiques pour être sûrs que notre raisonnement tient la route – pour vérifier que nos conclusions découlent bien de nos hypothèses initiales et que nous n’avons pas oublié en cours de route de répondre à l’ensemble des implications de notre argumentation. Autrement dit, nous utilisons les mathématiques non pas parce que nous sommes très intelligents, mais parce que nous ne sommes pas suffisamment intelligents pour nous en passer. Nous sommes tout juste assez intelligents pour admettre que nous ne sommes pas suffisamment intelligents. Et c’est justement votre capacité à reconnaître vos limites qui vous distinguera – vous, nos étudiants - d’un grand nombre de personnes qui ont des idées très arrêtées sur la manière dont on doit lutter contre la pauvreté et le sous-développement ». Texte n°5 : Robert Solow « L’économie entre empirisme et mathématisation », Le Monde, 3 janvier 2001. « La théorie économique n’est ni assez esthétique ni assez profonde pour être enseignée pour elle-même, comme par exemple « l’art pour l’art ». L’économie est une discipline appliquée. Elle présente un intérêt parce qu’elle aide à comprendre, et peut-être à résoudre, les problèmes concrets auxquels nos économies sont confrontées. Les étudiants ont besoin d’apprendre comment trouver et améliorer les outils analytiques requis pour comprendre tel ou tel fait, ou ensemble de faits. Il leur faut acquérir cette capacité dès le début de leurs études pour s’intéresser à l’économie ; et ils doivent la maîtriser à la fin de leurs études car c’est en la mettant en œuvre que la plupart d’entre eux exerceront leur profession. […]
5 L’économie appliquée consiste en une série de modèles – c’est-à-dire de représentations simplifiées de la réalité – adaptable à des contextes différents. La plupart de ces modèles sont rédigés en termes mathématiques. Lorsqu’on tente d’analyser une situation relativement complexe dont les principales caractéristiques sont numériques (prix, quantités produites, taux d’intérêt, emploi, degrés d’inégalité…) et que l’on essaie de respecter les règles de la logique, alors inévitablement les mathématiques sont un outil indispensable. Or les mathématiques requises en économie sont assez élémentaires, sans difficulté notable pour la majorité des étudiants qui les apprennent ou les utilisent. Il existe une sous-culture de la discipline économique, qui vise à démontrer des théorèmes très généraux au moyen de mathématiques avancées ; cette sous-culture regroupe en fait une petite minorité d’économistes, et ironiquement elle est principalement d’origine française ! Les doléances à propos de la « mathématisation » de l’économie représentent soit une réaction exagérée face à ce groupe minoritaire, soit une attaque déguisée contre quelque chose d’autre. Les étudiants font également part – de manière confuse et faiblement argumentée – de leur conviction de n’être confrontés qu’à l’économie « néoclassique », à l’exclusion des « autres approches » d’analyse des problèmes économiques. […] Je prends pour acquis que la théorie néoclassique est fondée sur un ensemble particulier d’hypothèses de base. […] Ces hypothèses ont acquis le statut d’hypothèses standards précisément parce qu’elles sont pratiques, faciles à utiliser. Parfois, elles permettent d’obtenir des résultats utiles. Les relâcher s’avère difficile et implique le plus souvent des expressions théoriques plus complexes, des mathématiques plus avancées et des calculs plus compliqués. Mais des progrès sensibles ont été réalisés récemment, et l’on sait désormais comment se passer de certaines hypothèses traditionnelles. […] Peut-être [les étudiants] sont-ils convaincus qu’une approche entièrement différente résoudrait les problèmes les plus difficiles de façon plus expéditive et plus élégante. Toute tentative dans ce sens serait la bienvenue. Cependant, pour être sérieusement prise en compte, toute approche alternative doit obéir aux règles de la logique, respecter les faits et faire preuve de parcimonie. En clair : un bon modèle doit être à même d’expliquer un grand nombre de faits en ne faisant appel qu’à un nombre restreint d’hypothèses. […] Je ne crois pas qu’une « approche alternative » quelconque ait satisfait, à ce jour, à ces critères. L’on peut s’étonner que les pourfendeurs de l’économie néoclassique n’aient pas formulé plus précisément des hypothèses alternatives qu’ils auraient pu tester empiriquement avec les meilleures techniques quantitatives disponibles. » L’étude des graphiques bivariés Prix/ Consommation tabac
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Droite de régression : tracer une droite qui s’approche le mieux de l’ensemble des points observés.
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Les Français sont-ils moins réactifs que les Américains ?
8 Exercices
Exercices numériques Un billet d’avion coûte 165 euros. Quel sera son prix après une baisse de 10% ? Merci d’arrondir votre réponse à l’euro le plus proche. A. 150 euros B. 147,50 euros C. 148,50 euros D. 149 euros. Q= -5P + 20 Quelle est la pente de cette droite ? A. 5 B. -5 C. 20 D. -20 Exprimez P en fonction de Q : A. P= 0.2Q-4 B. Q= -0.2P+4 C. P= -0.2Q+4 D. P= -0.2Q-4 Exercice graphique Graphique 1 : Situation initiale Ce graphique représente une situation hypothétique d’offre de travail par des femmes mariées avec un enfant et un mari qui ne travaille pas. La droite en bleu représente le nombre d’heures que ces femmes sont prêtes à travailler. La droite en rouge (ou jaune) représente le salaire horaire offert sur le marché. Offre de travail des femmes mariées avec un enfant et un mari qui ne travaille pas
salaire horaire (euros)
30 25 20 15 10 5 0 0
5
10
15
20
25
nombre d'heures travaillées
30
35
40
9 Questions : Quelles sont les coordonnées du point d’intersection ? Que représente-t-il ? Graphique 2 : Modification de la situation initiale (1): le revenu du mari augmente.
salaire horaire (euros)
Offre de travail des femmes mariées avec un enfant dont le mari travaille 60 55 50 45 40 35 30 25 20 15 10 5 0 0
5
10
15
20
25
30
35
40
nombre d'heures travaillées
Questions : La pente de la droite (croît/décroît/reste la même) ? La droite se déplace vers la gauche / vers la droite / ne se déplace pas ? Pourquoi ?
Graphique 3 : Modification de la situation initiale (2) : les femmes ont deux enfants. Offre de travail des femmes mariées qui ont deux enfants et dont le mari ne travaille pas
salaire horaire (euros)
30 25 20 15 10 5 0 0
5
10
15
20
25
30
35
40
nombre d'heures travaillées
Questions : La pente de la droite (croît/décroît/reste la même) ? La droite se déplace vers la gauche / vers la droite / ne se déplace pas ?
10
Graphique 4 : Modification de la situation initiale (3) : le salaire proposé augmente à 20 euros. Offre de travail des femmes mariées avec un enfant dont le mari ne travaille pas
salaire horaire (euros)
30 25 20 15 10 5 0 0
5
10
15
20
25
30
35
40
nombre d'heures travaillées
Questions : La pente de la droite (croît/décroît/reste la même) ? La droite se déplace vers la gauche / vers la droite / ne se déplace pas ? Que représente le point d’intersection entre les deux droites ?
11 Manuels proposant une introduction rapide aux concepts mathématiques de base utilisés cette année [tous les manuels sont disponibles en accès direct dans la bibliothèque de Sciences-Po] : * Etner F. (2006), « Annexes mathématiques », dans Microéconomie, PUF, Paris, pp. 15-28. * Luzi A. (2006), « Chapitre préliminaire : rappels essentiels de mathématiques », dans Microéconomie : cours et exercices résolus, Hachette Supérieur, Paris, pp. 13-26. * Schlacther D. (2008), Comprendre la formulation mathématique en économie, Hachette Supérieur, Paris. * Schlacther D. (2009), De l'analyse à la prévision : Volume 1, Comprendre la statistique descriptive statique, Hachette Supérieur, Paris. Bibliographie indicative des travaux utiles pour cette séance : LE VIN *Ashenfelter O. (2008), “Predicting the Quality and Prices of Bordeaux Wine”, The Economic Journal, 118(529), pp. F174-F184, June. http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.1468-0297.2008.02148.x/abstract LA DISCRIMINATION [CHOIX DES PARTICIPANTS LORS D’UN JEU TELEVISE] : *Levitt S. (2004), "Testing Theories of Discrimination: Evidence from Weakest Link." Journal of Law and Economics, 47(2), pp. 431-452. http://pricetheory.uchicago.edu/levitt/Papers/LevittTestingTheories2004.pdf L’EDUCATION : *Ashenfelter O, Rouse C. (1998) “Income, Schooling, and Ability: Evidence from a New Sample of Identical Twins”, The Quarterly Journal of Economics, 113(1), pp. 253-284. http://www.jstor.org/discover/10.2307/2586991?uid=3738016&uid=2&uid=4&sid=21102560 988391 *Neal D., Whitmore Schanzenbach D. (2007), “Left Behind By Design: Proficiency-Counts and Test-Based Accountability”, NBER Working Paper Series, n°13293. 2007.
http://www.nber.org/papers/w13293 LA CONDUITE D’UN VEHICULE : *Levitt S., Porter J. (2001), "How Dangerous Are Drinking Drivers?" Journal of Political Economy, 109(6), pp. 1198-237 http://pricetheory.uchicago.edu/levitt/Papers/LevittPorterHowDangerousAre2001.pdf *Levitt S., Dubner S. (2005), "The Seat-Belt Solution", New Tork Times, July 11, 2005 (texte d’accès très facile) http://pricetheory.uchicago.edu/levitt/Papers/SeatBeltSolution.pdf * Levitt S. (2005), “Evidence that Seat Belts are as Effective as Child Safety Seats in Preventing Death for Children Aged Two and Up." Unpublished paper http://pricetheory.uchicago.edu/levitt/Papers/levitt_carseats_farsdata.pdf * Levitt S. (2004), “Understanding Why Crime Fell in the 1990s: Four Factors That Explain the Decline and Six That Do Not." Journal of Economic Perspectives, 18(1), pp. 163-90. http://pricetheory.uchicago.edu/levitt/Papers/LevittUnderstandingWhyCrime2004.pdf * Donohue J., Levitt S. (2008), “Measurement Error, Legalized Abortion, and the Decline in Crime: A Response to Foote and Goetz”, Quarterly Journal of Economics, 123(1), pp. 425440. http://qje.oxfordjournals.org/content/123/1/425.short